Chantal Parduyns et son second roman, Ariane.
Qui est Chantal Parduyns ?
Née en 1959, elle est romaniste de formation. Depuis plus de vingt ans, elle partage son temps entre son métier de formatrice pour adultes et sa vie familiale. Passionnée par les histoires depuis qu’elle sait lire, elle entame en 2003 l’écriture d’un premier roman : « Athéna », qui sera publié aux Editions Chloé des Lys. Et les autres vont suivre : « Ariane », « Sélavy », « Le voile et l’alambic », « Rencontres du métro-type ».
Deuxième roman et toujours ce plaisir d’écrire qui transparaît à chaque page. Encore une fois, l’auteur vous propose un voyage imaginaire dans un univers un peu particulier. Ne craignez rien, cette histoire est une fiction. Qui a dit que la fiction est souvent proche de la réalité ? Le Temple du Secrétariat et de la Traduction est une école renommée et tous les parents rêvent d’y inscrire leur enfant. Mais les incidents étranges se multiplient et éveillent dans l’esprit de tous inquiétude, incompréhension et … angoisse.
Pour planter le décor…
Toujours le même cinéma ! Ils arrivent en maîtres absolus sur le marché des élèves. Leur arrogance naturelle est assise sur leur ancestrale réputation de supériorité ; elle énerve, agace, horripile mais n’est jamais ouvertement contestée. Ils s’emparent des résultats aux tests de compétences, les parcourent rapidement et pointent les meilleurs. Ils choisissent ainsi leurs élèves, ceux qui leur semblent les plus doués, les mieux intégrés dans le processus scolaire. Ils nous snobent, nous laissent leurs déchets d’un air souverain et regagnent leur école d’ivoire avec leur butin. Quelques mois plus tard, condescendants, ils nous invitent, Ariane et moi, pour ramasser les miettes de leur système d’éducation élitiste et borné. Et des miettes gratouilleuses dont ils ne savent que faire, il y en a ! Des élèves qui se sont découvert un côté artiste, rebelle, autonomiste au contact des Professeurs ; des élèves qui refusent leur enseignement rigide et normatif ; des élèves qui ne réussissent pas à suivre le rythme d’apprentissage et qui ne jouissent pas du privilège d’avoir un Nom ou des Parents.
Et nous accourons toutes les deux, notre amour propre bien calé au fond de nos tripes. Nous ramènerons dans notre institut les rebuts de nos estimés Collègues. Aux parents désappointés, nous expliquerons que notre formation est d’une qualité équivalente, mais que notre pédagogie prend en compte le rythme et les difficultés de chacun. Notre discours est vrai !
Mais les pauvres parents déçus, obnubilés par le mur de l’échec, l’entendront à peine. Poliment, ils feront semblant d’y croire ; résignés, ils confieront leur enfant inapte à notre sous-école. Nous nous retirerons sur la pointe des pieds avec ces nouvelles recrues.
Nous les emmènerons et nous veillerons sur eux. Nous écouterons leurs peines, leurs doutes ; nous leur donnerons des mots pour qu’ils se réconcilient avec leurs insuffisances ; nous leur prêterons nos yeux pour qu’ils voient leurs potentialités ; nous leur offrirons des plumes et des crayons pour qu’ils dessinent leur avenir. Bref, nous leur apprendrons à s’aimer. Ils s’attacheront à nos murs sales, tagués, usés mais si protecteurs ; ils se feront un petit trou dans notre nid pourtant pas très confortable et y développeront leurs talents retrouvés.
Voilà le monumental portail du Temple de l’Elite ! Une devise le surplombe : « Condimus ut mundum restituatis » 1 que nous aimons trafiquer, avec une ironie sauvage, en « Condite et restituite »2.
Un large ruban de crêpe noir rappelle qu’un élève est décédé dernièrement. Un étrange drame... Un jeune est tombé d’une fenêtre du troisième étage et s’est écrasé sur le trottoir du jardin intérieur. Ariane et moi n’avons jamais su les circonstances exactes de l’accident. Qu’un tel fait divers puisse avoir le Temple pour cadre nous semble encore inconcevable !
Bon ! Notre supplice commence ! La vie n’est pas toujours rose, parfois des corvées incontournables s’imposent. Heureusement, nous sommes deux pour les affronter. Ils sont deux aussi, les lourds battants sculptés qui défendent l’entrée du Temple du Secrétariat et de la Traduction ; une clenche en bronze leur donne une touche cossue.