Kate Milie en invitée avec Noire Jonction
Dès la première page, l’intrigue est lancée. Un drôle de type ce Tony. Il mate une fille, griffonne des trucs sur son carnet. La fille, c’est Marie, la guide que nous connaissons bien puisqu’elle était au cœur de l’enquête de « L’assassin aime l’art déco » (180° Editions, 2012).
La ville de Bruxelles est en effervescence, c’est le soixantième anniversaire de la jonction Nord-Midi. Marie est contactée par un certain Bart, un gars plongé dans la réappropriation de la ville par l’art et l’écriture qui pour l’occasion forme une association, le Collectif Art/Jonction. Le rôle de Marie est d’organiser au mieux un programme digne d’une telle manifestation. Gunnar Berg, un célèbre auteur suédois est invité, il devrait écrire un roman noir. Autour de ce Collectif, des animateurs, des plasticiens, des photographes…
A savoir, cette jonction avait à l’époque éventré la ville, 1500 habitations furent détruites, ce qui fit 13000 mécontents.
Marie organise donc ces jours festifs. Avec Gunnar Berg, elle visite la capitale et retrace avec lui le Bruxelles d’avant la jonction. Des bars à textes sont mis sur pied, qui drainent pas mal d’écrivaillons de tout bord. Et puis surgissent les événements, des poupées pleines de sang sont découvertes à l’entrée d’un tunnel…Attentat artistique ? Les intervenants autour du Collectif Art/Jonction représentent quand même quelques personnes. Il y a Yvan et Myriam, Bella et Tatiana…Il y a aussi ce mystérieux Frère Guillaume, qui aurait fait vœu de silence. Mais pourquoi donc ? Et puis ce drôle de type, ce Tony qui remonte de temps en temps à la surface. Tout le monde suspecte tout le monde et voilà Tatiana qui est mise hors de cause. On vient de découvrir son cadavre…Ah oui, il y a aussi cette écrivaine, cette Kate Milie qui met son grain de sel et qui, c’est une intrigue de plus, connaît le Frère Guillaume.
Le décor est planté ! J’ai commencé ce livre dans le train de 7 heures 05 à la gare du Sud de Charleroi et je n’ai pas décroché ! Bon Dieu, qui tue ces poupées ? Qui a tué Tatiana ? A 12h05, je bouscule un brave type dans le porche de l’église Saint-Nicolas et j’ai l’audace de sursauter, il ressemblait à ce Tony ! A 14 heures 30, du côté de la rue des Alexiens, je me sens trahie. Jamais je n’aurais songé à un tel dénouement !
Kate Milie réussit à merveille ce troisième opus. Pas évident pourtant, un tel imbroglio dans cette jonction…Avec un vocabulaire qui saute les barrières et qui vous entraîne dans un véritable polar, Kate Milie affirme ici son style et s’installe dans un créneau qui lui colle à merveille : une intrigue policière nouée à part entière avec l’architecture de la capitale et les beaux bâtiments de la Belle Epoque. Aujourd’hui, ce sont les gares du XIX ème que Kate Milie, en quelque sorte, reconstruit. Et demain ? Je suis certaine que tous les lecteurs attendent comme moi la prochaine enquête qui mettra encore en scène cette charmante guide, cette Marie. A moins que …Oh non ! Non !
Carine-Laure Desguin
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