Louis Delville interviewé... cela donne ça... 2ème partie
Si j'en crois la quatrième de couverture, c'est le livre des pourquoi ? Pourquoi ce thème ?
Comment t'arrivent toutes ces explications plus ou moins farfelues ?
Marie-Odile, une personne rencontrée sur le net et devenu amie
Mes contes commencent souvent par une question. C'est là un moyen d'accrocher l'attention de mes auditeurs.
Les explications ne sont pas farfelues, elles sont vraies et c'est là tout l'art du conteur de le laisser penser et d'en convaincre les autres…
Je suis ainsi les préceptes de mon bon maître, Paul Fauconnier, qui dit toujours que le conteur sait tout et qu'il est le seul à connaître la suite de son histoire. Je me souviens avec délice d'un conteur amateur qui avait entièrement changé la fin d'un conte traditionnel que j'avais travaillé quelques semaines auparavant et que j'ai mis à mon répertoire. J'en suis resté sans voix… Un grand bonheur !
Après chaque phrase, le spectateur doit poser la question "et alors ?" et le conteur doit y répondre ! J'essaie de me montrer digne de ces conseils judicieux !
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Quand aura-t-on le plaisir de découvrir ce nouveau chef d'œuvre ?
J'ai pu constater que Micheline aime préparer des bonnes recettes de cuisine en y ajoutant régulièrement une bonne dose de poison. Je suis curieuse de découvrir ton propre style et tes méthodes...
D'où vient ce désir, ce besoin d'écrire et de partager son écriture ?
Régine, auteure de chez CdL, libraire et amie
La grande question ! Je n'en sais fichtre rien mais j'espère que ce sera avant la mi-mars pour me permettre d'aller le cœur léger et le stylo plein de dédicaces à la Foire du Livre de Bondues (en France).
Comme je l'ai écrit par ailleurs, je tue rarement. Jusqu'à présent en tout cas ! Mais il ne faut pas désespérer, un jour j'y arriverai et alors… Je crois bien que Micheline s'est spécialisée dans ce genre de meurtre par plaisir de concocter des recettes. Lorsqu'elle lit un de ses textes, elle salive vraiment à la seule lecture des intitulés de plats ! J'ai l'impression que cela arrive aussi à ses lecteurs !
Partager, oui ! Mais surtout faire plaisir au lecteur. Le conteur n'est content que lorsqu'il voit des petites étoiles dans les yeux de celles et ceux qui l'écoutent. Comme tout le monde n'a pas la possibilité de m'écouter…
Le plus beau compliment qu'on m'ait fait à propos d'un de mes textes, c'est qu'en le lisant, on m'entendait !
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Quel est le pourcentage d'écrits qui te vient de ta propre vie, de ton expérience ?
Eduardo, un de mes anciens coachs d'impro
Dans les histoires proprement dites, vraiment très peu de choses viennent de ma vie. Par contre des éléments nombreux de culture générale jalonnent mes contes et mes nouvelles. Je m'arrange souvent pour que certains détails que je donne soient parfaitement historiques (je m'aide pour cela d'une encyclopédie ou de Google) : Quand je cite une date, par exemple, je donne souvent le jour de la semaine qui y correspond ! Comme je l'ai dit dans ma réponse à Marie Odile, cela permet de laisser croire que l'histoire que je raconte est authentique. Et plus les gens semblent y croire, plus je suis heureux !
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Y mets-tu en scène des choses que tu as toujours rêvé de faire ou des choses qui t'amusent ?
Karine, une conteuses amie
Vous y trouverez des contes de mon répertoire, des nouvelles écrites au cours du temps, des textes divers, des contes écrits pour le concours de Surice et qui n'ont pas été retenus…
Le seul dénominateur commun est que j'aime chacun de ces textes pour différentes raisons : ils sont appréciés du public, je les ai écrits avec amour, ils me rappellent de bons moments de ma vie soit par leur sujet, soit par leur histoire.
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Tu es le mari d'une écrivaine qui a déjà publié de nombreux ouvrages. Ceci sera ton premier mais as-tu l'intention d'en faire autant qu'elle ? Qui a commencé à écrire en premier ? Est-ce que vous travaillez ensemble (idées, relectures, publications) Dans quelle mesure l'émulation, la motivation voire la compétition est-elle présente entre vous ? Est-ce que tu achètes les bouquins de Micheline ? Elle te les dédicace ? Tu penses qu'elle achètera le tien ? Quelle sera ta dédicace pour elle ?
Isabelle, une conteuse amie
Je suis bien incapable d'écrire autant que Micheline. Mon livre comporte quinze textes et c'est presque l'entièreté de ce que je considère comme publiable aujourd'hui !
Micheline écrit depuis son enfance et chaque jour, elle a au moins une nouvelle idée… J'en arrive parfois à me demander si je suis normal !
En ce qui concerne les livres, la politique de notre éditeur nous oblige à travailler ensemble puisque c'est l'auteur qui est responsable de la maquette, de la couverture… Micheline s'occupe de la partie "littéraire" et je gère la partie "technique" : mise en page, présentation… Nous avons la chance d'avoir un ami qui corrige nos maquettes et croyez-moi, quand il est "passé" sur un texte, les fautes ne repoussent plus !
Contre Micheline, il n'est pas question de compétition, elle sera toujours première !
L'émulation est vraiment à sens unique. C'est elle qui me pousse. Elle voudrait que je continue à écrire sur mon blog tous les jours, elle m'oblige à mettre sur papier des récits présentés oralement…
Quant à l'achat et la vente de nos livres respectifs, c'est non ! Il n'y a jamais de question d'argent entre nous. Les cadeaux, c'est bien aussi, non ?
Pour la dédicace, je crois que ce serait quelque chose dans le genre : "Pour Micheline qui m'a poussé à écrire, voici le résultat de ton obstination ! " Elle doit assumer ses choix ! Mais j'ajouterais une seconde phrase sûrement avec les mots "amour" et "merci" !
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Trois mots, je te demande trois mots qui te viennent à l'esprit quand tu penses à cette prochaine publication... Substantifs, adjectifs, qu'importe ! Trois mots !
Carine, auteure de chez CdL et amie
Une très bonne question, comme je les aime. J'y réponds rapidement pour avoir les mots de la spontanéité qui conviennent :
TRAVAIL, AMOUR, PLAISIR.
TRAVAIL, parce que réaliser un livre avec mon éditeur, ce n'est pas de la tarte ! Il faut tout faire, penser à tout, attendre, faire de la pub, vendre et même penser au livre suivant ! Notez que grâce à Micheline, je n'en étais heureusement pas à mon coup d'essai. Je maîtrise la confection d'une maquette comme un vrai pro.
AMOUR, parce que tous les textes que vous lirez sont des textes que j'aime. Cela a d'ailleurs été mon seul critère de choix.
PLAISIR, parce que j'ai un plaisir fou à écrire certaines choses, à jouer avec l'imagination des lecteurs comme j'espère jouer avec l'imagination de mes auditeurs.
Mais j'aurais pu dire aussi :
IMAGINATION, ILLUSTRATIONS, BLEU
IMAGINATION, la mienne, peu importante par rapport à celle du lecteur qui pourra rêver grâce aux textes mais aussi aux dessins.
ILLUSTRATIONS, Là, j'ai été bluffé par mes amis rémois ! J'ai beau les connaître, certains de leurs dessins sont vraiment extraordinaires et "collent" parfaitement aux bêtises que j'écris…
BLEU, comme la mer et l'eau qui sont bien présentes tout au long du livre, comme la couverture, comme le ciel de mes histoires et surtout bleu qui est ma couleur préférée. Vous en doutez encore ? Regardez mes foulards, mes chemises et mes yeux…
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Échangerais-tu le paradis des lettres contre l'enfer des bulles ?
Échangerais-tu deux Sand contre une Boland ?
Et, selon que tu répondes oui ou non à la deuxième question, emploies-tu un goûteur à l'heure des repas ?
Étienne, ami libraire
La seule BD qui a sa place dans ma bibliothèque (ou plutôt sur le petit morceau d'une planche concédé par Micheline !), c'est Tintin. Pour mes 50 ans, je me suis "ré-offert" la collection complète que je relis toujours avec passion. Souvent, je retrouve des petits détails qui avaient échappé à mes yeux d'enfant. J'estime être un tintinophile honnête et averti (qui en vaut bien deux !). J'ai une très bonne mémoire visuelle et je pense que ce qu'on a appris étant gamin, cela reste en soi pour toujours !
Quant à choisir ou à échanger, je préfère ce que j'ai à ce que je pourrais (ne pas) avoir !
Et puis après 37 ans de mariage, on a pris des habitudes…
Un goûteur n'est pas nécessaire à la maison, puisque c'est moi qui cuisine ! Néanmoins, par politesse (croit-elle), je la laisse toujours entamer son assiette la première. On n'est jamais trop prudent !
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Même si toute fiction a un fond de vérité, je suppose que ton livre sera surtout un produit de ton imagination, de ta créativité.
Peux-tu me proposer une ou plusieurs (vraies) photos qui pourraient illustrer ton livre ?
Jean-Marie, mon frère aîné
Je reconnais bien là une certaine subtilité familiale !
En relisant la table des matières, je dirais dans le désordre, une photo de :
Guernica de Picasso, en hommage à Pablo !
Le jardin de notre grand-père à Esneux avec les pommiers, en souvenir des pommes neige !
Un orgue à parfums, comme celui sur lequel j'ai travaillé plusieurs fois au Club Med d'Opio, pour faire le pendant au parfum N° 5 d'Aldébaran !
La première case de la page 31 de Tintin au Congo, en comparant l'accoutrement du méchant sorcier !
La Catedralde Santa María de la Sede de Séville, puisque c'est là que se trouve le tombeau de Christophe Colomb.
Mais comme cette interview va se retrouver sur le net, pour éviter des ennuis, je vous laisse le plaisir de trouver vous-mêmes les photos… D'ailleurs si vous en aviez une du jardin de notre grand-père, je suis preneur !
Tout bien considéré, les dessins de Maryvonne et de Jean-Pierre sont encore plus explicites et il y en a deux par texte !
Pour retrouver Louis Delville, son Blog
louis-quenpensez-vous.blogspot.com