Un homme ridé qui fumait une pipe orange, de Laurent Nizette
Un homme ridé qui fumait une pipe orange.
Laurent Nizette
C’était bien avant d’avoir rencontré cette fille.
Bien avant que mes parents soient là.
Il y avait un vieux bateau bleu dans le désert.
Des gens dansaient toujours autour. Cela leur rappelait l’eau quand ils avaient soif.
Assis sur une rame peinte en rouge, un homme tout ridé fumait une pipe orange.
Vous le connaissiez cet homme ? C’était un personnage. Il voyait la vie en rose.
Il donnait des lunettes de couleur à tout le monde.
Il avait un secret. Vous voulez le connaître ?
Lisez encore un peu, ce n’est pas long.
J’ai eu peur un jour.
En ouvrant une porte.
Car derrière il y avait un homme tout gris.
Il avait toujours raison car il était toujours tout seul à parler.
Plus loin il y avait un autre homme d’une couleur étrange.
Il travaillait bien et beaucoup.
Toujours plus loin et plus haut on lui lançait le bâton.
Sans faillir, il le ramenait à chaque fois, jusqu’à…
J’ai continué et j’ai vu une femme jaune.
Elle était belle et fraîche.
Qu’est-ce que tu aurais fait avec elle ?
Moi je l’ai regardée.
Elle dormait de plus en plus. Lui avait-on trop parlé d’anciens contes ?
Oui, elle était triste.
Mais il y avait aussi cet artiste vert.
Il peignait encore et toujours.
Il montrait ses créations multicolores à qui voulait voir.
Peu de gens y trouvait un intérêt.
Alors le monsieur vert continuait de peindre.
Un peu comme cette femme mauve qui achetait toujours du parfum.
Elle voulait avoir moins peur de sentir.
Tous ces gens avaient besoin qu’un ami leur dise :
« Va rencontrer l’homme ridé qui fume une pipe orange et écoute-le ».
Même si toi, cher lecteur, tu n’as pas d’ami, je suis là pour te le dire.
Va écouter ce personnage tout ridé ! Mais termine de lire avant.
Quand tu t’assoiras sur sa rame rouge à côté du bateau dans le désert.
Il te répètera sans cesse :
« Il n’avait pas besoin d’une promotion, ni besoin de sentir bon.
Aucune nécessité de reconnaissance ou d’être regardé.
C’est juste d’être aimé que l’on a besoin.
Mais ils n’ont pas trouvé le bon chemin.
Il y a bien cet homme qui chaque matin essaie d’aimer son prochain.
C’est mieux, mais ce n’est toujours pas le bon chemin.
Peut-être que maintenant, toi, tu peux les guider vers la rame rouge.
Je ne suis pas sûr, mais je crois que tu peux les emmener dans le désert près du bateau bleu.
Dis, tu peux faire quelque chose quand tu seras là-bas ?
Salue pour moi l’homme ridé à la pipe orange.
Dis-lui que maintenant je la verrai rose.
Laurent Nizette
photos.ambassade-du-paradis.net
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