Concours "Les petits papiers de Chloé" : texte 3

Publié le par christine brunet /aloys

Concours "Les petits papiers de Chloé" : texte 3

Page 47

 

 

   Et donc, Firmin Massaï, vous auriez « dérapé » sur cette page-là ? Au sujet de cette page 47, dites-nous tout, Firmin Massaï. Firmin Massaï un auteur dont le dernier livre, La lune noire, s'est vendu à des milliers d’exemplaires ces derniers mois sur notre belle terre de France et qui nous fait le plaisir d’être présent sur notre plateau ce soir. Alors, Firmin Massaï, que répondre à ce lecteur pointilleux qui insiste sur son anonymat et qui je le rappelle s’inquiète, et sans aucune autre précision, d’un « dérapage » du côté de cette page 47?

   C’était ma première interview à la télévision française et j’étais invité par Busnel dans cette Grande Librairie du mercredi. Nouvelle formule : les téléspectateurs envoient des questions par texto et une question par auteur est tirée au sort. Avec son incessant sourire sur le coin des lèvres, Busnel lit cette page 47 tirée de mon dernier best-seller La lune noire. Dès les premières lignes, on comprend que le troisième meurtre est annoncé et que la ville de Maubeuge vit dans une véritable psychose. 

   Alors, Firmin Massaï, ce dérapage, vous le situez où et comment et aussi pour quoi, vous, l’auteur de ce thriller palpitant ? 

   C’est avec une pointe d’humour que je m’en suis sorti ce soir-là lorsque j’ai lancé, Ah mais sans doute que ce lecteur aurait souhaité que ce meurtre soit le quatrième et non le troisième ? Ou peut-être était-ce vraiment le quatrième car les chiffres et moi, nous ne sommes pas vraiment d’accord. Eclats de rire dans le studio. 

    Le succès de ce livre me mettait déjà très mal à l'aise avec moi-même. Et cette question lancée comme ça en plein direct… Puuuutain j'ai pensé, qu'est-ce que je suis venu faire dans cette galère? Tout le monde a remarqué que j'avais ramé avant de bredouiller ironiquement quelques mots, que cette réponse plus ou moins drôle avait occulté des zones sombres de ma mémoire que je ne pouvais révéler.  

 

   L'auteur de la question est, aujourd’hui encore, resté anonyme. Ce qui m'angoisse encore plus. Jour après jour, des scènes dont je suis peu fier me martèlent les neurones. Je lis et relis cette page 47 et je n'y trouve rien de vraiment chaotique pour ce qui est de l'aspect littéraire. Il s'agit de l'annonce d'un xième meurtre, oui. Et puis? Une coquille aurait-elle subsisté? Depuis, chaque fois que je traverse la ville, je me dis que quelque part, quelqu'un connaît mon secret. Chaque fois que je rentre dans un magasin, j’ai l’impression que cette personne est là, qu’elle attend Dieu sait quoi avant de se manifester et de divulguer l’irréparable. Plus les jours passent et plus s’articule tout un cinéma au sujet de cette éventuelle divulgation. Cette attente (mais quelle attente au juste ?) est insoutenable. J’en viens même à redouter la lecture de mes courriels. Et ne parlons même pas de mes sursauts lorsque le facteur sonne et qu’il me remet en mains propres un recommandé : des gouttes de sueur perlent sur mon front. La vérité éclatera un jour ou l’autre et fuck ma notoriété. Quelque part, quelqu’un connaît mon secret. Peut-être même que cette personne était là ce jour-là, derrière une fenêtre de cet immeuble, lorsque j’ai ramassé un paquet de feuilles que des passants piétinaient et qui étaient loin de se douter que sous leurs chaussures une drôle d’histoire se tramait.

 

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P
Une fin inattendue et un secret qu'on a hâte de connaitre. Bravo !
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J
Décidément les suspens sont au rendez-vous de chaque texte. Beaucoup plus court ici, mais plus intense, tellement bien amené, à la fin tellement surprenante. Très bien imaginé, félicitations à l'auteur(e) et quelle judicieuse chute … de feuilles ! Encore bravo, après le texte N°1, moins le 2, j'apprécie ce 3 tout particulièrement, vraiment.
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S
Voleur ! Usurpateur ! En même temps, un manuscrit, ça ne se jette pas au coin d'une rue. M'enfin !
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J
Ha, Séverine, je suis plié !
C
Je subodorerais plutôt une histoire de plagiat... :)) Bien trouvé !
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J
Bé té que oui, Christian, t'es marrant toi (une fois n'est pas coutume, je suis à nouveau plié !), comme sur FB avec tes commentaires qui claquent. Autre : à un moment, bien avant la fin, j'ai cru que l'auteur avait liquidé quelqu'un et commis lui-même un meurtre ! L'auteur du livre, hein, pas l'auteur de l'histoire Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
E
Ca, c'est l'angoisse... comment avez-vous pu laisser passer ça, page 47? Et on revoit ses règles d'orthographe et de grammaire, la syntaxe, on revérifie qu'on n'a pas mis en scène un personnage qui était mort deux pages plus tôt, ou qu'on n'a pas laissé le premier prénom qu'on lui avait choisi, Armand, avant de décider de le changer pour Bertrand... Quelle question,non mais! Chapeau l'auteur!
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J
Rires, Edmée !
C
Un texte qui donne de sueurs froides dès 07h42, je pensais même à une histoire genre fantastique, mais non.
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J
Carine-Laure, avec toi, c'est gag, on sait quasi chaque jour à quelle heure tu te réveilles ! Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii