Second extrait "côté Vincent"... de l'ouvrage de Bernard Wallerand "Dans la soupente des Artistes"
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Côté Vincent
Désormais, Vincent n'ira plus se balader le long des chemins de halage, qui bordent le canal d'Arles. Il a pourtant si souvent emprunté le pont-levis de Langlois, au pied duquel les laveuses rincent les draps blancs avant de les faire sécher au soleil énorme de midi. Dans la chambre de l'hôpital, Vincent semble sur l'autre rive. Son existence à la dérive ne verra plus les matelots qui remontent, le cœur battant, avec leurs amoureuses vers la ville d'Arles. Marchant sur les sables mouvants de son existence, il se revoit sur la plage de Saintes-Maries-de-la-Mer... Le ciel d'un bleu profond, d'un bleu outremer a désormais fait place à la grisaille. Les barques se sont échouées sur le sable humide et figé. Celle qu'il a baptisée "Amitié" semble désormais se prénommer "Regrets". Ces barques sans capitaine ne prendront plus la mer. Elles n'affronteront plus les vagues de la Grande Bleue et les tempêtes soudaines. Le village de pêcheurs, quant à lui, pleure l'artiste qui divague et est tourmenté par son geste insensé qui l'a embarqué dans cette mouvance dont il ne peut s'extraire et qui lui confère ce vague à l'âme.
Bernard Wallerand