L’étrange chapelle de Donstiennes-le-Château, 2e partie ! Une nouvelle signée Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Quelques heures plus tard, l’intense lumière du jour perçait à travers les vitraux. Cette clarté nous éveilla. « Allez fiston, debout ! la journée sera longue. Promenade dans les bois, pêche, chasse, tout ce que tu veux, je lui dis tout en m’étirant car je sentais que j’étais encore tellement engourdi, mais alors là, tellement engourdi. Mes membres restaient presque morts. 

  • T’es sans pitié hein toi, p’pa.
  • Venir jusqu’ici, c’était ton idée. Donc, au boulot ! »

  On s’est levés en même temps, Steven et moi. Et sans dire le moindre mot, nos regards se sont croisés. Nous n’en croyions pas nos yeux. Le soir, nous nous étions endormis dans une soi-disant chapelle. Un lieu tombé en ruines, rempli de poussières. Les murs tenaient à peine debout et aucun objet de culte n’était exposé. Là, nous sommes restés muets durant plusieurs minutes. Nous avons fait plusieurs tours sur nous-mêmes afin de scruter chaque recoin de cette chapelle qui, depuis la veille, s’était métamorphosée. « Steven, tu vois ce que je vois ? je lui lâché sur un ton angoissé.

  • Appelle-moi Béranger ! me répondit-il d’une voix métallique.
  • Béranger ?
  • Oui, Béranger ! insista-t-il.
  • Mais pourquoi donc ? Que se passe-t-il dans ta tête, Steven ? Steven ? »

  J’ai alors scruté le visage de mon fils. Blanc de blanc. Comme si tout à coup, il était devenu exsangue. Ses yeux paraissaient vides, son regard était à présent hagard. Il allait s’évanouir, ses jambes fléchissaient. J’ai eu le réflexe de faire un pas, de retenir le corps de mon fils qui à ce moment-là tombait et, tout en le retenant, je l’ai secoué de toute mes forces en hurlant, Steven, Steven, reviens ici ! Mais trop tard, Steven s’écroula sur les dalles froides et humides de cette chapelle de merde, inconscient. Je l’ai pris dans mes bras tout en criant son prénom, Steven, Steven, reviens, reviens ! Quelques secondes plus tard, il a ouvert les yeux et m’a souri. « Oh p’pa, quel voyage !

  • Mais enfin Steven, qu’as-tu eu ? J’ai eu la peur de ma vie !
  • T’inquiète, p’pa, on sera très bien, ici, dit-il en se relevant.
  • Ici ? Tu rigoles ou quoi ? J’ai cru un instant que tu mourrais ! On sort d’ici, on monte dans la bagnole et on fout le camp de ces bois, crois-moi ! Allez hop ! »

  Illico, nous avons rassemblé notre matériel de couchage. Et, après avoir bu quelques gorgées d’eau à nos bouteilles respectives, nous avons jeté un regard circulaire afin d’être certains de n’avoir rien oublié. Et nous sommes sortis de cette chapelle. Là, une fois le porche franchi, nous nous sommes retrouvés à l’intérieur d’une immense demeure, un château. « Ah voilà, c’est bien ça, nous sommes dans le château, s’exclama mon fils ressuscité. Je me souviens …

  • Steven, c’est quoi tout ce cirque, où sommes-nous ?
  • P’pa, je pense que nous avons fait un saut dans le temps !
  • Un saut dans le temps ? Et c’est tout l’effet que ça te fait ? Nous faisons partie des disparus peut-être ?
  • Regarde, p’pa. Là, en bas, derrière la longue table en bois, tu vois ce que je vois ?
  • Un curé en soutane qui étend des parchemins usés sur un tapis qui a beaucoup vécu ?
  • Oui, exactement. Je crois connaître le nom du curé !
  • Steven, je n’en ai rien à foutre du curé, de sa soutane, et de sa chapelle. Je veux sortir de ce château, grimper dans ma bagnole et retourner au plus vite chez moi. Avec toi !
  • P’pa, ça ne sera pas si simple. Le curé, c’est Béranger Saunière !
  • Je m’en balance de ce Béranger Saunière !
  • Ce nom ne te dit rien ?
  • Rien du tout ! je lui rétorquai tout en me penchant à la rambarde de cet espèce de perron qui s’ouvre sur l’étage du bas, là où se penche le curé qui étudie à la loupe les parchemins.
  • Béranger Saunière ? Renne-le-Château ? Le fabuleux trésor et les mystères qui l’entourent. Je sais ce qu’il se passe, p’pa.
  • Il se passe que nous partons, fiston, et vite !
  • P’pa, nous sommes en 1900 ou quelque chose comme ça. Il y a donc bien un vortex dans cette chapelle. Nous avons fait un écart dans le temps et dans l’espace. C’est de l’hyper-physique, ça peut s’expliquer, m’annonça-t-il, tout de go.
  • Mais je m’en fous de ton hyper-physique, je veux revoir ta mère ! Et d’ailleurs, je vais lui dire deux mots à ce curé !
  • Inutile, p’pa, il ne nous verra pas et ne nous entendra pas non plus. Pour lui, nous ne sommes que des fantômes. Du futur …
  • Ben tu en connais des choses, toi, tout à coup !
  • Tout était dans le livre, p’pa. Tout me revient si clairement. Nous sommes manipulés. Des entités jouent avec le temps. Et se moquent de nous. Tout cela est donc véridique. Je n’en reviens pas moi-même. Si tu comprends, nous avons changé de ligne temporelle.
  • Et tous ces disparus dont tu me parlais. Ils sont dans ce château ?
  • Impossible de te le confirmer. Le vortex de la chapelle n’amène pas forcément tout le monde au même endroit. Cette histoire de Renne-le-Château me passionne, ce qui explique notre présence dans le château de l’Abbé Béranger Saunière.
  • On peut peut-être descendre et parler à ce curé ?
  • Pas question ! Mieux vaut rester tranquillos !
  • Et si on rentrait dans la chapelle ?
  • Ça, c’est une bonne idée, p’pa. »

Sur le chemin du retour, pas un mot ou presque. C’est moi qui ai brisé le silence. « Alors, fiston, satisfait ?

  • Dans un sens, oui. Ces phénomènes de voyage dans le temps et tout ça, existent vraiment. C’est pas du pipeau. Le vortex est bien là.
  • Ouais, un vortex pour l’aller … et aussi pour le retour ! Ce serait donc cette chapelle qui provoquerait ces voyages dans le temps. On le dit à ta mère ou on garde ça pour nous ?
  • Ben, mieux vaut garder cette histoire pour nous. Sinon, plus jamais m’man ne nous laissera seuls.
  • Ah parce que tu crois que je retournerais le week-end prochain dans ce bled paranormal ? »

  Arrivés à la maison, ma femme nous attendait. En pleurs. « Mais enfin où étiez-vous ? Cela fait quatre jours que j’essaie de vous appeler sur vos GSM ! Je suis morte de peur !

  • Quatre jours ? j’ai dit, mine de rien.
  • M’man, désolé, nous étions …
  • Entre hommes, au milieu des bois ! j’ai répondu, tout sourire. »

 

 

Carine-Laure Desguin

http://carineldesguin.canalblog.com

Publié dans concours

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C
Très jolie histoire, pleine de surprises inattendues pour le père, mais très attendues par le fils et grâce à quoi? grâce à un livre bien sûr !
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M
Heureuse fin !
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E
Mais c'est qu'il a une explication à tout, ce fiston... Il a reçu quoi comme jeux, au lieu du train électrique et l'abonnement à "tout connaître"?
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P
Le père s'est bien fait avoir par son fils 😊<br /> C'est cool ça ! Belle histoire !
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A
Il faut toujours se méfier des petites maisons au fond des bois... Je parie qu'ils vont y retourner !
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P
Une étrange chapelle, en effet, mais tout est bien qui finit bien !
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