Texte 5 Concours Acte 3

Publié le par christine brunet /aloys

 

Bienvenue à Bazarland !

 

Quel meilleur sujet que les allées de Bazarland pour exercer une plume trempée dans le vitriol ? Et même si, comme l’a laissé supposer monsieur Audiard (que je remercie), la substance corrosive semble parfois diffuser des senteurs de pomme, on ne peut parler de cette grande foire brinquebalante sans que plane un fumet plus proche du guano que du savoureux fruit.  En effet, les plus beaux cas de crétins malfaisants s’y agitent, petits chefs incontournables régnant sur certains manèges et autres grands huit aux dépens de péquins qui croient encore ce que promettent ceux-là.  Ainsi fonctionnent les allées et tant pis pour ceux qui voient arriver l’iceberg, ce Titanic ne changera pas de cap !

D’autant moins depuis le retour en fanfare et trompette d’un carambouilleur de première à la tête de l’allée 51.  Avec lui, les artiches sont rois et si Bazarland prend l’eau, ce messie autoproclamé colmate les brèches au vilebrequin.  Vu depuis les baraques à smoutebolle, qui jusque là échangeaient courtoisement avec lui, ce marchand de tapis ressemble de plus en plus à ceux qui osent tout (et que vous aurez certainement reconnus).

Oh oui, il ose ! car si jusqu’à présent seules les maisons hantées s’arrogeaient le droit d’utiliser le liberticide contre d’imaginaires vermines (les minus habens à leur tête n’étant pourtant que les seuls nuisibles à l’horizon), notre cador semble tout à coup trouver admirables les méthodes appliquées avec zèle par ces princes de l’horreur, que sa propre allée qualifiait encore il n’y a pas si longtemps de voyous.

Il faut dire que dans son Versailles du capharnaüm, tout est fait pour favoriser ses pareils et rien que ses pareils, même les mascottes farcies à la schnouf.  Bien sûr, quand ses propres avoirs semblent issus de dimensions propres à la prestidigitation comptable, on ne demande pas à l’âne qui moule des pièces d’or d’où sort son grisbi !  Pas plus qu’on ne l’empêche de malmener quelques péquins, au contraire, après tout, il faut bien occuper les cornichons si l’on ne veut pas finir au fond du bocal, surtout quand on doit encore éblouir ceux qui le jour où les andouilles pondront, n’auront pas fini de caqueter.

Et puis, à la tête de son propre bizness, il y a l’apache.  Le nostalgique de l’allée 17.  Le manitou du grand huit.  Le mensonge est son credo et la manipulation sa religion.  Peu à y être entré sont encore là pour en attester, mais sa petite boutique des horreurs embaume plus le laurier-rose et la cigüe que le thym et la verveine.  Sur l’échelle de la malfaisance, il a atteint les derniers barreaux.

Dans ce parc où la stupidité reste le thème principal, bien d’autres rondelles à fondement y font tourner leurs manèges, mais les nommer tous serait, à leur image, fastidieux et inutile.  Confondant grandeur et nombrilisme, ces spleenétiques de la pétaudière aiment jouer aux caïds pendant que, dans les allées transformées en bar à boue, l’eau monte inexorablement.  Inutile de vous dire que les réparations devront attendre, car si ces gaspards endimanchés s’échangent volontiers des tuyaux, il ne faudrait pas les prendre pour des plombiers ou autres canards sauvages.

Peut-être un jour, parmi les péquins, en restera-t-il pour sauver ce qui pourra l’être ?  En attendant…

Bienvenue mes amis ! Bienvenue à Bazarland !

Publié dans concours

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E
Oh ciel que j'adore ce texte au vitriol, qui dit sans dire, ou mieux : qui crie sans dire :D Bravissimo !
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P
Vive Bazarland 😀
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C
Un ou une fan d'Audiard. Du grand art.
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S
panem circenses
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A
Euh... j'espère que quelqu'un a repéré les sorties de secours ! ...Il y a bien des sorties de secours, hein?
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P
Et toc !
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