Texte 5 du concours
Un été à Moustiers, un conte étoilé.
Hier encore le Nord, la pluie, le gris, celui que l’on fuit aujourd’hui, celui qui nous recouvre même la nuit. Tout est gris : le ciel, les maisons, l’herbe, même les gens paraissent ternis, sauf une chose, une chose formidable, une chose extraordinaire, qui ne peut que vous plaire, le cœur de ces gens, le cœur de ces géants, un cœur si grand que tous les êtres vivants sont leurs parents, leurs enfants, leur sang. Ce sang noir qu’ils ont puisé au fond des mines de ce terroir, et qui les nourri d’espoir. Un cœur si gros, qu’ils donneraient tout, et même plus s’il le faut, pour vous faire plaisir. Pourtant aujourd’hui je quitte cette « patrie». Direction le soleil, les abeilles, le jaune, la couleur, les odeurs de bonheur. Nous sommes tous entassés dans la voiture, plus une petite place pour mettre …un centimètre carré. On est heureux, joyeux, on chante, parle, joue pour faire passer le temps. Le chien jappe, dors, bouge, il participe, à sa façon, au bonheur de notre rejeton.
Enfin, mon Titi s’est endormi, le voyage va être encore long pour lui. Je ferme les yeux, pour profiter, un peu, de ce temps de répit, On est heureux ! Le temps passe, les kilomètres défilent, la chaleur commence à monter, le vent frais vient frôler mon visage, tourné vers le paysage. Les yeux toujours fermés, je cherche quelques souvenirs de Moustiers. Souvenirs de ces doux moments, de cette douceur de vivre, qui n’existe nul par ailleurs, douceur dans les mouvements, dans les couleurs, douceur dans la chaleur de l’été, dans le regard des personnes âgées qui connaissent bien cette contrée. Je revois ce petit village, blotti dans les bras du « Montdenier », accroché, prêt à tomber, arrimé là depuis que les eaux se sont reculées, retirées, vers la mer méditerranée. Les bâtiments légèrement colorés, ne peuvent bouger, figés dans la pierre de ce mont tant admiré. Il est là depuis des milliers d’années, surplombé par cette étoile dorée, suspendue à quelques centaines de pieds de là où l’on est. Les yeux rivés vers cette étrange merveille, que fait-elle là ? Qui l’a accroché ? Qu’elle symbole peut-elle nous conter ? Des réponses ? Il y en a : Un chevalier, qui, avant de partir guerroyer, aurait juré, que s’il revenait, il suspendrait une chaine doré en hommage à une sainte nommée : Marie. Il n’a pas failli, une fois revenu dans son pays, il gravit la montagne, il suspendit la chaine et son étoile. Et depuis, elle veille sur Moustiers Sainte Marie. Plus d’une fois elle est tombée, mais chaque fois on l’a raccroché. D’autres histoires sont racontées, mais nul ne sait vraiment, celle qui dit la vérité. Il faut la mériter, il faut grimper, grimper pour pouvoir l’admirer. Une fois arrivé, plus près de cette étoile dédiée à une mère, l’atmosphère y est encore plus prospère à la prière. C’est ainsi qu’ils y ont bâti une chapelle, pour que chacun y fasse un rituel : prières, requêtes, sollicitations en tout genre, sont énoncées au sein de cette maison.
Quant à la place du marché, joliment ombragée par cet arbre verdoyant, il faut parfois, s’en éloigner, les rues bondées par les touristes pressés de trouver le cadeau qu’ils vont ramener, ne permettent pas de tout admirer. Il faut longer ruelles, petits passages, venelles, pour découvrir un autre visage de ce magnifique paysage : Un lavoir où on aime s’assoir, pour déguster la glace que l’on vient d’acheter. Une glace un peu spéciale, conçue de milles pétales, au goût tout aussi alléchant que les produits du terroir, le miel de lavande, la truffe ou huile d’olive réalisés comme dans l’ancien temps. Il est beau ce village, ses bâtiments chapeautés de tuiles canal, flammées lors de leur cuissons, ce qui leur confère différents tons.
Un souffle de vent chaud me rappelle à la raison, un cours instant, juste le temps de voir la destination : Lyon. Mes paupières sont encore lourdes de sommeil, elles se baissent doucement, oubliant le temps, oubliant le vent…Me voilà posée sur un drap de plage aux pieds du lac sainte Croix. Quelques canots flottent sur l’eau, attendant patiemment un client, ils me crient : vient, vient te balader, nous pouvons te montrer des contrées que nul n’a jamais frôlé. Vient, vient nous chercher, nous t’emmènerons voguer sur des eaux plus colorées, plus calme que celle de la méditerranée. Non ! Pas aujourd’hui ! Les flots bleus, bleus comme les yeux de mon amoureux, sont bien jolis, ils me rappellent le ciel Bleu du Nord, lorsque le soleil l’éblouit de ses rayons capricieux, mais ce bleu ne m’aura pas pour lui, je ne me baigne pas, je reste là admirant le paysage que voilà.
Je me souviens aussi, des silences, silence de la rivière, des cigales, du soleil, qui nous repose de ces journées passées au bord de ce ciel bleu d’été. Tous deux, mon amoureux et moi, nous rangeons nos valises de l’année, elles sont posées fermées, voire cadenassées, pas question que quelqu’un vienne délivrer tout ce poids accumulé depuis juillet de l’an dernier. Nous sommes là sans parler, apaisés, heureux de ne rien faire, de ne rien se dire, admirant le ciel où, parapentes virevoltent doucement, jouant avec les ascendants, ils volent lentement, c’est magnifique, un enchantement pour petits et grands, une parade de planant, tel des vers luisants, ils filent dans le ciel couchant.
Les jours, les semaines s’écoulent lentement. Balades, randonnées, jeux et baignades rythment chaque instant. Le soleil luit tout le temps, parfois cela en devient fatiguant, une sieste ou deux, de temps en temps, pour faire pareil que les gens de cette région et même les bâtiments. Ces derniers paraissent dormir au gré du vent, rempart, aqueduc, chapelle d’antan, sont parvenue jusque maintenant, tout simplement en prenant leur temps. Le temps de dévoiler leur secret, leur indice, leur beauté. Ils ont le temps, nul besoin de ce presser comme dans ces grandes villes nettoyées, propre de tout ce qui est et a été. Des secrets, Moustiers ne nous les a pas encore tous dévoilés, pour que demain, dans un an, elle puisse, encore, nous époustoufler. Ça y est, les vacances sont bientôt terminées, il nous faut remonter.
Voilà la rentrée qui montre le bout de son nez, cahier, stylos et cartable, doivent être préparés, C’était de belles vacances, mais la maison commence à nous manquer, nous sommes heureux, aussi, de remonter, comme nous l’étions de venir à Moustiers. Les gens au cœur de géant nous manquent un peu. Le temps aussi ! Ici, jamais il ne pleut, ou si peu. Les maisons et les bâtiments sont souvent fermés, les volets sont repliés pour empêcher la chaleur de rentrer. Pas questions d’y entrer s’y vous n’y êtes pas invité ! Une chose que le Nord ne connait, la clé est là, dans le soulier, dans le creux de la maisonnée, rien à voler, juste le souper ou peut-être quelques jouets.
Les vacances sont terminées ! Vivent les vacances ! Mais, avant, il nous faudra rêver, rêver a un autre jour d’été sur les bords du Lac Sainte Croix de Moustiers.