Virginie Lauby : "j’écris depuis que je sais tenir un crayon entre mes doigts"
Nannig, on en parle... Une interview originale sur les chapeaux de roue !
Une courte présentation ? Qui es-tu ? Qu'as-tu écrit ? Tu en dis quelques mots ?
Je m’appelle Virginie Lauby, c’est mon nom de naissance. J’habite depuis mes 9 mois dans les Ardennes françaises mais mes origines sont diverses : ardennaises, corréziennes mais aussi belges. Je travaille chez Pole-Emploi (le FOREM français), je suis aussi responsable d’une association, ancienne élue municipale… et j’ai encore pleins de projets dans mon sac.
J’ai écrit à ce jour trois romans. Chronologiquement Nannig est le premier. En 2009, j’ai commencé la rédaction du mouroir aux alouettes (paru en 2010 aux éditions Ex Aequo) et en 2012, j’ai rendu mon troisième manuscrit à mon éditeur français (parution prévue courant 2013). Ce sont trois romans très différents.
Quand j’ai commencé à écrire Nannig, j’étais encore étudiante. Je l’ai bâti avec une intention « littéraire » et non une simple envie de raconter une histoire. Je voulais que ce soit un roman fantastique dans le sens où deux interprétations sont possible (Anne est-elle une simple jeune fille ?) mais aussi dans lequel la dimension tragique serait présente (le personnage principal est prisonnier de son destin, manipulé, il court inexorablement à sa perte)
2) Depuis quand écris-tu ? Un déclencheur ?
Je pense que j’écris depuis que je sais tenir un crayon entre mes doigts. Quand j’étais enfant, j’ai eu la chance d’habiter dans un logement de fonction qui était à la fois une école, une mairie, une maison commune, une bibliothèque…C’était un endroit ouvert sur l’ensemble de la communauté où tout le village transitait à un moment ou un autre. Mais surtout, dans la salle de la mairie, un objet extraordinaire me fascinait : la machine à écrire. Elle était grise un peu rugueuse comme une toile émeri, elle claquait dans le silence laborieux du secrétariat. Je n’ai eu le droit d’y toucher que vers 9 ou 10 ans. Les touches étaient dures et quand on faisait une faute, il fallait recommencer toute la feuille. A 12 ans j’avais réussi à construire une histoire d’une centaine de pages (interligne au minimum et sans marge !) qui a été évidemment refusé par tous les éditeurs (et comme je les comprends).
Je pense que l’élément déclencheur a été cette vieille machine…
Original !!! Tu me définis le mot "écriture"
Le Robert en donne sept définitions, dont entre autre celle de 1879: « Manière de s’exprimer par écrit ». Qu’est-ce que je pourrais ajouter ?
Est-ce tout ce que représente l’écriture, pour toi ? Une simple manière de s’exprimer ?
A bien y réfléchir, oui. Pour moi, c’est exactement ça. La définition du petit Robert est particulièrement appropriée pour Nannig. J’ai en effet porté attention à la façon dont les mots se succèdent, au rythme des phrases, à la structure narrative… C’est un texte très travaillé qui n’a rien de spontané. C’est une tragédie au sens le plus classique du terme où la manière de s’exprimer sert la thématique.
Poussons la question... Définis ton style !
A part Nannig qui a été travaillé en profondeur, mes autres romans sont plus spontanés. Je ne sais pas si j’ai un style particulier, en tout cas, rien de très visible pour le moment. C’est Franz Bartelt qui m’a dit cet automne : « il faut écrire beaucoup et un jour un style s’impose ». Je n’en suis pas encore là…
Facile ou compliqué d'être lu pour toi ?
C’est toujours délicat de se soumettre au jugement d’autrui. Entre les amis ou la famille qui vous assure que c’est formidable (mais sont-ils impartiaux) et l’indifférence polie de certains éditeurs (l’ont-ils lu d’ailleurs ?) c’est difficile de se faire une juste idée.
Mais quand le livre sort en librairie, cela devient assez difficile, effectivement, d’être lu par le plus grand nombre, de sortir du cercle d’amis ou d’amis d’amis…
Facile ou compliqué de mettre le point final à un livre ?
Comme je commence toujours par écrire la fin de mes textes, je n’ai pas de difficultés pour mettre le point final. Tiens ! Que voilà une manière originale d’écrire ! Est-ce style Colombo (je ne sais… enfin pas vraiment, ce que tu écris, donc…) on connaît le coupable au début et on déroule ensuite l’intrigue ou bien est-ce un moyen de te rassurer en te donnant le point d’arrivée ? => Comment construis-tu tes textes ??? Par contre j’ai besoin de me construire un synopsis qui va évoluer au fil des pages rédigées mais qui me guide (même si parfois, finalement, je m’en éloigne assez fortement). => tu fais donc un plan, tu as la structure et tu écris sur cette base-là ? oui Je n’ai pour le moment jamais réussi à mener à terme un projet dont je n’aurais pas écrit la fin. => on en revient à ma question : as-tu besoin de savoir où va ta plume ? D’ailleurs, je fais la même chose comme lectrice : je commence toujours par lire les dernières pages…
Argh !!!!!!!!! Que voilà un crime… enfin pour un certain type de romans…
Nannig, tu le classerais dans quelle catégorie ?
C’est une tragédie fantastique : tous les ingrédients de la tragédie sont présents mais l’histoire a une double lecture : Philippe est-il seulement idiot ou est-il manipulé par une force supérieure ?
et que lis-tu comme livre ? Un peu de tout. Je n’ai pas de style particulier mais j’évite maintenant (j’étais plus cliente il y a 20 ans) les thrillers trop sanglants ou les romans d’épouvante type S King.
Comment voit-on ton travail d'écriture autour de toi ?
J’ai toujours reçu pour le moment un accueil bienveillant. Il m’a été difficile « d’avouer » que j’écrivais. C’est la première publication de Nannig qui m’a obligé à me découvrir. Avec la sortie de mon troisième roman, il m’est plus facile d’en parler, peut-être parce que, maintenant, je me sens un peu plus légitime. Mais je ne suis toujours pas très à l’aise avec l’exercice de promotion…
Je crois que c'est le cas de nous tous face aux lecteurs, face à un exercice qui nous est plus étranger que le maniement de la plume !
Merci pour cet interview ! Et bonne route à Nannig !
Christine Brunet
www.christine-brunet.com