Texte n°2 - Concours sur le thème du cauchemar pour la revue "Les petits papiers de Chloé"
Cauchemar enfantin
Jamais je n’avais cru qu’un jour je serais confronté à mon pire cauchemar et, pourtant, c’est arrivé en ce mois de juillet.
Quand j’étais minot, mon père travaillait dans une imprimerie et ma mère tenait une petite épicerie de village. Moi, je vivais heureux sans tous les soucis auxquels les gosses d’aujourd’hui sont confrontés. Il faisait vraiment bon vivre dans les années soixante !
Et pourtant, un rêve me poursuivait et me gâchait un peu la vie, un cauchemar récurent qui m’a, heureusement, abandonné au bout de quelques années.
Souvent, je rêvais, donc, qu’un type bien baraqué brisait la vitrine du magasin dans lequel nous vivions, s’emparait de ma mère et l’emmenait loin de moi. Moi, je la défendais bec et ongles mais j’étais bien impuissant face au kidnappeur. Je ne pouvais que hurler, hurler et pleurer toutes les larmes de mon corps.
Invariablement, je me réveillais, groggy, avec un sentiment de malaise qui ne me lâchait pas de la journée.
Pas besoin d’être psychanalyste pour décrypter ce songe : la peur de perdre l’unique personne que j’idolâtrais envoyait à mon cerveau des infos qu’il interprétait à sa manière.
Et, en juillet dernier, ce cauchemar est devenu réalité. Ma mère m’a été enlevée, non pas par un kidnappeur, mais par un médecin, un cardiologue, qui avait décidé de l’opérer à cœur ouvert.
Il me semblait impossible, en raison de son âge avancé, qu’elle résiste à cette opération.
Malgré mes réticences et mes mises en garde, ma mère a suivi l’avis du praticien et est entrée en clinique. Pour un voyage sans retour, j’en étais certain.
Le 3 juillet a été pour moi le jour le plus long. L’attente, l’angoisse, les pensées négatives se sont emparées de moi et la journée s’est étendue, longue, longue, longue.
Et puis, le coup de téléphone : tout s’est bien passé.
Le retour à mes terreurs enfantines s’est arrêté là ; le kidnappeur me rendait ma maman, ce n’était qu’un rêve, un cauchemar venu du plus profond de mon enfance.
Je venais de me réveiller et maman était toujours là !