Concours pour la Revue, Les petits papiers de Chloé : TERREURS NOCTURNES texte 4
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Intrusion.
Mon mari étant absent pour raison professionnelle et nos grands enfants, installés récemment hors du nid familial, cette soirée est toute à moi ! Je la savoure avec délectation, devant un bon verre de vin, une musique douce en fond sonore, et un livre passionnant. Vers onze heure, Je regagne ma chambre et me blottis au creux des oreillers, où je reste plongée dans ma lecture jusqu’à ce que le sommeil m’envahisse. La nuit est tranquille, l’air est doux, et la fenêtre entrouverte imprime un léger balancement aux doubles rideaux, qui filtrent une obscurité dense, mais pas totale. Ce temps est idéal pour passer une bonne nuit !
Vers les trois heures du matin, un bruit suspect me réveille et m’inquiète… Je me soulève précipitamment, le cœur battant la chamade, le front en sueur, l’oreille aux aguets. La chair de poule couvre mes bras et un frisson me parcourt le bas du dos. Je n’ai pas rêvé, j’en suis certaine ! Je repasse en boucle mes gestes de la soirée : j’ai tourné deux fois la clé dans la serrure. Les fenêtres du bas sont closes et la porte, à l’arrière de la maison, se ferme par un système de verrouillage intérieur ; il est impossible de l’ouvrir du dehors sans avoir la clé adéquate et je suis sûre de l’avoir bloquée, elle aussi !
Néanmoins ces vérifications mentales ne me rassurent pas, car à l’instant même, je perçois un craquement, que je reconnais comme étant celui de la troisième marche de l’escalier. Quelqu’un s’est introduit dans la maison, je n’ai plus de doute et mon téléphone portable est resté au salon ! Vite, un objet pour me défendre ! J’empoigne le tabouret près de la commode et m’approche de la porte, entrouverte. J’ai le cœur qui se décroche, et mes paumes sont moites, au point que je dois reposer le tabouret qui me glisse dangereusement des mains !
L’œil rivé à l’angle du couloir, je distingue une ombre qui progresse lentement, immense, énorme ! Certainement celle d’un homme grand et fort ! C’est bien ma veine… J’ai envie de hurler mais je reste muette de stupeur, mes muscles sont tétanisés, ma langue est sèche, ma gorge douloureuse. Mes forces s’envolent, ma tête s’affole et l’écho de mes battements de cœur emplit ma poitrine qui se soulève anarchiquement… Et je m’écroule.
« Ça va maman ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Il me secoue, me tapote les joues… Je reprend lentement conscience, profitant de la situation, jaugeant son inquiétude à mon sujet, et je lui susurre : « Adrien ? Mais qu’est-ce qui t’as pris ? Tu ne pouvais pas t’annoncer ? Tu m’as fais une de ces peurs ! »
« Mais, maman, je ne voulais pas te réveiller ! La dernière fois, tu m’as dit de garder ma clé au cas où... Comme je passais dans le coin et qu’il fait nuit, j’ai voulu profiter de ma chambre et je suis entré en catimini pour vous faire la surprise demain matin… Papa n’est pas là ? « Et non, ton père n’est pas là, mais ta surprise, elle, a été bien réelle ! J’en garderai une bosse sur le front en souvenir ! Mais si tu savais, Adrien, comme je suis heureuse que ce soit toi qui soit là ! »