Acte 3 - Texte 3

Publié le par christine brunet /aloys

 

Chérie, incroyable, je n’en reviens pas, je suis sur un petit nuage rose : je suis pressenti pour le Prix !

- Le prix ? Mais quel prix ? Le prix du plus gros menteur de tous les temps ?

- Qu’est-ce que tu racontes encore ? Un menteur, moi ?

- Et ta liaison avec ta secrétaire, hein, ton voyage soi-disant d’affaires à Venise, hein ?

- Oh ! Tu ne vas pas encore revenir avec ça, c’est de l’histoire ancienne ! Tu sais que je n’aime que toi !

- Ouais, bon, ça, il faudra me le prouver ! Alors, t’accouches ? Tu parles de quel prix ?

- Allez, devine, le Prix ! Le Prix le plus prestigieux qui soit, celui qui va me faire connaitre de tous les lecteurs du monde, LE Prix, quoi !

- Ah ! Le Prix Nobel de Littérature ! Bravo, mon chéri !

- Tu te fous de moi, une fois de plus ? Je parle du Goncourt, évidemment ! Le Prix le plus important pour un auteur de langue française !

- Ah oui ! Ça ! Et Ça paie combien, ça ?

- Dix euros…

- Quoi ? Tu sautes comme un cabri parce que tu vas peut-être gagner un prix dont tout le monde se fout qui rapporte dix euros !

- Mais, ma chérie, c’est un chèque symbolique qui est donné au vainqueur. Le Goncourt fait vendre. Prends Hervé Le Tellier, par exemple…

- Connais pas ! Je ne connais qu’un Hervé : Vilard ! Et je pense qu’il n’a jamais obtenu aucun prix, sûrement pas le Goncourt machin, là !

Et Claudine se met à chanter : « Nous n’irons plus jamais où tu m’as dit je t’aime »…

- Bon, je pense que « je t’aime », tu ne me l’as jamais dit ! Tu me disais quoi, avec ton Hervé Goncourt ?

- Tu mélanges tout ! Hervé Le Tellier, l’auteur de « L’anomalie ». Il a vendu un million d’exemplaires de son roman !

- Un million pour une anomalie, ça chiffre ! Tu es sûr de l’avoir, ton fameux prix ?

- Non, je t’ai dit que j’étais pressenti, ça veut dire que mon roman fait partie de la première sélection.

- Ah…bon…freine ton ardeur alors, te connaissant…

- Merci de ta confiance !

- Vous êtes combien, là, dans ta sélection ?

- Quinze !

- Quinze ? Mais, mon pauvre, tu n’as aucune chance !

- Merci encore pour toute la confiance que tu mets en moi et dans mon travail d’écriture !

- Un travail ? On voit bien que c’est pas toi qui nettoies les chiottes au supermarché ! Toi, assis devant ton ordinateur, toute la soirée, sans desserrer les dents, me laissant seule devant la télé…

- La télé et tes émissions insipides !

- Bon, et ça se passe comment, après ?

- On va en éliminer sept. Nous resterons à huit pour la deuxième sélection puis quatre pour la troisième et puis j’aurai le Prix. Ah j’en rêve depuis tant d’années !

- T’aurais pas plutôt pu postuler pour le Prix Nobel de Littérature. Il parait que le gagnant empoche la modique somme de 900 000 euros, mais bon, monsieur fait dans la petite pointure…

- Tu m’énerves à la fin ! Tu verras quand j’aurai le Prix et que tout le monde s’arrachera mon roman, tu changeras ton répertoire !

- Et il parle de quoi, ton merveilleux extraordinaire roman qui va nous rapporter dix euros ?

- D’une femme qui emmerde son mari à longueur de journée ! Salut ! Je vais me coucher…

Publié dans concours

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
le vitriol conjugal, emballage cadeau
Répondre
C
Règlement de comptes. Bel échange =D
Répondre
M
J'ai beaucoup aimé. J'ai trouvé cela amusant.
Répondre
E
Oh la laaaaaaaaa ! Doux échanges conjugaux... Le vitriol n'est pas loin, en effet !
Répondre
P
Une épouse tendre et douce!!!
Répondre
A
Hé bé ! j'espère pour l'auteur qu'il aura le prix, parce que sinon... il n'a pas fini d'en entendre !
Répondre
P
Croire en soi, c'est la base !
Répondre