"Fureur le lire, fureur d'écrire": concours 2. Texte 1

Publié le par christine brunet /aloys

LA PASSION DU PRINCE

 

On raconte que jadis le prince héritier d'un petit royaume prospère était un jeune homme qui refusait de consacrer la majorité de son temps de loisirs à autre chose qu'à la lecture.

"Fils, ne te contente pas d'être présent lors des mariages, funérailles, fête nationale, cérémonies annuelles et traditionnelles. Consacre du temps à faire davantage de sport, à m'assister lors d'inaugurations, à nous accompagner ta mère et moi lors de concerts et de spectacles, à participer davantage à des bals et des festins. Tu y côtoieras de jolies princesses, tu pourras y rencontrer celle qui sera ta bien-aimée", conseilla le roi.

"Père, tout ce qu'il est bon de savoir pour réussir sa vie n'est-il pas contenu dans les livres ? Je veux donc d'abord lire ce qui se trouve dans votre remarquable bibliothèque avant de me consacrer à d'autres choses moins essentielles selon moi", répondit le prince.

Le prince lisait, tout ce qui lui tombait sous la main et l'on sait que des livres il y en avait tant et plus dans le palais royal. Il avait donc du pain sur la planche ! Il ne lisait pas que des ouvrages d'histoire, de sciences, de philosophie, non il lisait aussi des romans de peu de valeur ou des livres de cuisine. "Chaque auteur écrit pour être lu", justifiait-il lorsqu'on l'interpellait.

Printemps, été, automne, hiver, printemps, été, automne, hiver,… Les saisons passaient. Le prince vieillissait, il n'avait toujours pas trouvé son âme sœur. Son jeune frère et ses deux jeunes sœurs s'étaient mariés, avaient une progéniture, mais cela n'empêchait pas le roi de s'inquiéter, les ministres et d'humbles citoyens de s'inquiéter aussi, car le prince ne modifiait en rien ses habitudes.

Le prince allait atteindre ses trente-neuf ans lorsque la reine suggéra à son époux de créer un prix littéraire ouvert uniquement à des jeunes femmes célibataires triées sur le volet, compatriotes érudites et nobles ainsi que princesses étrangères. Des manuscrits affluèrent. Il y avait parmi eux des manuscrits de plusieurs centaines de pages, quasiment aussi épais que la Bible. Le prince les lut tous. Bien qu'il avait été annoncé qu'un jury constitué des plus renommés écrivains du royaume attribuerait le prix après une longue concertation, ce fut le prince qui décréta que la plume d'or serait attribuée à l'ouvrage "Les sagesses du cœur", écrite par une jeune demoiselle qui ne se plaisait elle aussi qu'à lire et qui vivait dans une région champêtre du pays. C'était une œuvre poétique d'une petite centaine de pages agrémentée de pastels délicats. La jeune fille avait une voix douce et se fit un plaisir de lire son œuvre au prince.

Le prince fut conquis. Il l'épousa quand il célébra ses quarante ans, mais il renonça à assurer la succession de son père. Son jeune frère devint ainsi prince héritier et tout le monde dans le pays applaudit, dit-on, en prenant connaissance de sa décision.  

Publié dans concours

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M
J'aime imaginer que le prince et son amoureuse eurent sans doute pour descendants des écrivains reconnus.
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J
Joli début pour cet acte 2. On va encore se régaler...
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E
La reine fut bien astucieuse, en tout cas, et j'imagine qu'ils furent heureux et accumulèrent beaucoup de livres :D
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D
C'est sympa un prince "intello". Cela change de la politique. Un de mes amis, homme politique, m'a assuré un jour que"la politique corrompt et rend fou". Faut-il le croire?
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S
Futée la reine... hi hi
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P
Bonne idée ce concours pour trouver l'âme soeur ☺️!
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C
Un prince de la lecture, ce concours commence bien, très bien même.
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A
Il y avait le prince charmant, le prince des ténèbres... maintenant, il y a le prince de la lecture et c'est celui que je préfère ! Un acte deux qui commence très bien !
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C
Second acte... Bonne lecture !!!
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P
C'est reparti pour une belle série de lectures ! Il a bien raison, le prince. <br /> Vaut mieux lire que diriger un royaume !
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