Texte n°1 pour le concours "si l'hiver m'était conté"
Une nuit de janvier…
L’angélus résonne. Coline, silencieuse comme une matinée d’hiver…
L’église de village, de doux nuages sont là. Blancs. Roses.
Une vie de femme, d’épouse, de mère trace son ébauche au rythme du labeur, de la force et de la bonté. La vie s’écoule sereine et paisible dans l’odeur de la terre qui monte après la pluie. Coline éveillée près de l’enfant qui dort. La douceur du silence et le noir de la nuit. C’est l’histoire d’un amour pour les siens. C’est le chemin de forêt qui se perd dans la brume. C’est le ruisseau d’argent sur la buée d’un miroir. C’est un rêve d’hiver où les grands feux s’allument. C’est la source d’eau vive au fond de nos mémoires. C’est le vent qui se lève et les branches qui ondulent. C’est quelques grains de pollen au cœur d’un bouton d’or. C’est la chanson des roseaux dans la brume d’un matin. C’est un enfant qui sourit dans un livre d’images. C’est les oiseaux du ciel à portée de nos mains. L’odeur de la terre qui monte après la pluie. Coline éveillée près de l’enfant qui dort. La douceur du silence et le noir de la nuit. C’est l’histoire d’un amour pour les siens. Dans sa grande maison de pierres, immobile sur le pas de la porte, Coline scrute l’horizon.
Enhardie par l’hiver qui se veut clément, elle enfile son gilet par-dessus son tablier et entre dans l’enclos aux coquelicots.
C’est une fin de chemin, presqu’une fin de vie. Oh ! Elle a eu une vie riche bien remplie Coline. Elle sent qu’elle va bientôt s’interrompre. Alors, elle remue ses souvenirs. Les yeux grands ouverts. Ouverts sur un monde qui lui a tant apporté. Tant donné, tant repris aussi. Léo qui a su être au fil des ans, son fidèle compagnon de tous les instants, rythmant avec elle les saisons de la vie. Brusquement malade, si tôt disparu. Chagrin. Elle continue, la vie, en emportant dans son ombre, ses sœurs et frères tant aimés. Et Coline au milieu de ses fleurs, console ceux qui pleurent et fleurit ceux qui meurent. Trop de morts terribles l’entourent. Et la maladie la frappe à son tour. Elle est déjà hors du monde, hors du temps. Une courte promenade dans l’hiver naissant et elle part.
Un murmure dans le vent. Une nuit de janvier, Coline se glisse dans l’invisible. Nous croyons que la mort est une absence, elle est une présence secrète. Nous croyons que la mort crée une infinie distance. Elle la supprime, cette distance. Que de liens elle renoue. Que de barrières elle brise. Que de murs elle fait crouler. Que de brouillard elle dissipe. Aujourd’hui, la terre du village la recueille, reflet de sa douceur.
Durant l’hiver, toutes les fleurs de demain sont dans la semence d’aujourd’hui.