Texte n°3 du concours "Les petits papiers de Chloé"
La naissance d’une passion.
Souvenir d’école,
Souvenir d’enfance ou souvenir d’il y a quelques jours,
Souvenirs heureux ou nostalgiques,
Souvenirs précieux ou anecdotiques.
Fin des années de primaire.
Fin de l’été.
Mes parents m’ont inscrite pour un long chemin en pension, chez les sœurs de la Doctrine Chrétienne.
L’école est splendide. Immense et blanche. D’un sinistre achevé.
Le murmure affirme que dans une grotte à un jet de pierres de cette école pour jeunes filles de bonnes familles, est apparue la Vierge à de petites paysannes.
Que ce soit vrai ou que ce soit une histoire inventée, ce murmure donne une idée du décor : grands couloirs qui résonnent de pas, escaliers majestueux, plafonds hauts, boiseries encaustiquées, chapelle romane… et Sœur Saint-Adrien qui hante le hall et les réfectoires de sa présence.
Drôle de spectre faisant deux pas en avant. Un arrêt à mi-route. Demi-tour. Deux pas en arrière. Et bla bla bla…
Deux pas en avant. Un arrêt à mi-route. Demi-tour. Deux pas en arrière.
Sœur Saint-Adrien. Tout un poème appelée Miroute par de nombreuses générations de potaches aux jupes plissées !
De hauts murs entourent les cours et les jardins.
Je suis égarée dans ce nouveau monde. J’y prends mon envol dans la vie.
Un peu pivert et tourterelle,
Un moineau tombé du nid,
Un perdreau de la dernière pluie,
Une colombe déguisée en rapace,
Un peu reine de la voltige au cœur qui bat de l’aile.
Rien n’est gravé dans le marbre.
Rien n’est écrit sur des feuille.
Et pourtant, c’est là que j’ai découvert ma passion des mots.
Les livres sont bannis. Seuls les manuels scolaires et les ouvrages pieux reçoivent la bénédiction de ces Dames.
Moi, je rêve d’aventures…
« L’inactivité est la mère de tous les vices ! ». L’horaire est donc bien draconien avec si peu de moments de répits. Je prends donc l’habitude de tricher durant les heures d’études : mon livre de grammaire cache l’enquête en cours ou alors, est-ce celui de math qui me sert d’abri à rêves.
La brièveté de ces moments me frustre…
Que n’aurais-je pas donné pour qu’on me fiche la paix une journée entière !
Il reste la nuit et la lampe de poche sous les draps.
Les histoires sont fantomatiques.
Je suis Alice, une ombre menant l’enquête sur les murs de mon alcôve.
Je suis une aventurière pratiquante, et pas que le dimanche et les jours de confesse !
La lampe. Les livres. La journée, bien rangés dans ma valise attendant l’extinction des feux avec impatience.
Et de valises, toute ma scolarité je les aie portées sous les yeux !
Ecrits sur un mur virtuel, avec les amis perdus et retrouvés, une certitude : tous ces souvenirs d’enfance nous construisent et nous relient !