Après A.-S. Malice, voici la deuxième "drôle de dame", Edmée de Xhavée qui a bien voulu répondre à mes questions.
1) Chroniqueuse sur Actu-Tv, pourquoi ? - J'adore, j'adore, j'adore ! Bob me l'a demandé au départ, pour représenter ma région verviétoise et Liège, et franchement, c'est un plaisir !
2) Ton meilleur souvenir, ta pire galère ? - Mon meilleur souvenir est la rencontre avec Paolo Zagaglia. Il était alors question de son film "Regards". J'ai vu Paolo et immédiatementça a cliqué entre nous, comme par la suite ça a cliqué avec son épouse et nous sommes restés très amis. La pire galère... ma foi, c'est d'être le pense-bête de Bob qui tend à entrer dans une autre voiture que la sienne, à oublier sa caméra ici et son trépied là... et puis qui, au restaurant, ne sait pas ce qu'il aime manger car Poussin n'est pas là pour le lui dire...
3) Le reportage que tu aimerais réaliser ? - Interroger mon copain Mohamed Sridi, accompagnateur de trains et photographe du petit matin. Ce type sourit toujours, fait des photos qui baillent dans la brume matinale (gares, vaches, passagers figés par le sommeil, prairies humides...) et est un artiste de la vie.
4) Qui rêves-tu de rencontrer ? - Ce serait impossible car il est mort depuis belle lurette et n'est pas de mon territoire (il était Montois), mais j'aurais aimé rencontrer Charles Plisnier. Je pense qu'au sujet des mariages malheureux, lui et moi aurions pu remplir trois émissions !
5) Ton actualité ? - Je prépare et fignole et mets le glaçage sur mon petit dernier, "Silencieux Tumultes". L'histoire d'une maison qui garde ses secrets. Mais le livre est là pour les libérer...
Bataillon de charme sur Actu-Tv, les chroniqueuses ne sont pas étrangères au succès de l'émission. Mais qu'est-ce qui pousse ces dames, auteures avant tout, à aller interviewer Pierre, Pol ou Jacques ? Anne-Sophie Malice est la première à me répondre :
1) Chroniqueuse sur Actu-Tv, pourquoi ? - Parce que Bob me file des coups de pied au fessier. Ma confiance en moi étant logée au sous-sol, ça me fait grand bien. C'est magique de partager d'autres univers l'espace de quelques heures, de rencontrer des gens passionnés par ce qu'ils font.
2) Quel reportage aimerais-tu faire ? - N'importe lequel, franchement. Chaque rencontre est spéciale et m'apporte beaucoup. Je dois me dépasser chaque fois. Edmée serait une belle rencontre, j'en suis certaine.
3) Qui rêves-tu de rencontrer ? - Revoir le chanteur de Ghinzu. Ce groupe m'a accompagnée dans des moments particuliers. Rencontrer et m'évanouir, Luke Perry. Tu te souviens de Dylan dans Beverly Hills ? C'est lui.
4) Ton meilleur souvenir, ta pire galère ? - Meilleur souvenir, un bisou de William Dunker. Galère... juste ma peur de rougir à outrance... ce qui ne semble pourtant ne déranger que moi.
5) Ton actualité ? - Participation ce week-end à une manifestation artistique à Quiévrain. Peintres, sculpteurs, graphistes, auteurs... je suis ravie de m'être lancée d'ailleurs. Le salon du livre à Mons, fin novembre, aussi.
« Les Secrets de Polichinelle » interviewe Jean-François, l’auteur d’une page reprenant mois après moi avec force commentaire les chroniques que Marc Quaghebeur donne sur ACTU-tv à propos des grands auteurs belges.
On peut dire que Bob Boutique a le nez fin ou creux, c'est comme on veut. J'entends par là, vous allez me dire "pas grand chose"... OK, je veux dire par là, la formule vous convient davantage ?... qu'il possède l'art consommé de s'entourer de personnes talentueuses. C'est le cas notamment de Jean-François Foulon qui nous a aimablement accordé cette interview.
1) Pour quelle(s) raison(s) as-tu intégré l'équipe d'Actu-Tv ?
- Je ne l'ai pas vraiment intégrée (je ne fais ni reportages, ni interviews) principalement par manque de temps, ma vie professionnelle m'accaparant malheureusement beaucoup trop. Mais disons que je suivais avec intérêt les interviews de Marc Quaghebeur et quand Bob Boutique m'a proposé de rédiger une petite chronique sur les auteurs abordés, je n'ai pas dit non. Un peu pour faire la promotion d'Actu-Tv (puisque ma chronique servait de prétexte pour rediffuser l'interview), un peu pour ma promo personnelle (car se faire remarquer comme auteur est primordial si on veut que nos livres soient lus), mais surtout parce qu'il s'agissait d'aborder des écrivains classiques, pour lesquels j'ai une certaine prédilection, pour ne pas dire une prédilection certaine.
2) Comment élabores-tu ta chronique ?
- J'écoute attentivement ce que Marc Quaghebeur a pu dire sur l'auteur en question, puis j'effectue quelques recherches de mon côté, vérifiant ce que je sais déjà ou au contraire découvrant ce que j'ignorais encore. Je présente donc brièvement l'écrivain (biographie et livres publiés) tout en essayant de le replacer dans son contexte culturel. Quand c'est possible, je renvoie à l'interview, pour obliger le lecteur à une sorte de va-et-vient entre celle-ci et mon texte.Disons que j'estime que ces séquences d'Actu-Tv sont particulièrement réussies et qu'elles sont sérieuses (interroger le directeur des Archives et du Musée de la Littérature, ce n'est pas rien). A ce titre, elles méritent toute notre attention. Par mon texte, j'espère donc à la fois intéresser le lecteur à des écrivains certes bien connus mais finalement rarement lus (ce qui est dommage car ils le méritent) mais aussi contribuer asseoir la réputation d'Actu-Tv. Les émissions culturelles sont tellement rares dans notre Belgique francophone. Je donne aussi à chaque fois un petit extrait d'une oeuvre bien connue de l'auteur abordé, pour que le lecteur puisse se faire une idée par lui-même. Parfois, je commente également rapidement cette oeuvre, rassemblant les souvenirs que j'en ai gardés lors de ma propre lecture.
3) Es-tu particulièrement intéressé par la littérature belge ?
Particulièrement non (je suis fort francophile et ma mère était française. A ce titre, je ne suis donc pas fasciné par la "belgitude" où je ne me retrouve pas vraiment) mais quand je regarde les rayons de ma bibliothèque, je dois bien reconnaître qu'il y a beaucoup d'auteurs belges. Il faut dire que nos contrées francophones (Wallonie et Bruxelles) sont particulièrement riches dans le domaine littéraire, beaucoup plus qu'un département français par exemple, où les auteurs doivent obligatoirement passer par Paris s'ils ne veulent pas être taxés de régionalistes. Chez nous, c'est un peu différent. Certes, pour obtenir une vraie consécration, un auteur belge doit lui aussi se faire éditer dans les grandes maisons parisiennes, mais il peut très bien être édité à Liège, à Charleroi ou à Tournai tout en faisant de la littérature générale. A contrario, il me semble qu'un éditeur de Perpignan privilégiera d'abord des livres où le caractère catalan est bien mis en évidence et un éditeur de Clermont-Ferrand fera de même pour le caractère auvergnat. En fait, j'ai l'impression que les écrivains belges occupent des créneaux parallèles qui sont délaissés par la France. On l'a vu avec la bande dessinée, qui a trouvé ses lettres de noblesse chez nous, avec le fantastique (mis à l'honneur autrefois par Marabout), ou le policier (voir Simenon).
4) Rêves-tu qu'un jour on puisse trouver ton nom dans une anthologie consacrée à la littérature belge ?
Ah, ce serait en effet un grand honneur. Et si un de mes textes pouvait être un jour étudié dans une école, ce serait la consécration, le fait que je serais alors vraiment reconnu comme écrivain ! C'est d'ailleurs pour cela que j'ai toujours refusé de jouer avec l'autoédition ou l'édition à compte d'auteur. J'ai attendu de trouver un éditeur qui veuille bien de moi et qui m'accepte comme je suis. Car si on peut suivre les cours d'une académie pour devenir peintre ou musicien (vous serez peut-être un mauvais peintre ou un mauvais musicien, sans aucun génie, mais vous aurez un diplôme qui certifiera que vous avez appris les techniques de base de votre art), il n'existe pas d'école pour devenir écrivain. Il n'y a donc que l'éditeur, en acceptant votre manuscrit, qui peut vous sacrer écrivain.
5) "Obscurité", "Le temps de l'errance", et "Ici et ailleurs" ont un dénominateur commun, la nature... je me trompe ?
Ce sont trois genres différents (un roman, un recueil plus poétique, et des nouvelles ou plus exactement de courts récits) mais en effet la nature y occupe une place importante. Dans "Obscurité", l'héroïne, déboussolée après un divorce, traverse plusieurs régions de la France profonde (le plateau de Millevaches, la Corrèze, les Cévennes, etc.). C'était pour moi l'occasion de décrire ces endroits merveilleux et sauvages où j'ai eu la chance de passer mes vacances quand j'étais grand adolescent ou jeune adulte. Dans le livre de poésie, on trouve la mer et la forêt, deux éléments naturels qui nous font rêver et qui sont quelque part à la base même de notre imaginaire. Dans le recueil de nouvelles, la nature est moins présente, tout simplement parce que l'action se passe en Afrique ou en Amérique du Sud, où je ne suis jamais allé. Mais il y a quand même des descriptions de paysages, comme ces contreforts des Andes que gravit un camion, les roue au bord du précipice. Je crois que je suis quelqu'un qui a besoin de la nature. Avec un livre et un coin de forêt, je suis heureux, je n'en demande pas plus. Je suis donc fort attentif aux paysages, à leur histoire et à leur devenir, car derrière eux, c'est toute l'histoire de l'humanité qui se dessine. Par exemple, il faut bien comprendre que pendant deux mille ans la vie des hommes n'avait pas changé. Depuis l'empire romain jusqu'à la guerre 40-45, on a cultivé la terre avec une charrue et un cheval. J'ai encore connu la fin de cette époque dans les années 60-70 (en Ardenne ou dans le Massif central), mais depuis, la révolution technologique a complètement bouleversé le monde, nos modes de vie, et également les paysages.
6)As-tu un nouveau roman en préparation ? Il est aussi question de nouvelles qui dorment depuis longtemps dans les tiroirs...
- Un roman est en cours de lecture chez Chloé des Lys. Il parle justement de l'Ardenne et de la fascination qu'elle exerce sur le héros, qui y est né, mais qui vit à Bruxelles. Cette rupture fondamentale entre la campagne et la ville se double chez lui d'une seconde : il a quitté le monde paysan un peu frustre qui était le sien pour devenir un intellectuel. Comme chez Annie Ernaux, il y a là une dichotomie et une "trahison" qu'il lui faudra dépasser. A côté de cela, oui, un autre roman est en préparation (sur le thème de l'enfance maltraitée) et oui, il reste des nouvelles et un autre roman qui mériteraient de ressortir des tiroirs. Mais comme je l'ai dit au début, c'est le temps qui manque.
Extrait d’une interview de l’auteur par Patrick Sel d’Arvor, parue dans la page littéraire du Monde du vendredi 30 avril 2007
Votre style fait penser à Proust ou Mauriac, vous en êtes conscient ?
Tout à fait. Certains critiques littéraires, surtout à l’étranger, parlent également de Dostoïevsky ou Hemingway… je ne cherche pourtant pas à les copier et d’ailleurs comment le ferais-je ? Je ne lis que les Martine ou de temps à autre un Delly. C’est inné.
Comment expliquer qu’avec un tel talent, vous n’ayez pas encore obtenu un Goncourt ou un Renaudot ?
Précisons d’ abord que j’ai quand même été nominé deux fois dans le catalogue des Trois Suisses et que le bulletin paroissial de ma commune m’a cité récemment, mais bon… mon éditeur est lui-même auteur et la jalousie… je pense qu’il n’a tout simplement pas envoyé mon livre.
Parlons de votre personnage Bob le Belge. Peut-on dire qu’il est un philosophe ?
Incontestablement, même si certains enlèvent le ‘testablement’. Il y a dans cet être raffiné et d’une grande culture, une vision hédonique de la vie qui interpelle, même si certains enlèvent l’’inter’. D’autant plus qu’il résume sa vision du monde avec une expression qui fait mouche et qu’on propose parfois pour les épreuves du bac…
« Et voila ! », sans accent sur le a ?
Tout juste.
Il y a t-il une raison particulière pour que cet accent soit omis ?
La syntaxe tout simplement. A l’imparfait du subjonctif, la césure de cette phrase prise dans sa globalité résiduelle aurait exigé une altercation intempestive de la continuité de la signification exhaustive de l’entité contraire. Or, nous nous trouvons ici dans un cas de figure où le conditionnel présent entraînerait une réévaluation de la construction narrative de l’exposé inverse… en bref, pour être simple, l’accent grave eut été aigu, ce qui eussé été une erreur grossière.
Je comprends… ou plutôt, pour être très franc avec vous, je ne comprends rien du tout.
C’est normal. Il n’y a rien à comprendre. Bob le Belge se regarde et comme il est dessiné au septième degré, c’est seulement dans une ou deux, voire trois semaines, que le déclic se fera. Vous n’en saurez d’ailleurs rien puisque à ce moment-là vous l’aurez oublié.
Peut-on parler de génie ?
Absolument. Rien ne m’horripile plus que les faux modestes. Ceci dit, mon QI n’est pas anormalement élevé… le Q au niveau du bassin et le I un peu plus haut, du côté du nombril.
Une dernière question, car je sais votre temps compté. Peut-on espérer d’autres Bob le Belge dans l’avenir ?
Il n’existe qu’un seul Bob le Belge… à moins de le cloner !
Je voulais dire d’autres épisodes ?
Ce n’est pas exclu. J’ai cassé la pointe de mon crayon et je ne retrouve plus le taille qui s’est taillé. Je lance un appel, il est rose fluo avec un dessin de bisounours.
Il est des écrivains dont on ne parle jamais et dont peu de de personnes se souviennent. Certains méritent sans doute cet oubli parce que leur œuvre n’avait rien d’original ni de bien marquant, mais d’autres au contraire étaient des penseurs de premier ordre, en avance sur leur époque, et ils possédaient une plume remarquable. On ne les évoque pourtant jamais et leur nom n’apparaît pas dans les manuels scolaires.
Tel est assurément le cas de Viktor Lvovitch Kibaltchiche. Si je vous dis que cet homme est pourtant l’un des plus grands écrivains belges, vous allez être étonné, j’en suis certain. Bon, il est vrai qu’il est un peu plus connu sous le nom de Victor Serge, mais finalement il n’est vraiment lu que par quelques spécialistes et par quelques adeptes inconditionnés de l’anarchie. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : cet écrivain quelque peu oublié a eu de son vivant un rôle politique de premier plan. Malheureusement pour lui, comme il n’a pas fait l’éloge de la bourgeoisie bien-pensante, mais qu’il a au contraire contribué à répandre des idées anarchistes, après avoir eu pendant quelques années une certaine accointance avec l’Union soviétique, il est tombé dans l’oubli.
Personne ne semble lui pardonner d’avoir finalement été un révolutionnaire. Pourtant, cet ostracisme qui le frappe aujourd’hui se base sur des préjugés, car malgré ses idées franchement ancrées à gauche, il a bien été un des premiers à critiquer le régime stalinien qui se mettait en place. Rien que pour cette honnêteté intellectuelle (que l’on retrouve aussi chez Charles Plisnier), il mériterait d’être sorti de l’oubli où il est tombé. Mais voilà, considéré comme un communiste-anarchiste en Europe de l’Ouest et comme un traitre au PC dans l’ancienne Russie soviétique, il ne s’est trouvé personne pour se souvenir de lui. Ila pourtant perdu la vie à cause de ses idées car il a été discrètement assassiné par les agents de Staline.
Merci donc à Actu-TV et à Marc Quaghebeur d’avoir évoqué son souvenir.Personnellement, je connaissais Victor Serge via l’œuvre de Michel Ragon, « La mémoire des vaincus ». Mais commençons par le commencement.
***
Viktor LvovitchKibaltchiche est né à Bruxelles en 1890 de parents russes émigrés politiques et il est mort à Mexico en 1947. Pour être plus précis, son père était un ancien officier russe converti au socialisme et sa mère était issue de la noblesse polonaise. Par ailleurs, il est le père du peintre Vladimir Kibaltchitch (il a eu aussi une fille, Jeannine).
Dès l'âge de quinze ans il milite dans la Jeune Garde socialiste, à Ixelles. Antimilitarisme virulent, il s'oppose à la politique coloniale de la Belgique au Congo. A seize ans, on le retrouve dans les milieux anarchistes de Bruxelles et il écrit déjà dans des revues libertaires comme Les Temps Nouveaux, Le Libertaire, La Guerre sociale (tout en exerçant des métiers variés pour survivre : dessinateur-technicien, photographe, typographe, etc.). Il n’hésite pas à participer à différentes manifestations, lesquelles se terminent généralement par des bagarres avec la police et par des perquisitions.
A dix-neuf ans, il quitte la Belgique pour Paris (où le combat anarchiste est plus à la pointe, comme le souligne Marc Quaghebeur). Là, il continue à écrire dans la presse libertaire (notamment dans « L'Anarchie » sous le pseudonyme du « Rétif ») et il donne des conférences politiques. S’il est un adepte de la tendance anarchiste-individualiste, il désapprouvera pourtant toujours les méthodes violentes prônées par la bande à Bonnot. Pour rappel, cette bande regroupe quelques anarchistes de «L’Anarchie » qui ont volé de l’argent et commis des meurtres en s’aidant d’une automobile, alors qu’à l’époque les gendarmes se déplaçaient encore à cheval ou à vélo.Toujours est-il qu’après un hold-up, la bande se réfugie de force chez Victor Serge (alors en ménage avec Rirette Maîtrejean, une autre anarchiste) lequel les héberge par solidarité. Du coup, il sera directement impliqué dans le procès qui suivit et sera condamné à cinq ans de réclusion, ce qui n’est quand même pas rien (Rirette, elle, sera acquittée).
Il survit en écrivant et cette expérience de l’incarcération sera d’ailleurs évoquée dans son roman « Les Hommes dans la prison ». C’est à cette époque qu’il rejetteles « absurdités syndicalistes ». Pour Victor Serge, le syndicalisme classique est trop sage et veut simplement diminuer quelque peu les inégalités sociales. Quant à l’anarcho-syndicalisme, ce n’est qu’un beau rêve, puisqu’une société idéale serait supposée naître après une grève générale. De plus, une fois puissants, les syndicats sombrent dans le légalisme et n’ont plus envie de changer le monde. Bref, ils deviennent une institution faisant entièrement partie de la société qu’ils sont supposés combattre et ne servent qu’à faire émerger des classes d’ouvriers avantagés, « aussi conservateurs que les bourgeois tant honnis. » Lorsqu’il quitte la prison, Viktor Lvovitch Kibaltchiche est expulsé de France et on le retrouve ouvrier typographe à Barcelone où il écrit dans la revue « Tierra y Libertad » (pour la première fois sous le pseudonyme de Victor Serge). En 1917 il aurait participé à une tentative de soulèvement anarchiste, puis il revient en France, où il est de nouveau emprisonné. Passionné par la révolution russe il sera libéré en 1919 (en réalité échangé avec d'autres prisonniers dans le cadre d'un accord franco-soviétique). Il gagne logiquement la Russie, qui apparaît alors comme le seul pays au monde à être à la pointe des réformes sociales. (voir son livre « Naissance de notre force »). Il adhère forcément au parti communiste russe, passant du coup de l'anarchisme au marxisme. Ses anciens camarades libertaires lui reprocheront ce revirement, ce qui l’amènera à défendre longuement sa position dans divers textes (où il insiste sur les erreurs des anarchistes russes et où il minimise la répression soviétique à leur encontre). Au sein du parti, il est successivement journaliste, traducteur, typographe, secrétaire...Il assiste aux congrès de l'Internationale communiste et collabore avec Zinoviev à l'Exécutif de l'Internationale. On retrouve sa plume dans la presse internationale et notamment dans L'Humanité. A ce stade, on peut donc dire qu’il contribue à permettre au parti communiste de noyauter toute la société soviétique.
Assez vite, cependant, ce trotskiste prévoit la dictature que va devenir le stalinisme et il la dénonce ouvertement. Rappelons qu’à cette époque la gauche française et bon nombre d’intellectuels idéalisaient le régime et la terre russes, où ils imaginaient l’émergence d’un nouveau paradis sur terre. Victor Serge a donc été un des premiers a lever un coin du voile et c’est assurément ce que personne ne lui a pardonné (ni en Russie ni en France). En 1928, il est exclu du PCUS et placé sous surveillance. Sa demande d’émigration est refusée. Condamné en 1933 à trois ans de déportation dans l'Oural, ses manuscrits sont saisis par le Guépéou.Là, il lui est impossible de travailler et il souffre de la faim avec son fils Vlady. En fait, il ne survit que grâce à l’aide de ses amis français et à l’argent de ses livres vendus à l’étranger. Une campagne internationale obtient finalement sa libération. On retrouve parmi ses soutiens Trotski et André Gide, mais c’est finalement grâce à une intervention personnelle de Romain Rolland auprès de Staline que Victor Serge sera libéré.
Banni d'URSS en 1936, il revient en France et en Belgique et dénonce (notamment dans le journal liégeois de gauche « La Wallonie ») les grands procès staliniens qui sont en train de se mettre en place. Mais c’est aussi l’époque de la guerre d’Espagne et là il réclame un rapprochement entre les anarchistes et les marxistes afin d’assurer la victoire contre Franco. On sait qu’il ne sera pas écouté et que la présence de certains communistes sur le terrain avait pour but essentiel de « liquider » les anarchistes (qui auraient pu faire de l’ombre au PC) et pas du tout de combattre les troupes fascistes.
La presse communiste critique sans arrêt Victor Serge, qui finit par se réfugier au Mexique en 1941 (il aura donc échappé aux deux guerres mondiales : en 14-18 il est incarcéré à cause de l’affaire de la bande à Bonnot et en 40-45 il est au Mexique). Il écrit alors ses derniers romans et ses mémoires. Il meurt dans le dénuement en 1947, dans des circonstances plus que suspectes (peut-être a-t-il succombé à une crise cardiaque, mais il a plus probablement été empoisonné par des agents soviétiques).
Dans son œuvre littéraire, Victor Serge a surtout défendu la liberté et critiqué le côté inhumain des démocraties (« Les Hommes dans la prison ») ou le totalitarisme soviétique (« L'Affaire Toulaev »). Dans ce dernier livre, il analyse la psychologie des dirigeants communistes quis'accusent de crimes qu'ils n'ont pas commis (en sachant que de toute façon ils seront condamnés à mort par Staline) dans l’espoir de sauvegarder le progrès du socialisme. Pour eux, mieux valait s’accuser que d’accuser le PC, qui avait représenté tous leurs espoirs à une certaine époque de leur vie. Dans les « Mémoires d'un révolutionnaire (1901-1941) », il analyse le travail des services secrets et explique en quoi consiste la répression étatique. Dans « S'il est minuit dans le siècle », il dénonce les purges staliniennes. Citons encore « Naissance de notre force » (sur la naissance de société russe après la révolution de 1917), « Vie et mort de Léon Trotski » et« Le nouvel impérialisme russe ». Dans un essai, « Soviets 1929 » (signé de Panaït Istrati mais écrit par Victor Serge), il dénonce la planification bureaucratique et le gaspillage qui en résulte. Son dernier roman, « Les années sans pardon » (posthume), raconte les doutes de deux agents secrets de l'Union soviétique, qui quittent leur service pour se réfugier au Mexique.
***
Extraits
"L'avalanche roule sur nous, nous la voyons venir, nous ne pouvons rien. Nous sommes à l'âge des Etats, des machines, des masses, livrés à cette triple puissance qui nous enserre et peut, d'un instant à l'autre, nous broyer, nous broyer en masse... J'ai vu ces jours-ci des hommes blêmir de désespoir sous cet accablement. Ne rien pouvoir à pareille heure ! Ne rien pouvoir si demain... Aux hommes, aux femmes que cette angoisse-là étreint, on voudrait dire que notre nullité n'est pas si complète qu'elle le paraît ; que nous pouvons en réalité quelque chose de grand et pourrons davantage chaque jour ; que, pouvant, nous devons. Le moment est venu de faire appel à nous-mêmes - avec la certitude de travailler pour l'avenir. Quel que soit l'événement, il nous appartiendra d'y faire face en pleine conscience (...). De ne consentir à aucun aveuglement." « Retour à l’Ouest, chroniques (juin 1936-mai 1940), Agone, "Mémoires Sociales", p. 210.
***
Et voici un poème, écrit du temps de la déportation de l’auteur dans l’Oural :
Les femmes Kurdes en robes rouges, l'ânon cheminant dans la ruelle du Maydan, Les couleurs du hasard, leurs fantasques sommeils, leurs réveils parmi les arabesques mouvantes du bazar, les colliers de cuivre au cou des petites barbares, des petites Tartares qui vendent des raisins mûrs et des poivrons ardents, La vapeur des eaux brûlantes jaillissant des laves souterraines pour les bains Orbéliani, payez trois roubles et soyez purs. (...)
Mosquée bleue de Chah Abbas, couverte de rayonnantes faiences, un captif inconnu marchait d'un pas allègre entre des sabres nus, précédé d'une invisible espérance. Ses espadrilles foulaient la poussière, elles eussent ainsi foulé les crêtes d'écume sur la mer. Des fenêtres carrées de la prison du Métekh, les visages de laterre les plus proches du ciel en apparence pouvaient le voir partir, partir et revenir. "Pour un brasier dans un désert",
Plein chant, 1998, 252 pages.
***
Enfin, pour montrer que Victor Serge n’était pas qu’un théoricien révolutionnaire, mais aussi un grand écrivain, voici un extrait des « carnets » : Teotihuacan
27 juillet 1943. – Route sur le haut plateau, courant parmi de bonnes cultures (maïs). Ce pourrait être l’Europe centrale. Tous les horizons sont de montagnes grises ou bleutées au-dessus desquelles s’élèvent les amoncellements de nuages qu’un soleil violent transperce souvent.
Vues de loin les pyramides de Teotihuacan paraissent de hautes termitières aplaties au sommet, dominant la végétation basse. On approche sans éprouver d’émotion. Un petit musée à verrière, en brique rouge, du dernier mauvais goût, dépare le site. On débouche au pied de la pyramide du Soleil et cela devient une vision inexprimable. Les mots grandiose, écrasant, inhumain viennent pauvrement à l’esprit – ils ne disent rien, ce sont des mots d’Européens et nous sommes devant une conception du monde, une architecture jaillies d’une âme humaine différente de la nôtre, formée comme la nôtre par des millénaires, mais par d’autres millénaires. C’est une montagne strictement géométrique, donc strictement pensée, bâtie par des mains de travailleurs (et qui n’avaient aucun animal domestique, aucun moyen de transport sauf l’échine de l’homme; qui disposaient certainement toutefois d’un outillage de cordes et de treuils extrêmement ingénieux), bâtie en pierre volcanique. Documentation : hauteur, 60 m, côtés, longueur, 224 m, superficie de la base, 50.143 m2, volume approximatif, 1.300.000 m3. Excepté le dernier, ces chiffres n’expliquent en rien la vision. La hauteur modeste donne l’impression écrasante, inhumaine, par l’effet des pentes massives et des escaliers linéaires qui tracent un dessin pareil à une broderie en couleur unie sur la pierre. L’homme, sur ces degrés, n’est plus qu’un insecte.
J’ai eu le vertige avant d’atteindre la première des cinq ou six terrasses successives. Je me suis séparé de notre groupe et j’ai erré dans les constructions du bas. Architecture cyclopéenne. Les monticules sur lesquels on chemine contiennent d’autres ruines. Certaines murailles gardent un peu de couleur rouge. Çà et là, le sol est fait de plaques d’un antique ciment noirâtre. La pyramide entière devait être recouverte de ciment et peinte, probablement surtout en rouge. Alors, elle flambait au couchant, au lever du soleil, elle ardait à midi, pierre, feu, lignes nobles, pensée dominatrice comme sévérité nue. L’homme de ce monde ne devait pas compter beaucoup ni pour lui-même ni pour la société. Le symbole est celui d’une domination absolue de l’homme par la rigueur de l’univers et de la vision. Théocratie.
Dans la plaine, entre les ruines, croissent les nopals et ils atteignent deux mètres. Enchevêtrés, opulents, hérissés et déchirés d’épines, ils défendent contre le vide leur puissante chair végétale prisonnière de sa force. La plante parfaite, d’énergie combative, est finie : elle s’est donné ses propres limites, définitivement. Refusant d’être dévorée, elle est cruelle. Cuirassée d’épines, elle est sûre d’elle-même et puissante sur un sol aride, dans une roche volcanique. C’est tout. Entre cette plante et cette société disparue, communauté intérieure saisissante.
J’aperçois entre les nopals la pyramide de la Lune, couverte de verdure. C’est une colline aux formes régulières, elle transforme le paysage. La végétation la dépouille un peu de son caractère d’inhumanité humaine.
Pendant toute notre visite un énorme fragment d’arc-en-ciel flamboyant demeure planté à l’horizon comme un large cimeterre de feu léger où l’or, l’orange et le violet sont intenses.
Toujours sous le charme de "L'héritage" de Gaëtan Faucer, il me fallait à tout prix en savoir davantage sur les deux acteurs de cette pièce. Ma galanterie naturelle a d'abord guidé mes pas vers Amandine Carlier, superbe dans le rôle d'Alex De Rochelle.
1) "L'héritage" n'est pas la première pièce de Gaëtan Faucer que tu joues... - Non, en effet. J'ai joué et mis en scène "Sous le pont" en 2014 avec comme autre comédien Jean-Pierre Wallemacq, que vous connaissez. J'ai ensuite travaillé sur un monologue appelé "Chloé ou les origines du mâle" avec l'excellente comédienne Mailyse Hermans qui a été présenté au Fou Rire Théâtre en juin 2015. Et pour finir, "L'héritage" avec le talentueux Youri Garfinkiel joué à "L'Harmonium" et au théâtre de La Clarencière cette année.
2) Serais-tu sa comédienne fétiche ? - Sincèrement, je n'y avais jamais pensé. Gaëtan a une imagination débordante donc il a pas mal de pièces à son actif et il donne la possibilité à plusieurs comédiens de pouvoir jouer ses pièces. Néanmoins, il est vrai qu'après cette troisième collaboration, je peux confirmer que c'est un réel plaisir de travailler avec lui. C'est quelqu'un sur qui on peut compter et qui se soucie du bien être de ses comédiens. Nous nous faisons confiance mutuellement ce qui facilite beaucoup de choses dans le travail. "... c'est très rare dans le milieu de l'art..." (réplique d'Alex dans "L'héritage").
3) Malgré ton jeune âge, tu as déjà une belle carrière... peux-tu nous la présenter en quelques mots ? - J'ai terminé le Conservatoire Royal de Liège (appelé maintenant ESACT) en juin 2007. Lors de mon cursus, j'ai pu aborder des auteurs comme Frank Wedekind, Anton Tchékhov, Racine, Paul Claudel, Daniel Keene, Molière et Bertolt Brecht. J'ai également pu faire l'expérience du jeu farcesque, du théâtre pour jeune public et du jeu face caméra avec Olivier Gourmet. Je suis donc sortie de l'école avec beaucoup de bagages en main. J'aime me qualifier comme "comédienne tout-terrain". J'adore aborder différents styles, différents personnages avec différents comédiens et je m'adapte assez rapidement. J'ai joué au Festival IN d'Avignon pour le spectacle "Anathème" de Jacques Delcuvellerie. J'ai eu l'occasion d'aborder le clown dans une trilogie théâtrale macabre. J'ai tourné dans des clips vidéos. Je me suis essayée à la comédie musicale dans le spectacle "Le cimetière des chansons" et j'ai également suivi un stage d'écriture de scénario pendant deux ans où j'ai eu l'occasion de réaliser un court-métrage (des vidéos sont visibles sur ma page comédien.be :http://www.comedien.be/amandinecarlier)
4) Quel est ton rêve "absolu" de comédienne ? - D'abord un petit souhait... mon premier amour a toujours été le cinéma et ça le restera toujours. J'ai fait du théâtre pour faire du cinéma car pour moi ce sont des acteurs plus intéressants et plus chargés émotionnellement. Je voudrais tellement travailler dans ce domaine et prouver ce que je vaux. Il suffirait qu'un réalisateur me donne ma chance et là je vous promets que je vais tout casser ! (dans le bon sens du terme, bien sûr). Je parle aussi anglais donc il y a un désir de m'exporter vers le cinéma anglophone. Mais mon rêve le plus fou, un peu naïf, j'avoue, serait de gagner l'Oscar de la meilleure actrice. Je regarde cette émission depuis que je suis toute petite. Je restais éveillée toute la nuit et je regardais la cérémonie, des étoiles plein les yeux.
5) Ton actualité ? - Nous avons l'intention de continuer l'aventure "L'héritage" avec Jean-Pierre, Youri et Gaëtan, nous sommes occupés à préparer le plan d'attaque. Comme pour beaucoup de comédiens, je suis sur plusieurs projets qui sont encore en chantier mais je préfère ne pas en parler pour l'instant de peur qu'ils ne se réalisent pas. C'est une de mes nombreuses superstitions. Par contre, je peux vous dire que je vais prochainement m'initier au doublage pour ajouter une corde de plus à mon arc. Qui sait ? Peut-être que je serai une des voix françaises du prochain Pixar... c'est beau de rêver.
Il existe dans l'histoire et en littérature des couples célèbres; Antoine et Cléopatre, Bonnie et Clyde, Roméo et Juliette, Paul et Virginie, Tristan et Yseult, Héloïse et Abélard... il n'y avait aucune raison pour qu'Actu-Tv fasse exception... aussi comment pourrait-dissocier Bob de Christine ou Brunet de Boutique ?... Tout ceci en tout bien tout honneur bien entendu... J'ai donc posé quelques questions à Madame Actu-Tv (une interview de Monsieur Actu-Tv est également prévue).
1) Actu-Tv entame sa 8ème année. Tu en es la présentatrice attitrée depuis le début ? - Non. Je n'ai pas essuyé les plâtres. J'ai dû commencer en 2011 ou début 2012, il me semble...
2) Qu'est-ce qui te plaît dans cette fonction de présentatrice ? - Ce qui me plaît ? Le dépassement de soi... Je n'aurais jamais cru être capable de présenter une émission : je déteste réciter, lire à haute voix, parler à la cantonade, etc. Mais Bob y a cru, lui... Emission après émission,n il m'a poussée, critiquée, encouragée avec à la fois bienveillance et sévérité. Et aujourd'hui, même si tout n'est pas parfait (mon accent, la voix qui, sans micro, est trop aiguë parce que forcément poussée), l'exercice est plus naturel.
3) Je suppose que tout ne se passe pas toujours "comme sur des roulettes"... As-tu une anecdote amusante à ce sujet ? - Des anecdotes ? Plein, tu t'en doutes... Je suis une fois partie en colline pour faire une présentation... Une trentaine de km plus tard, je déballe et... pas de batterie à la caméra... Ou encore, la librairie d'une grande enseigne, dont je tairai le nom, avec qui j'avais rendez-vous depuis de longues semaines pour une interview a refusé de la faire en fin de compte parce que le responsable de la communication de l'enseigne le lui interdisait (!)... Je me souviens avoir voulu faire une présentation en extérieur sous des cerisiers partiellement en fleurs envahis par des abeilles : perturbant, tu t'en doutes... Ou encore avoir tenté une présentation en extérieur à Marseille... A la Bonne-Mère, un car de chinois venait d'arriver : attroupement, cris, bousculade... Puis dans le quartier de Saint-Victor pour la Vue sur le Vieux Port... Je bouchais les escaliers avec mon pied de caméra... Sportif avec les passants, j'ai fait la présentation de chez moi... Beaucoup plus calme !
4) Entre la présentation et les reportages, tu parviens à sortir des bouquins à un rythme soutenu, quel est ton secret et, d'autre part, "HX13" est ton quantième "bébé" ? - "HX13" ? Le 9ème. Le secret ? Travail, passion, entêtement... J'en sais rien ! Je crois que quand on s'amuse, tout devient possible.
5) Combien de temps te faut-il pour écrire un livre ? - Tout dépend de la documentation : entre 3 ans et demi pour "Poker menteur" et 6 mois pour "Non nobis domine". Heureusement, j'ai pas mal de textes déjà écrits qui attendent dans les tiroirs : je dois simplement les remettre à niveau, une réécriture forcément plus rapide qu'une première approche.
6) Quelle est ta quête suprême en matière d'écriture ? - Ma quête ? En ai-je une ? J'ai de supers lecteurs qui suivent mes élucubrations, qui sont enthousiastes et qui portent mon imaginaire. C'est suffisant : je ne demande rien d'autre.
1) Sylvie, tu es maintenant chroniqueuse sur Actu-Tv... est-ce cette vieille canaille de Bob Boutique qui t'a forcé la main ?
- Bob commence à bien me connaître et a su trouver les mots qu'il fallait ! Il m'a parlé de belgitude, d'auteurs, de culture... il n'en fallait pas moins pour éveiller mon intérêt. Je vais t'avouer que je suis aussi plutôt joueuse et qu'un défi qui m'est lancé trouve rarement lettre morte. L'équipe d'Actu-Tv me paraît dynamique et passionnée... ça me plait de rejoindre une telle équipe. Ceci dit, je n'ai encore qu'une expérience à afficher au compteur de la chronique. Disons que j'ai passé un essai et que Bob semble avoir apprécié. La suite reste à écrire.
2) En quoi consistera ta rubrique ?
- Je pense que "ma rubrique" comme tu l'appelles mettra l'accent sur les auteurs belges. Je porte une telle belgitude qu'elle n'est pas passée inaperçue aux yeux de cette canaille de Bob ! Il serait aussi question d'auteurs belges de la Sabam puisque mon attachement au droit d'auteur et à la Sabam n'est un secret pour personne. Ceci dit, je suis ouverte à toutes les belles propositions ! Pour plus de détails sur la rubrique qui me sera proposée, c'est à Bob qu'il faut s'adresser. Finalement, nous n'en avons pas parlé tant que ça. On s'est lancé !
3) Aurais-tu un scoop relatif à ton entretien avec Jacques Mercier ?
- Pas de scoop en particulier. Un ressenti oui, en effet, Jacques Mercier mérite la réputation qu'il trimbale chez nous. L'homme est agréable, cultivé, passionné et passionnant. J'ai bu ses paroles, j'ai dégusté ses mots. Un grand monsieur ! Un moment complice que je ne suis pas prête à oublier.
4) Depuis "L'anagramme des sens", ta carrière a fait un bond considérable en avant, comment expliques-tu cela ?
- Qui n'avance pas, recule, non ? Je suis heureuse de lire que ma carrière donne l'impression d'un bond considérable en avant. Tant mieux si c'est ainsi qu'on le perçoit. De mon côté, je poursuis ma route tranquillement et c'est vrai que chaque nouveau livre voit augmenter le nombre de lecteurs. Il est donc plutôt question de progression que de bond, de mon point de vue. Mais je ne boude certainement pas mon plaisir quand je suis arrêtée dans la rue par des inconnus pour parler d'un de mes romans ou d'une interview. C'est déstabilisant et très agréable, il faut bien le reconnaître.
5) Tu es en promo pour "Hope"... as-tu déjà un nouveau projet de roman en vue ?
- C'est en gestation. Il est encore un peu tôt pour en parler. D'autant que des exploitations publiques sont prévues pour "La balade des pavés". On repart sur une adaptation au Théâtre Fou Rire à Anderlecht en septembre 2018. J'aurai sans doute un travail d'écriture à faire pour adapter le texte original. Aussi, le prochain roman devra attendre un peu...
Une étrange blonde méditant dans un parc, un auteur quelque peu esseulé qui s'y balade, une jeune mère célibataire de trois enfants contemplant la nature, un vieux photographe discret les photographiant...Ainsi démarre "Auprès de ma blonde", le sixième roman de Thierry-Marie Delaunois, un drame psychologique contemporain aux accents de tragédie antique, qui mènera son lecteur et ses personnages fort loin.
Auteur de huit publications dont deux recueils, Thierry-Marie Delaunois également chroniqueur sur son site notamment et membre de l'Association des Ecrivains Belges de langue française, sera en dédicaces les 25 et 26 novembre prochain à Mon's Livre avec une présentation publique de son roman le samedi après-midi dans la salle de conférence prévue à cet effet. Anecdotes, humour, profondeur, convivialité, venez l'écouter! Les détails de l'événement? Sous peu !
Un extrait !!!
"Dans sa fuite, elle l'entendit; elle n'était pas assez éloignée. Maudite, elle? Si c'était vrai? Et que lui restait-il à présent? Curieusement elle ne regrettait rien, la raison: elle était au-delà. Au-delà de toutes ces foutues règles qui régissent ce monde réellement stupide, les règles, les lois, l'éthique... Quoi d'autre encore? La morale? Elle n'avait pas entièrement perdu sa faculté de penser, lui semblait-il, les dernières paroles d'André tourbillonnant en elle. A l'intérieur de son cerveau. Maudite,elle? Hélène progressait mécaniquement sous les arbres, le pas lent; le temps ne semblait plus avoir de prise sur elle. Sa rivale avait-elle rendu l'âme? Elle avait visé cet endroit précis dont on disait qu'il était le point le plus faible de l'organe. Le point critique..."