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Dans le bibliothécaire

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Silvana Minchella dans Bruxelles Culture

Publié le par christine brunet /aloys

 

BRUXELLES CULTURE


 


 


 

15 mai 2017

Brussels Diffusion asbl

Contact et abonnement : pressculture4@gmail.com

 

 

RENCONTRE SILVANA MINCHELLA

 

 

 

RENCONTRE SILVANA MINCHELLA

« Eveil », « Les louves », « Jeux de dupes », « Fantasmes révélés » : voilà quelques titres extraits du catalogue de l’écrivaine bruxelloise Silvana Minchella, une femme moderne qui n’a pas froid aux yeux et qui maîtrise la mécanique de la narration. Croisée lors de la Foire du Livre Belge à Uccle, où elle dédicaçait son dernier ouvrage, nous avons pris ses coordonnées pour lui fixer rendez-vous et l’interroger sur son parcours dans l’univers des lettres. Rencontre.

 

Où êtes-vous née et comment s’est déroulée votre enfance ?

Je suis née dans un petit village de montagne dans le sud de l’Italie. La vie y était rude et la nature parfois hostile. Seule enfant de la famille, j’étais adulée. Il régnait dans le hameau une atmosphère de superstitions et de sorcellerie et les villageois se montraient méfiants envers tout ce qui n’était pas normal, selon leur définition de la chose. Dans le silence et pendant de longues heures, j’observais les colonies de fourmis, je parlais aux animaux, transformais les épis de maïs en poupées aux cheveux roux ou blonds ou piquais quatre bâtonnets dans une grosse pomme de terre pour en faire un petit cochon. Le soir, à la veillée, j’écoutais les femmes vêtues de noir parler de vampires, du diable et de sorts jetés, avec des accents de terreur qui rend volubile et des regards fuyants. En hiver, la neige recouvrait le village et nous vivions en autarcie dans la maison sombre et froide. Quand, vers l’âge de six ans, mes parents ont émigré à Bruxelles, la découverte des livres a été un choc dont toutes mes cellules se souviennent. Ecrire s’est ensuite opéré tout naturellement.

 

Quelle est votre formation ?

Après les humanités, j’ai choisi un cursus en secrétariat-langues. J’ai évolué dans plusieurs entreprises comme assistante de direction. A la naissance de ma deuxième fille et en accord avec mon mari, j’ai arrêté de travailler à l’extérieur et je me suis occupée de la famille, tout en continuant à exercer des activités telles que les études de marché et les ventes privées.

 

D’où vous est venue la passion de l’écriture ? Y-a-t-il des livres ou des auteurs qui vous ont particulièrement fascinée ?

J’écris depuis toujours. C’est mon moteur d’expression. J’ai commencé par la lecture. Je m’évadais de ma vie grise pour pénétrer dans un monde en couleurs et j’ai eu envie de raconter à mon tour des histoires pour les offrir à ceux qui, comme moi, vivaient dans l’obscurité. Après avoir dévoré La comtesse de Ségur, j’ai avalé avec gourmandise Colette, Françoise Sagan, Charles Baudelaire, Jean-Paul Sartre, Albert Camus. Tous des livres alors interdits à l’école. Je les dissimulais sous des couvertures scolaires. Ensuite, j’ai découvert Krisnamurti, Osho, Richard Bach, Eckart Tolle, Deepak Chopra, Spalding, Luis Ansa, Joël Goldsmith.

 

A quoi ressemblaient vos premiers textes ?

Des poésies tendres pendant l’enfance et des nouvelles naïves à l’adolescence, qui racontaient les chagrins d’amour et la recherche de l’image de soi. Ensuite, des poésies plus matures, de l’humour et des récits.

 

A quel moment avez-vous ressenti le besoin d’être éditée ?

A la naissance de ma première petite-fille, mon émerveillement s’est traduit par l’écriture du texte « La Princesse Amandine ». Ce livre a eu et a encore toujours beaucoup de succès. Il est magnifiquement illustré par Sophie Pfaerhoever, qui a su révéler la magie des personnages. Ensuite, d’autres histoires ont suivi, au rythme d’un livre par an.

Comment se déroule le parcours d’une écrivaine à la recherche d’un éditeur ?

C’est le parcours du combattant. Pour une novice, un chemin parsemé de refus, de voies sans issues, de doutes, de découragement. Quelles maisons contacter ? Combien de temps avant de recevoir une réponse ? Comment garder confiance en soi après les lettres de refus ? Pourquoi préférer être éditée par une maison d’édition plutôt que de se diriger vers une autre ? Tant des questions et personne pour y répondre ! J’ai l’impression que le monde de la littérature est un monde fermé, réservé à quelques élus, des noms qui se partagent les manchettes des journaux et les émissions de télévision. Pour les autres, la majorité, une belle plume et un sujet intéressant ne suffisent pas pour entrer chez les libraires, être mis en vitrine et solliciter l’intérêt des lecteurs. Ces derniers suivent le chemin tracé par les médias et achètent ce qui leur est conseillé plutôt que de se fier à leur instinct ou à leur curiosité.

 

Quelle est la spécificité de l’éditeur Chloé des Lys ?

Chloé des Lys fonctionne avec un vrai comité de lecture, composé de personnes qui lisent et annotent les manuscrits, pour ensuite envoyer une réponse à chaque auteur. Tous les genres sont acceptés à condition que l’écriture et l’histoire soient de belle qualité. On y retrouve un nid de jeunes talents prometteurs et le boss, Laurent Dumortier, ne les retient pas si, après une première publication, ils veulent tenter l’aventure auprès de maisons plus connues.

 

Avez-vous des échos de vos lecteurs ?

Certains m’envoient des messages touchants. Lorsque je parviens à apporter de la joie et de l’espoir, mon cœur se gonfle de satisfaction. Beaucoup de lecteurs possèdent l’ensemble de ma production et certains achètent l’un ou l’autre titre pour l’offrir.

 

Vous est-il arrivé de baisser les bras et de tout remettre en question ?

Non, une fois qu’on a goûté au bonheur d’être édité, cela devient une sorte de drogue et on ne peut plus s’en passer. Rien ne peut rivaliser avec le dilatement de l’âme que procure l’écriture.

 

A ce jour, combien de livres avez-vous rédigés ?

« Angela, guerrière de lumière », mon dernier-né, est le dixième enfant de la famille. Fin 2016, je l’ai présenté à la Foire du Livre Belge à Uccle. Il s’agit d’un récit initiatique dans lequel le réalisme et l’ésotérisme se mêlent étroitement. Il a directement suscité un réel intérêt : chroniques littéraires, messages de lecteurs, radio et présentations privées. Je l’ai écrit avec mon cœur, en espérant toucher celui de ceux qui le liront.

 

Par quels moyens faites-vous la promotion de vos ouvrages ?

Principalement via les réseaux sociaux, où je suis suivie par de nombreux lecteurs qui apprécient mon style. Je participe aussi à plusieurs foires et salons littéraires, où je retrouve d’année en année ceux qui, conquis, viennent découvrir ma nouvelle parution. J’organise aussi régulièrement des présentations privées, avec lectures d’extraits, où l’on peut se familiariser avec mon travail et partager des impressions.


 

Vous êtes bruxelloise à 100%. Etes-vous en colère contre ce que la capitale est en train de devenir ou voyez-vous les choses évoluer positivement ?

Pour moi, Bruxelles sera toujours cette ville à la fois internationale et intime, avec ses quartiers typiques, ses habitants qui ne se prennent pas au sérieux et ses talents qui s’imposent dans tous les domaines. Ce surréalisme qui n’est pas seulement bruxellois mais belge ! Surréalisme qui s’étend jusqu’à la météo, car nous avons chaque jour les quatre saisons en même temps. Oui, il y a des chantiers et des embouteillages partout et il fait souvent gris mais, au moindre petit rayon de soleil, les terrasses se remplissent. On y déguste une bière avec des frites, le tout dans une bonne humeur resplendissante. Ce « on » est devenu très large depuis quelques décennies. Bruxelles a fait le plein de couleurs et d’accents. Et aux terrasses, on déguste aussi des plats exotiques, dont les arômes titillent les papilles. Bruxelles est généreuse, hospitalière et accueillante … à l’image des Bruxellois.


 

Existe-t-il l’un ou l’autre endroit que vous aimez particulièrement dans la capitale ?

Le dimanche matin, j’aime flâner dans le quartier des Marolles et, ensuite, monter jusqu’au Sablon pour déguster un verre de vin au bar de l’une de ses nombreuses enseignes. Je musarde aussi à la Grand Place, entourée de ruelles aux pavés « destructeurs de talons hauts », je traîne dans le quartier Saint Géry, véritable nid d’artistes, et je traverse gaiement les galeries royales Saint Hubert aux magasins séducteurs. Depuis l’adolescence, je fréquente beaucoup la taverne Mokafé. A l’époque, j’y rencontrais les acteurs du théâtre des Galeries, qui venaient se désaltérer après le spectacle. Je peux encore conseiller le Musée des Instruments de Musique, dont l’étage supérieur est occupé par un restaurant avec vue panoramique sur Bruxelles. Et bien d’autres …

 

Avez-vous un manuscrit en chantier et de quoi parle-t-il ?

Je viens à peine de mettre au monde « Angela, guerrière de lumière » et, déjà, de nombreux lecteurs réclament une suite. Pas le temps de souffler ! Je ne pensais pas prolonger ce récit, mais il semblerait que je me trompais.

 

Retrouvez Silvana Minchella sur le site des éditions Chloé des Lys www.editionschloedeslys.be
Propos recueillis par Daniel Bastié

 

 

PRESENTATION RAPIDE DE LA MAISON D’EDITION CHLOE DES LYS

Créées en 1999, les Editions Chloé des Lys sont situées à Barry, dans la « couronne verte » de la ville de Tournai.  Elles publient romans, nouvelles, poésies et témoignages à compte d’éditeur.  Atypique dans le paysage du monde de l'édition, elle est pilotée par une équipe de bénévoles, eux-mêmes écrivains et donc sensibilisés aux problèmes que les auteurs rencontrent au jour le jour. Si elle a choisi de ne pas limiter sa ligne éditoriale, elle ne publie que des textes soumis à un comité de lecture et acceptés par ce dernier. Ethique, entraide et écoute restent le credo de cette maison d'édition, qui évolue sans cesse afin de coller aux exigences d'un monde éditorial en perpétuelle mutation.

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La planète de Pâques... courte évocation signée Marion Oruezal

Publié le par christine brunet /aloys

 

Ah, l’île de Pâques… Son nom seul est synonyme d’exotisme. J’imagine volontiers Indiana Jones en quête d’un trésor fabuleux sur cette île perdue du Pacifique. Je l’imagine percer les secrets les plus opaques des Moais, les célèbres géants de pierre à la silhouette si caractéristique. L’île de Pâques, c’est un désert abreuvé de mystère.

Mais l’île de Pâques, c’est aussi un passé chargé d’Histoire. Une bien sombre histoire. Celle des hommes qui exploitent les ressources naturelles avec une insoutenable intensité. Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Et qu’ils finissent, au cœur de cette Nature dévastée, par mourir à leur tour.

Aujourd’hui, les hommes modernes reproduisent les erreurs commises par les peuples anciens de l’île de Pâques. Les moyens techniques, titanesques, sont tout autres. Et l’échelle, planétaire. La planète tout entière revit la désastreuse histoire l’île de Pâques.

Sur la planète de Pâques, les hommes sauront-ils, cette fois, s’arrêter à temps ?

« La Planète de Pâques » est un roman de Marion Oruezabal. Sensible aux causes environnementales et à l’avenir de l’humanité, Marion est très engagée auprès de nombreuses associations.

 

Publié dans articles, Textes, présentations

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Yannick Torlini publié dans Revu, la revue de poésie...

Publié le par christine brunet /aloys

http://revularevue.wixsite.com/revu/biographies?utm_campaign=d40d658ea6-EMAIL_CAMPAIGN_2017_07_03&utm_medium=email&utm_source=Newsletter%2BRevu&utm_term=0_8b6ec41cd9-d40d658ea6-25362805

http://revularevue.wixsite.com/revu/biographies?utm_campaign=d40d658ea6-EMAIL_CAMPAIGN_2017_07_03&utm_medium=email&utm_source=Newsletter%2BRevu&utm_term=0_8b6ec41cd9-d40d658ea6-25362805

Yannick Torlini publié dans Revu, la revue de poésie...
Yannick Torlini publié dans Revu, la revue de poésie...
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Publié dans articles, Poésie

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Quand ACTU-tv parle des grands auteurs belges... Georges Rodenbach Une chronique de Marc Quaghebeur. Un texte de Jean François Foulon

Publié le par christine brunet /aloys

Il est des livres que l’on connaît - ou du moins que l’on croit connaître – sans les avoir jamais lus. Ce sont souvent des classiques, dont on a étudié des extraits à l’école ou dans lesquels les journalistes littéraires aiment puiser des citations pour montrer leur culture. Bref, ce sont des livres dont on connaît plus ou moins l’histoire, dont on pourrait même parler un peu, mais dont finalement on ignore tout puisque tout simplement on ne les a pas lus. 

C’était mon cas pour Rodenbach. Honte à moi, je l’avoue. De cet auteur, j’avais simplement lu quelques poésies dans des anthologies et je connaissais (quand même) le titre de son œuvre la plus célèbre : « Bruges-la-morte ». Il a fallu que j’écoute l’interview de Marc Quaghebeur dans Actu-TV pour que je prenne conscience de cette lacune et que je me précipite sur ce livre. Comme quoi cette émission culturelle prend de l’ampleur et les interviews du directeur des Archives et Musée de la Littérature consacrées aux grands classiques belges sont toutes du plus grand intérêt. En tout cas cela m’a permis de découvrir Rodenbach. C’est un peu le but poursuivi par Actu-TV, je crois : puiser à des sources sures et sérieuses pour s’ouvrir ensuite à un large public. Que voilà une belle manière de dépoussiérer nos grands écrivains ! 

Mais revenons à Rodenbach. Né à Tournai en 1855, il est mort à Paris en 1898, d’une crise d’appendicite. En réalité, il passe son enfance à Gand, où son père, fonctionnaire au ministère de l'Intérieur, a été muté (c’était l’époque où la langue française régnait sur toute la fonction publique et où les agents de l’Etat exerçaient leur métier dans toute la Belgique, aussi bien en Flandre qu’en Wallonie). Au collège Sainte-Barbe, il se liera d’amitié avec Emile Verhaeren, puis il entreprendra des études de droit, études qu’il est supposé parfaire à Paris, mais une fois dans la capitale française, il fréquentera surtout les milieux littéraires( François Coppée, Maurice Barrès…). Il organisera d’ailleurs en Belgique des conférences pour présenter les auteurs français du moment. C’est ainsi par exemple que Mallarmé viendra parler de Villiers de l'Isle-Adam. 

Mais Rodenbach quitte définitivement son pays et s’installe à Paris en 1888. C’est là que son roman « Bruges-la-Morte »paraît, d’abord sous forme de feuilleton (dans le Figaro), puis en livre. 

On peut considérer que cet ouvrage est l’archétype du roman symboliste. Comme le fait bien remarquer Marc Quaghebeur, la trame aurait pu être celle d’un roman de gare : un homme a perdu sa femme et sa tristesse est telle qu’il décide d’habiter à Bruges (ville qui a eu son heure de gloire quand elle était un port de mer, mais qui vit maintenant dans un silence monacal, au milieu de ses beffrois et de ses béguinages) où sa mélancolie peut s’exprimer pleinement. Mais il rencontre une actrice qui ressemble à son épouse défunte. Il a une relation avec elle, mais petit à petit il doit bien reconnaître qu’elle est bien différente de la femme qu’il a aimée autrefois. Il finit par l’étrangler avec la tresse de cheveux de la défunte qu’il avait conservée comme une relique. 

L’essentiel n’est évidemment pas dans cette histoire. Tout est dans les symboles et la véritable héroïne, en fait, c’est la ville de Bruges. L’auteur tisse alors tout un jeu de correspondances entre l’état d’âme du héros, veuf et triste, et la ville elle-même, figée dans son passé, silencieuse, morne et mystique. Le symbolisme, on l’aura compris, adore les métaphores et les métonymies. Bruges offrait évidemment un décor idéal, avec ses vieux quais, ses béguinages, ses cloches qui sonnent les heures et dont l’écho se perd dans le brouillard, au bout des canaux. 

Le thème du miroir est fondamental. De même que les vieilles bâtisses se mirent dans les canaux et contemplent leur image, le héros retrouve (ou croit retrouver) dans l’actrice rencontrée le double de la femme aimée. Tout un jeu de correspondances s’établit alors. On ne regarde plus les beffrois ou les vieilles maisons, mais leur reflet dans l’eau. Il y a quelque chose de platonicien dans le symbolisme, car ce reflet est en fait l’idée de l’objet lui-même, sa quintessence en quelque sorte. Ville morte, Bruges renvoie à la solitude intérieure. Le temps y est suspendu et la ville rêve encore de son glorieux passé qui n’est plus (comme le héros rêve encore à la femme aimée qui est morte). Figée dans le temps, elle confond passé et présent (comme le héros croit reconnaître l’épouse qu’il a aimée mais qui est morte dans la jeune femme rencontrée). Mais qu’est-ce que la ressemblance, si ce n’est un mélange d’habitude et de nouveauté, une manière de retrouver le passé dans le présent d’aujourd’hui ? Or justement le héros est plongé dans ses habitudes : il s’enferme la journée et sort tous les soirs à cinq heures pour se promener le longs des canaux (dont les eaux noires évoquent le Styx antique). Rodenbach, fidèle en cela aux conceptions des symbolistes, en profite pour nous décrire une ville de Bruges noyée dans la brume et la pénombre, aux volets clos et aux vieilles façades délavées. 

Et comme Bruges était triste en ces fins d’après-midi ! Il l’aimait ainsi ! C’est pour sa tristesse même qu’il l’avait choisie et y était venu vivre après le grand désastre. (Rodenbach, Bruges-le-morte, Espace Nord, Loverval, 2006, p. 25) 

Mais si au début le héros choisi de vivre dans une ville pleine de mélancolie qui correspond bien à sa tristesse du moment, petit à petit il confond le souvenir de sa femme disparue avec la ville elle-même. La ville, elle aussi, aimée et belle jadis, incarnait de la sorte ses regrets. Bruges était sa morte. Et sa morte était Bruges. Tout s’unifiait en une destinée pareille. C’était Bruges-la-Morte, elle-même mise au tombeau de ses quais de pierre, avec les artères froides de ses canaux, quand avait cessé s’y battre la grande pulsation de la mer. » (Id. pp. 26-27) 

Bruges, on le sait, était un port de mer, mais celle-ci s’est retirée, laissant une ville morte qui ne vit plus que de souvenirs. Son coeur s’est arrêté de battre un jour, comme celui de la femme tant aimée. Mais à cette première correspondance, une autre va se substituer : Jane, l’actrice de théâtre rencontrée, ressemble tellement à la disparue que le héros va avoir l’impression de remonter le temps et de revivre sa passion initiale. Quand il la tient dans ses bras, ce n’est pas elle qu’il voit, mais l’autre, telle qu’elle était quand elle était vivante. 

On a donc l’impression que dans ce livre le thème du double (ou du simple et de son reflet) est primordial. L’unicité est intolérable, tout comme l’est d’ailleurs le fait d’être veuf. Tant qu’il est seul, le héros se rapproche donc de Bruges à laquelle il se sent uni par une même tristesse, mais quand il revit une passion amoureuse avec une actrice, il oublie la ville aux canaux et sa mélancolie et se concentre alors sur la ressemblance entre la femme vivante et celle qui est morte. Plus tard, quand il deviendra évident que l’actrice, vulgaire, dépensière et trompeuse, ne ressemble en rien à l’ancienne épouse, le héros reviendra vers Bruges. Plus tard encore, quand dans un moment de colère il aura tué Jane, il ne lui restera plus que Bruges, plus morte que jamais, puisque les deux femmes aimées ont disparu. 

C’est donc tout ce jeu de correspondances, de ressemblances, de glissements et d’inversions qui est intéressant dans ce livre et pas « l’intrigue » en elle-même. 

Avec ses canaux, ses ruelles où l’on se perd, ses béguinages qui se ressemblent, La vielle ville de Bruges a tout d’un labyrinthe, surtout à cinq heures du soir, en automne, quand elle est perdue dans le brouillard. C’est donc un lieu refuge, où on entre mais dont on ne sort pas. Rodenbach, qui est avant tout poète (même si, comme le fait remarquer Mac Quaghebeur dans la vidéo, sa poésie a un peu vieilli aujourd’hui à la différence de celle de Maeterlinck ou de Verhaeren) nous donne de belles descriptions de cette « Venise du Nord » qu’il a largement contribué à faire connaître. On peut dire que sa prose est poétique. 

« (…) Il marchait sans but, à la dérive, d’un trottoir à l’autre, gagnait des quais proches, longeait le bord de l’eau, arrivait à des places symétriques, attristées d’une plainte d’arbres, s’enfonçait dans l’écheveau infini des rues grises. Ah ! toujours ce gris des rues de Bruges. Hughes sentait son âme de plus en plus sous cette influence grise. Il subissait la contagion de ce silence épars, de ce vide sans passants – à peine quelques vieilles, en mante noire, la tête sous le capuchon, qui, pareilles à des ombres, s’en revenaient d’avoir été allumer un cierge à la chapelle du Saint-Sang. Chose curieuse : on ne voit jamais tant de vieilles femmes que dans les vieilles villes. Elle cheminent – déjà de la couleur de la terre – âgées et se taisant comme si elles avaient dépensé toutes leurs paroles. (Id, p. 85) 

Jean François Foulon

 

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Actu-tv nous parle de Georges Rodenbach... Un article de Jean-François Foulon

Publié le par christine brunet /aloys

https://www.youtube.com/watch?v=Gv17jvqrJcA

Il est des livres que l’on connaît - ou du moins que l’on croit connaître – sans les avoir jamais lus. Ce sont souvent des classiques, dont on a étudié des extraits à l’école ou dans lesquels les journalistes littéraires aiment puiser des citations pour montrer leur culture. Bref, ce sont des livres dont on connaît plus ou moins l’histoire, dont on pourrait même parler un peu, mais dont finalement on ignore tout puisque tout simplement on ne les a pas lus. 

C’était mon cas pour Rodenbach. Honte à moi, je l’avoue. De cet auteur, j’avais simplement lu quelques poésies dans des anthologies et je connaissais (quand même) le titre de son œuvre la plus célèbre : « Bruges-la-morte ». Il a fallu que j’écoute l’interview de Marc Quaghebeur dans Actu-TV pour que je prenne conscience de cette lacune et que je me précipite sur ce livre. Comme quoi cette émission culturelle prend de l’ampleur et les interviews du directeur des Archives et Musée de la Littérature consacrées aux grands classiques belges sont toutes du plus grand intérêt. En tout cas cela m’a permis de découvrir Rodenbach. C’est un peu le but poursuivi par Actu-TV, je crois : puiser à des sources sures et sérieuses pour s’ouvrir ensuite à un large public. Que voilà une belle manière de dépoussiérer nos grands écrivains ! 

Mais revenons à Rodenbach. Né à Tournai en 1855, il est mort à Paris en 1898, d’une crise d’appendicite. En réalité, il passe son enfance à Gand, où son père, fonctionnaire au ministère de l'Intérieur, a été muté (c’était l’époque où la langue française régnait sur toute la fonction publique et où les agents de l’Etat exerçaient leur métier dans toute la Belgique, aussi bien en Flandre qu’en Wallonie). Au collège Sainte-Barbe, il se liera d’amitié avec Emile Verhaeren, puis il entreprendra des études de droit, études qu’il est supposé parfaire à Paris, mais une fois dans la capitale française, il fréquentera surtout les milieux littéraires( François Coppée, Maurice Barrès…). Il organisera d’ailleurs en Belgique des conférences pour présenter les auteurs français du moment. C’est ainsi par exemple que Mallarmé viendra parler de Villiers de l'Isle-Adam. 

Mais Rodenbach quitte définitivement son pays et s’installe à Paris en 1888. C’est là que son roman « Bruges-la-Morte »paraît, d’abord sous forme de feuilleton (dans le Figaro), puis en livre. 

On peut considérer que cet ouvrage est l’archétype du roman symboliste. Comme le fait bien remarquer Marc Quaghebeur, la trame aurait pu être celle d’un roman de gare : un homme a perdu sa femme et sa tristesse est telle qu’il décide d’habiter à Bruges (ville qui a eu son heure de gloire quand elle était un port de mer, mais qui vit maintenant dans un silence monacal, au milieu de ses beffrois et de ses béguinages) où sa mélancolie peut s’exprimer pleinement. Mais il rencontre une actrice qui ressemble à son épouse défunte. Il a une relation avec elle, mais petit à petit il doit bien reconnaître qu’elle est bien différente de la femme qu’il a aimée autrefois. Il finit par l’étrangler avec la tresse de cheveux de la défunte qu’il avait conservée comme une relique. 

L’essentiel n’est évidemment pas dans cette histoire. Tout est dans les symboles et la véritable héroïne, en fait, c’est la ville de Bruges. L’auteur tisse alors tout un jeu de correspondances entre l’état d’âme du héros, veuf et triste, et la ville elle-même, figée dans son passé, silencieuse, morne et mystique. Le symbolisme, on l’aura compris, adore les métaphores et les métonymies. Bruges offrait évidemment un décor idéal, avec ses vieux quais, ses béguinages, ses cloches qui sonnent les heures et dont l’écho se perd dans le brouillard, au bout des canaux. 

Le thème du miroir est fondamental. De même que les vieilles bâtisses se mirent dans les canaux et contemplent leur image, le héros retrouve (ou croit retrouver) dans l’actrice rencontrée le double de la femme aimée. Tout un jeu de correspondances s’établit alors. On ne regarde plus les beffrois ou les vieilles maisons, mais leur reflet dans l’eau. Il y a quelque chose de platonicien dans le symbolisme, car ce reflet est en fait l’idée de l’objet lui-même, sa quintessence en quelque sorte. Ville morte, Bruges renvoie à la solitude intérieure. Le temps y est suspendu et la ville rêve encore de son glorieux passé qui n’est plus (comme le héros rêve encore à la femme aimée qui est morte). Figée dans le temps, elle confond passé et présent (comme le héros croit reconnaître l’épouse qu’il a aimée mais qui est morte dans la jeune femme rencontrée). Mais qu’est-ce que la ressemblance, si ce n’est un mélange d’habitude et de nouveauté, une manière de retrouver le passé dans le présent d’aujourd’hui ? Or justement le héros est plongé dans ses habitudes : il s’enferme la journée et sort tous les soirs à cinq heures pour se promener le longs des canaux (dont les eaux noires évoquent le Styx antique). Rodenbach, fidèle en cela aux conceptions des symbolistes, en profite pour nous décrire une ville de Bruges noyée dans la brume et la pénombre, aux volets clos et aux vieilles façades délavées. 

Et comme Bruges était triste en ces fins d’après-midi ! Il l’aimait ainsi ! C’est pour sa tristesse même qu’il l’avait choisie et y était venu vivre après le grand désastre. (Rodenbach, Bruges-le-morte, Espace Nord, Loverval, 2006, p. 25) 

Mais si au début le héros choisi de vivre dans une ville pleine de mélancolie qui correspond bien à sa tristesse du moment, petit à petit il confond le souvenir de sa femme disparue avec la ville elle-même. La ville, elle aussi, aimée et belle jadis, incarnait de la sorte ses regrets. Bruges était sa morte. Et sa morte était Bruges. Tout s’unifiait en une destinée pareille. C’était Bruges-la-Morte, elle-même mise au tombeau de ses quais de pierre, avec les artères froides de ses canaux, quand avait cessé s’y battre la grande pulsation de la mer. » (Id. pp. 26-27) 

Bruges, on le sait, était un port de mer, mais celle-ci s’est retirée, laissant une ville morte qui ne vit plus que de souvenirs. Son coeur s’est arrêté de battre un jour, comme celui de la femme tant aimée. Mais à cette première correspondance, une autre va se substituer : Jane, l’actrice de théâtre rencontrée, ressemble tellement à la disparue que le héros va avoir l’impression de remonter le temps et de revivre sa passion initiale. Quand il la tient dans ses bras, ce n’est pas elle qu’il voit, mais l’autre, telle qu’elle était quand elle était vivante. 

On a donc l’impression que dans ce livre le thème du double (ou du simple et de son reflet) est primordial. L’unicité est intolérable, tout comme l’est d’ailleurs le fait d’être veuf. Tant qu’il est seul, le héros se rapproche donc de Bruges à laquelle il se sent uni par une même tristesse, mais quand il revit une passion amoureuse avec une actrice, il oublie la ville aux canaux et sa mélancolie et se concentre alors sur la ressemblance entre la femme vivante et celle qui est morte. Plus tard, quand il deviendra évident que l’actrice, vulgaire, dépensière et trompeuse, ne ressemble en rien à l’ancienne épouse, le héros reviendra vers Bruges. Plus tard encore, quand dans un moment de colère il aura tué Jane, il ne lui restera plus que Bruges, plus morte que jamais, puisque les deux femmes aimées ont disparu. 

C’est donc tout ce jeu de correspondances, de ressemblances, de glissements et d’inversions qui est intéressant dans ce livre et pas « l’intrigue » en elle-même. 

Avec ses canaux, ses ruelles où l’on se perd, ses béguinages qui se ressemblent, La vielle ville de Bruges a tout d’un labyrinthe, surtout à cinq heures du soir, en automne, quand elle est perdue dans le brouillard. C’est donc un lieu refuge, où on entre mais dont on ne sort pas. Rodenbach, qui est avant tout poète (même si, comme le fait remarquer Mac Quaghebeur dans la vidéo, sa poésie a un peu vieilli aujourd’hui à la différence de celle de Maeterlinck ou de Verhaeren) nous donne de belles descriptions de cette « Venise du Nord » qu’il a largement contribué à faire connaître. On peut dire que sa prose est poétique. 

« (…) Il marchait sans but, à la dérive, d’un trottoir à l’autre, gagnait des quais proches, longeait le bord de l’eau, arrivait à des places symétriques, attristées d’une plainte d’arbres, s’enfonçait dans l’écheveau infini des rues grises. Ah ! toujours ce gris des rues de Bruges. Hughes sentait son âme de plus en plus sous cette influence grise. Il subissait la contagion de ce silence épars, de ce vide sans passants – à peine quelques vieilles, en mante noire, la tête sous le capuchon, qui, pareilles à des ombres, s’en revenaient d’avoir été allumer un cierge à la chapelle du Saint-Sang. Chose curieuse : on ne voit jamais tant de vieilles femmes que dans les vieilles villes. Elle cheminent – déjà de la couleur de la terre – âgées et se taisant comme si elles avaient dépensé toutes leurs paroles. (Id, p. 85) 

Jean François Foulon

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