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"Elle et lui", une nouvelle signée Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

Elle et lui


 

Quand il parle de Catherine, il dit qu'elle est partie. Il ne prononce jamais les mots décédée ou morte. Deux ans après sa disparition accidentelle, cela lui fait tellement mal, qu'il préfère tricher. Il prolonge la présence de Catherine par des moyens tout simples et ordinaires. C'est la seule stratégie qui atténue un peu sa souffrance.

Chaque jour, il se parfume avec "Soleil bleu", son eau de toilette. Chaque jour, il porte un des foulards qu'elle aimait pour aller se coucher. Chaque jour, il cuisine les petits plats qu'elle appréciait le plus. Il fixe ses choix en fonction des goûts de Catherine. C'est elle qui dirige toujours sa vie.

Après son travail, quand la météo est plus ou moins clémente, il va sur la Grand-Place, s'assied à la terrasse du "Bar des amis", commande un vin blanc sec qu'il se propose de boire lentement et aussi un café serré parce que Catherine adorait les cafés serrés. Il refuse de changer des habitudes solidement ancrées.

Il reste longtemps là, il ferme les yeux, il prend dans sa poche un mouchoir blanc brodé de roses pourpres légèrement parfumé. Il a l'impression que Catherine est là près de lui, tellement proche. Il ne veut rien brusquer. Il attend qu'elle prenne les devants et dise quelque chose.

D'une élégance sobre, il porte invariablement, un costume bleu foncé ou gris, une chemise blanche ou beige et une cravate rouge unie. Catherine aimait qu'il s'habille ainsi. Il ignore les autres clients. Il ignore les badauds.

Il sent qu'elle est près de lui. Il perçoit son odeur. Il entend le bruit qu'elle fait en tournant sa cuillère dans la tasse. Il l'entend respirer. Derrière ses paupières closes, un grand sourire se dessine sur le visage de Catherine. Comme toujours elle a mis son rouge à lèvres vermillon. Elle porte la petite robe blanche à fleurs multicolores qu'elle aimait tant et la courte veste assortie. Elle est à ses côtés, elle a sa main droite posée sur son bras. Séductrice comme aux premiers jours, elle chantonne "la vie en rose". Il reste immobile, admiratif.

Leurs âmes se rejoignent ainsi comme chaque fois qu'elle chante. La force de Catherine passe en lui. Il a tous ses sens en éveil. Il n'est plus que frissons. Il a vingt-cinq ans l'âge auquel ils se sont rencontrés dans ce bar. C'est là qu'il vit à présent les moments les plus magiques de sa vie.

Chaque fois c'est un événement différent qui l'amène à regagner son appartement. L'autre jour il a entendu : "Désolé, Isabelle je dois te quitter, j'ai une course à faire pour maman. On se revoit demain ?". Le samedi précédent, c'était : "Jacques, il est temps de rentrer chez nous." Il a ouvert les yeux, c'était une femme âgée et très maquillée qui parlait ainsi à son mari. Il s'est alors décidé à prendre lui aussi la route du retour.

En cas de pluie ou de vent, il est déjà allé s'asseoir à l'intérieur du bar. Mais il est terriblement déçu car la magie n'opère pas. Il a beau sortir de sa poche le mouchoir blanc brodé de roses pourpres, il a beau fermer les yeux et avoir commandé vin blanc sec et café serré, rien d'extraordinaire ne se passe. Ce ne sont qu'effluves de café, de bière et de chocolat. Ce ne sont que présences bruyantes et banales.

Il s'est assis un samedi en terrasse alors que le temps était ensoleillé. Il a suffi d'une averse soudaine pour que tout bascule et que la présence de Catherine ne soit plus perceptible.

Certains jours sont, semble-t-il, maudits : il n'y a pas de place libre en terrasse. Il fait alors de nombreux allers-retours entre le parc communal et le bar sans qu'aucune table ne se libère. Le destin lui refuse l'enchantement auquel il aspire.

Heureusement, soir après soir, rentré chez lui, dans la salle de bains il retrouve le parfum de Catherine. Le plus souvent, quand il se regarde dans le miroir après s'être brossé les dents, il aperçoit de légères traces de rouge à lèvres vermillon sur sa joue. Avant de se mettre au lit, il tente de les effacer. En vain.

Cette après-midi-là, assis à la terrasse du "Bar des amis", il boit petite gorgée par petite gorgée son verre de vin blanc. Trois heures sonnent. Il lève la tête. Il la voit s'avancer. Elle marche nonchalamment. Elle s'assied près de lui, elle boit le café serré. Elle dit:"Fais-moi confiance. Nous nous retrouverons." Rêve ou illusion, il ne pourrait le dire !

Le soir même, allongé sur son lit, il y a comme un faible rayon de lumière venant de la fenêtre. Il se relève pour rapprocher les deux pans de la tenture. C'est ainsi qu'il l'aperçoit sur le trottoir de l'immeuble d'en face. Elle lui fait signe de la main et traverse la rue.

Un peu plus tard, alors qu'il est de nouveau étendu sur son lit, il entend des glissements de pas. Il s'imagine que ce bruit provient du studio voisin. L'immeuble n'est-il pas mal insonorisé et Monsieur Jonnart n'a-t-il pas lui aussi l'habitude de laisser la fenêtre un peu entrouverte ? Il s'assoupit. Il est tout à coup réveillé par une bouffée d'air frais. Il se redresse. Catherine est face à lui, immobile, entre les deux panneaux du rideau. Elle le regarde, le dévisage. Il n'entend pas un son mais les idées affleurent en lui comme si elle venait de les lui souffler. Des idées qui ne sont pas ses idées à lui mais ses idées à elle. Elle lui conseille de faire ce qu'ils envisageaient de faire ensemble, de continuer à écrire leur histoire, de s'installer dans le quartier du parc, de visiter Venise, de reprendre les cours de tango.

Les pensées se multiplient, elles le guident, le ramènent vers un chemin paisible. Elles viennent du passé, elles envahissent son présent. Il comprend qu'il n'est pas qu'un être de chair, qu'il n'y a pas que des paroles audibles qui l'interpellent, que les silences ne sont qu'apparents car ils portent des messages venus de l'au-delà. Le temps s'écoule, il s'endort. Sa réalité de dormeur oscille ainsi entre conscience et illusion, vie et rêve.

De nouveaux jours commencent pour lui. Catherine est dans sa mémoire, mais elle surtout à ses côtés le soir dans l'étroite ouverture laissée entre les tentures de sa chambre. Là dans la pénombre, il prend conscience qu'il n'a plus vraiment besoin de recourir à son parfum, ni de déguster invariablement les petits plats qu'elle appréciait le plus.

Au cabinet d'assurance où il travaille. C'est par touche légère que l'on évoque parfois Catherine. À quoi bon berner ses collègues en taisant sa peine ? D'ailleurs ses collègues ne penseraient-ils pas qu'il est devenu fou s'il faisait abstraction de leurs propos ? Maladroitement, il ose donc prononcer les mots décès et deuil. Il se parfume moins souvent d'une touche de "Soleil bleu". Il fréquente de temps à autre, moins régulièrement qu'autrefois, la terrasse du "Bar des amis". Quand il s'y rend, il commande cependant toujours un vin blanc sec et un café serré.

Il attend le rendez-vous du soir sans réelle impatience parce qu'il fait confiance à Catherine. Il y a un ange chez lui. C'est un ange bienveillant qu'il retrouve à l'heure du coucher, qui reprend ses marques dans un lieu où ils ont vécu ensemble, qui lui insuffle des forces et des pensées neuves, qui ne le juge pas, qui allège sa souffrance, qui lui dit et redit qu'il faut saisir les opportunités offertes ici et maintenant. Cet ange et lui ne reviendront jamais en arrière, mais continuent d'avancer. Chaque soir le miracle survient. Elle glisse discrètement, se faufile derrière la draperie. Elle fait surgir des mots, elle souffle des idées. Elle ne s'efface que lorsqu'il s'assoupit.

Il lui arrive d'évoquer quelquefois ce qui s'est passé des années plus tôt, l'horrible accident qui l'avait séparé de son grand amour.

Un matin d'été en entrant au cabinet d'assurance, il la voit dans la salle d'attente. Elle est plus petite que Catherine mais elle a le même sourire, les mêmes cheveux bouclés. Il devine que c'est la nouvelle intérimaire dont on avait annoncé la prochaine entrée en fonction à la dernière réunion. Il marche vers elle pour se présenter. Il lit sur son visage une sorte de surprise.

Elle lui dit : "Je crois que nous nous sommes déjà rencontrés lors d'une formation… Je m'appelle Catherine-Marie." "Oui, je m'en souviens…", répond-il. Il ne lui avoue pas que le souvenir ne lui venu qu'au bout d'un bon moment.

En ce début d'automne, depuis quelques semaines, il leur arrive de se fondre parmi les clients à la terrasse du "Bar des amis". Pour lui, ce sera un café serré et pour elle un vin blanc sec.


 

Micheline Boland

 

Publié dans Nouvelle

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Un nouvel extrait du roman de Didier Veziano "Opération Taranis"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Bobigny - Seine-Saint-Denis.

Les allées du cimetière musulman perdu dans une zone industrielle au nord-est de Paris sentaient l’oubli, loin de l’esprit du projet politique qui prévoyait, au lendemain de la Première Guerre mondiale, de rendre hommage aux huit cent mille hommes de l'Empire colonial, soldats ou ouvriers dans les usines d'armement. Toutes les tombes étaient tournées vers La Mecque, les plus anciennes sobrement frappées du croissant et de l’étoile, les plus récentes se distinguant par une décoration plus riche. Dans le fond, les tours des cités restaient en retrait. Respectueuses. Yousef, comme c’était prévisible, était arrivé le premier. Il aperçut Saïd franchir le haut porche d’inspiration mauresque, au moment où une famille prenait le chemin inverse. Les deux hommes se donnèrent l’accolade, passèrent devant la salle de prière, un carré blanc surmonté d’un dôme, puis traversèrent un vaste espace vert parsemé de stèles anciennes identiques. Beaucoup semblaient abandonnées.

Tout en marchant, Yousef sortit une cigarette, la garda quelques instants en main avant de l’allumer, puis balaya le cimetière du regard en profondeur. À la suite de son entretien avec Abou Hamzra ils avaient décidé qu’il était temps d’intégrer Saïd au projet. Ce moment était important. Une fois dans la confidence il n’y aurait plus de retour en arrière possible. Or l’être humain avait une propension naturelle à craindre le passage de l’imaginaire au réel. Tout le monde pouvait élaborer des projets, pour lui et les siens, très peu étaient capables de franchir le pas. Yousef s’adressa à Saïd sans préambule.

— Saïd, mon frère, Je crois en toi. Je vais juste te poser une question et je te demande de me répondre avec toute ta foi : jusqu’où es-tu prêt à aller pour la cause ?

Pour Saïd cela ne semblait faire aucun doute.

— Jusqu’où Allah le miséricordieux le voudra, mon frère. Le djihad, le vrai, le pur, n’a pas de limites. Il doit être mené sur toutes les terres souillées par les infidèles. Et tant que je serai en vie, je me battrai. Jusqu’à la dernière goutte de sang s’il le faut, Inch’Allah !

Yousef le devina sincère. Il secoua la tête plusieurs fois et sentant que Saïd attendait une suite, il enchaîna.

— Le monde musulman a mené de grands combats dans l’Histoire pour porter la parole du prophète – Allah le bénisse et le protège ! – mais aujourd’hui, des régimes de mécréants résistent et cherchent à nous humilier pour assouvir leurs déviances et leurs pensées impies en infligeant des souffrances à notre peuple. Cette situation doit cesser. Il n’y a plus de dialogue possible. L’islam ne peut se confondre avec l’athéisme, il ne signera aucune trêve avec lui. Finis les débats et la diplomatie. Ces régimes athées ne comprennent que le langage des balles et de la destruction.

Était-ce l’influence du lieu ? Yousef, dont les discours avaient d’ordinaire une portée plus politique, brûlait d’une ferveur religieuse inhabituelle. Ses yeux brillaient. Il parlait, les mains levées en direction du Ciel quand il entendit Saïd réciter le Coran comme pour mieux appuyer ses propos.

— « Préparez contre eux ce que vous pouvez réunir d’armement et de chevaux en alerte, pour épouvanter l’ennemi d’Allah, le vôtre, et outre ceux-là, d’autres que vous ne connaissez point, mais qu’Allah connaît ».

Ils passèrent une dizaine de minutes à errer dans les allées, faisant ressurgir du fond des siècles les versets les plus belliqueux. Transposés au temps présent, les mots lourds de sens résonnaient comme le roulement des secousses précédant un tremblement de terre. Saïd revint brutalement à la réalité.

— Je suis impatient de savoir quelle est la mission que tu souhaites me confier.

 

Publié dans Textes

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"Hôtel continental", une nouvelle signée Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

 

Hôtel continental


 

Hôtel continental. 120 chambres au centre-ville, à deux pas de la cathédrale, du théâtre des variétés, de l'hôtel de ville, de brasseries sympa, pas loin du parc.

Café-restaurant de l'hôtel Continental. Des murs jaune soleil, des chaises en cuir noir, des tables en bois rustique. Une fresque colorée derrière le bar.

Salle de séminaire de l'hôtel Continental. Des murs jaune doré. Des meubles de rangement bruns, des tables et des chaises brunes, faciles à déplacer. Un éclairage doux.

Mathieu 38 ans quitte la salle de séminaire. La formation à la communication gagnant-gagnant est terminée. Elle lui a laissé des idées plein la tête, l'a confirmé dans ses certitudes. Il en est convaincu : il maîtrise de mieux en mieux les rapports avec les fournisseurs, la clientèle, les collaborateurs. La vie lui sourit. Il va prendre une bière légère avant de remettre de l'ordre dans ses notes puis d'aller à la recherche d'un restaurant. Demain, de bonne heure, il reprendra l'avion vers Paris.

Bénédicte, 27 ans, boit un café dans le bar de l'hôtel. Elle aussi vient de suivre cette même formation. Elle fourmille de doutes. A-t-elle vocation de manipuler les autres ? Veut-elle de la vie qui se profile pour elle ?

Mathieu entre dans la taverne, il se dirige vers Bénédicte :

"Je peux m'installer près de toi ?

- Pas de souci.

- Alors contente de ces deux jours ?

- Bof !

-Bof ?

- Oui bof ! S'accorder aux autres pour les emmener sur notre territoire, c'est manipuler. Comment dire ça autrement ? Je viens d'entrer dans le monde du travail. J'ai papillonné un peu avant d'être engagée chez ALMW et je me demande si je ne serais pas davantage à ma place dans l'enseignement ou dans le culturel. Mes parents me le conseillaient, mais je n'aime pas suivre les idées des autres. On m'a trop guidée quand j'étais gosse et j'ai trop laissé faire."

Bénédicte s'épanche. C'est la première fois qu'elle se vide ainsi de ses préoccupations. Mathieu adopte les mêmes postures qu'elle.

"La fourchette d'argent", bistrot gourmand à une centaine de mètre de l'hôtel Continental. Des murs peints en blanc, de grandes toiles abstraites dans les tons rouges, des chaises garnies de rouge. Des spots à la lumière chaude.

Bénédicte et Mathieu sont assis face à face. Bénédicte parle. Mathieu l'écoute. Elle lui paraît fragile, si fragile. Mathieu scout toujours prêt, marié depuis quatorze ans avec Vanessa, une fille rencontrée sur les bancs du lycée, père de jumeaux de 12 ans. Bénédicte, femme enfant, irresponsable, indécise. Mathieu pressent qu'elle peut devenir sa BA du jour. Auteur d'un verre de Beaujolais village, d'un thé, d'un café, devant un steak tartare ou un petit gâteau, Mathieu est toujours prêt. Ses études l'ont conduit des sciences économiques vers la psychologie et le management. Bénédicte critique, remet en question l'attitude de ses parents, ses profs, son directeur, ses collègues, son amoureux, mais pas son propre comportement. Elle a l'impression d'être incomprise, bafouée. Mathieu écoute, écoute encore. Il reformule. Bénédicte pleure. Mathieu accueille ce mal-être. Il s'y connaît pour consoler, booster, aider à trouver sa route, recadrer tout en douceur.

Quand ils ont rejoint l'hôtel Continental, Bénédicte quitte Mathieu en lui adressant un sourire. Elle dit adieu.

Le lendemain chambre 225 de l'hôtel Continental, la femme de ménage découvre le corps de Bénédicte inerte sur le lit. Il n'y a plus rien à faire pour la sauver. Elle a avalé une boîte entière de barbiturique.

Le lendemain, place D4 de l'avion Genève-Paris. Cabine beige, sièges garnis de velours vert. Mathieu tente de consoler son voisin du décès de son père. Il l'a entendu sangloter, il a juste demandé : "Je peux vous aider ?" et l'homme qui semble avoir dépassé la cinquantaine lui a expliqué que son père est décédé, qu'il rentre à Paris pour assister aux funérailles. L'homme s'est épanché. Il a dit les malentendus, l'éloignement, les problèmes d'argent, les disputes pour des broutilles.

Il est ainsi Mathieu, il s'intéresse aux gens. Scout toujours prêt. Parfois il se rend utile, parfois il rate le coche et l'ignore. L'ignorance peut avoir du bon…


 


 


 

Micheline Boland

Publié dans Nouvelle

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Edmée de Xhavée a lu « Suicide dans l’après-midi » d’Anne Renault

Publié le par christine brunet /aloys

 

J’ai lu « Suicide dans l’après-midi » d’Anne Renault – Edmée De Xhavée


 

Le charme doucereux de la mort

Une écriture au charme un peu hypnotique, au parfum entêtant. Les vacillements de l’âme humaine y sont nombreux et exposés peu à peu, comme on libérerait une splendide pierre luisante – mais noire – d’un fouillis de papiers de soie multicolores. La mort est voluptueuse, son charme est puissant, ses sortilèges souverains. Dans ces nouvelles si bien écrites elle se donne, se cherche, se reçoit, se souhaite ou s’imagine dans un lent mais implacable cheminement intérieur.

La mort est aussi, toujours, dans l’ombre de la vie, de l’appel des sens, d’un grand appétit de plaisirs et d’émotions. Rien de sinistre dans ces nouvelles, mais l’arôme singulier d’une solitude qui crie et veut se réfugier dans l’inexistence. 

Les ambiances sont décrites avec la touche d’un Gustave Flaubert. Et le tumulte intérieur des personnages roule comme le tonnerre, explosant en sensualité parfois, ou en jalousie frôlant le désir de crime sans toujours s’y abandonner. L’intensité des émotions surprend, d’autant que bien des acteurs de ces nouvelles sont des gens comme les autres, semble-t-il. Comme nous. Et nous ne pouvons nous empêcher de nous demander si nous aussi… dans une telle situation de vie, nous … 

Je ne désire pas user le plaisir de la découverte en abordant nouvelle par nouvelle et expliquant sa singularité. Toutes sont excellentes et aspirent le lecteur dès les premières lignes vers le dénouement, avec l’attrait d’un voyage dans l’interdit. Mais quelques phrases vous donneront un aperçu de la plume d’Anne Renault :

« Ce qu’il contemple, c’est une belle fille, robuste et simple, au regard sans expression. Elle est debout, tranquille, dans la partie sombre de la rue. Et devant elle, au premier plan, dans la blancheur aveuglante de la lumière, une ombre s’étire. »

« L. est une petite ville banale de Flandres. Les vieux quartiers s’étendent dans une boucle du canal. A l’entour, la campagne est plate, riche et sans beauté. De belles maisons de brique, aux vitraux de couleur s’élèvent au milieu des champs. »

« Le ciel est gris fer. Pas un souffle. Rien ne bouge et il règne une atmosphère d’attente qui énerve. Les hirondelles volent bas et crient en rasant le sol. »

Chacune de ces nouvelles a son intensité et son mystère propres. Chacune est servie d’une écriture forte, de descriptions minutieuses qui conduisent le lecteur à l’apaisement final.

 

Edmée de Xhavée

Publié dans Fiche de lecture

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Joseph Bodson chronique "Le transfert" de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

Joseph Bodson chronique "Le transfert" de Carine-Laure Desguin

 

Le Transfert, pièce sortie voici peu de temps mais qui suscite pas mal de commentaires de lecture. Merci à Joseph Bodson, Président de l’AREAW (https://www.areaw.be/joseph-bodson/ )


 

Carine-Laure Desguin, Le Transfert. théâtre, Chloé des Lys, 2019.

C’est un sujet difficile que celui auquel Carine-Laure Desguin se mesure ici, il fait un peu songer à Kafka (La Métamorphose), à George Orwell, à Swift…Bien sûr, je puis vous dire que tout ici est métaphore, mais ce ne sera guère qu’un placebo, car je n’en suis pas si sûr que cela. Il y a tant de situations dans ce monde où nous vivons qui pourraient s’y rattacher, tant de faits, de réflexions, de chiffres qui nous y entraînent…Transfert, c’est-à-dire déplacement , et cela évoque le football, avec ses achats de joueurs (un joueur est-il encore un homme, ou déjà un demi-dieu, même s’il a, comme Achille, le tendon vulnérable), transport, que ce soit par ambulance ou par l’absorption de médicaments…

C’est un peu un synonyme de délocalisation, – et ici, cela s’applique aux hommes comme aux entreprises, et aux légumes. Vous arrivez le matin à votre bureau, votre place n’est plus votre place, il n’y a plus rien, qu’une place qu’on vous désigne au hasard, et des murs nus.

Ici, en fait, il s’agit de passer du monde des existants à celui de la non-existence. Les médicaments agissent avec une certaine lenteur, enlevant peu à peu à l’individu ce qui faisait de lui un homme: Mon tout est un homme. L’infirmière veille strictement à ce que la procédure soit respectée, et certains mots – ceux qui évoquent les sentiments humains – sont strictement interdits. Un médecin aussi est présent, mais il est lui aussi en débit de transfert.

Disons tout de suite que Carine-Laure Desguin avec cette pièce,e a gagné la partie: les dialogues sont vifs, incisifs, rien ne traîne, rien d’inutile. Le sens – celui du néant, de l’anonymat – apparaît très clairement, sans fioritures, et chacun de nous doit se sentir concerné. Des formules heureuses (même si elles parlent du plus grand malheur qui soit) parsèment le texte: Le blanc, c’est la couleur du vide (p.35) Elle a le don de la formule brillante et concise qui recherche le débat, ou plutôt qui le bloque. C’est sans solution. Numériser les dossiers absents des inexistants. (p.45): la bureaucratie de l’absurde. L’urinal banni des chambres devient une sorte de symbole fort: un inexistant ne peut pas pisser. Et le patient en est à se demander quelle faute il a commise…

Il ne reste plus qu’à croiser les doigts et à souhaiter à cette pièce tout le succès qu’elle mérite. Non pas une pièce qui vous pousse à désespérer, mais bien à prendre conscience de ce néant, de cette non-existence vers laquelle on vous pousse. Il ne reste plus que le rire qui puisse nous sauver, même si c’est un rire un peu grinçant.

 

Joseph Bodson


 

https://www.areaw.be/carine-laure-desguin-le-transfert-theatre-chloe-des-lys-2019/


 

Lien vers Le Transfert :

http://carineldesguin.canalblog.com/pages/le-transfert--theatre--editions-chloe-des-lys--2018/37214580.html

 

Publié dans Fiche de lecture

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Edmée de Xhavée a lu "Un, deux, trois Soleil" de Josy Malet-Praud

Publié le par christine brunet /aloys

J’ai lu Un Deux Trois Soleil de Josy Malet-Praud – Edmée

 

Un… je l’ai lu d’une traite au soleil de l’été, dès sa réception. Chaque histoire me laissait le cœur en tumulte. De joie, de compassion, d’espoir, de plaisir. Soulagement aussi. Ou amusement enchanté. Et je continuais de tourner et tourner les pages pour un encore, encore ! essoufflé et avide.

Deux … je l’ai relu. Cette fois je ne courais plus à la suite de la houle finale qui bouleverse, mais je me suis laissée porter par les mots, les fabuleuses descriptions, l’art de voir l’ordinaire avec un regard qui le colore d’extraordinaire, un talent pour décomposer l’instant intense. Ou encore cette délicieuse fantaisie qui relie le réel au rêve, le divin à l’âme de ceux qui ont un cœur d’enfant.

« L’orage grondait tout autour de l’A320 qui fusait droit devant, dominant avec sérénité le magma de nuages noirs où des dieux s’entredéchiraient à coups d’épées phosphorescentes. » « Les yeux de Maria Rosa ont débordé de larmes, des bouillons d’amour mort dévalant la pente soyeuse de ses joues encore enfantines. » « C’était la collusion de l’eau de Javel et de la citronnelle sur le second palier, l’union sacrée de la pâte fraîche, du basilic, du parmesan, au cœur du bric-à-brac de l’étroite cuisine. »

Souvent l’auteur nous décrit un simple fait : une naissance sortant du mystère et entrant dans la vie en payant son dû, l’invincible optimisme d’une fillette qui sait que les demains sont toujours emplis de merveilleuses surprises, les mauvaises nouvelles qui mettent la vie entre deux cruelles parenthèses de fil barbelé, une bousculade d’émotions contradictoires qu’un époux dérouté cherche à traduire, Méduse que l’on voit attablée à une terrasse et dont on se souvient trop du regard pour s’y plonger encore, une délicate mosaïque de souvenirs … Ces simples faits sont vus au ralenti et sont étirés au point d’avoir la force d’une vie entière. Ils ont des odeurs : le sang, le bitume, le basilic, le savon bon marché, le café frais…

Trois … j’ai tenu à vous le présenter, cet éventail d’émotions, cet envoûtement des mots si bien assemblés par l’auteur qu’il ne peut être que naturel. Et la magie ne se tarira pas dans les œuvres à venir, suggère cette aisance à peindre des tableaux avec des mots.

SOLEIL ! 198 pages de grandes histoires courtes et ensoleillées publiées chez Chloé des lys. Il est toujours là, l’astre d’or, parfois brûlant dans sa gloire, parfois filtré par des nimbes de larmes, voire caché par la sombre colère de Zeus. Mais il est là.

 

 

Edmée de Xhavée

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Carine-Laure Desguin nous présente "Putain de Pays Noir", son nouvel opuscule publié aux Editions Lamiroy

Publié le par christine brunet /aloys

Carine-Laure Desguin nous présente "Putain de Pays Noir", son nouvel opuscule publié aux Editions Lamiroy
Carine-Laure Desguin nous présente "Putain de Pays Noir", son nouvel opuscule publié aux Editions Lamiroy

Carine-Laure, c’est quoi ce truc, Putain de Pays Noir ?

Ben c’est un opuscule qui sortira le vendredi 21 juin 2019 aux éditions Lamiroy !

Un opuscule ? Ça se mange, ça ? Ou alors c’est une maladie ?

Pour ne pas connaître les opuscules édités chez Lamiroy, faut vraiment …

Alors explique-nous tout ça…

Chaque semaine un opuscule est édité, c’est en fait une longue nouvelle. Et donc le 21 juin cette histoire noirissime, Putain de Pays Noir, n’aura plus de secret pour nombre de lecteurs. Les abonnés recevront cet opuscule (j’aime bien ce mot, opuscule) dans leur boîte aux lettres et puis pour les lecteurs intéressés, Putain de pays Noir sera visible dans pas mal de librairies à Bruxelles, ainsi qu’à Charleroi. Voici le lien vers le site des éditions Lamiroy :https://lamiroy.net/collections/opuscules

Très bien, Carine-laure ! Mais encore ? Cette histoire ?

En exclusivité pour Aloys, voici la quatrième…

Dealer et combinard pour arrondir ses fins de mois, Jérémy, un soir de défonce, tabasse son père, un bourge de pharmacien. Au cours de sa cavale, il rencontre Angel, une droguée notoire qu’il connaît depuis longtemps.

Sexe, violence et autres défonces sont au rendez-vous de ce suspense haletant d’une noirceur totale.

En plus d’une incursion dans le milieu sulfureux et junky de ce Pays Noir, l’intrigue se déroule dans un Charleroi en totale reconstruction.

Tu as deux fois le mot défonce, tu le sais, Carine-Laure ?

Oui, c’est pour que ce soit bien compris…

Le milieu sulfureux de Charleroi…tu le connais, ce milieu-là ?

Ah, je ne peux tout dire quand même. Et puis ça, c’est personnel quand même. Mais oui, j’ai baladé dans les quartiers miteux et de plus très tard le soir, lorsque j’écrivais Putain de Pays Noir. Un de mes amis m’avait mise en garde mais je suis téméraire, et puis, j’avais besoin de voir, de sentir, et de me frotter à tout ça.

Tu n’as pas poussé la plaisanterie jusqu’à la snif quand même ?

Ok, passons à autre chose. En résumé, Putain de Pays Noir, c’est pour très bientôt !

Un extrait ?

Ok mais un très court extrait, le voici :

..

— Tu m’emmerdes, je lui gueule, en écrasant dans le cendrier rouge brique mon deuxième joint. On va chez mes potes, dans la mansarde, au-dessus de nous, là-haut. Et chez Alan, on n’ira sans doute pas, tu pues la pisse, tu es moche à crever et je commence à avoir la honte de traîner une poufiasse comme toi à travers toute la ville. Et tu sais quoi ? Ton marsupilami, je l’ai foutu dans les chiottes, chez la Pétache.

— Mais che…

— Y’a pas de mais, mes couilles tu veux dire, ouais. J’en ai ma claque, Angel, tu vas retourner dans ta famille de merde et tu vas me lâcher les baskets. J’en ai marre de toi, tu ne me fais plus bander.

..

Merci mille fois Carine-Laure, c’est très classe…

N’est-ce pas ? Ah oui, j’oubliais, il y aura des séances de dédicace, les lecteurs apprendront tout cela très bientôt en surfant sur mon bloghttp://carineldesguin.canalblog.com!

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Christine Brunet a lu le dernier roman de Jean-Claude Texier "La confession de Cleve Wood

Publié le par christine brunet /aloys

La première de couverture résume l'essence de ce roman complexe tout en nuances, en impressions, en clair-obscur. On se lance entre ses lignes les oreilles grandes ouvertes mais presque à tâtons tant les bruits, les voix, les sensations sont présentes, pesantes comme cette ambiance d'un jeu "pas vraiment" de dupe. Le lecteur fait corps avec Karl Erhard, enseignant aveugle mais époux clairvoyant et résigné. On entend le parquet ciré craquer sous les pas, les voix murmurées; on ressent presque la température des couloirs exigus qui rappelle certaines écoles de notre jeunesse. 

Les personnages principaux ou secondaires oscillent entre vie scolaire et vie intime comme les lecteurs ballottés au gré des événements. L'histoire défile aux côtés de l'Histoire (avec un grand H) : on pénètre dans le quotidien des professeurs, leur mal-être, leurs doutes, leur métier passion pour mieux appréhender les liens privés qui unissent les trois personnages principaux. 

Etude psychologique, étude sociologique, "La confession de Cleve Wood" joue sur le ressenti des lecteurs pour donner aux trois personnages principaux une dimension tragique et une épaisseur qui interpelle. Impossible de ne pas comprendre Hélène, la très jeune épouse de Karl mais comment ne pas avoir pitié du trop âgé époux qui se doute, sait, mais... Quant à Cleve Wood, tiraillé entre sa conscience et son désir, entre sa jeunesse et son amitié, difficile de le trouver si sympathique que ça et pourtant... 

L'écriture très visuelle de Jean-Claude Texier nous transporte dans la maison des Erhard, un peu comme si, privés de la vue, nous découvrions couleurs, volumes et meubles au travers des autres sens exacerbés. 

Alors, "quel est le sujet de ce livre ?" me demanderez-vous...  Pas question de vous en dire trop mais...

Ce roman est l'histoire d'un amour inconditionnel, d'un désir insatiable, d'une conscience mise à mal. C'est le récit de trois destins qui se croisent, se télescopent avant de reprendre peu ou proue leur chemin.

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

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Un article sur Salvatore Gucciardo dans "Bruxelles culture"

Publié le par christine brunet /aloys

PORTRAIT : SALVATORE GUCCIARDO, PEINTRE ET POÈTE

 

Artiste d’origine italienne, sa famille émigre en Belgique dans les années cinquante. Enfant passionné et doué, en parfait autodidacte, il a appris seul à dessiner et à peindre. Il étudie l’histoire de l’art et de la littérature. En 1974, il expose au Palais des Beaux-Arts de Charleroi. Il reçoit un accueil chaleureux de la presse qui l’encourage à continuer de peindre. En 1975 Aubin Pasque, peintre fantastique, l’intègre dans le Mouvement Artistique International Fantasmagie dont il est le fondateur. Salvatore Gucciardo a plus de 60 expositions personnelles à son actif. Il a reçu de nombreux prix et titres honorifiques en Belgique et en Europe. Il figure dans plusieurs dictionnaires, anthologies, catalogues, revues littéraires et artistiques, en tant que peintre et en tant que poète.

Il est édité dans plusieurs pays et certaines de ses œuvres ont été acquises par des musées belges, ainsi que par plusieurs villes en Belgique, en Italie et au Luxembourg. Parmi les très nombreux articles de presse qui lui ont été consacrés, on peut lire : « Grâce à un art extrêmement raffiné pratiqué par le Maître Salvatore Gucciardo, le public réalise un voyage à l’intérieur des émotions humaines, émotions mises en valeur par des couleurs créées par une personne dont on ne peut mettre en doute les compétences artistiques »

Son talent fut remarqué par le critique d’art Stephan Rey, alias Thomas Owen. Dès leur première rencontre qui date de 1976, une profonde amitié nait entre l’écrivain, membre de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique et le peintre, elle durera jusqu’à la mort du célèbre romancier en 2002. Il a fallu cinq ans pour que l’artiste finalise cette pièce maîtresse d’une œuvre qui compte plusieurs centaines de personnages. Salvatore semble nous dire, dans sa vision créatrice, combien prime la relation entre l’homme et la nature.

Son message est une source d’espoir, une quête spirituelle, une communion profonde entre l’homme et l’univers. Sa vision cosmologique est chaleureuse et poétique. Il place l’être humain au centre du monde. Anita Nardon, sociétaire de l’Association Internationale des Critiques d’Art lui consacre une monographie aux éditions Art In Belgium dans la collection « Traces de l’art ». Le peintre est aussi poète. Il a déjà publié plusieurs recueils de poèmes et figure dans plusieurs anthologies de poésie, notamment dans Vingt Poètes, Anthologie de la poésie contemporaine, Editions du Chasseur abstrait, France 2012, ainsi que dans l’anthologie « Les Poètes et le Cosmique » de JeanPierre Béchu et Marguerite Chamon, Editions Du Net, France 2015, de même dans l’anthologie « Les Poètes, l’Eau et le Feu » de J.P. Béchu et M. Chamon, Editions Du Net 2017. Cette passion pour la poésie n’est pas récente. A 17 ans il se passionnait déjà pour l’univers poétique d’Arthur Rimbaud et Charles Baudelaire.

Après deux recueils de poésies « Lyrisme cosmique » et « Méandres » parus aux Editions Chloé des Lys, Salvatore vient de publier son premier roman « Le Voyageur Intemporel », également chez Chloé des lys. Le voyageur intemporel est un voyage initiatique dans le temps, une fresque fantastique, un récit rocambolesque et poétique qui donne une vision insolite et complexe de la nature humaine dans sa nudité intérieure. Voici un petit extrait de ce qu’en dit Denis Billamboz, critique littéraire. « Je suis sorti de ce livre avec l’impression que Salvatore Gucciardo voulait évoquer tous les travers inhérents à la condition humaine et nous convaincre qu’il était inutile de chercher ailleurs une meilleure condition, partout ailleurs le bien et le mal s’affrontent toujours avec violence, et qu’il suffirait peut-être de conjuguer les forces ouraniennes et les forces chthoniennes pour que notre monde soit moins mauvais ». Plongez dans l’univers hypnotique de cet artiste dont on n’a pas fini de parler, en visitant son site : www.salvatoregucciardo.be

Silvana Minchella

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"Les vacances", une nouvelle signée Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

Les vacances


 

En voilà une belle destination de voyage, la Loire et ses châteaux qui font rêver : Chambord, le plus grand… Chenonceau, le plus poétique… Blois, le plus chargé d'histoire…

Parlons-en de Blois, une ville surprenante que j'ai revue sous le soleil. Nous logions en pleine ville dans un hôtel situé sous le mur du château et nous avions décidé qu'après une bonne nuit de repos, nous irions à la découverte de cette bâtisse aux styles nombreux et au passé prestigieux.

Chaque fois que je fréquente ce lieu que je connais par cœur, notre première rencontre date de plus de cinquante ans, j'ai toujours l'impression que le guide a vécu les événements qu'il se plaît à raconter. On s'attend toujours à ce qu'il sorte une photographie d'époque représentant le Duc de Guise agonisant dans le cabinet vieux entouré par ses assassins ! N'aurait-il pas aussi un enregistrement de la phrase prononcée par Henri III : "Il est encore plus grand, mort que vivant" ?

Ce que j'apprécie aussi c'est juste à côté du château le musée consacré à Robert Houdin, un enfant du pays, grand magicien du 19e siècle. Cette année, le "son et lumière" mêle magie et histoire…

Le seul problème est que l'éléphant que le magicien fait apparaître dans la cour s'est révélé bien vivant ! Croyez-moi, ça fait du dégât un éléphant dans un vénérable château et c'est vers minuit que le cornac est parvenu à s'en rendre maître !

Demain, après la grasse matinée, nous allons à Cheverny, le château de Tintin et Milou qui est un animal bien plus calme. Les seuls autres animaux sont les chiens de la meute mais, vu les circonstances, je m'attends au pire !


 


 

Louis Delville

Publié dans Nouvelle

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