Et si vous participiez au concours pour être publié dans le hors série ? Une vidéo signée Ani Sedent !
https://youtu.be/gxJhiFxucLY
Lecture, écriture, une passion... Un partage... La littérature dans tous ses états !
https://youtu.be/gxJhiFxucLY
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Moins impressionnante que les Lithiks et ses pics sombres, dont les plus hauts tutoyaient les nuages, la chaîne des Échos n’en restait pas moins une chaîne montagneuse aux reliefs imposants. Composée de roche brute, comme une armée de pilastres gris, elle abritait un labyrinthe de sentiers qui, pour la plupart, ne menaient nulle part. Arcadius et son équipage y avaient disparu et le loup bleu, la truffe collée au sol, suivait leur piste dans ce dédale granitique où le moindre bruit se répercutait à l’infini.
Enfin, au débouché d’un sentier étroit et sinueux, apparut un cirque de roche grise où paradaient des sapins noirs, comme une garde inquiétante à un bâtiment dont l’architecture ne laissait aucun doute quant à son occupant ; une horreur à plusieurs étages, sorte d’hybride entre tour et palais, qui se voulait grandiose mais ne parvenait qu’à laisser perplexe. Au pied de ce monument à la vanité d’Arcadius, comme un gros sac de cuir moisi abandonné là, le cogne-dur attendait, ses petits yeux en boutons de bottine rivés au sol.
Angélie fit reculer Lupin.
Pas bouger ! chuchota-t-elle au loup bleu, qui pencha la tête d’un air interrogateur et s’assit tranquillement pendant que la fée cherchait un abri d’où observer le palais à l’insu de son horrible gardien.
Tapie dans l’ombre d’un rocher elle considéra le bâtiment, sorte de gâteau à étages bien loin de la tour ténébreuse qu’elle s’était imaginée, et constata que s’il n’avait rien d’une forteresse, y pénétrer allait être compliqué.
Merci à tous les participants !!
Texte 1 : Micheline Boland => 1 voix
Texte 2 : Ani Sedent
Texte 3 : Christian Eychloma => 1 voix
Texte 4 : Micheline Boland
Texte 5 : Ani Sedent => 1 voix
Texte 6 : Sélène Wolfgang => 2 voix
Texte 7 : Rayan Rowski => 1 voix
Texte 8 : Serge Debaere => 2 voix
Texte 9 : Séverine Baaziz => 2 voix
Texte 10 : Christina Prévi
Texte 11 : Joe Valeska
Texte 12 : JJ Manicourt => 1 voix
Texte 13 : Carine-Laure Desguin => 3 voix
Texte 14 : Edmée de Xhavée
Texte 15 : Philippe Desterbecq
Difficile de choisir visiblement ! Moi, j'en aurais bien été incapable !
Bravo et merci à toutes et à tous pour votre participation et votre enthousiasme !
Avant de vous raconter ce qu’il m’est arrivé ce jour-là, il faut que je vous parle un peu de moi. Je suis quelqu’un de très cartésien, je ne crois ni à Dieu ni au diable, pas plus aux fantômes, aux vampires, aux sorcières ou à tous ces personnages qui peuplent les romans de fantasy qui ont tant de succès actuellement. A croire que les gens veulent quitter ce quotidien morose que nous connaissons tous plus ou moins pour vivre dans un monde imaginaire où les héros ressemblent peu ou prou aux monstres de leur enfance.
Bref, tout ça pour vous dire que je n’ai pas une réputation de doux rêveur, que je n’ai pas l’habitude d’affabuler. Mais venons-en à nos moutons.
Pour les 60 ans de ma femme, je lui ai payé (ou je nous ai payé, c’est comme vous voulez) un weekend dans un château du nord de la France. Nous avons eu droit à une belle suite avec un canapé, une déco digne des plus beaux films sur le Moyen Age, une télévision qui tranchait un peu sur les tentures en velours garnies d’arabesques et, bien sûr, une chambre spacieuse avec un lit à baldaquin.
Le soir, nous avons mangé au restaurant du château. Ce fut un vrai repas de fête bien arrosé qui a plu à ma femme, du moins j’ose l’espérer vu le prix que l’ensemble m’a couté !
Le champagne et le vin aidant, nous nous sommes endormis comme des mouches alors que, d’habitude, nous sommes plutôt insomniaques.
Au milieu de la nuit, j’ai senti une présence dans la chambre. Je suis plutôt craintif, je l’avoue, et instantanément, mon cœur s’est mis à battre très fort. Une légère lueur pénétrait par la fenêtre mal occultée et quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir un petit garçon sur le bord de mon lit. Il n’avait pas l’air bien méchant ; mes palpitations se sont un peu calmées et je l’ai interrogé du regard. Comment ce gamin était-il entré dans notre chambre et que faisait-il là ?
Tout à coup, il s’est levé et de la main, il m’a fait signe de le suivre.
Nous sommes allés dans la suite et nous nous sommes installés dans le canapé. Bizarrement, je me sentais en confiance avec ce petit ; je n’avais plus peur du tout.
Il s’est alors mis à me raconter sa vie : il avait été enlevé par son oncle qui l’avait enfermé pendant plusieurs années dans une geôle d’où il voyait à peine la lueur du jour. Le frère de son père avait toujours été jaloux du couple que ce dernier formait avec Yseult, leur cousine. L’oncle Barnabé avait perdu sa femme, morte de la variole, ses enfants étaient morts d’une mauvaise grippe et lui vivait seul dans son château obscur et froid tandis que son frère, Louis, avait gardé le château familial et menait une vie marquée par le bonheur et la joie.
Lorsque son neveu était mort de froid ou de faim ou de maltraitance, il l’avait tout simplement jeté dans le puits de son château.
Le gamin lui indiqua l’adresse de la demeure seigneuriale de son oncle, décédé depuis plusieurs siècles et il disparut aussitôt comme par magie.
Je crus vraiment avoir rêvé ; je n’étais pourtant pas sujet à des hallucinations, mais j’avais trop bu et je me suis recouché.
Au matin, j’ai raconté mon «rêve » à ma femme qui a voulu en avoir le cœur net. Nous nous sommes rendus dans la forteresse de feu Barnabé et nous avons parlé au conservateur de ce qui est devenu aujourd’hui un musée. Ce type nous a pris au sérieux, car il connaissait l’histoire de ce petit garçon enlevé par son oncle.
Le puits était toujours là, rebouché depuis des décennies voire des siècles.
Quelques semaines plus tard, le conservateur m’a appelé pour me dire qu’on avait retrouvé un squelette d’enfant tout au fond du trou où coulait encore un mince filet d’eau.
Je n’ai jamais compris pourquoi le gamin s’était adressé à moi personnellement, mais je peux vous dire qu’à partir de ce jour ma vision du monde et de la réalité a bien changé.
Les fantômes du passé
Marguerite était délicieusement calée contre l’oreiller de son lit, un bon livre entre les mains, une boite de chocolats offerts par son futur beau-père sur la table de nuit. À chaque page, hop, une praline. Ce week-end chez ses futurs beaux-parents s’annonçait des plus agréables, tout le monde l’avait bien accueillie, observée, aidée à se sentir membre du clan. François était fier d’elle, et les compliments enthousiastes sur ses nombreux charmes – sa beauté, son chant a capella, son coup de fourchette (souligné peut-être un peu trop lourdement ?), sa connaissance des vins, sa carrière impressionnante – l’avaient presque rendu encore plus amoureux.
Respect des convenances cependant, ils avaient reçu des chambres séparées, et au fond, à Marguerite, ça ne lui déplaisait pas du tout. Un feu de cheminée crépitait avec discrétion et cassait le froid en toute élégance. Oh qu’elle était bien !
Soudain, la porte s’ouvrit, et une jeune fille échevelée et assez dévêtue entra, effrayée. Sans un bruit. Sans sembler la voir, et en tout cas ne lui jetant aucun regard. Du sang imbibait sa chemise lacérée, et avait coulé le long de ses jambes jusqu’à ses pieds nus. Ses mains, robustes et abîmées par des travaux peut-être de cuisine, lui salissaient le visage tandis qu’elle essuyait des larmes. Terrorisée, elle cherchait une issue du regard, alla à la fenêtre pour comprendre que c’était trop haut, puis se rua dans le placard où Marguerite avait soigneusement suspendu ses robes et cardigans. « Elle va écraser mes chaussures » pensa-t-elle, mais rien, aucun bruit, pas même celui des cintres dérangés dans leur quiétude.
Mais la porte fut à nouveau poussée par un homme d’âge mûr en robe d’intérieur de soie, ouverte sur ses jambes nues et également légèrement striées de sang, l’expression mauvaise au point que Marguerite dissimula son visage derrière son livre, sans penser aux yeux qui continuaient à s’écarquiller devant le spectacle. Car bizarrement, elle se sentait en dehors. On aurait dit un film muet. Mais on voyait vibrer la gorge de l’homme avec fureur, indiquant qu’il criait. Son regard rusé parcourut la pièce sans voir Marguerite, qui en fut très soulagée, ignora la fenêtre puisqu’elle était fermée, et fonça sans hésiter dans le placard.
Marguerite se demandait si appeler François ou non mais la porte du placard fut repoussée et elle vit l’homme tirant la jeune fille par les cheveux, pour enfin l’étrangler de ses mains, la laissant devant la cheminée. Il lui donna un coup du bout du pied puis s’en alla. Marguerite mit deux manons d’un coup en bouche et se redressa le cœur battant. Il n’y avait plus rien. Elle décida que quelqu’un avait fait une bonne blague et ajouté un peu de cocaïne dans la crème des pralines, et qu’elle ferait mieux de recracher les deux manons et reprendre sa lecture.
Le lendemain, descendant le bel escalier pour se rendre à la salle à manger, elle fut enfin assez curieuse pour inspecter la galerie de portraits des ancêtres de François, ma foi pas des prix de beauté, heureusement que sa mère était créole et avait apporté un peu d’attrait dans les gènes fatigués de la lignée. Et elle reconnut le vilain satire de la nuit.
« Oh, tu regardes le vieux Alphonse III ? Pauvre vieux, pas gâté par la nature mais en plus on le surnommait le loup garou, parce que les bonnes disparaissaient toutes. Sa femme – que tu vois ici, assez hideuse mais riche à point – a fini par découvrir que c’était le majordome, je pense qu’il avait assassiné une des filles… dans ta chambre, ma chérie ! Tu n’as pas eu de cauchemars, hein ? ». Et il rit…
À chacun sa ligne (de temps)
Lundi dernier, je me lève tôt. Je sors de la chambre et me dirige vers le coin cuisine. Je stoppe net à mi-chemin. Je suis sans allure, d’accord, mais jamais je n’ai oublié un mec quelque part dans mon appart. Et là, bien installé devant la télé éteinte, un type engoncé dans un costume du dix-neuvième, roupille d’allure. Je l’observe, sa tronche ne m’est pas inconnue. Un gars échappé d’un théâtre ? D’une fête ? Je vérifie, aucune trace d’effraction. J’allume l’ordi, la télé et augmente le volume de celle-ci à fond la caisse. Le type sursaute et me demande ce que je fais là, dans cette tenue ridicule. Je lui réponds du tac au tac que j’allais lui poser la même question. Il prend un air étonné et pousse un cri. La télé et l’ordinateur l’effrayent. Il se lève et inspecte tout dans l’appart. Il s’extasie devant la machine à café, le grille-pain, les radiateurs. Le gars est très grand et pas trop moche … Il n’a rien d’un ectoplasme, il est bien réel. Tout à coup, une espèce de vieux moine tout racrapoté sort de la chambre d’ami et les deux hommes tombent dans les bras l’un de l’autre. Je deviens une étrangère. Chez moi ! L’homme de prière ne semble pas trop déconnecté. Je demande, Et si on se présentait, non ? Je suis Edmond Dantès, le comte de Monte-Cristo s’exclame le beau mec, surpris que je ne le connaisse pas. Et moi je suis l’abbé Faria ajoute tout de go le vieux moine. Durant quelques secondes, je reste muette, bouche bée, bras ballants le long de mon pyjama. J’ingurgite une longue rasade de café bien chaud. Mais comment et pourquoi êtes-vous ici ? je questionne. Vous êtes des fantômes ou quoi ? Aucun mot ne sort de la bouche de Dantès. Par contre l’abbé Faria réfléchit. Pour en rajouter, je dis que tous les deux ne sont que des personnages fictifs d’une œuvre d’Alexandre Dumas, et que dès lors c’est quand même fort de café d’être présents chez moi. Faria prend alors la parole et explique : Il s’agit d’une glissade d’une ligne de temps vers une autre chère demoiselle. Le temps n’existe pas. Le passé, le futur et le présent se confondent. Il y a certainement un vortex, une porte d’entrée si vous voulez, près d’ici. Je reste stupéfaite en écoutant tout ça mais cependant je me souviens que l’abbé Faria était un puits de science et qu’il avait enseigné à Dantès les mathématiques, les langues, l’histoire, tout quoi. Les deux hommes commencent alors à papoter : Et je te croyais mort, et je suis fier de ta vengeance et patati et patata. Oh stop vous deux ! Je suis chez moi et j’ai droit au chapitre ! Que le temps glisse, je veux bien le croire. Pour le vortex, il y a un passage du côté de la place Vauban, passage qui donne accès à des souterrains et je crois savoir que vous deux, question tunnels et souterrains, vous en connaissez un bout. Pour rappel, même au dix-neuvième, vous n’existiez pas, vous n’êtes que deux personnages d’une histoire inventée par Alexandre Dumas. Là, on reste sans réponse, pas vrai l’abbé ? Celui-ci se gratte le ciboulot et lance, Il s’agit de tulpas, c’est ça, des tulpas. Nous existons parce que des milliers de gens ont pensé à nous et nous ont donné vie. Ah, tout simplement, je réplique. Et je continue, C’est bien joli tout ça mais je refuse que deux mecs glandouillent chez moi, fussent-ils le comte de Monte-Cristo et l’abbé Faria, c’est compris ? Alors je vous suggère de vous diriger vers la place Vauban située à cinquante mètres d’ici, de descendre dans ce souterrain et de retourner dans votre époque. Après avoir recraché leur tasse de café Nespresso, les deux hommes évacuent les lieux via l’escalier vu leur refus d’utiliser l’ascenseur. Atterris dans la rue du Gouvernement, ils sursautent à la vue des voitures, des panneaux de circulation, et illico s’engouffrent dans le souterrain dont l’entrée se situe place Vauban.
Une fois rentrée chez moi ces histoires de tulpas, vortex et glissades de temps s’entrechoquent encore entre mes neurones. Je me dirige vers la salle de bains. Là, sur la manne à linges, je découvre … un parchemin. Je scrute tout ça. Une carte de Charleroi, des noms de rue … Le trésor des Templiers ! Le trésor des Templiers ! À deux pas de la place Vauban !