Laurent Femenias a chroniqué dans Babelio le dernier roman de la saga de Joe Valeska "Le Triomphe de Julian Kolovos"
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Après Les métamorphoses de Julian Kolovos, roman sorti initialement en 2016 aux éditions Chloé des Lys, puis dans une édition révisée et étendue en 2020, La chute de Julian Kolovos, un deuxième volume paru chez le même éditeur en 2021, voici le triomphe de Julian Kolovos, le troisième (et dernier ?) tome des aventures du héros de Joe Valeska, qui vient de paraître début 2024.
Pour qui a aimé les précédents, ce nouveau livre ne pourra qu'être une excellente lecture. D'autant plus que le tome deux appelait forcément une suite ! En effet, on retrouve tout ce qui avait fait le succès de cette histoire : un style fluide qui nous fait passer du sourire à la crainte en quelques secondes, des personnages bien écrits et attachants (on sent que l'auteur a pris un grand plaisir à les faire vivre !). L'un de mes préférés est peut-être Francesco, le père haut en couleur de Julian et Ivana Kolovos.
Je ne reprendrai pas ici les éléments de présentation de l'intrigue et des personnages car, si vous lisez ceci, vous avez probablement déjà lu les deux premiers volumes, mais pour faire bref, tout ce qui faisait la force de cette histoire est ici à nouveau présent, mais amplifié, magnifié : des dialogues ciselés qui font un peu penser à du théâtre (j'aime particulièrement les scènes se déroulant dans le château du héros dans le Kent), une présence du fantastique et d'êtres surnaturels peut-être plus marquée qu'auparavant (sans spoiler, de nouveaux personnages apparaissent, qui viennent enrichir la « mythologie » de l'auteur), qu'ils soient du côté des amis du héros, ou bien des antagonistes. J'aime les influences distillées ça et là, en particulier Anne Rice, même si l'univers créé par Joe Valeska est en réalité très personnel, beaucoup axé autour de la famille.
On sent, et l'auteur l'explique d'ailleurs dans ses commentaires à la fin, que rien n'est dû ici au hasard, et que tout était planifié pour arriver au dénouement de ce livre, et ce dès le premier tome, mais je ne peux en dévoiler plus sous peine de vous gâcher la lecture !
Ce roman est une conclusion, il est pensé comme tel. Toujours est-il que j'espère que cet univers, ces personnages, reviendront sous une forme ou sous une autre dans un nouveau livre dans un futur proche. En attendant, je ne peux que vous conseiller de découvrir en quoi consiste ce « triomphe ». Bonne lecture !
LAURENT FEMENIAS
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Caroline Biebuyck présente son ouvrage "Du magma sur les doigts"
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Biographie
Née en 1980, Caroline Biebuyck vit à Bruxelles, où elle est médecin généraliste. Alpaguée depuis l’enfance par la littérature et l’écriture, elle publie ici son premier recueil.
Résumé :
Printemps 2020, un crayon sort du sol et prend la route.
Les poèmes gambadent sur le blanc des pages, élancés, en liberté, au gré des saisons, au fil des excursions.
Extrait :
Tes lueurs en cascade. Éclaboussures sauvages
Tes arbres en éruption. Châteaux, forts ou bastions
Leurs écorces de pierre, les branches cavalières, leurs croisades de lumière
Lave pétrifiée, sève bouillonnante, flamboyante futaie, fleurs d’or et de sang
Forêt, mon amie, mon ballon dans tes ruelles, mon visage dans tes mains, mon cœur rivé au tien
me brûlent, me brûlent, me brûlent
Henri Mortagne nous présente son ouvrage "Des milliards ou un sort !"
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L’auteur est né en Wallonie picarde. Après des études en philologie romane, il enseigne le français puis dirige un Centre de Formation; il est amené à effectuer de nombreuses missions pédagogiques en Europe. Parallèlement, il est bénévole dans un club sportif avant de devenir un des dirigeants nationaux de ce sport, fonction qu’il devra abandonner pour ses périples européens. Retraité, il peut enfin se consacrer au plaisir de l’écriture. Il signe ici son premier roman.
Résumé :
Julien Lescure est journaliste à « Résistance ». Il a « couvert » le tremblement de terre de Haïti en 2021 et y est retourné un an plus tard pour enquêter sur l’utilisation des fonds octroyés par la communauté internationale pour la reconstruction du pays. Il dérangeait et on lui a « conseillé » de rentrer en France.
Il est bien décidé à poursuivre son reportage sur la situation désastreuse du pays. Son enquête bascule alors fortuitement vers une vaste escroquerie internationale d’exportation de riz camarguais vers … Haïti. Il est aidé par Maria, une métisse haïtienne et Camille, une employée du Journal. Ses recherches risquent d’aboutir, mais sa vie est en danger.
Julien peut malgré tout reprendre son reportage sur Haïti, cette fois dans le cadre de la partie française d’une enquête mondiale sur les rétributions exigées par les anciennes colonies. Son point de départ sera les 21 milliards réclamés à la France par le Président Aristide en 2024.
Poème 9 du recueil poétique signé Carine-Laure Desguin : Le vieux de la zéro/vingt-trois
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9
une phalange de
son index droit
échoue dans son bol
de potage
enfin un éclat de viande
fraîche
s’émeut le vieux de la
zéro/vingt-trois
devant cette eau de vaisselle
transparente
il dialogue avec
ce qu’il peut
une mouche d’ambiance
une carafe d’eau
(de la veille)
le silence est d’or
et les bestioles invisibles
toujours elles
Carine-Laure Desguin
http://carineldesguin.canalblog.com
In recueil Le vieux de la zéro/vingt-trois
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Résultats pour notre concours du 3e hors série "Les petits papiers de Chloé"
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Auteurs participants :
Texte 1 : Micheline Boland
Texte 2 : Marguerite Debois
Texte 3 : Micheline Boland
Texte 4 : Joe Valeska
Texte 5 : Micheline Boland
Texte 6 : Ani Sedent
Texte 7 : Carine-Laure Desguin
Texte 8 : Ani Sedent
Texte 9 : Edmée de Xhavée
Texte 10 : Serge Debaere
Texte 11 : Retiré à la demande de l'auteur
Texte 12 : Laurent Femenias
Bravo à tous les auteurs et merci pour votre participation !
Suite au petit problème de votes, j'ai entendu les réclamations et je n'ai retenu QUE les votants inscrits au blog. Dans l'absolu, je comprends la démarche des auteurs 'lambda' qui souhaitent voir leur texte plébiscité et publié parce que beaucoup de blogs acceptent le jeu des "appels à votes".
Pour l'auteur en question, sa famille a simplement découvert pour la première fois son texte et s'est enthousiasmée. La mienne en aurait fait sans doute tout autant et je me serais fait taper sur les doigts... N'oublions pas que CDL est une grande famille aussi !
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Je rappelle, par ailleurs, que ce blog est ouvert aux 'non-CDL', journalistes, libraires, chroniqueurs, auteurs, lecteurs, curieux parce que notre blog est avant tout une VITRINE : il a été créé pour nous donner de la VISIBILITE !
J'aurais dû mettre des limites pour contenter tout le monde et c'est ce que je ferai pour les prochains concours : ne pourrons voter que les abonnés au blog et pour le vérifier, tous les votants devront obligatoirement remplir la case "e-mail" avec le mail utilisé lors de l'abonnement pour que leur vote soit pris en compte.
Les textes ayant obtenus le plus de voix sont donc, ex aequo, avec deux voix chacun, les n°2, 4 et 6...
Bravo à...
=> Marguerite Debois
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=> Joe Valeska
=> Ani Sedent
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Texte n°12 - Concours "C'est magique !" - Le dernier ! Il est temps de voter !
Ce texte 12 est le dernier du concours ! Relisez et votez sur les commentaires de ce post.
Vous avez jusqu'à ce soir, 20h, pour donner votre avis et permettre à un ou plusieurs auteurs de voir son texte publié dans le prochain hors-série qui saluera les 25 ans des Editions Chloé des Lys !
Résultats demain !
Le puits aux souhaits
« Throw me a penny and I'll make you a dream
You find that life's not always what it seems, no no »
Black Sabbath, « Wishing Well »
Gwen était un garçon calme et posé. Timide, ajoutait-on parfois, d’un ton un peu condescendant. À douze ans, il n’avait que peu d’amis. Le manoir familial qui se dressait, austère, à l’écart des autres maisons du village, n’aidait pas beaucoup à son intégration. Que ce soit à la maison ou à l’école, il était le plus souvent seul. On le qualifiait volontiers de chétif. N’aimant ni l’agitation, ni les jeux de ballon tant prisés de ses camarades, il préférait de loin promener sa tignasse blonde et ses pâles yeux bleus rêveurs entre les hautes étagères de la riche bibliothèque de sa demeure, remplie de rayonnages croulant sous les livres innombrables, parmi les odeurs de papier jauni, de cuir tanné, d’encre et de vélin. Mais il ignorait que cette petite manie qu’il croyait tout à fait innocente lui jouerait un jour un tour bien funeste...
Un soir, juste après le dîner, ayant rejoint comme à l’accoutumée sa pièce préférée du château, il tira d’un rayon un mince volume auquel il n’avait jusque alors jamais prêté attention. C’était un livre d’apparence tout à fait ordinaire, à la couverture vert olive, sur laquelle était gravé un titre en lettres d’or : La geste de la völva. Intrigué, il ouvrit délicatement l’ouvrage, puis souffla sur la première page, faisant s’envoler une fine couche de poussière. Aussitôt, un vent violent se leva, ébouriffant les cheveux du garçon et faisant tourner les pages à toute vitesse. Les feuillets claquaient bruyamment, certains s’envolaient, les étagères tremblaient. Pourtant, toutes les fenêtres étaient restées closes. Le livre rougit, et se mit à chauffer, au point que Gwen dut le lâcher pour ne pas se brûler. Au sol, le volume semblait doté d’une vie propre, ses pages s’agitant sans cesse, comme mues par une sorte de frénésie grandissante. L’enfant commençait à paniquer. Lorsque le vent se renforça encore, jetant livre et meubles au sol, il fut emporté dans un gigantesque tourbillon et poussa un terrible hurlement.
Quand la brume autour de lui se dissipa, il découvrit un paysage désolé, couvert de toutes parts de hautes herbes et de buissons épineux. Le manoir, comme tout ce qui lui était rassurant et familier, avait disparu. Au loin, il pouvait distinguer l’océan qui grondait. Et sur le rivage, les ruines fumantes d’un village dévasté et inconnu. Il s’en approcha et apprit des quelques survivants qui se terraient dans leurs chaumières qu’un troll détruisait tout, dévorait tout, bêtes, arbres, hommes, femmes, enfants... Il mettait la région à sac en semant la mort sur son passage. Un troll ! Gwen était apeuré. Que dis-je ? Terrorisé ! Il n’était qu’un enfant et voulait rentrer chez lui. Tout cela n’existait nulle part... si ce n’est dans les contes de fées ! Le garçon sentait les larmes commencer à monter. Que pouvait-il faire ? Il ne savait où aller. Heureusement, observant son désarroi, une famille d’autochtones accepta de l’héberger pour la nuit. Les villageois étaient étranges, le teint mat, les cheveux d’ébène, la mine sombre, silencieux. Après un rapide repas, on le conduisit à un lit de fortune sur lequel il pourrait se reposer. Alors qu’il tournait et se retournait sur sa paillasse sans parvenir à trouver le sommeil, une fillette de son âge, petite brune à la peau hâlée, les yeux noirs, vint le rejoindre. Elle chuchota à son oreille avec un drôle d’accent, assez guttural :
— Je m’appelle Néthi et je connais ton secret. N’aie pas peur. Je suis ton amie...
Gwen resta prostré, refusant de parler. Son cœur battait la chamade. Il n’avait pas d’ami. Chacun le savait bien. Il n’avait que les livres. Et cette fille... Comment pouvait-elle lui dire cela ? Néthi lui prit la main. La chaleur de ce simple contact, le sourire sincère de la fillette, lui firent comprendre qu’elle disait probablement vrai. Gwen se calma et Néthi lui expliqua alors qu’elle connaissait le moyen pour lui de retourner dans son monde. Gwen ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. La jeune fille l’entraîna alors dehors, à la lisière du village, dans la nuit sombre. Les deux enfants, en pyjamas, étaient transis de froid dans la bise nocturne. L’herbe qui montait jusqu’à leurs genoux était humide et glaciale. Ils rejoignirent le « puits aux souhaits » local. C’était un simple trou perdu dans la brume grise, à l’entrée des vastes marais. Au fond, on distinguait une eau qui semblait aussi noire que de la suie.
— C’est lui qui m’a parlé de toi, murmura Néthi en désignant du regard le trou béant.
C’est alors que Gwen comprit. C’était comme si le puits lui parlait à lui aussi, sans pourtant que le moindre mot résonne. Il apprit qu’il devrait sauver ce pays s’il voulait rejoindre son monde d’origine. De la brume grise surgit un curieux hululement, plaintif mais mélodieux. Les deux enfants s’avancèrent ensemble dans le froid – car à deux, tout est plus rassurant – voulant comprendre ce nouveau mystère. Leurs pieds clapotaient doucement dans la boue et la vase, en direction du bruit. Ce dernier semblait bouger, tantôt s’éloignant, tantôt s’approchant, comme s’il jouait à cache-cache. Mais il n’était pas hostile. Un hurlement lointain stoppa net les deux enfants qui comprirent qu’ils s’étaient sans doute trop éloignés. Ils étaient sur les terres du troll...
Perchée sur une souche noircie et putréfiée, ils découvrirent la source du chant étrange qui les avait attirés ici. Il s’agissait d’un hibou des marais qui les fixait de ses petits yeux ronds et jaunes. Mais ils n’eurent pas le temps d’admirer le rapace. Ils découvrirent un peu plus loin une ombre d’où émanait une puanteur épouvantable. Le troll, car c’était bien lui, était tout bonnement gigantesque. Au bas mot, il devait être trois fois plus grand que les enfants, ses membres épais comme des troncs. Il était vêtu d’une simple chemise de lin, sale et en lambeaux. Par chance, grâce au brouillard, il ne les avait pas vus et se dirigeait en grognant vers un grand bâtiment gris qui se dressait un peu plus loin sur la falaise, face à l’océan déchaîné. Néthi expliqua à son camarade qu’il s’agissait d’un monastère. Mais lorsqu’elle dit cela, elle n’avait pas l’air très rassurée, ce qui intrigua Gwen, sans qu’il ait pour le moment la possibilité d’en savoir plus sur le sujet. Il fallait que les deux enfants demeurent le plus silencieux possible.
— Tu sais ce que te demande le puits. Il faut que tu arrêtes cette créature, chuchota la fillette.
— Mais comment veux-tu que je fasse ? Nous ne sommes que des enfants, et je ne suis ni un guerrier, ni un magicien !
Néthi haussa les épaules, perplexe. Il avait raison. Pourtant, il devait les sauver, elle et tous les habitants de son monde. Elle lui fit signe d’avancer en silence, pour suivre discrètement le troll, ce qu’ils firent non sans crainte. Arrivé devant l’entrée du monastère, le troll ramassa un énorme rocher, le souleva, et le lança sur l’un des murs. Ce dernier trembla. Le monstre recommença. Une fissure apparût. Le troll tentait visiblement de détruire l’édifice à coups de pierres ! Cette horrible créature osait s’en prendre à un lieu saint ! La petite fille se pencha à l’oreille du garçon et lui dit à voix basse les raisons de ses craintes : nul n’avait vu de moines ici depuis des années. On distinguait seulement des murmures. Seulement des soupirs. Et pourtant, les cloches sonnaient chaque jour. Au village et dans les environs, tout le monde craignait ce lieu, dont on racontait qu’il abritait des esprits, peut-être même une ancienne sorcière : une völva… Gwen se rappela soudain le titre du livre qu’il avait trouvé dans la bibliothèque familiale. Était-il possible qu’il soit vraiment entré dans l’histoire ?
La sorcière se tenait devant les deux enfants, d’allure presque aussi effrayante que le troll. Sans doute alertée par le vacarme fait par ce dernier, elle était sortie à sa rencontre. Elle était grande et décharnée. Elle portait une robe pourpre qui avait dû être belle jadis, mais qui désormais paraissait vieille et élimée. Ses longs cheveux gris descendaient comme des fils de laine jusque au bas de son dos. Sa peau était parcheminée et ses yeux noirs s’enfonçaient profondément dans leurs orbites. On aurait dit qu’ils lançaient des éclairs. Elle avait l’air terrible, et en même temps, elle souriait ! Elle regarda les deux enfants, puis le troll, et repartit à l’intérieur du monastère en courant. Le monstre se lança à sa poursuite. Il avait déjà franchi la porte quand, sans le vouloir, Gwen hurla. Son cri était déchirant. Toute la terreur du garçon s’était échappée de sa gorge d’un seul coup. Néthi s’était bouché les oreilles. Et le troll, surpris, était ressorti. Il regardait pour la première fois les deux enfants. Ses yeux, cruels, se rétrécirent.
Le monstre saisit à bout de bras un autre rocher, et le tendit au-dessus de Gwen et Néthi, terrifiés. Il allait les écraser lorsque les premières lueurs d’un jour pâle apparurent. En un instant, comme dans les légendes de jadis, le troll fut transformé en pierre. Dans cette contrée, beaucoup de monstres parmi les plus terribles avaient fini ainsi, figés pour l’éternité. La sorcière, qui les avait rejoints et n’avait pas manqué une miette du spectacle, éclata de rire. Un rire sinistre. Et en riant, elle ne cessait de fixer Gwen. Ce dernier, sans même l’avoir fait exprès, avait rempli la mission que lui avait assigné le puits aux souhaits. Tout commença à trembler autour de lui. Allait-il pouvoir rentrer chez lui ? Il aurait dû se sentir soulagé, et pourtant, un profond mal-être l’enveloppait. Au milieu du tumulte et du monde qui se mettait à tourbillonner, il vit Néthi. Il plongea pour la dernière fois ses yeux bleus dans les yeux noirs de la fillette. Elle paraissait affolée et faisait de grands gestes vers lui, comme si elle voulait le retenir. Et la sorcière, cette völva, riait plus fort que jamais. Avait-il fait le bien en débarrassant ce monde du troll ? Ou bien avait-il laissé le champ libre à quelque chose de bien pire encore ?
En sueur et encore tout tremblant, Gwen reprit ses esprits dans la bibliothèque du manoir familial. Le jour gris se levait. Un vieux livre vert abîmé traînait à ses pieds. Il crut entendre un rire de l’autre côté de la porte. Un rire qu’il avait déjà entendu. Un rire mauvais. Un rire qui le fit frissonner...
TEXTE n°11 du concours des Petits Papiers de Chloé. Sujet: "c'est magique !"
Texte 10 de notre concours : "C'est magique !"
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Le chient errant
Deux randonneurs trouvent sur leur parcours un petit bois charmant. Recouvert d’un léger voile de brume, il agit sur eux comme un aimant. En plein sentier forestier, ils tombent sur un chien errant. Le clébard est, au bas mot, impressionnant.
─ J'ai faim ! grogne l’animal. Et quand j’ai les crocs, je suis à cran !
D’entendre l’animal parler, les promeneurs restent bouche bée.
En exhibant les dents, le chien demande :
─ Vous n'avez rien à manger ?
─ Non, disent les promeneurs estomaqués.
─ C'est exactement ce que m'a répondu mon maître, poursuit le canidé.
Les promeneurs semblent soudain soulagés : le molosse a donc un maître qui ne tardera, probablement, pas à se montrer et lequel, sûrement, leur fait une blague.
─ Non, nous n’avons rien à manger, disent-ils en scrutant les buissons environnants.
─ C'est exactement ce que m'a dit mon maître, répète le chien, alors, je l’ai mangé.
─ Pourquoi mendier de la nourriture si vous êtes rassasié ? objecte l’un d’eux.
─ J’ai encore un petit creux, poursuit le chien en les dévorant des yeux. Coupé de bouledogue, je suis un boulimique impénitent.
Et, le chien, soi-disant doué de parole, devient très bavard :
─ J'ai mangé mon maître, poursuit-il, parce que j'avais soif...
─ Vous voulez dire faim ? dit l’autre en se moquant.
─ Non, dit le chien, j’avais soif... soif de liberté.
─ Mais, nous ne voulons pas vous en priver. Soyez donc libre, vaquez !
─ Impossible : vous, les humains, voulez tous nous apprivoiser. Si ce n'est moi, ce sera un autre et un autre c'est moi. C'est ainsi que je le conçois. C’est pourquoi je vais vous croquer.
Estimant que la plaisanterie a assez duré, les promeneurs pressent le pas. Mais le chien méchant leur barre la route en disant :
─ Je mange pour oublier. Mais, sachez qu'après vous avoir dévorés, je serai aussi par les remords rongés.
Comme le chien devient de plus en plus menaçant, les promeneurs s’inquiètent de leur sort.
─ Mais, pourquoi tant nous détester ?
─ Je ne vous déteste pas. À ma façon, je raffole de vous et vous adore !
─ Mais, pourquoi nous en vouloir ? Quel est notre tort ?
─ Nous, les chiens, avons toujours vécu aux dépens des humains. Nous avons fini par vous ressembler en perdant notre instinct. Et ne dit-on pas que l'homme est un loup pour l'homme ? Alors, donnez-moi un pied, une main, peu importe, pourvu que ma faim soit apaisée car ce n’est pas moi mais elle qu’il faudra apprivoiser.
─ Allons-nous-en ! dit l’un d’eux à son compagnon qui se retourne en criant :
─ Malheur à nous, le chien nous file le train !
Et les deux promeneurs sortent du bois en courant. Dans leur hâte ils ne prennent pas le temps de lire la pancarte à la sortie :
Attention ! Danger !
Débroussaillements périodiques par le feu.
Végétation riche en espèces hallucinogènes.