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Emilie Casagrande nous en dit plus à propos de sa nouvelle longue intitulée "D’infimes vibrations"

Publié le par christine brunet /aloys

Emilie Casagrande nous en dit plus à propos de sa nouvelle longue intitulée D’infimes vibrations, parue aux Éditions Chloé des Lys en janvier.

 

Commençons par le début : pourquoi avoir choisi ce titre ?

Avant tout, je cherchais un titre qui ne soit pas « bateau », et surtout qui ne soit pas lié directement au virus qui occupe déjà une partie importante de l’histoire. Je ne voulais pas que cette nouvelle soit cataloguée comme « une énième histoire de virus » en ces temps propices à ce genre de récit, car selon moi ce n’est pas le cas. Il me fallait donc un titre plus subtil, qui évoque aussi les autres thèmes centraux. En cela, le mot « vibrations » faisait sens à mes yeux, puisqu’il pouvait évoquer celle des cordes de guitare lorsqu’on les pince (et celle du son, de manière générale), celle, plus métaphorique, des cœurs qui s’émeuvent et qui ressentent de fortes émotions, et enfin une vibration plus scientifique qui trouve son explication au sein de l’histoire, mais que je ne dévoilerai pas…

Tu dis que ton récit n’est pas « une énième histoire de virus », peux-tu développer ?

Selon moi, s’il est vrai que le virus est central dans cette histoire, c’est surtout pour développer un contexte, mais aussi parce que l’article qui a inspiré cette nouvelle évoquait une étude à propos du virus que nous connaissons désormais un peu trop bien : le Covid-19. C’était donc le point de départ de l’histoire, je ne pouvais pas l’éviter. Pour autant, je ne cite jamais le Covid-19 spécifiquement, car il pourrait s’agir d’une autre épidémie. Ce qui importe, selon moi, ce sont les relations entre les différents personnages et la relation du personnage principal à la musique et à la science. Je pense aussi que l’histoire en elle-même ne correspond pas aux attentes qu’on pourrait avoir vis-à-vis d’un livre à propos d’un virus : il ne s’agit pas d’un thriller ou d’une dystopie… C’est finalement davantage une histoire de vie, dont le message se cristallise en une note d’espoir qui parcourt tout le livre.

Le personnage principal n’a pas de prénom, ou en tout cas celui-ci n’est jamais cité dans le livre. Pourquoi ? Est-ce un choix conscient ?

À vrai dire, c’est venu de manière naturelle lors de l’écriture. Je pense que l’absence de prénom, en plus du fait que la narration soit à la première personne, permet une plus grande identification avec le personnage principal.

Peux-tu en dire plus sur l’article qui a inspiré l’histoire ?

Pas vraiment sans trop en dévoiler… Tout ce que je peux dire c’est qu’il s’agissait d’un article qui rendait compte d’une étude scientifique un peu particulière menée autour du Covid-19. J’en dis plus dans une note au lecteur à la fin du livre, où j’explique en quoi certains aspects de l’histoire sont inspirés de faits réels.

D’après tes précédentes réponses et au fil de la lecture du livre, on a l’impression que c’est une volonté de ta part d’éviter les lieux communs et les clichés : on trouve dans le livre des phrases comme « Je pourrais dire qu’il semblait juste endormi mais, bien au courant de son état véritable, j’empêchais mes pensées d’accueillir cette comparaison. » Que peux-tu en dire ?

Oui, c’est vrai, j’ai vraiment tenté de me détacher des clichés. Dans la phrase donnée ici en exemple,  on s’attendrait à ce que le narrateur dise simplement « Il semblait juste endormi », mais j’ai tellement l’impression d’avoir lu cette réaction des centaines de fois que je voulais la contrer. En étant une grande lectrice et en ayant étudié la littérature à l’Université, je suis parfois un peu trop consciente de ce qui existe déjà, des histoires qu’on a racontées encore et encore à travers l’histoire et des formulations qui reviennent systématiquement dans certaines situations. C’était un effort conscient de ma part dans ce récit de chercher à éviter les poncifs ou en tout cas d’en jouer, que ce soit dans les événements qui se déroulent ou dans les expressions utilisées.

Pour terminer, d’après toi, à quel public conseillerais-tu ta nouvelle ?

Je pense que ma nouvelle s’adresse à un public très large. Tout le monde a vécu la pandémie avec sa propre sensibilité et peut s’identifier à l’un ou l’autre des personnages de l’histoire. Son format court et sa lisibilité permettent à un public jeunesse d’apprécier l’histoire autant qu’un public d’adultes, et ce, que le lecteur soit novice ou aguerri. À tous ceux qui tenteront l’aventure, je dis déjà merci et bonne lecture !

 

Publié dans interview, Présentation

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Notre rendez-vous poétique signé Carine-Laure Desguin...

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Perlent sur la fleur

des larmes de sel marin

gouttes d’espérance



 

Tatouages fous

chairs humaines et vivantes

dépôts des encres



 

Sur les corniches

fientes de pigeons urbains

poésies du jour






 

Côté est la gare

du sud se remplit des riens

de cannettes vides

 

Chemises à carreaux

cherchent mains fragiles et belles

partages amicaux



 

Filets de pêchers

hamacs frivoles des non-dits

douces interdictions

 

Publié dans Poésie

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"Vivre"... Un texte signé Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

Vivre

 

Naître, téter, grandir, pleurer, sourire.

 

Ramper, marcher, tomber, parler, grimper, apprendre, chanter, pleurer, sourire.

 

Écrire, lire, calculer, jouer, tomber, pleurer, sourire.

 

Râler, maîtriser, regarder, lutter, embrasser, aimer, pleurer, sourire.

 

Guindailler, boire, fumer, caresser, profiter, travailler, pleurer, sourire.

 

Rencontrer, aimer, épouser, protéger, pleurer, sourire.

 

Accueillir, baptiser, éduquer, apprendre, suivre, aimer, pleurer, sourire.

 

Aider, conseiller, interdire, donner, pleurer, sourire.

 

Hériter, vieillir, profiter, voyager, savourer, grimacer, pleurer, sourire.

 

Décliner, rêver, radoter, trembler, réunir, pleurer, sourire, partir.




 

Louis Delville 

 

Publié dans Textes

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Micheline Boland nous propose une poésie... "Théâtre"

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

THÉÂTRE 

 

Les mots éclosent, 

Une tempête de mots,

Un flux de paroles s'évapore 

On n'en évalue pas le pouvoir.

On tombe dans un puits de sagesse méconnue.

Le temps d'un silence fragile,

On fait corps avec l'audace du texte.  

Les images fleurissent, 

Les acteurs couvrent  la scène, 

Les répliques se suivent, 

On se retrouve désarçonné

Malice enjouée, dialogues couronnés de rires ou de larmes.   

D'interrogations en affirmations, 

Persistent des non-dits qui infusent au fond de soi.

Tant des gestes, tant de modulations dans les voix, 

Les certitudes s'effritent

La pièce se termine, 

Questions au bord du cœur, 

Émotions au fond de soi. 

La vie réelle reste entre parenthèses

Se mêle à l'imaginaire,

Elle est saturée de pensées fugaces.  

 

Micheline Boland 

 

Publié dans Poésie

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Résultats concours : "Le bonheur est ailleurs"

Publié le par christine brunet /aloys

Texte 1 : Marguerite Debois

Texte 2 : Philippe Desterbecq

Texte 3 : Micheline Boland

Texte 4 : Laurence Caulier

Texte 5 : Séverine Baaziz

Texte 6 : Edmée de Xhavée

Texte 7 : Micheline Boland

Texte 8 : Magali Kaczmarczyk 

Texte 9 : Philippe Desterbecq

 

Vos votes

Texte 3 : I => Micheline Boland
Texte 5 : II => Séverine Baaziz
Texte 6 : II => Edmée de Xhavée
Texte 9 : I => Philippe Desterbecq

Donc, les textes de Séverine Baaziz et d'Edmée de Xhavée sont ex aequo !!!

 

Arghhhh Bon... On fera avec !!! et les deux textes seront publiés dans la revue...

 

 

 

Bravo à elles deux et un grand merci pour tous les auteurs participants, aux deux auteurs qui ont été également plébiscités  ainsi que nos lecteurs toujours plus nombreux  !!!

Publié dans concours

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Concours "Les petits papiers de Chloé" Le bonheur est ailleurs" : texte 9-Dernier texte ! Votes sur ce post jusqu'à 19h ce soir

Publié le par christine brunet /aloys

Le bonheur est dans le pré

« Le bonheur est dans le pré
Cours-y vite, cours-y vite.
Le bonheur est dans le pré
Cours-y vite il va filer »

Pourquoi cette comptine trottait dans ma tête, ce jour-là, alors que j’essayais vainement de lire un roman que j’avais déniché dans la bibliothèque à moitié vide de ma femme, je n’en savais rien. Quand je dis « ma femme », je devrais plutôt dire « mon ex » puisqu’elle avait mis les bouts, un beau matin, emportant avec elle la plupart des livres de l’appartement, tous nos souvenirs de vacances et aussi notre bébé de 9 mois ! 

Qu’est-ce que le bonheur ? me demandai-je en chantonnant cette comptine idiote. Existe-t-il vraiment ? Je ne me souvenais plus avoir été heureux un jour.
Bien sûr, dans son existence, on rencontre des petits instants de bonheur qu’on essaye d’enfiler les uns après les autres, comme des perles rares, sur un fil qu’on appelle « bonheur ». Le jour le plus beau de ma vie est sans conteste celui où Caro m’a dit « oui, bien sûr, oui, j’accepte de t’épouser » à moins que ce ne soit le jour où j’ai vu le visage de mon petit bonhomme pour la première fois. J’ai été heureux, oui, je suis bien obligé de l’avouer, mais le bonheur ne dure jamais. J’étais bien placé pour le savoir. 

Après m’avoir dit « oui », Caro m’a dit « non, non, je ne reste plus avec toi, non, je ne suis pas heureuse avec toi, non, je ne te pardonne pas tes erreurs, non, nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre, je me suis trompée, adieu ». Et elle est partie emportant avec elle une partie de mon âme et le plus beau cadeau qu’elle m’ait jamais fait : Noé.

J’avoue : je ne suis pas parfait et je lève le coude un peu trop facilement. L’alcool me rend heureux ou du moins m’aide à oublier que je ne le suis pas, que les quelques années que nous avons passées ensemble, Caro et moi, n’ont pas toujours été teintées de rose. C’est ma faute, je sais. Je ne sais pas être tendre, je ne sais pas exprimer mes émotions. Mon enfance a joué un grand rôle sur ma vie d’adulte. Des parents qui se disputaient sans cesse, les baffes que je recevais trop souvent, le manque d’amour qui me faisait pleurer, seul, dans mon lit, le manque d’attention tout simplement. Je me suis toujours senti de trop, le coucou dans un nid d’alouette ! 

Je n’ai jamais frappé  Caro, je le jure. J’avais trop vu mon père cogner ma mère pour que j’imite son comportement. Moi, je me suis plutôt réfugié dans l’alcool les jours de déprime, les jours gris, les jours où je ne me sentais pas heureux. Caro a essayé de m’aider, au début. Elle m’a même accompagné chez un psy, mais mon enfance était trop marquée en moi. 

On a cru, tous les deux, que l’arrivée d’un bambin pourrait arranger mes problèmes. Je pourrais lui donner tout l’amour que je n’avais pas reçu. On était trop jeunes, irresponsables encore. Caro voulait continuer à s’amuser, à sortir avec ses copines, à faire la fête. Elle me laissait Noé, parfois, me prouvant ainsi qu’elle me faisait confiance. Et moi, je voulais être digne d’elle, de la confiance qu’elle m’accordait, mais seul avec le petit, je déconnais. Je m’enfilais bouteille de bière après bouteille de bière et Caro me retrouvait avachi dans le divan pendant que Noé hurlait de faim, de peur, d’isolement. 

Je n’en veux pas à Caro d’être partie. Je n’aurais jamais pu la rendre heureuse et j’aurais fini par transmettre ma morosité à Noé. Ma mère me l’a assez répété : je suis toxique ! 

Je mets la radio. Comme un fait exprès, c’est la voix de Jackie Quartz qui emplit ainsi mon appartement : 

« Je voudrais vivre ailleurs
Ailleurs pour le meilleur
Oublier la douleur »

Et si l’adage était vrai ? Si l’herbe était vraiment plus verte ailleurs ? 

Sur un coup de tête, je pars, sans rien emporter, à part mes souvenirs blottis dans un coin de ma tête, je claque la porte et je me retrouve dehors. J’avance au hasard des rues, au hasard de mes pas, là où ils me conduisent. Se pourrait-il que le bonheur m’attende quelque part ? Un avenir heureux existe-t-il encore pour moi ? J’arrive à la gare. Je vérifie mes poches : j’ai un peu d’argent, assez pour prendre le train pour n’importe où, qu’il m’emmène, je ne sais où, là où on ne m’attend pas, là où on ne me connait pas. 

Je monte dans le train, il démarre, les paysages défilent. Je ne les vois pas vraiment. Mon esprit s’égare. Je suis déjà ailleurs, à l’aube d’une nouvelle vie. Je vais tout reprendre à zéro, renaitre. 

Terminus. Je descends du train, j’avance sur le quai. Un vieil homme me regarde intensément. Dans son regard, je lis de la bienveillance, de l’amour ou presque. Son visage me dit quelque chose. Une photo. Un portrait sur le mur du salon chez mes parents. Mon grand-père, celui qui a été tué à la guerre ! Un sosie ? Mais pourquoi ce vieil homme me regarde-t-il comme ça ? 

Je m’avance vers lui, attiré par son regard ardent. 

« Viens, me dit-il, en me tendant la main, je t’attendais… »

« Oh oh
Je voudrais vivre ailleurs
Oh oh
Besoin d’un peu d’chaleur… »

 

Publié dans concours

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Concours "Les petits papiers de Chloé" Texte 8

Publié le par christine brunet /aloys

La chose est simple, si le bonheur était ailleurs, il ne serait pas ici et, de ce fait, nous ne le connaitrions pas et n’en parlerions donc pas. Or, tout le monde rencontre des moments de bonheur, il peut donc se trouver ici et partout ailleurs. Nous pouvons dire également qu’il est toujours là car, dans ce monde, à chaque instant, il est possible de trouver quelqu’un qui vit un heureux moment… 

 

Le bonheur se produit donc partout et en tout temps. Dès lors, pourquoi n’est-il pas pour tous omniprésent? 

La réponse est aussi simple : jamais satisfaits, nous attendons autre chose, une personne, une promotion, de l’argent, la pension, du temps et les minutes s’écoulent imperturbablement. La vie glisse ainsi entre nos mains. Insatiables, nous regrettons, nous espérons, nous culpabilisons. Pourtant, demain, notre vie prendra fin et le monde encore tournera. Il répétera les mêmes situations avec les autres générations. Le bonheur est résolument ailleurs si nous demeurons dans l’attente ! N'attendons plus, vivons!!!

Ces propos ne constituent ni baratin, ni discours utopique enfantin, ils expriment une solution pour s’ouvrir à la félicité. Nous devons chérir tout ce que nous croyons déjà posséder, nous réjouir de ce que nous sommes sans s’y accrocher. Ramener au présent notre attention, maintenant et sans raison.

 

Quand sommes-nous heureux ? Quelle est la convergence de tous ces moments furtifs de bonheur ? Nous sommes heureux quand nous sommes amoureux, lors d’un accomplissement, durant nos réunions familiales (normalement :-D), lors de soirées entre amis, devant un livre qui nous transporte, nous apprend, quand la musique nous emporte, quand la nature nous surprend. Nous sommes heureux quand nous vivons l’instant pleinement, lors de ces moments, nous ne réfléchissons pas à nos tracas, nous sommes suspendus, légers. Apparaissent alors le silence du dialogue mental et l’enchantement de la situation. Ces deux ingrédients, paix et émerveillement, compose, selon moi, la recette du bonheur.

 

Sachant que le bonheur est toujours là, il suffit de s’habituer à le voir, à le sentir, à le vivre, à le devenir… si nous devenons le bonheur, il devient inconditionnel. Nous pouvons toujours être en paix car ce à quoi nous devons faire face reste inévitable lorsque cela arrive. La vie suit un chemin semé d’aventures que nous devons vivre, celles-ci peuvent être tristes, joyeuses, stressantes, douloureuses, enivrantes,  nous connaissons tous cela mais savoir que c’est ainsi et l’accepter nous apaise… 

Quant à l’émerveillement, c’est la beauté de la vie : pendant que certains trouvent normale de voir un coucher de soleil, le sourire d’un enfant, d’entendre le chant des oiseaux, du vent, de communiquer avec autrui, de gouter saveurs et fruits, de toucher une peau, de respirer,… d’autres y voient, inlassablement émus, le beau et la majesté.

 

Non, ce n’est pas facile, cela requiert courage, foi et discipline. Le courage de passer les obstacles, de continuer à être joyeux, la discipline de ne pas suivre les ruminations et les trompe-l’œil, de faire, de chaque jour, un nouveau jour porteur de foi en ce que nous sommes, de foi en cette vie, en cet univers qui s’anime en nous et autour, quoi que nous fassions.

 

Finalement, en écrivant ces lignes, m’apparait la raison ultime… Pourquoi vivons-nous ?... Pour incarner le bonheur malgré tout !

 

C’est toujours la bonne heure pour le bonheur, il est clairement là, il est dans l’acceptation, il réside dans les mauvais moments et dans les bons. Il est l’Amour de la vie telle qu’elle est. Nous ne pouvons pas réellement tout en comprendre mais nous pouvons sentir sa profondeur qui correspondra toujours à une ouverture du cœur… C:\Users\Utilisateur\AppData\Local\Microsoft\Windows\INetCache\IE\13P3HHYL\heart-159636_960_720[1].png

 

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Concours "Les petits papiers de Chloé" Texte 7

Publié le par christine brunet /aloys

Le bonheur n'est-il pas toujours ailleurs ?




 

Assise sur cette banquette, j'observe les paysages qui s'effilochent au fil des kilomètres.
Je suis pensive, comme envoûtée par le tangage et la musique du train. Je rêve d'un ailleurs, de m'évader jusqu'au bout d'un long trajet ferroviaire, jusqu'à voir se dessiner les faubourgs de Paris, de Luxembourg ou encore de Vienne. Je rêve, mais je n'agis pas. Chaque jour sauf le dimanche, j'emprunte le train et je descends à la gare située à cinq cents mètres de la librairie où je travaille. Un réel hiatus entre mon rêve et la réalité. 


Un dimanche, le jour de l'anniversaire de mes vingt-cinq ans, je décide de me rendre à Paris. Me voici sur le quai, j'attends le TGV. Me voici qui monte dans le wagon. Me voici assise en face d'un bel homme brun qui représente pour moi l'élégance parisienne. L'homme me sourit, j'ai l'audace de me noyer un instant dans le bleu de ses yeux. Je suis troublée. 


Tout à l'heure, oui tout à l'heure, le bonheur me réchauffera. Je verrai Paris. J'invente des images plus belles encore que celles des guides touristiques. Je me souviens d'un voyage scolaire là-bas au terme de mes études secondaires…

 

J'entends des voyageurs qui palabrent à propos du petit appartement qu'ils occupent à Paris. Ils aspirent à en trouver un autre, car le leur ne dispose même pas d'un petit balcon. Ils bavardent, mais leurs propos ne m'atteignent pas… Il me semble que les gens parlent rarement de la lumière qui enjolive leur quotidien, ils parlent plutôt des ombres. Ils ne saisissent pas la chance de disposer du cadre de vie exceptionnel qui est parfois le leur.

 

Les minutes filent. Le train roule. Je monte vers Paris. S'ouvre à moi la certitude de toucher bientôt au bonheur éphémère en appréhendant la beauté de la ville, en mangeant dans une brasserie, en marchant dans un parc, en visitant un musée. Peut-être un jour trouverai-je les ressources nécessaires pour m'établir à Paris et m'y enraciner dans un bonheur durable ?  

 

Voici que j'aperçois les abords de la gare. Voici que le wagon s'arrête. Voici que la porte s'ouvre. Voici que je descends et marche sur le quai. Voici que je sors de la gare. Voici que j'aperçois un miséreux. Voici que je suis rappelée à la réalité. J'ai les pieds sur terre comme je les ai quand je travaille, quand j'aperçois les fumées des usines.

 

Ce soir, je rentrerai chez moi et je penserai que le bonheur est ailleurs, qu'il est peut-être au bord d'une plage ou sur un sentier de montagne. Le bonheur n'est-il pas toujours ailleurs ?  

 

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Concours "Les petits papiers de Chloé" "Le bonheur est ailleurs" : texte 6

Publié le par christine brunet /aloys

Octave en a plus qu’assez. Léonie – quel nom, Léonie, hein ? Certes, on serre un peu les lèvres quand on l’entend appeler Octave. Mais ça a du cachet, Octave… - Léonie donc le rationne, lui interdit certains endroits de la maison (pas sur la table, pas sur le beau fauteuil, pas sur le comptoir de la cuisine, pas sur la pile de linge repassée… les coins « non-non-pas-là » sont innombrables, maintenant qu’il y pense !), et ne veut pas qu’il sorte. À croire que dehors, ce lieu splendide où s’abattent les pluies, le soleil, des volutes de brume, des feuilles se querellant avec le vent, c’est dangereux.

Alors un jour il décide de se faufiler au dehors comme un courant d’air et d’aller être heureux ailleurs. Ailleurs c’est partout sauf chez Léonie. La joie, la griserie, les palpitations devant cet extraordinaire ailleurs. Il n’est pas arrivé bien loin encore qu’il entend la voix fêlée d’inquiétude de Léonie qui le hèle en agitant sa boite de croquettes « Chat chichiteux ». Qu’elle les mange, ses croquettes et d’ailleurs j’ai fait pipi sur les roses qu’elle flatte de niaiseries tous les jours, le sécateur à la main. Et une crotte sur le seuil. 

Le soir, les coussinets des pattes à vif d’avoir grimpé les murs, longé les barrières, gratté dans les cailloux et la terre, une question surgit : où dormir, où me faire servir à manger, maintenant ? Le destin, bienveillant, le fait tomber nez à nez avec un jeune homme promenant son chien, une horrible chose baveuse qui se met à gronder pour ensuite pousser des cris de jouet en plastique mou. Couic ! Couic ! Jeune homme rieur, très certainement gentil et ébloui devant ce bel exemplaire de chat européen tout ce qu’il y a de bien fait. Le chien – Simba, oui c’est le nom de ce gnome pelé et gueulard – n’est pas content du tout mais qu’importe, Octave - qui se retrouve baptisé Minou – s’impose. La maison sent le patchouli, le jeune homme est certes gentil et le laisse monter sur le divan où lui-même s’étale après avoir enlevé ses chaussures, libérant une pestilence inquiétante. Gentil mais un peu dégueu. Simba, d’ailleurs, s’empresse de démontrer qu’il était là le premier et s’étend sur le dos, offrant au regard indigné d’Octave une boutique ma foi assez repoussante. Loin de la petite serrure de velours qu’il a, lui. Mais demain sera un autre jour, le bonheur n’est certainement pas loin, l’aventure de la liberté éperdue l’attend.

Jeune homme gentil mais dégueu ne le retient pas, au contraire. Sa vie est un lieu à portes ouvertes, il aime sa freedom et on y entre, sort, rentre et ressort comme dans un téléfilm américain. Et Octave reprend sa route de pèlerin intrépide le ventre creux, car jamais Léonie n’aurait osé lui servir des restes de très vieux spaghetti au pénicillium dans une assiette sale, et lui présenter une écuelle d’eau, piscine à mouches mortes. Jamais. 

Mais qu’importe un peu de faim, un de ces idiots oiseaux fera l’affaire. Sauf que ça ne s’attrape pas comme ça, ça bouge tout le temps ces saletés-là, et ça se croit malin de sautiller en hurlant… Coup de chance, un merle est tombé du nid. Tout le fun de la chasse est fichu, mais par contre il est déjà plumé. Moche comme tout, avec cet énorme bec et des yeux comme des grains de café, globuleux et fermés. Tout compte fait, c’est mauvais, en plus. Les croquettes chat chichiteux – lièvre aux rognons, ses préférées – sont relevées, ont un arôme invitant, une tendreté idéale. Ceci est infâme. 

Mais qu’importe, je m’habituerai peu à peu, deviendrai un chasseur redoutable…

C’est étrange comme le monde lui paraissait vaste, car sans y avoir pensé, il est certain de se trouver à proximité de chez Léonie. L’odeur familière des géraniums à la fenêtre, des croquettes, du Chanel numéro 5 – il le sait, car elle lui en met une goutte derrière les oreilles quand ils attendent de la visite… - lui arrive. Il n’y a plus qu’à suivre ce ruban de fumets divins. C’est étrange, aussi, cette joie chaude qui l’envahit, et ce poids d’une vie de mercenaire qui s’envole tout à coup. S’il le pouvait, Octave sourirait. 

Et c’est avec – autre étrangeté – un élan amoureux réel qu’il s’élance pour se frotter aux chevilles de Léonie, qui coupe les têtes mortes des rosiers en pleurant. Rrrrrrrrouh ? Octave, amour de ma vie !!!!

 

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Concours "Les petits papiers de Chloé" : le bonheur est ailleurs Texte 5

Publié le par christine brunet /aloys

Tant pis

 

J’ai toujours craint le malheur bien plus que je ne désirais le bonheur. Pour me sécuriser, j’évite toute prise de décision et surtout tout changement de trajectoire. Je reste bien sur ma piste, skis parfaitement parallèles, et je file pas trop vite pour éviter tout risque d’avalanches. Mais je déteste la neige, j’ai froid, les lèvres gercées et les orteils comprimés par ces putains d’après-ski de merde.

Bref, passons sur cette allégorie un peu hasardeuse, je suis une femme aigrie. Aigrie et totalement obnubilée par l’impensable idée de quitter son mari. C’est dit. Je fais semblant que tout va bien, mais intérieurement, je suis en perpétuelle alerte rouge. Ça pleut, ça gèle, ça craint. Je ne vous parle même pas des dégâts. Je sais, je vous entends, vous vous dites Mais pourquoi ne pas se séparer ? On n’a qu’une vie, non ? Eh bien justement, avec une seule vie, on n’a pas le droit à l’erreur. Imaginez si notre divorce mène au suicide de mon époux. Ou pire, s’il met fin à mes jours. Et puis, j’oubliais de vous dire : nous avons deux adorables ados, Justin et Justine. Rien que l’idée de leur annoncer notre rupture me fend le cœur. Ils ne comprendraient pas. Et surtout, ils me détesteraient. Je deviendrai celle à cause de qui tout s’effondre. LA coupable. Hors de question. Je tiens beaucoup trop à eux.

Ah, le désamour. Le fuir, le combattre ou vivre avec ? Je crois que j’aurais pu m’en accommoder s’il n’y avait pas eu cette goutte de trop. Une goutte faite à 99% d’eau et de chlorure de sodium. Quand mon mari m’a annoncé, en sortant de chez le médecin, alors que je l’attendais oisivement à la terrasse d’un café, que son hypersudation était hormonale et surtout irrémédiable, j’ai crû tomber de ma chaise. Là, comme ça, en plein milieu de gens assis comme il faut. Irrémédiables, ses auréoles malodorantes sous les aisselles, irrémédiables, ses cheveux suintants, irrémédiables, ses mains collantes. Ah, non. Trop, c’est trop !

J’ai donc décidé de tout faire pour qu’il me quitte. J’ai commencé par prendre du poids, un peu, beaucoup, à la folie. Mais malgré mes efforts, il continuait à me trouver séduisante. Échec cuisant. En attendant de trouver une autre solution, chaque soir, je lui servais une tisane bien chaude. Avec un somnifère dissous au fond de la tasse. Ainsi, j’avais la paix. Il s’endormait sur le canapé et, moi, dans notre grand lit frais sans son corps dégoulinant. Bien sûr, une pareille fatigue, si subite, surgissant systématiquement dès les premières minutes du journal télévisé, le questionnait, mais jamais il n’aurait pu imaginer que j’étais la main qui l’assommait.

Un soir de décembre, j’eus une illumination. Mon mari ronflait profondément sur le canapé depuis une bonne heure et je regardais l’émission d’investigation d’Elise L. Passionnante. Et inspirante. Le sujet : “Facebook, nouveau responsable des divorces d’aujourd’hui”. Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ? J’allais enfin offrir à mon mari une bonne raison de me quitter. Monica B. Son grand amour de jeunesse. Après quelques clics, je découvre qu’elle est toujours aussi ravissante, tout juste divorcée et, au bout d’un seul message et six émoticônes, je jubile en lisant qu’elle serait ravie de dîner avec moi. Enfin, avec lui, ou plutôt moi me faisant passer pour lui, enfin, vous comprenez. Gloire à Facebook ! 

Six semaines plus tard, mon mari me quitte.

Six semaines plus tard encore, je rencontre Georges C.

Aujourd’hui, tout va bien.

Justin et Justine vivent étonnamment bien notre séparation et j’ai retrouvé la silhouette de mes seize ans. Un seul bémol : Georges C. s’est bien gardé de me dire qu’il souffrait d’une inflammation chronique de l'œsophage responsable d’une haleine souvent fétide.

Tant pis.

 

Publié dans concours

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