So long, Rolande…
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So long, Rolande…
Rolande Michel n’est plus, et ça semble impossible. Injuste. Même si la mort n’est pas injuste puisqu’elle est inévitable, bons et mauvais, tendres et infâmes, nous y passons tous.
Mais Dieu si nous n’aimons pas voir partir les êtres de bonté, de sourires, de joie tout en bulles aérienne…
Rolande n’était pas une naïve à œillères qui ne voyait pas clair, oh si elle voyait, et très bien même. Mais son regard choisissait ce qui méritait son attention, et survolait le médiocre et le mesquin. Les épreuves, elle en avait tâté, et en avait émergé plus déterminée encore à embrasser joies et gens aimables. Son imagination, faite de lucidité, de bon sens, d’analyse sans flatterie, de pitreries aussi, nous a tenu compagnie avec les ouvrages qu’elle a publiés chez Chloé des lys. Et puis elle a eu la joie de voir son vaudeville en deux actes – Promotion Jolivet - passer des pages à la scène, et se mériter les applaudissements d’un public réjoui.
J’ai eu la joie – et je dis bien la joie ! – de la côtoyer à deux salons du livre et puis lors d’une rencontre liégeoise « entre nous ». Il y aurait tant à dire sur elle, et comme on dit, « le trop nuit en tout ». Je ne voudrais rien gâcher. Son départ m’attriste, même si il ne me surprend pas autrement que « quoi ? Maintenant ? Déjà ? ».
Tu nous a donné un frisson, Rolande, à tous quand nous avons su que tu étais partie. Et puis là, voilà que déjà on pense à toi, on te reconstruit, on visite les souvenirs, on sait ce qu’on te doit – certains te doivent plus que le travail, ils te doivent l’amour apporté à ce travail, ils se reconnaîtront – et on se dit qu’on a eu de la chance d’avoir croisé ta route.
So long ma chère Rolande, tu as eu, je n’en doute pas, un comité d’accueil très chaleureux. Sois bien, laisse les souffrances ici-bas et hop, un coup d’ailes ou deux et… sois bien !
Edmée de Xhavée
Petite présentation du collectif "Faits d'hiver: 20 journées ordianires de la vie de 50 femmes" aux ed. Jacques Flament
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Présentation du recueil collectif "Faits d'hiver/ 20 journées ordinaires de la vie de 50 femmes"
chez Jacques Flament Éditeur, 2022
(560 pages – 40,00 €)
LES AUTEURES
Cinquante auteures se sont investies et ont consacré beaucoup de temps à l'écriture du recueil. Les cinquante auteures viennent d'horizons différents et manifestent des sensibilités diverses. Elles sont de tout âge et de toute condition. Les textes reflètent assez bien une représentation des personnes qui composent la société dans laquelle nous vivons.
Savoir que quarante-neuf autres femmes parcouraient le même type de chemin, écrivaient elles aussi leur journal au quotidien avait, n'en doutons pas, quelque chose d'émouvant et d'excitant pour chacune de ces auteures.
Les espaces blancs entre les différents journaux des cinquante auteures sont agrémentés d'extraits de journaux de femmes au renom des plus éclatants, il s'agit en effet de Georges Sand, Anne Franck, Anaïs Nin, Marta Hillers et Virginia Woolf.
L'OUVRAGE
Comme le signale Jacques Flament, le livre, qui est de format A4, fait plus de deux cent cinquante mille caractères soit dix fois plus qu'un roman classique. Il pèse un kilo et demi de bonheurs, de joies, de plaisirs, de blessures, de colères, de craintes, de solitude, d'amour, d'amitié, d'ironie, de détresse, de tendresse. Il offre de nombreuses heures de lecture en perspective et "cinquante nuances de plaisir…littéraire" comme l'a écrit Valerie Morales, une des diaristes.
Bordo Moncsi a, par exemple, écrit un texte très émouvant sur la mère, l'enfance, la douleur. Carine-Laure Desguin a, par exemple, quant à elle écrit un texte très fort et très poignant sur le quotidien des infirmières en période de pandémie.
On découvre dans le recueil de la poésie aussi bien que des pages qui s'en tiennent à des faits précis, de l'humour aussi bien que des réflexions philosophiques. La plupart auraient probablement pu commencer l'écriture de leur journal de bord comme l'a fait Micheline Boland : "Cher journal, je me livrerai à toi sans calcul…"
La couverture apparaît comme un magnifique kaléidoscope : elle est, en effet, constituée des portraits des auteures.
Tous les textes de ce recueil ont été écrits par des femmes durant la période s'étendant du 21 décembre 2021 au 9 janvier 2022, soit durant une vingtaine de jours pour passer de l'année 2021 à 2022. Il y a eu des désistements, des hésitations, des rajouts au fil de l'aventure. Ce fut une très grande aventure pour l'éditeur Jacques Flament qui lui consacra quarante-deux journées de travail consécutives après avoir reçu les textes.
Le journal ou le journal intime est un genre littéraire à part entière. Ce journal certaines s'en servent dans l'ouvrage pour parler de l'actualité, des livres, de la nature, de leur vie familiale, de leurs émotions, et cetera. On en vient ainsi à parler plutôt de journal personnel. Cela devient alors un récit littéraire qui peut se rapprocher de l'autobiographie par le fond.
L'ambition du recueil est de mettre en avant des femmes auteures que l'on ne rencontre pas habituellement sur le devant de la scène littéraire, mais dont l'écriture n'a souvent rien à envier à leurs illustres consœurs médiatisées. Les Éditions Jacques Flament remplissent ainsi pleinement leur rôle de découvreur, défricheur et donnent à lire à contre-courant de la scène littéraire des textes qui parviennent à séduire.
Jean Louis Minot nous présente son dernier ouvrage "Les statues"
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Biographie
Né en 1952. Retraité de l’Éducation Nationale sans avoir été enseignant. Abandon des études après le baccalauréat par manque d’idée sur l’avenir. Aime la lecture qu’il a pratiquée en autodidacte. D’où une culture hétéroclite.
Aime toutes les formes de culture. L’écriture est un moyen de mettre son monde intérieur en ordre. Depuis toujours plus spectateur qu’acteur. Curieux de tout. Fanatique de rien.
Publie ici son 5ème roman après trois policiers et un roman à énigme :
La serpette (en cours de réédition chez CDL)
Le rire des gargouilles – CDL
Chroniques I – CDL
Le Lac – CDL
Résumé
Guillaume sort de prison et erre sur les routes plutôt que de rentrer chez lui. Il a peur de devoir affronter son passé. Deux femmes vont se succéder pour le ramener à la vie. Deux femmes aux pouvoirs étranges qui vont l’aider à accepter ses erreurs passées et envisager l’avenir.
Extrait
- Trop de questions sur toi, le monde qui t’entoure, ton bout de bois. Sur moi.
Cette voix… il l’attira contre lui et elle ploya comme une branche de saule.
- Tu veux tout contrôler. C’est perdu d’avance.
Il se contracta, la repoussa à bout de bras.
- Je sais ce que ça donne quand je ne contrôle plus. Je ne veux pas recommencer.
- Une fois tout, une fois rien : des réactions d’enfant.
Il la maintint fermement à distance, les bras raides, inconscient de sa force.
- Lâche-moi, tu me fais mal.
Surpris, il la lâcha.
- Fous le camp ! laisse-moi tranquille !
Il se retourna vers son établi. Trop de questions ? Non, pas de questions.
- Depuis les meurtres, je fais que survivre. En prison ou au-dehors, c’est pareil, pas plus de liberté. Pas plus d’avenir non plus. Je suis revenu vivre ici pour une raison… qui m’échappe, une espèce d’obligation. C’est juste une épreuve supplémentaire, histoire d’en chier un peu plus. J’ai eu la rage pendant des années, plus maintenant. Mon avenir est simple : vivre ici, travailler avec Émile et dans trente ans je serai à la même place.
- En tête-à-tête avec ta bûche jusqu’à ce qu’elle tombe en poussière et toi avec !
La voix avait claqué. Il se retourna d’un bloc, les poings serrés, eut envie de frapper ce visage impassible. Sa tension chut brutalement, le laissant sans énergie, tremblant.
- Bon Dieu, mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Dis-le puisque tu sais tout.
Elle se précipita contre lui, le serra dans ses bras. Le chagrin monta en lui comme une vague de fond.
Benoît Jacquemart nous propose un autre extrait de son roman "Les oiseaux de Lunga"
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Le train remontait paresseusement en direction d’Inverness. C’était un long voyage qu’avaient entamé un monsieur d’âge déjà avancé et la dame qui l’accompagnait. Elle ressemblait à une gouvernante. Une gouvernante moderne, qui trimballait un énorme sac à dos, en plus d’une antique valise, laquelle devait appartenir au vieux. Celui-ci portait un petit sac de voyage en tweed qu’il serrait la plupart du temps contre lui.
Leur présence et leur aspect pouvaient paraître incongrus mais ici, personne ne se posait de question. Ils devaient être anglais, ou même continentaux, tout le monde s’en fichait, ça les regardait. L’homme, un peu plus de 70 ans, portait un costume qui devait avoir au moins la moitié de son âge. Une cravate en tartan lui donnait un air local, mais c’était sans doute une coquetterie due à son passage par l’Écosse. Il arborait une chevelure encore bien fournie, châtain clair, à peine striée çà et là de quelques fils gris, surtout près des tempes. Un bel homme, avait noté une contrôleuse de ScotRail.
La gouvernante était une femme entre deux âges, au visage plutôt avenant. Elle avait des cheveux très blonds coupés en carré avec une frange qui lui cachait une partie du front, mais pas les yeux, d’un vert profond. Elle n’avait pas l’image de la gouvernante des vieux romans anglais, au chignon strict et à la tenue qui l’était tout autant. Elle avait toutefois sacrifié à cette antique tradition en portant un tailleur anthracite dont la seule fantaisie était une discrète collerette en dentelle noire. Elle portait aussi d’épais bas foncés et des escarpins qui semblaient presque des chaussures de marche. Mais si on ne s’attardait pas trop longtemps à détailler l’accoutrement de la dame, elle passait inaperçue. Ce qui était bien le but. Seul l’énorme sac à dos semblait totalement déplacé dans le portrait que l’on pouvait se faire du personnage, mais si l’on mettait ce détail sur le compte d’une excentricité somme toute très british, l’attention que l’on aurait pu lui porter était de courte durée.
Adélaïde Piraumont et Anthelme, son père, avaient mis un soin particulier à peaufiner leur nouvelle apparence, celle qui leur permettrait de disparaître définitivement. Ils étaient méconnaissables pour des gens qui ne les auraient jamais vus et même si, par extraordinaire, un portrait d’eux était diffusé sous forme d’avis de recherche, il y avait peu de chance que quiconque se souvienne du vieux et de sa gouvernante, dans un train en route pour le nord de l’Écosse. Surtout que, espéraient-ils, si un avis de recherche venait à être diffusé, cela ferait déjà plusieurs jours qu’ils auraient terminé leur voyage en train.
"L’île, elle et nous", de Marguerite Debois, note de lecture Edmée De Xhavée pour ActuTV
Oui, il y a bien trois éléments distincts dans ce roman de Marguerite Debois.
L’île, grecque, ensoleillée, peuplée de touristes l’été et rendue à ses insulaires une fois les voyageurs embarqués vers leurs vies avec des valises pleines de souvenirs. Entourée d’une route qui va du port au port, et traversée par une autre, plus intime, qui serpente parmi arbres et maisons sans vue sur la mer ou le tourisme.
Elle, Athanasia Katsofé. Adolescente aussi Grecque que l’île, tragiquement disparue lors d’une inondation qui a ravagé l’île et surtout sa famille. Bien que disparue depuis un an, elle est pourtant là, au cœur des émotions. Serait-elle cette apparition étrange qu’aperçoivent Arthus et Marjolaine en choisissant de traverser l’île en voiture par la route boisée pour écourter le trajet ? Quels étaient ses petits secrets, se demande Séverine qui l’a beaucoup observée l’été précédent ? Que sait, de sa naissance, Léonora Anastopoulos, amie d’Anna Katsofé, mère d’Athanasia ? Comment faire la paix avec l’idée que, n’ayant pas retrouvé son corps, on ne peut se recueillir sur son souvenir auprès d’une petite chapelle vibrant de la flamme d’un photophore abrité dans sa niche ?
Nous, les personnages qui, le temps du récit, verront leur vie imprégnée à la fois de l’île et d’Athanasia. Ils sont touristes, locaux, étrangers s’étant épris du coin et ayant trouvé comment prolonger le séjour peut-être jusqu’à un long « pour aussi longtemps qu’on y sera bien ». Il y a cette touriste solitaire et peu sociable, qui revient pour la seconde année. Elle fuit la compagnie mais rien ne lui échappe : elle analyse et interprète la vie des autres. Il y a ce surprenant prestidigitateur aux chevilles fines, qui vit sur un yacht qui ne fait que passer. Il y a Dimitri et Anna Katsofé, les inconsolables parents d’Athanasia, lentement étouffés par un secret qui finira par les brûler vifs. Leurs amis les Anastopoulos, dont la fille Apolline sort avec le beau Callisto, journaliste. Arthus qui aime faire de la plongée en abandonnant Marjolaine à ses après-midi paisibles. Ils ont tous leur personnalité – bien décrite -, leurs propres questions, leur participation dans ce court moment sur l’île, court et intense, qui les réunira autour d’Athanasia, avant de les restituer à leur avenir avec le souvenir d’une bousculade d’émotions et évènements, un peu changés à jamais. L’île aussi reprendra son rythme, entourée de la mer bleue, hérissée de sa forêt, bordée de plages, roches et lieux de joie…
L’île, elle et nous
Marguerite Debois
Éditions Chloé des Lys
22.00 €
Jeanne R. nous présente son nouveau roman "Mémoires d'une âme"
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Biographie
À Lyon, après avoir étudié les Lettres, Jeanne R. se consacre au théâtre et crée sa troupe qu’elle dirige et met en scène. MÉMOIRES D'UNE ÂME est son troisième roman.
À L’OMBRE DES DÉSIRS de Jeanne R.
Éditions Chloé Des Lys (©2013)
LES NOCES D'ÉTERNITÉ de Jeanne R.
Éditions Mon Petit Éditeur (©2010)
Résumé
Le roman MÉMOIRES D'UNE ÂME de Jeanne R. se présente comme une flânerie sur les bords de la lagune en compagnie d’un jeune couple d’artistes ; avant que Venise ne se noie dans son eau, tous deux vont arpenter le labyrinthe des ruelles de la vieille cité en racontant leur propre histoire, entrecoupée de réflexions sur ce qui fait la vie : les rencontres, l’amour, l’amitié, le désir, la mort, la maladie, le deuil, la chance et la malchance, les humeurs des uns et des autres, l’humour, les Arts...
Extraits
Voici quelques extraits de cette histoire où l’oisiveté régnante ne va pas sans rappeler le monde des années 30 :
« Soudain, une porte dérobée s’ouvrit. Un homme aux cheveux gris apparut, l’air avisé. En blouse blanche, avec un sourire apaisant, il s’approcha de la femme et d'une main tendue la pria de le suivre dans la pièce en retrait. Quelques secondes plus tard, la porte se referma sur eux : la femme en question venait d’entrer en silence dans l’antre de la Médecine. »
« Elle reconnaissait que la maladie ne l’avait pas empêchée de se cloîtrer chez elle, alors même qu’elle était présentable, sortable, visitable, enfin baisable. »
« Du temps qu’elle était autre, du temps qu’elle était chauve… Les moins courageux baissèrent les yeux et passèrent leur chemin en faisant mine de ne pas la reconnaitre ; les plus courageux, prétextant un rendez-vous fortuit, partirent promptement sous ses yeux ahuris. Et alors… Alors quoi ? Ô mes semblables, mes frères, regardez tous ces pleutres ! Honte à eux ! S’ils avaient appris qu’elle était morte, morte de maladie, ils seraient venus s’effondrer sur sa tombe, pff. »
« Ayant chassé mainte fois en nocturne dans une Venise discrète, son ami le poète en déroute savait qui convoquer après l’heure de minuit. Il lui était même arrivé d’aller braconner chez les autres, mais les femmes mariées étant plus jalouses que les maris, il se lassa très vite et prit l’option de n’honorer que des filles légères. »
Au programme de la prochaine émission... Quelles chroniques de livre ?
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Chroniques de livres prévus pour l'instant...