— Bonjour, je viens pour l’annonce, dit Max, la quarantaine bien tapée, l’air sûr de lui.
— L’annonce ?
— Oui, j’ai pris connaissance de cette annonce dans un journal numérique, rétorque-t-il, étonné par la mine interrogative de son interlocuteur.
— Ah ! oui ! excusez-moi, je ne suis pas encore habitué. Cette option de marketing est toute nouvelle. Pour ce type de marchandise, nous avons préféré procéder par annonce dans des journaux numériques. Vous comprenez, nous prenons toutes les précautions. Ce marché n’est pas encore légalisé à cent pour cent, il subsiste des flous dans les textes. Les politiques légifèrent bientôt. Malgré les manifs, nous gagnerons. Nous gagnerons, ce commerce sera salvateur pour la société, croyez-moi, croyez-moi ! répète le vendeur, tout en prenant au vol un stylo qui traîne sur une étagère.
— Je n’en doute pas un seul instant. C’est la seule solution, légaliser ce marché. Que fait-on de mal après tout ? C’est un commerce comme un autre. Cette société doit évoluer encore et encore. Rester à la traîne n’est pas une solution. Tout se vend. Les mères porteuses font bien leur jus avec un petit commerce …de leur jus !
— Ah ! bel humour ! Nous nous comprenons. Puis-je vous demander une identification ?
— Voici mon index.
— Parfait, merci. Je lis….un instant ….Voilà, vos coordonnées sont nickel tip top dans les normes, affirme le vendeur tout en gesticulant afin d’allumer une série d’ordinateurs.
— Il y a des normes ?
— Oui, il y a des normes. Disons plutôt que ce sont des précautions. Les lois ne sont pas très claires, comme je vous le disais voici quelques minutes. Et nous devons nous assurer que le produit de la vente aura toutes les chances d’être traité correctement, conscience professionnelle oblige. Ces normes sont laxistes, soit, mais il y a des normes. Vous avez des revenus, une petite cinquantaine d’années, un casier judiciaire vierge, tout cela est parfait. Que vous viviez en couple ou pas, en communauté ou pas, que vous soyez transgenre, homosexuel ou hétérosexuel n’a aucune importance.
— J’ai presqu’envie de dire ouf. Vous n’aurez pas sur le dos le ministère de l’égalité des chances ! Et au sujet du régime alimentaire ?
— Nous pouvons vous proposer des végétariens et des végétaliens, des végans et aussi des adeptes de la nutrition paléo !
— La nutrition paléo, c’est de l’humour ça ?
— De l’humour, monsieur ?
— Oui, ces millions d’années, l’âge…
— Ah! excusez-moi, je n’avais pas capté.
— À propos, je ne vois pas la marchandise…
(en effet, l’espace commercial ne comprend que des ordinateurs dispersés sur quelques étagères)
— Dans ce bureau, nous travaillons uniquement sur photos numériques. Dès que vous avez opté pour un pré-choix de quelques spécimens, nous vous proposons des vidéos.
— C’est très sérieux tout ça !
— Monsieur, c’est la moindre des choses, c’est un achat important.
— Les vidéos, c’est une bonne idée. Je songeais…
— Oui ?
— Lorsque l’achat est effectué, un retour est-il possible ?
— Vous avez un délai de retour. Pour le moment le délai est de quinze jours.
— Quinze jours, c’est parfait. Ça me donnera le temps d’apprécier si ça convient ou pas.
— En effet, quinze jours permettent de constater si par exemple vous supporterez les odeurs ou les cris ou une autre digression du comportement du spécimen choisi. Il existe tellement de modèles.
— Oui, c’est fou les modèles que vous proposez, on n’imaginait pas !
— Tout cela reste mystérieux. Si vous n’aviez pas de propre spécimen au sein de votre famille, vous ne pouviez pas imaginer, en effet.
— Je suis orphelin.
— Parfait ! Quelle expérience pour vous, cet achat ! Une chance réelle !
— Je l’espère.
— Dites-moi, vous avez d’autres questions avant de visionner les pages du catalogue ?
— Ah ! le nerf de la guerre…Le prix ! Je suppose que cela dépendra du spécimen que j’aurai choisi ? C’est un peu le même scénario que pour l’achat d’une voiture, n’est-ce pas ?
— Oui, exactement. Une vieille occasion avec cent mille kilomètres au compteur vous coûtera moins cher qu’un modèle plus récent.
— La logique reste la même !
— Vous avez tout compris. D’autres questions peut-être ?
— Lorsque le contrat d’achat est signé, y a-t-il un délai de réception du produit ?
— Là aussi, tout dépend du modèle que vous choisirez. Certains spécimens ne se trouvent pas dans notre entrepôt, nous avons des succursales dans toutes les villes de Belgique. Si le modèle que vous désirez se trouve chez nous, il vous sera livré dans les vingt quatre heures. Dans le cas contraire, un délai de deux ou trois jours sera nécessaire, sans plus.
— Vous livrez vous-même, c’est parfait dit Max d’un air soulagé.
— Oui, nous avions reçu quelques plaintes lorsque l’acheteur transportait lui-même la marchandise et dès lors nous avons préféré livrer nous-mêmes.
— Des plaintes ?
— Oui, un acheteur peu habitué ne prévoit pas de protéger les sièges de sa voiture, par exemple…
— Oui, bien sûr. Dites-moi, tous les modèles ne fuitent pas ?
— Certains spécimens sont continents à cent pour cent.
— Et si j’achète un modèle continent et qu’il devient incontinent ?
— Ah ça, c’est indépendant de notre volonté…
— Un remboursement ne serait-il pas possible ?
— Monsieur, permettez-moi de vous dire que lorsque vous achetez un chiot et que celui-ci éternue le lendemain et meurt le surlendemain, il n’existe encore aucun recours.
— Oui, suis-je bête …
— D’autres questions, monsieur ?
— Non, vous pouvez me présenter votre catalogue.
— Allons-y alors. Commençons par les spécimens disponibles dans notre entrepôt, dit le vendeur, sourire aux lèvres. Et il poursuit…
Nous avons ici en première page Églantine, 89 ans, continente, possède un vocabulaire assez large, lit des revues féminines et de mode voire même des BD, elle aime la télévision, marche d’un bon pas dans la maison mais a besoin d’un déambulateur muni de quatre roues lorsqu’elle circule à l’extérieur. Églantine oublie de boire. Attention, bien l’hydrater car Églantine aurait donc tendance à souffrir d’infections urinaires.
Je continue…. Arthur, 72 ans, hémiplégique, incontinent, ne circule qu’en chaise roulante. Tendance à la dénutrition. Bien respecter dernière prescription médicale : trois cuillères à soupe de protéines par jour, des cuillères pleines à ras bord, c’est précisé dans le dossier, c’est important ça, des cuillères pleines à ras bord !
— Ne cherchons pas plus loin, cette Églantine me conviendra très bien. La livraison est-elle possible ce jour ?
Après SERIAL, thriller érotique/horrifique de Christophe Sambre, me voici avec L’ASTRONAUTE, conte philosophique de Séverine Baaziz.
Grand écart réalisé avec facilité malgré mon âge certain.
Evoluant dans et pour les banques luxembourgeoises, il me semble que ces deux auteur.e.s ont dû trouver l’antidote au poison des chiffres… les lettres.
Disons-le tout de go : Séverine sait écrire, c’est-à-dire qu’elle sait penser et trouver le mot. Juste et simple. Son regard distancié mâtiné d’un trait d’esprit séduit immanquablement le lecteur. Talent qui lui semble être aussi naturel à l’écrit qu’à l’oral.
Son personnage principal, l’astronaute Michel Bracowski, brave gars qui s’est toujours laissé ballotter dans la vie en attendant que les choses se passent, se retrouve propulsé dans un autre monde, loin de sa femme qui l’a rejeté et qu’il continue d’aduler et de pleurer.
Fort heureusement, ce nouveau monde ressemble à l’Eden : aucune pollution. Aucune maladie. Aucun déchet. De l’Immaculé partout.
Et… En prime, on lui offre des femmes toutes plus belles les unes que les autres avec pour mission de les engrosser car dans ce meilleur des mondes, les hommes d’une laideur repoussante ne pensant qu’à manger, à se goinfrer, à se bâfrer … sont tous stériles.
Que les lecteurs et lectrices lubriques s’éloignent.
Et que s’approchent tous ceux et celles pour qui la pensée réside au-dessus de la ceinture. Tous ceux et celles qui ont aimé « La Métamorphose » de Kafka, « Rhinocéros » de Ionesco, « La planète des singes » de Pierre Boulle, « La Servante écarlate » de Margaret Atwood, « Soleil vert » le film de Richard Fleischer, « Candide » de Voltaire et la philosophie de Leibniz pour qui la question du mal restait incompréhensible.
Car tout y est. Et… Ne vous inquiétez pas si par anamorphose, des images de têtards, grenouilles, crapauds, envahissent votre cerveau.
Oui. Lisez le conte philosophique, L’ASTRONAUTE. Et commencez par l’épigraphe qui donne l’état d’esprit de Séverine au moment de l’écriture :« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » Martin Luther King.
Carine-Laure, Aura 103 vient de sortir. Avec un thème spécifique, comme d’habitude ?
Oui, on attend cette revue éditée par le Cercle Littéraire Hainuyer Clair de Luth avec impatience. À chaque fois, il y a un thème différent. Pour ce trimestre, il fallait composer avec le thème Fusion / Confusion.
Ce sont des textes poétiques ?
Le comité reste ouvert à tous les genres littéraires. Pour ma part et je le dis à chaque fois, c’est l’occasion de me frotter à des styles que je n’aborde pas habituellement, je m’essaie, je tâtonne. Cette revue est un petit laboratoire fabuleux. Il y a des textes théâtraux, de la poésie en prose ou en vers. Et c’est très beau, toute cette diversité.
Le titre de ton texte : Mariage inattendu. Je parcours cette histoire et dis-moi, Carine-Laure, tu fumes quoi, toi ?
N’est-ce pas ? Et pour le fun, voici un extrait :
…Se marier, se marier, faut pas déconner, Faby, a rétorqué Cris, hilare et fier de son professionnalisme. Disons que c’était factice, il n’y avait pas de prêtre ni aucune autorité communale. Cette fois, c’était comme un brouillon. La semaine prochaine, ce sera plus officiel. Et pour l’occasion, monsieur Félix choisira…
Ah, Carine-Laure, tu ne nous épargnes rien, je viens de lire le texte en entier. Comment oses-tu ? Mais comment donc oses-tu ?
Evolution ?
Si tu le dis…Je vois que la revue comprend une quarantaine de textes. Et pas mal de noms connus, comme toujours. Christian Nerdal, Thierry Thirionet (à qui l’on doit aussi les très belles couvertures de la revue), Gisèle Hanneuse, Laurence Amaury, Martine Rouhart, Serge Guérit, Isabelle Deliener, Marie-Claire Georges, etc. J’ajoute que pour ceux qui seraient intéressés par la revue Aura, il suffit de contacter la présidente du Cercle Clair de Luth, Gisèle Hanneuse à cette adresse : hangi91521@hotmail.com
Carine-Laure, très occupée en ce moment ?
Ce mois-ci sortira un opuscule aux éditions Lamiroy, un livre collectif. Un de mes textes fera partie de l’aventure. Je parle de tout ça très bientôt. Voici le lien :
Lorsqu'un secret de famille éclate au grand jour, c'est toute sa structure qui s'en trouve modifiée. Dans ce roman bouleversant, il est question de famille, certes, mais aussi d'amour. De beaucoup d'amour. D'un amour aussi fort que dévastateur parfois.
Tout y est : le passé, le présent, l'avenir, la peine, la joie, l'horreur et le poids des non-dits.
Le lecteur est tenu en haleine jusqu'au dénouement final.
Une réelle découverte des méandres de la vie, de ses combats et de ses espoirs.
Premier roman pour une auteure bien sympathique. (C'était ma voisine de dédicaces à Mons Livre ;) ).
Un roma qui reprend les codes des relations familiales classiques, tantôt le conflit, tantôt l'amour ou la jalouse entre deux soeurs que tout oppose.
Et personnellement, j'ai eu tendance à davantage m'attacher à Emma plutôt qu'à Marie.
L'écriture est douce et fluide, les pages se tournent facilement puisqu'on a envie d'avancer et d'en savoir plus.
On sent que l'auteur a travaillé son texte.
Je ne lui jette pas de fleurs uniquement parce qu'on a le même éditeur ! En effet, ce livre m'a permis de passer un agréable moment lecture et je ne peux qu'essayer de vous convaincre de le lire.
Ce fut pour moi une belle découverte lecture 2019.(et un bon souvenir de Mons Livre)
Centuries est une invite poétique au voyage, à travers les temps longs de l’Histoire du monde et des civilisations.
L’auteur nous y conte sa propre légende des siècles, les guerres et le fracas des armes qui forgèrent les femmes et les hommes de toutes conditions, leurs destins fulgurants comme leurs gloires éphémères ! Au détour de ses alexandrins, il nous transporte aussi bien sur les champs de batailles qu’au creux des bras fantasmés des muses…
Merci aux Editions Chloé des Lys pour le SP
Chroniquer de la poésie n'est pas toujours simple, même si j'en ai écrit...
Ici, on voyage dans l'Histoire au travers des mots de l'auteur.
On sent qu'il aime l'Histoire tout comme les mots.
donc, amateurs d'Histoire et de poésie... foncez !
Un jour, quand cesse enfin le chahut du monde, les yeux se ferment pour de bon sur ce qu’on a omis de raconter, décor discret de la vie, lieux ne servant à aucune géographie, si ce n’est celle de ces bribes si fragiles qui tel jour, telle nuit, s’attachèrent au présent, avant de s’envoler.
Merci à la maison d'édition Chloé des Lys pour ce SP.
Comme à chaque fois, il m'est difficile de chroniquer de la poésie tant c'est subjectif. Toutefois, j'ai eu un coup de coeur pour ce livre.
Parmi tous les textes, j'ai une grande préférence pour"La corde"(page 11).
La couverture blanche est sobre et rentre parfaitement en résonance avec le titre.
J'ai apprécié ma lecture (rapide) tout en douceur.
Si vous aimez la poésie, je vous conseille ce recueil.
Un grand merci à Marcelle Pâques pour sa gentillesse et pour le temps qu'elle m'a accordé pendant le salon!
Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire?
J'écris depuis longtemps. J'ai écrit des contes pour enfant. Notamment "Billy" qui était le nom de l'ours en peluche de mon fils, et j'ai fini par mettre par écrit les histoires que je lui racontais.
J'ai ensuite participé à des concours, j'ai gagné la médaille d'or au concours de poésies de la ville de Charleroi.
Et je cherchais une maison d'édition à compte d'éditeur.
Mon recueil de poèmes "Bientôt les Jonquilles", je l'ai écrit en hiver, en regardant par la fenêtre, et comme je suis une optimiste dans l'âme, je me suis dit que le printemps serait bientôt de retour, et les jonquilles aussi. Il a été publié en 2012 et comme j'ai reçu de bonnes critiques, j'ai eu envie d'en écrire un deuxième, et voilà qu'est arrivé "Pourquoi pas?"
Avez-vous des habitudes particulières pour écrire?
J'écris souvent le soir, dans le calme.
Votre vision du futur en tant qu'auteur?
J'ai un troisième livre fini et qui attend de sortir.
Coté lecture, quels sont les livres qui vous ont marqué? Que vous avez aimé? Et que vous recommandez?
Le petit prince.
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
Déluge et Embellie de Nathalie Wargnies
La petite dame en son jardin de Bruges de Charles Bertin.
Un mot sur votre Mon's Livre?
C'est convivial, et on a un bon contact, malheureusement les gens s'arrêtent peu.
A travers ses mots, Marcelle Pâques nous fait comprendre que le plus important, c'est la vie et l'amour...
Tout en bienveillance, ses mots nous enveloppent dans une douce tendresse pour faire passer un message tellement vrai...VIVRE C'EST S'ACCEPTER ET S'AIMER...