Un troisième roman pour Pascale Gillet-B publié aux Éditions Chloé des Lys, comme ses deux premiers ouvrages. La couverture de ce livre de 135 pages est belle dans sa sobriété et également accrocheuse car un Bic parmi des pierres, késako?
C’est une belle histoire d'amitié, d'entraide, de fraternité et d’humanité entre personnes de continents différents. Je vous entends déjà lancer, Ah une histoire de Bisounours alors ...
Dans Le Bic et les pierres, il y a des descriptions de situations poignantes, croyez-moi. Et c’est surtout cet aspect-là du roman que j’ai beaucoup aimé. Bien sûr, c’est avant tout le récit d’une amitié entre Lucien, jeune Africain âgé de cinq ou six ans au début de l’histoire, et de Clara, une adulte qui se rend régulièrement en Afrique. Clara fait partie d'un groupe d’Européens qui aide le village africain où habitent Lucien, sa maman Léone et son petit frère Justin.
Ce qui m'a le plus touchée, c'est d’apprendre comment vivent ces enfants. Ils sont souvent livrés à eux-mêmes et ce sont les villageois plus âgés qui surveillent les enfants. Petit, Lucien ne va pas à l'école et sa maman ne peut ni lire ni écrire. Celle-ci travaille dans les bois et les champs et payer la scolarité de ses enfants est pour elle impossible. Quand le père revient au village, c'est pour voler sa famille. Page 12, premier épisode poignant : ... Lucien suivait des yeux, enchanté, l'objet léger qu'une des nouvelles venues (Clara) tenait dans la main et qui courait sur la page d'un cahier. Entre ses doigts, il semblait glisser librement sur le papier. Elle le tenait avec grâce, avec une aisance qui le ravissait et qu'il n'avait jamais pu observer … Dans l'instant même, sans explication, Lucien voulut tenir ce frêle bout de plastique -c'était un Bic-, et ressentir le plaisir de l'utiliser. À quoi aurait-il pu lui servir? Il ne le savait pas et peu lui importait. La première conquête serait de tenir cet objet gracile contre son corps, entre ses doigts …
Pendant la saison sèche c'est le problème de l'eau. La poussière colle à la peau et aux cheveux des enfants et seule une eau fraîche peut débarbouiller les enfants, nous explique l’auteur. Page 17: … à l'époque il était le plus jeune parmi les enfants. Vu sa légèreté et sa souplesse, c'était surtout autour de sa taille que les grands attachaient une corde effilochée de sorte qu'on pouvait le laisser glisser au fond d'une profonde cuve qui récoltait l'eau d'une source. Après, ils remontaient Lucien sans difficulté tandis qu'il tenait entre les mains un récipient débordant.... Bien sûr, il arrivait souvent que l'eau s'échappe du flacon ...
Un jour, lors d'une discussion entre Européens au sujet de la logistique par rapport au matériel médical, technique, le Bic glissa des mains de Clara. Lucien le ramassa et le serra dans sa main. Page 21 : … la femme remarqua l'expression rayonnante de son visage. Elle se tut et fixa son Bic dans la main de l'enfant … C'est à ce moment-là que la connexion est née entre Lucien et Clara, connexion qui ne fléchira plus jamais.
On suit alors Lucien dans la vie de son village. C'est un garçon déterminé qui aime aider sa famille. Il taille des brindilles avec un galet aiguisé. Lorsque son père meurt il peut aller à l’école et il apprend alors à lire et écrire à sa maman. Tout le passionne. Chaque année les Européens reviennent avec chaque fois des nouveaux projets et surtout des actes qui se réalisent. Le petit Justin meurt, la pharmacopée africaine n'a pas suffi. Au fil des ans Lucien devient ouvrier qualifié, il sculpte la pierre, il s’instruit et peut échanger des mails avec Clara.
Par un concours de circonstances que vous découvrirez à la lecture de ce livre Lucien débarque en Europe et une toute nouvelle vie commence pour lui tant au niveau professionnel et artistique que sentimental.
Dans ce commentaire de lecture j’ai volontairement axé mon ressenti sur la vie de Lucien et de son évolution. Mais d’autres personnages gravitent autour de lui. Bien sûr il y a Clara et son amie Jeanne, les filles de Jeanne, Virgile (le nouveau compagnon de la maman de Lucien), etc.
Une lecture que je vous conseille donc, un livre indispensable pour quiconque désire mieux comprendre le vécu d’un enfant africain dans son village de naissance.
Ce livre suit Guillaume, un homme encore jeune qui sort de prison. Pour aller vers l’avenir, il lui faut oser regarder derrière lui. C’est un récit de repentance, de souffrances vécues et infligées, de lente guérison, d’un pardon hésitant.
A sa sortie de prison, il ne sait comment retourner aux siens. Qui est-il, qui fut-il, qui peut-il encore être pour s’assurer de ne plus faire de mal ? Une première tragédie dans sa vie l’a rempli de colère, d’une souffrance si aiguë qu’il a cherché à s’en guérir en la jetant sur les autres, jusqu’à la seconde tragédie, celle qui l’a conduit en prison.
Il ne sait comment revenir aux siens, alors il erre. Une femme l’accueille, lui offre chaleur, silence et refuge. Jusqu’au moment où il se sent prêt à reprendre la route, qui est plus près de la source de tout : le village, la maison, la famille, les siens, sa vie d’avant.
Les êtres chers l’entourent, l’aident, le reçoivent avec amour et patience, même s’ils réalisent qu’il n’est jamais vraiment seul dans sa tête. En effet, alors qu’il restaure la vieille maison familiale pour y vivre, d’étranges présences l’interpellent régulièrement. Sans parler de Vieux Joseph… La rencontre avec une autre femme singulière l’effraie tout d’abord, on la dit sorcière, on la dit bizarre, on la craint. Elle surgit, l’observe, et l’apprivoise. Et, avec l’aide de tout l’amour des siens, lui indique la voie de la rédemption, du futur. Les statues.
Ce récit m’a captivée dès le début, et m’a tenue ainsi jusqu’à la dernière page. Les dialogues sont réalistes et vivants, et on ressent beaucoup d’amour en toutes choses : les adultes, les enfants, la maison, la campagne, Vieux Joseph, le travail, les parents affectueux et confiants, la persévérance. Guillaume en arrive à ne pas reconnaître celui qu’on lui affirme avoir été, ce garçon plein de fureur, alors que son retour aux sources lui restitue sa propre identité et que les étranges présences lui soufflent l’apaisement.
J’ai lu Malfarat de Christine Brunet – Edmée De Xhavée
Eh bien, il s’agit de 423 pages truffées de rebondissements, mystères, moments délicats (y-compris ceux de l’amour, ses doutes et ses surprises), personnages hors du commun, et une enquête à bout de souffle.
Point de vue style narratif, on est dans le détaillé, le souci de véracité et vraisemblance, les dialogues concrets et changeants selon qui s’exprime, des descriptions de lieux, acteurs et ambiances qui font voyager le lecteur de page en page comme dans un film, tant c’est visuel.
Quant à l’histoire, elle commence loin dans le temps, dans une année 1943 provençale. Un étrange ordre de mission, la Résistance, la Gestapo, des collaborateurs, des tableaux dérobés à l’Italie, un chef de mission dénoncé puis exécuté. Des années plus tard, de nombreuses disparitions de jeunes filles se succèdent depuis longtemps déjà. Jusqu’au jour où on s’en prend aussi à deux adolescentes de la belle société, ce qui éveille une toute nouvelle attention. Une des demandes de rançon est tellement élevée que c’est là qu’un des tableaux volés fait sa réapparition, sa valeur devant assurer la libération de la victime.
Une équipe policière – plutôt particulière – enquête, avec, dans l’ombre, une équipe parallèle composée de personnages bien campés aux passés et méthodes très singuliers. Parmi eux, la légiste Gwen Saint-Cyrq, l’attrayante et audacieuse création féminine de l’auteur, que l’on a déjà rencontrée dans d’autres ouvrages.
Pas d’inquiétude si c’est la première rencontre avec Gwen car lorsque le passé pointe son nez, une courte explication efface les points d’interrogation éventuels.
Gwen se sent immédiatement « happée » par l’enquête car son amie Nina, marginale et un peu brebis égarée, est enlevée elle aussi. Avec son partenaire Mortimer, elle remonte la piste qui n’est pas sans dangers, que ce soit par les représentants de certains groupes sociaux, mais aussi parce que tout ce beau monde est armé et sur les dents. C’est ainsi que l’on traverse les milieux de la drogue, de la prostitution, d’une certaine haute société, d’une association très intrigante.
Et, au centre et autour de tout ça, revient toujours le manoir de Malfarat, qui existe vraiment mais a un passé plus innocent et paisible sans doute.
J’ai passé des soirées haletantes en compagnie de cet ouvrage touffu, très animé et qui joint l’aventure à la belle écriture. Un grand plaisir.