« Ce haiku est un classique du genre. L’auteur sait se soustraire devant les lois de la nature et ouvre ainsi l’espace au logos : l’Intelligence cosmique invoque le vivant, l’Etre des choses fourmille dans le murmure des mots à naitre. » (Alain Walter, Ploc ! la revue du haïku)
BIOGRAPHIE
Valère Kaletka, né en 1968, domicilié à Strasbourg. Depuis 2016, il a été publié en tant que poète, haijin ou nouvelliste dans une soixantaine de revues papier - dont Ancrage (Can), Caractère (Can), Catarrhe (Bel), Décharge, Diérèse, Festival Permanent des Mots, Haïku Canada Review (Can), La femelle du requin, La Piscine, Le paresseux littéraire, Les Hommes Sans Epaules, Les Impromptus, Nouveaux délits, Revue Alsacienne de Littérature, Revue du Tanka Francophone (Can), Rivalités (Can), Rrose Sélavy, Souffles, Spered Gouez, Traversées (Bel) – ou numériques : Le capital des mots, Le lampadaire, Lichen, Ornata, Post, Recours au poème…
Publications en recueils :
Le Baiser du poisson, suivi de Par-dessus mon épaule (Vibration Editions, 2022)
Quinquagenèse(Vibration Editions, 2018) – l’un des 9 recueils de poésie sélectionnés par la SGDL dans le cadre de son prix « Révélations 2019 »
Trilles et pépiements(éditions Chloé des Lys, 2018)
Ouvrages collectifs, anthologies :
Un rêve, 2019, éditions de l’Aigrette
L’encyclopédie improbable, vol. 1 à 4, 2018, éditions Jacques Flament
Résonances/2, 2018, éditions Jacques Flament
Océans de demain, 2018, éditions des Embruns
Epaves & Naufrages : chant choral, 2017, éditions des Embruns
RESUME :
Trilles et pépiements relève d’un exercice d’écriture quasi automatique sur une période imposée de trente jours. Laissés dans l’ordre chronologique du jaillissement, très peu retouchés, ces 120 haïkus et tercets reflètent le cheminement labile de l’âme d’un individu lambda. Autrement dit : le joyeux bazar protéiforme, entre grandeurs et petitesses, que nous avons pour la plupart dans nos têtes : le beau et le laid, le dévot et l’iconoclaste, le sage et l’audacieux. Cette volée de trilles et pépiements portera vos pas sur le boulevard familier des innombrables paradoxes qui font et défont l’être humain.
Papillonnant de style en style, Chloé Derasse poursuit sa route sur le chemin de l’écriture. De textes courts en nouvelles, de poésies en romans, elle ne dépose sa plume que le temps d’attraper un livre, ou un audiolivre. Elle ne dessine plus de soleils et de dauphins mais rêve toujours de bateaux, d’océans et de voyages. Chloé Derasse vit à Bruxelles depuis plus de dix ans mais qu’on ne s’y trompe pas : ses origines sont tournaisiennes ! Ce second roman en est une belle illustration. Laissez-vous emmener le temps d’un voyage à bord d’un train, et prenez « Place au Hasard » !
RESUME :
Une histoire de voyage, à la fin incertaine.
Une histoire de rencontres, une histoire de train, aussi.
Une histoire de gens qui partent, et d’autres qui reviennent.
Une histoire banale en soi, l’histoire de nos vies…
Amoureux des lettres et de leur force de frappe quand elles sont prononcées, Patrick Benoit dénonce les muettes qu’il sonorise discrètement comme un jeu non verbal. L’écriture est un chuchotement qu’il trace sans y penser.
Enseignant dans quelques heures, consultant en marketing durant les autres, auteur tôt le matin de nuit comme de jour et fondateur de l’ASBL Ferm)à(culture, chez lui, où il organise concerts, théâtre et des rencontres littéraires ou autres (www.fermaculture.info).
Antérieurement :
Je, tu, il., Chloé des Lys Editions, 2011
Journal Intime, Edition unique sur Facebook, 2013
L’Amour au Pouce, La Bague au Doigt, Chloé des Lys Editions, 2016
Le Sac des Filles, Chloé des Lys Editions, 2020
Résumé
Je me prononce ou je me tais ? Tout est dit sans oser le raconter. Je suis e, sans y être car avec ou sans accent, avec ou sans enfant(s) ? Dans le formulaire, merci de bien vouloir cocher « homme », « femme » ou ? La e muette est l’histoire des non genrée-s, à travers les âges et à travers les styles : poèmes, lettres, fables, théâtre. C’est un nouveau genre, le roman d’essai.
Extrait
Je me prononce ou je me tais ?
À voix haute, elle est seulette la e muette. Souvent embrassée par des consonnes, elle est écrasée par des sons qui claquent comme des sabots sur des pavés. Tellement courante et fuyante, elle est malmenée de soupir en soupir.
Pour être reconnue, elle se coiffe d’accents et de chapeau. Circonflexe pour défendre sa cause, aigu pour monter son timbre féminin et grave pour dénoncer sa condition.
Une révolution s’impose à elle car elle veut effacer son silence, et imposer sa légitimité en Ile. Il sans elle est une île déserte, et le désert se confond avec une oasis pleine de graines de sable.
Si le e muet ne compte pas en fin de mot, il va sans dire combien la e muette a son mot à dire dans le pays des dunes qui forment ses frontières. Ouvertes, elles ne craignent pas les va-et-vient des masculins. Les e muettes l’affirment : dans un métrage poétique, elles se prononcent toujours si elles sont suivies par une consonne.
Voici l’histoire d’une prosodie à rebondissements…
— Mais pourquoi vous me dévoilez votre secret ? Pourquoi à moi ?
— On a tous besoin un jour ou l’autre de partager nos terribles secrets, même les vieilles sorcières.
— Vous savez, moi, je le trouve extraordinaire votre pouvoir. Je paierais beaucoup ... enfin ... ce que je pourrais, pour posséder un don comme le vôtre. Lire dans les pensées des élèves de ma classe ! Vous vous rendez compte ! Je pourrais savoir tout ce qu’ils pensent de moi. Et même dans la tête de Benoît, je pourrais tout lire.
— Un don ne se vend pas. Il s'offre.
— Je comprends.
— Et c’est à toi que je vais le donner.
— À moi ? Mais pourquoi à moi ? Vous ne me connaissez pas.
— Il y a quelques mois, j’ai fait un songe : je t’ai vue, toi, petite et fragile, t’approchant de moi. Tes mains se tendaient comme pour me demander de l’aide. Ton visage était flou, je ne distinguais pas tes traits mais je voyais parfaitement ta silhouette et je t’ai entendue me dire : Je suis Cornélia.
Résumé
Cornélia est un roman d'aventure pour enfants qui raconte les péripéties et malheurs d'une jeune fille de treize ans, immature et mal dans sa peau qui, au collège, subit le harcèlement d’un groupe. De façon inattendue, elle acquiert un don qui ne l'aide pas idéalement comme elle l'attendait. Du jour au lendemain, elle a l'opportunité de lire dans la tête des autres. Un voyage dans un monde inconnu qui lui donne accès à de précieuses informations. Ce don de "voyance" lui permet de savoir enfin ce que les autres pensent d'elle, pensent vraiment d'elle. Question essentielle et dans laquelle chacun peut se reconnaître. Ces allers-retours dans une autre dimension l’enchantent.
Son pouvoir va cependant devenir rapidement insoutenable. Elle part alors à la recherche de la voyante qui le lui a transmis afin que cette dernière l'en débarrasse.
Le parcours initiatique de l'adolescente s'associe à des enquêtes de différents niveaux : enquête sur soi, enquête sur les autres et enfin enquête sur la famille de la vieille femme qui lui a fait cadeau de ce pouvoir avant de lui interdire de la revoir.
Au cours du roman, de plus en plus décontenancée par ce nouveau positionnement, la jeune fille oscille entre le dit et le non-dit.
Au fil du désenchantement et des rencontres, Cornélia va dépasser la simple curiosité pour accéder à plus de lucidité et de maturité. À travers ses mésaventures et de nombreux rebondissements dans un univers mi réel mi fantastique, elle apprend à se connaître et à s'accepter telle qu'elle est. Elle redécouvre également son environnement familial et scolaire sur lesquels elle va porter un regard neuf.
Biographie
L’auteure écrit des nouvelles, des romans pour adultes, pour adolescents. Elle a un univers très varié avec plusieurs fils rouges, de menus fils conducteurs qui la guident : des récits d'apprentissage où l'on devient plus fort à la suite d'épreuves, où l'authenticité de l'être émerge en découvrant l'essence de l'existence après avoir couru des chimères.
Au cœur de ses livres, une pensée de Nietzsche "Deviens ce que tu es".
Elle est membre des Romanciers Nantais, association d’écrivains.
Liens vers des réseaux sociaux relatifs à son activité d’auteure, service de presse, chronique, podcast…
Mars 2019 : auto édition de « Un Hiver en EHPAD », recueil de Nouvelles. Amazon
Octobre 2019 : « Disparitions. » Roman Littérature jeunesse. Publié aux Éditions Nouvelle Bibliothèque ; réédition en octobre 2021 chez Lacoursière éditions, Québec, Canada.
Mars 2022 : « Cornélia, » littérature jeunesse, fantastique. Publié aux éditions Chloé des lys, Belgique. « Cornélia ».
« Naoned 2084 », roman d’anticipation, dont l’écologie est au cœur de l’histoire, littérature adulte. « Naoned 2084 » sera publiéen avril 2022 aux Éditions Lacoursière, Québec.
La suite de « Disparitions » est en projet, et sera publiée aux éditions Lacoursière, Québec.
« Mila », titre provisoire, est en cours de finalisation. Roman pour adultes, roman psychologique et policier.
Participation au nouveau recueil collectif de Nouvelles des Romanciers Nantais. Parution fin 2022 aux Éditions P’tit Louis, Rennes.
Valérie Winnykamien vous présente son 2ème roman, « Requiem pour un monstre » aux Editions Chloé des Lys. Ce court roman de 188 pages, genre thriller/psy, montre plusieurs facettes d’un monstre déguisé en fleur. Bon amusement dans cette lecture, parfois rigolote, telle un bon pamphlet, à prendre souvent au 2ème degré.
Biographie :
Valérie, née le 20 novembre 1965, est belge et habite Limal en Brabant Wallon. Elle écrit et dessine depuis qu’elle sait tenir un crayon. Elle est également auteur d’un premier roman « Louise et les méandres de la vie » aux éditions Jets d’Encre en 2021. Mais aussi auteur de textes/chansons, écrits en 2002, pour « l’Opéra de la Lune » de Jacques Prévert qui se rejouera les 22 et 23 avril 2022, à la Ferme du Biéreau à Louvain la Neuve. Auteur de poésies, romans et textes Valérie adore écrire et elle continue à dessiner, pour elle aujourd’hui, après avoir tenu un atelier de cours de dessin jusqu’en avril 2021.
Extrait :
" Il est dix-neuf heures, les amis arrivent. C'est la première fois qu'ils sont réunis tous ensemble chez le nouveau couple que forment Emile et Nathalie. Tout ce beau monde est heureux, bien qu'un peu emprunté au début.
Certains des plus intimes de Nathalie, discutent avec les enfants d'autres font connaissance avec Emile. Ceux qui ne connaissaient pas Nathalie sont subjugués par sa beauté, sa gentillesse et sa façon de les recevoir, ils ne tarderont pas à se rendre compte que Nathalie peut être un sacré boute en train avec son humour et ses grimaces qui font hurler de rire. Emile aime parler affaire et la plupart des messieurs sont sous le charme, ça a tout l'air d'être un expert en la matière. A table, les conversations finissent par tourner principalement autour de la situation fortunée ou non des uns et des autres. Parfois une parenthèse un peu plus amusante est donnée à ces dames qui sont, elles aussi sous le charme d'Emile, qui ponctue chaque phrase adressée à l'une d'elles, d'un compliment égrillard qui fait rire les messieurs et glousser les dames.
La musique se fait plus forte, tout le monde commence à se trémousser sur sa chaise. Le dîner était délicieux et animé. La bonne ambiance et le bon vin, ont rosi les joues et fait briller les yeux des convives. Les hommes se montrent charmeurs et invitent leur partenaire à danser.
Nathalie est dans la cuisine, elle a ramené la dernière pile d'assiettes et s'active à faire un peu de rangement. Emile, tout sourire, ayant déjà fait danser une invitée, attrape la main de Sophie et l'emmène sur la piste.
Michaël Zoïna est né en 1972 d'une mère flamande et d'un père italien. Enfant, ses deux grandes passions sont le football et la lecture. À l'adolescence, son goût pour la musique remplace celui pour le ballon rond. A la même époque, il devient animateur de groupes de jeunes.
Actuellement il vit à Tournai et enseigne les mathématiques.
Ses autres ouvrages (« À la lisière des nébuleuses », « Derrière le silence », « Sans détour », « Du feu et de la nuit », « Plus que des mots », « Gaspard et Léa » et « Les statuettes ») sont publiés par Chloé des Lys.
Résumé
Plus qu’un carnet de souvenirs, Dans mon kiosque est une invitation à entrer dans l’intimité de l’auteur.
Extrait
{ Frédérique }
La première que j’ai aimée.
Je la croisais dans les couloirs de l’école ou dans la cour, elle était vêtue le plus souvent d’un perfecto, d’un jean’s troué au genou droit et d’un T-shirt gris qui mettait sa poitrine en valeur. Elle marchait avec une décontraction que je n’avais pas. Elle était belle. Trop pour que je puisse espérer l’embrasser.
On ne se parlait pas, on n’avait aucune connaissance en commun. J’ignorais son prénom. Tout ce que je savais, c’était qu’elle était en section artistique. Je pensais que nous n’avions aucun point commun. Jusqu’à ce qu’un soir, à Forest-National, on tombe nez à nez au milieu de huit mille fans de Renaud.
Quand je l’ai croisée à l’école le lendemain, je lui ai fait la bise.
Le 5 mai, soit quelques semaines après le concert de Renaud, nous sommes allés voir Niagara au théâtre de La Louvière. Avec nous, deux amis à elle, en couple grâce à une petite annonce dans un magazine.
Après le concert, on a bu un verre tous les quatre dans un bistro « de vieux ». Quand les deux filles se sont absentées pour un tour aux toilettes, le mec de la copine m’a dit :
— Qu’est-ce que t’attends pour Fred ?
— Je ne crois pas que…
— Arrête !
— Tu penses qu’elle accepterait ?
— J’en mettrais ma main à couper.
Je ne revois plus la scène de notre premier baiser.
En revanche, je me rappelle très bien ces matins ensoleillés de mai et juin.
Je quittais la maison de la rue Faignart le sourire aux lèvres et rejoignais Frédérique dix minutes plus tard devant Disco J. D’abord un bisou sur la bouche et après le départ de ses potes, on s’asseyait sur la pierre bleue à l’entrée du disquaire et on « dégustait », comme elle disait.
Puis, on descendait la rue Hamoir bras dessus bras dessous pour rejoindre l’école.
On était heureux. En tout cas, je l’étais comme je ne l’avais jamais été. C’est merveilleux d’être un adolescent amoureux.
Je la revois, assise à même le sol du couloir, après mon oral de math. Elle m’attendait.
Je la réentends me dire : « Quand ils passent Les flammes de l’enfer à la radio, je monte le son. » C’était le single de Niagara en cette fin d’année scolaire.
Je réentends ma cousine Vanessa :
— J’ai croisé Frédérique l’autre jour. Elle m’a dit : « Quand je regarde ton cousin dans les yeux, je vois la mer. »
Je me souviens qu’elle adorait Goldman et que c’est pour ça que j’ai commencé à l’écouter. Doux était notre chanson. Je serai doux / Comme un bisou voyou / Dans le cou.
Je me rappelle le nom du parfum qu’elle portait : Loulou.
Début juillet, elle est partie en vacances avec ses parents à St-Idesbald. De mon côté, j’ai accompagné les miens en Italie. Ça serait long mais à notre retour, on aurait encore un mois de vacances devant nous. D’ailleurs, j’avais déjà nos deux places pour le concert de Simple Minds à Forest. Et puis, sans doute ferait-on l’amour. Notre première fois à tous les deux.
Pour des raisons que je n’ai pas envie d’étaler, je suis revenu plus tôt d’Italie. Le lendemain du retour en Belgique, j’ai pris le train en direction de la côte. J’avais plus que jamais besoin de la voir.
À Ostende, j’ai dû emprunter le tram. Direction Coxyde où elle avait l’habitude de voir ses copains.
J’étais nerveux. Les arrêts fréquents du véhicule amplifiaient mon état. D’ailleurs, je suis descendu plus tôt : je préférais marcher. La digue de Coxyde n’est pas très longue et je n’étais pas à cinq minutes près.
Je suis entré dans le luna-park. Elle était dans le fond à gauche, face à l’écran d’un jeu d’arcade. À ses côtés, un petit groupe de filles et de garçons dont un punk à la crête impressionnante. Ignorant ce petit monde, je suis allé me planter derrière elle et lui ai bouché la vue avec les mains.
— Devine qui c’est ?
Dès qu’elle s’est retournée, je l’ai embrassée. D’abord, j’ai senti une réticence. Puis, Frédérique s’est écartée de moi. Son visage, ce visage chéri, n’avait rien de souriant.
— Viens, on va dehors, m’a-t-elle dit.
Je l’ai suivie. Je ne comprenais rien.
Elle s’est assise sur un muret et a baissé les yeux.
— Tu as vu le mec qui était à côté de moi ?
— Oui... Fred, qu’est-ce qui… ?!
— Je sors avec.
Il crut qu’il n’y avait plus rien à ajouter. Il se leva, puis ressentit pour la première fois de sa vie une immense fatigue, un de ces engourdissements qui rétrécissent l’espérance.
C’est dans Océans, le magnifique roman d’Yves Simon.
Le soir, dans ma chambre, j’ai écrit ma dernière lettre à Frédérique.
J’ai choisi chaque mot avec soin, ai agencé le tout du mieux que je pouvais. Certaines phrases m’ont étonné. Une énergie mystérieuse circulait en moi.
Ai-je vraiment écrit pour la première fois ce soir-là ? J’ai tendance à le croire.
Février 2020, soit plus de trente ans plus tard. Tôt le matin. Le jour n’est pas tout à fait levé. La digue de Coxyde est déserte. La vieille horloge est toujours là. Je l’avais oubliée.
Je vais m’asseoir dans le sable et sors mon smartphone. Dans la barre de recherche de YouTube, je tape : « goldman doux live ».
Alain CHARLES habite Baudour, il exerce la profession d’ingénieur dans une société de construction en Wallonie picarde. En 2018, il publiait «Continuum», un recueil de nouvelles, en 2021, les romans «Le Serénateur» et «Les Viateurs». «une si jolie poseuse de bombes» est son troisième roman.
Résumé.
Alice se prénomme-t-elle réellement Alice, ou Apolline, fille d’un riche administrateur de sociétés, passionnée de littérature, fan de heavy metal et poseuse de bombes.
Quand elle se réveille, amnésique et percluse de douleurs, dans une chambre inconnue et d’une blancheur surnaturelle, elle découvre son éblouissante beauté. Anouck lui raconte sa nouvelle ancienne vie que le Docteur Carroll lui a imaginée et la prépare à réintégrer le monde, une petite librairie dans une bourgade au bord de la mer. Mais de nombreux rêves la perturbent, la naissance d’un amour saphique la trouble et dans l’ombre, ses anciens séditieux complices rôdent.
Extrait
Dans sa tête, un soubresaut, une étincelle, un malentendu.
Dans sa gorge, un relent acide, un goût métallique, une gerbe d’épines.
Dans son corps, une souffrance, unique, infernale, pointue.
Elle ne pouvait ouvrir les paupières tant leur lourdeur, le tiraillement et la brûlure étaient vifs.
Ce brusque état de conscience était insupportable, elle désirait rejoindre les ténèbres, asphyxier la douleur, l’anesthésier jusqu’à l’analgésie.
Elle avait froid, son cœur crissait telle la banquise sous l’effet des vents polaires.
Confuse, elle discernait des sons étranges, répétitifs, le bruit sourd d’un ronronnement, d’une ventilation, ponctué de bips secs et aigus.
Où était-elle?
***
— Alea jacta est.
— Non, Professeur, la fatalité et le hasard n’ont pas leur place dans cette histoire. Je vous l’ai dit, nous contrôlons le processus, tout se passera comme je l’ai prévu. Vous devez, à un moment, me faire confiance. De plus, avec les évènements qui se sont déroulés, il lui restait l’enfermement ou une autre vie. Je vous rappelle, Professeur, que vous avez voté lors du Conseil.
— Elle était si jolie.
— Elle l’est encore plus, je vous le garantis.
— Mais je ne la reconnaîtrai plus.
— Voilà tout l’enjeu.
***
— Voilà, Alice, vous êtes chez vous, cette boutique est la vôtre, faites-en ce que vous désirez. Je vous regarderai, vous conseillerai, vous aiderai, vous serez le capitaine, moi, le moussaillon. Vu que vous connaissez les livres, vous appréhendez le monde, la littérature est une âme à part entière et elle se partage. La littérature donne des ailes aux lecteurs, elle les guide et si vous les conseillez bien, ils reviendront, pour les livres, mais aussi pour vous qui avez su les écouter. Cette vie vous tente, Alice, dites-moi oui, je vous en supplie. Cette librairie est toute mon existence, mon quotidien, mes enfants n’en veulent pas, ils n’en sont pas dignes. Peut-être refusent-ils la vie de papier, des lettres écrasées sur du velin ou du recyclé, ils ont tort. Un livre n’est pas qu’un essai, un conte, une histoire, c’est l’envie de la vivre, d’en créer une autre, meilleure. Et d’histoire en histoire, je sais que je rejoindrai le ciel, avec Hélène, ma belle Hélène, nous sommes inséparables comme les agapornis, et vous ici, vous nous regarderez partir, chaque jour un peu plus.
—Si vous le désirez, nous marcherons ensemble vers la librairie, je m’arrêterai quelques minutes, mais je devrai vous laisser, le docteur Carroll a besoin de moi.
—Et nous, Anouck?
—Alice, depuis le début de l’histoire et jusqu’à aujourd’hui, il y a vous et moi.
—Et demain?
—Demain est un autre jour, il est mystère, attente et espoir. Profitez d’aujourd’hui, Alice, et considérez-le comme un cadeau des cieux. N’oubliez jamais, aujourd’hui est unique, demain se répétera.
***
Envoûtement, sortilège, séduction, fascination. Son tintement réveillera tes sens, tes désirs, tes envies. Tu n’auras plus peur de tes troubles et tu renaîtras dans ton passé, dans ta vie d’avant, elle te plaisait, tu l’admettras et tu te laisseras guider par le son des cloches de l’enfer, grondements de tonnerre qui déchirent la nuit.
Le mal sera ton ami, Satan, ton confident, et tu prendras le chemin que nous t’indiquerons, sans question, avec dans les mains l’objet de l’épouvante, du massacre et du sang. Tu es notre transporteuse, tu l’as toujours été et ta nouvelle beauté ne change rien.
Tu te fais appeler Alice, ton visage s’est embelli, magnifié, ton corps a fleuri, tes formes se sont enrichies, mais rien ne peut farder la réalité de ton être profond. Tu as la beauté du diable, tu es son amie, son amante, tu resplendis et illumines le gouffre, l’abîme qu’il habite.
Depuis trois ans, je cherchais à me débarrasser de Luc Lepert et à devenir le bras droit de Henry de Classieux, le banquier réputé.
Un arriviste, ce Lepert. Alors, j'ai décidé de critiquer son boulot, d'ébruiter sa vie sentimentale ratée. J'ai même laissé entendre que… et la rumeur s'était répandue…
Aujourd'hui, Luc Lepert s'est pendu dans son bureau. Le boss m'a appelé : "Marc, je te confie le poste de Luc. Demain, tu pars au Japon et vendredi 11 mars 2011, réunion à notre succursale de Fukushima."
12 mars 2011 dans "Le Jour" : Un seul européen parmi les victimes de Fukushima, Marc B, numéro deux de la banque Classieux.