Carine-Laure Desguin nous propose le poème 25 du recueil : Le vieux de la zéro/vingt-trois
25
monsieur monsieur
comment déjà
la voici je vous la ramène
votre prothèse dentaire
elle était coincée
dans la manche droite de votre
pyjama
celui qui a perdu ses lignes
demande le vieux de la zéro/vingt-trois
ah ah ah vous alors
quel humour malgré tout ca
le vieux de la zéro/vingt-trois
à pleines dents
prothèse supérieure
prothèse inférieure
vous avez vos deux prothèses
comme c’est étrange
monsieur monsieur
comment déjà
ceci n’est pas mon pyjama
et par conséquent
ce n’est pas ma prothèse
Carine-Laure Desguin
In recueil Le vieux de la zéro/vingt-trois
Carine-Laure Desguin nous propose le poème 24 du recueil : Le vieux de la zéro/vingt-trois
24
un nuage de lait
avance les bras
cogne les bords
de
la tasse de café
tout autour du nuage
de ses flancs cotonneux
et chauds
des voyages en Afrique
épices et parfums exotiques à gogo
suspendent le quotidien
du vieux de la zéro /vingt-trois
Alger et sa casba
Delacroix et ses femmes
aux chaires orientales
il aime tout ça
le vieux qui n’oublie rien
respirer l’aventure
et se reposer sous le palmier
d’une oasis
l’attente déjà
Carine-Laure Desguin
In recueil Le vieux de la zéro/vingt-trois
Christine Brunet a lu "La septième vague" de Gauthier Hiernaux
La septième vague
Voilà longtemps que je n’avais pas lu du « Gauthier Hiernaux » : son style est toujours aussi précis, imagé. Ses personnages sont inhumains, à la recherche de quelque chose qu’ils ont perdu : le bonheur et la liberté.
Ce recueil de huit nouvelles plutôt courtes nous présente un panel de héros plutôt « gris »… vous voyez, de ces êtes sans volonté propres, manipulables à souhait, mesquins juste ce qu’il faut, idiots juste ce qu’il faut également pour se retrouver dans des situations inextricables.
L’auteur jette un œil acéré voire acide sur notre monde, ses travers, son possible devenir et nous propose une galerie de portraits qui interpelle le lecteur plongé dans une ambiance pesante, où le calcul prime sur tout le reste. Il nous décrit des Humains qui sont « tombés sur la tête », bousculés par les effets pervers de décisions a priori logiques, raisonnables, responsables même qui se révèlent a posteriori mortifères.
Quelle(s) société(s) de cauchemar ! J’en frissonne encore. Gauthier Hiernaux aborde des thèmes d’actualité comme le Covid et ses confinements, l’écologie poussée à son paroxysme, le « non-choix » de vie au sein d’une société sclérosée, dévoyée : Ces Humains ne vivent pas, ils survivent.
Le lecteur se sent oppressé, surveillé, manipulé… On est horrifié, choqué… On se dit que ce futur ne peut être le nôtre… Quoique…
Christine Brunet
www.christine-brunet.com