Tout comme l’auteure, qui le déclare dès la première page, je ne connaissais pas le biographème, je ne savais pas ce que c’était. Alors j’en ai cherché le sens. Dans le dictionnaire d’abord (mon vieux Larousse de 2007) où je n’ai pas trouvé le mot. Pourtant, en me tournant vers mon moteur de recherche préféré, j’ai découvert qu’il avait été employé pour la première fois en 1971 par le philosophe français Roland Barthes et aurait comme signification, je cite : « caractérise un élément biographique mineur de l’ordre de l’anecdote ».
Il semblerait pourtant que cela soit un peu plus que cela…
Avec Angela et moi… et d’autres histoires, Pierrette Firket nous conte, avec sa sensibilité de psychothérapeute, de brefs moments imaginés de vies de femmes, connues ou moins connues, toujours intéressantes, aux parcours différents, aux vies différentes, aux origines différentes, aussi éloignées dans leur parcours que sur la ligne du temps et pourtant si proches dans leur condition de femmes. Noires, blanches, juives ou pas, jeunes ou vieilles, toutes ont en commun la souffrance et la peine, qu’elles combattent avec force et résilience. Parmi ces voix vient parfois se mêler celle de la nature. Une nature sauvage, primitive, quelquefois maussade ou plus riante, comme un énième personnage ensorcelant que l’auteure n’a pu ignorer.
Ce livre de 118 pages est un condensé d’émotions expulsé par les voix de dix-sept femmes, à travers des textes courts mais intenses, très émouvants pour certains, toujours touchants.
Une belle manière de découvrir le biographème, alors… bonne lecture à tous !
Après la mort d’un jeune, les conséquences sur les familles sont catastrophiques. Pour les parents bien entendu mais aussi, et on l’oublie souvent, pour les frères et sœurs. Chacun face au deuil a sa propre réaction et personne ne peut juger.
En repartant des souvenirs avec son frère Jean-Charles, Paul-Olivier Delannois livre un témoignage poignant mais aussi plein d’humour sur une tranche de vie.
Biographie de l’auteur
Paul-Olivier Delannois est né le 1er juillet 1966 à Pottes, un petit village de l’entité de Celles, voisine de Tournai. C’est justement à Tournai que Paul-Olivier Delannois entreprend ses études secondaires, à l’Athénée Jules Bara. Il poursuit son parcours à l’Université Libre de Bruxelles où il obtient une licence en Sciences politiques.
Paul-Olivier Delannois devient, en 1994, directeur du home Valère Delcroix, institution du CPAS qui héberge des personnes handicapées; un métier qui le marque profondément. En mai 2014, il décroche un siège au Parlement fédéral. En 2018, il devient bourgmestre de la Ville de Tournai.
Paul-Olivier Delannois porte dans le débat public depuis de nombreuses années des sujets liés à la sécurité comme la lutte contre la drogue, la réglementation des heures d’ouverture des boites de nuit, la sécurité civile ou encore la sécurité routière. Son surnom de Shérif n’y est pas étranger. Au-delà des combats qu’il mène, Paul-Olivier Delannois tient à rester un bourgmestre proche des gens, à l’écoute de leurs préoccupations.
Paul-Olivier Delannois est un fan de cyclisme et de football. Il est par ailleurs un amoureux de la chanson française (ses auteurs préférés étant Ferré, Brel et Brassens) et de littérature.
Résumé du livre
J’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait quand il a claqué la porte. Cette porte s’est refermée un 11 février 1994 lorsque mon frère a quitté, pour la dernière fois, la maison familiale. Et depuis lors, le silence s’est installé. Un silence lourd d’interprétations et une horloge bloquée volontairement par mes parents à 22 heures, l’heure à laquelle Jean Charles est parti … pour s’amuser.
Nous étions une fratrie de cinq enfants et pour nous, le bruit, c’était le bonheur. Le bruit d’une cité sociale qui vit et qui bouge, le bruit au rythme des fêtes qui nous invite à danser et à chanter, le bruit de nos rires car l’humour fait partie de nos gènes. Une journée sans rire a toujours été pour nous tous une journée de perdue.
Un bruit que nos parents ont voulu définitivement bannir. Un bruit qui rappelait inévitablement … le bonheur.
Et puis, le silence. Un silence imposé sans possibilité de négocier. Un silence qui de façon insidieuse a fait déserter et vider la maison familiale. Les voisins, les amis, les proches ont petit à petit évité cette chaumière qui sentait de plus en plus la mort, cette chaumière où lorsqu’on y pénétrait, on ne parlait que de Jean-Charles.
La mort, toujours la mort… seul sujet admis autour de la table de discussion.
Trente ans ont passé et j’ai maintenant la ferme conviction qu’on ne peut jamais juger même si cela est difficile.
Ces trente ans m’ont fait évoluer dans mes pensées, dans ma façon de voir les choses, d’aborder et de comprendre l’autre. Serais-je devenu celui que je suis sans la mort de Jean Charles ?
Ces 30 ans m’ont permis d’approcher des personnes qui, sans ce drame, n’auraient été pour moi que des illustres inconnus alors qu’elles recèlent toutes des trésors cachés.
Mes parents sont partis rejoindre Jean-Charles et aujourd’hui encore, j’ai envie de faire du bruit. Du bruit pour tous les futurs parents, frères et sœurs qui, un jour, verront et entendront un policier leur annoncer, un matin tôt, que l’être cher ne reviendra pas.
Et vous, quel est le sort que vous réserverez à cette p… d’horloge.
Témoignage
« Un bien bon moment de lecture par la qualité de l’écriture. On vit au milieu du chaudron familial, un microcosme régional, une découverte d’une famille dont finalement on ignore tout, des complicités spontanées, des amis fidèles, d’un enclenchement de situations qui n’ont rien d’un long fleuve tranquille, la juxtaposition de faits similaires dans des familles qui se connaissent mais que rien prédestinent à ces rapprochements dramatiques ». Eddy Moulin, disparu quelques jours après avoir remis son avis sur mon livre.
Alors que depuis son enfance, les personnes qui l’entourent ont, pour elle, des ambitions à mobilité réduite, Alice touche enfin son rêve du bout des doigts. Elle devient enseignante et, le cœur rempli d’espoir et d’illusions, elle entre dans le monde du travail. Elle va alors découvrir, parfois malgré elle, les coulisses du monde scolaire. Eclaboussée par ses valeurs mises en sourdine, égratignée par ses observations, elle va devoir entreprendre l’archéologie de sa vie intérieure pour (re)trouver un équilibre.
Un voyage introspectif guidé par la sagesse de sa mamy où s’entrelacent la bienveillance et la compassion.
Biographie :
Marbaise Caroline est née à Liège en Belgique, le 8 janvier 1989. Maman d’un petit garçon de 5 ans, enseignante depuis plus de 12 ans et psychopédagogue, elle participe à la publication de plusieurs articles scientifiques.
Par la suite, la plume de l’auteure est venue s’imposer à elle. Accompagnée de ses expériences et de ses introspections, elle poursuit son envol afin de proposer son regard sur le monde qui l’entoure.
Extrait :
Je t’ai déjà dit d’arrêter de m’appeler comme cela. Les infirmières vont penser que j’ai quatre-vingts balais… Par contre, tu me sembles bien tourmentée.
Elle arrivait toujours par une pirouette à éviter les questions auxquelles elle ne souhaitait pas répondre. Sa bienveillance la camouflait mais moi, je n’étais pas dupe.
Je me laissai embobiner consciemment par celle qui a toujours bien su prendre soin de moi.
J’ai obtenu une classe. Je commence lundi.
Non, ce n’est pas ça !
Elle était concentrée comme si elle cherchait une fréquence radio bien précise.
Mam… tu as entendu ce que je viens de te dire. C’est une bonne nouvelle, non ?
Elle répéta :
Non, ce n’est pas ça !
Les infirmières m’avaient prévenue. Cela lui arrivait de répondre à côté de la question. J’y étais habituée mais davantage par malice que par égarement.
Ma petite fille, tu as toujours refusé que je te tire les cartes toutefois aujourd’hui, tu dois m’écouter.
Un peu effrayée par la scène qui était en train de se jouer, je hochai la tête en signe d’approbation.
Assieds-toi, me lança-t-elle d’un ton strict.
Je m’exécutai sans broncher. Je n’avais jamais vu ma grand-mère dans cet état. Était-ce l’effet des médicaments ? Je l’ignorais.
Elle me demanda alors de piocher cinq cartes qu’elle disposa en forme de croix. Des figures et des dessins apparurent au fur et à mesure. Je ne me souviens que d’une chose, ce sont les yeux de ma grand-mère. Elle était comme hypnotisée par ce qui se jouait devant elle, seule à comprendre le fil de l’histoire. C’est alors qu’elle me dit :
Tu as tracé l’ensemble de ta vie toutefois elle comporte des portes dérobées. Certaines d’entre elles sont des ponts-levis vers la mission de ton existence.
Encore une fois, je hochai la tête en signe d’approbation.
Merci, lui lançai-je.
Elle s’en empara pour me le renvoyer tel un boomerang.
Pas de merci ! Ce sont les autres fréquences.
Je compris des années plus tard ce qu’elle essaya de me dire mais pour l’heure les mots ricochèrent dans ma tête comme une girouette cherchant sa direction.