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Joe Valeska présente son dernier roman "Ainsi, je devins un vampire"

Publié le par christine brunet /aloys

RÉSUMÉ DU LIVRE :

 

Beau garçon, quelque peu frivole et volontiers insolent, Virgile Delecroix s’efforce d’ignorer la haine farouche que lui voue son père. Sa vie à Marvejols, la perle du Gévaudan, c’est son petit frère adoré, sa maman chérie, sa tendre Chloé et son précieux ami Théo. Mais l’existence de Virgile va rapidement basculer dans le désespoir et dans l’horreur… En 1764, une bête monstrueuse apparaît dans la province et l’entraîne loin de chez lui. Au bord de la mort, il est sauvé par une femme, un vampire, qui le métamorphose. Mais cette créature, Valentina, l’enchaîne, l’affame et abuse de lui sans relâche. Brisé et seul au monde, le jeune vampire sera sauvé, dix ans plus tard, par un autre immortel : Benjamin Lebeau, qui deviendra son ami, son frère et son mentor. Mais le père de Valentina, Grand Inquisiteur devenu vampire en l’an 1669, entend bien venger la mort de sa progéniture. 2021 : leur combat continue.

 

EXTRAIT :

 

Tout me semblait nouveau et digne d’intérêt. Même ce qui me répugnait. Valentina me répugnait.

Ma peau était devenue extrêmement pâle, mais mon corps était comme sublimé. Je ne dégageais plus aucune odeur et quand j’ouvris la bouche, pour vérifier mon souffle, il n’y en avait plus. Je me sentais différent. Puissant. Un dieu ! Quelque chose d’étrange, à l’intérieur de ma bouche, me fit sursauter. Mes canines avaient poussé, légèrement, et elles étaient devenues pointues et tout particulièrement acérées. D’ailleurs, je me coupai en passant la langue sur ces nouvelles ‘‘armes’’.

« Tu es devenu un dieu ! s’extasia Valentina. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi beau que toi ! Maintenant, ramasse un caillou pour voir si tu peux le briser dans la paume de ta main. »

J’obéis, ramassant une pierre aussi grosse qu’une pomme de terre. Je tendis le bras et commençai à serrer. La pierre résista deux ou trois secondes à peine avant d’exploser dans ma main. Mon regard et mon sourire se firent malicieux. Quelle satisfaction ! Je pouvais agir sur la matière. D’un coup du tranchant de la main, je fendis ensuite le cercueil de pierre.

Valentina se remit à tournoyer, heureuse. Se jetant dans mes bras, elle me couvrit de baisers, mais je la soulevai par le menton d’une main. Ma puissance m’étonna et je ne pus m’empêcher de pousser un cri de plaisir.

« C’était une erreur de faire de moi cette formidable machine à tuer… » susurrai-je, malintentionné.

 

BIO :

 

Auteur de la trilogie Meurtres Surnaturels et des Contes épouvantables et Fables fantastiques, Joe Valeska est né dans le Sud de la France. Ses influences littéraires vont d’Edgar Allan Poe à Oscar Wilde, en passant par Graham Masterton, Stephen King, Anne Rice et Edgar Rice Burroughs. Ainsi, je devins un vampire est sa plus belle lettre d’amour au Fantastique. Un roman violent, choquant et brillant à la fois ! Mais, par-dessus tout, prodigieusement humain.

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Rayan Zowski nous propose une nouvelle : Iceboy

Publié le par christine brunet /aloys

 

Iceboy

 

J'étais assis sur un banc face à l'Escaut. C'était l'hiver. Enfin, théoriquement, c'était encore l'automne. Mais comme il faisait froid...

J'entendis des pas à ma droite, je tournai la tête, c'était Célina.

- Tu es bien matinale.

- C'est l'hôpital qui se fiche de la charité, dit-elle en souriant.

Je souris également.

- Je peux m'asseoir à côté de toi ?

- Bien sûr, les bancs ont été inventés pour que les gens puissent se rapprocher.

Célina me répondit par un nouveau sourire.

Elle s'assit.

- Comme il fait froid...

- J'ai entendu dire qu'il allait neiger.

- Ce serait génial, j'adore la neige.

- Moi pas trop, j'ai horreur de tout ce qui touche au froid.

Célina me regarda. Elle déposa ensuite ses yeux sur mes mains.

- Je peux te poser une question indiscrète ?

- Je t'en prie.

- Tu portes toujours des gants, même en été. Rassure-moi, tu ne te fais pas du mal.

- Non, je t'assure. C'est juste que... j'ai toujours froid...

Célina me regardait...

- Bjorn... Tu es vraiment quelqu'un d'exceptionnel.

Je souris.

- Ce prénom est un hommage à un grand champion de tennis suédois. Papy l'adorait. Mais ce grand champion a stoppé sa carrière à seulement 26 ans. J'ai entendu dire qu'il en avait plus qu'assez...

Célina me regardait toujours...

Elle approcha délicatement ses mains des miennes. Elle retira ensuite mes gants avec la plus grande des douceurs. Elle les vit, mes mains toutes mauves.

Elle referma ses doigts sur les miens. Je sentis alors une douce chaleur m'envahir, mes mains commençaient à devenir orange, et ce malgré le froid.

Je regardais Célina à mon tour, mes yeux dans les siens.

- T'es vraiment extra...

On s'approcha l'un de l'autre...

La neige tomba.

 

Rayan Zowski

 

Publié dans Nouvelle

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Edmée de Xhavée nous propose un texte inspirant : Le crime parfait...

Publié le par christine brunet /aloys

 

C’est qu’elle y a consacré du temps, Suzette, à se débarrasser de son mari Gégé. Non pas qu’il y ait eu une fortune à la clé, mais la liberté, chers amis, la liberté n’a pas de prix. Il fallait surtout découvrir comment ne pas se faire prendre, et elle y avait réfléchi pendant deux ans, deux ans de préparation méticuleuse.

Suzette l’institutrice, la grosse Suzette comme on l’appelait en douce – mais elle le savait ! – avait vite découvert comment exploiter son amitié avec deux collègues qui avaient eu le transfert de leurs rêves, une en Martinique et l’autre à la Réunion, enfin réunies avec famille, akras et soleil. Elles s’écrivaient régulièrement et évoquaient le merveilleux voyage que Suzette pourrait bientôt faire pour revoir l’une et puis l’autre, « avec ton mari bien sûr ». Avec mon mari, jamais, avait décidé Suzette, il va encore parler recettes et épices tout le temps et ne pas me laisser la parole… Peut-être même draguer Mireille, la jolie petite Créole aux fesses d’acier comme il l’appelait. J’irai seule, mais vous m’y aiderez, les copines, même si vous ne le saurez pas.

C’est ainsi qu’elle leur avait suggéré une dictée pour leurs petits élèves, qu’elle trouvait tellement intéressante.

C’est ton dernier jour d’école, prépare-toi à franchir la porte vers l’inconnu. Sais-tu ce qui t’attend ? Prépare-toi, l’heure a sonné. Elle a sonné à la cloche de la cour de récré, voici les vacances. Bientôt tu fermeras les yeux sur la plage pour entendre le bruit des vagues. Il n’y a pas d’échappatoire au bonheur. Je suis le bonheur, et tu ne pourras pas te cacher de moi.

Envoyez-moi leur travail, les filles, je verrai si vous les éduquez bien. Car elle avait assuré la formation de Mireille et Marie-Dominique, et elles en plaisantaient souvent avec affection. Surveillante Suzette, riaient-elles.

Le directeur de la grosse société ECOPRASINO, fabriquant d’horribles tongs vertes soi-disant écologiques en détritus recyclés, se mit à recevoir d’étranges messages menaçants, glissés dans des enveloppes et sans aucune empreinte ni ADN sur les timbres qui avaient été humidifiés avec de la vodka Eristoff. Tous d’une écriture enfantine différente, parfois même corrigés en rouge. C’est ton dernier jour. Tu ne pourras pas te cacher. L’heure a sonné. Bientôt tu fermeras les yeux. Pas d’échappatoire… Les gardes de l’entrée étaient sur les dents, la secrétaire semblait avoir grossi car elle portait un gilet pare-balles sous sa veste, et Monsieur Lenfant, le directeur, avait avisé la police qui avait mis sur l’affaire Boule et Bill, deux agents assez inutiles ailleurs qu’en patrouille, qui tournicotaient autour du square en mangeant des kebabs et discutant football.

Gégé lui en parlait, trouvant l’affaire amusante, qui pouvait en vouloir à Mr Lenfant qui n’avait même pas une mauvaise action à son actif, sauf bien sûr ses actions en bourse, ha ha ha ha, elle était trop bonne, celle-là ! Peut-être que sa femme voulait s’en débarrasser, ha ha ha ha ! Il préparait lui-même à la maison, depuis des années, le mélange exclusif d’épices pour le riz pilaf de son patron le jeudi, car le brave homme n’avait qu’un seul caprice : un curry fait à la carte et servi exclusivement pour lui à la cantine, préparé par son chef Gégé. Je ne te cache pas, ma grosse Suzette, que j’y puise aussi, rien que des épices bio et triées à la main, et la dose exacte. J’en prépare juste un rabiot en plus pour moi et le mange discrétos quand il ne me voit pas, assis derrière la colonne à miroirs.

C’est ainsi que le curry de ce jeudi-là contenait la dose ad hoc de cyanure. C’est ainsi aussi que Mr Lenfant eut encore le temps de s’indigner de l’horrible goût amer de ce pilaf de merde, qu’il allait tirer les oreilles de cet idiot de Gégé, et que Gégé en eut assez, du temps, pour essayer de cracher mais pas assez vite.

C’est ainsi donc que personne ne s’étonna que le patron, après toutes ces menaces anonymes, ait fini aussi brutalement, emportant avec lui ce pauvre Gégé. Mais bon, voyons, enquêtons, tâtons un peu : qui pouvait vouloir éliminer le patron d’ECOPRASINO ? Dommage, vraiment, que ce brave Gégé soit un dommage collatéral à toute l’affaire, pauvre veuve…

Et Surveillante Suzette eut enfin tout loisir de préparer ses vacances sur les îles avec ses complices involontaires.

 

Edmée de Xhavée

 

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Bernard Wallerand dans la presse

Publié le par christine brunet /aloys

Bernard Wallerand dans la presse
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Un nouveau trailer pour le roman signé Joe Valeska "Ainsi, je devins un vampire"

Publié le par christine brunet /aloys

Publié dans vidéo

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Ani Sedent nous propose un second extrait de son dernier roman "Les oiseaux de pierre"

Publié le par christine brunet /aloys

[…]

Moins impressionnante que les Lithiks et ses pics sombres, dont les plus hauts tutoyaient les nuages, la chaîne des Échos n’en restait pas moins une chaîne montagneuse aux reliefs imposants.  Composée de roche brute, comme une armée de pilastres gris, elle abritait un labyrinthe de sentiers qui, pour la plupart, ne menaient nulle part.  Arcadius et son équipage y avaient disparu et le loup bleu, la truffe collée au sol, suivait leur piste dans ce dédale granitique où le moindre bruit se répercutait à l’infini.

  Enfin, au débouché d’un sentier étroit et sinueux, apparut un cirque de roche grise où paradaient des sapins noirs, comme une garde inquiétante à un bâtiment dont l’architecture ne laissait aucun doute quant à son occupant ; une horreur à plusieurs étages, sorte d’hybride entre tour et palais, qui se voulait grandiose mais ne parvenait qu’à laisser perplexe.  Au pied de ce monument à la vanité d’Arcadius, comme un gros sac de cuir moisi abandonné là, le cogne-dur attendait, ses petits yeux en boutons de bottine rivés au sol.

  Angélie fit reculer Lupin.

 

 Pas bouger ! chuchota-t-elle au loup bleu, qui pencha la tête d’un air interrogateur et s’assit tranquillement pendant que la fée cherchait un abri d’où observer le palais à l’insu de son horrible gardien.

  Tapie dans l’ombre d’un rocher elle considéra le bâtiment, sorte de gâteau à étages bien loin de la tour ténébreuse qu’elle s’était imaginée, et constata que s’il n’avait rien d’une forteresse, y pénétrer allait être compliqué. 

Publié dans Textes

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Dans Le Bibliothécaire...

Publié le par christine brunet /aloys

Dans Le Bibliothécaire...
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Publié dans Présentation

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Résultats du concours ! Bravo et merci à tous !

Publié le par christine brunet /aloys

Merci à tous les participants !!

 

Texte 1 : Micheline Boland  => 1 voix

Texte 2 : Ani Sedent

Texte 3 : Christian Eychloma => 1 voix

Texte 4 : Micheline Boland

Texte 5 : Ani Sedent => 1 voix

Texte 6 : Sélène Wolfgang => 2 voix

Texte 7 : Rayan Rowski => 1 voix

Texte 8 : Serge Debaere => 2 voix

Texte 9 : Séverine Baaziz => 2 voix

Texte 10 : Christina Prévi

Texte 11 : Joe Valeska

Texte 12 : JJ Manicourt => 1 voix

Texte 13 : Carine-Laure Desguin => 3 voix

Texte 14 : Edmée de Xhavée

Texte 15 : Philippe Desterbecq

 

Difficile de choisir visiblement ! Moi, j'en aurais bien été incapable !

Bravo et merci à toutes et à tous pour votre participation et votre enthousiasme ! 

 

 

 

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Texte 15 concours "Disparitions/fantômes du passé"- Dernier texte ! A vous de voter sur ce post !

Publié le par christine brunet /aloys

 

Avant de vous raconter ce qu’il m’est arrivé ce jour-là, il faut que je vous parle un peu de moi. Je suis quelqu’un de très cartésien, je ne crois ni à Dieu ni au diable, pas plus aux fantômes, aux vampires, aux sorcières ou à tous ces personnages qui peuplent les romans de fantasy qui ont tant de succès actuellement. A croire que les gens veulent quitter ce quotidien morose que nous connaissons tous plus ou moins pour vivre dans un monde imaginaire où les héros ressemblent peu ou prou aux monstres de leur enfance.

Bref, tout ça pour vous dire que je n’ai pas une réputation de doux rêveur, que je n’ai pas l’habitude d’affabuler. Mais venons-en à nos moutons.

Pour les 60 ans de ma femme, je lui ai payé (ou je nous ai payé, c’est comme vous voulez) un weekend dans un château du nord de la France. Nous avons eu droit à une belle suite avec un canapé, une déco digne des plus beaux films sur le Moyen Age, une télévision qui tranchait un peu sur les tentures en velours garnies d’arabesques et, bien sûr, une chambre spacieuse avec un lit à baldaquin.

Le soir, nous avons mangé au restaurant du château. Ce fut un vrai repas de fête bien arrosé qui a plu à ma femme, du moins j’ose l’espérer vu le prix que l’ensemble m’a couté !

Le champagne et le vin aidant, nous nous sommes endormis comme des mouches alors que, d’habitude, nous sommes plutôt insomniaques.

Au milieu de la nuit, j’ai senti une présence dans la chambre. Je suis plutôt craintif, je l’avoue, et instantanément, mon cœur s’est mis à battre très fort. Une légère lueur pénétrait par la fenêtre mal occultée et quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir un petit garçon sur le bord de mon lit. Il n’avait pas l’air bien méchant ; mes palpitations se sont un peu calmées et je l’ai interrogé du regard. Comment ce gamin était-il entré dans notre chambre et que faisait-il là ?

Tout à coup, il s’est levé et de la main, il m’a fait signe de le suivre.

Nous sommes allés dans la suite et nous nous sommes installés dans le canapé. Bizarrement, je me sentais en confiance avec ce petit ; je n’avais plus peur du tout.

Il s’est alors mis à me raconter sa vie : il avait été enlevé par son oncle qui l’avait enfermé pendant plusieurs années dans une geôle d’où il voyait à peine la lueur du jour. Le frère de son père avait toujours été jaloux du couple que ce dernier formait avec Yseult, leur cousine. L’oncle Barnabé avait perdu sa femme, morte de la variole, ses enfants étaient morts d’une mauvaise grippe et lui vivait seul dans son château obscur et froid tandis que son frère, Louis, avait gardé le château familial et menait une vie marquée par le bonheur et la joie.

Lorsque son neveu était mort de froid ou de faim ou de maltraitance, il l’avait tout simplement jeté dans le puits de son château.

Le gamin lui indiqua l’adresse de la demeure seigneuriale de son oncle, décédé depuis plusieurs siècles et il disparut aussitôt comme par magie.

Je crus vraiment avoir rêvé ; je n’étais pourtant pas sujet à des hallucinations, mais j’avais trop bu et je me suis recouché.

Au matin, j’ai raconté mon «rêve » à ma femme qui a voulu en avoir le cœur net. Nous nous sommes rendus dans la forteresse de feu Barnabé et nous avons parlé au conservateur de ce qui est devenu aujourd’hui un musée. Ce type nous a pris au sérieux, car il connaissait l’histoire de ce petit garçon enlevé par son oncle.

Le puits était toujours là, rebouché depuis des décennies voire des siècles.

Quelques semaines plus tard, le conservateur m’a appelé pour me dire qu’on avait retrouvé un squelette d’enfant tout au fond du trou où coulait encore un mince filet d’eau.

Je n’ai jamais compris pourquoi le gamin s’était adressé à moi personnellement, mais je peux vous dire qu’à partir de ce jour ma vision du monde et de la réalité a bien changé.

 

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Texte 14 concours "Disparitions/Fantômes du passé"

Publié le par christine brunet /aloys

Les fantômes du passé 

 

Marguerite était délicieusement calée contre l’oreiller de son lit, un bon livre entre les mains, une boite de chocolats offerts par son futur beau-père sur la table de nuit. À chaque page, hop, une praline. Ce week-end chez ses futurs beaux-parents s’annonçait des plus agréables, tout le monde l’avait bien accueillie, observée, aidée à se sentir membre du clan. François était fier d’elle, et les compliments enthousiastes sur ses nombreux charmes – sa beauté, son chant a capella, son coup de fourchette (souligné peut-être un peu trop lourdement ?), sa connaissance des vins, sa carrière impressionnante – l’avaient presque rendu encore plus amoureux.

Respect des convenances cependant, ils avaient reçu des chambres séparées, et au fond, à Marguerite, ça ne lui déplaisait pas du tout. Un feu de cheminée crépitait avec discrétion et cassait le froid en toute élégance. Oh qu’elle était bien !

Soudain, la porte s’ouvrit, et une jeune fille échevelée et assez dévêtue entra, effrayée. Sans un bruit. Sans sembler la voir, et en tout cas ne lui jetant aucun regard. Du sang imbibait sa chemise lacérée, et avait coulé le long de ses jambes jusqu’à ses pieds nus. Ses mains, robustes et abîmées par des travaux peut-être de cuisine, lui salissaient le visage tandis qu’elle essuyait des larmes. Terrorisée, elle cherchait une issue du regard, alla à la fenêtre pour comprendre que c’était trop haut, puis se rua dans le placard où Marguerite avait soigneusement suspendu ses robes et cardigans. « Elle va écraser mes chaussures » pensa-t-elle, mais rien, aucun bruit, pas même celui des cintres dérangés dans leur quiétude.

Mais la porte fut à nouveau poussée par un homme d’âge mûr en robe d’intérieur de soie, ouverte sur ses jambes nues et également légèrement striées de sang, l’expression mauvaise au point que Marguerite dissimula son visage derrière son livre, sans penser aux yeux qui continuaient à s’écarquiller devant le spectacle. Car bizarrement, elle se sentait en dehors. On aurait dit un film muet. Mais on voyait vibrer la gorge de l’homme avec fureur, indiquant qu’il criait. Son regard rusé parcourut la pièce sans voir Marguerite, qui en fut très soulagée, ignora la fenêtre puisqu’elle était fermée, et fonça sans hésiter dans le placard.

Marguerite se demandait si appeler François ou non mais la porte du placard fut repoussée et elle vit l’homme tirant la jeune fille par les cheveux, pour enfin l’étrangler de ses mains, la laissant devant la cheminée. Il lui donna un coup du bout du pied puis s’en alla. Marguerite mit deux manons d’un coup en bouche et se redressa le cœur battant. Il n’y avait plus rien. Elle décida que quelqu’un avait fait une bonne blague et ajouté un peu de cocaïne dans la crème des pralines, et qu’elle ferait mieux de recracher les deux manons et reprendre sa lecture.

Le lendemain, descendant le bel escalier pour se rendre à la salle à manger, elle fut enfin assez curieuse pour inspecter la galerie de portraits des ancêtres de François, ma foi pas des prix de beauté, heureusement que sa mère était créole et avait apporté un peu d’attrait dans les gènes fatigués de la lignée. Et elle reconnut le vilain satire de la nuit.

« Oh, tu regardes le vieux Alphonse III ? Pauvre vieux, pas gâté par la nature mais en plus on le surnommait le loup garou, parce que les bonnes disparaissaient toutes. Sa femme – que tu vois ici, assez hideuse mais riche à point – a fini par découvrir que c’était le majordome, je pense qu’il avait assassiné une des filles… dans ta chambre, ma chérie ! Tu n’as pas eu de cauchemars, hein ? ». Et il rit…

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