Une jeune auteure pas comme les autres : Mila, 16 ans, révèle par son écriture une maturité exceptionnelle, et rencontre le succès. Hélas un jour Marie-Jeanne, sa mère, la découvre au bas des escaliers, victime d’une étrange chute.
Perdre sa fille unique après avoir perdu son mari trois ans plus tôt, ça suffit pour abattre cette maman qui pourtant ne pourra se soustraire à l’inévitable enquête, menée par un inspecteur dont c’est la dernière aventure. Il se réjouit à l’idée d’enfin prendre sa retraite sur les bords de l’Authion, avec Le chien, son compagnon discret.
Hélène, marraine de Mila et amie de Marie-Jeanne, n’échappe pas à la souffrance et aux questions. Qui donc était vraiment Mila ? D’où lui venait cette écriture presque adulte ? Sa personnalité, au fil des pages, apporte doutes et surprises au fur et à mesure qu’on la découvre. Pourquoi semble-t-il à l’inspecteur qu’elle est tombée à la renverse et non pas en avant, ce qui introduit, dans ce cas, l’hypothèse d’une personne qui l’aurait poussée ? Mais qui donc pouvait lui en vouloir ?
Tandis que la célébrité de la jeune fille a ses exigences même après la mort, que l’on découvre encore un manuscrit prêt à l’envoi, que l’on interroge ses amies, ses rivales et le jeune garçon qui l’aimait, que l’on cherche dans le passé et le voisinage, les suspects émergent…
Notre détective et son chien pourront-ils prendre leur retraite après mission accomplie ?
Wes a tenu à faire le salut militaire devant le monument des Martyrs, et ce comme chaque fois qu’il passe à proximité. Puis, homme de peu de paroles mais de rituels, il se dirige vers la brasserie Le Luxembourg où, à peine voit-on sa silhouette se détacher sur le ciel parfois bleu et souvent boudeur, on lui verse sa Moinette et la dépose sur la table près de la fenêtre. Il en renifle longuement l’odeur, après un sourire et une esquisse d’autre salut militaire en levant sa longue main baguée vers le rebord de sa casquette de toile rouge ornée d’un INJUN blanc, et puis il semble se perdre dans de muettes confidences qu’il recevrait du breuvage blond dont il est tombé amoureux dès le lendemain de son arrivée.
Wynona le voit partir avec aux lèvres et paupières un zeste de cruauté qui laisse imaginer qu’elle a des projets de scalp au minimum, et lorsqu’il revient de sa cérémonie de communion avec les bienfaits du houblon, elle lui refuse son attention pendant deux bonnes heures.
Car on a voulu, à elle, lui faire goûter du fromage en lui proposant plusieurs formes et textures mais non… elle le sait, elle, que les Sioux ne sont pas faits pour lait et fromage…
Bénédicte part travailler tous les jours et leur laisse les lieux dont les murs sont décorés de multiples objets indiens. Il y a même un chasseur de rêves dans le cabinet de toilette et un jeté de sofa Pendleton à motifs navajo. Elle ne quitte pas le bracelet d’argent massif décoré de turquoises que Wes lui a offert, et joue – faux – de la flûte indienne avant le repas du soir, gentiment fière de son résultat.
Elle s’étonne qu’ils ne fassent « rien », ne désirent aller nulle part. Mais, a dit Wynona,… nous voyons Tcharleroy ! C’est pour ça que nous sommes venus ! ». La promenade sur le terril St Charles les a ravis, d’autant que la journée avait ce jour-là des teintes de pluie, crachin et averse, et ils l’avaient considérée particulièrement bénie. Mais c’était assez, il était bon aussi de se poser pour sentir ce que racontait l’endroit. Wes aime beaucoup écouter ce que dit la brasserie Le Luxembourg, et Wynona le déplore un peu mais on ne peut avoir toutes les chances : avoir épousé deux mètres d’homme et le tenir en laisse…
Wynona donc s’active comme une diablesse le matin entre maison et jardin, malgré les protestations de Bénédicte qui d’une part aimerait manger un bon spaghetti bolognaise ou un plat de boulets à la liégeoise et s’est lassée de la succession de « stews » qu’elle trouve le soir, mais il est évident que Wynona veut la soulager de son travail et la faire manger sainement. Elle a bien précisé qu’en effet, maigre comme elle est, pas étonnant qu’elle ne trouve pas de mari. La carte du menu et les fumets de la maison sont donc quotidiens : Beef stew, avec tant de piment qu’il semble à Bénédicte avoir un feu ouvert dans le ventre depuis le début de la semaine. Elle fait aussi un délicieux Fry Bread, le pain frit et huileux que Bénédicte mange avec une avidité coupable et des doigts qui laissent leur empreinte sur son portable. Le potager est ratissé et désherbé avec plus de soins que s’il était passé chez l’esthéticienne, et pas une limace ou un escargot n’échappent à la vigilance meurtrière de la jardinière attentive.
Pendant l’heure de midi, Wynona a découvert sur quelle chaîne elle pouvait revoir – dans un langage incompréhensible mais Loretta et Tim lui en ont offert le coffret de DVD et elle connaît les rebondissements par cœur - les vieux épisodes des Feux de l’amour, et pleure d’abondance devant les coups du mauvais sort qui ne cessent de rendre cruelle la vie de ce groupe humain se déchirant d’épisode en épisode. Ensuite, après une sieste involontaire sur le sofa où elle pique rituellement du nez dès le générique final, Wes et elle sortent – sans échanger un mot – pourfaire leur promenade. Peu importe le temps, mais dans le quartier on aime les voir par temps sec, car la vue de mocassins perlés dans les rues enchante tout le monde, au point que Wynona s’est fait rapporter par une voisine des perles et des peaux de chamois et brode l’après-midi au jardin ou dans le living-room tandis que Wes écoute les messages de la Moinette à la brasserie. Elle a pris les mesures des petits pieds de sa rue, et bientôt c’est une ribambelle chaussée de mocassins qui joue dans les jardins après l’école, sous les cris des mères qui leur interdisent de les user sur la pierre et de rester dans l’herbe.
Wes, quant à lui, montre les pas de la Fancy Dance aux garçons, et s’indigne lorsque la mère du petit Bastien veut l’en empêcher car il rêve la nuit qu’il est un brin herbe et qu’on veut tondre la pelouse. Les filles apprennent de Wynona le pas cadencé des femmes et comment tenir châle et éventail avec noblesse, éventails qui ont causé la perte de la queue de toutes les poules au cou plumé de Madame Leblanc. Wynona ne se lasse pas de contempler ces cous nus et soutient, une pointe d’effroi dans le regard, que ce sont des poules-vautours.
On a bien cherché à les faire bouger, le fils du vieux Marcel voulait les prendre à Bruxelles dans sa camionnette, et Bénédicte leur a vanté les beautés de Tournai qu’elle leur aurait volontiers fait découvrir un samedi ou dimanche, mais non. Tcharleroy is beautiful, insiste Wynona. Tcharleroy is lovely !
La veille de leur départ, ces autres 25 heures et plus de voyage à venir auxquelles ils se refusent à penser, ils se décident à acheter des cadeaux qui parleront à tous les leurs de la beauté de ce coin qu’ils ont découvert dans le vaste, vaste monde. Une vingtaine de T-shirts de plusieurs tailles vantant la Moinette et plusieurs décapsuleurs. Des plateaux Moinette pour les amies de Wynona, et le sac réutilisable qui prouvera à tout Buffalo, North Dakota que oui, elle a été aussi loin que Charleroi en Belgique. Plusieurs sachets de bouquet garni. Madame Leblanc leur offre leur photo de groupe avec eux – l’occasion pour Wynona de mettre sa belle robe - et les enfants du village, encadrée par les soins des petits : une succession de capsules de Moinette collées sur du carton, et leurs signatures au dos.
Et lorsqu’à 5 heures du matin, silencieux comme des Apaches en guerre, Bénédicte et ses deux invités s’engouffrent dans la voiture ils voient s’avancer devant eux les enfants de la rue, chaussés de leurs mocassins, c’est le visage de Wes qui se chiffonne comme celui d’un carlin et produit deux grosses larmes quand, souriants, ils font de leur mieux pour prononcer Kola, Mitakuye Oyazin… en tendant vers lui une bouteille de Moinette décapsulée pour la route, qui n’arrive pas pleine au premier carrefour. Elle a, déjà, le goût un peu amer du passé.
Assis dans l’avion – où une fois de plus Wes ne s’en sort qu’en position fœtale – leurs visages sont refermés sur leurs souvenirs, ces souvenirs que personne jamais ne pourra mesurer. Wynona se tourne vers lui et le surprend en appuyant la tête sur son épaule et murmurant « Tcharleroy is so lovely… »
Wes est sorti de l’avion à Brussels National avec la démarche d’un robot dont les piles deviendraient plates. Mais, stoïque comme tout Sioux qui se respecte, il n’a rien dit. On l’a regardé, parfois peu discrètement, avec ses longues tresses grises désormais, les dents de cerfs pendant aux oreilles, le bracelet-montre d’argent et turquoises, les mocassins magnifiquement perlés par Wynona qui est insurpassable dans cet art comme dans les maths. Il avait refusé d’enregistrer son bagage et a donc un petit baluchon que tout cheminot d’autrefois lui aurait envié, et celui de Wynona est à peine plus gros, parce qu’elle a quand même pris une belle robe au cas où.
Ils ont vite cessé de comprendre quoi que ce soit en quittant l’aéroport : jusque-là il leur suffisait de lire ce qui était en anglais. Mais une fois dehors, l’étendue du vaste monde les assaille. Ils ont pris le shuttle qui les amène jusqu’à Charleroi, tendant leur billet au chauffeur qui, bien aimablement, a fait des sons incompréhensibles avec la bouche, mais quand on arrive à faire de la soupe pour 5 enfants et un mari avec un dollar, des herbes de la prairie et un jarret de vache, on ne va pas perdre la tête pour si peu. Elle acquiesce et sourit largement, serrant contre elle son sac de sport plein à craquer posé sur ses gros genoux et s’installe à côté de Wes, dont le visage exprime une méfiance un peu évidente.
Il a tout à fait abandonné l’espoir de guider sa faible squaw dans l’inconnu et est d’une docilité exemplaire. Et n’a pas protesté pas quand à l’arrivée à l’aéroport Wynona, le papier d’explications en anglais que Suzie - la cousine de la belle-sœur de Ruby-Lola pour rappel – lui a imprimé à la main, a pris trois fois le même escalator en montée et en descente, cherchant à se repérer dans les flèches indiquant trains, bus, shuttle, sortie, toilettes, point de rencontre, arrivée et départ. Mais là, bien assis en sécurité dans le shuttle qui les conduit à Charleroi, elle sort de son sac une petite boite métallique de pemmican et en donne une pincée à Wes, qui comprend ainsi que cet exode insensé prendra vite fin.
L’amie virtuelle de Suzy les attend, une quinquagénaire élancée au visage généreux, les oreilles allongées par de petits attrapeurs de rêve emplumés qui font hoqueter Wes de stupéfaction. Elle porte un T-shirt aux teintes passées orné d’un bouclier où court la salutation lakota Mitakuye Oyazin – nous sommes tous parents - traversée d’une plume d’aigle. Enthousiaste et contenant son excitation au prix d’un gros effort, elle les serre contre elle, émue et souriante en disant « Welcome in Belgium, kola ! I am your friend Bénédicte ! ». Wynona se raidit et sourit poliment. Mais un éclair de panique traverse son regard et elle préfère ne pas interroger celui de Wes. Bénédicte, bien que très visiblement sincère, serait-elle une Wannabe,, une blanche qui joue à être Indienne ? Il ne manque plus que le Hau, chief, et ce sera comme si on était restés au pays au milieu des blancs. Mais elle sourit, et s’installe, le sac de sport sur les genoux, à l’avant de la voiture, à l’arrière de laquelle le pauvre Wes se replie comme un contorsionniste pour loger ses jambes devenues si insensibles qu’il en arrive à croire qu’il les a laissées dans la petite maison de Buffalo.
Bénédicte a les mains moites de bonheur et parle sans sembler remarquer que les seules réponses sont un sourire poli qui montre la saine denture d’une Wynona morte de fatigue. Elle indique des choses à gauche et d’autres à droite, explique, haletante, tout en conduisant, riant et respirant fort avec une expression ravie.
Mais quand après des moulinets du poignet et une phrase tout à fait incompréhensible sur un ton interrogateur elle entr’ouvre les deux fenêtres avant, l’air plonge dans leurs corps fourbus et leur parle d’herbe saine, de pluies insistantes, de pierres aux milles secrets, de pelages de vaches, de chats et chiens, de plumages fendant le ciel ou frôlant les branches. L’air leur parle et les saoule de sa généreuse fraicheur. Ça ne sent pas le Dakota, mais c’est un autre air, et c’est bon de découvrir ce que respirent les gens dans ce coin du monde. Wynona se retourne vers Wes, recroquevillé comme une virgule ankylosée, et s’ils ne sourient pas, leurs yeux se caressent avec joie. Sonnés d’un voyage de près de 25 heures, ce sont deux Sioux ronflant comme des ours en hiver que Bénédicte amène devant sa petite maison de briques aux fenêtres rougies de géraniums.
Wynona avait, quant à elle, été prise d’une excitation pire que quand elle se cachait avec ses sœurs pour regarder passer Wes, cette longue silhouette de plus de deux mètres… deux mètres de pure beauté alors, avec ses cheveux qu’il portait tressés et enveloppés dans des lanières de castor. Et quand il était en regalia, sa tenue de fancy dancer… et qu’elle le voyait danser, ne plus faire qu’un avec l’herbe de la prairie, uni avec les hauts brins et le battement du cœur de la terre, son pied s’immobilisant au moment juste où le tambour se taisait, sans fléchir la jambe… elle savait qu’aucun homme n’était plus beau ou mieux indiqué pour elle que ce Wes Mankiller, et qu’elle ferait tout pour qu’il soit le sien. Dans le cœur des femmes qui poussaient leur youyou à la manière des Indiens Cris, sa voix le cherchait, plus perçante que celle des autres, et elle savait qu’elle se déposait là, contre ses lobes percés d’os ou d’argent massif.
Elle avait été déterminée et convaincante et voilà qu’elle allait l’emmener, elle, en Europe.
Mais où ? Paris… ça ne lui disait rien. Trop grand, tout le monde le disait et elle ne connaissait personne qui y soit allé, d’ailleurs. Quand on habite à Buffalo, Dakota du nord, et que toute la ville tiendrait dans une salle de cinéma moyenne pour autant qu’il y ait 200 places, la tête tourne à l’idée qu’elle tiendrait aussi dans quelques rames de métro… Oui, lorsqu’ils vont voir les parents dans la réserve de Pine Ridge, elle le sait que là ils sont dix fois plus nombreux mais comparer les tailles de Pine Ridge et Buffalo, c’est comme mettre côte à côte un vieux wc puant en bord de route et l’Empire State Building ! Pareil pour Londres, et en plus… comment expliquer à ces Brits qu’ils parlent le King’s English et pas un anglais normal, que de braves gens comme elle et Wes ne peuvent pas les comprendre ? Bruxelles non… des statues d’enfants qui font pipi dans la rue, c’est trop libertin. L’Italie… oh… tant de téléfilms américains l’avaient mise au parfum en ce qui concerne les Italiens : toutes les femmes s’habillent avec quelques centimètres de tissu collés sur la peau, ont des anneaux d’or aux oreilles où on pourrait mettre un couple de perroquets, et on n’arrête pas de se disputer dans les restaurants et les rues en sortant des armes de partout. Les plages grecques… on dirait qu’en Grèce il n’y a que des choses cassées en plein soleil et que les femmes sont tenues enchaînées aux fourneaux car on ne les voit pas ou alors on les lapide comme dans le film Zorba. La mer, la montagne… l’eau et l’air ne sont-ils par pareils partout dans le monde ?
Elle s’était alors décidée à aller en bus à Fargo – ciel, 115 000 habitants en ville, soit plus de 14 fois le village de la Little Big Horn dont la célèbre bataille valut son scalp à cette vieille ganache de Custer. Oui, en maths Wynona a toujours été exceptionnelle. Son amie Ruby-Lola lui a parlé d’une agence de voyage en périphérie, tenue par la cousine de sa belle-sœur.
Et c’est là que Wynona a décidé qu’ils iraient à Charleroi en Belgique. Car Suzie, la cousine de la belle-sœur de Ruby-Lola a une amie Facebook en Belgique, à Charleroi. Qui pratique son anglais en lui évoquant la vie merveilleuse qu’elle y mène… Et en avant. L’amie de Suzie les logera dans sa chambre d’hôte qu’elle gardera à leur intention.
Il a remué ses trop longues jambes sans interruption comme s’il poursuivait un chien de prairie depuis que l’avion a enfin quitté O’Hare Airport en Illinois. Wynona a bien vu que déjà, en montant dans le premier vol à Fargo, il dissimulait sa peur – terreur serait plus percutant comme définition – dans l’attitude de l’Indien au visage impénétrable. Il n’avait pas dit un mot pendant tout le vol – une heure et demie – mais c’est l’habitude entre eux. Il aime palabrer et discourir, mais pas parler. Il faut qu’il puisse lever le menton, croiser les bras, rouler des yeux, rire comme un cannibale repu parfois, pour que ses talents d’orateur l’illuminent. Quel talent d’orateur y-a-t-il dans des réflexions triviales telles que « mes jambes sont trop grandes et l’espace ne contiendrait pas un nain entre les rangées de sièges » ou « l’hôtesse sent le lait sûri » ? Aussi avait-il abandonné Wynona à ses propres inquiétudes.
Elle, c’était en largeur qu’elle se sentait compressée. Elle n’a plus de silhouette depuis longtemps, et ses jeans soulignent ses joyeuses rondeurs, ainsi que les T-shirts que pourtant elle prend en XXL, mais elle a, comme dit son fils Marvin, un fameux capitonnage et des réserves pour les disettes.
Elle avait gagné un voyage avec destination de son choix en Europe en participant à un concours de mots croisés. Et surtout… en répondant à la question subsidiaire. Combien de personnes participeraient-elles au concours et n’auraient qu’une erreur ? Elle avait choisi l’année de sa naissance, 1947. Et elle avait gagné. Un vol pour l’Europe, destination au choix, et un budget de 2000 euros.
Wes avait presque pâli en l’apprenant. Pratiquement, il avait eu la teinte d’un canari. Il ne se déplace que pour les pow-wows, avec les fancy dancers de la tribu, en autocar qu’ils affrètent spécialement. Les costumes prennent déjà tant de place, avec les tournures de front et surtout de taille en plumes, les coiffes de guerre qu’on surveille jalousement… Il aime ces voyages qui le tiennent sur la route parfois deux mois d’affilée sur le Pow-Wow Highway. Il aime surtout le gigantesque pow-wow annuel d’Albuquerque, « La réunion des nations », et eux, les Sioux, font figure de mâts de navire à côté des petits pueblos du coin aux yeux tendres et à la peau sombre tendue sur leurs visages ronds.
Ça, pour Wes, c’est toute l’étendue du monde qu’il a besoin et envie de connaître. Son grand-père et son grand-oncle avaient vu l’Europe, mais en habits militaires. Une vieille carte postale de la Place Rouppe à Bruxelles figure en bonne position sur une étagère, entre une reproduction du pont de Brooklyn en plastique et la photo de leur fille Loretta avec Tim Littlebird le jour de leur mariage.
Un de ses ancêtres avait aussi découvert la lointaine Europe avec le Wild West Show de Buffalo Bill.
« Où suis-je ? demanda l’enfant tout en se frottant les yeux. Qui êtes-vous ? Où est maman ? J’ai froid. »
« Chut… murmurai-je. Tu es endormie. Ce n’est qu’un rêve. Juste un rêve, mon enfant. »
Elle me crut. On fait confiance aux adultes, à cet âge-là. On croit qu’ils ne mentent jamais. Or ils mentent sans relâche et sont très loin d’être des parangons de vertu.
« C’est vous, n’est-ce pas, le prince dans les histoires que me raconte ma maman, le soir ? Vous êtes si beau… »
« C’est bien moi, tu as raison, approuvai-je pour la rassurer. Seigneur, je voudrais mourir !!! »
Et elle vint dans mes bras d’elle-même. La serrant, je lui demandai de me pardonner et j’éclatai en sanglots.
Le rire sadique de Valentina couvrit mes plaintes. La petite fille sursauta, cherchant du regard qui pouvait être là avec nous dans son ‘‘rêve merveilleux’’.
Une nouvelle fois, je lui demandai pardon. Puis je mordis dans sa nuque en nous maudissant, Valentina et moi. La tête de l’enfant naïve pencha sur le côté. Peu à peu, ses couleurs s’effacèrent. Ce n’était plus qu’un cadavre. Je pleurais à chaudes larmes en serrant très fort le corps contre moi. J’étais désespéré, mais je me sentais ‘‘vivant’’. Elle avait réussi. J’étais devenu un monstre.
Valentina reparut. Elle ramassa le corps et le jeta au loin, violemment, sans même regarder où. Je restai coi devant son manque total de respect pour la vie.
« C’est bien… C’est très bien ! dit-elle. Et j’espère que tu seras un peu plus reconnaissant, désormais. »
Elle me fit tomber sur le dos et s’assit sur mon bassin, me maintenant cloué au sol, se mettant à lécher les larmes pourpres qui, déjà, se coagulaient sur mes joues. Soulevant sa robe, elle arracha ce qu’il restait de ma culotte de peau pour frotter son sexe contre le mien.
« Je vous tuerai !!! » vociférai-je en lui crachant au visage, me débattant comme un beau diable.
Le sang de l’enfant ne m’avait même pas apporté suffisamment de force. J’étais tellement anémié… J’avais été privé de ce qui m’était nécessaire depuis trop longtemps.
« Alors, ça t’a plu de boire le sang de cette enfant de gueuse ? s’exclama-t-elle, hystérique. Est-ce que ça t’a fait autant jouir que la fois où ce sale Théo a craché son foutre en toi ? »
« Je vais vous écorcher vive, Valentina !!! Ça, j’en suis sûr, ça va me faire jouir !!! »
« Vois-tu, j’en doute, mon trésor… Mais ! Mais tu deviens tout dur, on dirait ! Qué hombre ! » se gaussa-t-elle en espagnol.
Je me mis à pousser des hurlements. C’était le moment le plus humiliant de toute mon existence. Mais à quoi bon protester de la sorte ? Je me sentais un tout petit peu plus vivant, certes, mais je restais toujours aussi faible. Boire le sang de cette petite fille n’avait servi à rien. Sinon à faire gonfler un organe idiot. J’allais rester un jouet entre les mains de Valentina pour l’éternité…
Cette démone, braillant mon prénom pour me rendre fou, ne s’occupait que du mouvement de son bassin sur mon sexe. Ses sens surdéveloppés ne l’avertirent pas du danger qui la menaçait. Qui nous menaçait tous les deux, selon toute vraisemblance.
Une ombre grandissait derrière elle… Il s’agissait d’un homme qui s’approchait en tapinois. À cet instant, force est de le reconnaître, la terreur me saisit. Mais aucun son ne sortit de ma bouche. L’attaque qui survint fut rapide et très violente. J’en eus un haut-le-cœur.
Les mains puissantes de l’homme s’abattirent de part et d’autre du visage de Valentina, qui eut tout juste le temps de pousser un hurlement d’effroi. Les doigts de l’agresseur transpercèrent la peau blême et pénétrèrent, avec une facilité déconcertante, la chair et le crâne, et il réduisit la tête du vampire en bouillie entre ses mains. Jamais, dans mes pires cauchemars, je n’aurais imaginé pareil spectacle. Des petits morceaux de chair et de cerveau, devenu de la marmelade, s’étaient répandus sur mon ventre. Les yeux et des dents aussi. Un œil roula à terre. Le second demeura sur mon nombril.
J’étais là, allongé, parfaitement impuissant et nu, avec mon membre toujours enfoncé dans le vagin d’un vampire dont le corps, gorgé de sang, pissait à gros bouillons par le cou. J’étais paralysé. J’allais, inévitablement, subir le même sort.
L’homme secoua délicatement ses mains afin de se débarrasser de la cervelle restée accrochée à ses ongles. À la suite de quoi, empoignant le corps atrocement mutilé de ma geôlière par l’épaule, il le souleva et arracha le cœur. Il écrasa l’organe atrophié dans sa main, et Valentina fut réduite en poussière. Elle avait finalement reçu le traitement qu’elle méritait, mais j’allais mourir, moi aussi. Je tentai de reculer, oubliant que je portais des entraves. Je me mis alors à tirer dessus comme un forcené afin d’échapper à cette bête féroce. Ce monstre fou !
Mon visage était couvert de sang et de larmes rouge vif qui s’accumulaient comme une coulée de cire sur une bougie. Je me mis à chialer et à appeler au secours. Si j’avais toujours été humain, je me serais pissé dessus.
L’homme en face de moi me considérait de toute sa stature. Une légère moue se dessina sur ses lèvres quand je tentai de donner un coup de pied dans son mollet.
« Ne m’approchez pas ! ordonnai-je en postillonnant. Retournez d’où vous venez, démon ! »
Bien sûr, il fit un pas en avant, puis il dit, on ne peut plus calmement : « Et il va faire ‘‘quoi’’, maintenant, le garçon ? »
Il croisa les bras, passablement contrarié par mon attitude de défi. Soudain, il se mit à humer l’air dans la grotte. Quelque chose, et je savais très bien quoi, avait attiré son attention. Il reporta alors un regard ombreux sur moi, fronçant fortement les sourcils.
« C’est toi qui l’as tuée ? »
J’étais terrorisé. Sa violence extrême m’avait traumatisé.
« Cette mégère, que j’ai éliminée, elle t’a forcé, n’est-ce pas ? Réponds-moi sans équivoque, s’il te plaît. »
J’acquiesçai et me mis aussitôt à pleurer, imaginant ma tête exploser entre ses mains. Ou sous son pied. Mais l’homme me sourit…
« Tu n’as plus à appeler au secours, désormais, dit-il en s’agenouillant devant moi, me tendant sa main droite. J’ai entendu tes appels désespérés, mon ami, comme un brouhaha constant dans ma tête, et je suis venu te délivrer. Tu ne risques plus rien, je te le jure. »
« Allez, prends ma main ! » m’encouragea le vampire qui me faisait face, majestueux dans un habit de brocart chatoyant.
« Allez-vous me détruire ? bredouillai-je, fébrile. J’aurais voulu l’être, mais je n’étais pas assez fort. »
« Te détruire ? dit-il en fracassant mes entraves. Mais pourquoi voudrais-je te détruire, nigaud ? »
« J’ai pris la vie de cette pauvre petite. Ça vous a contrarié, je l’ai lu dans vos yeux. »
« Tu as été contraint. Je n’ai qu’à te regarder et à constater la façon dont tu as été traité. Tu es brisé. »
« Mais, hum… Valentina, balbutiai-je. Vous avez… Sa tête… Vous lui avez… Je ne veux pas mourir de cette façon, pitié… Pas comme ça… »
Le vampire, semblant s’amuser de mon blocage psychologique, esquissa un demi-sourire et dit que je n’écoutais pas. Il ôta son ample cape et recouvrit mon corps nu.
« Tu n’as plus aucun souci à te faire. Cette Valentina ne te fera plus le moindre mal, désormais. Je ne te ferai aucun mal, moi non plus… Allez, ne tremble plus, s’il te plaît… (Il me fallut une minute entière pour me ressaisir.) Mon frère, dis-moi, tu sais que tu es… »
« …un vampire, oui, avec ce besoin de sang permanent. C’est épouvantable. Je ne pense qu’à ça. »
« Ce besoin de sang, comme tu dis, il n’est pas réellement permanent. Ce succube t’affamait, c’est tout… À partir de maintenant, je vais prendre soin de toi. Tu n’es plus tout seul dans la vie. Ton calvaire est terminé. »
La peur s’étant évaporée, je crevais d’envie de me jeter dans les bras du vampire afin de le remercier, de me sentir protégé, mais c’aurait peut-être été mal interprété. En tout cas, je devinai que tous n’étaient pas des monstres vicieux comme l’était feu Valentina.
Compte tenu de sa violence inouïe envers ma geôlière, ces derniers mots pourraient sembler incompréhensibles, cocasses, mais ce vampire-là semblait paisible et parfaitement éduqué. Il ne me voulait que du bien, et j’avais désespérément besoin d’y croire.
En surface, il devait avoir le même âge que moi, à peu près. C’est-à-dire dans les vingt-cinq ans. (Il en avait vingt-huit.) Il était incroyablement beau – bien plus que moi. Juste un tout petit peu plus petit : un mètre quatre-vingts. Son visage était encadré de longs cheveux châtain clair, à peine ondulés, retenus par un ruban de soie de couleur crème. Ses grands yeux verts, fortement expressifs, ourlés de très longs cils, me fixaient sans aucun battement de paupières. Sa bouche était plus fine que la mienne, davantage incarnate, mais identiquement sensuelle, et ce, malgré une mâchoire bien carrée. Une espièglerie semblant gravée dans les traits de son visage parachevait cet authentique chef-d’œuvre de la nature. Il était tout simplement divin.
Réalisant enfin que j’étais libre, je me mis à rire et à pleurer en même temps. Le vampire m’observait avec une véritable expression de bienveillance – jamais vue que sur le visage de maman Justine. Si, quelques instants plus tôt, j’avais éprouvé une ardente terreur, elle se transformait peu à peu en fascination… « Pourvu qu’il ne m’abandonne pas là ! Pourvu qu’il veuille bien rester avec moi quelque temps ! » répétai-je, comme une prière, dans ma tête. J’étais tellement affaibli… Pas seulement physiquement, mais aussi psychologiquement. J’avais tout perdu. Mon pauvre frère, pour qui j’étais un héros, avait connu une mort cruelle, et ma mère, elle, devait passer ses journées à se lamenter sur deux tombes vides. Cette pensée me transperçait comme une baïonnette. J’étais seul au monde. Non, plus maintenant ! J’avais appelé au secours, j’avais prié le Seigneur, et ce fut un vampire qui vint à ma rescousse. Un vampire qui m’appelait ‘‘mon frère’’. Comme quand je me blottissais dans les bras de ma mère, comme quand mon frère trouvait refuge dans les miens, j’aurais réellement voulu m’abriter dans ses bras sécurisants. Je me mis à pleurer à chaudes larmes. Encore…
« Cette sorcière t’a lourdement amoché, mon frère, mais je vais tout arranger. Fais-moi confiance. »
« Qu’allez-vous me faire ? » m’inquiétai-je.
« Bon ! En tout premier lieu, tu vas me faire le plaisir de me tutoyer, me pria-t-il. J’ai peut-être de beaux habits, mais ils ne font pas de moi un véritable noble. En outre, je ne suis pas ton père. »
Je m’abstins de répondre : « Dieu merci. »
« Je m’appelle Benjamin, dit-il. Benjamin Lebeau. Vas-tu prendre la main que je te tends, Virgile ? »
« Par les flammes de l’Enfer ! s’impatienta-t-il. Cela fait je ne sais combien de saisons que ce garçon est exsangue, et Monsieur préfère babiller ! On aura tout le temps de bavarder, Virgile, mais je connais ton prénom, oui. C’est bien ‘‘Virgile’’ qu’hurlait cette diablesse en s’acharnant sur ton pénis, non ? »
« Oui, déclarai-je, quelque peu honteux. Mon nom est Delecroix, Benjamin Lebeau. Delecroix et non Delacroix. Votre nom… vous le portez vraiment bien. »
« Ravi de faire ta connaissance, ‘‘et non Delacroix’’ ! me taquina-t-il. Pourquoi te sentir à ce point coupable ? En quoi es-tu responsable de ce qui t’est arrivé ? Il transpire tellement de souffrance par tous les pores de ta peau… J’en ai le cœur brisé. Je veux tout savoir de toi, mais je vais devoir te remettre sur pied, avant ça. Au fait, merci pour le compliment, mais cesse de me vouvoyer, s’il te plaît. »
— Madame Belle? Madame Clara Belle, c’est bien ça ?
— Vous avez une excellente mémoire, inspecteur Sidonin, cela me rassure. Encore une fois …
— C’est la troisième fois que vous faites appel à mes services. Lors de notre dernier entretien, nous spéculions au sujet de la couleur verte de vos extra-terrestres, je ne peux oublier une telle précision dans les propos d’un témoin. Vous avez nuancé les verts comme si vous aviez une palette devant les yeux. Vos extra-terrestres étaient verts … comment déjà ?
— Vert quetzal, inspecteur, quetzal, Q.U.E.T.Z.A.L. …
— Oui, bien sûr, bien sûr … Et à part tout cela, madame Belle, votre mari, Sigmund Woody, est toujours psychiatre ? Et votre fille, Pocahontas, a-t-elle définitivement retrouvé la mémoire ? Pour nos lecteurs, madame Belle, car à présent nous sommes suivis comme on le dit de nos jours, pour nos lecteurs donc, qu’ils se régalent en relisant vos aventures dans Aura 122 et Aura 123.
— Nous devenons des vedettes, inspecteur Sidonin !
— Oh, surtout vous, madame Belle, surtout vous. Je vous écoute, racontez-moi ce qui vous tracasse ce matin.
— C’est au sujet de mon mari, inspecteur Sidonin. Je pense que Sigmund devient fou !
— Madame Belle, votre mari, Sigmund Woody, est psychiatre. Moi, je ne suis qu’inspecteur de police …
— Sigmund devient fou, inspecteur. Il est prêt à tout, prêt à commettre l’irréparable.
— L’irréparable, madame Belle ?
— Oui, m’assassiner et aussi, par la même occasion, assassiner certaines de ses patientes ! C’est effroyable, inspecteur Sidonin, croyez-moi !
— Je ne demande que ça, madame Belle, vous croire. Mais vous connaissez la musique si j’ose dire, il me faut des preuves. Des tentatives d’assassinat ont-elles déjà eu lieu ?
— Pas vraiment, mais tout peut arriver, inspecteur ! J’ai peur !
— Je vous écoute, madame Belle, reprenons tout cela dès le début.
— Eh bien voilà, inspecteur. Depuis quelques semaines, il m’arrive de drôles de choses.
— Par exemple, madame Belle, par exemple.
— Mardi dernier, je me lève et, comme chaque matin, je me dirige vers la cuisine. Sigmund attend au lit sa première tasse de café Nespresso goût caramel.
— Très intéressant jusque là, madame Belle, et ?
— Eh bien, ce n’était plus ma cuisine ! C’était une autre cuisine, une cuisine que je n’avais pas choisie, une cuisine ringarde, une cuisine à deux balles. Et ma machine à café Nespresso s’était métamorphosée en une espèce d’entonnoir crasseux. Je me retourne et … je vois un vieux poêle crapaud ! Oui, inspecteur, un poêle crapaud ! En fonte !
— En fonte ! Mais c’est du pur vintage, madame Belle, c’est merveilleux, c’est à la mode le vintage !
— Sur le poêle une casserole toute cabossée, en fonte également, et dedans mijotait une bouillie qui puait, oh cette odeur inspecteur, cette odeur …
— Autre chose, madame Belle ?
— Oui, inspecteur ! À deux pattes du crapaud, sur une chaise bancale en bois bon marché, une mégère vieillotte engoncée dans des loques noires et mitées. Elle me dit bonjour et me prend pour sa belle-fille ! Mais Sigmund n’a plus sa mère depuis longtemps, inspecteur ! Je ne l’ai moi-même jamais connue ! Vous pensez bien que jamais je n’aurais épousé un homme qui avait une mère ! Je refuse que cette sorcière soit ma belle-mère !
— Calmez-vous, madame Belle, calmez-vous. Continuez donc votre récit.
— Et donc, inspecteur, je suis remontée quatre à quatre dans la chambre et j’ai réveillé Sigmund ! Je lui ai expliqué que la machine à café Nespresso avait disparu ! Qu’il y avait un crapaud en fonte et une bigote archaïque assise sur une chaise ridicule. Je ne lui ai pas dit qu’elle me prenait pour sa belle-fille, vous pensez …
— Continuez, madame Belle, continuez.
— Sigmund a trouvé tout ça presque naturel. Il m’a expliqué que les forces du mal nous jouaient des tours, que nous étions parfois propulsé sur une autre ligne de temps, et que forcément dans ce cas, les machines à café changeaient du tout au tout.
— Il en connaît des choses votre mari, quelle érudition ! Et ?
— Je lui ai rétorqué que ce n’était pas possible de vivre avec une telle angoisse, celle de ne pas retrouver sa machine à café Nespresso. C’est à ce moment-là que Sigmund s’est montré très agressif, inspecteur. Dans sa colère, il a dit que je n’étais pas la première à débiter de tels propos. Depuis plusieurs semaines, ça défilait de tels récits sur son divan de consultation. On lui racontait des histoires de ce genre-là. Les gens se retrouvent dans une autre maison que la leur, dans la même ville mais à une autre époque … Et que lui, Sigmund Woody n’avait qu’une seule solution, éradiquer ces forces du mal ainsi que leurs ombres maléfiques et donc commencer par anéantir les personnes souffrant de ces situations. « Ce qui annihilerait la situation », je reprends ces mots, inspecteur. Je transis, inspecteur, je transis.
— Je comprends madame Belle, je comprends. Mais jusqu’ici, aucun passage à l’acte de la part de votre mari …
— Non, vous avez raison, inspecteur Sidonin. J’aimerais néanmoins que vous allumiez toutes les lumières possibles au sujet de cette sombre affaire. Et surtout, surtout, il s’agirait de retrouver ma machine à café Nespresso, vous comprenez inspecteur ? Inspecteur ? Inspecteur Sidonin ?
Maintenant que vous savez qui a écrit les textes du concours n°3... Faut voter ! Tant pis... En votre âme et conscience... Quel texte remporte vos suffrages ? Vous avez jusqu'à ce soir !!! Résultats à 20h !