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Philippe de Riemaecker chronique "La Maison" de Marie Klimis dans le magazine CHOUETTE Mag.be

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.chouettemag.be/

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Marie Klimis "La Maison"

Il y a longtemps que je n'ai plus arrosé mes souvenirs d'enfant avec une telle fraîcheur d'écriture. Impossible de ne pas songer à Saint Ex et "Le Petit Prince". Vous vous souvenez..? Récit qui se découvre à chaque lecture, car, comme les poupées russes, il révèle profusion d'allégories. C'est le genre de lecture à laquelle chaque étape de la vie peut s'accrocher sans prise de tête et à tout âge s'il vous plait !. On ne l'écrira jamais suffisamment, le génie se découvre dans la simplicité.

Je viens de refermer "La Maison", un roman joliment écrit par la plume de la jeune écrivain "Marie Klimis". C'est une histoire complètement disjonctée, contée par une maison. Une maison qui parle. Une maison qui raconte ce que ses murs observent. Une maison qui possède un cœur gros comme ça. Certes, il y a ce tableau qui pique des crises de colère à faire trembler les murs. Des portes qui claquent, des assiettes qui tombent et ne croyez pas que nous parlons de fantômes, non, nous découvrons le bonheur d'une sorte de conte de fées, d'un monde imaginaire, d'un joli rêve approché par un talent qui mérite d'être placé sous les feus des projecteurs.

Une petite fille arrive à dos de mouton et décide de repeindre les lattes du plancher. Un mouton certes, mais un mouton glouton qui mange tout ce qu'il trouve. Une adolescente troublée par ce grand chambardement quand une enfant découvre qu'elle devient une femme. Et puis, il y a cette cuisinière, un peu sorcière, qui offre des chocolats qui rendent amoureux.

Énorme frustration de dévorer la dernière page. Mais tout à une fin, il faut bien que l'auteur aboutisse son ouvrage. C'est un peu comme les vacances, on entrevoit ses richesses le jour de la rentrée.

Bref je n'ai pas résisté au plaisir d'inviter Marie Klimis à répondre à mes questions. Nous avons pris rendez-vous au "Château de l'Ardoisière" afin de profiter de la gentillesse des propriétaires (merci). Un cadre merveilleux en plein cœur de Jodoigne. Rien de tel pour tourner quelques images. Sans la moindre hésitation, Marie a répondu à cette invitation. Pour ce faire, elle a traversé la Manche. Ha! j'oubliais, Marie Klimis, originaire de Belgique, vit actuellement en Angleterre. Ceci explique peut-être cela ? Car quoi, n'est-ce pas sous l'ombre de "Big-Ben" que Marie Popins a vu le jour, n'est-ce pas sur cette île que l'on risquerait de rencontrer "Alice au pays des merveilles"? Et le petit dernier, Harry Potter "of course what else ?"

Premier roman, bravo ! Plongez vos yeux dans ce récit c'est se retrouver avec des étoiles plein la tête et l'envie de s'envoler sur le dos d'une étincelle. Oui, une étincelle, car ce livre brille par son originalité.

Qui êtes-vous Marie, qui êtes vous vraiment? Maman Belge, papa Grec et vous voici en Angleterre pour des études théâtrales. Vous ne choisissez pas la facilité et pourtant, sourires aux lèvres, joie de vivre, vous nous partagez un grand souffle de tendresse. Par les temps qui trottinent, on en a bien besoin.

Marie Klimis, retenez ce nom, je gage qu'il raisonnera bientôt parmi les incontournables.

S'il te plait, Marie, dessine-moi un mouton.

"La MAISON" Marie Klimis Chloé des Lys Collection ISBN 978-2-87459-921-7

 

Philippe de Riemaecker

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« FANTINE » de M-Noëlle Fargier

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

« FANTINE » de M-Noëlle Fargier


 

J'aime "les seconds rôles"...Il en est un qui m'a toujours interpellée, touchée. Celui de Fantine, la mère de Cosette dans "Les Misérables" de Victor Hugo. Cette femme si forte et pourtant si fragile....

Fantine

On ne sait pas grand-chose d'elle, enfant. On peut l’imaginer lorsqu’elle vivait à Montreuil. On peut l'imaginer courant dans une prairie, les cheveux au vent. On peut l'imaginer tremper les pieds dans la rivière qui coule près de sa vieille maison, avant de rejoindre la grande bleue. On peut l'entendre rire quand les petits vairons chatouillent ses orteils. On peut la voir s'asperger le visage de ses mains fines et sales. On peut la contempler sous le soleil qui lance des reflets dorés sur sa longue chevelure. Et puis, cueillir un fruit du pommier centenaire et y croquer à pleines dents. Et puis, s'asseoir à son ombre bénéfique et rêver...

Faire de sa robe jaunie, un habit lumineux de papillons colorés. Remplacer ses sabots usés par de fiers souliers argentés. Transformer sa vieille maison en un château. Oui, elle partira. Oui, elle s'enfuira. Oui, elle ira dans cette ville lumière qu'on appelle la capitale. Oui, elle découvrira les cathédrales et leurs dorures, bien plus divines que la petite église de son village. Oui, elle s'enfuira. Puis, elle travaillera, elle aime tout faire, et puis elle sait si bien coudre. Elle se promènera sur les beaux faubourgs fleuris, vêtue d'une robe blanche. Elle rencontrera un bel homme qui l'aimera dès leur premier regard. Il lui dira les mots qu'elle n'a jamais entendus, des mots d'amour, d'amour éternel. Ils se marieront, auront une magnifique demeure avec un grand jardin d'herbe douce, de fleurs multicolores où l'air se déguisera de mille senteurs. Elle lui donnera un enfant, une fille qui lui ressemblera. Comme sa maman, elle sera habillée d'une jolie robe...rose. Elle portera une magnifique poupée en porcelaine, blonde comme elle. Lui, dans un costume sobre et élégant, elle, dans sa robe blanche, tiendront la main de leur fillette. Et tous trois riront tant de leur vie facile, si légère sous le ciel bleu de Paris. Oui, elle partira....

Paris est majestueuse, comme dans ses rêves ! Belle Fantine, son rire résonne encore de ses espoirs infaillibles, de ses projets, de ses rêves, sur les pavés de la cité. La lourdeur de sa blondeur échevelée respire ses belles années. Insouciance. Elle marche, tête haute, intrépide. Ses yeux bleus dévorent ses lendemains qu'elle sait beaux, qu'elle sait heureux, qu'elle sait sereins. Oh belle Fantine ! Ses perles blanches, elle sait les montrer, elle rit si fort à son présent, à son destin. Sûre d'elle, comme de chaque être qu'elle aime. Chaque homme, chaque femme qu'elle croise semble voué à illuminer sa vie, à la faire rayonner. Belle Fantine ! Elle mord la vie, la savoure, la partage. Parfois, ses moments de pudeur calment son air enjoué, et elle devient grave. Elle commence à apercevoir les ombres données par celle qu’elle nomme « la dame de Paris » derrière laquelle se cache la misère, la tristesse. Ces moments lui donnent un air qu'on pourrait croire dédaigneux : objet d'attirance pour cet homme, Tholomyès. Il est là, son prince. Plus vieux, chauve, édenté, certes. Mais le regard et les mots tels qu'elle les avait rêvés. Passionnée de lui, elle devient. Petit oiseau téméraire se posant sur cet épouvantail d'oracle. Passionnée de lui, elle se donne. Passionnée de lui, elle enfante. Oh belle Fantine ! Cet être en qui elle croyait, cet être qui lui a promis le soleil éternel... brûle sa chair. Et chaque être qu'elle croise sur son chemin calcine ses plus sincères croyances.

Mais sa fille, sa Cosette est bien réelle et si fidèle à celle de son rêve ! Pourtant, elle n'est pas vêtue de la jolie robe, elle ne porte pas la ravissante poupée. Elle a seulement faim. Et elle, elle doit la confier pour la sauver. Qu'elles sont belles les paroles de cette famille adoptive avec leurs sourires si sincères, leurs enfants si aimants ! Cosette sera heureuse ! Bien sûr, il faudra donner quelques sous à ces braves gens. Mais elle travaillera. Le monde est tellement bon, toujours là pour l'aider ! Malheureusement, sa belle Cosette tombe malade. Ces pauvres gens, si dévoués au bien-être de Cosette, réclament de plus en plus de sous à Fantine. Il ne lui reste rien. Que son corps. Comme il a donné la vie à son enfant, il va devenir la source de sa survie. Elle le vend. Ses cheveux saccagés, sa bouche cloisonnée sur son rire amputé, édentée, pour nourrir son enfant, la soigner, et lui offrir ce beau jouet. Cette foi, offerte pour quelques mots, un peu de poésie, un petit sourire, aujourd’hui ne se dessine que d'un seul nom "Cosette", sa fille. Elle s’oublie. Et pour cause ! Qu'ont-ils fait d’elle et de ses rêves ?

- De la chair meurtrie, des espoirs brisés.

Ses yeux si bleus, violés de cernes creusées par des mains obscènes. Sa bouche qui ne rit plus et se tait. Son corps assassiné par son âme trop pure. Un homme regarde Fantine, vestiges de la main humaine.

Il ne reste d'elle que cette chose : un corps mourant et des rêves...Le seul que sa vie terrestre ait exaucé et qu'elle doit quitter, sa fille Cosette. Elle le confie à ce Monsieur, si digne, si aimant qui la regarde mourir, Monsieur Madeleine. Cet homme ignoblement accusé, ignoblement enchaîné pour un morceau de pain. Cet homme défenseur du plus faible, et coupable lui-aussi, sans le vouloir, du destin de cette femme. 


 

Cet homme qui va porter le seau, rempli de cet eau limpide et si lourd pour cette petite fille. 

Si lourd des chimères de sa mère, peut-être......

 

Publié dans Nouvelle

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Christina Previ a lu "Tant de silences" de Philippe de Riemaecker

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

« Tant de silence » Philippe de Riemacker

 

Ce livre est une ode à la vie et qui fait pourtant référence à la mort qui sert à évaluer le vécu.

Les relations humaines forment le fil conducteur qu 'a choisi l’auteur pour nous introduire au sein de trois milieux très divers. Trois mondes qui diffèrent tant sur le plan social que géographique, culturel et spirituel. Néanmoins, le destin qui mène sa barque comme bon lui semble fera se rencontrer ces entités étrangères voire opposées.

Certaines pages s’ouvrent sur de profondes introspections, des questions qui restent sans réponse et des silences assourdissants

L’émotion est présente, souvent, sans aucune sensiblerie et la découverte de l’autre est la valeur suprême portée tout au long de ce beau récit.

Ce livre nous invite sur la voie de l’amour et de l’acceptation de la diversité humaine.

C’est un cheminement qui ne glisse pas sur la facilité. Il se lit au travers d’une multitude de facettes qui habillent les âmes au fil du vécu de chacun des héros, nous renvoyant ainsi des sentiments, des émotions et nous dévoilant le pire mais heureusement aussi le meilleur de la nature humaine.

Il n’est pas à exclure qu’une petite larme vous submerge au cours de cette lecture…

 

Christina Previ

Publié dans Fiche de lecture

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Pour TV-Passion, un enregistrement vidéo de l'émission de Philippe De Riemaecker concernant Carine-Laure Desguin et le salon du livre de Charleroi

Publié le par christine brunet /aloys

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Christine Brunet a lu le roman de Robert Fontaine, "La croix mystérieuse"

Publié le par christine brunet /aloys

Je ne lis que très rarement des romans policiers mais je dois avouer que la première de couverture et le titre de cet ouvrage ont titillé ma curiosité : quelque chose dans le dessin m’a fait penser, je ne sais pourquoi, à « l’île aux 30 cercueils ». Le livre entre les mains, je m’attends donc à quelque chose de semblable. Ai-je raison ? Je me lance dans la lecture en omettant, sciemment, de lire la 4e. J’aime les surprises !

Ce roman est un roman policier… Il démarre juste avant l’arrivée des troupes allemandes au début de la seconde guerre mondiale… Un début sur les chapeaux de roue avec un cadavre de femme puis une croix dressée à l’endroit où le corps a été retrouvé : par qui, pourquoi ? Beau mystère ! Puis le temps passe et… d’autres meurtres viennent troubler le paysage.

De nos jours… Un braquage qui tourne mal, et c’est tout un service de la criminelle qui se met en branle.

Le lecteur assiste alors de l’intérieur au processus d’une enquête, à la vie d’un service de police : relation entre les policiers, processus de déduction, interrogatoires, perquisitions… Pas de héros unique mais un groupe de policiers solidaires. L’enquête avance avec ses erreurs inévitables, ses impasses, et ses découvertes. Le lecteur ronge son frein, extrapole, cherche et tente de trouver un lien entre ce fameux braquage sanglant et, qui sait, les cadavres découverts près de la croix.

Je n’irai pas plus loin dans la révélation de la trame, ce serait dommage. Il faudra lire jusqu’au bout pour obtenir des réponses… même si la fin interpelle, je dois l’avouer.

Robert Fontaine nous propose un polar qui oscille entre Simenon dans le processus d’écriture et Vargas. Un balancement entre tradition du genre pour le style et le rythme et modernité pour l’environnement policier, un mélange qui étonne. Finalement peu de dialogues pour de longues descriptions qui ancrent les personnages et le lecteur dans un décor, un instant, un mouvement ou une décision. Une écriture fluide qui sert l’ambiance et le jeu des personnages.

Allez, je ne peux m’empêcher de vous donner deux indices ; deux questions vous tarauderont tout au long de la lecture : qui est le tueur de femmes et qui se cache derrière le masque de Mickey ? Jouez le jeu… Cherchez !

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans Fiche de lecture

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Brune SAPIN nous propose un poème...

Publié le par christine brunet /aloys

Dans ce chant d'oiseau qui annonce le lever du soleil, Dans le souffle revigorant du vent qui fait rougir les joues et fouette le sang, Dans le défilé des étoiles qui s'estompe et feu d'artificera ce soir, Dans les prières à la lune, Dans le mystère des fleurs qui poussent, de la mousse et des champignons, de la rosée qui givre, de la flaque d'eau, des arbres qui chuchotent entre eux, des fruits qui mûrissent de sève, des vestiges des temps passés, Se dévoilent les secrets de la nature qui vibre et qui vit. Et tous les coeurs qui battent d'amour, de haine, et d'aigreur et de tendresse, Inspirent le miracle d'un équilibre renaissant aux prémices de l'éternité des âmes, bourgeons de sentiments à venir, qui fluctueront selon que la gifle ou la caresse se décideront à frôler la peau ou les plumes. Le rêve est là, se revêt de sens, Et s'estompe la brume. La réalité ne serait que le délire universel de l'existence.

Publié dans Poésie

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Marie Klimis, l'auteur de "La maison" interviewée par Philippe de Riemaecker pour Radio Passion

Publié le par christine brunet /aloys

Marie Klimis, l'auteur de "La maison" interviewée par Philippe de Riemaecker pour Radio Passion

https://www.youtube.com/watch?v=R3fWqrSnn_Q

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ICN, les Editions Gascogne... Une découverte signée Actu-tv !

Publié le par christine brunet /aloys

ICN, les Editions Gascogne... Une découverte signée Actu-tv !

Les Editions Chloé des lys propose depuis quelques mois Chloé des Lys "Collection" : or, CDL a choisi, non pas CORELAP (l'imprimeur belge "historique") mais ICN à Orthez pour imprimer ces titres.

ICN, c'est une équipe de passionnés au service des auteurs... 

 

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Didier Fond nous propose une nouvelle définition...

Publié le par christine brunet /aloys

 

DICTIONNAIRE POST-PHILOSOPHIQUE : ARTICLE « LE BLOGGER »

 

 

 

Extrait d’un article paru dans le quotidien Le matin de Sirius et signé d’un certain Micromégas.

 

« L’espèce étrange qui peuple la planète dont nous avons longuement parlé dans les articles précédents se divise notamment en deux catégories : les bloggers (ou blogueurs, ou blogers, voire blagueurs) et les autres. C’est cette première catégorie qui retiendra aujourd’hui notre attention.

 

« Déjà, une première remarque s’impose : les différentes façons d’orthographier le mot désignant ces êtres humains est un indice fondamental de la difficulté à cerner réellement qui sont, sur le plan de la personnalité – voire de l’utilité- ces fameux bloggers.

 

« Ce sont des gens qui s’expriment : c’est leur particularité essentielle. Le support qu’ils utilisent pour « s’exprimer » est une machine totalement dépassée et obsolète dans notre monde et qu’ils nomment pompeusement « computer » ou « ordinateur » -tout dépend de la langue dans laquelle ils « s’expriment ».

 

« Le verbe « bloguer » et les expressions « tenir un blog », « faire un blog », « remplir un blog », « se répandre sur un blog », « blablater sur un blog » désignent l’action de « s’exprimer ». Quant au « blog » lui-même sur lequel ils « s’expriment », c’est une chose abstraite qui prend forme sur la lucarne du « computer » quand vous avez tripoté pendant dix minutes un nombre incalculable de « touches » collées sur un « clavier ». Le blogger est donc assis devant son « computer » et tape sur le « clavier » ce qui lui permet –ô magie technique- de faire apparaître sur sa lucarne les mots qu’il a laborieusement choisis dans son cerveau en pleine ébullition puisqu’il lui faut à la fois réfléchir au contenu, au contenant, à la forme, à l’orthographe, à la syntaxe de ses phrases, tour de passe-passe inouï que tous les bloggers, hélas, ne réussissent pas à chaque tentative.

 

« Vous l’aurez compris, chers lecteurs : en définitive, le blog n’est rien d’autre qu’une plate-forme électronique pour éjection de déjections mentales.

 

« Voyons maintenant qui sont les « bloggers » : nous en avons rencontré quelques uns et surtout, nous avons passé deux mois, lors de notre séjour dans ce monde délirant, à « surfer » (1) sur les blogs.

 

« Avant tout, le blogger est quelqu’un qui a des convictions fondamentales :

 

1) Il est sûr d’avoir quelque chose à dire ;

2) Il est encore plus sûr que ça va intéresser les autres ;

3) Il est plus que convaincu que son opinion vaut la peine d’être connue et partagée ;

4) Il est persuadé que personne ne peut passer une bonne journée sans être allé faire un tour sur son blog ;

 

« Fort de ses convictions, le blogger énonce péremptoirement son avis sur tous les sujets possibles et imaginables. Comme tous les bloggers n’ont pas forcément les mêmes névroses, pardon, les mêmes intérêts, il est évident que la « blogosphère » (2) présente une variété de blogs assez extraordinaire. Nous n’en citerons que quelques catégories :

 

- Blogs politiques : chacun y va de ses arguments pour démolir le camp adverse et chanter ses propres louanges. On peut y trouver des renseignements intéressants sur le délire des terriens.

 

- Blogs personnels à visée familiale : pour les inconditionnels de la vie privée d’autrui. Voyeurisme et exhibitionnisme garantis, pipi-caca-bobo du dernier et j’en passe. En tant que Sirien, j’ai appris de fort nombreuses choses sur l’espèce humaine.

 

- Blogs personnels à visée intellectuelle : très nombreux, très sérieux, très ennuyeux (parfois). Où l’on comprend en lisant la prose de ces malheureux que, finalement, être un terrien humain n’est pas rose tous les jours.

 

- Blogs personnels à visée humoristique et satirique : les pires parce que certains trouvent encore le moyen de parler d’eux-mêmes en travestissant leur égocentrisme sous des formes d’humour plus ou moins réussies : par exemple, un blogger faisant un article sur les manies des bloggers dissimule le plaisir qu’il prend à « s’exprimer » derrière une façade très critique : on n’est pas plus faux cul.

 

« Mais où est l’intérêt, me direz-vous, de donner son opinion sur tout et sur rien quand personne ne peut vous répondre ou vous complimenter sur la sagacité de vos réflexions ? C’est pour cela que le « blog » comprend une catégorie nommée « commentaires » : ainsi, le lecteur peut-il « exprimer » son sentiment sur l’article que vous venez d’écrire. On voit tout de suite l’intérêt de la chose : se met en place un « réseau » de bloggers qui échangent leur point de vue alors qu’ils ne se connaissent pas, ne savent pas qui ils sont, ne se sont jamais vus. Les terriens s’extasient sur cette merveilleuse façon de « communiquer » avec son prochain (ou son lointain, quand les correspondants habitent à trois cents kilomètres l’un de l’autre.) Détail amusant : la plupart n’adressent jamais la parole à leur voisin de palier et ignorent même leur nom.

 

« En fait, le blogger est, au fond, une victime de sa société et même de sa nature : il vit sans cesse dans la peur, celle de ne pas exister. Ces quelques lignes écrites parfois à la hâte, entre deux travaux domestiques ou autres, sont une façon pour lui d’être sûr que les autres, même peu nombreux, le verront et l’entendront. Le blogger résume à lui seul la tragédie de l’espèce humaine : la lutte incessante contre la solitude, la vraie, celle qu’il veut oublier, ou plutôt conjurer, en tapant quelques phrases sur son « clavier ». La preuve : avec quelle avidité se jette-t-il chaque jour sur les fameuses « statistiques » prouvant que sa voix a été entendue, ne serait-ce que par un seul de ses congénères…

 

« Mais, chers lecteurs, je dois vous faire une confidence, pour achever cet article sur une note moins sombre : pendant mon séjour chez ces étranges bipèdes, je me suis amusé à « tenir un blog ». Eh bien j’ai adoré. C’est vrai. C’est si bon de pouvoir « s’exprimer »…

 

Parlez-moi d’moi, y a que ça qui m’intéresse… » (3)

 

 

(1) Surfer : sauter de blog en blog. Exercice physique pénible (il faut appuyer sur la touche de la « souris » avec un doigt) qui trouve son origine dans un autre sport qui, lui, consiste à rester debout sur une planche à laver en haut d’une vague, puis de passer sur une autre vague, etc. Génial, tout simplement.

(2) Nom donné à l’ensemble des blogs. Ce nom sous-entend la notion de monde. Les bloggers feraient donc partie d’un monde dans leur monde au milieu du monde. On prend mal à la tête.

(3) Très jolie chanson chantée par une ex très jolie terrienne, devenue absolument atroce.

3

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Christine Brunet a lu "Chaos", le nouveau thriller de Bob Boutique

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Bob Boutique ? Nous connaissons tous ses Contes Bizarres, ses 10 petites négresses et, plus récemment, son premier thriller, 2401.

Avec CHAOS, on passe deux crans au-dessus tant au niveau du rythme que du style. Un thriller très original qui s’inscrit dans une actualité brûlante et très documentée. Pas question de trop vous en dire sinon Bob m’arrache les yeux ! Ce thriller se déguste de surprise en surprise sur un rythme qui va crescendo aux côtés de héros que le lecteur a découvert dans 2401.

Lieve, tête brûlée futée et très intuitive qui avance dans l’enquête, nez au vent, ressemble à un accélérateur dans un incendie. Johan, lui, serait plutôt le rouleau compresseur, le baroudeur sans peur au sang-froid suicidaire qui tenterait d’étouffer les flammes qui dévorent tout progressivement mais inexorablement. Ces deux-là avaient amorcé un petit quelque chose, comme une relation inaboutie frustrante pour les lecteurs. Cette fois, jusqu’où accepteront-ils d’aller ?

CHAOS est un roman de presque 500 pages qui se lit à toute allure au début, puis très vite en apnée comme si cela pouvait changer le destin des personnages en permanence sur le fil du rasoir. Ben non, le sieur Boutique nous propulse de plus en plus vite dans un enchaînement d’actions de plus en plus dangereuses. Notre cœur bat : on veut savoir et on lit… On lit…

Le tout est servi par le style descriptif inimitable de Bob, cet espèce de dialogue sous-jacent avec le lecteur auquel il susurre à l’oreille une histoire qui va lui faire passer une nuit blanche. Vous voyez le genre ?

CHAOS, c’est un film couché sur le papier. Le lecteur voyage : il entend les clapotements de l’eau contre la coque d’un bateau, voit les peintures du Rijksmuseum, sent la brûlure du soleil sur sa peau, l’humidité d’un paysage hollandais, ressent la peur, se rassure un peu.

Bravo, Bob ! J’ai hâte de me plonger dans ton prochain roman et de découvrir jusqu’où tu m’amèneras !

CHAOS est mon premier coup de cœur de l’année !

 

Christine Brunet
www.christine-brunet.com

Publié dans Fiche de lecture

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