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Quand le diable s'emmêle... Un conte de Didier Fond

Publié le par christine brunet /aloys

Quand le diable s'emmêle... Un conte de Didier Fond

« QUAND LE DIABLE S’EMMÊLE… » 1

CONTE QUI SENT LE SOUFRE

Premier épisode

C’était au temps où les saints fleurissaient sur la terre à l’instar des pâquerettes au printemps dans les champs. Maintenant, essayez toujours d’en trouver un, vous m’en direz des nouvelles.

Notre saint à nous s’appelait Martin. Oui, Saint Martin, celui qui partagea son manteau avec le pauvre à défaut de le lui donner en entier. Il venait de s’installer dans un coin de pays, un peu comme moi, d’ailleurs, sauf que lui ne se fit pas ermite mais décida de garder des moutons. Et le voilà devenu berger.

Mais les moutons étaient nombreux et complètement stupides ; dès que l’un commettait une sottise, les autres le suivaient allègrement et Saint Martin était obligé de leur courir après, de s’épuiser à les menacer, et il n’était plus tout jeune, il avait des rhumatismes permanents, un lumbago chronique et des cors aux pieds, petites altérations physiques qui l’empêchaient de se mouvoir avec toute la célérité qu’exigeait son métier. Aussi souhaita-t-il vivement qu’un jeune homme eût la bonne idée de venir l’aider.

Sa prière fut entendue. Un matin, un jeune étranger, fort bien fait de sa personne, traversa la prairie où paissaient les moutons et se dirigea vers la cabane où le berger soignait ses maux divers.

« Que veux-tu ? » demanda Saint-Martin, moins aimable qu’à son ordinaire parce qu’il était en train de racler un de ses cors et que ce n’était pas du tout agréable.

« J’aime les bêtes, les prairies, la campagne… commença le jeune homme mais un sec « oui, après ? » interrompit son exorde. « J’aimerais travailler avec vous », termina l’étranger, passant directement à la conclusion de son discours.

« Béni sois-tu ! » s’écria Saint Martin, et le jeune homme sursauta vivement en entendant cette formule somme toute banale dans une telle bouche, mais le berger était trop occupé à examiner ses pieds pour s’apercevoir de ce mouvement incongru. « J’attendais avec impatience que quelqu’un vienne m’aider dans ma tâche. Mes moutons sont gentils mais crétins et je n’ai plus l’âge de leur courir après. Tu seras mon pâtre et moi, je pourrai me consacrer à la fabrication des fromages de brebis, ce sera moins fatiguant. » Puis il s’agenouilla et remercia Dieu par une fervente prière, tandis que l’étranger, prétextant un besoin urgent à faire, quittait la cabane en courant.

Vous imagineriez-vous, par hasard, qu’il était parti ? Mais non. Il attendait tout simplement devant l’entrée que le Saint eût fini ses litanies. Et pour prouver sa bonne volonté, notre jeune homme prit le bâton du berger et s’en alla garder les moutons.

Saint Martin passa une très agréable journée à ne rien faire. Lorsque la nuit tomba et que les moutons furent rentrés au bercail, il servit un bon repas à son pâtre et lui désigna la couche où il dormirait pendant la nuit. Sans doute épuisé par son dur labeur, le jeune homme ne se fit pas prier, se coucha et s’endormit.

Au milieu de la nuit, Saint Martin se réveilla, la narine désagréablement chatouillée par une odeur assez particulière. D’abord, il crut qu’il y avait le feu dans la bergerie et se leva en hâte. Mais non. Nulle flamme à l’horizon, les moutons dormaient comme des bienheureux, pas de bêlement de terreur, rien que le silence. Saint Martin huma l’air une fois de plus : pas de doute, ça sentait le souffre, et l’odeur venait de la couche où reposait le jeune homme. « Bien, se dit Saint Martin, rassuré. Ce n’est pas un incendie, ce n’est que Satan qui est venu me tenir compagnie. Qu’est-ce qu’il veut encore, celui-là ? » Et pour en avoir le cœur net, après avoir allumé une bougie, il se pencha sur le faux étranger et le secoua sans ménagement. Réveillé en sursaut, le diable fit d’abord les gros yeux puis s’amadoua tout de suite lorsque la mémoire lui revint.

« Je sais qui tu es », dit Saint Martin.

« Tu as bien de la chance, rétorqua Satan. Avec tous les noms qu’on me donne, je ne sais absolument plus où j’en suis. »

« Que veux-tu dire ? » interrogea le Saint, hautain.

« Vous m’avez appelé tantôt berger, pâtre, inconnu, jeune homme, étranger. Ca fait beaucoup pour une seule personne. Comprenez mon problème. »

« Moi, je ne connais qu’un nom qui te désigne : Satan. Vrai ou faux ? »

Le Malin comprit qu’il était découvert et décida de ne pas ruser.

« Bon, admettons, dit-il. Mais si tu crois que je suis venu pour faire un méchoui de tes moutons, tu te trompes. En fait, je m’ennuie en Enfer, j’ai décidé de travailler sur la terre, voilà. »

« Voilà, répéta Saint Martin. L’intention est louable mais tu me feras quand même le plaisir de déguerpir à l’aube, parce qu’un pâtre de ton acabit, je n’en veux point. »

Le diable ricana moqueusement.

« Et qui va courir après tes horribles bestioles, idiotes au-delà de l’imaginable ? »

« Moi, fit Saint Martin pompeusement. Je le faisais avant ton arrivée, je le ferai après ton départ. »

Le diable gloussa et se dit que le spectacle serait sans doute fort amusant. Perspective agréable qui l’empêcha de narguer son ex-futur patron.

« Très bien, répliqua Satan. Puisque ça t’amuse de faire craquer tes os, je serais bien bête de continuer à t’aider. Je m’en irai demain matin. Puis-je maintenant me rendormir ? »

« Ne t’avise pas de me jouer un de tes tours, prévint Saint Martin. J’ai de quoi me garder de tes sournoiseries. Ni mes bêtes, ni ma cabane, ni mon âme ne sont pour toi. »

« Je me fiche de tes bêtes et encore davantage de ta cabane branlante et de ton âme racornie, dit Satan en baillant. J’ai sommeil, je veux dormir. »

Au matin, Satan prit son balluchon et partit. Mais cet échec l’avait mis de très mauvaise humeur. Aussi resta-t-il dans les environs d’abord pour essayer de trouver un moyen d’embêter Saint Martin et ensuite pour se réjouir des efforts de ce dernier à essayer de garder ses moutons récalcitrants. Ce fut au tour du diable de passer une fort bonne journée à se tordre de rire devant les courses-poursuites qui se déroulèrent devant ses yeux. Puis il se dit qu’il fallait penser aux choses sérieuses car il n’y avait pas que l’amusement dans la vie.

(A suivre)

Didier Fond

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Après Stéphane de Robert Fontaine dans le Bibliothécaire

Publié le par christine brunet /aloys

Après Stéphane de Robert Fontaine dans le Bibliothécaire
Après Stéphane de Robert Fontaine dans le Bibliothécaire

APRÈS STÉPHANE /
Robert FONTAINE.-
Barry : Chloé des Lys, 2014.- 279 p. ; 21 cm.-
Isbn : 978-2-87459-792-3.- 27.90 €.-


L’auteur :
Robert FONTAINE vit depuis plus de vingt ans à Besonrieux, dans l’entité de La Louvière, mais ses racines sont pour moitié à Ecaussinnes, magnifique village dans lequel vivait la famille de son père et où il est né. L’autre moitié, c’est l’Auvergne d’où sa mère était native et dont elle lui a si souvent parlé et avec tant d’amour qu’il est toujours ravi de retourner dans cette région verte et sauvage au cœur des volcans ; il avoue aussi être très fier des vingt-cinq pour cent du sang auvergnat qui circulent dans ses veines !
Sa carrière professionnelle est principalement consacrée aux chiffres puis, grâce au temps libre que lui a octroyé une prépension, il se dirige vers l’écriture qu’il a toujours aimée.

L’idée d’être publié ne l’avait jamais effleuré jusqu’au jour où « Chloé s

des Lys" accepte son premier manuscrit « La Chaumette » qui est publié en juillet 2011. Puis, l’éditeur récidive en acceptant « Après Stéphane » qui sort de presse en mars 2014.


L’ouvrage :
Quelques années se sont écoulées depuis la mort de Claire, décédée dans un accident de voiture.
Stéphane, son compagnon, en a réchappé mais fortement handicapé physiquement et psychologiquement.
Il s’accuse continuellement d’être le responsable de la mort de Claire alors que la police retrouva des impacts de balles sur l’épave de la voiture, ce qui prouve qu’il n’est en aucun cas responsable de l’ « accident ». Pascal Legrenzi, qui mena l’enquête et a été promu commissaire, est resté proche de la famille et rend de fréquentes visites à Stéphane qui vit toujours à « la Chaumette », sa villa face à la mer. Malgré ses efforts, Raphaël, le fils de Claire, ne parvient pas à faire le deuil de sa mère : un jour, il rassemble toutes les notes de sa mère et les articles d’Alain Brihac, ce journaliste qui avait enquêté sur les agissements du réseau mafieux dont Stéphane avait malencontreusement « dérangé » l’activité.

Il les étudie, en tire une synthèse puis en parle à Legrenzi qui, subtilement, lui fera comprendre qu’il avait subi des pressions visant à accélérer les conclusions de son enquête. Discrètement, il aidera Raphaël dans ses recherches qui le mèneront jusqu’en Italie où s’est retiré Paolo, le frère de Mario dont le corps avait été retrouvé sans vie dans les dunes. Un jour, un jeune juge reçoit un dossier à charge de l’ex-commissaire Pierre Chauvière de Mauvrecourt qui purge sa condamnation et s’intéresse au dossier qui a amené ce policier corrompu en prison. Il se rend compte assez rapidement des manquements de l’enquête et convoque Legrenzi pour lui en parler. Il décidera de rouvrir un nouveau dossier et chargera le policier de faire toute la lumière sur cette affaire. Mais le temps presse car le puissant cabinet d’avocats qui défend Chauvière de Mauvrecourt vient d’introduire une demande de libération conditionnelle de leur client.

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"Le « on » rencontre un « on » et se mettent à discuter", un texte de Noëlle Fargier

Publié le par christine brunet /aloys

"Le « on » rencontre un « on » et se mettent à discuter", un texte de Noëlle Fargier

Le « on » rencontre un « on » et se mettent à discuter :

  • Ils ne peuvent pas continuer, nous...Ils devraient réagir.....Ils ont encore augmenté.....
  • Mais, dis-moi, qui sont ces « ils » qui défilent à tout bout de champ, responsables de tous les mauvais sangs ?
  • Mais oui, qui sont-ils ?
  • Déjà à priori masculins
  • Quoique, vu que le masculin l'emporte sur le féminin, pas certain...
  • Mais enfin ! Comment trois petits caractères seraient responsables de tant de misère ? pas malin...A moins que derrière se cachent tous les déterminants réunis, tu vois les tous puissants, les tous pas marrants, les tous qu'on ne connaît pas
  • D'accord, on ne les connaît pas mais ils existent bien, où peuvent-ils être ?
  • Ben...tu n'as jamais entendu parlé de l'île des géants
  • Tu veux dire cette petite île où le seul accès est en navette ?
  • Oui. Mais en même temps, elle est bien trop petite pour loger des géants !
  • Oh tu sais, je crois qu'ils sont peu nombreux par rapport à nous, les « on »
  • Mais c'est pas possible, en navette....sur une île...Tu délires !
  • Pas tant que ça, ça expliquerait qu'ils ne comprennent pas nos soucis ! Qu'est ce que tu veux, ils n'ont pas de problème de bagnoles, pas de problème de logements, pas de problème de travail et en plus ils sont grands donc ils ne peuvent pas nous voir et en plus ils sont loin de nous...
  • Pas de problème de travail, tu veux dire qu'ils ont tous du boulot, eux...y'a encore des usines, des magasins, des fermes sur leur île ?
  • Oui, mais ils ont mis tout ça dans un attaché caisse, je crois, ah ils sont forts !
  • Mais que pouvons-nous faire ?
  • Ben... à part changer d'article, je ne vois pas....

Noëlle Fargier

"Le « on » rencontre un « on » et se mettent à discuter", un texte de Noëlle Fargier

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Salvatore Gucciardo et son livre méandres dans le magazine de la SABAM

Publié le par christine brunet /aloys

Salvatore Gucciardo et son livre méandres dans le magazine de la SABAM

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Edmée de Xhavée a lu les recueils de Marcelle Pâques

Publié le par christine brunet /aloys

Edmée de Xhavée a lu les recueils de Marcelle Pâques

J’ai lu la joie de Marcelle Pâques – Edmée De Xhavée

J’ai « connu » Marcelle Pâques par les manigances et sortilèges des blogs. Elle intervenait avec son habituel pétillement qui fait pshhhhhhhhhhhhht sur un blog que je « fréquentais » - donc, on me l’accordera, un lieu de finesse et de bonheur ! – et finalement son nom devint pour moi une sorte de label de qualité, au point que je l’ai ajouté à mon itinéraire hebdomadaire de blogs, et qu’un jour j’ai eu la perception – la mienne – de qui était Marcelle : elle avait fait du bon pain, et la photo nous montrait une dame contente d’elle qui tenait un pain comme un saint sacrement, un sourire bien tralala sur les lèvres, et on imaginait sans peine combien sa maison sentait bon le pain frais frais frais !

Ce fut le premier vrai impact. Une sorte d’eucharistie, ne lésinons pas sur les mots…

Depuis ce jour lointain, Marcelle a publié deux recueils de poésie chez Chloé des lys. Et moi je ne lis pas de recueils de poésie (qu’on se le dise et redise…). Je lis une poésie par-ci, et une par-là. Et souvent j’aime bien. Mais d’une par-ci et l’autre par-là à un recueil, j’hésite à franchir le pas. Quoi qu’il en soit, je l’ai fait pour les deux recueils de la dame ici mise à l’honneur, j’ai nommé « Bientôt les jonquilles » et « Pourquoi pas ? ». Et c’est toute heureuse d’avoir bravé mon propre interdit que j’en fais part ici.

Les poèmes indiquent une détermination à se relever, inlassablement, de tous les crocs-en-jambes que nous fait la vie tout aussi inlassablement. Il ne s’agit pas d’une littérature fleur bleue qui ignore la douleur, la détresse, la colère. Non. « J’étais enfouie dans la torpeur, Des mots, à l’encre de mon cœur… » « Hier j’ai rangé au grenier la vieille malle des regrets… » « Je déteste Noël, les cadeaux, la gaieté sur commande… »… Mais il y a un credo profond, un amour de la vie et de toutes les joies qui la colorent, petites ou grandes, privées et savourées. Un refus aussi du conformisme ou du victimisme – Elle et lui, Zoé en automne, Rupture.. – et une sorte de folle sarabande de pensées impertinentes mais si joyeuses qu’on ne peut que se dire « mais oui, bien sûr ! ».

Voilà donc que moi, qui ne lis pas de recueils de poésie, mais qui ai été lentement ensorcelée par Marcelle la Lorelei sans rivière, je vous conseille ces deux livres qui toujours vous donneront le petit coup de pouce (ou de pied au c…) pour vous ébrouer après un mauvais moment ou souligner combien les jours heureux sont lumineux…

Edmée de Xhavée

https://edmeedexhavee.wordpress.com

edmee.de.xhavee.over-blog.com

Edmée de Xhavée a lu les recueils de Marcelle PâquesEdmée de Xhavée a lu les recueils de Marcelle Pâques

Publié dans Fiche de lecture

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Qui est l'auteur de cette nouvelle ?

Publié le par christine brunet /aloys

Qui est l'auteur de cette nouvelle ?

UNE HISTOIRE DE FÉLINS

« Tigre ! Tigre ! Dans les forêts de la nuit, quelle main ou quel œil immortel put façonner ta formidable symétrie ? », marmottai-je en regardant le félidé qui marchait vers moi très lentement, d’un pas lourd et pourtant gracieux. Le vert étincelant de ses iris, étrangement assorti au vert de l’herbe écrasée sous les coussinets de ses pattes, m’hypnotisait. Comme si j’étais le cobra. Comme s’il était le pungi.

Les Sundarbans étaient son royaume, et moi, imbécile impudent, je me retrouvai sur le territoire de Sa Majesté du Bengale, quelque part entre la terre et le fleuve, et dans une atmosphère de conte indien.

Les marques de ses griffes sur les palétuviers, je les avais pourtant vues… Je les avais vues, mais elles avaient exalté l’impétuosité de mon désir d’un face à face.

Mon grand-père était braconnier, puis mon père, puis mon frère aîné. Moi, j’avais toujours refusé de perpétuer la tradition des mâles de la famille Byron et j’étais devenu guide. Adulte et autonome, je me mis à faire des dons à la WWF. (Un peu pour leur donner la nausée, au départ…) Ils ne comprenaient pas mon respect des animaux. Mon respect des choses qui respirent. Mon grand frère, Richard, cessa de m’arranger le portrait lorsque, autour de mes dix-huit ans, j’atteignis la taille de six pieds et deux pouces, et que mon corps, après bien des efforts, sembla façonné par Rodin.

Richard fut tué par un tigre. Le cœur de sa fiancée, Anagha, se racornit, car même si elle désapprouvait ce qu’il faisait, elle l’aimait et espérait des enfants. Elle finit par retourner vivre chez ses parents, dans la ville de Bangalore.

Père, quant à lui, se lança à la chasse au mangeur d’hommes, mais c’est lui qui se fit dévorer, au final… Il ne restait plus que mon grand-père fruste. Et moi, j’entrepris de traquer le tigre dans la mangrove. Désir d’être jugé, de savoir si j’étais digne de vivre. Ou de mourir, comme Richard et notre père après lui.

Et la bête était là, enfin. Devant moi. Pour moi ! Magnifique… Elle renâclait. Avec ses épaules musclées et ses pattes puissantes, ce tigre-là ne pouvait être qu’un conquérant. Il n’était arrivé ni de côté ni par derrière, mais en face, sûr de sa supériorité qu’il affichait d’ailleurs ostensiblement. Idiot ! Dans mes frusques ramenées d’Angleterre, j’avais la prétention d’exister face à ce titan à la robe royale orangée striée de noir. La prétention de respirer le même air qu’il respirait.

Il rugit lorsque je m’inclinai, fit un pas et s’immobilisa. Il mesurait neuf pieds et dix pouces de longueur, et trois pieds et sept pouces de hauteur. Il s’approcha un peu plus. Si près que je sentis la tiédeur de son souffle. Je m’agenouillai.

L’expression du tigre se fit plus douce. Son regard clairvoyant s’emplit de compassion et il vint coller son front tout contre mon front. Ses vibrisses me chatouillèrent. Alors, ma chair se détacha et je fus réincarné en tigre. La volonté de la déesse Durgā, peut-être bien…

Rien ne se perd. Rien ne se crée. Tout se transforme.

« Tigre ! Tigre ! Dans les forêts de la nuit, quelle main, quel œil immortel osèrent façonner ta formidable symétrie ? », eussé-je pu murmurer – je feulai.

Nous nous enfonçâmes dans la forêt dense, puis nous nous séparâmes.

Publié dans auteur mystère

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"Les dix petites négresses" de Bob Boutique dans le Bibliothécaire

Publié le par christine brunet /aloys

"Les dix petites négresses" de Bob Boutique dans le Bibliothécaire
"Les dix petites négresses" de Bob Boutique dans le Bibliothécaire

LES DIX PETITES NÉGRESSES /
Bob BOUTIQUE.-
Barry : Chloé des Lys, 156 p. ; ill. ; 21 cm.- Isbn : 978-2-
87459-531-8.- 12.00 €.-


Qui suis-je ?


Je suis libraire à Bruxelles, passionné de littérature et d'écriture, et viens de terminer un recueil de onze "contes bizarres" qui est sorti de presse, chez l’éditeur tournaisien Chloé des Lys.
J’ai mis une année pour rédiger mes textes, une deuxième année pour trouver mon éditeur et une troisième pour concevoir la maquette du livre, les dessins qui y figurent etc…

L’ouvrage :


Ces contes sont écrits comme des scénarios de film, pour être lus à haute voix, dans un style proche du langage parlé.
Avec des belgicismes, du ‘brusseleer’, du flamand et même parfois des mots inventés.
Onze histoires qui démarrent dans le banal, continuent dans le bizarre, pour déraper enfin dans le n’importe quoi… l’enfer ou le purgatoire. Jamais le paradis, car il
n’existe pas.
Le monde des humains est un univers de fous, qui n’est lucide que quelques jours par an. Pendant la période du Carnaval !
Un premier livre fait planer. Je suis un écrivain ! Eh oh ! Je suis un écrivain... Regardez… Je suis publié ! Pas de doute.

Et la famille comme les amis, qui parfois doutaient, de s’extasier. Bref c’est un moment de gloire bien agréable mais qui retombe très vite.

Car les questions fusent déjà : tu en as vendu combien ? Dis donc… je n’ai pas vu ton livre chez le libraire, c’est normal ? Et ton prochain, c’est pour quand ?
Le deuxième livre court dans le sillage du premier. Le choc est moins prenant, ça étonne
moins l’entourage, surtout celui qui n’a ni lu ni acheté le premier, mais on a l’impression que le bouquin est mieux fabriqué car on a peaufiné les détails, la maquette et la couverture. Même qu'on se permet de jouer l’ancien dans les salons et foires sous l’œil envieux des nouveaux.

Puis arrive le troisième, celui que vous tenez en main, et la question qui tue: n’est-ce pas le bouquin de trop ? Le 25e ou 26e conte bizarre qui se termine par ‘et arriva ce qui devait arriver’. Ça commence à bien faire, non ?
Surtout que ce conte-ci est un accident. Je m’explique. En général je me lance, sans trop ré-
fléchir et, étonnamment, mes histoires se terminent toutes au bout de trente pages. Ici (j’ignore pourquoi) mon clavier a dérapé. Plus je tapais sur les touches, plus ça rebondissait et plus je me marrais en imaginant les tronches de celles qui se reconnaîtront.
Bref, c’est devenu un bouquin.

N’empêche, c’est pas bien de se moquer !

A ne pas lire seul(e) dans son lit, quand le vent fait grincer les portes et claquer les volets.


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Janna Rehault nous propose un nouvel extrait de son roman "La vie en jeux"

Publié le par christine brunet /aloys

Janna Rehault nous propose un nouvel extrait de son roman "La vie en jeux"

Chapitre : La ville de retraite

J’entrai dans un petit parc jouxtant l’une des maisons de retraite. Installée sur l’un des bancs, je restai dans l'expectative pendant que les personnes âgées en promenade, passaient à côté de moi sans m’apercevoir, ou en me regardant avec méfiance. Ainsi je passai une bonne heure, avant qu’un drôle de petit vieux, vif et un peu loufoque, ne s’approche de moi.

- Vous permettez, mademoiselle ? demanda-t-il en indiquant la place à côté de moi.

- Bien sûr, je vous en prie, Monsieur.

Le petit vieux qui se nommait Yann, s’est montré bavard et curieux aux limites de l’excentrisme. (…) On passa tout l’après-midi à parler. Ainsi, Yann eut assez de temps pour me raconter une bonne moitié de sa vie.

- Cette ville doit être à tes yeux celle des morts et des fantômes. Et le pire c’est que t’as raison, c’est exactement ça. Tu sais, pendant mes premiers temps ici je pétais carrément les plombs. Après ils ont commencé à me gaver de médicaments « à des fins d’adaptation psychologique », et finalement ça m’a calmé, je me suis « adapté » ! L’homme, c’est comme un chien, ça s’habitue à tout.

- Et qu’est-ce qui vous manque le plus ici ? demandai-je.

- Le plus ? Le contact, le vrai contact humain.

- Mais vous n’êtes pas seul ici, vous êtes nombreux.

- Oui, mais la simple présence de gens ne garantit pas le contact. Si tu veux, communiquer avec les gens c’est plus que de croiser leurs ombres abruties. (…) Tu sais, avant quand on tombait malade, on allait voir un médecin. Certes, ce n’était pas toujours très agréable : il fallait se déplacer, passer des heures dans la salle d’attente, des fois prendre un rendez-vous quelques semaines à l’avance, et puis les docteurs n’étaient pas toujours des lumières non plus. Mais même si tu tombais sur le dernier des cons, il te demandait au moins comment tu te sentais, où t’avais mal, si tu dormais bien. Ici, je n’ai jamais vu mon médecin traitant. Il suit mon état de santé au moyen des signaux qu’il reçoit à partir de cet émetteur, dit-il, en me montrant le bracelet électronique qu'il portait à son poignet. C'est efficace comme système, le moindre déséquilibre dans mon corps est signalé avant que je puisse moi-même m'en rendre compte. Evidemment, me faire tâter le pouls n'a plus aucun intérêt. Je ne sais même pas de quoi il a l’air ce docteur, ni à quoi ressemble sa voix. Tout ce que je sais c’est son nom et que de temps en temps je trouve sur mon plateau de repas quelques nouveaux médicaments avec un petit mot par-dessus : « prescrit par votre docteur ». Des fois je me demande même s’il existe vraiment, ce docteur, ou si ce n’est qu’une fiction de plus, contrôlée par un programme de plus ? Tu vois ce que je veux dire ? Avec toute cette automatisation, le vrai contact humain se perd de plus en plus. Bien sûr, c’est plus pratique, plus efficace, moins cher...

- Et puis la bouffe, continua-t-il. Trois fois par jour mon plateau repas arrive dans ma chambre par le monte plats. Je n’ai pas la moindre idée de qui la fournit, la prépare, avec quels produits. Et c’est valable pour tout le personnel ; il arrive que pendant toute une semaine on n’en voie personne. Ils veulent nous faire croire que c’est pour notre bien, pour que rien ne gêne notre liberté, pour qu’on ne se sente pas en captivité, sous surveillance permanente. Mais est-ce que c’est ça la liberté ? Il suffit que je fasse tomber mon verre et mon bracelet va le signaler aussitôt. Il suffit que je sois en retard de cinq minutes pour le repas ou que je m’éloigne à dix mètres de la zone de promenade pour qu’aussitôt un électro-taxi vienne me récupérer. Sans parler des caméras de surveillance qui prolifèrent partout, c'est tout juste s'ils n'en ont pas installé dans la cuvette de chiottes !

(…) En sortant du parc nous prîmes un coup de vent apportant l’odeur du fumier à la vanille venant des champs d’à côté.

- Je déteste cette odeur, grogna Yann. Mais qu’est-ce qui leur prend, franchement, d’aromatiser la merde ? Chaque fois que je la sens, ça me fout la gerbe. J’ai l’impression de manger une glace dans la cuvette des chiottes publiques. C’est comme le PQ est aromatisé. Je me demande quel con a inventé ça ! Ils veulent faire croire aux gens que s’ils se torchent le cul avec ça, les fleurs d'oranger leur sortiront du rectum. Ça me fait marrer ! Maintenant ils aromatisent les champs au caramel pour ne pas gêner les voyageurs qui prennent la route d'à côté. Bientôt ils pousseront le vice jusqu’à modifier génétiquement les vaches pour qu’elles défèquent propre. Tu comprends ce que je veux dire ? Les gens sont devenus tellement « sensibles »... Ils veulent un monde parfait, mignon, tout en peluche ; où qu'ils aillent le chemin doit être semé de roses, parfumé à la fraise... des bonbons en cœurs accrochés partout.

JANNA REHAULT

LA VIE EN JEUX

Janna Rehault nous propose un nouvel extrait de son roman "La vie en jeux"

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Quoi de neuf en février sur notre blog ?

Publié le par christine brunet /aloys

Quoi de neuf en février sur notre blog ?
Quoi de neuf en février sur notre blog ?Quoi de neuf en février sur notre blog ?
Quoi de neuf en février sur notre blog ?Quoi de neuf en février sur notre blog ?

Patrick Beaucamps est à l'honneur dans la presse :

  • Le capital des mots (2e semestre)
  • Traversées (décembre 2014)
  • Lelixire (n°9-2014)
  • 17 secondes (n°5-2014)
  • Incertain Regard (n°9-2014)

Nous découvrirons trois poèmes inédits sur notre blog, le premier en février !

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Salvatore Gucciardo reçoit le prix "Artiste pour la Paix"

Salvatore Gucciardo reçoit le prix "Artiste pour la Paix"

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Carine-Laure, des projets plein la tête !

2015, l'année de tous les défis !

 

Petit extrait du blog de Carine-Laure,
à découvrir ici avec quelques révélations sur ses prochains écrits !

http://carinelauredesguin.over-blog.com/article-190-quelques-news-125345026.html

 

Je lis aussi que 2015 sera rythmée par un spectacle surréaliste en mars et une lecture vivante de Rue Baraka en mai. C’est beaucoup ! Rue Baraka, c’est ton premier roman, rappelons-le et il y a à présent une version théâtrale.

— Oui, c’est pas mal !

— Quelques mots sur cette soirée surréaliste ?

— Tout est organisé par Bernadette Weyers, de l’Académie de Marchienne. Bernadette est quelqu’un d’exception et elle nous prépare un très bon moment sur le thème du surréalisme. Musique surréaliste car n’oublions pas qu’André Souris était un compositeur de musique surréaliste originaire de Marchienne. Textes surréalistes de Carine-Laure et hum hum, il y aura aussi des cocktails surréalistes et bien d’autres choses ! C’est en mars et nous en reparlerons plus en détails le mois prochain.

— Et mai 2015 ne sera pas triste non plus !

— Non ! Rue Baraka en lecture vivante ! A Mons !

— Mons, capitale de la culture pour cette année 2015, tu seras en quelque sorte de la partie…

— Si on veut, oui, mais restons modestes. Rue Baraka, en lecture vivante par le Box Théâtre, ce sera un très très bon moment. J’ai hâte. Pour cette soirée-là aussi, les détails dans quelques temps. Merci et bienvenue à tous.

 

Infos Box Théâtre: http://box.theatre.over-blog.org/

 

 

 

 

Rue Baraka, Carine-Laure Desguin

Rue Baraka, Carine-Laure Desguin

Emilie DECAMP dans la presse et à la radio...

 

écoutez son interview sur Bel-RTL: http://www.rtl.be/videobelrtl/video/520073.aspx

 

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Les auteurs à l'honneur ce mois-ci

 

 

  • Jana Rehault
  • Bob Boutique
  • Joël Volpi
  • Marcelle Pâques
  • Salvatore Gucciardo
  • Noëlle Fargier
  • Robert Fontaine
  • Laurence De Troyer
  • Nadine Groenecke
  • Carine-Laure Desguin
  • Didier Fond
  • Patrick Beaucamps
  • Emilie Decamp
  • Marcelle Pâques
  • Marie-Charlotte Declève
  • Louis Delville
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Stéphane Ekelson se présente et nous parle de son livre "Aimer à mûrir"

Publié le par christine brunet /aloys

Stéphane Ekelson se présente et nous parle de son livre "Aimer à mûrir"

Je suis né durant un mois de janvier avec de la neige à l'extérieur qui atteignait le genou. J'ai atteint depuis peu l'âge d'un adulte qui en a vu et entendu pas mal dans son existence de penseur comme on me qualifiait dans mon enfance. Il m'a fallu des coups durs pour réaliser que je devais me positionner dans la société comme un artiste pour ne plus souffrir matériellement et socialement. De l'écriture des premières lignes de mon premier ouvrage au tirage final, j'ai mis une dizaine d'années à me torturer, à attendre, à espérer qu'enfin ce livre se réalise, sorte des presses de la maison d'éditions, Chloé des Lys. Je me rappelle encore très bien de mon entretien avec l'éditeur en compagnie de mon amie, Lydia, à qui j'ai dédicacé mes trois livres à présent parus. Je passais presque pour un pauvre fou à la lecture de mon premier projet d'écriture au nom final de Toile au vert de liqueur. Le stress de l'éditeur a vite disparu en notre présence, en dialoguant sur le sujet de notre visite. Au téléphone j'avais compris Paris à la place de Barry lors de la fixation du rendez-vous. Ma joie était immense. Je trépignais dans notre appartement. Tout ce travail qui allait aboutir à du vrai, pas à du blabla. Deux années plus tard, mon deuxième livre est sorti en 2007 sous le nom représentatif de notre temps, L'indicatif présent. En décembre 2010 le dernier né, Aimer à mûrir, est venu achever la trilogie.

J'ai mené une vie tout à fait classique (secondaires en latin-sciences, service militaire) jusqu'à mon choix de suivre des cours de philosophie à l'université libre de Bruxelles en essayant de vivre avec une jeune fille, Marie-Annick, dans un appartement à Schaerbeek. Le 16 décembre 1983, alors que je suivais ces études, ma vie a basculé dans un univers glauque qu'on appelle proprement par la psychiatrie. Récemment je me suis aperçu de mon autisme que personne dans le monde médical n'a osé me révéler auparavant et que même certains ne veulent même pas avouer parce qu'ils se sont trompés de diagnostic. Depuis mai 2010, je vivais seul dans un studio à Bruxelles. Chaque jour qui passait je construisais, réparais ce que l'on m'avait enlevé, cassé durant toutes ces années d'incompréhension que j'ai tenté de décrire réellement et fictivement dans mes trois écrits sans savoir ce que je signifiais au moment de leur écriture.

J’ai déménagé récemment dans un appartement plus vaste et plus silencieux. Mon souhait et ma volonté de reprendre l’écriture se manifeste de plus en plus.

Aimer à mûrir

Nous traversons le passage de la conception exaltée, voire de la fornication à la conceptualisation méthodique d'un être humain en proie à son internement au point de poser le questionnement de la mort dont il échappe en la banalisant par des maximes poétiques et des histoires sorties du quotidien qui sont des tentatives portées d'espérance.

Rien ne prédestinait un évènement littéraire sous cette forme particulière sinon le silence d'une relation qui s'éteignait peu à peu. Avec le recul je pense que cet ouvrage a été nécessaire pour évacuer un poison mortel qui s'appelle l'incompréhension.

L'incompréhension vis-à-vis de soi-même mais aussi par rapport à un environnement qui nous dévore sans interruption, sans faille, de plus en plus vite et qui finalement nous fragilise, voire nous tue hors du champ où poussent les fruits de l'amour.

Ce livre est divisé en cinq volets qui tolèrent une interaction dont il ressort la puissance verbale étonnamment proche de la réalité de notre troisième millénaire sans tomber dans les affres d'une fiction inopérante.

Le titre du livre n'est pas seulement un jeu de mot avec l'expression commune d'aimer à mourir. Il décrit une progression philosophique vers un aboutissement rempli d'une sagesse bien dosée.

Il n'est pas étonnant que des phrases, des réflexions de cet ouvrage rebutent le lecteur ; mais s'il prend son temps et s'arme de sa patience une lumière jaillira dans son propre vécu. Je ne considère pas ce que j'ai écrit pour du divertissement. L'enjeu de la sauvegarde des vraies valeurs m'empêche de sombrer dans ce délire moral.

Pour en terminer j'invite la plupart à plonger dans ce récit inédit qui transportera les âmes sensibles vers plus de fraternité et, qui sait, amènera les plus récalcitrants à revoir leur copie sur la vie et la mort en sachant que la seule crainte se trouve en eux-mêmes, dans leur intériorité propre.

Ce livre est un message aux bonnes volontés à clarifier ce qui est resté obscur jusqu'à présent.

Aimer à mûrir (extrait)

« J'embrasse la joue de l'écriture. Elle est féminine. Je voudrais l'épouser. Epouser ses formes fort séduisantes. Coucher dans le même lit de confidences, d'histoires vraies et fictives. Mêler ma langue à la sienne pour maintenir la passion. Je range mes armes, mon combat contre elle. Je veux qu'elle soit mienne et sienne. Je lui souffle des mots à l'oreille. Elle se met à rire. Je ris aussi de sa splendeur. L'écriture me dévisage. J'en tombe amoureux. Tout coule alors comme une source. Une relation est née. Elle a décidé en secret de m'épouser. Je tourne la page de mon passé. Je remplis les pages vierges de notre livre. Celui d'un amour naissant. Le mariage fut célébré dans une cathédrale accompagné par un orgue inspiré de notes comme les mots abondants écrits sur le registre de l'autel blanc. » pages 18 et 19

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