Très bonne année 2013 !!!!!
Je vous souhaite une excellente année 2013 !
Santé, prospérité, succès littéraires...
Merci de votre fidélité à Aloys !
Lecture, écriture, une passion... Un partage... La littérature dans tous ses états !
Je vous souhaite une excellente année 2013 !
Santé, prospérité, succès littéraires...
Merci de votre fidélité à Aloys !
LE RETARD
Il s'appelait Sébastien, il avait douze ans et commençait son cycle secondaire. Tous les samedis matin, il venait à la maison. Mon fils Thierry, qui étudiait l'orthophonie, l'avait rencontré chez les scouts. Thierry avait été affolé par le niveau d'orthographe du gamin et s'était proposé pour lui donner quelques cours.
Ce samedi-là, Sébastien arriva à l'avance. Thierry qui était parti acheter du pain chez un boulanger situé à l'autre bout de la ville, n'était toujours pas de retour. Le trajet ne devait normalement pas prendre plus de vingt minutes au total mais je reçus un SMS : "Bouchon. Accident sur périphérique. Préviens Seb"
Hélas, Sébastien était là et bien là ! Assis dans la cuisine, il se tortillait sur sa chaise en me regardant repasser des chemises. Je dis : "Thierry sera en retard. Il y a un problème sur la route. Tu veux un livre pour passer le temps ?"
Sébastien me dévisagea : "Oh non. Ma mère me dit toujours de lire mais je n'aime pas lire. Je vais rentrer chez moi. Tout ça ne sert à rien. Mon année, elle est ratée de toute façon."
Je dis : "Rien n'est joué."
"Oh si. Maman et Papa le disent. Personne n'y croit…"
Tout le désespoir que je devinais au-delà des mots, me poussa à abandonner mon travail et à m'asseoir près de lui. D'abord, je l'écoutai. Il n'exprimait que son impuissance face à la machine scolaire. Puis je tentai de lui remonter le moral. Mais quels mots utiliser face à toute cette détresse ?
Finalement, pour lui changer les idées, je me décidai à préparer un gâteau. Il cassa les œufs, pesa la farine et le sucre. Oui, j'agis simplement avec lui comme je l'avais fait avec Thierry et ma fille. Tout en mélangeant les ingrédients, nous parlions de choses et d'autres. Le chat dormait dans son panier, la radio nous enrobait d'un léger fond musical.
Vaille que vaille, il avait écrit la recette demandant mon avis quant à l'orthographe de tel ou tel mot. À chacun de ses doutes, j'avais répondu par les vieux trucs que j'utilisais jadis pour m'y retrouver parmi les règles. Le résultat final fut moins catastrophique que prévu. Je le félicitai de bon cœur. Et comme Thierry se faisait toujours attendre, Sébastien était rentré chez lui, plus heureux qu'il n'était arrivé. Déterminé à confectionner un gâteau quatre quarts avec sa mère.
Micheline Boland
http://homeusers.brutele.be/bolandecrits/ http://micheline-ecrit.blogspot.com/
journal de bord, samedi 20 octobre 2012
"Le chef, c'est le chef !"
En ces termes (très carrés), mon frère m'a souvent parlé, quand nous étions ... ados. Faut dire : à quatorze ans, déjà, il travaillait, les week-ends, dans le cadre de ses études, dans des restos, dans des hôtels. Forcément, il en a rencontré, des chefs (des sympas, des moins sympas, des tyranniques) et il essayait de se retrouver dans ce bordel.
"Le chef, c'est le chef !"
Faut reconnaître : y a une part de vrai, dans ce slogan, contre lequel je me bats quand même, la plupart du temps.
"Le chef, c'est le chef !"
Tiens, j'ai encore une anecdote à raconter.
Le chef principal de mon boulot (qui va d'ailleurs partir dans deux s'maines) s'amène près de moi (j'étais en train de trier mon courrier, sur mon espace), GSM à l'oreille, en pleine conversation. Pendant ce temps, il alterne et me dit, de vive voix : "Y a eu une plainte au 298 chaussée d'Ixelles". Le temps que je me concentre un peu, je tente de lui dire : "Oui, lle client de cette maison ...", mais voilà, il ne semble plus écouter, tant il semble absorbé par la communication du gars, à l'autre bout de son GSM, qui, j'imagine, développe sa plainte.
Mais le chef reste là. Il continue (pendant sa communication) à me regarder dans le blanc des yeux, afin que je lui donne une réponse, le plus rapid'ment possible. J'aime pas ça. Parler à quelqu'un (qui parle en même temps à quelqu'un d'autre), ça a le don d'épuiser mes nerfs. Mais bon, il insiste, le chef, il en a sans doute l'habitude.
Voilà, je trouve une argumentation correcte. J'étais parfait'ment au courant du changement d'adresse, trois semaines auparavant, j'en avais eu la nouvelle, je l'avais enregistrée. Mais voilà : par la suite, dans les deux semaines qui ont suivi, j'ai été malade (j'ai du demander une semaine) et j'ai ensuite eu une semaine de 4/5ème, donc c'est le facteur relmplaçant qui, en toute logique, a commis les gaffes.
Le chef, qui ne pard pas le nord, en profite donc, tout en alternant sa communication téléphonique avec le plaignant, à fouiller, sur mon emplacement, pendant que je travaille, pour pointer le numéro de boîte du plaignant, à fouiller, oui, parmi toutes les lettres que j'ai déjà classées (à cet endroit), pour voir si il n'y aurait éventuell'ment pas une erreur sur laquelle il pourrait mettre le doigt.
Oh, que je n'aime pas ça !
Je vis cet instant comme une intrusion. Ca me fout les boules. Mais ... jusqu'où puis-je me révolter ?
Quand le chef a raccroché, je lui montre, sur mon emplacement, l'endroit précis où je dépose les lettres qui doivent être expédiées à une nouvelle adresse. Et il s'en va.
Le pire, c'est que je ne suis jamais certain, lorsque je m'exprime, lorsque je réponds, lorsque je prends la peine d'expliquer ce qui se passe (oui qui s'est passé), d'être vraiment entendu, écouté. Mais bon, je me trompe peut-être. Mais bon, mon état de stress facilite peut-être ma perception.
Quelques jours plus tard ...
Au bureau, pendant qu'on trie, le chef, comme tous les matins, fait sa ronde et va dire bonjour à tous les facteurs. Evidemment, je n'échappe pas à la règle. A peine m'a-t-il serré la main qu'il entre à nouveau dans le territoire où je trie et se dirige ... vers l'endroit où je dépose les lettres que je compte réexpédier aux adresses des gens qui ont effectué un changement d'adresse (tiens, il s'est tout à fait souvenu, tiens, il a noté ce que je lui avais dit), et s'apprête à refouiller (évidemment, il ne trouve aucune pièce à conviction et il s'en va aussi vite qu'il n'est arrivé).
Je vais éclater.
C'est dur de se sentir fouillé, suspecté, inspecté. De quel droit, bordel ? Est-ce que je me permets, moi, d'aller dans son bureau et de fouiller dans ses papelards ?
"Le chef, c'est le chef !", me resservirait, sans doute, mon frère.
J'arrive pas à intégrer ce genre de slogan. En quoi est-il plus haut que moi, dans l'absolu, ce chef ? Non, pas d'accord. Il exerce une fonction déterminée, qui a sa place dans l'entreprise. Et contribue à l'ordre dans cette même entreprise. Quant aux facteurs, ils exercent aussi une place déterminée dans cette entreprise, ils contribuent aussi, par leur action (eux qui, chaque jours, sont sur le terrain) à l'ordre de l'entreprise.
Alors ?
Le chef, de par sa fonction, a certains droits, oui.
Mais ... venir comme ça, rentrer sans demander la permission dans le territoire des facteurs, à mes yeux, c'est de l'irrespect, c'est de l'intrusion.
Et je me demande encore si, compte tenu de ses droits, il agit règlementairement lorsqu'il procède de la sorte.
Je ne tarderai pas à m'informer.
Hugues Draye
UN EXTRAIT DE L’ELITISTE
Récité et mimé par Jean-Claude Texier sur YouTube yt.cl.nr/A2PV1RrGEgU.webloc
Roméo de Rivera, proviseur du lycée Édith Cavell dans une banlieue chic de la région parisienne, est entré en conflit avec la belle l’infirmière scolaire résidente. Son fils Félix, surnommé Le Chat en raison des moustaches dont il s’affuble durant les cours, a résolu de la venger.
Le lendemain, dans l’ascenseur réservé au personnel résident, Roméo fit la sinistre découverte d’un graffiti menaçant, l’esquisse d’une tête de chat moustachu avec ces mots en majuscules :
LE CHAT SAIT TOUT, VOIT TOUT ! LE CHAT EST PARTOUT !
En guise de signature, une griffure à quatre traits courbes avait éraflé la peinture.
Il sortait furieux de l’ascenseur quand il se trouva nez à nez avec un autre avertissement, sur le mur à gauche :
ROMEO, LE CHAT AURA TA PEAU !
Il entra en coup de vent dans son secrétariat et sans saluer Mlle Dombasle qui venait d’arriver lui lança :
« Convoquez-moi Félix Pervanche, Seconde E, tout de suite à mon bureau.
— Oui, Monsieur le Proviseur, l’élève sera averti dès que les surveillants seront là.
— Ils devraient déjà être là, il est huit heures moins dix, dit-il impatiemment. Cherchez-en un et prévenez-le. Avertissez Desforges d’effacer d’urgence les graffitis dans l’ascenseur.
— Oui, Monsieur le Proviseur. Tout de suite Monsieur le Proviseur. Cela va aller, Monsieur le Proviseur. »
Cette dernière phrase, dite avec finesse, d’une voix douce, était la formule qu’utilisait la première secrétaire lorsqu’elle pressentait la venue d’un orage. Elle visait à calmer les nerfs à vif de son chef et ménager son humeur dépressive en affirmant que la journée se passerait bien.
Elle trouva Pablo, un jeune Portugais, qui mettait en ordre son bureau dans la salle de Régine Putois, et l’envoya aussitôt à la recherche de Félix.
La sonnerie venait de retentir lorsqu’il atteignit la salle 22O, au deuxième étage. La classe était devant la porte, prête à entrer en cours d’anglais à l’arrivée de Mme Simone Etourneau, surnommée « En voiture Simone ! » en raison de son addiction aux sorties théâtrales en autocar. Il aborda un garçon mâchant du chewing-gum, nonchalamment adossé au mur.
« Félix, le proviseur te demande à son bureau immédiatement. »
L’autre ramassa en maugréant son sac couvert de gribouillis illisibles.
« Qu’est-ce qui’m veut encore c’con là ?
— Soyez respectueux, s’il vous plait, et dépêchez-vous ! »
Il s’éloigna en traînant les pieds. Arrivé à proximité des toilettes, une odeur d’urine lui rappela que Roméo privilégiait le nettoyage des classes et des bureaux à partir de sept heures, ce qui repoussait celui des sanitaires à 1O heures, moment où chacun en avait le plus besoin. Comme guidé par cette odeur, il bifurqua vers l’entrée où s’affairait une femme de ménage, et alla jeter dans la poubelle du fond deux objets de son sac. Puis, comme à contrecœur, il prit le chemin du hall, sans se hâter. Le concierge, toujours à l’affût derrière sa vitre, le regarda curieusement passer, pressentant quelque incident.
Il atteignait la grande porte du bureau du proviseur lorsqu’elle s’ouvrit brusquement et Roméo, le visage de marbre, l’invita à entrer. Debout au milieu du tapis à arabesques, il l’admonesta vertement.
« Alors, monsieur Pervanche, on recommence à faire des siennes, on dégrade les murs, on écrit des graffitis insultants à mon égard dans l’ascenseur ? »
Une colère mal contenue perçait dans ses paroles. Il le sentait prêt à éclater d’un instant à l’autre, ce qui n’était pas sans lui plaire, car il aimait faire enrager l’autorité.
Il ouvrit de grands yeux, avec la feinte surprise d’un garnement dès longtemps exercé à esquiver les remontrances sous le masque de l’innocence.
« Moi M’sieur ? Mais j’ai rien fait, M’sieur, j’vous jure. »
Roméo le toisa comme un boxeur mesurant l’envergure de l’adversaire qu’il se prépare à mettre K.O.
« Tu n’as rien fait, hein ? Viens avec moi ! »
Et il l’entraîna vers l’ascenseur, où il lui montra les signes du passage du Chat.
Roméo le toisa comme un boxeur mesurant l’envergure de l’adversaire qu’il se prépare à mettre K.O.
« Tu n’as rien fait, hein ? Viens avec moi ! »
Et il l’entraîna vers l’ascenseur, où il lui montra les signes du passage du Chat.
« Et ça, ce n’est pas toi qui l’a fait, peut-être ? »
Sa voix se faisait plus menaçante.
« Non, m’sieur, c’est pas moi. J’fais pas d’graffitis.
— Ah non ? Et ça, ce n’est pas toi non plus qui l’a fait ? »
Et il lui montra l’écriture sur son sac.
« Ça oui, M’sieur, pour décorer. Mais vous voyez bien, j’écris jamais en majuscules !
— Ne joue pas au plus malin avec moi ! Ouvre-moi ce sac ! »
Il étala sur le sol ses cahiers et ses livres, dont celui d’anglais, VOICES, était orné d’un décor baroque tracé à la plume, sa trousse de toile, noire de dessins et de numéros de téléphone, des gommes et des crayons, un effaceur, une règle en fer qu’il laissait tomber à des moments choisis des cours, un téléphone
portable bleu, cadeau d’anniversaire de sa mère, des tablettes de chewing-gum, des porte-clefs, un tube de rouge à lèvres, offert par une admiratrice, une fausse moustache dont les poils rigides s’étalaient en éventail.
Roméo s’en empara.
« Et ça, fit-il triomphalement, « c’est pas ton chat favori, peut-être ?
— Oh ça m’sieur, c’est pas méchant, » rétorqua l’autre sans se démonter, « c’est pour faire marrer les copains, j’suis pas l’seul à rigoler, y’en a qu’ont des faux nez, des fausses lunettes, des faux dentiers… »
Roméo l’interrompit brutalement.
« Ça suffit ! Où est la fourchette ? »
Il joua l’étonné.
« La fourchette ? Quelle fourchette ?
— Celle que tu utilises pour faire le coup de griffe, et le marqueur indélébile qui va avec. Car c’est bien toi, tu le reconnais, qui as fait cette trace sur le mur, et ces graffitis dans l’ascenseur ? »
Félix tomba des nues.
« Moi ? Mais pourquoi moi ? J’sais même pas d’quoi vous parlez. D’abord, j’prends jamais l’ascenseur. Ça m’donne le vertige. J’vais plus vite à pied. »
Quand Roméo vit qu’il n’en tirerait rien, il le ramena dans son bureau, le fit asseoir devant lui.
« Puisque tu ne reconnais pas l’évidence, je suis obligé de faire un rapport sur ces incidents, y compris les graffitis de la salle 1O9, sur lesquels j’étais prêt à passer l’éponge… »
Se rendant compte, après coup, qu’il avait été drôle par inadvertance, il se rattrapa de justesse :
« Si l’on peut dire ! Mais je ne donne pas cher de ta peau si tu ne reviens pas sur tes déclarations. Et je plains ta maman. »
En cela, il était sincère. Roméo éprouvait toujours une vague pitié pour les futures victimes qui avaient osé le défier. Pourtant, l’idée qu’il pourrait mieux toucher la mère en perdant le fils, lui plaisait et amenait sur ses lèvres un fin sourire démentant ses paroles.
Copyrights, Editions Chloé des Lys 2012
Jean-Claude Texier récite et mime ce passage de L’Elitiste sur YouTube. yt.cl.nr/A2PV1RrGEgU.webloc
UN CADEAU POUR NOËL
Luigia vivait près de chez nous. Elle était très vieille. Elle était propriétaire de la plus petite maison du quartier. L'année où Mario, le mari de Luigia, décéda, son chien, Liberta, mourut lui aussi. Dès lors, l'on vit de moins en moins souvent Luigia se promener dans la rue. On ne l'entendit plus chanter "Bella ciao" tandis qu'elle travaillait dans son potager ou posait son linge pour qu'il blanchisse sur la pelouse. On ne vit plus d'anciens collègues de Mario et leur épouse venir jouer aux cartes chez elle. Pour Noël, comme la plupart des habitants du quartier, mes parents avaient pour habitude de décorer la maison mais aussi le jardin. Luigia n'en fit rien. Ma mère savait que la vieille dame, qui ne prenait des vacances qu'en automne, n'irait pas retrouver son fils, sa bru et ses deux petits-fils en Italie.
Ma mère décida donc d'inviter Luigia à goûter le 25 décembre. Luigia accepta. Comme nous, elle mangea du cougnou et un reste de bûche. J'avais huit ans et je ne pus m'empêcher de parler de notre réveillon, du délicieux repas préparé par Maman, des cadeaux trouvés sous le sapin.
Luigia ne dit rien mais je vis quelques larmes dans ses yeux. J'eus alors l'idée d'aller chercher dans ma chambre la peluche reçue de ma grand-tante. C'était un cadeau somme toute assez ordinaire mais je lui offris pensant que cela comblerait le vide laissé par Liberta. Je l'imaginais accueillir la peluche dans son lit ou dans son fauteuil comme moi-même je l'aurais fait.
Quelques jours plus tard, Luigia nous invita pour à goûter à l'occasion de la Befana. Je vis alors la peluche dans la vitrine parmi les souvenirs de mariage, de communion, de baptême.
Micheline Boland
Son site : http://homeusers.brutele.be/bolandecrits/
Son blog : http://micheline-ecrit.blogspot.com/
Voluptueusement vôtre
Les pensées de Giovanni le ramenaient sans cesse vers cette vision surréaliste et pourtant bien réelle, vision qui avait pénétré ses sens d’une gourmandise qui désormais le tourmentait. Il avait conscience d’être resté tétanisé, sa vidéo caméra professionnelle à la main, la bouche entrouverte, alors que la jeune fille était tombée dans la cuve de chocolat tiède destiné à recouvrir des pralines. Elle avait poussé un cri étouffé par le plouf spongieux dans cette marée lente et sucrée dont s’échappaient l’haleine du cacao, du beurre, et d’une épice secrète. Puis elle avait ri avec ses collègues qui, hilares et agitées, lui tendaient la main en s’exclamant « Sarah ! Accroche-toi ! » et elle avait ainsi surgi de la cuve, telle une Aphrodite fondante, sa blouse de travail épousant ses reliefs avec une délicieuse indécence, ses jambes nues laissant transparaître la peau en veinures claires sous la moire sombre qui durcissait déjà. « Ne mettez pas ceci sur la publicité ! » avait-elle plaisanté, inconsciente des pulsions dévorantes qu’elle venait d’introduire dans sa vie.
Et depuis, pas une heure sans qu’il ne goûte, en imagination, ce recouvrement chocolaté sur quelque repli de son corps moite, offert, livré à sa lente et amoureuse dégustation… Le petit bout de film où ce corps jeune et merveilleusement fait était aspiré par une succion sensuelle dont il imaginait les saveurs, il l’avait gardé et se le projetait sans cesse, de plus en plus affamé.
Les rumeurs de cette aventure étaient parvenues jusqu’aux oreilles d’Alex Leloup, chef de production de la chaîne de télévision qui employait le jeune homme.
Il l’avait aussitôt convoqué dans son bureau et demandé à voir le film. Giovanni avait introduit la clé usb dans le portable directorial et avait assisté, impuissant, au trouble qui s’emparait d’Alex. Un silence pesant suivit la fin de la projection… Quand leurs regards se croisèrent… leurs pupilles dilatées ne laissaient aucun doute sur l’excitation qui s’était emparée de leurs sens, balayant toute autre pensée.
Quand le boss lui demanda de convoquer la jeune fille dans son studio privé, et d’acheter de quoi remplir une baignoire de chocolat noir, Giovanni se sentit défaillir… Non, il n’allait pas laisser ce type réaliser, à sa place, le fantasme qui l’obsédait !
Etant dans l’impossibilité de refuser, sous peine de se retrouver sans emploi, il sortit la tête basse, ravalant sa rage.
Le soir venu, il fit entrer la jeune fille dans le studio où les attendait le boss, fit les présentations et voulut prendre congé. Mais Alex lui tendit une coupe de champagne et lui dit, d’un air complice :
- Restez donc avec nous…
Sarah se tourna vers Giovanni, un peu interloquée par cette mise en scène osée et chocolatée.
Elle observa amusée le visage cramoisi de Giovanni qui examinait avec un intérêt soutenu
le bout de ses chaussures.
Avec un sourire sibyllin elle accepta néanmoins la coupe de champagne que lui tendait le boss.
Puis, sereine et consciente de son pouvoir, elle détailla le studio sans dire un mot.
Alex prit enfin la parole.
- Sarah, quand j’ai visionné votre chute dans la cuve de chocolat… j’ai tout de suite pensé à l’impact publicitaire que cette séquence pourrait avoir. Vous, la volupté du chocolat, c’est DIVIN !
- Donc, vous voulez mon accord pour la publicité ?
-
Elle souriait encore. Giovanni pensa qu’il n’avait jamais remarqué la candeur de son regard et pourtant une phrase lui trottait dans la tête depuis son entrée dans le studio…
« Qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance ».
Baudelaire se dit-il balançant entre l’envie de s’enfuir ou de rester…
- Eh bien en effet, votre accord et un peu de votre corps !
Le boss avait répondu avec un aplomb qui arracha une toux horrifiée à Giovanni. « Le caméraman est prêt », dit-il encore, désignant Giovani qui assurerait un champ complet des merveilles en cours et cachait mal son émoi. « Laissez-vous guider par votre plaisir chocolaté, tout ce que nous attendons de vous c’est du naturel et que l’on ressente toute la sensualité du chocolat. »
Son regard les analysa l’un après l’autre et elle rit d’un air plutôt amusé. Elle termina sa coupe en émettant une sorte de ronronnement, mettant Giovanni et le boss dans un émoi proche de la fièvre qui fit monter leur température d’un cran lorsque, déposant sa coupe vide sur le bord du bureau, elle les toisa et demanda sans hésitation :
- Je dois me déshabiller ici ?
Et sans attendre la réponse, elle avait prestement déboutonné sa blouse de travail, enlevé sa montre et ses chaussures. Elle était parfaite. Un parfait au chocolat, pensa Giovanni, incapable de retrouver en lui un peu d’intelligence. Elle souleva une jambe lisse et claire et enjamba le rebord de la baignoire à pieds de lion pour lentement se fondre dans le liquide épais, brassant ses parfums de volupté sucrée de ses longs bras qui se couvraient divinement d’arômes et couleurs.
Accroupie, elle enleva sans sourciller son soutien-gorge et on devina, sous les coulées de lave noire, deux délicieuses pralines que la chaleur lissait et que tous les deux ne songeaient plus qu’à goûter…
La caméra tremblait dans les mains de Giovanni. Il la fixa sur un support, sorti prestement de son sac, et enclencha le mode automatique. Ces quelques minutes avaient suffi à Alex pour se dévêtir…
Il s’approcha lentement de la baignoire, ne quittant pas Sarah des yeux. Elle soutenait son regard où se mêlaient défi et malice.
Il posa sa bouche sèche sur les lèvres en chocolat, les dégusta lentement, osa une main sur un petit sein noir décoré d’un bourgeon rose… et rencontra la main de Giovanni posée sur l’autre monticule qui flottait hors de la marée aux effluves entêtantes…
La sirène ondula sous l’eau…
Son corps chaud tressaille sous les mains et ravive les passions ancestrales.
Sarah, femme enfant qui enflamme dangereusement les hommes.
Les yeux mi-clos, gémissante elle s’ébroue, parfumée et joyeuse, révélant monts et merveilles.
Tandis qu’Alex et Giovanni perdant la raison dérivent dans un océan de volupté.
Triturant, malaxant…
Mais, soudain, Giovanni n’apprécie pas ce poids sur lui qui l’oppresse, cette langue râpeuse qui explore ses épaules, une haleine fétide…
C’est le boss, il devient fou ?
Il se redresse, cela suffit !
Giovanni est en sueur, assis sur son lit et son labrador lui lèche le torse avec application.
L’esprit embrumé il se frotte les yeux, un pas dans l’escalier, sa femme entre dans la chambre.
Mon amour, c’est dimanche et je t’apporte le petit-déjeuner…
Café et petits pains au chocolat !
Edmée de Xhavée, Silvana Minchella et Marcelle Pâques
Voluptueusement vôtre
Les pensées de Giovanni le ramenaient sans cesse vers cette vision surréaliste et pourtant bien réelle, vision qui avait pénétré ses sens d’une gourmandise qui désormais le tourmentait. Il avait conscience d’être resté tétanisé, sa vidéo caméra professionnelle à la main, la bouche entrouverte, alors que la jeune fille était tombée dans la cuve de chocolat tiède destiné à recouvrir des pralines. Elle avait poussé un cri étouffé par le plouf spongieux dans cette marée lente et sucrée dont s’échappaient l’haleine du cacao, du beurre, et d’une épice secrète. Puis elle avait ri avec ses collègues qui, hilares et agitées, lui tendaient la main en s’exclamant « Sarah ! Accroche-toi ! » et elle avait ainsi surgi de la cuve, telle une Aphrodite fondante, sa blouse de travail épousant ses reliefs avec une délicieuse indécence, ses jambes nues laissant transparaître la peau en veinures claires sous la moire sombre qui durcissait déjà. « Ne mettez pas ceci sur la publicité ! » avait-elle plaisanté, inconsciente des pulsions dévorantes qu’elle venait d’introduire dans sa vie.
Et depuis, pas une heure sans qu’il ne goûte, en imagination, ce recouvrement chocolaté sur quelque repli de son corps moite, offert, livré à sa lente et amoureuse dégustation… Le petit bout de film où ce corps jeune et merveilleusement fait était aspiré par une succion sensuelle dont il imaginait les saveurs, il l’avait gardé et se le projetait sans cesse, de plus en plus affamé.
Les rumeurs de cette aventure étaient parvenues jusqu’aux oreilles d’Alex Leloup, chef de production de la chaîne de télévision qui employait le jeune homme.
Il l’avait aussitôt convoqué dans son bureau et demandé à voir le film. Giovanni avait introduit la clé usb dans le portable directorial et avait assisté, impuissant, au trouble qui s’emparait d’Alex. Un silence pesant suivit la fin de la projection… Quand leurs regards se croisèrent… leurs pupilles dilatées ne laissaient aucun doute sur l’excitation qui s’était emparée de leurs sens, balayant toute autre pensée.
Quand le boss lui demanda de convoquer la jeune fille dans son studio privé, et d’acheter de quoi remplir une baignoire de chocolat noir, Giovanni se sentit défaillir… Non, il n’allait pas laisser ce type réaliser, à sa place, le fantasme qui l’obsédait !
Etant dans l’impossibilité de refuser, sous peine de se retrouver sans emploi, il sortit la tête basse, ravalant sa rage.
Le soir venu, il fit entrer la jeune fille dans le studio où les attendait le boss, fit les présentations et voulut prendre congé. Mais Alex lui tendit une coupe de champagne et lui dit, d’un air complice :
- Restez donc avec nous…
Sarah se tourna vers Giovanni, un peu interloquée par cette mise en scène osée et chocolatée.
Elle observa amusée le visage cramoisi de Giovanni qui examinait avec un intérêt soutenu
le bout de ses chaussures.
Avec un sourire sibyllin elle accepta néanmoins la coupe de champagne que lui tendait le boss.
Puis, sereine et consciente de son pouvoir, elle détailla le studio sans dire un mot.
Alex prit enfin la parole.
- Sarah, quand j’ai visionné votre chute dans la cuve de chocolat… j’ai tout de suite pensé à l’impact publicitaire que cette séquence pourrait avoir. Vous, la volupté du chocolat, c’est DIVIN !
- Donc, vous voulez mon accord pour la publicité ?
-
Elle souriait encore. Giovanni pensa qu’il n’avait jamais remarqué la candeur de son regard et pourtant une phrase lui trottait dans la tête depuis son entrée dans le studio…
« Qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance ».
Baudelaire se dit-il balançant entre l’envie de s’enfuir ou de rester…
- Eh bien en effet, votre accord et un peu de votre corps !
Le boss avait répondu avec un aplomb qui arracha une toux horrifiée à Giovanni. « Le caméraman est prêt », dit-il encore, désignant Giovani qui assurerait un champ complet des merveilles en cours et cachait mal son émoi. « Laissez-vous guider par votre plaisir chocolaté, tout ce que nous attendons de vous c’est du naturel et que l’on ressente toute la sensualité du chocolat. »
Son regard les analysa l’un après l’autre et elle rit d’un air plutôt amusé. Elle termina sa coupe en émettant une sorte de ronronnement, mettant Giovanni et le boss dans un émoi proche de la fièvre qui fit monter leur température d’un cran lorsque, déposant sa coupe vide sur le bord du bureau, elle les toisa et demanda sans hésitation :
- Je dois me déshabiller ici ?
Et sans attendre la réponse, elle avait prestement déboutonné sa blouse de travail, enlevé sa montre et ses chaussures. Elle était parfaite. Un parfait au chocolat, pensa Giovanni, incapable de retrouver en lui un peu d’intelligence. Elle souleva une jambe lisse et claire et enjamba le rebord de la baignoire à pieds de lion pour lentement se fondre dans le liquide épais, brassant ses parfums de volupté sucrée de ses longs bras qui se couvraient divinement d’arômes et couleurs.
Accroupie, elle enleva sans sourciller son soutien-gorge et on devina, sous les coulées de lave noire, deux délicieuses pralines que la chaleur lissait et que tous les deux ne songeaient plus qu’à goûter…
La caméra tremblait dans les mains de Giovanni. Il la fixa sur un support, sorti prestement de son sac, et enclencha le mode automatique. Ces quelques minutes avaient suffi à Alex pour se dévêtir…
Il s’approcha lentement de la baignoire, ne quittant pas Sarah des yeux. Elle soutenait son regard où se mêlaient défi et malice.
Il posa sa bouche sèche sur les lèvres en chocolat, les dégusta lentement, osa une main sur un petit sein noir décoré d’un bourgeon rose… et rencontra la main de Giovanni posée sur l’autre monticule qui flottait hors de la marée aux effluves entêtantes…
La sirène ondula sous l’eau…
Son corps chaud tressaille sous les mains et ravive les passions ancestrales.
Sarah, femme enfant qui enflamme dangereusement les hommes.
Les yeux mi-clos, gémissante elle s’ébroue, parfumée et joyeuse, révélant monts et merveilles.
Tandis qu’Alex et Giovanni perdant la raison dérivent dans un océan de volupté.
Triturant, malaxant…
Mais, soudain, Giovanni n’apprécie pas ce poids sur lui qui l’oppresse, cette langue râpeuse qui explore ses épaules, une haleine fétide…
C’est le boss, il devient fou ?
Il se redresse, cela suffit !
Giovanni est en sueur, assis sur son lit et son labrador lui lèche le torse avec application.
L’esprit embrumé il se frotte les yeux, un pas dans l’escalier, sa femme entre dans la chambre.
Mon amour, c’est dimanche et je t’apporte le petit-déjeuner…
Café et petits pains au chocolat !
Je n'ai aucun sens de l'humour... Beaucoup l'ont compris à leurs dépens. Bien sûr, lorsque j'ai eu entre les mains "Merci Monsieur Leacock", j'étais loin d'imaginer le contenu du bouquin. D'abord, j'avoue ne jamais avoir entendu parlé de ce fameux Monsieur. Vous si ? Ah bon...
Hummm... Donc, lectrice de base, je me suis fiée à la couverture : pas la 4e mais la première (paresse oblige). Je me suis imaginée un roman du terroir, une histoire du passé, que sais-je ? Mais j'étais intriguée, et c'est ce qui compte lorsque je décide d'ouvrir un bouquin, quel qu'il soit. Jamais au grand jamais j'aurais cru tomber sur cette série de courtes histoires, mi-figue mi-raisin, tout en nuances, entre sérieux et chutes surprenantes.
Bon, de l'humour, il en faut pour lire ce livre ! Un esprit vif, parfois acéré également. J'ai ri au premier degré, grincé au second, me suis interrogée au troisième. Agréable à lire mais pas si facile d'accès. J'ai rencontré, il y a peu, Jean-Michel Bernos, et je suis étonnée de constater combien ces nouvelles, son style même, lui collent à la peau : elles sont le reflet de leur auteur, aucun doute.
Voilà un livre qui ne cessera pas de surprendre le lecteur curieux et qui ravira l'amateur d'humour franc ou caustique. En tout cas, un bel hommage à Monsieur Leacock !
Christine Brunet
www.christine-brunet.com
Le héros et narrateur du récit, Jean, 45 ans, brillant vétérinaire, offre une image de professionnel hyperactif, dont la vie est remplie à ras bord.
Mais voici qu’un bête accident, point de départ du récit, vient tout changer et le met soudain sur la touche. Le destin tient parfois à peu de choses. Durant les longues semaines d’inactivité forcée, à l’hôpital puis lors de sa convalescence, il lit beaucoup, réfléchit énormément, et jette un regard rétrospectif sur sa vie. Il n’avait jamais soupçonné qu’on puisse avoir une vie intérieure.
Notre personnage entame une progressive descente à l’intérieur de soi, une irrésistible métamorphose qu’il arrive rapidement à considérer comme une renaissance privée, persuadé que son accident était un croc-en-jambe du destin.
Alors qu’il a repris le travail, une foule de questions continuent de le hanter. Il se sent de plus en plus à contretemps de la vie normale et dérive lentement vers une décision un peu radicale : il va tout lâcher, sortir du rang et partir pour une espèce de voyage initiatique. Et il saute le pas. Il prend la route, dans l’improvisation la plus totale. Il vole un an au reste du monde à la poursuite de réponses et à la recherche de la vérité.
Comme on le voit, « la mise entre parenthèses » n’est ni un polar ni un thriller, ce n’est pas non plus un essai ou un conte philosophique. Dans ce qui est plutôt un récit de vie sans intrigue romanesque, jean nous raconte page après page sa longue errance et sa patiente quête. C’est surtout la chronique d’un long voyage, intérieur et extérieur, témoignage d’un homme qui finalement démontre que la sérénité est à la portée de chacun.
Et voici donc Jean, au centre du récit, affranchi du carcan de la vie dite ordinaire, qui confesse sa passion nouvelle pour la solitude, et qui rend un véritable culte à la liberté. Qui, à sa manière, délivre des messages essentiels, des vérités parfois dérangeantes, et se laisse aller à des curieuses réflexions sur le climat de notre époque. Au hasard de ses pérégrinations, il se plaît à collectionner les ambiances, il donne libre cours à son amour de la nature et des grands espaces, parfois même bucolique, sans être – c’est lui qui le dit- ni un lyrique, ni un écolo naïf, ni Rousseau. Notre ami vétérinaire aime à rappeler que rien n’est jamais aussi compliqué ni aussi sombre qu’on veut bien le dire, il nous entretient de lois naturelles, dénonce les travers de notre société avec des mots empruntés à son jargon professionnel, et multiplie avec un certain humour les piques à l’encontre de ses contemporains qu’il observe comme des insectes ou des rongeurs de laboratoire. Il nous livre sans complaisance sa version de l’actualité et se plaît à peindre les gens rencontrés en singuliers portraits.
Trouvant l’inspiration à l’écart du temps, dans le calme pastoral ou le silence des grands espaces, loin des bla bla, des divertissements et de la bêtise banalisée, Jean fait la part belle aux descriptions. Il éprouve une tendresse particulière pour les routes vides, les paysages sans fin, les villages perdus, les forêts profondes et les déserts humains. Au long du chemin parcouru, la nature est omniprésente. De Belgique en France, en faisant un crochet par la Suisse et l’Autriche, avant de s’envoler vers les Amériques, on se promène en Forêt noire, on crapahute en montagne, on visite la Bretagne. Puis le livre nous emmène droit vers l’ouest du Canada et des USA, avant de se terminer en Amérique Latine par une balade dans l’Atacama et une visite guidée du « Gran Chaco » paraguayen, dans la poussière, la chaleur et les beuglements des vaches.
Les relations entre les gens sont un des thèmes récurrents du récit. La dimension humaine est donc bien présente aussi, et, chemin faisant, Jean Granier bavarde avec des paysans bien de chez nous, casse la croûte avec des cowboys et avec des vaqueros, dialogue avec une sympathique métisse canadienne, raconte sa quête à une ancienne amie … Toutes ces rencontres sont pour lui l’occasion d’attirer l’attention au passage sur la diversité des caractères, mais surtout, une fois de plus, sur le fait que chaque humain est unique, apte au bonheur et à la liberté, malgré un contexte de mondialisation et d’uniformisation à outrance qui l’agace profondément. Le fait que la trajectoire de Jean croise beaucoup de personnages pittoresques, lucides, optimistes et calmes, n’est pas un simple hasard. Sans être pour autant du « sirop » en opposition volontaire au pessimisme, au catastrophisme, aux climats de crise, au bourrage de crâne tragique et aux fresques romanesques à la mode. Jean donne à voir les gens tels qu’il les croise dans sa recherche d’une compréhension paisible du monde, alors qu’il cherche à percer les secrets des relations humaines.
Et puis le voyage s’achève, et revoilà Jean à la case départ. Sa quête métaphysique n’est pas achevée – elle n’aboutit jamais vraiment, l’essentiel étant le cheminement. Mais il est devenu autre. L’épilogue ne réserve pas de grande surprise, le dénouement est calme à l’image du narrateur. Pour Jean Granier, l’important est d’avoir ouvert les yeux sur la vie. Il rentre vivifié, comme après une promenade en forêt. Sa longue parenthèse peut sembler un rien irréelle, mais un récit, s’il peut rafraîchir et réconforter un peu le lecteur, c’est toujours bon à prendre par les temps qui courent…
Les références aux nombreux livres que le « héros » a lus et relus sont pratiquement absentes. C’est intentionnel.