Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Nadine Groenecke : il faut faire vivre le texte...

Publié le par christine brunet /aloys

PIC 1509 nad Notre besoin de créer vient bien de quelque part... Il trouve naissance au fin fond de nos entrailles, grandit jusqu'à devenir un besoin absolu, vital.

Ses racines ? La question n'est pas nouvelle.

Je cherche... Moi, j'ai ma réponse... Mais moi... C'est moi... Nadine, et toi ? Ton livre,Trop plein, est très différent du mien... Tes références doivent êtres différentes, sûrement... 

 

C'est alors qu'un passage de l'une de ses nouvelles me revient en mémoire : " Nous débarquons. Oh, non! Ce n'est pas possible! le panneau indique "Ile de Ré" et non "Ile dorée". désappointée, je regarde Mémé; elle me sourit. il n'y a donc pas d'erreur! je n'avais pas compris les mots prononcés par les adultes. Quelle désillusion! C'était tellement plus magique une île "dorée" et plus conforme à mes lectures d'enfant: le Club des Cinq, le clan des sept, Michel, Alice et tutti quanti." (Le crabe, Trop plein, Ed. Chloé des lys, 2009)

 

Non, finalement, peut-être pas... "Michel", je ne connais pas, mais les autres, oh que oui... des histoires qui ont bercées toutes mon enfance et qui trônent à présent, très écornées, sur le bureau de mon fil... Néanmoins, je persiste dans mon envie d'explorer l'univers de Nadine Groenecke qui répond directement à ma première question :


Pourquoi écris-tu ? 

 

Je ne peux pas parler de l’écriture sans évoquer la lecture. Les mots me font rêver depuis toute petite. Grâce aux nombreux livres que je dévorais à mes heures perdues, mon esprit s’évadait vers des contrées lointaines ; je m’identifiais aux personnages de la collection de la bibliothèque rose, puis verte, vivant page après page le rythme trépidant des aventures du Club des cinq ou d’Alice. Je me souviens aussi de cet oiseau nommé Tipiti qui illustrait mon livre de lecture à l’école primaire et avec qui, chaque jour, je m’envolais vers de nouvelles histoires. Je vouais une admiration sans bornes à tous ces auteurs qui illuminaient mon quotidien et je pensais alors que le métier d’écrivain était le plus fabuleux qui puisse exister. Très vite, j’ai laissé de côté les mathématiques pour privilégier le français et en particulier les rédactions dans lesquelles je pouvais laisser libre cours à mon imagination débordante.


Aquarelle marais poitevinL’envie et le besoin de lire ne m’ont plus jamais quittée. Le livre, c’était et c’est toujours pour moi une porte ouverte sur le monde, un grand moment d’évasion. J’aime la phrase de Jules Renard : Quand je pense à tous les livres qu’il me reste à lire, j’ai la certitude d’être encore heureux.

 

Et puis, après la lecture… vint l’écriture. Parce que j’y songeais depuis longtemps et que ma première expérience en la matière a été une révélation.

 

Que t’apporte l’écriture ?

 

photo couverture nadCe n’est qu’en 2004 que je me lance dans l’écriture par le biais d’un concours grâce auquel mes premiers écrits sont publiés dans un recueil collectif. Tout de suite l’exercice me séduit : la quête du mot juste pour équilibrer une phrase un peu lourde ou d’un synonyme pour ne pas se répéter, la mise en place des idées, la recherche documentaire, indispensable également. Je me prends au jeu et réalise en même temps que l’exercice n’est pas une tâche facile, comme le souligne avec brio Bernard-Henry Levy dans « Ennemis publics » Et puis écrire, juste écrire, passer des nuits, des jours, encore des nuits, sur mon établi de mots, à faire que la pâte lève, que la forme vienne et mes petites colonnes de signes tiennent à peu près debout… Un véritable travail de construction en effet.

Il ne suffit pas d’enrober des mots dans de belles phrases, il faut faire vivre le texte pour le rendre séduisant et cohérent. C’est cette démarche créative qui me plaît. Le dessin et la peinture que je pratique également me procure les mêmes sensations. Mêler les mots ou les couleurs jusqu’au moment où on se dit : « ça y est, j’ai réussi à faire quelque chose de pas trop mal ! » et tout recommencer avec une autre histoire ou un autre tableau, une formidable aventure à chaque fois.

 

Comment écris-tu ?


Selon les périodes, l’écriture peut se révéler lente et laborieuse ou au contraire fluide etd-apres-Carabain.JPG coulante comme un ruisseau de montagne. Dans le premier cas, je manque d’idées, alors je construis de belles phrases en attendant l’inspiration. Dans le deuxième cas, c’est l’ « état de grâce » qui survient généralement lorsqu’une idée nouvelle émerge sans crier gare, le soir dans mon lit ou à n’importe quel moment de la journée, lorsqu’un événement, une personne, un reportage m’ont marquée. Si je n’ai pas la possibilité de m’atteler dans la foulée à l’écriture, je prends des notes, craignant que les idées ne s’envolent aussi vite qu’elles sont apparues. Et, dès que possible, je les couche sur l’écran de l’ordinateur, en « jet », juste pour emprisonner les idées, être sûre de les avoir à portée de main avant de débroussailler tout ça par la suite et de retravailler le style.


Donc, tu retravailles tes textes...

 

photo-magazine-1.JPGOui, je reviens sans cesse dessus. Quand je débute une nouvelle je peux passer des heures rien que sur le premier paragraphe. Et quand l’histoire est bien lancée, je la relis inlassablement, recherchant le mot juste, le rythme approprié, la sonorité exacte... Parfois je laisse passer quelques jours pour avoir un œil nouveau sur le texte. De gros changements peuvent alors intervenir, tant au niveau de la forme que du contenu. Quand j’ai le sentiment que ma « création » tient enfin debout, je la soumets à quelques amis, fidèles relecteurs, qui traquent les inévitables fautes et qui me donnent leur avis en toute franchise.

 

Tu parles expérience... J'ai l'impression que tu abordes le travail d'écriture, de création comme un chimiste aborderait une préparation en vue d'extrapoler une expérience inédite... Faux ou faux ?

 Oui parce que chaque nouvelle (puisque j’écris surtout des nouvelles) me conduit vers des horizons nouveaux. Je donne naissance à des personnages à chaque fois différents qui évoluent dans un univers particulier que je dois m’approprier. Par exemple, j’ai participé l’an dernier à un concours qui m’a amenée à découvrir le golf. Je n’y connaissais rien à ce sport, il a donc bien fallu que je me documente sur le sujet pour employer les termes adéquats afin d’être crédible. Mes personnages, quant à eux, vont prendre corps au fil des pages et parfois me surprendre, m’emmener là où je ne m’y attendais pas. Quelquefois, j’ai déjà la chute en tête dès le départ mais il m’arrive aussi d’en trouver une autre en cours d’écriture. D’autres fois, je pars à l’aveuglette en me demandant si je vais réussir à la trouver et puis, petit à petit, tout s’imbrique et la chute dégringole, si je puis dire, comme une évidence. Une expérience, une aventure donc, dont je ressors comblée lorsque j’ai pu aller jusqu’au bout, ce qui est généralement le cas.

 

Est-ce que tu ne crois pas que trop de travail sur le texte et les mots tue l'histoire et les émotions (les tiennes, ton ressenti vis à vis de tes personnages, de ton récit)?

 

Il faut juste savoir s’arrêter à temps. La nouvelle impose de la rigueur (dans les concours, le nombre de pages est souvent limité) et n’autorise pas la lourdeur. Le texte doit rester fluide et donc ne pas s’embarrasser du superflu.

 

Parle-moi de tes personnages, de tes sources d'inspiration... Un univers littéraire en particulier?

 

Comme tout auteur je me nourris de mon environnement et de mon vécu mais, avant d’écrire, je pensais naïvement que les auteurs imaginaient presque tout ce qu’ils écrivaient ! En fait, ce sont des voleurs, toujours à l’affut d’un regard, d’une phrase, d’un fait divers… Ils capturent tout ce qui les interpelle et transforment ensuite cette matière première, servie sur un plateau, au gré de leur fantaisie. Je suis donc une voleuse…

Mitsou.JPG Je lis beaucoup et je ne me limite pas à un genre en particulier. J’aime bien découvrir de nouveaux auteurs tout en continuant à lire ceux que j’affectionne.

 

Que ressens-tu quand tu écris ?

 Je suis dans un autre monde. Les heures s’écoulent sans que je m’en rende compte. Seules les contractures liées à la station assise m’obligent à prendre une pause. Lorsque j’ai des périodes fortes d’écriture, je soulage mon dos en marchant beaucoup, ce qui me permet aussi de continuer à réfléchir à la suite de mon histoire.d-apres-Michel-Ange.JPG

 

Quel est ton style d’écriture ?

 C’est difficile de définir son propre style. Vif et alerte, d’après mes lecteurs. Au début, j’avais peut-être tendance à trop vouloir en faire, à surcharger les phrases avec des mots recherchés. Au fil du temps, je crois que mon écriture s’est allégée. Je  viens même d’écrire une nouvelle tout en argot. Une expérience intéressante.

 

 

Un même déclencheur, mais une approche très différente de l'écriture...

En fin de compte, est-ce que le travail incessant sur le texte, les mots entrave le ressenti du lecteur ? Non, bien sûr... Tout au contraire parce que les textes courts ont besoin de rigueur et de précision pour amener en quelques pages le lecteur où l'auteur a décidé de le conduire...

 

Chaque genre permet à l'écrivain d'envisager une autre façon d'écrire : un poète construit-il ses vers de la même façon qu'un nouvelliste ou un romancier travaille ses textes ? Franchement, je ne crois pas... Et vous, qu'en pensez-vous ?

 

Pour en apprendre plus sur l'univers de Nadine Groenecke, allez jeter un oeil sur son blog... Ici: link

 

 

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com


http://passion-creatrice.com

http://aloys.me

 

Publié dans interview

Partager cet article
Repost0

Gauthier Hiernaux a lu "Elle, une autre" d'Olivia Billington

Publié le par aloys

gauthier hiernaux2

 

Olivia Billington

Elle, une autre

 

 



Intriguant titre que celui-là. davantage peut-être que cette couverture où se détachent deux paires d'yeux, à la fois aussi semblables que dissemblables.


« Elle, une autre » est le premier roman d'Olivia Billington chez Chloé des Lys, une jeune journaliste résidant à Bruxelles, dont j'avais fait la connaissance lors d'une soirée en 2010 à l'Espace Art Gallery, à Ixelles et que j'avais retrouvée au Centre culturel de Uccle quelques semaines plus tard.


Mais venons-en à mes impressions de lecture.


J'ai dévoré ce roman policier de 230 pages en quelques heures, d'abord parce que le style du l'auteur est fluide et le texte, aéré, mais également parce qu'Olivia Billington n'a pas son pareil pour entrainer son lecteur dans son histoire.


Et quelle histoire ! Comme dans « Un tueur sur la route » du gigantesque James Ellroy, notre romancière  s'est attachée à dresser le portrait de "l'intérieur" non pas d'un mais d'une "tueuse enelleuneautre.jpg série".


Si Olivia évoque l'enfance du personnage, l'analyse psychologique de cette contre-héroïne - qui, sans lever le voile sur le mystère, n'est pas qui elle prétend être - qui est savamment distillée n'alourdit pas le récit.


Olivia Billington s'attache plutôt aux tortures auxquelles son personnage est soumis, ses atermoiements qui, sans la rendre tout à fait humaine, permettent au lecteur captivé, d'espérer une rédemption. A chaque fois, on ne peut s'empêcher de frissonner pour la ou le malheureux/-se qui croise sa route. On se doute de la conclusion de cette rencontre, mais on se surprend à chaque fois à imaginer un schéma différent.


La fin, je vous la laisse découvrir.


Je pense que c'est préférable. 

 

 

 

Gauthier Hiernaux

grandeuretdecadence.wordpress.com

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

Le printemps des poètes...

Publié le par christine brunet /aloys

Peu de participants, malheureusement, cette année, trop peu en tout cas pour une publication. Mais qu'à cela ne tienne, nous allons pouvoir néanmoins déguster les quelques poèmes envoyés. 

 

Puisque ces auteurs ont fait l'effort d'envoyer un texte, voilà ce que je vous propose : un vote !

Je vous livre en une seule fois les poèmes. Vous m'envoyez votre vote via le formulaire contact si vous n'avez pas mon mail personnel ou vous le mettez en commentaire en n'oubliant pas le numéro associé.


Le poème qui aura obtenu le plus de voix sera publié dans le n°2 de la revue "Les petits papiers de Chloé".

 

Attention !

 

Les poèmes vous sont livrés sans le nom de l'auteur. Par ailleurs, interdiction pour l'auteur de voter pour son texte ! j'y veillerai personnellement

 

N°1


Un vrombissement
La fleur ouvre sa corolle
Serait-ce une abeille ?


*****************************

 

N°2

 

L’arbre.

 

Automne, or et rouge. A peine né, tout coloré du soleil de l’été, l’arbre rejoint les cieux.

Et l’étoile filante plante un clou d’argent dans la toile céleste. Sourire blanc. Lumineux.

L’arbre se détache en ombre chinoise, noire, sur le ciel laiteux.

Et peint le monde avec le cœur au coin des yeux.

 

***************************************

 

N°3

 

Des limailles vagabondent…

 

Des limailles vagabondent au rythme des moussons et bercent

Les fièvres, les ténèbres, les lumières, et les bouillonnants bagages

Des poètes, aux carrefours des aubes, que les souffles caressent,

Et bercent  plus loin encore, vers les horizons sauvages, et d’infinis paysages.


 

**************************************

 

N°4

 

Je regardais l'azur s'étirer sous l'astre brûlant. Les collines se gonflèrent d'aise quand mes pieds nus caressèrent son chiendent. L'horizon criait à l'aventure... et sous mes yeux défilèrent des paysages en confusion. L'ombre de l'infini sembla m'aspirer jusqu'à ce que pointe l'exultation. Osmose.


*************************************


N°5

Des brins d’herbe s’ébrouent, caressés par le vent, 
Se défont de la rosée du petit matin. 
Alors ils poussent de l’épaule leurs voisins, 
Et la colline verte devient océan

 

 

**********************************


N°6

 

D'infinis paysages.
Des brumes comme des fourrures de loup,
Des dunes commes des corps de femmes,
Un parfum de foin comme une aile de rapace sur la plaine,
Des rêves illimités comme des étoiles dans la nuit.


******************************************

N°7

Dans l’infinitude des ses yeux clairs

Un monde entier se reflétait

La vague d’un long sanglot a tout emporté

Et l’horizon sur elle s’est refermé

 

*******************************

N°8


 Le ciel est de feu La terre est de mer L'air est de brumes Et leur vie n'est plus qu'un souvenir... 
 
 ***************************** 
 
 N° 9 
 
 À l'approche de ma terre

J'attends le moment où, toujours, la joie sourde et brutale
S'insinue en moi, s'amplifie, simple, totale,
Fidèle au rendez-vous avec ce Nord tant décrié
Par d'aucuns qui, bien sûr, jamais n'y sont allés.

 

 

 

 

Allez, à vos votes !!!!! 

 


 

 

 

 


 


Publié dans Poésie

Partager cet article
Repost0

Alain Bustin a rencontré L’ange gardien de Marie-Claire George…

Publié le par aloys.over-blog.com

 

 

Bustin.JPG

 

 

 

Alain Bustin a rencontré L’ange gardien de Marie-Claire George…

 

Salut Alain !

Salut L’ange !

Tu sais que ton ange à toi m’a dit que tu avais adoré son recueil de nouvelles ?

Oh oui car chaque nouvelle est un petit bijou et un grand moment de pur bonheur.  En tout cas, c’est aussi bon que les sucreries de mon enfance.  Quel bien-être de savoir que l’on n’est pas tout seul à penser existentiel dans ce monde de fou…

Comment tu as rencontré Marie-Claire ?

Le hasard - si il existe – a voulu qu’elle soit ma voisine de table au stand CDL à la foire du livre de Tournai.  Un regard, quelques paroles, des ondes, nos anges gardiens, nos livres échangés et voilà le début de l’histoire.

Ensuite ?

J’ai lu son commentaire de lecture à propos de mon "Albert ou la quête d’un marathonien" et j’ai été très touché.  J’ai donc placé son ange gardien tout premier dans mon énorme pile de romans que je dois encore lire…   Ultérieurement, j’ai lu tellement de beaux commentaires sur les sites CDL, que je me suis dit qu’il était inutile d’en rajouter derrière Carine-Laure, Edmée, Josy, Christine,… J’arrivais trop tard !  Alors, je préfère en parler avec toi dans ce vieux bistrot sympa devant un bon Orval.   Je savais que les anges adorent l’Orval et les vieux zincs…

Dans quel contexte, as-tu lu "L’ange gardien" ?

A mon sens, idéal, à savoir  un voyage,  une banquette de train, un hall d’aéroport, la promiscuité d’un avion.  Chaque nouvelle de Marie-Claire est une promenade, une rencontre, un parfum aux senteurs d’humour et9782874595103 1 75 d’émotion.  Mais je ne veux pas en dire de trop, car un voyage, c’est aussi une découverte personnelle.

Tout à l’heure, tu as cité le mot existentiel, pourquoi ?

A mon sens, c’est toute la richesse de l’écriture de Marie-Claire ! L’écriture est magnifique, tu es transporté mais surtout après chaque nouvelle, tu es interpellé sur l’existentialité !  Le temps qui passe trop vite,  notre difficulté à vivre pleinement le moment présent, le chemin de vie, notre parcours, la bêtise des regrets, nos valeurs, nos jugements, les autres…Ah oui, les autres !  Nos regards…  Les apparences !

Alain, arrête, tu vas monter au ciel.  Tu oublies que l’ange c’est moi !  Tes nouvelles favorites ?

Pour l’amour d’un desperado, Graffiti, Comme s’il était trop tard, Il est tard et je m’en vais.

Alain, une conclusion ?

Ta protégée est une sacrée bonne femme, pleine de malice et de générosité.  Avec ses nouvelles, elle offre au lecteur une clé avec laquelle il a l’impression de  pénétrer à l’intérieur de délicieux secrets.  Vivement son premier roman !  Pour conclure, un seul mot : MERCI !

 

 

 

Alain Bustin

alainbustin.over-blog.com

 

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

Josy Malet-Praud a lu "Une belle époque" de Kate Milie

Publié le par aloys.over-blog.com

Visuel Auteur - PDNAUNE BELLE EPOQUE

Kate MILIE

Editions Chloé des Lys, 2009

 

Pour écrire un bon roman, il faut, dit-on, du talent, du travail et de la chance. Le talent chez Kate Milie ne fait aucun doute, le travail est perceptible à toutes les pages, quant à la chance, on peut se demander si elle en a vraiment besoin…tant les deux premières conditions sont remplies et suffiraient.

On dit aussi que pour –faire- un bon roman, de ceux qui sont accueillis avec enthousiasme par les lecteurs, il faut avoir quelque chose à dire, l’écrire avec passion et dans le plaisir. Kate Milie a des messages pertinents à délivrer, une culture à partager et le fait avec une ferveur indiscutable. Ses lecteurs le sentiront, qui liront avec un plaisir certain ce roman très complet et, à mon avis, parfaitement réussi.

C’est un roman étonnant. Par une structure hors du commun, comme à travers la richesse sociologique et culturelle de son contenu, la finesse des intrigues, l’art d’installer à point nommé les séquences de tension, et cette faculté assez rare de pouvoir conjuguer l’ensemble pour dérouler une histoire très actuelle, parfaitement cohérente et captivante de bout en bout. On oscille entre le passé et le présent, le réel et le virtuel ; la cadence maitrisée exclut toute monotonie ou longueurs soporifiques, le style est personnel et soigné, adapté aux ambiances, l’écriture est belle... J’ai savouré !

 

La Belle Epoque, au sens historique, est celle autour de laquelle cinq internautes réunis dans un salon virtuel vont se trouver liés par la fascination pour un peintre et celle des mots.

La passion pour un peintre du 19e, Gustave Klimt, m’est apparue comme la partie émergée du roman où les profondeurs vont révéler peu à peu les replis clairs-obscurs des comportements humains, filtrés –souvent9782874594281 1 75 masqués ou déformés- par les effets trompeurs du virtuel. Nul doute que la Belle Epoque exerce un véritable pouvoir de séduction sur Kate Milie qui offre d’ailleurs au lecteur un fragment généreux de la vie de Klimt ; et l’on appréciera aussi le regard rationnel, bien éclairé, qu’elle porte sur le développement des relations sur le net, une toile dont le principe même favorise des rapports si souvent nébuleux.

 

Deux univers parallèles s’enchevêtrent, se nourrissent l’un de l’autre pour conduire le récit jusqu’à son terme. Un épilogue inattendu qui, sans laisser le lecteur sur sa faim, le surprendra encore, une dernière fois.

« La belle époque » a du succès. Il ne peut en être autrement. C’est à mes yeux une très belle réussite, la première pierre sur laquelle Kate Milie peut sans crainte construire un édifice : une carrière d’écrivaine.

 

Josy Malet-Praud©Nov.2010

www.lascavia.com

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

Carine-laure DESGUIN a lu "Orages" de Céline Gierts

Publié le par aloys.over-blog.com

http://www.bandbsa.be/contes/desguin1.jpg

 

Cette histoire est une histoire d'amour. Une très très belle histoire d'amour.

Ma note de lecture pourrait s'arrêter ici, car tout est dit. Une très belle histoire d'amour.

 

L'auteure, Céline Gierts, ne s'encombre d'aucune fioriture, d'aucun détail pouvant nous distraire de l'émotion partagée entre elle et il ...

Une femme: elle

un  homme: il

Où ? Tout près d'un champ de blé, tantôt sous le soleil, tantôt sous l'orage...

Quand? L'espace d'un été, j'aurais presque envie de dire l'espace d'un soupir, l'espace d'une respiration...

 

Dès les premières pages, des images et une musique se sont glissées à travers ce premier roman à l'avenir très prometteur. L'été 42, vous vous souvenez de ce film ? La musique ? Une musique qui nous immerge doucement entre les vibrations d'amour  de cette femme à la robe légère et de ce jeune homme ...

 

Un mari absent pour toujours, des enfants partis en vacances pour tout l'été...

Devant sa terrasse, un champ de blé...Et un homme, un de ces hommes que le soleil rend magnifique...

 

Orages, c'est l'histoire d'un très grand amour, un de ces amours qui ne s'annonce pas et qu'il ne sert à rien de combattre, un de ces amours qui se vit dans l'instant présent et dont on garde sur le corps et pour le reste deorages---cover--.jpg notre vie, le souvenir de la douceur d'une caresse et de la profondeur d'un regard.

 

Et tout cela, sans jamais rien se dire ...Les dialogues sont quasi-absents mais l'auteure, par sa connaissance de la psyché humaine, écume si facilement les souffles des sentiments que les phrases se lisent et s'absorbent comme le sable se gonfle des petites vagues de l'océan, à petites doses ...

 

Elle, croyait que plus jamais elle ne pourrait partager la douceur d'un drap...Par ses silences, sa présence, sa compréhension de l'autre, ses gestes sensibles et délicats, il, inconsciemment, lui a prouvé tout le contraire...

Un amour généreux ...

 

L'écriture ? Légère ...Les mots sonnent justes et se cadrent sans aucune prétention dans le canevas sentimental...

Un livre de 177 pages dont je ne peux que souligner la quasi-perfection de la mise en page et mis en valeur par la couverture, une aquarelle signée Dominique Baneton.

 

Et vous ne me demandez pas comment se termine cette histoire ? Elle se termine ? Le croyez-vous ? Vraiment ?

 

Vous vous souvenez de La route de Madison, quand Clint frôle de sa belle main d'homme le chapelet accroché à son rétro et que Meryl souffre tellement, s'accrochant à la portière de la voiture ...

Les dernières images de Orages sont bien mieux. Beaucoup mieux ... 

 

P149 :...il est des amours qui n'exigent pas de "toujours" ni de présence éternelle, dont la liberté rend l'instant absolu et unique, dont la rencontre nous nourrit à jamais ...

 

 

 Carine-Laure Desguin

carinelauredesguin.over-blog.com

 


Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

En quête de sens... Christel Marchal se dévoile !

Publié le par aloys.over-blog.com

 

 

http://www.bandbsa.be/contes2/marchaltete.jpg

 

En quête de sens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En quête de sens est un roman... Mais qui est Christel Marchal ?

 

 

Je suis née un beau matin d’octobre, il y a quelques années ou peut-être est-ce quelques mois ? Une certitude, c’était dans les vallons ardennais à une encablure de petits villages de Redu.

 

J’étais une petite fille calme, aimant feuilleter les livres sans encore savoir lire.

 

J’étais une petite fille bavarde et raconter des récits drôle, triste, vrai, tendre… était ma tasse de thé. Mon bonheur et les bonnes heures de mon enfance. D’ailleurs, ma grand-mère me regardant conter mes pensées imaginaires à ma poupée pensait qu’un jour, je raconterais des histoires. Ma poupée s’appelait Clothilde et l’une de ses jambes était cassée.

Une longue scarlatine m’a plongée dans le monde du dessin pour tuer l’temps, comme on dit ! Tuer l’temps en reproduisant les photos familiales, en croquant les paysages que je regardais au travers les fenêtres de mon isolement.

 

Le moment de choisir la voie de mon avenir est arrivé, comme ça, sans crier gare ! Dieu que les années filent.

Un diplôme d’Education spécialisée en poche, j’entrais dans le monde fermé du polyhandicap. Un monde caché à l’abri des regards.

De taches de peinture en techniques adaptées, un atelier d’Art s’est installé au sein du Centre où j’ai déposé mes valises.

« Vivre, c’est s’exposer ! »

Petits et grands, nous allions tous vivre, enfin vivre et un soir de décembre 2004, nous avons convié amis, familles, personnalités,… à notre exposition ! Une vraie ! Une grande exposition pour de vrai et comme des vrais artistes !

Nous ne pouvions tourner la page de ce moment délicieux sans laisser une petite trace écrite de notre exposition : La main, la trace, l’empreinte.

Je pris donc la plume et tombais dans l’encrier.

Le fabuleux pari de l’Oiseau bleu a vu le jour un matin d’été 2007 aux Editions Le Manuscrit.com… Le fabuleux pari d’enfants extraordinaires. Un pari à destination de leur famille et amis !

 

Je tombais dans l’encrier et n’en suis depuis lors plus sortie…

Je découvris très vite le monde des ateliers d’écriture, j’y croisais l’un ou l’autre auteur belge, j’y racontais des histoires, mes histoires imaginaires, inscrites dans la vie.

Cet automne, une nouvelle On n’est jamais innocent de ce qui nous arrive est parue dans la revue belge Parenthèse n°7. Nouvelle racontant mon parcours dans le monde des ateliers d’écriture.

De fils en aiguilles, En quête de sens, un micro-roman devenu un roman s’est habillé d’illustrations. Je retrouve donc mes passions de petite fille : raconter des histoires et dessiner !

Benoît Coppée m’a fait le cadeau d’en signer la préface.

 

Actuellement, vous trouverez :

Sur ma table de chevet, une pile de bouquins allant d’Onfray à Cavanna, des thrillers américains, des récits légers de Teulé ou Fournier,…

Dans mon lecteur CD, l’Intégrale de Jacques Brel… Les disques s’amusent à tour de rôle bien entendu. Ma petite Madeleine reste et restera L’Ouverture d’Egmont (opus 84) de Beethoven. Egmont dont j’affectionne la statue en ville.

Dans mon lecteur DVD, Le Roi danse.

Sur mon bureau, un mélange de pastels, de pinceaux, d’encre, de feuilles… Ce qui nourrit mes pensées et ma créativité.

Et deux roses blanches.

 

Avant de vous quittez, un dernier mot.

Il faut être l’artisan de ses propres rêves !

 

En quête de sens, son roman ...

 

En quatrième de couverture, nous pouvons y lire :


-          Madame ! Vous ne pouvez pas emmener Agathe !

Louise glisse la main de l'enfant dans la sienne. Et telle une ombre rejoint sa voiture jaune.

-          Madame ! Je préviens la police ! Agathe a besoin de soins !

Un petit nuage blanc et les voici sur les grands chemins de la vie.

Un petit nuage gris. La voiture tousse.

Un petit nuage noir. La voiture les abandonne dans la ville.

 Léo suit les traces de l'enfant et sa mère. En râlant.

-          A dix jours des vacances ! Courir après une gamine débile et sa mère suicidaire !

 Agathe dessine.

Les visages qu'elle croise sur les murs des stations de métro.

Les arbres et les fleurs qui habillent ces stations de métro.

Sainte-Catherine. Tomberg. Les mains unies de Lemonnier,...

Agathe dessine.

Les statues qui veillent sur Bruxelles.

 Léo parviendra-t-il à les retrouver avant que Louise, désespérée, ne se serve de l'arme achetée chez un armurier ?

 

couv.2.jpgEn quête de sens est donc  une course poursuite entre Léo, flic grincheux et Louise ayant enlevé d’un hôpital psychiatrique,  Agathe, sa fille.

Agathe, petite plume emportée dans le vent, dessine et tel un jeu de piste guide Léo sur sa trace au fil des indices qu’elle sème. Une poésie de couleurs et de douceurs, un voyage au cœur de ce qui nous rend humain.

 

 

 

Christel Marchal

 http://lelabodesmots.blogspot.com

Publié dans présentations

Partager cet article
Repost0

Gauthier Hiernaux a lu "Les romanichels" d'Edmée de Xhavée

Publié le par aloys.over-blog.com

gauthier hiernaux2En commandant ‘Les Romanichels’ d’Edmée de Xhavée, je m’attendais à lire un roman sur les gens du voyage. Mais de gitan, il faut attendre les vingt dernières pages pour en entendre parler…

 
Alors quel argument pourrait-il justifier un tel titre puisque les héroïnes du livre font partie de la classe bourgeoise (et parfois nobiliaire) de la Belgique du 20ème siècle ?

 
En outre, quand on évoque les Tziganes, on a plutôt tendance à les imaginer vivre en famille alors que les problèmes relationnels des mères et des filles (Mado et la Centauresse, Adrienne et Suzanne, Suzanne etE de Xhavée Les Romanichels Olivia), leur incapacité à se comprendre et à vivre ensemble sont au centre de ce roman.


Pour ma part (et il ne s’agit là que d’une interprétation), je pense qu’Edmée de Xhavée a songé à ce titre en raison des rapports qui lient Olivia et sa mère, Suzanne. Une métaphore de deux cultures différentes qui se côtoient de loin et qui, en raison de leur méconnaissance, ont des idées aussi fausses qu’arrêtées l’un sur l’autre. Je laisse à l’auteur le soin de donner sa version, si elle en l’a pas encore fait.      


Quoiqu’il en soit, ‘Les Romanichels’ est un très bel ouvrage dont j’ai lu, avec délectation chaque soir, quelques pages.


Même si cet type de roman n’est pas mon genre de prédilection, je me suis régalé des (més)aventures des deux familles, m’arrêtant parfois sur une phrase dont j’appréciais la musicalité ou une situation que je déplorais.


L’auteur nous fait voyager et enivre son lecteur avec bonheur d’odeurs, d’atmosphères et de sensations. De l’Italie profonde aux marchés d’Aix en passant par nos vertes campagnes wallonnes, elle nous dépayse, elle nous transforme en spectateur-voyageur.


Car, après tout, les Romanichels, c’est peut-être tout simplement nous, ses lecteurs…

 

 

Gauthier HIERNAUX

grandeuretdecadence.wordpress.com

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

Christine Brunet a lu "Changements" de Laurent Dumortier

Publié le par christine brunet /aloys

ma photo

 

J'ai lu Changements de Laurent Dumortier...

 

La quatrième dimension, vous connaissez, bien sûr... avec Changements, inutile d'allumer votre téléviseur... Elle est là, entre chaque page, au fil des nouvelles qui égrainent les situations inquiétantes ou surprenantes.

 

Tout commence comme un jour normal... juste le temps de s'installer confortablement dans le récit comme on s'installe dans un bon fauteuil... Tout se passe bien... enfin jusqu'àL Dumortier Changements un certain point... 

 

On arrive alors au point final de la nouvelle avec étonnement en se demandant ce qu'on a raté et quand... Vous savez, c'est comme au début de la série... écran noir et parasites... La première fois, on se lève et on va voir ce qui ne cadre pas, on teste la prise...

 

Avec ces histoires, même réflexe la première fois puis on passe à la seconde nouvelle plus méfiant en se demandant à quel moment la situation va nous échapper. Inévitablement elle dérape à nouveau et nous reprend au piège...

 

Un livre que j'ai lu d'un trait, le sourire aux coins des lèvres et les sourcils froncés...

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

 

www.aloys.me

www.passion-creatrice.com

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

Christian Van Moer a lu "un, deux, trois, soleil!" de Josy Malet Praud

Publié le par aloys.over-blog.com

http://www.bandbsa.be/contes/chrismellone.jpg

 

J’ai lu Un, deux, trois, Soleil ! le recueil de Josy Malet-Praud édité chez Chloé des Lys.

 

par Christian VAN MOER

 

 

Un, deux, trois… Soleil !

Le starter vous lâche dans la course. Au trésor ? Au bonheur ?...

Comme l’écrit justement Marie-Claire George-Janssens, qui préface joliment l’œuvre de Josy Malet-Praud :

Il est certes des ciels plombés d’injustice, de misère, de menaces, d’hypocrisie, de colère, des ciels sans espoir, des ciels de mort et de vengeance. Viennent aussi les jours de soleil, de soleil d’après l’orage, de soleil espéré, les jours de rire, de cœur en balade. 

Il est bien réconfortant d’espérer avec l’auteur que le soleil finira bien par faire revenir le beau temps après la pluie.

Sous le titre Un, deux, trois, Soleil ! sont réunis 22 textes de facture variée, de longueur inégale, émouvants, surprenants, originaux qui, sans jamais l’enfermer dans l’édification ou la moralisation, déroutent le lecteur vers une réflexion ou une rêverie.

 

LES PRINCIPAUX THÈMES

 

- Le soleil après l’orage :

Honneur au titre du recueil donc… Le thème de l’orage – meurtrier ou salvateur, vaincu ou triomphant – est bien présent chez Josy. Du sommet de l’Olympe, par la foudre, Zeus se rappelle au bon souvenir des hommes et trace toujours les messages divins au tableau noir du ciel.

 

- L’ange gardien :

Il illumine l’univers de Josy, et j’ai trouvé les récits qui illustrent ce thème particulièrement émouvants.

Divin ou humain, homme ou femme, objet de respect ou de dérision, l’ange gardien est là quand il le faut, mais ses pouvoirs sont limités : il fait ce qu’il peut.

Ainsi le père Gautier éloigne la jeune prostituée de l’avilissant trottoir ; Denis le S.D.F. sauve son jeune compagnon d’infortune de l’hypothermie fatale ; Galeo Ligalei – lisez Galileo Galilei, bien sûr –123soleil dessille les yeux de la « sage » Gabrielle dont le vote doit déterminer l’avenir de l’Humanité ; et saint Joseph empêche le crash d’un A320.

Par contre, malgré ses efforts, la doctoresse n’est pas parvenue à sauver le petit Juan et la maman de Sofia pourra-t-elle éviter à sa fille de mourir de son cancer du sein ?

 

- L’émancipation de la femme :

Pour la femme dans l’ombre, effacée, soumise, trompée ou exploitée, la lumière peut un jour venir.

Ainsi, la tapineuse retrouve la joie de vivre dans sa Pologne natale ; la jeune maîtresse d’un médiocre employé de banque est désabusée grâce à une facétie du Destin ; une femme au foyer modèle trouve la force de se libérer d’un tyran domestique ; une autre épouse parfaite, jusque-là uniquement préoccupée par le bien-être des siens, découvre enfin l’existence et l’importance de son « moi ».

 

- La condition humaine :

Pour décrire la condition humaine, l’auteur reprend, sous la forme d’une allégorie originale, le mythe du paradis perdu, du jardin d’Eden dont l’homme, créature divine, est violemment expulsé.

Dans le ventre de la mère – Nidville  – Moha est un fœtus  divin ; c’est « le Tout, la Conscience, la Connaissance, la Mémoire, le Mystère de l’Origine et de l’Avenir de l’Humanité. Mais avec le traumatisme de l’accouchement, tout bascule. En devenant homme, l’image de Dieu voit « sa conscience s’effilocher rapidement et sa mémoire égarer une à une toutes les clés du mystère ». 

 

Hommes ou femmes, avec leurs qualités et leurs défauts, les personnages de Josy sont attachants. Si quelques-uns viennent de l’ailleurs, vous reconnaîtrez aisément tous les autres pour les avoir déjà croisés ou côtoyés. Et ce qui vous sera peu à peu dévoilé, à travers leur histoire, c’est l’espérance derrière l’inquiétude, la sensibilité, l’humanisme de l’auteur.

 

L’ÉCRITURE

 

L’écriture de Josy Malet-Praud est impeccable. Sa langue est irréprochable et son style, travaillé sans outrance, élégant et attrayant. Josy a le don de dévoiler pudiquement le fond de sa pensée et maîtrise l’art de la métaphore pour typer un personnage ou décrire une situation.

Jugez plutôt.

 

- La pensée :

 

… il est des jours et des lunes, des saisons et des années où la poussière et la misère s’inclinent devant la dignité.

 

Elle laisse ses canaris voleter en liberté dans le logement. Madame Chapman porte un numéro à l’encre noire sur son poignet. Elle ne supporte pas les cages.

 

Les scientifiques donnent des clés pour ouvrir des portes. Mais… derrière se tiennent le bien de l’Humanité et le pire qui puisse lui arriver. Il suffit de si peu pour que les bonnes intentions débouchent sur l’enfer. L’Histoire sait de quoi je parle.

 

… l’Humanité crève de la vanité de croire en son éternité.

 

Et parce que cet Ancien aurait échappé à la peste de l’amertume et du renoncement, il sourirait.

Il dirait aux hommes de demain qu’ils ont encore le choix.

 

Alors, comme aux temps incertains de l’enfance, je convoque la lumière des jours plus heureux, l’antidote au poison lancinant des blessures tragiques.

 

Chassé de l’Olympe, tombé dans le Chaos, je suis né, m’acquittant du droit de passage dans l’Existence par la perte irrémédiable de la Conscience.

 

… dans les favelas d’Amérique Latine, des enfants qui n’ont rien, trouvent sous nos yeux déroutés par l’incompréhension, du bonheur à chanter en chœur et à danser au milieu de l’inconcevable.

 

… au milieu des sondes, des perfusions de la chimio, des petites têtes aux cheveux disparus, ce sont eux, enfants au destin peut-être éphémère, qui mènent la fête, nous rassurent et nous soutiennent dans – leur – épreuve.

 

-L’image :

 

Herbert, à moitié couché sur le tapis vert, maintint sa position précaire, grosse otarie en équilibre sur le rebord du billard noir.

 

Judith, une belle fille ronde à l’âge des moissons, cheveux longs ramassés en un faux négligé sur le haut de la tête. Echappées de l’ouvrage, des mèches rousses projettent des reflets mordorés sur un visage au teint de lait.

 

Un boulet de sarcasmes s’engage dans sa trachée : elle est prête à ouvrir les hostilités.

Les mots désobligeants et les reproches piétinent comme les sabots impatients des chevaux, juste avant qu’on soulève la barrière du champ de course.

 

Dans les yeux de Maria Rosa, j’ai vu passer la flèche incendiaire qui vise le cœur et le marque à jamais au fer rouge. Dans ses iris d’ébène, les cratères du désespoir se former.

 

Aux aguets derrière les meurtrières de ses rideaux faits main et jaunâtres comme la peau asséchée de son visage batracien, elle faisait le plein des petits riens de la rue qu’elle passait au tamis de son acidité, et rejetait aussitôt en paquets de scandales sous les portes des maisons du quartier.

 

J’ai su que c’était Lui et l’amour contenu sous la trappe de l’absence a jailli du fond des temps comme les laves incandescentes d’un volcan.

 

- Le mot de la fin :

 

Derrière la fenêtre,

Le soleil, la pluie, la neige, les saisons me sourient,

Derrière la fenêtre, le bonheur d’être toujours moi.

Toutes fenêtres ouvertes,

Je ris aux étoiles, aux comètes, aux oiseaux,

Je respire, je sens, je vois, j’écoute, je frémis.

J’aime le monde et je bois ses lumières,

Je laisse ma trace sur les lignes de la vie.

 

 

Bravo, Josy : Un, deux, trois, Soleil ! offre un bon moment de lecture.

 

 

Christian Van Moer  

christianvanmoer.skynetblogs.be

                                                                       

 

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0