Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'invité d'Aloys, Bernard Lyonnet, nous propose un extrait de "Venise au coeur"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Bernard-Lyonnet.jpg

 

 

Dès que je le pouvais, je quittais les réalités du Bella Riva. Je me précipitais avec la ferveur du jeune amoureux épris d’une belle mystérieuse. Je ne vivais pas dans Venise, mais juste à côté. Cette petite distance rendait plus fort encore mon désir de voir la ville. Ma soif de Venise ne faiblissait pas. Je partais chaque fois sur ce navire de rêve, via Punta Sabbioni et le Lido, dans une fièvre anxieuse de découverte. Ce départ dans la lumière du matin avait des allures d’embarquement pour Cythère. Le trajet sur le motonave était un passage délicieux d’attente et d’espoir, comme une épreuve imposée par une belle souhaitant vérifier l’ardeur de son amant.

Le voyage n’était jamais le même mais je commençais peu à peu à prendre quelques habitudes. Dès le départ du motonave, je choisissais le bon côté de l’embarcation qui me permettrait de guetter dans les meilleures conditions l’apparition de la cité, toujours différente selon les jeux de la lumière et de l’eau.

Brumes de hammam. Caresse bleutée. Métal gris. Clarté délavée. Lumière grisâtre. Grisaille grisante. Eclats orangés. Dorure verdie. Bleu tendu et clair. Clarté voilée. Eclats retenus. Fusion d’ors. Lueurs volcaniques. Déchirures jaunies. Silences embrumés. Ailleurs. Clapotis. Nulle part. Rêve qui flotte. Palais en partance. Défi des constructions. Palais flottant sur l’eau. Vaguelettes taquinant les bordures des quais. Reflets de soleil léchant les façades.

J’avais ma place, parfois difficile à conquérir, à l’avant du vaporetto de la linea una, là où l’on reçoit en plein visage, avec l’air frais et poisseux, les images mouvantes des façades de palais basculant dans le large S du Grand Canal.

J’avais aussi mes stations de vaporetto et mes circuits préférés. J’avais mes calli, mes églises, mes mercerie, mes campi, mes bacari, qui étaient autant d’îlots stables où je reprenais mon souffle parmi les nœuds étourdissants du dédale. Je m’y posais avec la sérénité amicale d’un habitué.

Venise restait pour moi, une coulée sauvage de beauté explosée dans un chaos grandiose, un entassement complexe propre à défier un esprit cartésien. La ligne droite était bannie dans cette ville-escargot, recroquevillée sur ses calli et ses rii. Sa grande avenue d’eau elle même se tortillait comme un serpent.

Enchevêtrement de murs, de ponts, de calli et de rii. Encastrement de toits. Profusion des églises. Variété des portes, des fenêtres. Mélange des époques et des styles : Roman, gothique, Renaissance, classique, baroque, byzantin, vénéto-byzantin, palladien, néo-gothique. Amoncellement d’œuvres d’art dans les rues, dans les églises, dans les musées. Ruissellement de beauté. De ce désordre naissait une harmonie.

Comme si cette accumulation ne suffisait pas, les Vénitiens avaient hissé sur le sommet des toits, de petites cabanes en bois où prendre le frais. Cette abondance donnait le vertige. Je retrouvais le calme dans des oasis discrètes cachées au cœur de la ville : Le premier étage du Fondago dei Tedeschi, la Cour des Comptes duCampo San Angelo.

Venise n’avait rien d’un musée. Elle bougeait, elle vivait. C’était une ville de mouvement, née elle-même du mouvement des hommes, des migrations osées cherchant refuge sur les eaux, puis des aventures lointaines vers l’Orient. Elle continuait à vivre son passé et entretenait sa grandeur.

Elle était profusion de mobilité. La foule glissait comme une rivière dans les mercerie, comme une marée sur la Piazza. Elle vivait, reproduisant au cœur du rêve les activités habituelles d’une ville normale. Des péniches charriaient du sable, du ciment et des poutres, d’autres ramassaient des poubelles. Des pinasses apportaient des fruits, des légumes. Des embarcations livraient des poissons. Des ambulances, des vedettes de la police ou des pompiers, parcouraient les canaux. On voyait glisser sur les eaux des piles de caisses, des cartons de bouteilles, des matelas, des fleurs ou des pianos à queue.

Venise avait été le carrefour des grands flux commerciaux de la planète. Où affluaient aujourd’hui les touristes, avaient afflué autrefois porcelaines, textiles, soie, thé, épices et or. Elle avait été le grand bazar entre l’Occident et l’Orient, édifiant ses palais sur sa richesse. L’Orient avait apporté son or et laissé son préfixe.

Venise avait gardé ce parfum d’Orient et ces accents de bazar. Ils étaient là, dans la courbure des fenêtres byzantines, le rythme des arcatures, la polychromie des marbres enrichis de dorures, l’agitation des marchés et des mercerie animés comme des souks, la douceur indolente des campi dominés par les campaniles tels des minarets, l’embrasement doré des coupoles de San Marco.

J’évitais quelque temps encore l’approche de la Basilique, du Palais des doges et autres lieux, où tout le monde allait et où je devrais bien me rendre un jour.

Pour le moment je poursuivais mon errance parmi les ombres et les lumières des calli et des campi, avançant avec la conviction de me rendre en un lieu précis qui allait certainement m’être révélé sous peu. J’avançais avant de me perdre de nouveau.

Je ne pressais rien, profitant des petits trésors dévoilés par mon vagabondage : madones recueillies, enchâssées dans des tabernacles grillagés animés de veilleuses vacillantes, patères vénéto-byzantines, médaillons et blasons nobiliaires figés dans la pierre, margelles de puits ou de citernes comme autant de bouches mystérieuses.

Je respirais des relents de lessive, des odeurs de cuisine, des bouffées d’encens et de pipis de chats. Je surprenais la sarabande des reflets de soleil s’agitant comme des lucioles pour taquiner l’ombre d’un vieux pont voûté. Je tentais de créer des liens avec les chats errants, à défaut de communiquer avec les lions de pierre. Je cueillais des éclats de conversation échappés d’une fenêtre ouverte, une chansonnette italienne lancée par une radio dans un quartier désert, le sifflotement joyeux d’un artisan heureux dans son ouvrage. Parfois même, un air d’opéra, redondant, trop italien pour être vrai, véritable musique d’accompagnement du rêve que je me sentais vivre.

Venise, elle aussi, était trop belle pour être vraie. Elle était un rêve naviguant sur les eaux, une fusion de la terre et de l’eau, un mirage dans les nuages. Elle mélangeait images et reflets, se dérobant sans cesse dans les contorsions de ses canaux et de ses ruelles, dans ses changements de lumière, dans ses touffes de brume ensoleillée.

Je m’accrochais à des réalités banales pour mieux approcher ses secrets. Incapable de la saisir dans sa globalité confuse, j’étais attentif à chaque détail, persuadé qu’il pouvait contenir un message.

J’avançais au hasard dans ce dédale. Ce long cheminement solitaire devenait un parcours initiatique dont je devais guetter les signes. Ce désordre devait avoir un sens. Parfois des emblèmes ou des armoiries apparaissaient comme des balises. Un chat m’invitait à le suivre. Un porche s’ouvrait sur un jardin fleuri. Parfois perdu sans espoir dans l’imbroglio des calli et des rii, s’ouvrait au bout d’un canal noir, une vision d’infini bleuté.

Cette beauté complexe cachait un royaume qu’il me fallait découvrir. Ses éclats de splendeur évoquaient le temps figé dans l’éternité.

La cité qui flottait sur les eaux semblait venir du ciel. La grâce infinie de la ville était d’une essence divine.

 

Bernard Lyonnet

Extrait de "Venise au coeur"


Publié dans l'invité d'Aloys

Partager cet article
Repost0

Christine Brunet a lu "La Novolitzva" de Gauthier Hiernaux

Publié le par christine brunet /aloys

Photo Christine Brunet

 

 

 

Après "le rêve de Maximilien", "le livre de Saon" et "le Triangle sous le sable" (avec un léger détour par "La tribu silencieuse"), un nouvel opus... Et comme tout nouvel épisode, je l'aborde de façon circonspecte, surtout si les précédents m'ont emportée quelque part.
La couverture interpelle lorsqu'on s'est déjà plongé dans l'univers de l'Empire.

 
Gauthier Hiernaux est-il parvenu, une fois de plus, à m'embarquer dans son récit ?

 
Un récit à la première personne... Un compte à rebours de la mémoire qui interpelle lehttp://www.bandbsa.be/contes2/lanovolitzarecto.jpg lecteur d'autant que le nom du héros n'est pas un inconnu : Van Espen... Le Najar impliqué dans la quête de Gizeh... cette fois, il s'agit du fils, un destin peu commun, comme celui du père.

 
Alors, me demanderez-vous, ça t'a plu ou pas ? Faut dire que ça démarre fort! Très fort, même, dans le sang, la fuite, la peur. Tout ce que j'aime. Et ensuite, me direz-vous ?
 

Ben... Si je vous parle complots, coups tordus, meurtres, vengeance, argent... Allez, je ne vous fais pas languir davantage : quel plaisir de retrouver l'univers du Triange sous le sable! Le souffle de l'aventure est là, prenant, attachant même, avec ses héros forts tranchés qu'on aime ou qu'on déteste d'emblée.

 
Selon moi, cet opus est, sans doute, le plus palpitant; à quand le prochain ? J'ai hâte de connaître de secret de Séliandre ! 

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

Premier chapitre "les rendez-vous de Marissa" de Claude Danze, partie 3

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.bandbsa.be/contes2/danze3.jpg

 

Louxor: le complot III 

 

 

Cinq heures moins le quart. Le muezzin de la rive ouest reprenait du service sans demander l’avis de personne, accompagné bientôt par les deux autres occupants des minarets voisins. Nick se réveilla, comme tous les matins. Il remarqua Marissa, la couverture venue de nulle part (sacrée Saadia !), ses courbatures qui s’installaient.

 

Il caressa les cheveux de Marissa, qui se réveilla vaguement.

 

« On va s’coucher ?

Mmm… »

 

Il l’emmena dans sa chambre et la mit littéralement au lit. Il la couvrit, se dirigea vers son propre logement.

 

« Hey, where do you think you are going to?

Ben, je vais m’coucher.

Salopard, tu m’abandonnes déjà? Viens ici, tout de suite!

Hé, on n’est même pas encore ensemble et tu me tyrannises déjà ?

Pas encore ensemble !? T’en veux, des baffes ?

Bon, ça va, fit-il, hilare.

Tu vas quand même pas prétendre que tu veux pas passer la nuit avec la plus jolie femme que tu connais !?

Ça t’monte à la tête, on dirait… »

 

Il se laissa entraîner, se coucha près d’elle, gardant une dernière distance. Elle vint contre lui, dans le lit un peu étroit. Il l’entoura timidement de ses bras, elle se blottit contre son épaule, se rendormit presque aussitôt.

 

L’autre avait mis fin à ses psalmodies nocturnes, Nick savourait chaque seconde… Il n’entendit ni les étourneaux de six heures ni les tourterelles de six heures et demie… Ni même le muezzin qui remettait le couvert à sept heures…

 

Dans le couloir, des bruits de pas, des murmures, des « chut ! » plus sonores que le silence qu’ils voulaient imposer. De vagues bruits de vaisselle, de table que l’on dresse. Nick ouvrit les yeux, les referma aussitôt pour ne pas rompre le charme…

 

Marissa était bien là, toujours endormie. Il lui déposa un baiser sur le front à la limite des cheveux et respira profondément son parfum. S’y décelait une odeur de fleurs des champs, de roses, peut-être… Marissa se réveillait, s’étendait de tout son long, remarquait enfin l’inhabituelle présence… d’un homme dans le lit trop étroit.

 

Ils restèrent ainsi de longues minutes, savourant leur bonheur tout neuf.

 

« On se lève ? fit-il.

Mmm, j’ai faim, répondit Marissa. Mais qu’est-ce qu’on sent ?

Je sais pas, une odeur de fleurs du jardin, sans doute… »

 

Ils s’assirent côte à côte sur le bord du lit. Il se dirigea vers la fenêtre, ouvrit les tentures. Le lit et le sol étaient couverts de pétales de roses, jaunes et rouges, et un bouquet de fleurs sauvages ornait la petite table. Sacrée Saadia...

 

Marissa enfila son sweater rayé par-dessus le T-shirt qui lui avait servi de pyjama. Nick enfila son short, rajusta sa chemise, la boutonna à peu près correctement.

 

Elle ouvrit la porte et vit que le chemin de roses continuait dans le couloir, jusqu’à ... Elle prit Nick par la main, l’entraîna à la découverte du merveilleux secret des pétales répandus.

 

Saadia dirigeait la manœuvre… Ce vieux gamin de Belaid finissait de dresser une belle table pour le petit-déjeuner. Clare et Julie-Ann, Logan et Michael, chuchotaient en pouffant d’égrillardes plaisanteries. Ramadan arrivait dans l’escalier d’un air fendard, précédé de Yasmina et Salah, les petits-enfants de Saadia et Belaid, impatients et malicieux.

 

Quand Nick et Marissa arrivèrent dans la pièce, Saadia et Yasmina déclenchèrent les youyous, rythmés par les autres qui frappaient dans les mains.

 

Marissa, les mains sur les hanches, regarda les comploteurs d’un faux air de reproche, se mit à les poursuivre en rond dans la pièce. Ils s’enfuyaient, riaient. Ce fut l’embrassade générale. Seul Nick restait en retrait, les yeux humides. Quand Marissa vint pour l’associer à la joyeuse farandole, il l’attira à lui et se cacha le visage dans ses cheveux…

 

Les joyeux Irlandais les entourèrent de leurs bras, les filles s’embrassaient en se passant des kleenex, les hommes se donnaient de grandes claques dans le dos, riaient pour ne pas pleurer à leur tour. Le couple d’intendants restait en retrait, avec les enfants. Nick embrassa Saadia, comme une mère, Marissa serra dans ses bras un Belaid intimidé, qui ne savait plus quoi faire de ses mains.

 

Ramadan, déjà en retard, partait en courant. Les quatre Irlandais disparaissaient mystérieusement. Belaid descendait préparer sa felouque. Saadia et les enfants regagnaient le rez-de-chaussée.

 

Et le muezzin d’en face repassait les plats…

 

 

Les rendez-vous de Marissa

Chapitre 1/3

 

claude-danze.over-blog.fr

 

http://www.bandbsa.be/contes2/rvmarissa.jpg

 

Publié dans Textes

Partager cet article
Repost0

Claude Colson a lu Nid de vipères de Christine Brunet

Publié le par christine brunet /aloys

claude colson-copie-2

 

 

Je ne lis presque pas de polars/thrillers, tout au plus un Vargas, Connelly tous les deux ans environ, une fois j'ai lu un Lehane.


Je lis en général plutôt lentement : j'ai dévoré les 485 pages de ce livre en 5 jours !


C'est sûr qu'on a ici affaire à une histoire trépidante qui ne vous lâche plus. On va de rebondissement en rebondissements, se demandant sans cesse où cela va mener.


On s'attache aux principaux protagonistes et on tremble pour eux, tant il paraît qu'ils ne pourront échapper aux dangers multiples qui les guettent.


Une intrigue variée et documentée mêlant espionnage, enquêtes policières et histoire d'amourCouverture Nid page 1 fait le grand attrait de ce livre, ainsi qu'une langue alerte, soignée, précise : un style quasi parfait.


À la dernière page (à surtout ne pas aller voir avant l'heure) l'auteur sait encore tout relancer, remettant les compteurs à zéro. Cela m'a laissé plein d'interrogations (je vais devoir lui demander le fin mot !).

Un tout petit bémol, s'il doit y en avoir un : tant d'aléas peuvent-ils vraiment arriver à une seule personne (ou plutôt à deux) ? Et aussi, j'ai parfois eu l'impression qu'il y avait un peu beaucoup de hasards heureux. Mais au final un livre passionné et passionnant qui ne vous décevra pas.

 

Claude Colson

claude-colson.monsite-orange.fr

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

Les amis de loin, une chanson poésie d'Adam Gray

Publié le par christine brunet /aloys

PHOTO pour 4me de COUVERTURE (ADAM GRAY)

Les amis de loin

 

O.K., tout l’monde a sa vie

Toquée, parce que le temps fuit

Mais c’est pareil « pour tout l’monde »

O.K., c’est bon, j’ai compris

Mais quelque chose m’ennuie…

Profond

 

C’est toujours à sens unique

C’est lourd : « Moi, je ! », t’es comique…

Non, tout, derrière, s’effondre

Ton « nous » c’est « toi », égoïste !

Mais raye-moi de ta liste…

C’est bon !

 

Les amis de loin

Des gens, pourtant, auxquels tu tiens

Mais qui se moquent de toi

Avec d’infâmes : « Je pense à toi »

Les mots dits, c’est rien

Moi, j’veux des actes au quotidien

Des p’tites preuves comme ça :

Juste être là, juste être droit

Concrètement… et non abstraitement

 

Tu n’écoutes pas c’que je dis

Faut que j’écoute c’que tu dis

C’est toi, que toi, puis les autres…

Tu m’appelles, moi, « ton ami »

C’est des bla-bla infinis…

À d’autres !

 

C’est toujours à sens unique

Et, je me doute, orgastique

Mais, là, la chandelle est morte !

Même seul, je crois, je m’en fiche

C’est mieux, mille fois, car tu triches…

Qu’importe :

 

Les amis de loin

Des gens, pourtant, auxquels tu tiens

Mais qui se moquent de toi

Avec d’infâmes : « Je pense à toi »

Les mots dits, c’est rien

Moi, j’veux des actes au quotidien

Des p’tites preuves comme ça :

Juste être là, juste être droit

Concrètement… et non abstraitement

 

Je suis las de boucher les trous

D’être une marionnette, un joujou

Tes bla-bla : assez, je m’en fous !

Je suis las… de boucher les trous

 

Les amis de loin

Des gens, un jour, auxquels on ne… tient plus


 

Adam Gray

adam-gray.skyrock.com

Publié dans Poésie

Partager cet article
Repost0

Tout passe, une nouvelle de Charles Traore

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

http://www.bandbsa.be/contes3/traoreassis.jpg

 

 

Tout passe !

 

Un soir alors que j’étais encore enfant, ce jour-là même où mon père m’apprit que je dormirai désormais seul dans ma case, j’entendis le coq chanter.                                                             

Il devait être huit heures du soir. Je n’étais pas au nombre de ceux qui pouvaient prétendre avoir une horloge, mais je savais assurément, à tout temps et en tout lieu, dire l’heure qu’il faisait. Je l’avais appris de mon grand-père. C’est de lui de même que j’avais appris qu’un coq qui chante en pleine nuit, de façon intempestive, était le signe qu’un malheur allait s’abattre sur la famille. Le coq nous prévenait ainsi d’un mauvais présage.                                     

Lorsque couché sur ma natte, j’entendis ce coq chanter à plusieurs reprises, une grande frayeur s’empara de moi si bien que je me suis mis à prier, à implorer tous les dieux de l’univers, afin qu’ils protègent ma famille de tout malheur quelconque. Très peu rassuré de l’efficacité de mes incessantes prières, je me suis mis à penser à la nature du malheur qui pouvait s’abattre sur nous. La pensée de la mort me traversa l’esprit. Je réussis à l’expulser  en me disant que mes parents et nous-mêmes, étions trop jeunes pour être emportés par la mort. Je n’étais point un naïf ; loin de là. Seulement comme beaucoup, j’ai toujours pensé que le malheur, c’était l’affaire des autres !                                                                                                 

Pendant que j’étais plongé dans mes pensées, l’étrange bruit de ma chienne m’interpella. Je me suis alors levé et j’ai retiré la clef de la serrure de ma porte, pour tenter d’entrevoir ce qui se passait dans la cour. Ma case n’avait pas de fenêtre et la seule façon de pouvoir regarder discrètement et bien à l’abri était à travers le trou de la serrure.                                                                

Je n’ai pas réussi à voir grand-chose dans cette nuit noire, mais je garde encore le souvenir de ma chienne se battant farouchement contre deux bêtes plus grandes qu’elle et fatalement plus fortes qu’elle. Elle venait d’avoir trois petits. Quel animal ce chien ! Je l’avais reçu de mon grand-père. Un ami à lui qui l’avait reçu d’un de ses amis a voulu la mettre à mort quand elle était encore petite, parce qu’elle s’était fait arracher la patte avant droite par accident. Un gros mortier l’avait entièrement écrasée en se renversant au moment où les femmes pilaient du mil rouge. Pour cet ami, elle n’allait pas survivre à sa blessure et même si elle y survivait, elle perdrait d’office ce qui faisait d’elle un chien, à savoir l’usage de ses quatre pattes.

Mon grand-père me l’apporta un soir et me dit : « Voici le chien que je t’avais promis depuis belle lurette. C’est une femelle et contrairement aux autres, elle a trois pattes. Eh oui, tout comme aux Hommes, il arrive aussi aux chiens d’êtres difformes mais cela n’enlève rien en eux de ce qu’ils ont de chien. Cette chienne te donnera toute la joie dont tu as besoin si tu acceptes de lui accorder la patience et l’attention nécessaires. » Il avait raison, mon grand-père. Aucun chien ne me rendit aussi heureux que Tout-passe. Quel animal ! Elle  me suivait souvent d’un village à l’autre sans trêve. Elle chassait souventefois à mes côtés, Tout-passe ! Elle a toujours été courageuse. Cette triste nuit-là, ses petits s’étaient fait dévorer et elle-même fut effroyablement déchiquetée. Je lui suis infiniment reconnaissant ; elle s’est courageusement battue contre deux bêtes pour nous défendre et protéger ses petits.

 

 

Charles TRAORE

 

http://www.bandbsa.be/contes3/rencontreautre.jpg

 

 

Publié dans Nouvelle

Partager cet article
Repost0

L'invitée d'Aloys, Josiane Lion avec un extrait de "La balade de Simon"

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/Grandes110/4/3/7/9782355085734.gif

 

 

La nuit était tombée. Une de ces nuits froides d’automne où les étoiles meurent une à une, étouffées par la brume naissante et dont l’atmosphère perlée d’infimes gouttes de pluie vous transpercent jusqu’aux os et vous mouillent le cœur d’une indicible tristesse. Pour échapper le plus rapidement possible à cette morosité, je marchais d’un bon pas sur le bas-côté de la nationale. Autour des lampes d’un jaune blafard qui s’efforçaient de vaincre l’obscurité, volaient en une ronde obsédante des dizaines de papillons de nuit. De temps en temps, les ténèbres étaient déchirées par les rayons éblouissants de phares et le silence, qui jusque là n’était rompu que par les stridulations des derniers criquets et du bruissement des arbres, était à cet instant couvert par le vrombissement des automobiles lancées à toute vitesse.                                                                               

Tout avait commencé ce matin où j’avais décidé de faire une bonne balade. Il faisait si beau ! Enivré par cette radieuse journée, je m’étais éloigné, un peu trop peut -être...       Pour l’heure, je n’avais plus qu’une idée, me retrouver chez moi, grignoter un morceau et me blottir au creux de mon vieux fauteuil si confortable.

Après la chaleur du jour, la fraîcheur de la nuit aux odeurs d’humus, de bois brûlé et d’asphalte me donnait la nausée.

Tout à mes pensées, j’avais dépassé le rond-point. Je longeais à présent des friches envahies de sureaux et de buddleias.

Brusquement, un lièvre détala devant moi ! Surpris, je fis un bond de côté. Déjà, l’animal s’élançait au travers de la route. En trois bonds, il la traversa ! Hélas, je n’avais pas remarqué que je me trouvais presque au milieu de la chaussée. Trop tard ! Le flash aveuglant des phares, le grondement de bête furieuse d’un moteur... un choc violent... une douleur lumineuse à la tête... une onde glaciale qui me parcourt le corps et qui s’insinue dans mes os... la peur... une atroce peur viscérale... puis plus rien... seulement la nuit... le silence...

Combien de temps suis-je resté là inanimé sur le bord de la route dans les herbes jaunies ? Quand je me suis réveillé, il y avait un chien mort à quelques pas de moi.                

-Pauvre bête, pensai-je, il n’a pas eu ma chance !                                      

Il ne devait pas être mort depuis longtemps, car de sa tête ruisselait encore un filet de sang, son beau pelage beige en était maculé.

En titubant, je me redressai et m’appuyai contre un poteau indicateur. Je restai ainsi un long moment hébété. Dans la solitude désespérante de cette nuit sans lune, je me sentais déboussolé, désorienté. Je ne savais plus qui j’étais, ni où je me trouvais. Je me mis à grelotter de froid. Le choc sans doute ! Mû par la volonté de m’éloigner au plus vite de cet endroit maudit, je fis quelques pas. Apparemment, je n’avais rien de cassé.                                                                                         

-Allons, en avant ! me dis-je pour m’encourager.  Prudemment, je marchais dans les graminées mordorées. Elles étaient acérées et poussiéreuses, mais tant pis ! Mieux valait endurer quelques égratignures et avaler un peu de poussière que de m’exposer par trop aux dangers de la route.

Fatigué, j’avançais péniblement, avec cette impression désagréable de ne pas progresser. Non loin de moi, des voitures, ces monstres métalliques sans âme, continuaient de foncer dans l’obscurité, indifférentes aux drames qu’elles engendraient. L’une d’elles venait d’écraser un hérisson qui s’était élancé dans le calme trompeur de la nuit.

Comme je m’approchais du petit animal, je vis une vapeur fumeuse s’émaner de lui. Elle s’éleva légèrement, puis s’évanouit dans un fourré tout proche.

Je n’ai jamais cru aux fantômes, mais ce que je venais de voir me laissa perplexe. Existait-il quelque chose après la vie ?

Je n’avais fait que quelques pas et cependant je me sentais épuisé. Je m’assis sous un marronnier un peu en retrait de la route, là où les herbes sont toujours fraîches et douces.

Je devais me reposer un moment, faire le point, ne pas paniquer.                                     J’étais parvenu à retrouver un peu de calme, lorsque je m’aperçus de la disparition de ma chaîne. Sans doute, était-elle tombée lors de l’accident. Je me levai et rebroussai chemin, elle devait être encore là-bas.

L’aube se levait. Un brouillard nimbait les champs et pochait

les arbres d’une brume laiteuse. Le chien beige aux longues

oreilles était toujours là, allongé sur son flanc dans les herbes sèches, ses bons yeux globuleux ouverts sur l’infini.                                                                         

Une voiture arrivait. Elle roulait lentement. Je reconnus le ronronnement particulier de la voiture familiale. Ouf, on venait à mon secours ! Elle s’arrêta sur le bas-côté. Un homme et une femme en sortirent et s’agenouillèrent auprès du chien. La femme étouffa un sanglot. L’homme se releva, alla au coffre et en ramena une  couverture. 

Mes maîtres, c’était mes maîtres ! Braves gens, ils avaient du me chercher toute la nuit. Pour les remercier, je courais, sautais autour d’eux en jappant. Mais, ils ne semblaient pas remarquer ma présence.                                                                                    Mon maître avait soulevé le chien et l’avait déposé délicate-   ment sur le plaid. Je restai stupéfait et terrifié à la fois, car je venais de reconnaître au cou du cadavre pantelant mon collier où se balançait un médaillon gravé d’un simple nom : Simon ! Mais alors, c’était moi le pauvre chien beige ! J’étais mort cette nuit et bien sûr comme toute créature qui meurt, je n’en avais pas eu conscience !

Avec tendresse, ils m’enveloppèrent dans le plaid et me déposèrent dans la voiture. A présent, je devais être une vapeur, un flocon de brume qu’aucun être vivant ne peut voir, tel le hérisson de cette nuit. Je sautai sur le siège arrière et m’installai confortablement, j’étais si content après cette nuit d’enfer, d’enfin rentrer à la maison.

Mais ma joie s’arrêta net à la vue de jouets oubliés sur la banquette, un ballon et un ours en peluche qui appartenaient à Julien et Emilie, mes petits maîtres. Nom d’un chat, quel chagrin sera le leur, lorsqu’ils apprendront ma mort !

Un flot de souvenirs heureux me submergea. Des éclats de bonheur, des cris, des aboiements, des rires joyeux et les courses sur la pelouse pour récupérer une balle en mousse. Plus jamais, ce temps ne reviendra et comme ils allaient tous me manquer !

Peut-être, les parents adopteront-ils un autre chien afin de consoler les enfants. Mais toute leur vie, il en était persuadé, Julien et Emilie garderont dans leur cœur le souvenir ému de Simon leur gentil petit chien, parti un jour d’automne faire le tour du monde !

 

 

Qui est Josiane Lion ?

Je suis depuis toujours une passionnée d'écriture, d'histoire et d'ésotérisme. Encouragée par la critique favorable que recueillent mes récits, je publie enfin, l'année dernière, un premier ouvrage: "Le teinturier de la lune".

Publié dans l'invité d'Aloys

Partager cet article
Repost0

Jean Destree nous propose... la première page de "Dieu m'a raconté", un récit inédit !

Publié le par christine brunet /aloys

 http://www.bandbsa.be/contes3/destreejean.jpg    

 

 

 

 Je ne sais toujours pas comment c'est arrivé. Les choses les plus bizarres et les plus farfelues vous tombent dessus brutalement, comme les collisions de voitures ou le coup de tonnerre. Je travaillais à mon bureau quand je fus distrait par quelqu'un qui me parlait. D'abord, je ne pris guère attention car, autant vous le dire, il est difficile de me distraire quand je travaille. Ma femme me le reproche d'ailleurs trop souvent. Donc une voix m'interpella.

 

- Hé! Tu m'entends?

- Quoi encore?

- Hé! Ne fais pas semblant de faire le sourd! Tu sais qui je suis?

- Non, et ça ne m'intéresse pas.

- Je vais te le dire quand même: c'est moi, Dieu!

- Allez, arrêtez de donner les coups de bâton à la lune! Je ne suis pas d'humeur à rire.

- Mais tu as très bien compris, c'est moi, Dieu.

- Taisez-vous donc et laissez-moi travailler en paix. J'ai six cours à préparer pour demain.

- Ô homme de peu de foi! Vous êtes bien tous pareils, des Saints-Thomas à qui il faut mettre les points sur les "i" pour leur faire accepter la vérité.

- Bon! Admettons que vous êtes ce que vous prétendez être. Qu'est-ce que cela va changer? Vous  n'empêcherez pas la terre de tourner.

- Bien sûr que non. Je ne vais tout de même pas faire d'exception aux lois de l'Univers que j'ai moi-même mijotées et mises en route.

- Ça, c'est vous qui le dites.

- Je ne suis pas le seul à le dire. D'ailleurs, on a beaucoup écrit sur moi et sur ce que j'aurais fait au cours de mon éternité.

- Ça ne prouve rien. Les bouquins, ça se laisse écrire. On fait beaucoup de dégâts avec les livres.

- Tu as raison. Les hommes sont dangereux avec leurs inventions.

- Vous pouvez en parler, des hommes, c'est vous qui les avez créés. Laissez-moi vous dire une chose: si ce qu'on dit est vrai, que vous avez créé l'homme à votre image, vous ne devez pas être très fier de vous, comme le disait Robert Escarpit.

- Halte-là! Je proteste! Ça n'est pas vrai! Je n'ai pas créé l'homme, je proteste, c'est une supercherie. Ce serait plutôt le contraire.

- Ah bon! Première nouvelle! C'est bien la meilleure vous n'auriez pas créé l'homme.

- Bien sûr que non!

 

     Je sens que la conversation va tourner au vinaigre et je n'ai pas l'intention de polémiquer avec un fantôme. C'est vrai, enfin. Je suis en plein travail et soudainement, "on" m'interrompt pour me dire qu'"on" est dieu et qu'"on" n'a pas créé l'homme. Mais l'autre continue de plus belle.

 

- Tu peux me croire, je n'ai rien à voir avec ces légendes de la création du monde. Je n'ai rien fait de tout cela.

- Mais alors, les bouquins sont faux? Notez que je ne crois pas à toutes ces balivernes. Mais si tout cela n'est que supercheries, vous allez créer le chaos dans la civilisation occidentale. Quel bordel! Avec tout ce qu'il y a déjà de catastrophes, si vous vous y mettez, vous aussi, qu'est-ce qui nous attend, la bombe atomique, comme à Hiroshima? Allons allons! Soyons sérieux!

- Mais je suis tout ce qu'il y a de plus sérieux. Attends que je t'explique. C'est l'homme qui a inventé les dieux pour conjurer ses peurs et justifier ses conneries. Quand quelque chose va mal, on me le met sur le dos. J'en ai marre à la fin d'être le bouc émissaire de toutes les bêtises que l'homme a commises depuis qu'il est sur la terre et souvent en mon nom.

 

  Je commence réellement à m'impatienter car l'individu insiste. On dirait qu'il le fait exprès de me sortir de telles sottises auxquelles je ne crois pas plus qu'à l'existence de dieu.

 

 

Jean Destrée

Dieu m'a raconté 

Publié dans Textes

Partager cet article
Repost0

Alain Magerotte a lu "Le rêve de Maximilien" de Gauthier Hiernaux

Publié le par christine brunet /aloys

 

Alain

 

 

 

LE RÊVE DE MAXIMILIEN

Par Gauthier Hiernaux

 

Le personnage pris en photo pour la couverture de l’ouvrage ressemble à Louis Chédid ! Renseignement pris auprès de l’auteur : Non, il ne s’agit pas de Louis Chédid mais d’un copain ! Je ne savais que Gauthier était copain avec Louis Chédid !

Trève de plaisanteries ou de mauvaise foi, passons au roman.

A quel moment se situe l’action ? Dans un empire imaginaire, un monde futuriste où le religieux est omniprésent, étouffant, oppressant.

Empire ? Religion ? De plus, il est question de chevaliers, d’épées… ne sont-ce pas là des signes de l’époque moyenâgeuse ?... Hé non, car il est aussi question de métro, de train, de mémo-disc…

Un chevalier qui prend le métro, ça perturbe un peu, non ? Oui, au début, mais on s’y fait.

Et puis, il y a l’écriture. Une écriture classique, je dirais même classieuse (un petit côté «vieille France»). Une écriture facile (la plus difficile à réaliser), claire, limpide. Un roman passionnant, même s’il faut s’adapter à un vocabulaire assez «particulier» quant à la fonction occupée par les personnages.

Pas question de confondre un Najar avec un Iarl ou un Esdo avec un Qaeder ! Et que dire du calendrier : le cinquième jour du second mois des Tancrédiales ou le lendemain de la Kalende du premier mois des Cermales ! Faut quand même un peu s’accrocher !

Bon, O.K., vous allez me dire que c’est le «Qaeder» de vosLe Rêve de Maximilien G. Hiernaux soucis, que l’important, c’est l’histoire (vous avez mille fois raison)... en fait, nous suivons les pérégrinations de plusieurs personnages :

Saon Abner, fils de Gustavo (maître-peintre), qui a quitté la cité pour s’isoler (c’est un crime car «la dispersion des habitants empêche le contrôle des esprits») et rédiger les grands principes de sa doctrine…

Jedro Abner, frère du précédent et cadet de la famille, qui a hérité du talent artistique paternel…

Larsen, non pas Lupin mais Voltine (fils du Chevalier Uter Voltine), qui tente de sauver le patrimoine familial mis à mal par l’incroyable Ull… Sylon. Ce Najar ne mérite pas davantage que ce lamentable jeu de mots. En effet, en menaçant de confisquer les terres du vieux Voltine, il pousse Larsen à vouloir rencontrer Lord Melkin, obligeant alors ledit Larsen à courir mille dangers et à encourir les foudres du Iarl Venturini qu’il a carrément cocufié !

Jedro Abner et Larsen Voltine vont finir par se rencontrer, un peu comme dans un film choral…

Et puis, il y a le rêve de Maximilien dont il sera surtout question dans la dernière partie du roman.

L’Imperator Maximilien, le Pontifex Maximus, pris pour un minus par ses pairs et, notamment, par son frère, le dénommé Beliser, cherche un moyen pour se démarquer et faire taire ses détracteurs.

Il décide de faire construire un bâtiment gigantesque à la gloire d’Atis, un des Dieux les plus importants. Il laisserait ainsi une place indélébile dans l’histoire. Il serait loué longtemps pour cela. Seulement voilà, son grand-père, l’Imperator Sixte, a dilapidé beaucoup d’impériaux (argent) dans des constructions souvent inachevées et son père, l’Imperator Nicaise n’était pas en reste de ce côté-là…

Je ne vous en livrerai pas davantage. Par contre, voilà un beau cadeau pour Noël, pensez-y. D’autant que Gauthier Hiernaux est incontestablement un des grands talents des Editions Chloé des Lys. 

 

Alain Magerotte    

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

Edmée de Xhavée a lu "des éclats d'univers" de Josy Malet-Praud

Publié le par christine brunet /aloys

 

Edmee-chapeau

 

Les splendideséclats de l’univers de Josy Malet-Praud

 

Un petit livre par la taille, une couverture sombre d’un voluptueux mélange de noir et de bleu, chargée de mystère. Petit par la taille mais il a la vigueur et le regard précis d’un tout grand livre. 118 pages de destins, pirouettes, malentendus, bouffées de courage ou de colère. Le « hasard », tour à tour bienveillant, facétieux ou cruel touche les personnages de son doigt sans appel.

 

Qu’est-il donc vraiment arrivé à Lydia Lazennec ? Qui a fait qu’un avenir chez les siens dans ce lieu oublié de tout sauf du travail, du mauvais temps et de l’osbtination a vu une herse se refermer, l’envoyant en chercher un autre à Paris ? Que fuyait-elle, que chercha-t-elle, que trouva-t-elle ?

Qu’a laissé Luigia Scavia à ses descendants, où a-t-elle trouvé le courage et les mots pour le vêtir ?

Mais qu’écoutent donc les yeux de Lily, fondue dans le décor du café des Tuileries ?

… Tant de passions courent sous tous les cieux et tous les temps et tous les mondes que nous présente Josy Malet-Praud. Et toujours… on s’y agrippe à la vie, à l’espoir, on suit la lumière si faible soit-elle. Quand il y en a. Ou l’attrait des ténèbres. On suit aussi ce qu’on a dans le sang, comme Roxana, amoureuse et si décidée. Ou Leila dont la vocation est de prendre soin des autres. Jean Lebas, un peu dérangé mais si bienveillant…

Des passions dévorantes, de vie ou de mort, de résilience, ou sourdes comme l’eau secrète.

 

Josy excelle dans l’art des descriptions adroites qui font qu’aucune ambiancedes-eclats-d-univers.jpg n’est semblable à celle qu’on vient de quitter. Un univers – et ses éclats – différent nous est offert à chaque fois dans un nouveau décor, avec des acteurs d’une réalité intense, et un instant-clé de leur vie qui nous est narré comme une révélation.

 

« Le crachin sévissait depuis le matin, délayant le ciel et la terre dans un même bouillon déprimant » « Dérouté par la vacuité soudaine de sa conscience trouée, il n’était plus tout à fait là. Sous des sourcils noirs en broussaille, des yeux gris ardoise hypnotisaient les miens ».

 

Des éclats d’univers est un recueil de nouvelles roses et noires, fluides et riches. A lire… en laissant les phrases et la trame se dérouler chacune dans leur singularité. Merci Josy pour ce florilège de destinées…

 

 

 

Edmée de Xhavée

edmee.de.xhavee.over-blog.com

 

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0