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Jacques DEGEYE : "j'écris toujours contre"

Publié le par christine brunet /aloys

Jacques Degeye

 

 

 

« Ce soir-là, il faisait froid. Glacial.

Et si personne ne mettait le nez dehors ?

Le premier entra. Du baume au coeur : je ne serais pas seul !

La salle se remplit.

Les lecteurs n'étaient pas engourdis.

Mieux : ils répondaient à mon appel.

J'allais leur donner des raisons d'espérer. »

 


Ce jour là ? C'était le 10 décembre à Rochefort... Une présentation de son livre "Délivrance" devant les lecteurs/auditeurs de la bibliothèque communale.

Il va y parler de sa démarche d'auteur et du sujet du livre : la mort volontaire.

J'aurais bien aimé y être...

Allez, je m'imagine les lieux, les gens, l'ambiance... Le suicide... Drôle de sujet qui met mal à l'aise... Alors, je me concentre et je cherche à comprendre. Il arrive et les conversations cessent. Il se présente brièvement puis commence par répondre à une question que tout le monde se pose...

Pourquoi avoir choisi un sujet si noir alors que l'on vit dans un mode si troublé ?

 

 En premier lieu, je veux lutter contre l'oubli.

 

            Le suicide n'a plus mauvaise presse. Il ne suscite plus ni la réprobation générale ni la honte. Mais méfions-nous de l'eau qui dort ! En vérité, le suicide continue de nous déranger et de nous choquer. Pourquoi ? Parce qu'il contredit une de nos valeurs de base : la vie. La vie en elle-même est une valeur et une valeur précieuse, chacun le sait. La mort sous toutes ses formes nous fait horreur, et c'est bien naturel. La mort volontaire, davantage encore, parce qu'elle est considérée comme une chance perdue, un gâchis.

 

            De plus, nous assimilons un homme ou une femme qui se suicident avec leur geste fatal. Et si nous ne réagissons pas de cette manière, à tout le moins nous donnons un sens à leur vie et même à leurs réalisations ou à leurs écrits en fonction de l'acte final. Le suicide devient alors leur signature.

 

            C'est cette tendance que j'ai entrepris de combattre, en partie dans Meurtre en Ardenne et entièrement dans Délivrance. Je veux garder la mémoire de toutes ces personnes qui n'ont pas démérité, qui ont beaucoup donné, qui ont souffert et qui se sont estimées souvent incomprises.

 

            Je dédie cette présentation à la mémoire d'un proche – un collègue qui s'est donné la mort, il y a quelques années. Je la dédie également aux autres désespérés. Je la dédie enfin aux centres de prévention qui sont à leur écoute et qui essaient de leur rendre des raisons de vivre.

 

 En deuxième lieu, ce livre et les précédents, Le monde de Jonathan et Meurtre en Ardenne, témoignent de mon affection pour mes personnages.


 

            Rien d'original à cela, me direz-vous ! Tout auteur a de la tendresse pour ses personnages. À cette différence près qu'ici, il s'agit de personnages dont la douleur, à un moment donné, fut très aiguë. De personnes victimes de compulsion, d'anorexie mentale, d'angoisses, frappées d'une solitude extrême, atteintes dans leur honneur. De personnes qui sombrent dans un alcoolisme suicidaire ou dans d'autres addictions fatales. Victimes d'elles-mêmes, de leur famille, de leur clan, voire de la société.

 

            L'existence de ces personnes et des personnages de fiction  qui finissent par sehttp://www.bandbsa.be/contes2/delivrancerecto.jpg confondre, tant la vie est un roman – reste une énigme. Un roman ou des nouvelles n'expliquent rien. Ce n'est pas leur mission. Ils décrivent, tracent des portraits, posent des questions.

 

            Tous mes personnages sont des êtres débordant de désirs et de talents, des êtres pleins de vie. Ce sont également des êtres complexes et leur comportement est souvent ambivalent. Il y a ceux que vous connaissez, mais que vous découvrirez autrement : Romain Gary, Romy Schneider, Marilyn Monroe, Diane Arbus, Ernest Hemingway, Virginia Woolf, Vincent Van Gogh... et bien d'autres. Il y a ceux que vous ne connaissez pas encore : mes personnages de fiction : Alexia, Alban, Stephen George, Patty Schoenberg, Michael Appelbaum, John Middleton, etc... Enfin, ceux qui se situent entre fiction et réalité.

 

            Vous les découvrirez à travers leur langage propre. Délivrance privilégie le style direct, celui du théâtre et des romans.Avec humour et ironie. Rien de mortifère donc.

 

3- L'écriture requiert d'avoir tous les sens en alerte. Le premier est la vue. Mais c'est plus que la vue.


             Plus que la vue, c'est la visionplus exactement une vision. En d'autres termes,une façon de percevoir le monde.

 

            Deuxièmement, c'est une représentation imaginaire, une hantise, celle d'un monde qui est à la croisée des chemins et qui pourrait chavirer. C'est le sens de ma dernière nouvelle. Il y a dans cette nouvelle, qui s'intitule Patty Schoenberg, du nom de son héroïne, tout à la fois la description d'un monde en perdition et des raisons d'espérer.

 

            Ici, j'associe des personnages historiques à des personnages de fiction. Peut-être est-ce ma marque de fabrique ? Celle d'un romancier qui n'en demeure pas moins historien.

 

            Cette mixité-là, que j'assume, s'accompagne d'une mixité des genres : nouvelles, poésie, roman. La littérature est hybride. C'est une richesse plutôt qu'un appauvrissement.

 

            Enfin, il y a une continuité entre les histoires racontées dans le présent recueil. Cela signifie que des personnages réapparaissent dans d'autres parties du livre et qu'ils nous apportent d'autres éclairages.

 

4- "Le pourquoi du pourquoi" : les causes premières des suicides.

 

 

            À la lecture des écrits intimes de Marilyn MONROE, qui viennent d'être publiés en octobre dernier dans 14 pays (les Éditions du Seuil pour le monde francophone), on devine comment l'actrice en est venue à se suicider. À moins, bien sûr, que l'on penche pour la thèse du meurtre, ce que d'aucuns défendent non sans arguments.

 

            Quelques mois avant sa mort, le 8 juin 1962, Marilyn avait quitté le tournage deSomething's Got to Give, un film de George Cukor, qui est resté inachevé à la suite de la mort de l'actrice.

 

            Marilyn a gardé les stigmates de son enfance, une enfance sans père et la plupart du temps sans mère, une enfance triste. Elle s'était mariée à l'âge de 16 ans pour échapper à l'orphelinat. Elle est restée cette enfant peureuse, angoissée.

 

            Son autre face, ce sont ses rôles au cinéma. Elle a tout donné dans l'interprétation de ses personnages. Pour se perfectionner, elle qui était une autodidacte, elle a suivi les cours privés de Lee Strasberg et ceux de l'Actors Studio de New York. C'est justement Lee Strasberg qui avait tenu les propos suivants en sa présence : « il n'y a que la concentration entre l'acteur et le suicide. » Or Marilyn perdait toute concentration lorsque la caméra entrait en action : « Alors je me sens comme si je ne faisais plus du tout partie de l'humanité », (Fragments, p. 217.), écrit-elle à Lee au début de l'année 1956.

 

            Perdant sa concentration et désertant les lieux de tournage (le travail comme anti-dépresseur puissant), prisonnière de son enfance malheureuse, prisonnière d'elle-même, Marilyn ne pouvait que sombrer. Ce fut la nuit du 5 août 1962. Elle avait 36 ans.

 

            Marilyn n'était donc pas que cette blonde magique, cette femme sulfureuse qui fait  fantasmer les hommes. Elle s'interrogeait sans fin sur elle-même. Elle lisait. Elle écrivait aussi, ce que beaucoup ignoraient. Ses textes révèlent sa vision poétique du monde, sa grande lucidité sur elle-même, jusqu'à la mésestime... et sa fragilité.

 

            André MALRAUX écrit très justement dans La Voie royale : « Celui qui se tue court après une image qu'il s'est formée de lui-même : on ne se tue jamais que pour exister. » Image de soi, soif de reconnaissance, recherche incessante de sa liberté.

 

Voilà, sa présentation s'arrête, les questions naissent... J'aurais bien aimé être présente, ce jour-là, à cette séance... Du coup, je lui pose trois petites questions qui me trottent dans la tête... Je me lance, je lève le doigt, il me donne la parole...

Pourquoi avoir choisi la nouvelle et la poésie plutôt que le roman, par exemple ?

Le genre littéraire de LA NOUVELLE a beaucoup évolué. Ce n'est plus seulement un petit roman en condensé. " Délivrance " suit certains personnages d'une nouvelle à l'autre, parfois à plusieurs nouvelles de distance, de telle sorte que l'inconvénient de la nouvelle, à savoir d'être un roman en raccourci et donc de frustrer le lecteur, n'en est plus un. Alors, pourquoi la nouvelle et pas un roman, me diras-tu ? Simplement, dans le cas de Délivrance , la nouvelle s'est imposée à moi.
 
LA POESIE s'est également renouvelée. En réalité, elle est en perpétuel mouvement ! Et associer la poésie à la nouvelle m'a semblé être une bonne chose.

Pourquoi écris-tu ?

 
POURQUOI J'ECRIS : pour moi, c'est toujours un combat.
J'écris toujours " CONTRE ".
Ce n'est pas bien, n'est-ce pas ? Mais c'est ainsi ! A noter que je n'ai pas écrit contre le suicide, dans le cas présent ! Mais CONTRE l'idée que nous nous faisons du suicide et surtout des suicidés, même sans le vouloir.
Je n'ai plus rien à ajouter... Je baisse le doigt... Il ne me reste plus qu'à enter à pieds joints dans "Délivrance"...

Christine Brunet
www.christine-brunet.com
www.passion-creatrice.com
www.aloys.com

 

 

Publié dans interview

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Pour que le jour se lève, partie 2 de la nouvelle de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

desguin

Avant un match de foot, les joueurs, ils se mettent en rang d’oignons et ils s’égosillent à dégueuler l’hymne national …Vous m’voyez pas mais j’suis debout, et j’fais semblant …C’est un peu ça qu’il se passe maintenant, sauf

que les trois trouillards, ils restent assis dans la bagnole, faut pas s’faire remarquer, n’est-ce pas ? Je m’explique …Dans cette revue, celle que mon frère et ses potes ils ont inaugurée, celle qui s’appelle Pour que le jour se lève, et bien, il y a une chanson…Ben oui, la chanson, elle s’appelle Pour que le jour se lève…Ben oui, c’est pour ça que la revue se titre le même !

C’est une chanson de révolution, une chanson pour se donner du courage, quand les jours sont mous comme des poupées gonflables et sans soleil, des jours asolaires quoi. …

Alors, Vivien, Doriane et Sabri, ils relèvent de cinq mailles leur cagoule et ils chantent la chanson, comme c’est prévu dans le programme.

Ils sont dans les temps et en sont fiers : les longues voitures noires garées à quelques mètres sont vides et la gonzesse qui vend sa pâte à trous vig’gauffra n’est pas dans sa cabane, ce sont deux repères de très grande importance.

 

Forts d’une émotion que je n’saurais vous gratifier, la tête en l’air et le bazooka plastifié pointé vers le bas, ils clament tous les trois, à l’unisson :

 

 

 

 

 

 

 

Pour que le jour se lève,

On chantera debout,

On chantera partout,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève !

 

Pour que le jour se lève,

On passera les portes,

On chass’ra les cloportes,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève !

 

Pour que le jour se lève,

On r’pouss’ra l’horizon,

On s’couera l’édredon,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève !

 

Pour que le jour se lève,

On rappel’ra Gavroche,

‘L’aura de l’argent d’poche,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève !

 

Pour que le jour se lève,

On nomm’ra les enfants,

Ils s’ront tous présidents,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève !

 

Pour que le jour se lève,

On d’viendra des géants,

Une fleur entre les dents,

Le printemps au bout des lèvres,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève,

Pour que le jour se lève,

Pour que le jour se lève !

 

Leurs yeux se mouillent mais ils respirent fort, comme pour s’assurer que l’air qui rentre est déjà plus léger, que c’est de l’air qui sait que les jours qui viennent sentiront bon l’azur et les vacances.

 

- Hé, les docs !

- ha oui, les docs, s’exclame Doriane, s’exclamant presqu’en même temps que son amoureux..

Sabri sort trois fardes épaisses, avec des étoiles rouges éparpillées sur les couvertures noires. En grandes lettres jaunes, on lit :

    POUR QUE LE JOUR SE LEVE !

-Six mois de boulot, ça, les gars, six mois de boulot, ça pèse ! Vous vous imaginez, les gars, la tronche de Fontignies, demain, après-demain, et tous les au’jours !

Comme pour approuver, Doriane jette la tête en arrière et Vivien, il lui caresse les cheveux.

 

Puis, ils baissent la cagoule et relèvent le morceau de plastic noir. Doriane porte son index à ses lèvres, comme pour montrer à Vivien qu’il a oublié quelque chose. Mon frangin, il s’en tape, alors, il secoue sa main vers l’arrière de son épaule, ce qui veut dire aujourd’hui – est – un – jour – important- et- rien- que – ce –jour-n’a – le-plus-d’importance !

 

Ils sortent de la carriole et en quelques rapides enjambées, ils pénètrent à l’intérieur de cet hôtel connu de toutes les vedettes, un de ces palaces avec un grand hall de marbre rose, des gardes de sécurité, et des réceptionnistes polis et de confiance assurée qui disent :

-  Bonjour monsieur, bonjour madame, oui bien sûr, nous demanderons que l’on n’oublie pas le ketchup dans votre lait chaud, comme le week-end dernier, oui, bien sûr, veuillez croire en notre bienveillance …

 

Dans les couloirs larges et bien éclairés, l’itinéraire du plan reste sans faille, l’accès aux sous-sols est un jeu d’enfant. Ils sont maintenant devant la porte de l’ascenseur B, celui qui les montera directement dans la grande salle dite Salle des XXIV. Les regards des trois héros s’entrecroisent : Il n’y a pas de mépris au fond de leurs yeux, simplement des tonnes de turbulences, de remous impossibles à vous décrire, des certitudes qu’ils guerroient pour quelque chose de bien, pour faire avancer la machine du temps et qui donnera à qui de droit les confettis multicolores des espérances. Avec, si possible, du miel et des sourires.

 

Dans cet ascenseur aux parois froides et métalliques, on n’entend que le bruit de leurs souffles…Le miroir accroché là leur renvoie l’image de trois jeunes adolescents, avec des cagoules, des casquettes, des dossiers sous le bras gauche et, dans la main droite, une apparence d’interdit. Ils pensent à la chanson Pour que le jour se lève, puisque c’est prévu comme ça. C’est prévu que pendant les minutes de mou, de vide, de points d’interrogation qui fondent, ils doivent penser à la chanson. Ce sont des paroles exprès, pour se donner du courage et activer les remous. Quatrième, cinquième, sixième étage, voilà !

D’un geste de mille tonnes, ils poussent la lourde porte et débarquent à pieds joints au milieu de la salle dite Salle des XXIV. Là, ils ne sont que dix.

 

Aujourd’hui, quand il me raconte cet instant précis, Vivien, il sue des gouttes qui font ploc ploc quand elles retombent par terre : Il sue des glaçons, allez savoir !

 

- Restez assis et que personne ne bouge, gueule mon grand frère !

 

Autour d’une table noire ovale comme un œuf, ils sont dix : sept hommes, et trois femmes. Devant eux, des petits cartons jaunes, verts, bleus, orange, et sur chacun d’eux, une lettre, soit un F, soit un W, on dirait des cartes de visite.

 

Sabri et Doria, ils balancent leurs armes en direction des dix individus, tous blancs, avec au milieu de leur visage carré, des yeux presque tous semblables, des yeux transparents, vidés de tout.

- Décidez-vous, et vite, qu’un de vous et un seul parle pour tous les autres, et dans la future langue nationale s’il vous plaît, l’espéranto ! 

Sabri, il dit ça avec de l’autorité dans les cordes vocales il a répété son texte, c’est sûr. Et ses gestes aussi. 

 

Alors, le plus gros des dix, un homme sans ride et sans sourire dessiné sur les lèvres, se lève et explique :

-  Que voulez-vous et qui dites-vous que vous êtes d’ici ? ?

-  En espéranto, insiste Sabri, énervé et certain de ne devoir rien concéder à ce costeau !

- L’espéranto, quoi, qu’est-ce ? Moi de l’ignorer de ce jour !!

- C’est un erreur, une grave erreur, claque Sabri !

Doriane et Vivien, eux, restent immobiles et armes en joue, ils observent tout.

 

Les neuf autres se jettent des regards de poissons n’ayant plus vu l’eau depuis soixante minutes.

Doriane prend alors les dossiers de dessous les bras gauche de ses deux amis et lancent ces gros paquets de feuilles au milieu de la table noire.

Toutes ces petites étoiles jaunes et rouges, c’est fort joli. Deux ou trois des neuf, ceux qui lisent vite, comprennent les grandes lettres jaunes :

Pour que le jour se lève !

 

Alors, d’une fois d’homme sûr de lui, Vivien stipule lentement, pour que les dix comprennent :

- Dans soixante- cinq minutes, quelqu’un vous apporte vos boissons, vous avez quarante-cinq minutes, pas une de plus, pour prendre connaissance de ces docs et un accord doit être signé, un accord transversal, entre le Nord, et le Sud ! Dans le cas contraire, vous tomberez comme des insectes que vous êtes ! Et c’est nous qui prendrons le pouvoir !

Des solutions ! Des solutions ! Actez ce que vous lirez ! Actez !

 

Vivien, il a des cylindres dans la voix. En une minute, il a mué. Il a grandi.

 

A partir de cet instant précis, les dix visages blancs, ils se plaquent sur les feuilles, ils ne lèvent pas le nez, les fronts se plissent, ils  se regardent à peine.

 

La suite ? J’vous la raconte…

 

Devant les cagoules, les artilleries, les étoiles jaunes et rouges, l’autorité absolue du triangle, les dix crogneugneux, ils potassent tous les docs, sans mots en ciseaux, sans concessions de montagnes. En quarante minutes, tout est bouclé. Des docs caillouteux appelés sécurité sociale, environnement, différence entre code de la route nordiste et sudiste, la cantine de tous les enfants du pays…et bien, pour tout ça, des solutions sont écrites. Et signées.

 

Du jamais vu ! Le roi, il avait délégué jusqu’à un clone de l’homme de Cro-Magnon, pour accorder les violons de ces musiciens des notes mortes ; il avait délégué des alligators, des terminators, des précurseurs de parti, des prétadeurs, des crucificateurs et même des annonciateurs : tous ces gens, des hommes, et aussi des femmes, n’avaient rien métamorphosé, rien.

Et voilà que trois angelots boutonneux sous la cagoule débarquent, récurent d’un lifting les échafaudages gouvernementaux et imposent un avis de pacificateurs….

 

Vous vous souvenez, y’avait un gars qui devait venir abreuver ces robots. Le sot, il était en avance, pour une fois. Il a alerté la basse-cour et tout un équipage de légionnaires arnachés jusqu’aux molaires.

 

Vivien, il tenait haut, comme un drapeau qu’on a envie d’inaugurer, l’avis pacificateur, alors, quand le roi est arrivé dans la salle des XXIV, - oui oui le roi est venu lui-même, pour une fois que les turbulences de mon pays sont pacifiées, a-t-il dit - , avec une voix d’écho de 21 juillet, et bien le roi, il a lu le texte. Il a félicité le triangle, Vivien, Doriane et Sabri, tout en leur donnant sa parole d’homme qu’ils ne seraient pas découpés au laser ni déposés dans un centre pour rebutés ni dans un centre de recyclés.

Le roi, plus que les féliciter il a fait, il les a re-mer-ciés. Il a ajouté :

- Grâce à vous, le drapeau flottera plus haut que d’habitude ! Puis-je devenir votre ami ?

La tête des crogneugneux, j’te dis pas.

 

Depuis, rien n’est pareil. Les vieux ne râlent plus. Vivien, Doriane et Sabri, ils sont devenus célèbres, même que j’peux certifier, ils sont devenus people.

 

Les journaux avaient affiché :

«  La Révolution des Feuillets ! Trois jeunes loups devenus amis avec le roi ! ».

 

Le roi, il a demandé à ses nouveaux amis – parce qu’il pensait qu’ils étaient vrais- s’ils voulaient pas continuer sur leur lancée, mais sans cagoule, sans penne, sans artillerie de ducasse, de mener les élus vers des feuillets de vérité, juste pour fractionner leurs émotions et pour que les choses avancent dans le sens des rêves citoyens.

 

Vivien, Doriane et Sabri, ils ont dit : « Non, ami ».

 

Vivien, Doriane et Sabri, ils musiquent : ils rock’n’rollent, ils slament, ils rapent. En souvenir de la Révolution des Feuillets, pendant les concerts, ils gardent leurs cagoules. Et leurs pennes. Dans leurs mains, une guitare. Il y a  des lumières, des étoiles rouges et jaunes qui flochent partout dans les salles.

 

La chanson Pour que le jour se lève, elle s’est vendue à des millions et des millions, elle a été clonée. Tous les enfants ont reçu et la chanson, et l’appareil qui la fait microsiller.

 

A la demande explicite des Nations-Unies, le groupe a sorti une version unique, en es-pé-ran-to. Du jamais vu !

 

Des millions d’humains, des hommes, des femmes, des enfants de toutes les couleurs viennent écouter le trio.

Les enfants ont tous une fleur entre les dents. Ils veulent tous devenir présidents….

 

Pour que le jour se lève, c’est aussi une revue de douze feuilles : elle se donne avec le premier cartable…

 

Et moi ? Et bien, je dors, je mange. Il ne me quitte pas, le livre des records 2011 : Vivien avait raison.

 

 

Ne le dites à personne : de mon grand frère, je suis très très fier !

Pas vrai, hein, Siloa ?

 

 

 

Carine-Laure Desguin

carinelauredesguin.over-blog.com

 

Publié dans Nouvelle

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Pour que le jour se lève, partie 1 de la nouvelle de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

                         

desguin

 

POUR QUE LE JOUR SE LEVE …

 

 

Le livre des records… Vivien, il se marre, à chaque fois qu’il me voit le nez plaqué sur les pages bariolées de toutes ces choses lointaines et si proches, sciantes à vous saper le souffle, style l’engouffreur de kilos de boudin, style l’homme le plus tatoué du monde….

Vivien, il se marre d’une façon bizarre, comme s’il voulait dire : tu verras, un jour tu seras encore plus étonné, p’tit frère

Qu’est-ce que ça peut lui foutre, à ce grand, est-ce que je me mêle de ces affaires intérieures, moi ? Non ! Alors ? Qu’il retourne glander au milieu de ses bouquins et de ses copains du net, du web, des sms, tous des webcamés ! Techno-addict qu’il est, d’après c’qu’on dit…sans doute que ça s’ soigne, mais faudra attendre…

 

Ce matin, c’est pire que les aut’jours, j’sais pas c’qu’il a …Ses examens, ils sont derrière lui ; d’accord, les résultats, ils sont devant mais bof, il s’en tire à peu près, l’est pas si amputé qu’ça, mon grand frère…

Alors, c’est le gel, c’est ça, c’est le gel : ça lui glace les veines et ça limite ses conneries de débile, du genre de me détraquer la télé quand c’est Harry Potter au box-office familial, quel con ! Et dire que les vacances de Noël sont commencées depuis deux jours, tu parles d’une trêve …Depuis qu’il a mis sa tronche hors de son sac à dormir, il a les nerfs à fleur de peau. On dit ça, à fleur de peau. Moi je dis que ses nerfs, ils sont en dehors de sa peau. J’sais pas c’qu’il fume en c’moment , - pas les grandes feuilles vertes parce que j’ai oublié de leur donner leur bistouille -, mais ses nerfs, ils batifolent comme des fils électriques qui sauraient pas quelle ampoule allumer. Moi, je fais semblant de rien, j’hésite entre devenir l’homme, le seul, l’unique qui descend pas du singe et qui sait le prouver ou l’homme perdu dans la foule, qui descend du singe, mais qui sait pas le prouver non plus. Tout ça, ça occupe mon univers et ça me glisse des satellites dans la tête…Bientôt dix ans au compteur, et pour l’occasion, j’voudrais des évidences …

- Et alors, sac à puces, t’as encore bouffé tous les corn-flakes, tu veux devenir le plus gros mangeur de pétales, c’est ça, du con ?

Il dit ça et il regarde Siloa ; Siloa, il comprend tout, ses bronchioles lui soufflent les nouvelles du monde et je vois bien qu’il pressent du roussi, de l’étrange. Je vois ça dans ses yeux, plus visqueux, plus concentrés …

- Non, non, tu vas pas déguster Siloa, que je lui hurle, en me déscotchant le cul de la chaise, comme pour mieux appuyer mon opposition, c’est mon poisson, c’est mon poisson !

- Ouais ouais, t’as peur hein, que ton grand frère, il devienne le- grand- frère- qui- a- mangé- le- petit- poisson- rouge et il se met à chanter cette chanson de coincés comme un petit poisson …Hein ?

Et quand il vomit ces mots-là, Vivien, ses yeux sont pleins de vérités, et de grandes, de très grandes capacités. Effrayant, vous devriez voir ça, effrayant !

Là-dessus, mécontent de pas m’emmerder assez, il déplie ses dix doigts en éventail et s’approche de la mappemonde de Siloa !

- Non, non, pas Siloa ! Pas mon poisson, pas mon poisson !

Siloa, il a entendu qu’il se passait quelque chose et de derrière sa vitre, la scène doit être horrible, j’vous dis pas ; alors, malin comme il est, il se cache derrière le mur de légos et d’algues en thermodurcissables, ça le protège.

- ça va, ça va, du con, bafouille pas comme ça, je te le laisse, ton ver de terre gonflé de bave de crapaud …J’ai mieux qu’ça à faire, bien mieux qu’ça, p’tit frère, crois-moi ! Ton prochain livre des records, tu voudras dormir avec lui, manger avec lui… ! Hé hé hé !

- Pourquoi, pourquoi, dis-moi pourquoi ?

Alors Vivien, fort de ses élucubrations, il saute comme un kangourou qu’aurait gagné une médaille aux jeux olympiques d’hiver et il tournicote sur lui-même, pffff, impossible de vous décrire la scène…Dire qu’il s’agace ainsi, sans rien dans le corps, ni fumée de feuilles vertes, ni fumée des bars à chicha…Au passage, il happe une pomme et, tout en mordillant dans le fruit vert, il postillonne :

- Tu verras, tu verras, qui vivra verra, qui vivra verra …

Puis, il s’engonce dans sa grosse veste en jeans, celle avec de la fourrure O’Neil, à l’intérieur. ..

 

A la radio, on parle d’un accord sur une haute montagne, des accords lors des sommets de Cancun, qu’ils disent...La pollution polluera moins, si je comprends bien ! On parle aussi de désaccord entre les nordistes et les sudistes, c’est très compliqué, je ne comprends pas tout ! Ils font des réunions, des assemblées et tout ça pour pouvoir mettre le même prix sur les sachets de frites à la sauce andalouse ! Il paraît même que faute de gouvernement authentique, le prix du spéculoos est en chute libre, les chinois se tâtent…Enfin, si je comprends bien, c’est plus ou moins ça qu’il se passe, à peu de choses près …

 

Vivien s’en va. Avec lui, il n’emporte pas que des volutes de mystère, il tient un gros sac de toile noire, avec dessus, des petites étoiles jaunes et rouges. Lourd ce sac, c’est certain. Le grand frère, il a l’air de boîter, il penche comme la tour de Pise, tellement ça pèse du plomb, au bout de son bras.

Bing bing bing bing, c’est un sms. Irrité – il déteste qu’on coupe ses élans, mon grand frère - , il lit le message et tape quelques lettres aussi vite qu’une riposte d’un soldat de l’armée rouge : deux, trois tout au plus ..Donc, ça donnerait quelque chose comme oui, non, ok

 

Vivien, il est comme ça, des grands gestes, des mots qui claquent, avec jusqu’au bout des ongles, des suppositions de science-fiction. Je l’ai déjà vu partir comme ça, avec du pétrole à flamber dans le creux de l’estomac. Et le soir, il revient, tout calmé, il lance un sachet decuberdons sur la table, c’est sa façon à lui de nous offrir des fleurs, aux vieux et à moi…Les vieux disent que c’est normal, que ça passera, que ça s’appelle la cris’d’ado…Bien sûr, c’est pour ça qu’il y est toujours, sur mon dos, et sur celui de Siloa ! Les hautes martiennes qui se chauffent en-dessous des lampes économiques, c’est quand même moi qui dois les arroser…Mais je dis rien aux vieux, je sens bien qu’ils en feraient une affaire personnelle …Et puis pour eux, ce qui importe, ce sont les résultats solaires, ceux qui brillent le plus, alors …

 

Et le Vivien, il file, lourd de son sac et de ce je-ne-sais-quoi-d’autre-dans-sa-tête, jusqu’au coin de la rue, à deux pas de la grande chaussée. Là, entre Le Subway et La Bécasse, un autre sac de toile noire, avec aussi des étoiles jaunes et rouges, attend. A sa droite, Sabri, planté là de toute sa hauteur et de son paquet d’intelligence emballé comme un cadeau d’anniversaire…Sabri, c’est un des meilleurs potes de mon grand frère, on dirait des faux jumeaux. Si l’amitié c’était un piano, les touches noires, ce seraient Sabri et les touches blanches, ce seraient Vivien, rien qu’ça, c’est dire !

- Salut !

- Salut ! T’as pas envie de dégueuler, toi ?

- Bof, je n’ai croqué qu’une pomme, avec un trognon d’imagination, j’pourrais vomir du calva…Si seul’ment mon usine pouvait si bien turbiner !

- Toi t’as l’air vachement décontracté ! Moi, j’commence à avoir les clopes ! T’as écouté les infos, c’matin ? Y’a rien qui bouge depuis trois jours, rien de rien, statu quo, mon vieux…

- Ouais, une bande de crogneugneux, j’te dis pas !

- Pffff, fais pas chaud en plus ici, un d’ces courants d’air, pffff !

- T’inquiète, dans quelques instants, on va s’éclater, ça va péter et en disant ça, Vivien, il s’invente un air de dur et il tape un coup d’pied dans son sac…

 

Un brouillard londonien stagne sur la capitale européenne, on se croirait dans un roman de Charles Dickens …Les néons de la ville, habillés en lumières de réveillon, font oublier aux passants l’ambiance anecdotique et surréaliste qui couronne ce gentil royaume.

 

- N’dis pas d’conneries, c’est du sérieux, ‘joud’hui pour nous trois !

- Tiens, v’là l’troisième, justement, c’est la vieille fiat uno de la mémé …Si elle savait ça, la mémé de Doriane, elle qui me prend pour le p’tit gendre idéal…

 

A présent, ils sont trois dans le vent, une fille, et deux garçons. Sur la banquette arrière, à côté de Sabri, un sac de toile avec dessus, devinez quoi ? Des étoiles jaunes et rouges, gagné ! Vivien, il bise Doriane d’une façon plus mouillée que Sabri, il a le droit, c’est sa meuf du mois. Et qu’est-ce qu’elle a gagné, la meuf du mois de mon grand frère ? Et bien …Elle a gagné un ticket pour piquer la carriole de sa mémé …et tout ça, pour  …pour …. ? Là, faudra attendre un p’tit peu mais j’vous raconte, promis, juré !

 

Les trams avancent comme des crabes, avec dedans, de la chair d’humains, c’est comme ça tous les matins. Sur les vitrines, des couleurs vertes, rouges et blanches. On devine des Pères Noël, de la neige et des sapins …

- T’as eu facile, pour piquer les clés ?

Doriane hausse les épaules, l’air de s’en foutre. Les lèvres boudeuses et le front crispé, ça lui donne une allure de femme, ça lui va bien.

- T’aurais pas pu mettre un jeans, par hasard ? Tu sauras courir, avec cette jupe, rouge en plus ? Une jupe rouge !

- ben quoi, on est patriotique ou on ne l’est pas, au point où on en est !

Vivien, il dit ça pour se moquer, pour détendre l’atmosphère. Il est assis devant, justement parce qu’il l’avait vue, cette jupe et qu’il voulait éviter à Sabri, des mouvements impromptus, incontrôlables…

- ça craint ! Sabri, il dit ça comme ça, juste pour meubler l’espace…

Doriane prend un air intéressé, un air d’adulte qui annonce une situation importante style on se marie, on divorce, on déménage et dit :

- Au cas où ça vous dit, tout est en ordre !

- ben oui, j’ai capté ton sms , cinq sur cinq, j’ai même répondu …

- Tout, t’es sûre, s’inquiète Sabri ?Ils seront là où ils doivent être ?

- Oui, le réceptionniste a lâché tout l’morceau hier soir, son seul remords était que je n’suis pas majeur, alors …

- Il a tout craché ?

- Tout, les horaires, le nombre de ceci, le nombre de cela, et, cerise sur le gâteau, il m’a même spécifié le menu, de l’apéro jusqu’au dessert, l’imbécile ! Donc, tout est comme prévu, tout est comme dans not’répèt’ de l’aut’soir !

- Putain, le fumier ! Et qu’est-ce que t’as r’ssenti, toi, en t’envoyant en l’air juste comme ça, pour la gloire ? Avec un ducon en costumes –cravates-cheveux laqués ?

- Du patriotisme, voyons, du patriotisme ! Monsieur Fontignies l’a dit des centaines de fois, « Les enfants, soyez patriotes, toujours » !

Et Doriane, elle dit ça avec du sucre dans la bouche, pour faire saliver Vivien ; les filles, c’est comme ça, elles aiment nous faire bisquer, juste pour constater la météo de nos sentiments …

- Pffffff !

Sabri s’éclate de rire et pour amortir le bruit, il se fourre le nez dans un des sacs en toile noire…

 

 

C’est comme ça qu’on écrit l’histoire, qu’ils disent souvent les vieux et toutes les autres bouches savantes qui nous racontent le pourquoi et le comment des choses. De Vivien, Doriane et Sabri, on en parlera aussi, plus tard. Et pour longtemps …

Tiens, faut que j’vous dise…Vivien, cette nuit, il chuchotait dans le téléphone et il dessinait de grands gestes dans le noir de la nuit, comme si l’autre enfoiré, au bout des ondes, il le voyait…L’autre, cétait Sabri, il me semble …

Toutes ces paroles de hauts dignitaires et de généraux d’armée, ça m’a élargi les rêves et pour un peu, je me suis senti fier d’être le petit frère d’un mec qui planifiait des projets …

Parmi tous les autres, des mots relevaient la tête : politique, Muette de Portici, monsieur Fontignies, livre des records, solution, patriotisme et,  il faut en finir avec tout ça ! Solution, j’sais pas trop si j’dois le mettre au singulier ou au pluriel et de toute façon, avec les autres mots autour, c’est assez grave comme ça, il me semble.

Dans la bagnole, ça parle, ça suppose ; ça se tord aussi, du côté des boyaux. Ils ont beau étudier le latin, l’histoire, la géographie, ils ont beau être les loupiotes d’apprentis-journalistes d’un mensuel appelé Pour que le Jour se lève, la perspective de mots comme solution et patriotisme, ça craint !

 

- Elle connaît pas le gps, ta mémé ?

- Ma mémé, elle ne court pas après les révolutionnaires, elle, donc, ça limite ses territoires ! D’toute façon, on arrive à la planque !

- Arrête la radio alors, ça me distrait, j’ai besoin de faire le vide en moi…Vous n’avez pas oublié vos rôles, vous deux ?

- T’in-qui-è-teeee articule Sabri, j’connais la séquence par cœur ! Sauf si ces crabes décident de ronfler dans une aut’salle …

 

Et, continue-t-il en soupirant, dire que tous ces paumés qu’on croise vont bosser et que nous au lieu d’ça, on …

- Faut bien qu’ils paient leurs impôts, lui dit Vivien en interrompant son pote…

- Voilà, stop, on s’gare ici, comme prévu, l’hôtel est juste là, plus loin …

- Vous croyez qu’ils sont déjà tous arrivés ?

Doriane hausse les épaules et dit :

- Des mecs avec des dossiers pleins les bras, ça porte une horloge dans la boîte crânienne, t’inquiète va, Sabri d’mon cœur …

Avec des gestes qui suent la peur et tout ce qui va avec, Sabri ouvre les trois sacs et commencent sa distribution de chocolateries, une artillerie de seconde main…

- Mitaines ! Et, dans un geste stéréotypé, il donne aux deux autres des mitaines jaunes.

- Youyou, fun, fun, fun, lance Vivien, avec un air enragé et un rire sarcastique, je vois déjà la tronche de monsieur Fontignies, demain, quand il lira le journal !

- Cagoules ! Et ils enfilent sur leur tête, allumée de révolutions, de rêves de toutes sortes, un gros lainage rouge, avec juste deux orifices qui laissent percer leurs yeux gonflés d’insolence, d’horizons lointains, de pirates dans les îles aux trésors.

- Canons ! Là, ça fait boum dans le cœur des trois amis et ils prennent chacun entre leurs mitaines une arme de ducasse, une arme lourde mais noire, d’un noir- charbon- de- la- période- industrielle- qui- vomissait- du- charbon- noir- et- du- pain- avec- de- la- mie.

- Casquettes ! Et en arrière la penne ! Faut assurer !

 

A ce moment-là, mon grand frère, sa meuf et leur pote, ils ont comme des cailloux en travers de leur gorge, ça leur racle le gosier, ça les empêche de saliver. Dessous les cagoules et les pennes, la sueur perle.

 

A suivre demain...

 

 

Carine-Laure Desguin

carinelauredesguin.over-blog.com

 

Publié dans Nouvelle

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A LA UNE... et le journal de bord d'Hugues Draye

Publié le par christine brunet /aloys

 

Micheline Boland et son magasin de contes dans "L'avenir"...

 

 

ScreenShot101.jpg

 

Christine Brunet dans "Le Courrier du Jura"

 

dedicaces-Zadig.jpg

 

Une critique de Nid de vipères sur le site "parfum de livres"

 http://parfumsdelivres.blogspot.com/2011/06/nid-de-viperes-de-christine-brunet_30.html

 

et de Dégâts collatéraux 

 http://parfumsdelivres.blogspot.com/2011/06/degats-collateraux-de-christine-brunet.html

 

 

 

 

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Avis !!!! 

 

Ce blog ouvre ses portes aux auteurs non édités par Chloé des lys. Auteurs édités à compte d'éditeur ou auteurs ayant obtenu des distinctions (prix en poésie, nouvelles, romans, etc).

 

Une nouvelle rubrique va donc naître dès la rentrée... "l'invité(e) d'Aloys". Pour les auteurs qui désireraient participer, envoyez-moi une biographie et votre texte via le contact de ce blog.

 

 

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petits-papiers-logo.jpg

 

Je vous rappelle que la revue n°2 "les petits papiers de Chloé est sortie ! Si vous ne l'avez pas encore commandée, ce sera pour la rentrée, en septembre. 

 

En revanche, la revue n°1 est consultable sur le site de Bob Boutique www.bandbsa.be/contes.htm dont le lien est dans la marge du blog.

 

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actutvcarre.jpg

Je rappelle également que l'émission Actu TV est visible via le site de Bob Boutique. Prochaine émission, fin septembre avec tout plein de surprises !!!!

 

 

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Le journal de Hugues Draye d'aujourd'hui...

 

J'ignorais que les hêtres pouvaient pousser aussi haut ... rien qu'au bout de sept ans.


J'ignorais, y a pas longtemps, qu'il ne faut pas semer des choux les uns trop à côté des autres.


Je retiens une expression d'un ami, hier, quand on a parlé de Lacan, le célèbre psychanalyste : "Je me demande si, à propos de lui, ce qu'on retient surtout, ce n'est pas ... la sacralisation de ce qu'on ne comprend pas"


On s'est baladés dans la région de Durbuy, Barvaux. Hier. Septon, Borlon, Palenge, ça vous dit ? Un vrai paradis.


Certains anciens champs de vache, par là, sont de véritables réserves naturelles. Même si les orties prennent parfois trop de place. Mais bon : y a des pruneliers, des noyers. Et des chien(ne)s efficaces ... pour avaler les taupes.

 

 

Hugues Draye

www.myspace.com/huguesdraye 

 

 

 

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Retour sur le salon de Vannes... par Sophie Vuillemin

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes/vuillemin.jpg

 

Salon de Vannes. 19 Juin 2011.

 

Un salon connu et reconnu. Josy et moi, après des retrouvailles glamour sur le parking de la Foirfouille (mais pourquoi y'a toujours du vent, de la pluie, de l'eau dans nos sandales et les pieds couleur schtroumpf à cause du froid quand nous participons à des salons ?), partons direction Vannes.

A Vannes, il y a Jean Teulé, Guy Carlier, Françoise Dorin, Véronique Olmi, David Foenkinos, et j'en oublie, bref, des pointures de l'écriture qui éviteraient les rimes en ure.

Le salon a lieu dans les jardins des remparts, je dis : "on pourra jamais se garer, ils ont mis des barrières partout." mais Josy baisse la vitre de la voiture et crie "On est des auteeeeeeurs!" Clac, ni une, ni deux, le type en gilet jaune écarte une barrière métallique et libère une place pour nous. Il demande si l'emplacement nous satisfait. Je n'en reviens pas.


On nous remet un badge de pro. Un sac empli de goodies. Une jeune hôtesse me souhaite un bon salon. C'est clair, j'me la pète grave.

On nous sert un buffet de folie. Les allées grouillent de visiteurs. On se prend pour des stars. Enfin, presque, les stars ne photographient pas tous les coins de stands, elles ne s'extasient pas "oh, tu as vu, on a un autocollant", elles n'essaient pas de récupérer les tee shirts des hôtesses.

 

Mais je me demande si les stars de l'édition ont autant ri que nous lors de cette formidable journée ! 

Je remercie sincèrement:

-L'association des Ecrivains Bretons, et plus particulièrement Josette David, qui m'a permis de participer à cette manifestation

- Mes voisines de stand, Josy, Lisa lo Bartolo et Josiane Begel, pour leur bonne humeur.

- Et bien sûr, les organisateurs pour la qualité de leur accueil. 

 

 

Sophie Vuillemin

http://sophievuillemin.over-blog.com/

Publié dans Textes

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D'une mère à l'autre, un poème de Françoise Castera

Publié le par aloys.over-blog.com

 

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D’une mère à l’autre

 

tu vas retrouver ta maman

mais ta maman chéri c’est moi

vas-tu faire fi de tout ce temps

où j’étais toujours là pour toi

 

pourquoi es-tu parti si loin

tu ne m’as pas dit au revoir

et apparemment sans chagrin

sans émotion sans un regard

 

as-tu crains que je me révolte

as-tu crains aussi mes sanglots

ce que j’ai semé je récolte

tu n’es pas un être falot

 

tu es un homme et tu es fort

tes sentiments sont en veilleuse

pourras-tu me sourire encore

pourrais-je encore être joyeuse

 

je suis celle qui t’accueillit

et aussi celle qui t’a cueilli

quand tu étais dans la souffrance

et quand tu vivais dans l’errance

 

quand tu étais un tout petit

un oisillon  hors de son nid

un petit bonhomme de rien du tout

un petit bonhomme perdu, partout

 

pourquoi es-tu parti si loin

je suis ta vie et ton pays

et mon amour n’a pas de fin

je t’ai aimé plus que ma vie

 

si ma raison comprend ta quête

c’est mon amour qui la refuse

je resterai toujours inquiète

et te présente des excuses

 

si jamais je ne peux te revoir

je ne pourrai pas oublier

nos premiers mots ni nos espoirs

ni ta façon de m’enserrer

 

si tu retrouves ta maman

dis-lui combien je t’ai aimé

dis-lui comment je t’ai aimé

et que tu m’appelais « maman »

 

 

Françoise Castera

Publié dans Poésie

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"Comme Poussin est à la mer"... Une nouvelle de Bob Boutique

Publié le par aloys.over-blog.com

 

bobclin

 

Comme Poussin est à la mer…

 

Je viens encore de me ramasser un râteau… je  vous dis que ça. Pan, en pleine poire.

 

Et pourtant… ce n’était pas vraiment Angélina Jolie, ni même la jolie Angélina. Non, je dirais plutôt : Marie-Thérèse Quelconque.

 

Mais ça a quand même foiré. J’ai du rater une étape !

 

Je l’avais remarquée dans un BBQ à Bruxelles…

 

Comment ? Vous ne savez pas ce qu’ est un BBQ ? Un barbequeue… voilà. C’est elle qui mettait les saucisses à griller, avec un grand tablier blanc et beaucoup de fumée autour… on aurait dit jeanne d’Arc sur le bûcher.

 

Bon, elle était pas terrible, terrible… un peu ronde, genre qui flotte toute seule dans la piscine. Elle avait remonté ses cheveux sur le crâne comme une pelote de laine, rapport à la graisse… et comme elle y avait enfiché les pics en fer et agitait un bout de carton pour attiser le feu…. Elle ressemblait un peu à une grosse geisha. Sauf qu’elle avait remplacé le blanc du visage par du rubicond, style très très bonne santé.

 

En fait, elle agitait tout en même temps…

 

trois mentons, deux ou trois seins ( en tous les cas il y en avait beaucoup ) et une paire de fesses… style ‘cette fois c’est bien décidé, je vais à la gym’.

 

Mais faut être juste. Moi non plus, je ne suis pas terrible, terrible. Alors je me suis dit comme ça… comme Poussin est à la mer pour la semaine et moi tout seul ici à Bruxelles, comme qui dirait… abandonné ? Je me suis dit… pourquoi pas ?

 

Un, elle était venue seule, en tram.

 

Deux, elle était donc « reconductible »

 

Trois, comme elle cassait rien et moi non plus… on était quelque-part fait l’un pour l’autre.

 

Alors, je tourne un peu autour, l’air de rien, pour vérifier  la marchandise, j’hésite, je soupèse, j’évalue, pour conclure enfin qu’elle avait un bon rapport qualité/prix.

 

Et là j’attaque.

 

J’ai un truc qui marche pas mal pour l’instant. J’ai lu ça dans la page spychologie de France Dimanche.  Tu abordes la gonzesse par derrière,  franchement en lui mettant la main sur l’épaule, et tu dis avec un sourire à la Brad Pitt ( oui, bon… faut un peu travailler. Mais c’est le principe qui compte ), donc tu lui dis : « Laisse moi faire Monique, ça c’est un boulot d’homme ».

 

Ben oui : « Laisse moi faire Monique, ça c’est un boulot d’homme ».

 

La meuf elle se retourne estomaquée, avec tous ses plis qui suivent avec un temps de retard,  sa pelote de laine qui flanche et ses yeux rougis par les braises et là, il faut aller très vite, pour l’empêcher de penser.

 

« Ah, toutes mes excuses Mademoiselle, de dos, je vous ai prise pour ma petite cousine. »

 

Succès garanti .

 

Si c’est une vieille rombière, elle se met à minauder en chevrotant dans son dentier, si c’est une pétasse elle va remonter ses phares de camion et si c’est Marie-Thérèse Quelconque, blonde de surcroît, elle va rester bouche bée en demandant ce qu’il faut faire a son petit cerveau qui va lui répondre après de longues secondes d’ hésitation qu’il n’en sait rien… J’en sais rien. J’sais pas. J’ai rien compris. Débrouille-toi.

 

Bon, les préliminaires, c’est fait.

 

Chapitre deux : la travailler au corps. C’est une expression bien sûr… j’en suis pas encore là.  Disons, se mettre en place.

 

La technique, c’est de parler tout le temps, en posant des questions auxquelles on répond soi-même, SANS OUBLIER ( ça c’est capital ) de glisser une petite flatterie toutes les deux phrases… « Alors là, le boulot ça vous connaît ! » « Elles ont l‘air délicieuses vos cuisses de poulet, on dirait que vous avez fait ça toute votre vie ! », « j’aime bien votre chemisier, c’est frais et coloré ! (on dirait une tenture de salle de bain) »  Etcétera.

 

Bref, je la tartine au choco nutella , je cours lui chercher à boire … « une jup à la bouteille, pas de chichis », prends le relais pour agiter le carton, lui raconte des blagues simplistes pour la faire rigoler  et tourne autour comme une grosse mouche bleue autour d’une flatte de vache, tout en imaginant déjà les combats de sumo que je vais échanger elle ce soir, style tableaux de Rubens.

 

Je suis en nage. Elle aussi. Nous sommes en nage. On fume presqu’autant que le BBQ. Heureusement qu’il ya les frittes et les aromates pour masquer l’odeur de nos aisselles.

 

V’zallez pas me croire, mais c’est qu’elle commence drôlement à m’agacer la gonzesse, avec vue plongeante dans son corsage déboutonné (elle porte un soutien en dentelle rouge) et la marque de son slip sous sa jupe trop tendue. Elles portent toujours une taille en dessous, c’est psychologique.

 

Hé bien non !  J’ai pas pu me la faire.

 

J’ai pris un râteau et un fameux… comme celui qui traîne au jardin, retourné dans le mauvais sens, les pointes en l’air… vous marchez dessus, ça fait levier et vlan… vous ramassez le manche sur le pif.

 

A la fin du BBQ, quand tout le monde commençait à partir, y a une radasse qui s’ est rappliquée, genre camionneur, avec des cheveux courts , une grosse veste de cuir, un pantalon de famille et une paire de santiags. Elles se sont embrassées goulument sur la bouche avant de me laisser sur la touche ( tiens ça rime ) ( c’est pas ce soir qu’ on couche) (je prendrais bien une bonne douche) ( c’est une histoire un peu louche)  avec un ‘tit bisou sur la joue en guise de merci.

 

M’en fous. Y’a foot ce soir.

 

Bob Boutique

www.bandbsa.be/contes.htm 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Nouvelle

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Edmée de Xhavée a lu "Grand-père va mourir" de Didier Fond

Publié le par aloys.over-blog.com

Edmee-chapeau

 

Grand-Père va  mourir, Didier Fond

 

On commence, et on ne peut plus s'arrêter!

Un roman bien construit, escarpé comme le lieu où il se déroule. Un cast de personnages comme Agatha Christie les adorait, avec l'hier sauvagement actuel encore et ses secrets entrelacés dans le temps, pulsant sans bruit sous une apparence de bonnes manières sereines.

Où se trouve la frontière épineuse entre loyauté et hypocrisie ? Tradition et emprisonnement ? Quel visage a l’amour, quel est le rictus de la haine ? Et quelle est donc cette rouge lueur d’espoir voletant dans la noirceur du passé ? Quelles sont les victimes, qui sont les tyrans ? L’amour peut-il fleurir là où ne l’avait pas semé ?

Les personnages sont plus complexes qu’ils ne le semblent de prime abord. J’ai par exemple apprécié le fait qu’Alex, le personnage central, ne soit pas sans défaut. Il a ses zones obscures, et l’auteur ne l’en excuse pas. Cet homme dont le présent et ses repères sont en suspens se voit soudain forcé de faire face à ses actions, son passé, le pouvoir de sa famille et son rang alors que son frère lui apprend que leur père se meurt là, dans cette noble forteresse sicilienne dominant la mer, le village et les vies alentour.

Les manières posées des habitants de la forteresse dissimulent des émotions qui vont peu à9782874594823 1 75 peu apparaître, se définir et épaissir le mystère de ces relations familiales implacables. Le secret est perceptible dès le début du livre, une sourde horreur qui a bouleversé la vie d’Alex, l’a durci, taillé dans la froideur d’un beau marbre sans veines. En pénétrant plus avant dans l’histoire cependant, on entrevoit un secret dans le secret, et puis d’autres encore, jaillis eux aussi du respect de la tradition. Que ce soit pour s’y conformer ou pour la contourner, voire la fuir. Mais s’il y a des rejets implacables et solennels, il y a aussi les grands pardons chauds comme une houle de larmes ayant mijoté trop longtemps, qui lavent tout et parlent d’amour, de famille, de clan.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre qui sonne juste, et vous aveugle de contrastes de lumière et ombre, amour et haine, bannissement et absolution.

Au passage : j’ai souvent regardé, pendant mes pauses, la très belle couverture, en parfaite harmonie avec le récit.

 

 

Edmée de Xhavée

edmee.de.xhavee.over-blog.com

Publié dans Fiche de lecture

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Christine Brunet a lu "L'étoile magique" de Philippe Desterbecq

Publié le par christine brunet /aloys

Photo Christine Brunet

 

 

En commandant la livre de Philippe Desterbecq, je me suis demandée comment l'adulte que je suis devenue serait capable de s'émouvoir encore d'un texte conçu et écrit pour les enfants de 9/10 ans.

 
Il faut bien l'avouer, les contes de fées sont sans doute à l'origine de ma passion, l'écriture. Mais Philippe m'a prévenue: pas d'ogre, pas de sorcière, pas de lutin... Dommage...

Alors, pourquoi avoir choisi ce livre ? Pour la couverture, d'abord, et puis... pour le titre !http://www.bandbsa.be/contes2/etoilemagiquerecto.jpg "L'Etoile magique"... comme tout ce qui est magique m'attire invariablement...

Le livre a été avalé prestement. Au final, compliqué pour l'auteur de m'embarquer dans son histoire ? pas le moins du monde pour Philippe qui manie avec habileté un français à la fois riche et simple d'accès. je me suis amusée des noms saugrenus, des attitudes burlesques. je me suis émue avec le héros que l'aventure fait soudain mûrir.

Alors, vous savez quoi ? L'Etoile magique est un livre magique, de ceux qui retournent le temps, vous rendent votre âme d'enfant, votre pouvoir d'imagination... Un livre à découvrir..."

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

www.aloys.me

www.passion-creatrice.com

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Martine Dillies-Snaet a lu Une belle Epoque de Kate Milie

Publié le par christine brunet /aloys

MARTINEJ’ai lu « Une Belle époque » de Kate Milie


 


           

            Voilà maintenant une petite semaine que ma lecture d’   « Une belle époque » est  achevée. Contrairement à  mes habitudes, j’ai ressenti l’envie de laisser décanter les impressions et les réflexions que la lecture a engendrées. Pour  ma curiosité aussi ! Quelles effluves cueillerais-je encore quelque temps après avoir consciencieusement tourné la dernière page ?

Je vois mon PC clignoter rageusement, mais je  n’ai nulle envie de mettre le mot « effluve » au masculin. Pas avec KATE MILIE, non ! Pas avec elle ! Plus que n’importe qui, elle est femme jusqu’au bout d’elle-même.

 

            Jolie excuse que l’étude de Klimt et d’Ana pour permettre à l’auteur de jouer ses pièces sur l’échiquier du net. KATE MILIE s’amuse avec ses fous, son cavalier, son roi, ses tours. Chaque pièce, membre d’un forum, a un chapitre d’un roman à imaginer ; jeu subtil entre vérité et roman, entre fantasme et quotidien.

De cette « Belle époque », je n’ai guère envie d’en raconter l’histoire – très bien construite d’ailleurs--  car son but est uniquement de servir de verrou  à la porte  de  l’analyse du comportement de chaque personnage face aux dangers ( ?!?) de  l’addiction au net.

J’éprouve d’ailleurs, bien plus qu’avec d’autres romans, l’envie de parler de la9782874594281_1_75.jpg psychologie de l’auteur. Tout en charme et en femme, mais je me réserve cette part de réflexion.

 

            Une phrase m’a frappée et je viens de remarquer  que celle-ci a été retenue sur la quatrième de couverture : « Chaque personnage est dans une mise en abîme de lui-même ». Puissance de l’attirance vers nos différents « moi » intérieurs. Le net permet de les mettre en jeu : jeux innocents ? dangereux ? en tout cas, bien plus que l’absinthe de cette belle époque, comme le dit l’auteur.

Ce que j’ai surtout aimé chez KATE MILIE,  ce sont les quelques pages de dialogue du roman dans le roman. C’est dans ces pages qu’elle montre  le meilleur de ses capacités. Maintenant, je sais que j’aimerais d’elle un roman tout en psychologie.

 

            Et  finalement, que me reste-t-il de ces pages lues ? De l’aérien, du léger, du vaporeux … l’évanescence du temps que même la suite des réflexions profondes que le roman crée n’arrive pas à alourdir.

 

KATE MILIE, je suis bien sur mon nuage.

 

 

Martine Dillies-Snaet

http://users.skynet.be/TheDillies/

 

Publié dans Fiche de lecture

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