Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Gauthier Hiernaux: les extrêmes nourrissent mes récits...

Publié le par christine brunet /aloys

banner-gauthier-hiernaux.jpg

 

Superbe bannière qui me rappelle mes livres d'Histoire... je vais sur son site...

 

Trois livres publiés chez Chloé des lys... et un univers que je découvre peu à peu avec étonnement...

 

Choisir le genre du fantastique plutôt que celui bien réel qui nous entoure, recréer à son gré, inventer à partir d'une réalité recomposée... Pas simple...  

 

Avec Gauthier Hiernaux, j'ai tenté de comprendre de processus qui mène à cet autre monde... à une autre réalité... qui pourrait, pourquoi pas, être la nôtre... dans une autre dimension.Couv_Livre-Triangle2.gif


 Depuis quand écrivez-vous et pourquoi? Une envie soudaine, immodérée, longuement mûrie...?

J’ai envie de dire « depuis toujours » mais j’écris véritablement depuis mon adolescence.

A quinze ans, je commence à raconter la carrière d’un jeune noir dans la Mafia de Chicago dans les années 30. La saga, baptisée Torpedo Black Man, est constituée de quatre tomes dont le dernier n’a jamais été achevé.

Au début des années 90, je change de veine et écris un thriller en huis-clos (Le Maître du Sourire). Ce premier livre, j’ose l’envoyer à une maison d’édition. Je n’obtiendrai qu’un refus poli qui m’échaudera pour quelques années.
C’est au cours de l’année 95 que commence à germer dans mon esprit le monde de la Nouvelle Ere.

Nourri de mes cours de religion romaine, de la grande Histoire, d’histoire de l’art et de littérature européenne, je façonne un univers qui connaîtra plusieurs évolutions et plusieurs supports. Avec le home--gauthier-hiernaux.jpgtalentueux dessinateur Olivier Mangin (Intox, L’Ultime Chimère chez Glénat), je propose dix planches de bande dessinée aux éditeurs français Delcourt et Glénat. Le projet, initialement intitulé Les Terres de Babell n’est finalement pas accepté car « trop ambitieux pour des jeunes qui débutent » (.sic). Je décide donc de faire cavalier seul en réécrivant totalement Les Terres de Babell et en en faisant deux romans :L’homme sans chiourme et Le Dieu unique.

Ces ouvrages décrivent la déchéance d’un Empire totalitaire qui s’écroule sous son propre poids.

Mais en clôturant ce récit, je me suis dit que j’avais envie de raconter la genèse de ce monde et surtout, de peindre par petites touches, à la manière d’un impressionniste, les éléments annonciateurs de sa déchéance. Une dizaine d’années plus tard, je suis fier du résultat.

Depuis, j’ai écrit quatre mini-récits, un recueil de nouvelle et un thriller fantastique.

 

Comment écrivez-vous ? sans parvenir à vous arrêter, d'un seul jet, l'estomac noué? Travaillez-vous longuement vos textes? peut-être n'aimez-vous pas vous relire? (Utilisez-vous encore le stylo ?)

J’écris quand je peux surtout. Directement en word.

Mon travail et ma vie de famille ne me permettent pas autant de libertés que je le souhaiterais. D’ailleurs, en profiterais-je autant si je ne faisais que cela ? Je ne le pense pas…

Et puis, je ne suis pas le genre d’auteur à me dire : Allez, j’allume la bécane et j’écris 2 heures ou 5 pages. Il faut une mise en condition, il faut l’inspiration et les circonstances. C’est une délicate alchimie qui peut, malheureusement, m’interdire d’écrire pendant des jours et des jours.

Par contre, je n’écris jamais mieux qu’au restaurant. Je devrais peut-être un jour en faire mention dans mes remerciements…Couverture Rêve Maximilien

 

En ce qui concerne la relecture des textes, voici comment je procède : j’écris, sans presque me relire. Je laisse les personnages vivre leur vie.

Généralement, je n’ai pas de plan de lecture, juste les grandes lignes de l’histoire. Au début, j’en réalisais mais je m’en éloignais tellement que j’ai fini par laisser tomber.

Par contre, je me suis baladé un certain temps avec un grand cahier ATOMA où je collectais toutes sortes de renseignements. J’ai fini par retaper mes notes mais je ne les consulte plus. Peut-être devrais-je un jour les placer sur mon blog…   

Quoiqu’il en soit, Lorsque j’ai achevé le premier jet de mon roman, je laisse décanter. Six mois, un an, parfois davantage.

J’ajuste à nouveau lorsque mes premiers correcteurs ont fait leurs remarques.

 

Où puisez-vous votre inspiration ?
J’imagine être pareil à d’autres auteurs. La vie m’inspire. Le malheur également… Il suffit de regarder les journaux pour être inspiré.

Mais au-delà de toute chose, ce sont les manipulations dont est capable le pouvoir quand le besoin s’en fait sentir qui me fascinent. J’en parle beaucoup dans mes bouquins (Le Saint-Canal, les Frères de la Censure et, dans mes derniers romans : le Grand Penseur,…). J’aime aussi les mouvements de résistance indépendants ou organisés face aux tyrannies ainsi que les réseaux clandestins. Ce seront d’ailleurs les sujets de mon prochain bouquin envoyé en avril chez mon éditeur.

Les personnages en demi-teinte m’attirent également. Je pense notamment à Larsen Voltine dans mes deux premiers livres ou Archiabald Von Espen dans ‘Le Triangle sous le sable’. Je n’apprécie ni les héros ni les super-vilains, ceux qui n’ont jamais de doutes et réussissent tout du premier coup.

 

gauthierhiernauxPourquoi avoir choisi de recréer un monde ?

J’ai tenté de recréer un monde pour deux raisons. La première et la plus évidente est que le procédé m’attire. Si j’avais les pieds plus ancrés dans le réel, j’aurais fait un polar traditionnel.

La seconde, plus pratique, est que cela me laisse une énorme liberté par rapport aux faits et à l’histoire. Cela ne m’empêche évidemment pas de mêler des événements de notre monde à celui de la Nouvelle Ere. Au fil des dix tomes, le lecteur pourra être témoin de la redécouverte des Amériques, d’un nouveau massacre de la Saint-Barthélemy, de la Blitzkrieg ou de la Prohibition. 

 

Que vous apporte l'écriture ?

Je pense que celui qui crée, quels que soient son sexe, son milieu ou sa nationalité le faithttp://www.bandbsa.be/contes2/tribusilencieuse.jpg pour les mêmes raisons : le besoin de se confier à une feuille blanche ou de se défouler.

Pour ma part, j’ai commencé à écrire parce qu’enfant, je ne me sentais pas à l’aise avec les autres. On a plein de frustrations tout au long de sa vie mais j’ai l’impression qu’elles se cristallisent à l’adolescence.

Aujourd’hui, les choses ont changé, naturellement. J’écris certes pour mon plaisir mais, depuis que je suis publié chez Chloé des Lys, pour les autres également.

Je suis dans l’attente des commentaires ou réactions de mes premiers lecteurs. Je me demande comment ils vont réagir, s’ils vont rire ou s’ils vont se poser des questions. Le ‘must’ évidemment est quand ils me demandent : « A quand le prochain tome ? »

Plus de frustrations donc mais une furieuse envie de partager.

 

http://www.bandbsa.be/contes2/lanovolitzarecto.jpgA vous lire, j'ai l'impression que vous avez du mal à poser le point final d'une histoire. Vrai? Faux?
Oui et non. Je m’attache certes aux personnages mais je ne pense pas qu’on puisse affirmer que je m’attache à mon histoire. A mon univers par contre… Car si celui-ci reste identique, les héros ne sont jamais les mêmes. Les histoires, même si elles ont un lien entre elles, peuvent tout à fait être lues séparément.

En outre, j’ai écrit bien d’autres choses depuis : un thriller fantastique, un recueil de nouvelles et quelques mini-récits.

 

Vous n'aimez pas les extrêmes... Pourquoi?
Ce n’est pas que je n’aime pas les extrêmes, que du contraire, ils nourrissent mes récits. L’Empire de la Nouvelle Ere n’en est-il pas un ? Si le système n’avait pas été perverti, il n’aurait pas pu donner lieu à mes histoires. Car un extrême en attire toujours un autre. Des systèmes forts, répressifs, naissent toujours des mouvements contestataires. De la « cuisse » de l’Empire sont nés les Enfants de Jafez présents dans « Le Triangle sous le sable » ou Babel Céleste que le lecteur pourra découvrir dans les derniers tomes.
Mais dans la vie, c’est vrai que je ne les apprécie guère. Surtout les extrêmes liés aux croyances religieuses.


Couv Livre Saon copieEst-ce que, selon vous, votre écriture a évolué au fil du temps au gré des aléas de votre vie?
Bien entendu. Lorsque je relis ce que j’ai écrit des années plus tôt, je suis toujours étonné… et pas toujours positivement.
Je pense que le style d’un auteur varie avec le temps, se bonifie au mieux. Je n’oserais plus faire lire mes écrits de jeunesse.

  
Comment décririez-vous votre rapport avec vos personnages? Sont-ils très différents de vous? 
Les principaux traits de caractère de mes personnages sont façonnés avec des bouts de moi mais également des gens qui m’entourent. Des gens que j’apprécie ou non, tout dépend de ce à quoi on veut aboutir.
Le reste est constitué de fragments volés à des personnages de l’histoire ou de l’actualité.
Ces morceaux mis bout à bout constituent un personnage qui, s’il est viable, acquiert au fil du récit, une véritable personnalité. Je me rends vite compte si l’un d’entre eux sonne creux. C’est alors que j’ai mal joué au Dr Frankenstein…



 

 

Un long processus de maturation, de réflexion sur notre société... Des fragments de vie volés ici ou là pour créer un univers à part entière, fort de sa structure sociale, de ses luttes, de ses personnages construits à partir d'une matière disparate pour devenir uniques... Un monde différent qui amène la réflexion par des routes détournées mais bien tracées... Le "fantastique" propice à véhiculer la critique sociale ou culturelle? Sans aucune doute...


Je ne lui ai pas posé la question, mais... En spectateur critique des événements qui ont secoué et secouent encore notre civilisation, Gauthier Hiernaux se considère-t-il comme un auteur "engagé" ?

 

Quelle que soit sa réponse, c'est en se plongeant dans les travers de cetEmpire que le lecteur trouvera, s'il ouvre son esprit, matière à réflexion.

 

http://grandeuretdecadence.files.wordpress.com/2010/05/gedene.jpg?w=491&h=85

Retrouvez Gauthier Hiernaux et son univers sur son sitewww.grandeuretdecadence.wordpress.com

Publié dans interview

Partager cet article
Repost0

Les musiciens sont là... un poème de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

desguin

 

    Les musiciens sont là ... 

 

Ouvrez vos portes vos fenêtres et vos coeurs,

Laissez-vous valser aux fleurs tambourinantes;

Les pétales sont des guitares, les pistils, des harmonicas.

On les attend, ils viennent de bateaux, d'avions, d'ascenseurs,

Oubliant en chemin des douleurs larmoyantes.

Le printemps revient, les musiciens sont là !

 

C'est Bourbon Street dans chaque ville,

Le blues, le jazz, le ragtime, le cajun

Eclaboussent les façades et les champs,

Les cours de récréations et les pistes d'atterrissage.

On chante et on danse les uns

Contre les autres, avec comme seul habit,

Des musiques de toutes les couleurs.

Dans le ciel, pas d'orage, les oiseaux de passage

Se dénotent, ils s'élancent.

 

Du rap et du slam à chaque coin de rues

Décompressent les vivants et habillent d'un sourire

Ceux qui soufflent les notes.

La musique, espéranto du monde,

Se solfège de partout, sans retenue.

Elle éclate ses couleurs de New-York jusqu'à Londres,

Elle éponge la fatigue, elle stimule les désirs.

Elle se love, elle se glisse dans les huttes, les roulottes,

Et elle chante aux enfants les éclats de ses rires.

 

Partout dans le monde,

A Paris, à Ljubljana,

Les musiciens sont là !

 

 

 

Carine-Laure Desguin

carinelauredesguin.over-blog.com



Publié dans Poésie

Partager cet article
Repost0

Walter Macchi a lu Nid de vipères de Christine Brunet

Publié le par christine brunet /aloys

Photo macchi

 

Walter Macchi a lu Nid de vipères

 

Son site: http://www.waltermacchi.com

 

 

Début avril. Je viens de déménager, ne suis pas encore tout à fait installé dans mon nouvel appartement quand le livre de Christine arrive dans ma boîte aux lettres. C'est un des premiers courriers, un présage peut-être…

 

Un enfant, le boulot, des milliers de choses à faire, un tas de formalité à remplir, le livre que je dépose sur une pile de cartons en attente au milieu du salon. Une semaine passe. Les jours s'écoulent comme une course sans fin. Finalement le weekend pour mettre un peu d'ordre dans ce capharnaüm, je range toute la journée. Lorsque le soir arrive, je m'attaque à ses foutues caisses.

 

Je saisis ce Nid de Vipères un peu volumineux mais à la couverture trèsCouverture Nid page 1 réussie. Je l'ouvre pour y jeter un œil tout en grignotant un sandwich, lis les premières pages, fais la connaissance du Commissaire divisionnaire Aloys Seigner, termine le premier chapitre, puis le second. La nuit tombe…

 

Ma première impression :  c'est pas bon ! Non, ce terme est mal choisi. c'est tout simplement excellent !

 

Maintenant que je l'ai terminé, ou plutôt dévoré, je peux vous dire que l'intrigue de ce polar qui flirte avec le roman d'espionnage est particulièrement bien ficelée, le rythme soutenu, les dialogues bien construits. Les voyages à travers le monde nous emmènent sur les traces d'une héroïne particulièrement attachante, les personnages plus vrais que nature ont du corps, ils sont froids et cruels par moments, dérangeants à d'autres, le scénario est plein de rebondissements et la fin tout à fait étonnante. Après avoir tourné la dernière page, j'ai regretté que le livre soit déjà fini. En deux mots, une perle !

 

Avec Nid de Vipères, j'ai eu l'impression de renouer avec la grande tradition du polar à la française, avec une touche de Brunet et un style bien particulier en plus. Du grand art.

 

Pour un premier roman publié, c'est un coup de maitre et il y a fort à parier que ce ne sera pas le dernier et qu'on entendra bien vite parler d'Aloys Seigner.

 

Je conclurais en disant que les caisses trônent toujours dans mon salon…

 


Walter Macchi

WWW.waltermacchi.com

 

 

Publié dans Fiche de lecture

Partager cet article
Repost0

Jacques DEGEYE : "j'écris toujours contre"

Publié le par christine brunet /aloys

Jacques Degeye

 

 

 

« Ce soir-là, il faisait froid. Glacial.

Et si personne ne mettait le nez dehors ?

Le premier entra. Du baume au coeur : je ne serais pas seul !

La salle se remplit.

Les lecteurs n'étaient pas engourdis.

Mieux : ils répondaient à mon appel.

J'allais leur donner des raisons d'espérer. »

 


Ce jour là ? C'était le 10 décembre à Rochefort... Une présentation de son livre "Délivrance" devant les lecteurs/auditeurs de la bibliothèque communale.

Il va y parler de sa démarche d'auteur et du sujet du livre : la mort volontaire.

J'aurais bien aimé y être...

Allez, je m'imagine les lieux, les gens, l'ambiance... Le suicide... Drôle de sujet qui met mal à l'aise... Alors, je me concentre et je cherche à comprendre. Il arrive et les conversations cessent. Il se présente brièvement puis commence par répondre à une question que tout le monde se pose...

Pourquoi avoir choisi un sujet si noir alors que l'on vit dans un mode si troublé ?

 

 En premier lieu, je veux lutter contre l'oubli.

 

            Le suicide n'a plus mauvaise presse. Il ne suscite plus ni la réprobation générale ni la honte. Mais méfions-nous de l'eau qui dort ! En vérité, le suicide continue de nous déranger et de nous choquer. Pourquoi ? Parce qu'il contredit une de nos valeurs de base : la vie. La vie en elle-même est une valeur et une valeur précieuse, chacun le sait. La mort sous toutes ses formes nous fait horreur, et c'est bien naturel. La mort volontaire, davantage encore, parce qu'elle est considérée comme une chance perdue, un gâchis.

 

            De plus, nous assimilons un homme ou une femme qui se suicident avec leur geste fatal. Et si nous ne réagissons pas de cette manière, à tout le moins nous donnons un sens à leur vie et même à leurs réalisations ou à leurs écrits en fonction de l'acte final. Le suicide devient alors leur signature.

 

            C'est cette tendance que j'ai entrepris de combattre, en partie dans Meurtre en Ardenne et entièrement dans Délivrance. Je veux garder la mémoire de toutes ces personnes qui n'ont pas démérité, qui ont beaucoup donné, qui ont souffert et qui se sont estimées souvent incomprises.

 

            Je dédie cette présentation à la mémoire d'un proche – un collègue qui s'est donné la mort, il y a quelques années. Je la dédie également aux autres désespérés. Je la dédie enfin aux centres de prévention qui sont à leur écoute et qui essaient de leur rendre des raisons de vivre.

 

 En deuxième lieu, ce livre et les précédents, Le monde de Jonathan et Meurtre en Ardenne, témoignent de mon affection pour mes personnages.


 

            Rien d'original à cela, me direz-vous ! Tout auteur a de la tendresse pour ses personnages. À cette différence près qu'ici, il s'agit de personnages dont la douleur, à un moment donné, fut très aiguë. De personnes victimes de compulsion, d'anorexie mentale, d'angoisses, frappées d'une solitude extrême, atteintes dans leur honneur. De personnes qui sombrent dans un alcoolisme suicidaire ou dans d'autres addictions fatales. Victimes d'elles-mêmes, de leur famille, de leur clan, voire de la société.

 

            L'existence de ces personnes et des personnages de fiction  qui finissent par sehttp://www.bandbsa.be/contes2/delivrancerecto.jpg confondre, tant la vie est un roman – reste une énigme. Un roman ou des nouvelles n'expliquent rien. Ce n'est pas leur mission. Ils décrivent, tracent des portraits, posent des questions.

 

            Tous mes personnages sont des êtres débordant de désirs et de talents, des êtres pleins de vie. Ce sont également des êtres complexes et leur comportement est souvent ambivalent. Il y a ceux que vous connaissez, mais que vous découvrirez autrement : Romain Gary, Romy Schneider, Marilyn Monroe, Diane Arbus, Ernest Hemingway, Virginia Woolf, Vincent Van Gogh... et bien d'autres. Il y a ceux que vous ne connaissez pas encore : mes personnages de fiction : Alexia, Alban, Stephen George, Patty Schoenberg, Michael Appelbaum, John Middleton, etc... Enfin, ceux qui se situent entre fiction et réalité.

 

            Vous les découvrirez à travers leur langage propre. Délivrance privilégie le style direct, celui du théâtre et des romans.Avec humour et ironie. Rien de mortifère donc.

 

3- L'écriture requiert d'avoir tous les sens en alerte. Le premier est la vue. Mais c'est plus que la vue.


             Plus que la vue, c'est la visionplus exactement une vision. En d'autres termes,une façon de percevoir le monde.

 

            Deuxièmement, c'est une représentation imaginaire, une hantise, celle d'un monde qui est à la croisée des chemins et qui pourrait chavirer. C'est le sens de ma dernière nouvelle. Il y a dans cette nouvelle, qui s'intitule Patty Schoenberg, du nom de son héroïne, tout à la fois la description d'un monde en perdition et des raisons d'espérer.

 

            Ici, j'associe des personnages historiques à des personnages de fiction. Peut-être est-ce ma marque de fabrique ? Celle d'un romancier qui n'en demeure pas moins historien.

 

            Cette mixité-là, que j'assume, s'accompagne d'une mixité des genres : nouvelles, poésie, roman. La littérature est hybride. C'est une richesse plutôt qu'un appauvrissement.

 

            Enfin, il y a une continuité entre les histoires racontées dans le présent recueil. Cela signifie que des personnages réapparaissent dans d'autres parties du livre et qu'ils nous apportent d'autres éclairages.

 

4- "Le pourquoi du pourquoi" : les causes premières des suicides.

 

 

            À la lecture des écrits intimes de Marilyn MONROE, qui viennent d'être publiés en octobre dernier dans 14 pays (les Éditions du Seuil pour le monde francophone), on devine comment l'actrice en est venue à se suicider. À moins, bien sûr, que l'on penche pour la thèse du meurtre, ce que d'aucuns défendent non sans arguments.

 

            Quelques mois avant sa mort, le 8 juin 1962, Marilyn avait quitté le tournage deSomething's Got to Give, un film de George Cukor, qui est resté inachevé à la suite de la mort de l'actrice.

 

            Marilyn a gardé les stigmates de son enfance, une enfance sans père et la plupart du temps sans mère, une enfance triste. Elle s'était mariée à l'âge de 16 ans pour échapper à l'orphelinat. Elle est restée cette enfant peureuse, angoissée.

 

            Son autre face, ce sont ses rôles au cinéma. Elle a tout donné dans l'interprétation de ses personnages. Pour se perfectionner, elle qui était une autodidacte, elle a suivi les cours privés de Lee Strasberg et ceux de l'Actors Studio de New York. C'est justement Lee Strasberg qui avait tenu les propos suivants en sa présence : « il n'y a que la concentration entre l'acteur et le suicide. » Or Marilyn perdait toute concentration lorsque la caméra entrait en action : « Alors je me sens comme si je ne faisais plus du tout partie de l'humanité », (Fragments, p. 217.), écrit-elle à Lee au début de l'année 1956.

 

            Perdant sa concentration et désertant les lieux de tournage (le travail comme anti-dépresseur puissant), prisonnière de son enfance malheureuse, prisonnière d'elle-même, Marilyn ne pouvait que sombrer. Ce fut la nuit du 5 août 1962. Elle avait 36 ans.

 

            Marilyn n'était donc pas que cette blonde magique, cette femme sulfureuse qui fait  fantasmer les hommes. Elle s'interrogeait sans fin sur elle-même. Elle lisait. Elle écrivait aussi, ce que beaucoup ignoraient. Ses textes révèlent sa vision poétique du monde, sa grande lucidité sur elle-même, jusqu'à la mésestime... et sa fragilité.

 

            André MALRAUX écrit très justement dans La Voie royale : « Celui qui se tue court après une image qu'il s'est formée de lui-même : on ne se tue jamais que pour exister. » Image de soi, soif de reconnaissance, recherche incessante de sa liberté.

 

Voilà, sa présentation s'arrête, les questions naissent... J'aurais bien aimé être présente, ce jour-là, à cette séance... Du coup, je lui pose trois petites questions qui me trottent dans la tête... Je me lance, je lève le doigt, il me donne la parole...

Pourquoi avoir choisi la nouvelle et la poésie plutôt que le roman, par exemple ?

Le genre littéraire de LA NOUVELLE a beaucoup évolué. Ce n'est plus seulement un petit roman en condensé. " Délivrance " suit certains personnages d'une nouvelle à l'autre, parfois à plusieurs nouvelles de distance, de telle sorte que l'inconvénient de la nouvelle, à savoir d'être un roman en raccourci et donc de frustrer le lecteur, n'en est plus un. Alors, pourquoi la nouvelle et pas un roman, me diras-tu ? Simplement, dans le cas de Délivrance , la nouvelle s'est imposée à moi.
 
LA POESIE s'est également renouvelée. En réalité, elle est en perpétuel mouvement ! Et associer la poésie à la nouvelle m'a semblé être une bonne chose.

Pourquoi écris-tu ?

 
POURQUOI J'ECRIS : pour moi, c'est toujours un combat.
J'écris toujours " CONTRE ".
Ce n'est pas bien, n'est-ce pas ? Mais c'est ainsi ! A noter que je n'ai pas écrit contre le suicide, dans le cas présent ! Mais CONTRE l'idée que nous nous faisons du suicide et surtout des suicidés, même sans le vouloir.
Je n'ai plus rien à ajouter... Je baisse le doigt... Il ne me reste plus qu'à enter à pieds joints dans "Délivrance"...

Christine Brunet
www.christine-brunet.com
www.passion-creatrice.com
www.aloys.com

 

 

Publié dans interview

Partager cet article
Repost0

Pour que le jour se lève, partie 2 de la nouvelle de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

desguin

Avant un match de foot, les joueurs, ils se mettent en rang d’oignons et ils s’égosillent à dégueuler l’hymne national …Vous m’voyez pas mais j’suis debout, et j’fais semblant …C’est un peu ça qu’il se passe maintenant, sauf

que les trois trouillards, ils restent assis dans la bagnole, faut pas s’faire remarquer, n’est-ce pas ? Je m’explique …Dans cette revue, celle que mon frère et ses potes ils ont inaugurée, celle qui s’appelle Pour que le jour se lève, et bien, il y a une chanson…Ben oui, la chanson, elle s’appelle Pour que le jour se lève…Ben oui, c’est pour ça que la revue se titre le même !

C’est une chanson de révolution, une chanson pour se donner du courage, quand les jours sont mous comme des poupées gonflables et sans soleil, des jours asolaires quoi. …

Alors, Vivien, Doriane et Sabri, ils relèvent de cinq mailles leur cagoule et ils chantent la chanson, comme c’est prévu dans le programme.

Ils sont dans les temps et en sont fiers : les longues voitures noires garées à quelques mètres sont vides et la gonzesse qui vend sa pâte à trous vig’gauffra n’est pas dans sa cabane, ce sont deux repères de très grande importance.

 

Forts d’une émotion que je n’saurais vous gratifier, la tête en l’air et le bazooka plastifié pointé vers le bas, ils clament tous les trois, à l’unisson :

 

 

 

 

 

 

 

Pour que le jour se lève,

On chantera debout,

On chantera partout,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève !

 

Pour que le jour se lève,

On passera les portes,

On chass’ra les cloportes,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève !

 

Pour que le jour se lève,

On r’pouss’ra l’horizon,

On s’couera l’édredon,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève !

 

Pour que le jour se lève,

On rappel’ra Gavroche,

‘L’aura de l’argent d’poche,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève !

 

Pour que le jour se lève,

On nomm’ra les enfants,

Ils s’ront tous présidents,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève !

 

Pour que le jour se lève,

On d’viendra des géants,

Une fleur entre les dents,

Le printemps au bout des lèvres,

Le printemps au bout des lèvres,

Pour que le jour se lève,

Pour que le jour se lève,

Pour que le jour se lève !

 

Leurs yeux se mouillent mais ils respirent fort, comme pour s’assurer que l’air qui rentre est déjà plus léger, que c’est de l’air qui sait que les jours qui viennent sentiront bon l’azur et les vacances.

 

- Hé, les docs !

- ha oui, les docs, s’exclame Doriane, s’exclamant presqu’en même temps que son amoureux..

Sabri sort trois fardes épaisses, avec des étoiles rouges éparpillées sur les couvertures noires. En grandes lettres jaunes, on lit :

    POUR QUE LE JOUR SE LEVE !

-Six mois de boulot, ça, les gars, six mois de boulot, ça pèse ! Vous vous imaginez, les gars, la tronche de Fontignies, demain, après-demain, et tous les au’jours !

Comme pour approuver, Doriane jette la tête en arrière et Vivien, il lui caresse les cheveux.

 

Puis, ils baissent la cagoule et relèvent le morceau de plastic noir. Doriane porte son index à ses lèvres, comme pour montrer à Vivien qu’il a oublié quelque chose. Mon frangin, il s’en tape, alors, il secoue sa main vers l’arrière de son épaule, ce qui veut dire aujourd’hui – est – un – jour – important- et- rien- que – ce –jour-n’a – le-plus-d’importance !

 

Ils sortent de la carriole et en quelques rapides enjambées, ils pénètrent à l’intérieur de cet hôtel connu de toutes les vedettes, un de ces palaces avec un grand hall de marbre rose, des gardes de sécurité, et des réceptionnistes polis et de confiance assurée qui disent :

-  Bonjour monsieur, bonjour madame, oui bien sûr, nous demanderons que l’on n’oublie pas le ketchup dans votre lait chaud, comme le week-end dernier, oui, bien sûr, veuillez croire en notre bienveillance …

 

Dans les couloirs larges et bien éclairés, l’itinéraire du plan reste sans faille, l’accès aux sous-sols est un jeu d’enfant. Ils sont maintenant devant la porte de l’ascenseur B, celui qui les montera directement dans la grande salle dite Salle des XXIV. Les regards des trois héros s’entrecroisent : Il n’y a pas de mépris au fond de leurs yeux, simplement des tonnes de turbulences, de remous impossibles à vous décrire, des certitudes qu’ils guerroient pour quelque chose de bien, pour faire avancer la machine du temps et qui donnera à qui de droit les confettis multicolores des espérances. Avec, si possible, du miel et des sourires.

 

Dans cet ascenseur aux parois froides et métalliques, on n’entend que le bruit de leurs souffles…Le miroir accroché là leur renvoie l’image de trois jeunes adolescents, avec des cagoules, des casquettes, des dossiers sous le bras gauche et, dans la main droite, une apparence d’interdit. Ils pensent à la chanson Pour que le jour se lève, puisque c’est prévu comme ça. C’est prévu que pendant les minutes de mou, de vide, de points d’interrogation qui fondent, ils doivent penser à la chanson. Ce sont des paroles exprès, pour se donner du courage et activer les remous. Quatrième, cinquième, sixième étage, voilà !

D’un geste de mille tonnes, ils poussent la lourde porte et débarquent à pieds joints au milieu de la salle dite Salle des XXIV. Là, ils ne sont que dix.

 

Aujourd’hui, quand il me raconte cet instant précis, Vivien, il sue des gouttes qui font ploc ploc quand elles retombent par terre : Il sue des glaçons, allez savoir !

 

- Restez assis et que personne ne bouge, gueule mon grand frère !

 

Autour d’une table noire ovale comme un œuf, ils sont dix : sept hommes, et trois femmes. Devant eux, des petits cartons jaunes, verts, bleus, orange, et sur chacun d’eux, une lettre, soit un F, soit un W, on dirait des cartes de visite.

 

Sabri et Doria, ils balancent leurs armes en direction des dix individus, tous blancs, avec au milieu de leur visage carré, des yeux presque tous semblables, des yeux transparents, vidés de tout.

- Décidez-vous, et vite, qu’un de vous et un seul parle pour tous les autres, et dans la future langue nationale s’il vous plaît, l’espéranto ! 

Sabri, il dit ça avec de l’autorité dans les cordes vocales il a répété son texte, c’est sûr. Et ses gestes aussi. 

 

Alors, le plus gros des dix, un homme sans ride et sans sourire dessiné sur les lèvres, se lève et explique :

-  Que voulez-vous et qui dites-vous que vous êtes d’ici ? ?

-  En espéranto, insiste Sabri, énervé et certain de ne devoir rien concéder à ce costeau !

- L’espéranto, quoi, qu’est-ce ? Moi de l’ignorer de ce jour !!

- C’est un erreur, une grave erreur, claque Sabri !

Doriane et Vivien, eux, restent immobiles et armes en joue, ils observent tout.

 

Les neuf autres se jettent des regards de poissons n’ayant plus vu l’eau depuis soixante minutes.

Doriane prend alors les dossiers de dessous les bras gauche de ses deux amis et lancent ces gros paquets de feuilles au milieu de la table noire.

Toutes ces petites étoiles jaunes et rouges, c’est fort joli. Deux ou trois des neuf, ceux qui lisent vite, comprennent les grandes lettres jaunes :

Pour que le jour se lève !

 

Alors, d’une fois d’homme sûr de lui, Vivien stipule lentement, pour que les dix comprennent :

- Dans soixante- cinq minutes, quelqu’un vous apporte vos boissons, vous avez quarante-cinq minutes, pas une de plus, pour prendre connaissance de ces docs et un accord doit être signé, un accord transversal, entre le Nord, et le Sud ! Dans le cas contraire, vous tomberez comme des insectes que vous êtes ! Et c’est nous qui prendrons le pouvoir !

Des solutions ! Des solutions ! Actez ce que vous lirez ! Actez !

 

Vivien, il a des cylindres dans la voix. En une minute, il a mué. Il a grandi.

 

A partir de cet instant précis, les dix visages blancs, ils se plaquent sur les feuilles, ils ne lèvent pas le nez, les fronts se plissent, ils  se regardent à peine.

 

La suite ? J’vous la raconte…

 

Devant les cagoules, les artilleries, les étoiles jaunes et rouges, l’autorité absolue du triangle, les dix crogneugneux, ils potassent tous les docs, sans mots en ciseaux, sans concessions de montagnes. En quarante minutes, tout est bouclé. Des docs caillouteux appelés sécurité sociale, environnement, différence entre code de la route nordiste et sudiste, la cantine de tous les enfants du pays…et bien, pour tout ça, des solutions sont écrites. Et signées.

 

Du jamais vu ! Le roi, il avait délégué jusqu’à un clone de l’homme de Cro-Magnon, pour accorder les violons de ces musiciens des notes mortes ; il avait délégué des alligators, des terminators, des précurseurs de parti, des prétadeurs, des crucificateurs et même des annonciateurs : tous ces gens, des hommes, et aussi des femmes, n’avaient rien métamorphosé, rien.

Et voilà que trois angelots boutonneux sous la cagoule débarquent, récurent d’un lifting les échafaudages gouvernementaux et imposent un avis de pacificateurs….

 

Vous vous souvenez, y’avait un gars qui devait venir abreuver ces robots. Le sot, il était en avance, pour une fois. Il a alerté la basse-cour et tout un équipage de légionnaires arnachés jusqu’aux molaires.

 

Vivien, il tenait haut, comme un drapeau qu’on a envie d’inaugurer, l’avis pacificateur, alors, quand le roi est arrivé dans la salle des XXIV, - oui oui le roi est venu lui-même, pour une fois que les turbulences de mon pays sont pacifiées, a-t-il dit - , avec une voix d’écho de 21 juillet, et bien le roi, il a lu le texte. Il a félicité le triangle, Vivien, Doriane et Sabri, tout en leur donnant sa parole d’homme qu’ils ne seraient pas découpés au laser ni déposés dans un centre pour rebutés ni dans un centre de recyclés.

Le roi, plus que les féliciter il a fait, il les a re-mer-ciés. Il a ajouté :

- Grâce à vous, le drapeau flottera plus haut que d’habitude ! Puis-je devenir votre ami ?

La tête des crogneugneux, j’te dis pas.

 

Depuis, rien n’est pareil. Les vieux ne râlent plus. Vivien, Doriane et Sabri, ils sont devenus célèbres, même que j’peux certifier, ils sont devenus people.

 

Les journaux avaient affiché :

«  La Révolution des Feuillets ! Trois jeunes loups devenus amis avec le roi ! ».

 

Le roi, il a demandé à ses nouveaux amis – parce qu’il pensait qu’ils étaient vrais- s’ils voulaient pas continuer sur leur lancée, mais sans cagoule, sans penne, sans artillerie de ducasse, de mener les élus vers des feuillets de vérité, juste pour fractionner leurs émotions et pour que les choses avancent dans le sens des rêves citoyens.

 

Vivien, Doriane et Sabri, ils ont dit : « Non, ami ».

 

Vivien, Doriane et Sabri, ils musiquent : ils rock’n’rollent, ils slament, ils rapent. En souvenir de la Révolution des Feuillets, pendant les concerts, ils gardent leurs cagoules. Et leurs pennes. Dans leurs mains, une guitare. Il y a  des lumières, des étoiles rouges et jaunes qui flochent partout dans les salles.

 

La chanson Pour que le jour se lève, elle s’est vendue à des millions et des millions, elle a été clonée. Tous les enfants ont reçu et la chanson, et l’appareil qui la fait microsiller.

 

A la demande explicite des Nations-Unies, le groupe a sorti une version unique, en es-pé-ran-to. Du jamais vu !

 

Des millions d’humains, des hommes, des femmes, des enfants de toutes les couleurs viennent écouter le trio.

Les enfants ont tous une fleur entre les dents. Ils veulent tous devenir présidents….

 

Pour que le jour se lève, c’est aussi une revue de douze feuilles : elle se donne avec le premier cartable…

 

Et moi ? Et bien, je dors, je mange. Il ne me quitte pas, le livre des records 2011 : Vivien avait raison.

 

 

Ne le dites à personne : de mon grand frère, je suis très très fier !

Pas vrai, hein, Siloa ?

 

 

 

Carine-Laure Desguin

carinelauredesguin.over-blog.com

 

Publié dans Nouvelle

Partager cet article
Repost0

Pour que le jour se lève, partie 1 de la nouvelle de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

                         

desguin

 

POUR QUE LE JOUR SE LEVE …

 

 

Le livre des records… Vivien, il se marre, à chaque fois qu’il me voit le nez plaqué sur les pages bariolées de toutes ces choses lointaines et si proches, sciantes à vous saper le souffle, style l’engouffreur de kilos de boudin, style l’homme le plus tatoué du monde….

Vivien, il se marre d’une façon bizarre, comme s’il voulait dire : tu verras, un jour tu seras encore plus étonné, p’tit frère

Qu’est-ce que ça peut lui foutre, à ce grand, est-ce que je me mêle de ces affaires intérieures, moi ? Non ! Alors ? Qu’il retourne glander au milieu de ses bouquins et de ses copains du net, du web, des sms, tous des webcamés ! Techno-addict qu’il est, d’après c’qu’on dit…sans doute que ça s’ soigne, mais faudra attendre…

 

Ce matin, c’est pire que les aut’jours, j’sais pas c’qu’il a …Ses examens, ils sont derrière lui ; d’accord, les résultats, ils sont devant mais bof, il s’en tire à peu près, l’est pas si amputé qu’ça, mon grand frère…

Alors, c’est le gel, c’est ça, c’est le gel : ça lui glace les veines et ça limite ses conneries de débile, du genre de me détraquer la télé quand c’est Harry Potter au box-office familial, quel con ! Et dire que les vacances de Noël sont commencées depuis deux jours, tu parles d’une trêve …Depuis qu’il a mis sa tronche hors de son sac à dormir, il a les nerfs à fleur de peau. On dit ça, à fleur de peau. Moi je dis que ses nerfs, ils sont en dehors de sa peau. J’sais pas c’qu’il fume en c’moment , - pas les grandes feuilles vertes parce que j’ai oublié de leur donner leur bistouille -, mais ses nerfs, ils batifolent comme des fils électriques qui sauraient pas quelle ampoule allumer. Moi, je fais semblant de rien, j’hésite entre devenir l’homme, le seul, l’unique qui descend pas du singe et qui sait le prouver ou l’homme perdu dans la foule, qui descend du singe, mais qui sait pas le prouver non plus. Tout ça, ça occupe mon univers et ça me glisse des satellites dans la tête…Bientôt dix ans au compteur, et pour l’occasion, j’voudrais des évidences …

- Et alors, sac à puces, t’as encore bouffé tous les corn-flakes, tu veux devenir le plus gros mangeur de pétales, c’est ça, du con ?

Il dit ça et il regarde Siloa ; Siloa, il comprend tout, ses bronchioles lui soufflent les nouvelles du monde et je vois bien qu’il pressent du roussi, de l’étrange. Je vois ça dans ses yeux, plus visqueux, plus concentrés …

- Non, non, tu vas pas déguster Siloa, que je lui hurle, en me déscotchant le cul de la chaise, comme pour mieux appuyer mon opposition, c’est mon poisson, c’est mon poisson !

- Ouais ouais, t’as peur hein, que ton grand frère, il devienne le- grand- frère- qui- a- mangé- le- petit- poisson- rouge et il se met à chanter cette chanson de coincés comme un petit poisson …Hein ?

Et quand il vomit ces mots-là, Vivien, ses yeux sont pleins de vérités, et de grandes, de très grandes capacités. Effrayant, vous devriez voir ça, effrayant !

Là-dessus, mécontent de pas m’emmerder assez, il déplie ses dix doigts en éventail et s’approche de la mappemonde de Siloa !

- Non, non, pas Siloa ! Pas mon poisson, pas mon poisson !

Siloa, il a entendu qu’il se passait quelque chose et de derrière sa vitre, la scène doit être horrible, j’vous dis pas ; alors, malin comme il est, il se cache derrière le mur de légos et d’algues en thermodurcissables, ça le protège.

- ça va, ça va, du con, bafouille pas comme ça, je te le laisse, ton ver de terre gonflé de bave de crapaud …J’ai mieux qu’ça à faire, bien mieux qu’ça, p’tit frère, crois-moi ! Ton prochain livre des records, tu voudras dormir avec lui, manger avec lui… ! Hé hé hé !

- Pourquoi, pourquoi, dis-moi pourquoi ?

Alors Vivien, fort de ses élucubrations, il saute comme un kangourou qu’aurait gagné une médaille aux jeux olympiques d’hiver et il tournicote sur lui-même, pffff, impossible de vous décrire la scène…Dire qu’il s’agace ainsi, sans rien dans le corps, ni fumée de feuilles vertes, ni fumée des bars à chicha…Au passage, il happe une pomme et, tout en mordillant dans le fruit vert, il postillonne :

- Tu verras, tu verras, qui vivra verra, qui vivra verra …

Puis, il s’engonce dans sa grosse veste en jeans, celle avec de la fourrure O’Neil, à l’intérieur. ..

 

A la radio, on parle d’un accord sur une haute montagne, des accords lors des sommets de Cancun, qu’ils disent...La pollution polluera moins, si je comprends bien ! On parle aussi de désaccord entre les nordistes et les sudistes, c’est très compliqué, je ne comprends pas tout ! Ils font des réunions, des assemblées et tout ça pour pouvoir mettre le même prix sur les sachets de frites à la sauce andalouse ! Il paraît même que faute de gouvernement authentique, le prix du spéculoos est en chute libre, les chinois se tâtent…Enfin, si je comprends bien, c’est plus ou moins ça qu’il se passe, à peu de choses près …

 

Vivien s’en va. Avec lui, il n’emporte pas que des volutes de mystère, il tient un gros sac de toile noire, avec dessus, des petites étoiles jaunes et rouges. Lourd ce sac, c’est certain. Le grand frère, il a l’air de boîter, il penche comme la tour de Pise, tellement ça pèse du plomb, au bout de son bras.

Bing bing bing bing, c’est un sms. Irrité – il déteste qu’on coupe ses élans, mon grand frère - , il lit le message et tape quelques lettres aussi vite qu’une riposte d’un soldat de l’armée rouge : deux, trois tout au plus ..Donc, ça donnerait quelque chose comme oui, non, ok

 

Vivien, il est comme ça, des grands gestes, des mots qui claquent, avec jusqu’au bout des ongles, des suppositions de science-fiction. Je l’ai déjà vu partir comme ça, avec du pétrole à flamber dans le creux de l’estomac. Et le soir, il revient, tout calmé, il lance un sachet decuberdons sur la table, c’est sa façon à lui de nous offrir des fleurs, aux vieux et à moi…Les vieux disent que c’est normal, que ça passera, que ça s’appelle la cris’d’ado…Bien sûr, c’est pour ça qu’il y est toujours, sur mon dos, et sur celui de Siloa ! Les hautes martiennes qui se chauffent en-dessous des lampes économiques, c’est quand même moi qui dois les arroser…Mais je dis rien aux vieux, je sens bien qu’ils en feraient une affaire personnelle …Et puis pour eux, ce qui importe, ce sont les résultats solaires, ceux qui brillent le plus, alors …

 

Et le Vivien, il file, lourd de son sac et de ce je-ne-sais-quoi-d’autre-dans-sa-tête, jusqu’au coin de la rue, à deux pas de la grande chaussée. Là, entre Le Subway et La Bécasse, un autre sac de toile noire, avec aussi des étoiles jaunes et rouges, attend. A sa droite, Sabri, planté là de toute sa hauteur et de son paquet d’intelligence emballé comme un cadeau d’anniversaire…Sabri, c’est un des meilleurs potes de mon grand frère, on dirait des faux jumeaux. Si l’amitié c’était un piano, les touches noires, ce seraient Sabri et les touches blanches, ce seraient Vivien, rien qu’ça, c’est dire !

- Salut !

- Salut ! T’as pas envie de dégueuler, toi ?

- Bof, je n’ai croqué qu’une pomme, avec un trognon d’imagination, j’pourrais vomir du calva…Si seul’ment mon usine pouvait si bien turbiner !

- Toi t’as l’air vachement décontracté ! Moi, j’commence à avoir les clopes ! T’as écouté les infos, c’matin ? Y’a rien qui bouge depuis trois jours, rien de rien, statu quo, mon vieux…

- Ouais, une bande de crogneugneux, j’te dis pas !

- Pffff, fais pas chaud en plus ici, un d’ces courants d’air, pffff !

- T’inquiète, dans quelques instants, on va s’éclater, ça va péter et en disant ça, Vivien, il s’invente un air de dur et il tape un coup d’pied dans son sac…

 

Un brouillard londonien stagne sur la capitale européenne, on se croirait dans un roman de Charles Dickens …Les néons de la ville, habillés en lumières de réveillon, font oublier aux passants l’ambiance anecdotique et surréaliste qui couronne ce gentil royaume.

 

- N’dis pas d’conneries, c’est du sérieux, ‘joud’hui pour nous trois !

- Tiens, v’là l’troisième, justement, c’est la vieille fiat uno de la mémé …Si elle savait ça, la mémé de Doriane, elle qui me prend pour le p’tit gendre idéal…

 

A présent, ils sont trois dans le vent, une fille, et deux garçons. Sur la banquette arrière, à côté de Sabri, un sac de toile avec dessus, devinez quoi ? Des étoiles jaunes et rouges, gagné ! Vivien, il bise Doriane d’une façon plus mouillée que Sabri, il a le droit, c’est sa meuf du mois. Et qu’est-ce qu’elle a gagné, la meuf du mois de mon grand frère ? Et bien …Elle a gagné un ticket pour piquer la carriole de sa mémé …et tout ça, pour  …pour …. ? Là, faudra attendre un p’tit peu mais j’vous raconte, promis, juré !

 

Les trams avancent comme des crabes, avec dedans, de la chair d’humains, c’est comme ça tous les matins. Sur les vitrines, des couleurs vertes, rouges et blanches. On devine des Pères Noël, de la neige et des sapins …

- T’as eu facile, pour piquer les clés ?

Doriane hausse les épaules, l’air de s’en foutre. Les lèvres boudeuses et le front crispé, ça lui donne une allure de femme, ça lui va bien.

- T’aurais pas pu mettre un jeans, par hasard ? Tu sauras courir, avec cette jupe, rouge en plus ? Une jupe rouge !

- ben quoi, on est patriotique ou on ne l’est pas, au point où on en est !

Vivien, il dit ça pour se moquer, pour détendre l’atmosphère. Il est assis devant, justement parce qu’il l’avait vue, cette jupe et qu’il voulait éviter à Sabri, des mouvements impromptus, incontrôlables…

- ça craint ! Sabri, il dit ça comme ça, juste pour meubler l’espace…

Doriane prend un air intéressé, un air d’adulte qui annonce une situation importante style on se marie, on divorce, on déménage et dit :

- Au cas où ça vous dit, tout est en ordre !

- ben oui, j’ai capté ton sms , cinq sur cinq, j’ai même répondu …

- Tout, t’es sûre, s’inquiète Sabri ?Ils seront là où ils doivent être ?

- Oui, le réceptionniste a lâché tout l’morceau hier soir, son seul remords était que je n’suis pas majeur, alors …

- Il a tout craché ?

- Tout, les horaires, le nombre de ceci, le nombre de cela, et, cerise sur le gâteau, il m’a même spécifié le menu, de l’apéro jusqu’au dessert, l’imbécile ! Donc, tout est comme prévu, tout est comme dans not’répèt’ de l’aut’soir !

- Putain, le fumier ! Et qu’est-ce que t’as r’ssenti, toi, en t’envoyant en l’air juste comme ça, pour la gloire ? Avec un ducon en costumes –cravates-cheveux laqués ?

- Du patriotisme, voyons, du patriotisme ! Monsieur Fontignies l’a dit des centaines de fois, « Les enfants, soyez patriotes, toujours » !

Et Doriane, elle dit ça avec du sucre dans la bouche, pour faire saliver Vivien ; les filles, c’est comme ça, elles aiment nous faire bisquer, juste pour constater la météo de nos sentiments …

- Pffffff !

Sabri s’éclate de rire et pour amortir le bruit, il se fourre le nez dans un des sacs en toile noire…

 

 

C’est comme ça qu’on écrit l’histoire, qu’ils disent souvent les vieux et toutes les autres bouches savantes qui nous racontent le pourquoi et le comment des choses. De Vivien, Doriane et Sabri, on en parlera aussi, plus tard. Et pour longtemps …

Tiens, faut que j’vous dise…Vivien, cette nuit, il chuchotait dans le téléphone et il dessinait de grands gestes dans le noir de la nuit, comme si l’autre enfoiré, au bout des ondes, il le voyait…L’autre, cétait Sabri, il me semble …

Toutes ces paroles de hauts dignitaires et de généraux d’armée, ça m’a élargi les rêves et pour un peu, je me suis senti fier d’être le petit frère d’un mec qui planifiait des projets …

Parmi tous les autres, des mots relevaient la tête : politique, Muette de Portici, monsieur Fontignies, livre des records, solution, patriotisme et,  il faut en finir avec tout ça ! Solution, j’sais pas trop si j’dois le mettre au singulier ou au pluriel et de toute façon, avec les autres mots autour, c’est assez grave comme ça, il me semble.

Dans la bagnole, ça parle, ça suppose ; ça se tord aussi, du côté des boyaux. Ils ont beau étudier le latin, l’histoire, la géographie, ils ont beau être les loupiotes d’apprentis-journalistes d’un mensuel appelé Pour que le Jour se lève, la perspective de mots comme solution et patriotisme, ça craint !

 

- Elle connaît pas le gps, ta mémé ?

- Ma mémé, elle ne court pas après les révolutionnaires, elle, donc, ça limite ses territoires ! D’toute façon, on arrive à la planque !

- Arrête la radio alors, ça me distrait, j’ai besoin de faire le vide en moi…Vous n’avez pas oublié vos rôles, vous deux ?

- T’in-qui-è-teeee articule Sabri, j’connais la séquence par cœur ! Sauf si ces crabes décident de ronfler dans une aut’salle …

 

Et, continue-t-il en soupirant, dire que tous ces paumés qu’on croise vont bosser et que nous au lieu d’ça, on …

- Faut bien qu’ils paient leurs impôts, lui dit Vivien en interrompant son pote…

- Voilà, stop, on s’gare ici, comme prévu, l’hôtel est juste là, plus loin …

- Vous croyez qu’ils sont déjà tous arrivés ?

Doriane hausse les épaules et dit :

- Des mecs avec des dossiers pleins les bras, ça porte une horloge dans la boîte crânienne, t’inquiète va, Sabri d’mon cœur …

Avec des gestes qui suent la peur et tout ce qui va avec, Sabri ouvre les trois sacs et commencent sa distribution de chocolateries, une artillerie de seconde main…

- Mitaines ! Et, dans un geste stéréotypé, il donne aux deux autres des mitaines jaunes.

- Youyou, fun, fun, fun, lance Vivien, avec un air enragé et un rire sarcastique, je vois déjà la tronche de monsieur Fontignies, demain, quand il lira le journal !

- Cagoules ! Et ils enfilent sur leur tête, allumée de révolutions, de rêves de toutes sortes, un gros lainage rouge, avec juste deux orifices qui laissent percer leurs yeux gonflés d’insolence, d’horizons lointains, de pirates dans les îles aux trésors.

- Canons ! Là, ça fait boum dans le cœur des trois amis et ils prennent chacun entre leurs mitaines une arme de ducasse, une arme lourde mais noire, d’un noir- charbon- de- la- période- industrielle- qui- vomissait- du- charbon- noir- et- du- pain- avec- de- la- mie.

- Casquettes ! Et en arrière la penne ! Faut assurer !

 

A ce moment-là, mon grand frère, sa meuf et leur pote, ils ont comme des cailloux en travers de leur gorge, ça leur racle le gosier, ça les empêche de saliver. Dessous les cagoules et les pennes, la sueur perle.

 

A suivre demain...

 

 

Carine-Laure Desguin

carinelauredesguin.over-blog.com

 

Publié dans Nouvelle

Partager cet article
Repost0

A LA UNE... et le journal de bord d'Hugues Draye

Publié le par christine brunet /aloys

 

Micheline Boland et son magasin de contes dans "L'avenir"...

 

 

ScreenShot101.jpg

 

Christine Brunet dans "Le Courrier du Jura"

 

dedicaces-Zadig.jpg

 

Une critique de Nid de vipères sur le site "parfum de livres"

 http://parfumsdelivres.blogspot.com/2011/06/nid-de-viperes-de-christine-brunet_30.html

 

et de Dégâts collatéraux 

 http://parfumsdelivres.blogspot.com/2011/06/degats-collateraux-de-christine-brunet.html

 

 

 

 

******************************************************************************************************

 

Avis !!!! 

 

Ce blog ouvre ses portes aux auteurs non édités par Chloé des lys. Auteurs édités à compte d'éditeur ou auteurs ayant obtenu des distinctions (prix en poésie, nouvelles, romans, etc).

 

Une nouvelle rubrique va donc naître dès la rentrée... "l'invité(e) d'Aloys". Pour les auteurs qui désireraient participer, envoyez-moi une biographie et votre texte via le contact de ce blog.

 

 

******************************************************************************

 

 

petits-papiers-logo.jpg

 

Je vous rappelle que la revue n°2 "les petits papiers de Chloé est sortie ! Si vous ne l'avez pas encore commandée, ce sera pour la rentrée, en septembre. 

 

En revanche, la revue n°1 est consultable sur le site de Bob Boutique www.bandbsa.be/contes.htm dont le lien est dans la marge du blog.

 

*************************************************************************************************

actutvcarre.jpg

Je rappelle également que l'émission Actu TV est visible via le site de Bob Boutique. Prochaine émission, fin septembre avec tout plein de surprises !!!!

 

 

************************************************************************************************

*************************************

Le journal de Hugues Draye d'aujourd'hui...

 

J'ignorais que les hêtres pouvaient pousser aussi haut ... rien qu'au bout de sept ans.


J'ignorais, y a pas longtemps, qu'il ne faut pas semer des choux les uns trop à côté des autres.


Je retiens une expression d'un ami, hier, quand on a parlé de Lacan, le célèbre psychanalyste : "Je me demande si, à propos de lui, ce qu'on retient surtout, ce n'est pas ... la sacralisation de ce qu'on ne comprend pas"


On s'est baladés dans la région de Durbuy, Barvaux. Hier. Septon, Borlon, Palenge, ça vous dit ? Un vrai paradis.


Certains anciens champs de vache, par là, sont de véritables réserves naturelles. Même si les orties prennent parfois trop de place. Mais bon : y a des pruneliers, des noyers. Et des chien(ne)s efficaces ... pour avaler les taupes.

 

 

Hugues Draye

www.myspace.com/huguesdraye 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Retour sur le salon de Vannes... par Sophie Vuillemin

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes/vuillemin.jpg

 

Salon de Vannes. 19 Juin 2011.

 

Un salon connu et reconnu. Josy et moi, après des retrouvailles glamour sur le parking de la Foirfouille (mais pourquoi y'a toujours du vent, de la pluie, de l'eau dans nos sandales et les pieds couleur schtroumpf à cause du froid quand nous participons à des salons ?), partons direction Vannes.

A Vannes, il y a Jean Teulé, Guy Carlier, Françoise Dorin, Véronique Olmi, David Foenkinos, et j'en oublie, bref, des pointures de l'écriture qui éviteraient les rimes en ure.

Le salon a lieu dans les jardins des remparts, je dis : "on pourra jamais se garer, ils ont mis des barrières partout." mais Josy baisse la vitre de la voiture et crie "On est des auteeeeeeurs!" Clac, ni une, ni deux, le type en gilet jaune écarte une barrière métallique et libère une place pour nous. Il demande si l'emplacement nous satisfait. Je n'en reviens pas.


On nous remet un badge de pro. Un sac empli de goodies. Une jeune hôtesse me souhaite un bon salon. C'est clair, j'me la pète grave.

On nous sert un buffet de folie. Les allées grouillent de visiteurs. On se prend pour des stars. Enfin, presque, les stars ne photographient pas tous les coins de stands, elles ne s'extasient pas "oh, tu as vu, on a un autocollant", elles n'essaient pas de récupérer les tee shirts des hôtesses.

 

Mais je me demande si les stars de l'édition ont autant ri que nous lors de cette formidable journée ! 

Je remercie sincèrement:

-L'association des Ecrivains Bretons, et plus particulièrement Josette David, qui m'a permis de participer à cette manifestation

- Mes voisines de stand, Josy, Lisa lo Bartolo et Josiane Begel, pour leur bonne humeur.

- Et bien sûr, les organisateurs pour la qualité de leur accueil. 

 

 

Sophie Vuillemin

http://sophievuillemin.over-blog.com/

Publié dans Textes

Partager cet article
Repost0

D'une mère à l'autre, un poème de Françoise Castera

Publié le par aloys.over-blog.com

 

amis.JPG

 

D’une mère à l’autre

 

tu vas retrouver ta maman

mais ta maman chéri c’est moi

vas-tu faire fi de tout ce temps

où j’étais toujours là pour toi

 

pourquoi es-tu parti si loin

tu ne m’as pas dit au revoir

et apparemment sans chagrin

sans émotion sans un regard

 

as-tu crains que je me révolte

as-tu crains aussi mes sanglots

ce que j’ai semé je récolte

tu n’es pas un être falot

 

tu es un homme et tu es fort

tes sentiments sont en veilleuse

pourras-tu me sourire encore

pourrais-je encore être joyeuse

 

je suis celle qui t’accueillit

et aussi celle qui t’a cueilli

quand tu étais dans la souffrance

et quand tu vivais dans l’errance

 

quand tu étais un tout petit

un oisillon  hors de son nid

un petit bonhomme de rien du tout

un petit bonhomme perdu, partout

 

pourquoi es-tu parti si loin

je suis ta vie et ton pays

et mon amour n’a pas de fin

je t’ai aimé plus que ma vie

 

si ma raison comprend ta quête

c’est mon amour qui la refuse

je resterai toujours inquiète

et te présente des excuses

 

si jamais je ne peux te revoir

je ne pourrai pas oublier

nos premiers mots ni nos espoirs

ni ta façon de m’enserrer

 

si tu retrouves ta maman

dis-lui combien je t’ai aimé

dis-lui comment je t’ai aimé

et que tu m’appelais « maman »

 

 

Françoise Castera

Publié dans Poésie

Partager cet article
Repost0

"Comme Poussin est à la mer"... Une nouvelle de Bob Boutique

Publié le par aloys.over-blog.com

 

bobclin

 

Comme Poussin est à la mer…

 

Je viens encore de me ramasser un râteau… je  vous dis que ça. Pan, en pleine poire.

 

Et pourtant… ce n’était pas vraiment Angélina Jolie, ni même la jolie Angélina. Non, je dirais plutôt : Marie-Thérèse Quelconque.

 

Mais ça a quand même foiré. J’ai du rater une étape !

 

Je l’avais remarquée dans un BBQ à Bruxelles…

 

Comment ? Vous ne savez pas ce qu’ est un BBQ ? Un barbequeue… voilà. C’est elle qui mettait les saucisses à griller, avec un grand tablier blanc et beaucoup de fumée autour… on aurait dit jeanne d’Arc sur le bûcher.

 

Bon, elle était pas terrible, terrible… un peu ronde, genre qui flotte toute seule dans la piscine. Elle avait remonté ses cheveux sur le crâne comme une pelote de laine, rapport à la graisse… et comme elle y avait enfiché les pics en fer et agitait un bout de carton pour attiser le feu…. Elle ressemblait un peu à une grosse geisha. Sauf qu’elle avait remplacé le blanc du visage par du rubicond, style très très bonne santé.

 

En fait, elle agitait tout en même temps…

 

trois mentons, deux ou trois seins ( en tous les cas il y en avait beaucoup ) et une paire de fesses… style ‘cette fois c’est bien décidé, je vais à la gym’.

 

Mais faut être juste. Moi non plus, je ne suis pas terrible, terrible. Alors je me suis dit comme ça… comme Poussin est à la mer pour la semaine et moi tout seul ici à Bruxelles, comme qui dirait… abandonné ? Je me suis dit… pourquoi pas ?

 

Un, elle était venue seule, en tram.

 

Deux, elle était donc « reconductible »

 

Trois, comme elle cassait rien et moi non plus… on était quelque-part fait l’un pour l’autre.

 

Alors, je tourne un peu autour, l’air de rien, pour vérifier  la marchandise, j’hésite, je soupèse, j’évalue, pour conclure enfin qu’elle avait un bon rapport qualité/prix.

 

Et là j’attaque.

 

J’ai un truc qui marche pas mal pour l’instant. J’ai lu ça dans la page spychologie de France Dimanche.  Tu abordes la gonzesse par derrière,  franchement en lui mettant la main sur l’épaule, et tu dis avec un sourire à la Brad Pitt ( oui, bon… faut un peu travailler. Mais c’est le principe qui compte ), donc tu lui dis : « Laisse moi faire Monique, ça c’est un boulot d’homme ».

 

Ben oui : « Laisse moi faire Monique, ça c’est un boulot d’homme ».

 

La meuf elle se retourne estomaquée, avec tous ses plis qui suivent avec un temps de retard,  sa pelote de laine qui flanche et ses yeux rougis par les braises et là, il faut aller très vite, pour l’empêcher de penser.

 

« Ah, toutes mes excuses Mademoiselle, de dos, je vous ai prise pour ma petite cousine. »

 

Succès garanti .

 

Si c’est une vieille rombière, elle se met à minauder en chevrotant dans son dentier, si c’est une pétasse elle va remonter ses phares de camion et si c’est Marie-Thérèse Quelconque, blonde de surcroît, elle va rester bouche bée en demandant ce qu’il faut faire a son petit cerveau qui va lui répondre après de longues secondes d’ hésitation qu’il n’en sait rien… J’en sais rien. J’sais pas. J’ai rien compris. Débrouille-toi.

 

Bon, les préliminaires, c’est fait.

 

Chapitre deux : la travailler au corps. C’est une expression bien sûr… j’en suis pas encore là.  Disons, se mettre en place.

 

La technique, c’est de parler tout le temps, en posant des questions auxquelles on répond soi-même, SANS OUBLIER ( ça c’est capital ) de glisser une petite flatterie toutes les deux phrases… « Alors là, le boulot ça vous connaît ! » « Elles ont l‘air délicieuses vos cuisses de poulet, on dirait que vous avez fait ça toute votre vie ! », « j’aime bien votre chemisier, c’est frais et coloré ! (on dirait une tenture de salle de bain) »  Etcétera.

 

Bref, je la tartine au choco nutella , je cours lui chercher à boire … « une jup à la bouteille, pas de chichis », prends le relais pour agiter le carton, lui raconte des blagues simplistes pour la faire rigoler  et tourne autour comme une grosse mouche bleue autour d’une flatte de vache, tout en imaginant déjà les combats de sumo que je vais échanger elle ce soir, style tableaux de Rubens.

 

Je suis en nage. Elle aussi. Nous sommes en nage. On fume presqu’autant que le BBQ. Heureusement qu’il ya les frittes et les aromates pour masquer l’odeur de nos aisselles.

 

V’zallez pas me croire, mais c’est qu’elle commence drôlement à m’agacer la gonzesse, avec vue plongeante dans son corsage déboutonné (elle porte un soutien en dentelle rouge) et la marque de son slip sous sa jupe trop tendue. Elles portent toujours une taille en dessous, c’est psychologique.

 

Hé bien non !  J’ai pas pu me la faire.

 

J’ai pris un râteau et un fameux… comme celui qui traîne au jardin, retourné dans le mauvais sens, les pointes en l’air… vous marchez dessus, ça fait levier et vlan… vous ramassez le manche sur le pif.

 

A la fin du BBQ, quand tout le monde commençait à partir, y a une radasse qui s’ est rappliquée, genre camionneur, avec des cheveux courts , une grosse veste de cuir, un pantalon de famille et une paire de santiags. Elles se sont embrassées goulument sur la bouche avant de me laisser sur la touche ( tiens ça rime ) ( c’est pas ce soir qu’ on couche) (je prendrais bien une bonne douche) ( c’est une histoire un peu louche)  avec un ‘tit bisou sur la joue en guise de merci.

 

M’en fous. Y’a foot ce soir.

 

Bob Boutique

www.bandbsa.be/contes.htm 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Nouvelle

Partager cet article
Repost0