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Christine Brunet a lu "Par la fenêtre" d'Alain Delestienne

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

ma photo

 

 

 

J’ai lu « Par la fenêtre », d’Alain Delestienne

 

 

Comment vous parler de ce très court roman d’Alain Delestienne ? Voilà des semaines que je l’ai lu… quelques heures seulement que je l’ai re-parcouru : pas parce que je ne me souvenais plus de l’histoire mais bien pour me replonger dans son ambiance.

 

La première de couverture est bien choisie, une invitation poétique, une invitation au rêve.

 

http://www.bandbsa.be/contes3/parfenetre.jpgPar la fenêtre est une tranche de vie, celle d’Henri, un ancien instituteur, solitaire, rêveur, qui vit sa vie au travers de la nature qui l’entoure et l’inspire, respire au fil des saisons qui défilent. Un évènement va rompre le cours de sa vie et le rapprocher de l’humain. Lequel ? Je vous invite à le découvrir...

 

Une jolie écriture et de belles descriptions nous entraînent dans le quotidien d’un être curieux de tout mais que son corps abandonne peu à peu. On connaît tous un « Henri », ce qui fait que ce personnage nous interpelle dans sa normalité et ses faiblesses.  

 

Ne vous attendez pas à des aventures palpitantes, des retournements de situation : cette longue nouvelle nous ramène à nous, tout simplement.

 

Petite originalité à chaque fin de chapitre, une pirouette de l’auteur qui interpelle le lecteur et s’amuse en quelques mots comme s’il voulait, ainsi, le tirer de sa rêverie.

 

Voilà un livre qui ressemble furieusement à son auteur ! 

 

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

 

Couverture Nid page 1

Publié dans Fiche de lecture

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Des articles de journaux pour les auteurs Chloé des lys

Publié le par christine brunet /aloys

P1080118.JPGcarabintelepro.jpg

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Gauthier Hiernaux nous présente "Histoire de moi", le livre posthume de son père, Michel Hiernaux

Publié le par christine brunet /aloys

Michel Hiernaux... Un auteur Chloé des lys qui avait eu la gentillesse de répondre à mes questions sur Passion créatrice en 2011 (http://www.passion-creatrice.com/article-michel-hiernaux-61223235.html), un peu avant son décès. Il nous avait présenté son dernier né, H.I.E.R. et nous annonçait " Histoire (s)de moi ".

 

Son ouvrage est en passe d'être référencé et j'ai demandé à son fils, Gauthier, de bien vouloir m'en parler... Comme toujours, il a été prompt à me répondre !

 

 

Gauthier, peux-tu nous présenter à nouveau Michel Hiernaux ? Qu'a-t-il écrit ?

 


http://www.bandbsa.be/contes2/hiernauxmichel.jpgMichel, mon père, était un professeur de français dans l’inférieur. Il aurait voulu vivre de sa plume, mais la vie en a décidé autrement.
Il a commencé à écrire sur le tard. Sa première publication a été un livre pour enfants baptisé « Tétine ». L’ouvrage est sorti en 2005 chez Chloé des Lys. On peut donc dire qu’il a été l’un des pionniers de notre maison d’édition.

 


http://www.bandbsa.be/contes2/tetine.jpg

 

 

Il a ensuite fait publier un recueil d’aphorismes (Water l’eau) puis un recueil de poésies (H.I.E.R comme hier). J’aime beaucoup ce dernier car il contient les paroles des chansons qu’il nous interprêtait lorsque ma soeur et moi étions enfants. C’est un bel héritage pour nous.


Pourquoi ce dernier livre ? Quel en est le thème ?


http://www.bandbsa.be/contes2/hierhiernaux.jpg

 

 

 

Lorsqu’il a appris qu’il était condamné par la maladie, il a mis en chantier ses mémoires qu’il a intitulé Histoire(s) de moi. Il ignorait s’il allait vivre encore quelques semaines ou quelques mois, alors il a décidé de rédiger cet ultime roman sous forme de petites nouvelles de quelques pages.
C’est un véritable florilège des anecdotes de sa vie. 

 

http://www.bandbsa.be/contes3/histoiremoi.jpg

 

 

 

Comme il est décédé avant de pouvoir faire la maquette, j’ai divisé « Histoire(s) de moi » en trois parties qui correspondent aux trois moments majeurs de sa vie : l’enfant, l’adulte et le grand-père. Les récits ne sont aucunement mélancoliques, bien au contraire ! Mon père avait l’humour facile et il faisait souvent mouche. Les personnes qui ont déjà lu « Histoire(s) de moi » m’ont affirmé avoir beaucoup ri.


J’ai placé un extrait sur mon site. Celui-ci s’intitule « Mon école est un jardin »  http://grandeuretdecadence.wordpress.com/2013/03/27/mon-ecole-est-un-jardin-michel-hiernaux/

 

Un résumé ?  http://grandeuretdecadence.wordpress.com/2013/01/10/histoires-de-moi-michel-hiernaux/ 

 

Bonne lecture !

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans interview

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Carine-Laure Desguin membre des Artistes de Thudinie...

Publié le par christine brunet /aloys

 

Les-Artistes-de-Thudinie-001.JPG

 

 

Voilà. C'est fait. Ils ont voté. Qui, quoi, quand, et alors? 

Depuis le vendredi 5 avril (erreur de date dans le courrier, l’émotion sans doute !), je suis officiellement membre du groupe "Les Artistes de Thudinie". 

De l'émotion pour moi, quand même, lorsque Thierry Haumont m'a communiqué cette heureuse nouvelle. Une majorité aux 2/3 était requise, mais sans la fumée blanche (je précise, pour les petits malins...)

"Les Artistes de Thudinie", une association de musiciens, de peintres et d'écrivains. Fondée par le thudinien Roger Foulon, cette association reste très active depuis plusieurs dizaines d’années et je suis ravie de rentrer dans ce cercle.

 

Voici le lien vers l'interview de Thierry Haumont qui nous parle de Roger Foulon, de la revue Le Spantole, et des Artistes de Thudinie. 

 

      http://carinelauredesguin.over-blog.com/article-84-la-revue-litteraire-le-spantole-intervieuw-de-thierry-haumont-et-arlette-doffigny-116513437.html

     http://www.lesartistesdethudinie.be/

Voilà donc une médaille en plus sur ma casquette et cela signifie que je me dois de persévérer dans mes écritures...



http://carinelauredesguin.over-blog.com

 

enfantsjardinrimage-1

 

Publié dans ANNONCES

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Anne Renault a lu "Lovebirds" d'Edmée de Xhavée

Publié le par christine brunet /aloys

 

renaultanne

 

Anne Renault a lu  « Lovebirds, Récits de mal d’amour », d’Edmée de Xhavée, paru en 2012 aux éditions Chloé des Lys », Belgique.

Avec fantaisie, humour, émotion, délicatesse toujours, Edmée de Xhavée nous livre, au fil d’histoires toujours parfaitement menées, sa vision douce-amère de l’amour. Parfois mascarade, expression des conventions les plus rigides, parfois jaillissement de l’âme, expression accomplie d’une personnalité et d’un destin.

« Lovebirds », la première nouvelle, nous présente des personnages archétypiques, à la limite de la caricature, un « petit caniche » de mari et son épouse, une narcissique dominatrice. Perdus dans un désert, loin de tout regard, de toute société, les époux laissent exploser avec une extrême violence la vérité de leur relation, une haine féroce. Mais dès leur retour à la civilisation, leur entente délétère se renoue. Faisant fi de leurs rancoeurs, de leurs désirs déçus, chacun reprend son rôle et reconstitue l’image d’un couple parfait.

Cette satire cruelle, qui inaugure le recueil, pourrait laisser présager une version bien pessimiste de l’amour…

« La joie de Chérie » ne nous détrompe guère. Chérie vit l’amour-prison, l’amour-dépendance pour un homme qui se détache vite d’elle, et qu’elle a pourtant décidé d’aimer « à vie ». Aliénation, souffrance, obstination stupide ou névrotique, tel est le lot de Chérie. Quant à sa « joie », bien plus que dans le retour de l’infidèle, elle apparaît lorsqu’elle découvre, dans la solitude et la vieillesse, la beauté du monde, le parfum des fleurs de son jardin, l’affection de ses amies.

« Un amour d’amnésie » est une jolie version du « secret de famille », thème cher à Edmée de Xhavée. Amour caché et impossible, père au grand cœur, quelques larmes. Une histoire à laquelle les descriptions de la belle nature du sud-ouest de la France évitent toute tonalité tragique, ne laissant subsister qu’un parfum de mélancolie, et le regret des années perdues.

« Carte numéro 13, la mort », qui met en scène un meurtre et ses conséquences, est, paradoxalement,lovebirds finish (1) une des nouvelles les plus apaisées du recueil. Ici, l’amour est salvateur, généreux et tendre. Nous y trouvons une figure du pardon, thème central de « La piste des larmes », ainsi que grande idée qui domine « De l’autre côté de la rivière, Sibylla », deuxième roman d’Edmée de Xhavée, celle que l’amour exerce des pouvoirs bénéfiques par-delà la mort.

Les deux nouvelles suivantes, « Un dimanche en famille » et « L’amour d’une mère », illustrent bien plutôt, en revanche, le « malamour », en évoquant, dans la première, la suffisance et l’égoïsme d’un macho qui « veut essayer avant d’acheter », et, dans la seconde, l’amour mortifère d’une mère. Et même si les derniers mots du fils sont destinés à sa « famille »,  vraie ou fausse, il n’en reste pas moins vrai que nous trouvons dans « maman Monique », une bien belle incarnation de la mère castratrice et toute-puissante.

Avec « La piste des larmes », issue de l’expérience américaine d’Edmée de Xhavée, nous voici dans un autre monde, rustique et sauvage, dans une civilisation modelée par un passé indien. Mais là règne l’amour vrai, au-delà du meurtre, au-delà du drame, un amour qui témoigne de l’universalité des sentiments forts.

Enfin, le recueil se clôt sur la magistrale nouvelle, « Le grand amour de Tatia », véritable hymne à l’amour, qui s’impose comme LA grande valeur, source de beauté et de vérité. Amour fou, amour passion, réalisation de l’être, auquel on se doit de céder.

Ainsi, rendus parfois indécis sur la position de l’auteur, nous comprenons enfin que dénoncer les « contrefaçons » de l’amour n’est qu’une autre façon de mettre en valeur son original.

Petites touches de quotidien, grande attention portée aux choses et aux gestes anodins et doux -  allumer une bougie, contempler un coucher de soleil – viennent tempérer la causticité de certains récits et l’atténuer, comme d’une d’une brume légère et parfumée.

Variations sur thème, et, pour garder la métaphore musicale, jeu sur toute la gamme, voilà ce qu’Edmée de Xhavée nous livre dans « Lovebirds », où s’exprime au bout du compte un hommage à la puissance et à la beauté de l’amour.

 

 

Anne Renault

 

suicide anne

 

Publié dans Fiche de lecture

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Marcelle Pâques : L'écriture comme un pont au dessus du néant, un chemin à parcourir vers moi.

Publié le par christine brunet /aloys

Marcelle Pâques, c'est une présence sur le blog Aloys, un univers qu'on découvre peu à peu depuis quelques mois au fil des vers qu'elle nous propose.

Et voilà, son recueil arrive : impossible de ne pas lui demander de me parler de son livre, de son écriture. 

 

livre-paques-001.jpgDepuis quand écris-tu?
 
Petite fille, je lisais beaucoup, j'aimais m'isoler et rêver. Vers mes 8 ans, j'ai écrit mon premier poème pour participer à la page 
des petits poètes du mercredi dans le journal " Le Soir".
J'ai été sélectionnée dans les 10 meilleurs du mois.
 
Tu écris des poèmes, pourquoi ce choix de la poésie?
 
Kierkegaard, un philosophe notait que la vie d'un poète s'apparente à une lutte avec la réalité toute entière...
Pour moi ce n'est pas une lutte mais une autre vision de la réalité.
Comme un rayon de soleil transforme le paysage, la poésie illumine ma vie, réinvente les jours.
Je pense au tableau de Magritte " Ceci n'est pas une pipe".
 
Un genre littéraire qui te colle à la peau ?
 
P5270041.JPGPas particulièrement, en littérature comme en musique, je suis éclectique, j'aime les rencontres, les émotions.
Mon premier coup de coeur " Le Petit Prince".
Ensuite, Prévert, Baudelaire, Aragon, René Char et beaucoup d'autres...
J'ai adoré " La petite dame en son jardin de Bruges". Charles Bertin- un  portrait d'une tendresse irrésistible !
  - Milena Agus - " Mal de pierres". Mystère, passion, un style sobre et poétique...
  - Athina Papadaki - " La brebis des vapeurs".-Et son superbe poème - L'évadée de l'évier-
 
As-tu écrit des nouvelles ou des textes plus longs?
 
J'ai écrit des contes pour mes enfants et petits-enfants, les derniers " Les aventures de Billy".
Un ours magique qui se transforme la nuit pour résoudre les problèmes des enfants.
 
Définis le mot écriture...
 
L'écriture comme un  pont au dessus du néant, un chemin à parcourir vers moi.
C'est aussi un partage, une rencontre avec les lecteurs.
Une aventure toujours, car parfois le chemin bifurque presque à notre insu et nous découvrons des horizons
insoupconnés.
 
Crois-tu la poésie capable d'aborder tous les thèmes ?
 
Oui ! Tout est permis dans la palette des sentiments.101_4475.JPG
Dans la forme, classique, libre, haïku,tercet, etc...
C'est donc l'infini des possibilités, mais pour moi c'est aussi une certaine façon d'appréhender la vie.
J'adhère à cette pensée de Romain Gary :
" Je suis devenu prudent, je feins l'adulte, mais secrètement, je guette toujours le scarabée d'or, et j'attends qu'un oiseau se pose sur mon épaule, pour me parler d'une voix humaine et me réveler enfin le pourquoi et le comment ?"

 

Crois-tu qu'un auteur met autant de lui-même que dans un texte en prose? Plus? Moins?
 
Tout dépend du choix du sujet. Pour ma part il y a parfois un peu, beaucoup, pas du tout ...
 
Parle-moi de ton recueil, le thème...
 
Le premier paru chez Chloé - " Bientôt les jonquilles".
C'est une métaphore, quand les ennuis tombent sur nous comme des flocons de neige...
Il nous reste l'espoir, le renouveau, la lumière qui change le paysage des jours...
 
Le deuxième qui vient d'être accepté - " Pourquoi pas?".
En fait, je me suis inspirée d'une citation de Georges Bernard Shaw-
" Certains regardent la réalité et disent : Pourquoi ?
 Moi je rêve de l'impossible et je dis : Pourquoi pas ?".
 
J'adhère totalement, car j'aime me lancer des défis et reculer les limites de l'impossible !
 
La note du comité de lecture c'est :
 
Poésie - Joli équilibre entre textes longs et courts-
" Le chêne foudroyé" est très émouvant-
- Beaucoup de légèreté- Petits textes aériens comme des bulles de savon -
 
Tu dis que la poésie est une façon de voir la vie : la poésie, une philosophie de vie?
 
Pour moi c'est un état d'esprit, une façon d'habiller le quotidien et cela depuis toujours...bientotjonquilles.jpg
Ma mère me demanda un jour ( j'avais 4 ans ), pourquoi les fleurs se referment le soir ?
J'ai répondu pour protéger le sommeil des fées...
 
Ne pas s'arrêter aux apparences...
Comme pour une Matriocka, sous la première poupée se cache une autre et ainsi de 
suite.
La dernière est souvent la plus émouvante !
 
Définis ton style, poésie hermétique, classique...
 
Saltimbanque de la vie, j'aime jongler avec les mots.
Poésie libre, classique, haïkus, etc...
Les possibilités sont infinies.
 
-566388008212850437.jpgComment choisit-on un thème en poésie? 
Comme on choisit un roman selon toi?
 
 
Pour moi c'est une idée qui s'impose, une émotion à partager, des mots caresses comme 
des vagues sur la plage de nos vie...
 Mais aussi des mots tempêtes !

 

Quelle conclusion !!!!! J'aime beaucoup ton approche des mots, ta définition de ton style. Oui, j'en suis certaine, la poésie est un état d'esprit, une forme de vie et de pensée.

 

Pour retrouver l'univers de Marcelle Pâques, un blog!             http://marcellepaques.skynetblogs.be/

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com
 

Publié dans interview

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Virginie Lauby : "j’écris depuis que je sais tenir un crayon entre mes doigts"

Publié le par christine brunet /aloys

1ere_couverture_Nannig.jpg

 

      Nannig, on en parle... Une interview originale sur les chapeaux de roue !


Une courte présentation ? Qui es-tu ? Qu'as-tu écrit ? Tu en dis quelques mots ?

Je m’appelle Virginie Lauby, c’est mon nom de naissance. J’habite depuis mes 9 mois dans les Ardennes françaises mais mes origines sont diverses : ardennaises, corréziennes mais aussi belges. Je travaille chez Pole-Emploi (le FOREM français), je suis aussi responsable d’une association, ancienne élue municipale… et j’ai encore pleins de projets dans mon sac.

J’ai écrit à ce jour trois romans. Chronologiquement Nannig est le premier. En 2009, j’ai commencé la rédaction du mouroir aux alouettes (paru en 2010 aux éditions Ex Aequo) et en 2012, j’ai rendu mon troisième manuscrit à mon éditeur français (parution prévue courant 2013). Ce sont trois romans très différents.

Quand j’ai commencé à écrire Nannig, j’étais encore étudiante. Je l’ai bâti avec une intention « littéraire » et non une simple envie de raconter une histoire. Je voulais que ce soit un roman fantastique dans le sens où deux interprétations sont possible (Anne est-elle une simple jeune fille ?) mais aussi dans lequel la dimension tragique serait présente (le personnage principal est prisonnier de son destin, manipulé, il court inexorablement à sa perte)

2) Depuis quand écris-tu ? Un déclencheur ?

Je pense que j’écris depuis que je sais tenir un crayon entre mes doigts. Quand j’étais enfant, j’ai eu lavlhs4.JPG chance d’habiter dans un logement de fonction qui était à la fois une école, une mairie, une maison commune, une bibliothèque…C’était un endroit ouvert sur l’ensemble de la communauté où tout le village transitait à un moment ou un autre. Mais surtout, dans la salle de la mairie, un objet extraordinaire me fascinait : la machine à écrire. Elle était grise un peu rugueuse comme une toile émeri, elle claquait dans le silence laborieux du secrétariat. Je n’ai eu le droit d’y toucher que vers 9 ou 10 ans. Les touches étaient dures et quand on faisait une faute, il fallait recommencer toute la feuille. A 12 ans j’avais réussi à construire une histoire d’une centaine de pages (interligne au minimum et sans marge !) qui a été évidemment refusé par tous les éditeurs (et comme je les comprends).

Je pense que l’élément déclencheur a été cette vieille machine…

 Original !!! Tu me définis le mot "écriture"

Le Robert en donne sept définitions, dont entre autre celle de 1879: « Manière de s’exprimer par écrit ». Qu’est-ce que je pourrais ajouter ?

 Est-ce tout ce que représente l’écriture, pour toi ? Une simple manière de s’exprimer ?

A bien y réfléchir, oui. Pour moi, c’est exactement ça. La définition du petit Robert est particulièrement appropriée pour Nannig. J’ai en effet porté attention à la façon dont les mots se succèdent, au rythme des phrases, à la structure narrative… C’est un texte très travaillé qui n’a rien de spontané. C’est une tragédie au sens le plus classique du terme où la manière de s’exprimer sert la thématique.


Poussons la question... Définis ton style !

A part Nannig qui a été travaillé en profondeur, mes autres romans sont plus spontanés. Je ne sais pas si j’ai un style particulier, en tout cas, rien de très visible pour le moment. C’est Franz Bartelt qui m’a dit cet automne : « il faut écrire beaucoup et un jour un style s’impose ». Je n’en suis pas encore là…

 

Facile ou compliqué d'être lu pour toi ?

C’est toujours délicat de se soumettre au jugement d’autrui. Entre les amis ou la famille qui vous assure que c’est formidable (mais sont-ils impartiaux) et l’indifférence polie de certains éditeurs (l’ont-ils lu d’ailleurs ?) c’est difficile de se faire une juste idée.

Mais quand le livre sort en librairie, cela devient assez difficile, effectivement, d’être lu par le plus grand nombre, de sortir du cercle d’amis ou d’amis d’amis…


Facile ou compliqué de mettre le point final à un livre ?

Comme je commence toujours par écrire la fin de mes textes, je n’ai pas de difficultés pour mettre le point final. Tiens ! Que voilà une manière originale d’écrire ! Est-ce style Colombo (je ne sais… enfin pas vraiment, ce que tu écris, donc…) on connaît le coupable au début et on déroule ensuite l’intrigue ou bien est-ce un moyen de te rassurer en te donnant le point d’arrivée ? => Comment construis-tu tes textes ??? Par contre j’ai besoin de me construire un synopsis qui va évoluer au fil des pages rédigées mais qui me guide (même si parfois, finalement, je m’en éloigne assez fortement). => tu fais donc un plan, tu as la structure et tu écris sur cette base-là ? oui Je n’ai pour le moment jamais réussi à mener à terme un projet dont je n’aurais pas écrit la fin. => on en revient à ma question : as-tu besoin de savoir où va ta plume ? D’ailleurs, je fais la même chose comme lectrice : je commence toujours par lire les dernières pages…

Argh !!!!!!!!! Que voilà un crime… enfin pour un certain type de romans… 

Nannig, tu le classerais dans quelle catégorie ?

 C’est une tragédie fantastique : tous les ingrédients de la tragédie sont présents mais l’histoire a une double lecture : Philippe est-il seulement idiot ou est-il manipulé par une force supérieure ?

et que lis-tu comme livre ? Un peu de tout. Je n’ai pas de style particulier mais j’évite maintenant (j’étais plus cliente il y a 20 ans) les thrillers trop sanglants ou les romans d’épouvante type S King.


Comment voit-on ton travail d'écriture autour de toi ?

J’ai toujours reçu pour le moment un accueil bienveillant. Il m’a été difficile « d’avouer » que j’écrivais. C’est la première publication de Nannig qui m’a obligé à me découvrir. Avec la sortie de mon troisième roman, il m’est plus facile d’en parler, peut-être parce que, maintenant, je me sens un peu plus légitime. Mais je ne suis toujours pas très à l’aise avec l’exercice de promotion…

 

Je crois que c'est le cas de nous tous face aux lecteurs, face à un exercice qui nous est plus étranger que le maniement de la plume !

 

Merci pour cet interview ! Et bonne route à Nannig !

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

 


 

Publié dans interview

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Texte n°6 du concours "Les petits papiers de Chloé"

Publié le par christine brunet /aloys

 

P1020552.JPG

 

Réfectoire

 

 

 

Le réfectoire se voulait un lieu à la fois récréatif et solennel. Récréatif car chacun se retrouvait avec les autres aux mêmes heures, quatre fois par jour, dans cette immense pièce aux tables placées à angle droit, cernées d’autant de chaises que de commensaux; c’était un repas d’élèves et pas de moines et l’on pouvait parler en ce lieu, mais pas tout de suite. Les places, les voisins et les chefs de table étaient les mêmes pendant une semaine; le lundi, l’ordre était changé. Les Grands étaient à la table du Recteur, les Moyens étaient entre eux, de même que les Petits. Ainsi, le réfectoire était-il le seul endroit, avec la messe conventuelle et les offices du dimanche, où tous les élèves étaient régulièrement rassemblés. Les repas principaux étaient précédés de la prière chantée: “Bénissez-nous Seigneur – bénissez ce repas, cette table accueillante, et procurez du pain à ceux qui n’en ont pas, ainsi soit-il”.

Le côté solennel commençait ici. Le repas continuait dans le silence; l’élève lecteur de la semaine prenait place sur le bureau suspendu qui dominait la pièce, et donnait la lecture. Le ton était calqué sur celui du réfectoire des moines: il restait monocorde tout au long de la phrase, et chutait sur le dernier mot qui précédait un point. Cette chute était différente si la phrase se terminait par un signe de ponctuation autre que le point. Ce rite rendait d’abord étrange le texte, roman ou journal, lu par le soliste; mais l’oreille s’y faisant jour après jour, il redevenait ce qu’il était, et voulait être sans doute: un texte récité d’une voix dont tout sentiment était exclu.

Publié dans concours

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Texte n°5 du concours "Les petits papiers de Chloé"

Publié le par christine brunet /aloys

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/fa/Poucet10.jpg/330px-Poucet10.jpg

 

 

Il était roux. Un géant, barbu comme tous les ogres des contes que je dévorais à l'époque. Un teint laiteux, des dents jaunies par le tabac, la mâchoire en permanence serrée sur le bec d'une pipe qu'il bourrait d'un doigt agacé, ou machinal, en nous foudroyant tour à tour d'un regard vert, inquisiteur et froid.

11 ans. Premier jour de collège. Cet ogre est notre professeur de français et notre professeur principal. Une journée complète à ses côtés, pas d'alternative. Aucun bruit dans la salle de classe, pas même le vol d'une mouche tout autant intimidée, sans doute. 

Il nous observe l'un après l'autre, nous évalue lentement, nous jauge, fait son choix... Pourvu qu'il ne m'interroge pas... Pourvu qu'il...

Il me désigne silencieusement et autoritairement d'un index teinté en jaune. Mon coeur bondit puis cogne douloureusement dans ma poitrine. Je cherche autour de moi un soutien mais ne rencontre que le regard fuyant mais soulagé des autres élèves. 

Je me lève, les jambes en coton, le cerveau en pleine purée de pois. Il ne me lâche pas des yeux...

Le tableau, désespérément noir, la craie qu'il me tend. J'entends sa voix sans comprendre encore le sens des mots. Tout ce que je sens, c'est l'odeur de tabac froid qui flotte autour de lui. Mes yeux restent scotchés à ses lèvres qui aspirent avidement, par à-coups bruyants, l'air de la pipe froide.

Impossible de sortir un son, la langue collée au palais.

Il s'impatiente, savoure la terreur qui transpire de chaque pore de ma peau et me renvoie, d'un ton aigre, à ma place. Impossible de savoir comment je l'atteinds, mais la chaise est la bienvenue. Je m'affaisse, me recroqueville et jubile secrètement lorsqu'un autre élève, rouge comme une pivoine, se lève à son tour et bafouille quelques mots indistincts : tout aussi déplorable que moi, voilà qui me rassure !

Ce géant roux, que nous surnommions à voix basse "Barbe rouge", sévit deux ans et laissa la place à un être malingre et timide, terrorisée par ses élèves. Curieux passage de témoin.

 

J'ai revu mon professeur plusieurs années plus tard lors d'un concours : il était l'un des correcteurs de l'épreuve écrite. Nous nous sommes rencontrés pour l'oral, reconnus... Mais là, c'est une autre histoire !

Publié dans concours

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Texte n°4 du concours "Les petits papiers de Chloé"

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

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LES CHAUSSURES BEIGES

 

 

 

 

"Je ne dois pas faire de bruit en marchant."

"Je ne dois pas faire de bruit en marchant."

"Je ne dois pas faire de bruit en marchant."……..

 

Ma mère passe derrière moi. "Mais qu'est-ce que tu fais là ?"

 

"J'ai été punie. Je montais l'escalier. La sœur directrice m'a prise par le bras. Elle m'a dit : "Vous en faites du bruit ! Vous marchez comme un soldat." J'ai réagi : "Mais ma sœur…" "En plus, vous me répondez !  Vous me copierez cinquante fois : je ne dois pas faire de bruit en marchant."

 

Je me lève et je continue avec aplomb : "Mais je n'en peux rien. Ce sont mes nouvelles chaussures. Écoute, Maman. Quand je marche ici sur le parquet, elles font aussi beaucoup de bruit."

 

"Oui, c'est vrai. Puisque c'est ainsi, on les gardera pour le dimanche…"

 

Ouf, ma stratégie a fonctionné ! Maman n'y a vu que du feu !

 

"Maintenant, termine cette punition, même si elle n'est pas juste !"

 

En fait, ces chaussures neuves, offertes par mes grands-parents à l'occasion de la braderie, m'ont valu quelques critiques désagréables de copines. "C'est pas beau cette couleur…", "Et puis le petit talon, c'est laid…"

 

À mes yeux, le verdict de mes copines condamnait ces souliers beiges qui, du coup, ne me plaisaient plus ! C'était des "salomés" un modèle qui faisait fureur dans les années cinquante, des souliers décolletés, à lanière, fermés par une boucle. J'en avais eu des noirs vernis, des blancs, des bleus, des bruns qui ne m'avaient valu aucune remarque. Il fallait, oui il fallait, que je n'aille plus en classe avec ceux-ci ! 

 

Quand je rencontrais un problème, j'avais pour habitude de le retourner dans tous les sens pour le résoudre. Je n'étais satisfaite que lorsque j'avais trouvé plusieurs moyens de parvenir à mes fins et que l'un d'eux s'imposait clairement à moi. Alors j'ai cherché, cherché encore… J'aurais pu, par exemple, abîmer mes chaussures en les frottant contre des pierres. Un jour, en jouant à l'équilibriste dans le jardin de bon-papa, cela m'était arrivé mais je me souvenais parfaitement du regard sombre de ma mère et de son flot de paroles ! Si j'adoptais cette solution, je m'exposerais à sa colère. Je n'y tenais vraiment pas. J'aurais pu aussi marcher dans des flaques d'eau. Mais là encore, gare aux représailles !

 

Comment faire pour ne plus porter ces chaussures ?

 

Une remarque de mon institutrice allait me donner la solution…

 

"Les enfants, cessez de faire un tel bruit dans les escaliers. On dirait le défilé militaire de la fête nationale ! Si cela continue, il y aura des punitions dans l'air !"

 

Eurêka ! Il me restait juste à imaginer comment mettre mon plan à exécution ! 

 

À l'école, pour un fou rire, pour une faute d'orthographe, pour un "merci" ou un "pardon" oublié, pour une bagarre dans la cour de récréation, il y avait souvent une sanction : verbes à conjuguer à différents temps, phrases ou mots à recopier cinquante fois ou, pour les plus grandes, petite dissertation sur le sujet. À chaque âge, son type de punition. J'avais un peu plus de neuf ans. Il suffisait de m'inspirer des châtiments infligés à des amies.

 

J'ai réfléchi et soupesé chaque mot de cette fausse punition. Fausse punition certes mais vrai remède !

 

 

Mes chaussures beiges ont été réservées pour le dimanche. En ce temps-là, on distinguait en effet les habits et accessoires du dimanche et ceux de la semaine. Pour aller à l'église, à un dîner dans la famille ou chez bon-papa, je m'habillais avec plus de recherche ! Il m'arrivait même de porter un chapeau, des gants en crochet et de prendre un petit sac à main. Ces fichues chaussures beiges s'assortissaient à mes plus jolies robes. Et puis les adultes sont moins spontanés que les enfants. Ils ont appris à se taire et à mentir à bon escient ! Qui parmi eux aurait osé dire que mes chaussures étaient laides ?

Publié dans concours

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