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TEXTE 1 concours "ma première dédicace"

Publié le par christine brunet /aloys

Séance de dédicaces

Ils m’ont placée juste devant les toilettes, en me disant qu’au moins on me verrait de loin et que je ne serais pas sur le chemin des chariots. Je me suis imaginée sur la piste de Santa Fe avec un défilé de chariots bâchés suivis de vaches et chevaux, et moi assise à l’ombre d’un cactus, attendant de vendre ma biographie de Kit Carson.

Mon livre, mon premier-né encore relié à moi par un cordon maternel, est dressé sur un présentoir, comme un brave petit soldat dans sa guérite. Rien encore comme article de presse pour appuyer le sérieux de mon travail. Pire encore… l’affiche que le supermarché a imprimée pour déplacer les lecteurs mentionne qu’il s’agit de mon tout premier livre, et ils ont choisi une photo de moi dans mon album Facebook, j’y ai 25 ans, une robe hippie et une monstrueuse fleur d’hibiscus dans les cheveux.

Une dame myope et pressée m’a déposé 50 centimes sur la table avant de pousser la porte étiquetée « Dames », me reprochant peinée « oh, vous n’avez pas une petite assiette ? ». Le gérant du supermarché passe de temps à autre avec l’air d’un souteneur qui vérifie le compteur, me souriant d’un air tout va bien dans mon monde en redressant le menton avant de retourner aux choses sérieuses.

Un homme âgé s’approche… enfin, il doit avoir mon âge mais je trouve que lui le porte mal avec ses rares cheveux blancs teints en blond Barbie noués derrière la nuque, comme une queue de rat blond qu’on lui aurait greffée. Il fait aussi trop de banc solaire et est tacheté comme une banane agonisante. Il regarde l’affiche devant ma table, fronce les sourcils, s’approche, enlève et remet ses lunettes, inspecte la hippie et puis moi, la bourgeoise respectable que je suis devenue, et sa bouche se contorsionne pour exprimer le doute. « Vous tenez le fortin pour votre fille ? ». Il expose des dents récemment blanchies et si régulières que je frissonne comme si la mort elle-même me souriait. Il prend mon livre chéri dans sa vieille main tannée, et me demande, d’un air qu’il croit absolument charmeur « Si je vous les achète tous… viendrait-elle me les dédicacer à domicile ? »

Je lui offre mon air le plus bourge, avec élégance mais la saine distance que l’on met entre soi et un homme trop séduisant pour que la tentation ne fasse aucun dommage, et sans sourciller lui dis : « Mais naturellement, elle s’en fera un plaisir ! Il est rare de rencontrer un lecteur qui d’emblée sait identifier la bonne écriture… donnez-moi donc votre adresse et votre numéro de GSM par précaution, voici le sien d’ailleurs » et je lui griffonne un numéro sorti de mon imagination que la sienne le fait empocher avec la vivacité d’une langue de caméléon.

Il s’éloigne et revient avec un chariot non bâché, et le remplit, avec un clin d’œil complice, de la quarantaine d’exemplaires de mon tout premier livre.

Comment a marché votre première séance de dédicaces ? J’ai tout vendu en une heure !

Publié dans concours

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Christine Brunet a lu "A l'ombre des désirs" de Jeanne R.

Publié le par christine brunet /aloys

Christine Brunet a lu "A l'ombre des désirs" de Jeanne R.

J'ai rencontré Jeanne R., l'auteur, lors d'un interview pour Actu-tv (voir la séquence après la chronique). A l'époque, je n'avais pas encore lu son roman... Voilà, lacune comblée... Il est lu en gardant à l'esprit les explications de l'auteur, ses remarques, son univers... parce que cet auteur évolue dans un univers baroque dont elle se nourrit et nourrit ses personnages.

"A l'ombre des désirs" nous propose une rencontre, celle de Louise, un personnage hors du temps mis face à ses contradictions, face à ses questionnements sur l'existence.

Les jours passent... J'ai lu ce texte il y a plus d'un mois à présent. J'aime voir ce qu'il me reste d'un roman (quel qu'il soit) au fil du temps. Louise s'est effacée mais les questions subsistent. Louise n'est plus qu'un prétexte, une pensée qui papillonne autour de notions qui interpellent l'Humain que nous sommes.

Louise affamée de vérités, se heurte à sa faim inextinguible, insatiable.

Pour avoir rencontré Jeanne R., Louise me semble être son reflet avec cette façon enthousiaste de s'envoler avec les mots et les idées. D'ailleurs, par moment, l'auteur passionnée de sens, - comme Louise -, semble faire l'amour aux mots. Amour/Amitié, amour courtois, amour charnel, désir d'une quête de quelque chose qui n'existe pas ? Louise s'envole au fil de ses pensées à l'image de cette phrase pour moi emblématique :

" De digressions en digressions, ses pensées voltigeaient comme les ailes de l'oiseau en plein ciel, ivre de soleil" (P35).

Le style ? Je dirais qu'il a un côté désuet, atypique pour de la littérature contemporaine.

Je ne parlerais pas de style "classique" parce que pour moi, un style "classique" est un style littéraire, plus 20e, porté par des auteurs comme Gracq, Camus voire Sartre par exemple. Jeanne R. ne colle pas à cette structure stylistique, loin s'en faut. Elle propose aux lecteurs une écriture plus "19e", cohérente avec son texte.

Néanmoins, attention, je ne crois pas que parler d'un style désuet soit un point négatif... Je crois que son style colle tout simplement à son univers. On peut adhérer ou pas, comme on peut adhérer ou non à son texte. C'est un tout, c'est simple.

Alors l'histoire ?

Je n'ai envie ni de parler plus de Louise si même du sujet du roman : il faudra lire !

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Christine Brunet a lu "A l'ombre des désirs" de Jeanne R.Christine Brunet a lu "A l'ombre des désirs" de Jeanne R.Christine Brunet a lu "A l'ombre des désirs" de Jeanne R.

Publié dans Fiche de lecture

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Présentation du nouveau livre de Jean-François Foulon, Le temps de l'errance

Publié le par christine brunet /aloys

Présentation du nouveau livre de Jean-François Foulon, Le temps de l'errance

COURTE BIOGRAPHIE :

Jean-François Foulon est né en 1960 au cœur de l’Ardenne, d’un père belge et d’une mère française. Licencié en philologie romane (université de Liège), il travaille à Bruxelles dans le secteur public mais vit en Wallonie (actuellement dans le Hainaut, mais il a habité longtemps à Liège). Passionné de lecture et d’écriture, il a collaboré à différentes revues littéraires comme Le Journal de la Culture, La Presse Littéraire et Le Magazine des Livres. « Obscurité », son premier roman, a été publié en 2015 aux éditions Chloé des lys. « Le temps de l’errance », un recueil de poésie, est sorti en 2016 chez le même éditeur.

RÉSUMÉ DU LIVRE

Les poèmes que l’on découvre ici, remplis d’émotion et de nostalgie, portent le lecteur comme une vague lente et puissante. Certains textes nous conduisent dans des îles lointaines, à la recherche d’un ailleurs aussi impossible qu’improbable, tandis que d’autres décrivent des lieux qui nous sont proches (un village, une rivière…), pour en révéler les secrets oubliés. Parfois, c’est la destinée de l’homme à travers son histoire qui est abordée, mais toujours on revient au temps personnel, celui où tout un chacun se reconnaît. On parle alors de l’enfance, de la passion amoureuse, ou du temps qui fuit. Les femmes que l’on a aimées s’en sont allées, nous laissant des souvenirs empreints de nostalgie. Mais ces souvenirs, même s’ils sont parfois un peu tristes, ont pourtant quelque chose d’apaisant, sans qu’on sache si c’est dû au regard tendre du poète ou à la musicalité incomparable de sa langue.

EXTRAITS DU LIVRE

Souvenir

Je ne me souviens plus où nous nous sommes rencontrés,

Ni de quel pays tu venais.

Je n’ai jamais rien su ni de ton enfance ni de ta famille.

J’ai même oublié ton nom.

Mais j’ai gardé au fond de moi la tendresse de tes caresses,

L’odeur de ta peau et la douceur de ton regard.

Je te reconnaîtrais entre toutes.

Les îles

Tous les jours il regardait la mer et les vagues infinies.

Tous les jours il contemplait l’horizon et les bateaux qui voguaient vers des îles inconnues, des îles dont personne, jamais, ne revenait.

Tous les jours, du haut des falaises, il respirait les vents du large, chargés d’embruns salés et de saveurs épicées.

Alors il croyait voir d’immenses plages dorées où des enfants nus jouaient sous les soleils des tropiques. Derrière les grandes dunes blondes s’étendaient des forêts incroyables, où, depuis mille ans, des arbres exotiques embaumaient l’air de parfums troublants et poivrés. Parfois, il lui semblait apercevoir, couchées dans des pirogues noires, des femmes dolentes et lascives qui évoquaient Gauguin. Plus loin, dans des cases de palmes, leurs sœurs donnaient de l’amour à des guerriers féroces venus oublier, sous leurs caresses tendres, les blessures des combats.

Et lui restait là, sur la falaise, contemplant les nuages en déroute qui traversaient le ciel, s’imaginant parfois que c’étaient là les voiles d’un immense bateau en partance pour ces îles dont personne jamais ne revenait.

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Le blog "Livres & Co" chronique 2401 de Bob Boutique

Publié le par christine brunet /aloys

http://livres.and.co.free.fr/index.php/2016/02/2401-bob-boutique/

http://livres.and.co.free.fr/index.php/2016/02/2401-bob-boutique/

Le blog "Livres & Co" chronique 2401 de Bob Boutique

Titre étrange et assez peu parlant….Policier/thriller : c’est ce qui figure sur la couverture. Une 4ème de couverture sans résumé, l’auteur refuse de le faire…

On se lance donc dans la lecture de ce roman avec perplexité mais intérêt pour moi qui avais déjà lu Les 10 petites négresses.

Si l’auteur refuse de résumer le livre, il va sans dire que je ne le ferai pas non plus.

Ce que j’ai beaucoup apprécié dans ce bouquin c’est que les personnages paraissent proches du lecteur: l’intrigue se déroule en Belgique, Suisse et Hollande, assez près de nous finalement. Les personnages principaux sont presque ordinaires: ni parfaits ni totalement imparfaits, juste humains!

A la lecture du livre, on a l’impression que l’auteur nous raconte l’histoire comme s’il était à côté de nous et qu’il s’adressait à nous directement, ce qu’il fait parfois d’ailleurs! Pour être plus claire, on a l’impression que Bob Boutique écrit comme il nous parlerait et cette proximité avec l’auteur fait qu’on lit le livre très facilement et avec plaisir. Ce livre est plein d’humour mais reste un roman policier.

Je n’irai pas jusqu’à dire thriller: certes, il y a bien la touche d’angoisse nécessaire au genre mais, et c’est plutôt agréable, pas de violence inutile, pas de scènes « gores ».

Bref, un très bon moment de lecture…

Ma note: 3/4

Publié dans avis de blogs

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Le blog "Univers livresques" a lu "Contes bizarres 1 de Bob Boutique

Publié le par christine brunet /aloys

http://univers-livresques.eklablog.com/contes-bizarres-1-a122771730

http://univers-livresques.eklablog.com/contes-bizarres-1-a122771730

Le blog "Univers livresques" a lu "Contes bizarres 1 de Bob Boutique

Résumé de l'éditeur :

Ces contes sont écrits comme des scénarios de films, pour être lus à voix haute, dans un style proche du langage parlé. Avec des belgicismes, du "brusselleer", du flamand et même parfois des mots inventés!

Onze histoires qui démarrent dans le banal, continuent dans le bizarre, pour déraper enfin dans le n'importe quoi... l'enfer ou le purgatoire? Jamais le paradis, car il n'existe pas. Le monde des humains est un univers de fous, qui n'est lucide que quelques jours par an. Pendant la période du carnaval.

L'avis de Maryline

J'avais déjà lu "2401" du même auteur et j'avais beaucoup aimé. Du coup, il a eu la gentillesse de m'envoyer ses contes bizarres, un autres genre, mais toujours aussi bien!

Je ne savais pas trop dans quelle catégorie placer ces contes. Ce sont des contes car ils commencent tous par "Il était une fois", mais ce sont aussi des petites nouvelles sans lien les unes aux autres, mais également des histoires drôles, des sortes de faits divers comme on pourrait en lire dans les journaux...

Le titre est bien trouvé, en effet, il se passe des choses bizarres dans chacun des contes, mais c'est surtout les fins qui sont farfelues, folles (je me demande même si l'auteur ne l'est pas lui-même!!), touchantes parfois, ou bien même tristes... Mais où est-il allé chercher tout ça???

J'ai vraiment adoré lire chacun de ces contes, ils ont tous un petit quelque chose qui attire, qui donne le frisson, qui angoisse... Et les fins sont tellement imprévisibles! Par contre, certaines m'ont laissée sur ma faim!

Chaque conte commence par une illustration, et bravo aux auteurs de ces dernière, elles sont super!

Je pense que l'auteur est un brin sadique, ou bien même fou, ou même qu'ils sont plusieurs dans sa tête, je ne sais pas... Mais ces contes sont fantastiques, les mots inventés, le flamand, le belgicisme, et tous ces mots bizarres m'ont ravie. J'ai pris un réel plaisir à lire ce livre et je ne compte pas en rester là, je lirai les contes bizarres 2!

Merci vraiment à l'auteur qui m'a permis de passer un agréable moment.

Par contre, je n'aime pas trop la couverture...

Publié dans Fiche de lecture

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Marie-Noëlle Fargier a lu Dégâts collatéraux de Christine Brunet

Publié le par christine brunet /aloys

Marie-Noëlle Fargier a lu Dégâts collatéraux de Christine Brunet

Je commence "dégâts collatéraux" et "le dragon bleu". D'emblée les personnages sont là. Les dialogues se composent de questions. Le style est franc, presque tranchant, des phrases courtes. Je continue, découvre l'univers en total connivence avec le langage des personnages. Rapidement, une énigme est mise en place. Je m'aventure avec le personnage principal, une femme, Axelle, d'une nature hors du commun, dans ses déplacements et cette enquête qui évolue sans cesse. Axelle est le personnage clé, et quel personnage ! A elle seule, elle est déjà une énigme. Je pénètre dans ce milieu, celui des réseaux secrets, du banditisme. Cependant ce milieu n'est pas que cela, car l'auteur tout au long de l'histoire, a su décrire ses personnages avec tant de réalisme, dans une fidélité psychologique et avec le piment de la vie réelle, que j'avale tous les rebondissements pourtant multiples et saisissants. Christine Brunet, d'une façon naturelle, parvient même à aboutir à un univers qui me rappelle celui de "Dan Brown", avec une évidence surprenante et du coup combien crédible.

Ce qui m'a agréablement interpellée est l'existence de liens entre les personnages, l'énigme et la finalité. Ces liens sont renforcés, comme je le dis précédemment, par les données psychologiques des personnages, mais aussi par la description que je qualifierais de "professionnelle" de ce milieu particulier, et enfin par le dénouement qui donne toutes les réponses.

Christine Brunet offre au lecteur un attachement certain à ses personnages que j'ai déjà hâte de retrouver.

Marie-Noëlle Fargier

Marie-Noëlle Fargier a lu Dégâts collatéraux de Christine Brunet

Marie-Noëlle FARGIER

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Marcelle Dumont a lu "La posologie des sentiments" de Michel Beuvens

Publié le par christine brunet /aloys

Marcelle Dumont a lu "La posologie des sentiments" de Michel Beuvens

J’ai lu La posologie des sentiments

Michel Beuvens m’a d’emblée intéressée. Son côté artisan, patient, obstiné est admirable. Il me l’a confié en toute simplicité, à l’époque où il planchait sur la maquette texte de son roman La posologie des sentiments. « Ce n’est pas facile… mais on a la satisfaction que le faire soi-même. J’ai mis 18 ans pour restaurer une voiture à vapeur : c’est le même genre de satisfaction quand on arrive au bout ».

J’ai donc lu son roman avec un intérêt soutenu. Que voilà un beau titre qui intrigue et qui va si bien au côté mesuré de l’auteur. Il décrit ici avec justesse, entre humour et mélancolie, l’univers étriqué des administrations, ainsi que le machisme feutré de deux fonctionnaires. Lesquels combattent leur impuissance à aimer les femmes pour ce qu’elles sont : des êtres humains à part entière, avec leurs drames, leurs sentiments, leurs grandeurs et leurs faiblesses, en passant leur temps à les réduire à des machines à susciter les fantasmes.

Humour encore avec les incises que sont les lettres envoyées par plusieurs femmes à une agence matrimoniale, ce miroir aux alouettes qu’Internet remplace aujourd’hui avec plus ou moins de bonheur.

Toutefois la découverte de Lucien, son protagoniste, qu’il ne faut pas se fier aux apparences et savoir découvrir l’or véritable de chaque personne me laisse sur ma faim. Preuve que Lucien est attachant, puisque je me suis prise d’intérêt pour lui et que j’aimerais trouver le moyen de mieux combler sa solitude. Est-ce un moine, Lucien ? Il a un petit côté janséniste qui me surprend. Mais peut-être que Michel Beuvens donnera une suite à La posologie des sentiments.

Marcelle Dumont

A paraître "Nuageux à couvert"

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Article pour Salvatore Gucciardo et l'anthologie Les poètes et le Cosmique

Publié le par christine brunet /aloys

Article pour Salvatore Gucciardo et l'anthologie Les poètes et le Cosmique
Article pour Salvatore Gucciardo et l'anthologie Les poètes et le Cosmique

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L'avis du blog "D'un livre à l'autre" pour le Boîteux de Grattebourg, de Rolande Michel

Publié le par christine brunet /aloys

http://phildes.canalblog.com/archives/2016/02/06/33300821.html#c68545003

http://phildes.canalblog.com/archives/2016/02/06/33300821.html#c68545003

L'avis du blog "D'un livre à l'autre" pour le Boîteux de Grattebourg, de Rolande Michel

06 février 2016

Le boiteux de Grattebourg de Rolande Michel

De temps en temps, je suis attiré par un roman de la maison d'édition Chloé des Lys. Je fais une liste de mes envies et, un jour, je les commande tous.

C'est ainsi que "Le boiteux de Grattebourg" est arrivé chez moi. Comme le titre comporte un "X" qui vaut 10 points, je l'ai lu tout de suite.

Grattebourg, c'est un village où l'on vit à l'ancienne, un village hors du temps, un village dans lequel chacun se mêle des affaires des autres. Le village vit à une époque que j'aurais située il y a un siècle au moins, mais les habitants ont la télévision ce qui situe l'histoire se déroule au milieu du XXè siècle.

Quant aux personnages, la modernité ne les a pas atteint. Ils vivent un peu comme vivaient nos grands-parents.

Beaucoup de personnages (un peu trop, selon moi) évoluent dans ce monde rural empli de superstitions. Il y a tout d'abord le boiteux, ce gamin abandonné par sa mère et confié par la suite aux soeurs du couvent. Sa difformité et sa laideur font qu'il est rejeté par les autres enfants et qu'il ne fréquente pas beaucoup l'école.

Pourtant il sait lire et se met à fréquenter le rebouteux qui soigne les gens gratuitement et qui va le prendre comme élève. La relève est ainsi assurée.

Dans le village, il y a aussi Maria qui lit dans le marc de café, est sans doute un peu sorcière. Les paysans s'en méfient, même si les gens de la ville viennent lui demander leur avenir.

Le curé, le notaire, l'institutrice, le boulanger, Léonie, la doyenne du village, sont les autres personnages importants du récit.

Tous vivent dans une relative tranquillité jusqu'au jour où des événements viennent perturber les villageois : des poules sont égorgées, les abeilles meurent après avoir attaqué l'apiculteur, des vagues secouent le lac tranquille depuis la nuit des temps, et surtout, un chat noir rôde dans le village et fait peur aux enfants.

Les villageois doivent trouver un coupable à tous ces phénomènes et leurs regards se tournent vers le boiteux, vers Maria, la voyante et vers le château...

Le château surplombe Grattebourg. On croit le comte mort depuis longtemps et pourtant les villageois remarquent de la lumière le soir.

Voilà qu'un beau jour, Anselme, le boiteux y est amené et enfermé...

La fin du récit entraine le lecteur vers le surnaturel, ce qui, pour moi, n'était pas nécessaire. On s'éloigne, en effet, alors, de ce que j'aurais pu appeler "un roman du terroir".

Un livre très bien écrit qui plonge le lecteur dans une période intemporelle...

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Tempête des temps, une nouvelle signée Marie-Noëlle Fargier

Publié le par christine brunet /aloys

Tempête des temps, une nouvelle signée Marie-Noëlle Fargier

Tempête des temps

Quand je suis jeune, je tortillais sans cesse une mèche de cheveux avec mon index et le chef des coiffeurs me rasa. Quand je suis jeune, le banc de l'école devenait un navire qui flottait dans tous les airs, et le chef des cahiers m'emprisonna dans ses murs à chaque envol. Quand je suis jeune, je répondais finement à la parole absolue et le chef des saints patrons me renvoya à mes casseroles. Quand je suis jeune, je levais la tête pour sentir la pluie sur mon visage en fermant les yeux et le chef des regards me camoufla sous un parapluie. Quand je suis jeune, dans des bras je devenais Hathor et le chef de la musique coupa le son. Quand je suis jeune, je ne résistais pas à l'appel de l'onde et le chef des canards, de la berge siffla pour me remettre à ma place, sur la terre ferme. Quand je suis jeune, je riais si fort, que le chef du silence me fit taire. Quand je suis jeune, je griffonnais mes pensées sur des feuilles de papier volées et le chef des lecteurs ricana. Et puis un jour...

Quand j'étais vieille, je laisse mes cheveux rebelles et de ma main les ébouriffe sans cesse et le chef des coiffeurs démissionne. Quand j'étais vieille, je choisis mon navire d'école, et je renvoie le chef des cahiers. Quand j'étais vieille, je sens la pluie sur mon visage et le chef des regards perd un œil. Quand j'étais vieille, le rachis d'hiver gèle Hathor et je suis ma petite fille qui danse, chante fort en fermant les yeux et le chef de la musique oublie son solfège. Quand j'étais vieille, je glisse dans l'eau magique et le chef des canards joue du piano. Quand j'étais vieille, mes éclats de rire comblent mes rides et je bâillonne le chef du silence. Quand j'étais vieille, j'écris sur des pages, des pages et des pages ma liberté et le chef des lecteurs perd ses lunettes.

Fini la course aux échalotes !

PS : Action qui consiste à forcer quelqu'un à courir ou partir en le tenant par le col et par le fond du pantalon.

Conclusion : C'est pas si mal "vieillir", c'est même bien, sauf qu'il existe encore des chefs chez certains vieux et certains jeunes craignent la pluie sur leur peau mais je crois qu'il suffit de mélanger les temps et oser ce qu'il y a de meilleur :)

Publié dans Nouvelle

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