Un trailer signé Coraline Buchet pour son ouvrage "Une petite Belge en Aotearoa"
https://youtu.be/HAbvfFV2Rao
Lecture, écriture, une passion... Un partage... La littérature dans tous ses états !
https://youtu.be/HAbvfFV2Rao
Céline est une jeune mère célibataire qui, épuisée par les pleurs de son bébé, va commettre l’impensable.
Biographie :
Anthropologue de formation, Aurélien Dubois travaille aujourd’hui dans l’enseignement mais n’est pas un donneur de leçons. Contrairement à ce que le titre de ce livre peut laisser supposer.
Résumé :
Cet ouvrage s’intéresse au sujet tabou de la prostitution.
Il ne prétend pas chercher des problèmes, ni trouver des solutions.
Il ne prétend pas tout savoir. Il ne prétend pas tout comprendre.
Il ne prétend pas détenir la vérité sur cette profession.
Il ne prétend pas que cette profession est comme les autres.
Tout ce qu’il prétend, c’est qu’on prétend beaucoup de choses sur elle. Et sur elles, ces femmes, qui prétendent beaucoup aussi, malgré elles.
Extrait :
Messieurs, n’allez pas aux putes.
N’allez pas aux putes en vous disant que vous les aidez à survivre. Et n’osez pas leur demander de rapports non protégés. Elles n’ont déjà souvent aucune protection dans leur travail.
N’allez pas aux putes en vous disant que, de toute façon, le monde est injuste. Ce n’est pas une fatalité que vous en profitiez.
Et en tout cas, n’allez pas aux putes en étant persuadés que tout ça ne vous regarde pas. Même si en faisant leur travail avec vous, elles évitent de vous regarder.
N’allez pas aux putes. Même si on dit que la prostitution est de toute façon le plus vieux métier du monde. Le monde a-t-il évolué de façon positive jusqu’à aujourd’hui ? Si votre réponse est non, alors convenez qu’il n’a peut-être pas conservé les meilleures choses parmi les plus vieilles.
Et d’ailleurs, Messieurs, quand vous serez vieux et que vous ferez le bilan de votre vie, vous n’aurez pas envie de vous rappeler que vous avez fait partie de la plus vieille clientèle du monde. Car à votre âge, c’est un coup de vieux supplémentaire qui risquerait de vous être fatal.
Extrait de livre :
Le soleil me rejoint à mi-parcours. J’accueille sa chaleur douce avec bonheur. L’air reste sec et froid. Plus je m’élève, moins le soleil a d’emprise, plus le paysage est rocheux et stérile. Seules les touffes d’herbe sèche trouvent encore le moyen de subsister. Au pied de Ngauruhoe, je devine la scène du Seigneur des Anneaux au Mordor. La montagne du Destin est face à moi. Le film ne ment pas. En grimpant le long de la pente vers le sommet, je me prends pour Frodon, glissant à chaque pas sous la grenaille qui couvre le volcan. J’ai l’impression de faire deux pas en arrière pour un pas en avant. La montée est éprouvante, surtout avec mon gros sac à dos. Mais je prends mon temps. Je fais des pauses pour observer le paysage de plus en plus dramatique. La plaine au loin, la forêt, la terre volcanique qui s’élève irrégulière, les crêtes grises, le relief saccadé, le lac jauni par le soufre. Je devine la suite de ma randonnée contournant Ngauruhoe le long du plateau. En un dernier effort pour affronter la pente qui s’accentue, j’arrive au sommet du cratère. Là, le rouge enflamme l’espace.
Biographie :
Déterminée, éclectique et l’esprit fourmillant d’idées, Coraline réalise ses rêves l’un après l’autre. Après une vie désorientée en Belgique et 5 ans de voyage, elle se passionne à présent dans une vie proche de la terre et riche en expériences en Aotearoa Nouvelle-Zélande.
Résumé de livre :
Après son périple à rebondissements en Australie, Coraline choisit une destination pour elle. Aotearoa Nouvelle-Zélande, un pays où reprendre plaisir à randonner, où retrouver les montagnes, où s’épanouir en solo. Jusqu’au jour où sa patronne lui donne le numéro de téléphone qui va changer sa vie. À ses côtés, foulez la terre au long nuage blanc dans un récit poignant d’émotions et d’aventures. Découvrez comment lâcher prise. Apprenez comment repousser les limites et faire de l’infini une possibilité…
Extrait choisi :
« À l’intérieur, l’atmosphère était démente. La musique – uniquement des chansons thaïes très cadencées -, diffusées par d’immenses haut-parleurs, était si forte que les verres posés sur les tables de bois en tremblaient. Et, en liesse, la foule des consommateurs en redemandait. Des jeunes Thaïs, des trois sexes, se démenaient tels des possédés devant la scène illuminée comme en plein jour. Derrière une fumée bleue factice, les musiciens s’en donnaient à cœur joie et nombre d’admirateurs, déjà ivres, tentaient d’escalader l’estrade pour s’approcher de leurs idoles d’un soir. Ils étaient aussitôt refoulés par des agents de sécurité en noir, habitués à en découdre. » (p. 103)
Claude E/ Biographie:
Originaire de Nice, Claude E a longtemps enseigné le droit à l’université d’Ottawa. Retraité, il vit maintenant en Thailande. Il a publié « Les filles du vrai Nord aiment le Sud » en 2009 et « Vastes Peines » en 2012, chez Chloé des Lys.
Virus/ Résumé:
Nicholas, traducteur à Montréal, traverse une crise qui menace son couple et mine sa vie. À l’insu de Luo, son épouse, il rejoint son frère, Olivier, retraité à Pattaya. Là, alors qu’il s’interroge sur son avenir et que Luo cherche à localiser son point de chute, Nicolas découvre la Thaïlande, ses parfums ses mœurs, ses habitants. Sa rencontre avec Nuttawan lui donne l’envie de prolonger son séjour au pays des mille sourires et, peut-être même, d’y refaire sa vie. Fort de sa propre expérience, un divorce désastreux ainsi qu’un terrible secret, Olivier cherche à l’en dissuader. Lorsque le projet de Nicolas se précise, un profond malaise s’installe entre les deux frères. Convaincu que Nicolas est sur le point de commettre une irréparable erreur, Olivier décide de prendre les choses en main, avec l’aide de Dao, le kathoey qui partage sa vie. C’est toutefois compter sans le corona virus, qui gagne du terrain en Thaïlande, et qui s’invite dans l’histoire.
Mélancolie
Si tes rêves piétinent, c’est dû à la routine
Sur le seuil des oublis nous avons tous frémi
Les rêves des anges sont-ils encore tous blancs ?
De ton visage, me souviendrai-je encore longtemps ?
*
Voltiges
Un escadron léger de plumes aérées
Tournoient lentement en volutes légères,
Le poète est las, ses pensées sont amères
Le papier chiffonné n’a plus d’utilité
Le bonheur, souvent, est un resquilleur...
Christina Prévi
HAÏKUS DE PÂQUES
La bouche tachée
le lapin en chocolat
a rapetissé.
À nouveau six ans
le temps de la chasse aux œufs
au fond du jardin.
Jardin dévasté
bonheur dans les yeux d'enfants
bilan chasse aux œufs.
Un fil d'araignée
relie des chocolats
Pâques au jardin.
Derrière un buisson
l'œuf en chocolat perdu
attend un regard
Au fond du panier
œufs en chocolat fondant
et petite poule.
Grande chasse aux œufs
notre jardin plein d'enfants
le chien part en douce.
Micheline Boland
J’ai lu “Bouquet artificiel” de Méliane Sorgue (Edmée De Xhavée)
Une bien jolie couverture où une colombe s’élance avec, dans son bec, un fouillis de fleurs sauvages.
Car sauvages, elles le sont plus qu’elles ne s’attendaient à l’être, Violette, Anémone et Marguerite, que Rose rencontre à la fin de leurs vies pleines d’épines, et dont elle parfume doucement le départ. Elle est, nous dit-elle, un baume pour les plaies inguérissables, l’ultime soulagement, la porte d’entrée vers l’inconnu qui représente un espoir immense, sinon le bonheur, au moins l’apaisement total…
Et c’est que Violette, Anémone et Marguerite ont bien besoin d’un apaisement total après ces existences qui furent plus de la résistance.
Chacune vient d’un milieu différent, mais elles sont toutes de la même cuvée. De cette cuvée où le mariage représentait le salut (rester vieille fille était l’échec abominable).
Violette nait de parents catastrophés par le résultat de leur union charnelle, comme un chien, chat ou cochon, sans avoir été attendue avec joie et projets, et grandit « comme une chose sans importance » dans l’indifférence la plus froide. Ils reproduisaient ce qu’ils avaient vécu eux-mêmes avec des parent encore plus durs. Décidément pas choyée par la vie, elle est, en prime, plutôt vilaine : un regard stupide dû à de petits yeux marrons, ronds et sans éclat, comme ceux d’un ragondin. (…) Pour un effet encore plus désastreux, mes géniteurs avaient oublié de m’attribuer un cou. (…) Ma démarche était lourde, sans grâce, comme si on m’obligeait à porter en permanence sur la tête une bouteille de Butagaz. Et cependant, elle trouve un mari. Ce qui lui donne l’illusion que le monde, soudain, est plus vaste : aller au cinéma, avoir pour une fois une jolie robe, trouver un appartement, préparer un trousseau…
La nuit de noces la propulse dans une nouvelle vérité amère, avec un jeune époux dépourvu de douceur qui, pour prendre son dû, l’éventre à tel point qu’elle finit à l’hôpital avec une hémorragie. Hémorragie du peu de joie trouvée aussi, finie la tendresse et l’affection, place à l’horreur. Une horreur de l’époux qui détruira toute sa vie, celle de l’époux et… celle du fils adoré, unique consolation à cette union barbare.
Anémone, quant à elle, grandit entre deux parents excentriques, infidèles, beaux et jouisseurs. Sa grand-mère est, dans ce paysage instable, la vraie mère-grand des contes, toujours présente, admirative, aimante. Anémone est jolie. Elle a une cousine avec laquelle, gloussant comme on le fait dans la jeunesse, elle rêve de qui elle aimerait épouser plus tard, qui elle choisirait au magasin des maris parfaits, nouvelle collection.
Vient l’âge de la mettre sur le marché. Comme j’étais encore mineure, je devais me plier à l’autorité parentale et me laisser présenter comme un bel objet d’art dont on débattrait du prix et des capacités de l’acquéreur. Mais elle est un peu impertinente, Anémone, et s’amuse à faire frissonner les prétendants en leur affirmant que l’idée de la femme au foyer, l’épouse qui resterait à leur côté, qui élèverait leurs enfants est un schéma décevant, loin d’être attractif. Car elle fait des études d’infirmière. Mais hélas un jour, le prétendant est assez séduisant pour ébranler ses résolutions d’indépendance. Et le destin galope et les porte en calèche jusqu’au mariage. Et là, tout comme pour Violette, la nuit de noces a transformé le prince charmant en bête. Elle a épousé un monsieur c’est moi qui commande et il commande tout. Sans égards ou affection. Se confiant à sa mère, décrivant les horreurs dégradantes au menu de la chambre à coucher, elle est bien un peu soutenue mais s’entend parler de patience, accuser d’exagération, puis conseiller d’accepter des infidélités conjugales qui la soulageraient de cette « charge obligatoire du mariage ».
Ici aussi, la consolation viendra de la naissance d’un enfant, qui détournera l’époux de son corps et lui permettra d’aimer. Et la perte de cet enfant sera l’anéantissement de l’âme même d’Anémone.
Marguerite, elle, grandit avec des frères et sœurs entre deux parents que la vie a brisés : le père est revenu changé de la guerre 14/18, et meurt en laissant une veuve de 40 ans, incapable de se prendre en charge et dépressive, et quatre enfants que Marguerite, en tant qu’aînée, protègera. Marguerite s’attire les regards d’un veuf sans enfants, qui l’achète à sa mère (avec des termes plus élégants, mais c’est bien de ça qu’il s’agit). C’est un homme bon, qui ne désire que deux choses : bien manger, et un enfant, en échange de quoi Marguerite sera choyée et initiée à la lecture de bons livres, à une vie confortable.
Hélas cet homme gentil et délicat meurt lorsque l’enfant tant attendu fête ses deux ans. Et des années plus tard, le pire, qui arriva en plein dimanche après-midi, un jour ensoleillé, un jour d’automne radieux où l’or et la pourpre illuminent votre horizon et vous enflamment l’esprit reconnaissant de tant de beauté…
Oui il y aura encore du bonheur pourtant dans la vie de Marguerite, qui à la cinquantaine vit un nouvel amour. Amour qui se repose sur l’amitié alors que les années ont passé et que la vieillesse enlaidit le corps, ternit les âmes et invente mille tortures pour lasser tout optimisme, tout désir, tout plaisir…
On le voit, ce bouquet artificiel n’est pas un livre optimiste, mais j’ai vraiment apprécié les descriptions minutieuses des environnements, personnages, l’ambiance, les diktats de l’époque, les hypocrisies incontournables, et aussi l’analyse de ces jeunes âmes qui, dès le début de leur vie, qui devrait être un début si heureux – le mariage, l’amour, des familles aimantes… - doivent déjà se reconstruire, se contenter, s’adapter.
Edmée de Xhavée
Julian sortit de son Austin Martin V8 et Adam, de la Bentley de Francesco qu’il avait empruntée pour suivre son ami jusqu’au vieux cimetière de Barnes. Son propre véhicule avait catégoriquement refusé de démarrer. Peut-être aurait-il dû savoir interpréter ce « signe » ?
Les deux hommes, troublés par les événements qui venaient de se produire, se jetèrent des regards furtifs le temps de quelques secondes. Mais c’est Julian qui brisa le lourd silence gênant.
– Tu veux parler maintenant ou ça peut attendre qu’il fasse jour ? demanda ce dernier. Je suis prêt à tout te raconter.
– En réalité, je suis claqué, d’Ju’. Je crois que je vais aller me coucher sans même me déshabiller. Je n’en ai pas la force. J’ai réussi à conduire jusqu’au château, je ne sais par quel miracle, pour tout te dire. J’espère que Francesco ne m’en voudra pas trop d’avoir emprunté son bébé.
– C’est comme tu veux, soupira Julian. Dans ce cas, je vais vérifier que mon père va bien et je… Non… Je ne crois pas que je vais pouvoir dormir, cette nuit, non. Enfin, les quelques heures qu’il reste avant le lever du Soleil.
– Tu me raconteras tout, et je dis bien « tout », dans les moindres détails, plus tard, d’accord ? le pria Adam. Plus de secrets entre nous…
– Plus de secrets, non, lui promit Julian. Maintenant, va dormir un petit peu. Tu en as cruellement besoin.
Le jeune impresario hocha la tête et tourna les talons, prit le chemin en gravier. Bien malgré lui, il venait de se mettre à pleurer.
– Petit frère… murmura Julian.
– Quoi ? fit le jeune homme, s’immobilisant, ne se retournant pas.
– Je te demande pardon. Pour tout. Je n’ai jamais voulu te blesser.
À l’intérieur du château, l’un à la suite de l’autre, Julian et Adam montèrent le grand escalier en marbre de Carrare qui conduisait aux chambres. Avant de regagner la sienne, Julian pénétra dans la chambre spacieuse de son père et s’approcha de son lit en bois massif à pas de loup. Le paternel ronflait bruyamment. Julian sourit et quitta la pièce, rassuré.
Dans sa chambre, après avoir ôté ses chaussures et s’être déshabillé, avoir soigneusement rangé ses affaires, il vérifia, par habitude, sa messagerie. Plusieurs fois, sa sœur avait tenté de le joindre. Il s’allongea et écouta les messages. Le premier n’était qu’un simple : « Julian, tu es là ? » Même chose, à peu près, pour le second. Mais, dans le troisième, Ivana expliquait à son frère qu’elle serait de retour à Gillingham lundi, dans la journée.
Julian ne put s’empêcher de pester contre sa sœur… C’était précisément le jour où Lénora allait revenir au château dans l’espoir d’obtenir de l’acteur qu’il la suive loin de tout.
À Los Angeles, il devait être un peu plus de vingt heures. Il décida de l’appeler sans attendre…
– Julian ? sembla s’étonner Ivana.
– Bonsoir, sœurette.
– Je t’ai appelé plusieurs fois, mon frère. Tu as eu mes messages ?
– Évidemment… Pourquoi t’appellerais-je du Kent à plus de quatre heures du matin, sinon ? s’agaça Julian. Le tournage de ton nouveau film n’est pas achevé, si ? Que se passe-t-il ? Pourquoi rentrer si tôt à la maison ? Tu n’as pas rompu ton contrat, j’espère !?!
– Mais pas du tout ! s’offusqua Ivana. (Et elle se mit à sangloter, exaspérant son frère encore un peu plus.) Je n’ai vraiment pas de chance, grand frère… Deux échecs consécutifs et ça, maintenant ! Ce n’est pas possible !
– Ça, quoi ? lui demanda alors Julian. Ivana, dis-moi ce qu’il s’est passé, à la fin !
– Eh bien !!! Figure-toi que le tournage de Trapped a été mis en attente pour une durée indéterminée ! Esteban, c’est le réalisateur, tu sais, nous a dit de tous rentrer chez nous en attendant qu’on retrouve cet imbécile de Jerome. C’est Esteban qui l’a traité d’imbécile, hein ? Ce n’est pas moi.
– Attends… dit Julian en fronçant les sourcils. Est-ce que tu me dis que Jerome Wild a disparu ? On parle bien de la star masculine du film, n’est-ce pas, sœurette ?
– Oui. On s’apprêtait tous à tourner une scène très importante, mais plus de Jerome… Disparu ! Andrew l’a cherché partout, Esteban aussi, mais non… Il n’était nulle part. Ni dans les studios de la Paramount ni à son hôtel. Volatilisé ! Comme s’il avait été enlevé par des aliens… Mon Dieu !!! s’écria-t-elle soudain. Tu crois que c’est ça, Julian ? Pauvre Jerome… Enlevé par des extraterrestres qui vont lui introduire des sondes partout dans le corps…
– Mais qu’est-ce que tu me racontes ? déplora Julian. Elle est encore dans ses délires à la con… Et la police de Los Angeles, qu’est-ce qu’elle en pense ?
– La police ? Ah oui ! La police. Ils ont mis tout en œuvre pour le retrouver, bien sûr. Mais… Attention, c’est un secret ! Selon l’inspecteur chargé de l’enquête, Jerome a un passé de drogué… chuchota-t-elle. Il aurait déjà disparu des mois entiers sans donner la moindre nouvelle ni à sa famille, ni à ses amis, ni à son agent artistique. L’inspecteur prétend qu’on le retrouvera mort dans une ruelle sombre, cette fois.
– Mais c’est scandaleux de dire des choses pareilles ! Que ce soit vrai ou pas, d’ailleurs. Elle est en train de me raconter des conneries… Y a quelque chose qui sonne faux, dans sa voix… Et la police laisserait partir tout le monde ? Mais bien sûr… Je parie qu’elle a fait un caprice de diva et qu’elle m’invente une belle histoire pour que je ne m’énerve pas !
– Parfaitement scandaleux, je suis d’accord ! Ce pauvre, pauvre Jerome… J’espère qu’il réapparaîtra vite. Mais je n’ai plus rien à faire à Hollywood, pour l’instant, moi, du coup. Papounet avait peut-être raison… Je n’aurais jamais dû accepter ce film.
– Et tu reviens lundi, donc. Hum… Si j’étais toi, je resterais à Los Angeles, Ivana. On ne sait jamais. Wild pourrait revenir d’ici deux ou trois jours, je veux dire. Il est peut-être au lit en compagnie d’une admiratrice, dans un hôtel quelconque. Ça m’est arrivé à moi aussi, tu sais, avant de rencontrer Ningsih…
– Eh bien ! Je repartirai, ce n’est pas compliqué… C’est bien pour ça que les avions existent, non ? On dirait que tu n’as pas envie que je revienne, mon frère ? Tu as envie que je revienne, pas vrai ?
– La petite maline… C’est l’évidence même, Ivana. Papa sera ravi, qui plus est. Tu lui manques tellement.
– Oui, c’est ce que je pense, moi aussi. Je suis réellement impatiente d’être de retour à la maison. J’en ai soupé d’Hollywood !
– Moi de même, sœurette. Et merde !!! Sur ce, je vais te laisser… Il est vraiment tard, ici, ou tôt, et j’ai besoin de dormir un peu. Les dernières heures ont été éprouvantes.
– Dans ce cas, repose-toi bien, grand frère. Et l’on se revoit d’ici peu. Je t’aime fort, fort, fort !
– Moi aussi je t’aime. À très vite. C’est bizarre… Elle ne m’a pas demandé des nouvelles d’Adam. Vraiment bizarre…
7
Julian se leva. Il enfila son pantalon de survêtement noir et alla retrouver Adam dans sa chambre.
– Nous avons un problème, lui dit-il.
Deux heures après les premières lueurs de l’aube, les deux comparses se retrouvèrent à l’orée de la forêt de sapins et de cèdres, derrière le château Kolovos. Julian portait son pantalon de survêtement et un débardeur d’une blancheur des plus éclatantes, et Adam, juste un pantalon de survêtement gris. Il préférait courir torse nu.
Ils commencèrent leur jogging au milieu des arbres majestueux.
– Donc, Ivana revient lundi ? On n’est pas dans la merde, d’Ju’, soupira Adam. Comment va-t-on faire ?
– Comme tu dis… Et, je ne sais pas, elle était vraiment bizarre au téléphone. Je crois que ma sœur me cache quelque chose, si tu veux mon avis.
– Tiens donc ! persifla Adam. Quelle surprise ! Un autre membre de la famille Kolovos qui aurait des secrets ? C’est on ne peut plus bizarre, effectivement.
– Te cacher ma véritable nature n’était en aucune façon un manque de confiance en toi, Adam. J’avais… (Il marqua une petite pause, baissa les yeux sur la litière forestière odorante.) J’avais peur.
– Et peur de quoi ? Que je te considère comme un monstre ? Que je mette un terme à notre amitié ? Oui, j’aurais eu peur. Oui, je me serais peut-être enfui. Mais j’aurais fini par réfléchir et par revenir, d’Ju’. Ce ne sont pas que des mots. Tu es ma famille. Francesco est ma famille. Ivana aussi est ma famille. Je te l’ai dit je ne sais combien de fois et j’aime à le répéter peut-être parce que je suis enfant unique… Tu es mon grand frère. Je t’aime.
– Tu vas finir par me faire pleurer, murmura Julian. On devient beaucoup plus sensible, avec les années, ne le sais-tu donc pas ? Si tu n’étais pas torse nu, mais surtout tout en sueur, je te serrerais dans mes bras. Moi aussi, je t’aime. Il n’y a aucune différence entre ma sœur et toi, Adam. Mais… qu’est-ce qui te fait rire ?
– Oh ! Mais rien… Rien du tout. Aucune différence entre ta sœur et moi, hein ? Tu me parles bien de la même fille qui se demandait pourquoi il n’y avait pas eu douze autres films avant Apollo 13 ? La même fille qui a crié au scandale quand est directement sorti Apollo 18 ?
Julian se mit à glousser, puis à rire de bon cœur. Heureusement que ce bon vieux Francesco ne se trouvait pas là !
– Ce n’est vraiment pas cool de se moquer d’Ivana de cette façon, Adam, tenta d’articuler Julian, les yeux plein de larmes. C’est ma sœur, tout de même !
– Non, c’est certain… Mais c’est un petit peu de ta faute, espèce d’hypocrite ! répondit le jeune homme qui peinait à reprendre son souffle. « Et que s’est-il passé entre Apollo 13 et Apollo 18, hein !?! Pff ! Y a même plus Tom Hanks ! », rappela-t-il, hilare, essayant d’imiter la voix d’Ivana.
– Mais tu vas t’arrêter, oui ? le réprimanda Julian. Allez, rentrons, maintenant… Une bonne douche, un bon petit-déjeuner copieux, puis je te raconterai toute mon histoire depuis le jour où Lénora m’a mordu…