"Sables" de Laurent Dumortier chroniqué dans Sarah's Diary... L'avis !
https://www.youtube.com/watch?v=K39xjod01Rw
Lecture, écriture, une passion... Un partage... La littérature dans tous ses états !
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BIOGRAPHIE
HÉLÈNE VAN CANEGHEM
LA DOULEUR DU FÉTICHE À CLOUS
Bruxelles, le 5 décembre 1953
Mille et une vies, mille et une passions.
Voilà ce qui me colle à la peau.
L'enfant ? Ne décide à parler qu'à 4 ans, mais de manière fluide.
L'adolescente ? révolutionnaire et indépendante. Aventurière solitaire et intrépide en Angleterre, au Danemark...Études classiques agrémentées de cours divers comme théâtre, langues, dessin, musique…
La carrière ?Différents jobs avant de se stabiliser dans les bureaux de la grande distribution. Démotivée par l'entreprise qui a racheté l'ancienne, malgré l'achat d'une maison, jette l'éponge. Hélicicultrice, secrétaire de golden boys puis assistante vétérinaire, de gros ennuis de santé m'obligent à jeter le gant.
La femme ? Mère de deux enfants, laxiste pour l'indépendance, sévère pour l'éducation.
L'épouse ? Indépendante et assez dominante. Survit à plusieurs années de vie commune avec un psychopathe. Divorce éprouvant. Remariage.
Le mot que j'aime : fusion.
Le mot que je déteste : abandon.
Après avoir écrit quatre livres pour enfants et plusieurs nouvelles lauréates de concours, je tente la délicate intervention d'exorciser ma mémoire, au risque de revivre mentalement certaines scènes jusqu'alors enfouies dans mon subconscient.
Quatorze années partagées avec un psychopathe marquent la vie au fer rouge.
L'emprise hypnotique s'étend jour après jour.
La logique ne trouve plus sa place.
La main du prédateur étouffe toute rébellion.
Un jour, un jeune docteur déclenche le réveil en prononçant ces quelques mots: « Il va finir par vous tuer ! »
La domination s'est fissurée puis écroulée.
Entraînant avec elle le chaos, l'oppression laisse toutefois des cicatrices invisibles, stigmates d'une autre vie.
La liberté, l'amour et la confiance sont retrouvés.
Ne vous croyez jamais perdu.
COURT EXTRAIT DE LA NOUVELLE « BRITNEY »
« Frapper l’a mis hors d’haleine.
Il regarde son poing rougi de sang.
Je fuis dans la nuit.
Je n'ai plus qu'une chaussure que je perds rapidement.
Le jardin, la clôture, un bout de champ de blé, des orties, hautes, très hautes.
Je me bouche le nez pour réduire le bruit de ma respiration.
Mon cœur s’emballe.
J’avale du sang.
Les orties me brûlent le corps.
Il y a un temps fou que je suis là.
Il a cessé de chercher.
Enfin, je crois.
Il doit être rentré.
J’attends encore.
Je me dis de compter jusqu'à 100 avant de bouger.
A 100, je me dis que j'ai compté trop vite et je recommence.
J’ai très peur. »
Biographie :
Retraité de la fonction publique. Premier roman écrit en 2007 : La serpette. Il sera peut-être réédité par CDL. Un deuxième ouvrage est paru en 2012 : Le rire des gargouilles. Le présent ouvrage « Chroniques I » sera donc le troisième à paraître.
Résumé :
Un ex policier condamné à tort pour le meurtre de son épouse revient à Lyon à sa sortie de prison. Il est décidé à se venger et reprend l’enquête à son début, mais les témoins sont éliminés. Il sera aidé par son beau-frère, commandant à la DPJ de Lyon et une jeune femme policière qui manquera d’y laisser la vie. Mais il ne travaille pas que pour son propre compte. Durant son séjour en prison il a été contacté par un homme mystérieux qui lui propose de réintégrer les services sans bien préciser lesquels. Il va tomber sur un trafic d’êtres humains et des pratiques monstrueuses.
Extrait :
« - Tu continues de te foutre de moi.
Marc, d’un coup, ne souriait plus du tout, il sentait que la clé de ce foutoir était quelque part. Raf se lança.
- Tu ne vas pas me croire, mais c’était une enquête de pure routine. J’avais été informé de deux corps qu’on avait repêchés dans le Rhône, deux corps de femmes.
- Allez au salon, je vous prépare le café.
Il y avait des choses dont elle entendait se protéger. Ils s’enfoncèrent dans des fauteuils.
- Des corps méconnaissables, pas de vêtements qui permettent de les identifier, pas de bijoux, que dalle ! On a fait tout le fichier des disparues, rien ! J’ai enquêté du côté des prostituées, le vide. Les visages massacrés. Même le toubib était pâle en me faisant son rapport. Les nanas avaient passé un sale moment avant de mourir. La scientifique a tenté de reconstituer les visages mais sans résultat. On a essayé de leur rendre un semblant de dignité, dans l’idée de les faire identifier, ça n’a rien donné. J’ai poursuivi mon enquête et, à force de fouiller, j’ai réuni des éléments, les officiels et les autres. Nos chiffres d’abord, avec les plaintes pour disparition. Et puis, un jour, quelqu’un m’a rapporté une conversation qu’il avait eue dans un bistrot avec un indic. Le type n’était pas sûr de lui. Il était resté dans le vague, avait parlé d’enlèvements, de trafic d’êtres humains. Il n’avait rien de concret. Pas de quoi lancer une enquête, en fait.
- Il n’y a pas eu dépôt de plainte ?
- Tout le monde ne porte pas plainte, tu le sais bien ! Des tas de gens dans ce pays évitent les flics autant qu’ils le peuvent ! Les sans-papiers, les pauvres, les situations irrégulières, les SDF…. Alors, j’ai cherché, je me demande bien pourquoi maintenant. J’ai traîné dans tous les quartiers pourris de cette bonne ville, ses banlieues. J’ai dormi sur les bancs, dans les asiles, sous les ponts, dans des caravanes pourries où des types m’ont hébergé parce qu’ils m’ont pris pour un des leurs. Je suis doué pour mentir, tu le sais, non ? Et je n’ai rien trouvé, personne n’a su me donner un nom. Aucun n’a été témoin de la moindre action. Pourtant, j’ai fini par me persuader qu’il se passait quelque chose. Mais impossible de trouver le plus petit bout d’infos, de fait tordu, rien. Ca m’a pris des mois, cette enquête. J’allais abandonner quand il y a eu le….
Là, il se tut. Lui revenaient les images de cette soirée, des images qui lui revenaient constamment à l’esprit. Huit ans d’obsession.
- Je n’ai pas compris. Huit ans que je cherche ce que j’ai pu trouver sans m’en rendre compte. A côté de quoi j’ai bien pu passer et qui était si gros ! Je n’ai rien trouvé. Même aujourd’hui, je ne comprends pas. »
Un grand parc verdoyant agrémenté d’un lac de sinistre réputation, où s’ébattent cygnes et canards ; un écrivain quadragénaire esseulé, André, foncièrement seul; une époustouflante et mystérieuse blonde, Séréna, méditant sur un banc du parc; une jeune mère de famille, Hélène, avec trois jeunes enfants, fragilisée, même perdue, tel est le point de départ de notre histoire quand, brusquement, surgit l’éclat suivi d’un coup de colère, passion et haine se mêlant, le crescendo, puis, plus tard la plus terrible des épreuves...
Auprès de ma blonde ? Drame contemporain ponctué d’éléments de tragédie antique, ce sixième roman (septième publication) de Thierry-Marie Delaunois entraîne le lecteur au coeur de trois sensibilités à fleur de peau, un singulier mystère planant sur l’une d’elles.
André, Séréna et Hélène s’en sortiront-ils indemnes ? Et qui est Danton ? Un compte à rebours vient pourtant de s’enclencher... avec un dénouement inattendu.
Je regarde le jour renoncer sur l’Arno,
Périssent les couleurs en poésies barbares
Quand le soleil se barre, s’enluminent les mots
La nuit cachée dans l’ombre au règne se prépare
Renaissance violette d’un bleu à l’agonie
Dans l’ultime soupir la palette s’égare
Plus lumineuse encore sous la lune qui luit
La noire solitaire chuchote ses étoiles
Et chinoise la ville dans l’Arno qui s’ennuie
Quand viendra le moment du regard qui se voile
Ô poème barbare viens apaiser mon cœur
Et réchauffer mon âme à l’incendiaire toile
Eloigne la clarté et les sombres douceurs
Rappelle à ma mémoire le dantesque chaos
Lorsque les rimes heurtaient les dernières lueurs
Laisse-moi voir le jour renoncer sur l’Arno
On peut dire qu’on ne la joue pas à Marcelle Dumont, et qu’on ne lui fait pas prendre des vessies pour des lanternes, des solitudes qui se trainent pour de fantastiques accomplissements, des mariages juste un peu mieux que le suicide pour de merveilleuses conclusions amoureuses…
On suit ces créatures égarées dans le tissu des conventions sociales, dans l’aspiration au mariage, dans le langoureux soupir après l’amour, dans la séduction vénéneuse qui fait qu’une femme est une vraie femme, dans d’épuisantes représentations de femmes-enfants qu’on doit délicatement entourer, dans le courage aveugle de qui veut vivre et ressusciter d’un mariage mort-né… et on a beau savoir qu’elles ont souvent tort de se cramponner aux mauvaises bouées de sauvetages, aux mauvais rêves d’avenir, aux mauvais guides dans la vie… elles sont un triste bouquet de chagrin, de pathétique obstination ou confiance…
Et on leur aurait volontiers souhaité un peu de jugement, un peu de chance, un peu de liberté pour que leur vie soit toute autre.
Mademoiselle Alberte, par exemple, celle qui ouvre le défilé dans ce recueil de nouvelles. On la voit resplendir comme une pivoine fraîche dont la floraison sera aussi éphémère que magnifique. On la suit jusqu’à son seul réel combat, bien tardif après avoir tout perdu sur son chemin. Elle m’a rappelé une certaine Mimi de mon enfance, que ma mère et ses frères appelaient « La fiancée du curé » parce qu’elle ne ratait pas une messe, et s’y rendait vêtue avec dix ans de retard sur la mode et vingt ans de trop pour la coupe et la coquetterie…
Les fiancés épistolaires enfermés dans une guerre sont tellement touchants, ces cartes dont l’espace est trop petit pour dire du superflu et dont chaque phrase en contient d’autres, secrètes et palpitantes… Que deviendront-ils ?
Et Christine, qui ne peut faire face à son veuvage, et n’y fait d’ailleurs pas face, jouant à d’autres réalités aussi longtemps qu’elle le peut.
Toutes ces femmes sont véritables, nous les avons connues, en pièces détachées parfois, et assemblées autrement, mais nous les avons connues… Et Marcelle Dumont sait ce qu’elle voit, au-delà des falbalas, rires, coupes de champagne et bonheur affiché…
Une belle écriture, une observation précise, et des histoires dont chacune reste étonnante en fin de lecture.
Dès la première phrase qui est une sorte d’exergue, le ton est donné : « Chaque grain du sablier qui s’écoule est un morceau de vie qui tombe, une chute dans le néant du passé. Le futur est là, sous nos yeux, mais il est irrémédiablement condamné… »
On l’aura compris, les textes que l’on va lire ne brilleront pas par leur optimisme. L’auteur nous dit que la vie (notre vie) nous file irrémédiablement entre les doigts. A peine vécu, le moment présent est déjà du passé et ne nous appartient plus. Quant au futur, inutile de se réjouir, il sera bientôt, lui aussi, du passé. La vie (notre vie) nous apparaît donc comme illusoire. Privés de futur, nous ne sommes déjà plus que du passé avant même d’avoir été.
J’adore ce genre d’approche, qui fait réfléchir tout en nous donnant une gifle pour nous réveiller. Car la littérature, cela me semble aller de soi, n’est pas là pour nous raconter des histoires (dans les deux sens du terme) mais pour nous amener à la conscience. On peut dire que Laurent Dumortier y arrive pleinement car on ne sort pas tout à fait indemne de ses textes.
Ceux-ci sont courts, très courts même, et l’auteur s’en explique au début de son petit recueil. Il ne veut pas, ici, s’embarrasser de la psychologie de ses personnages (sans quoi il aurait écrit un roman) mais nous présenter « un instantané, une photographie d’un événement ». Dès lors, le genre littéraire adopté doit correspondre à ce qu’il veut exprimer. Ses récits voulant aller à l’essentiel, une ou deux pages suffisent amplement pour nous montrer que la mort n’est jamais loin et qu’elle nous guette au tournant.
Le thème du sable (celui du sablier, qui symbolise le temps qui fuit) est le leitmotiv qui traverse toutes ces petites nouvelles, aussi sombres que percutantes. Sable du désert, rose des sables un peu magique, sable avec lequel on fabrique le verre, sables mouvants dans lesquels on s’enfonce désespérément sans espoir d’en ressortir, sable qui envahit l’espace et qui risque de nous étouffer, sable des plaines de jeux où les enfants disparaissent… Tous ces sables sont inquiétants et nous rappellent que notre vie actuelle, que l’on croit bien stable, peut très vite basculer dans l’horreur.
Car certaines des nouvelles de ce recueil sont à la limite du fantastique, ce qui leur donne un petit côté original que personnellement j’ai adoré. Bon, je ne vais pas ici vous donner trop de détails, mais retenez que ce côté fantastique sert surtout à nous montrer que notre vie confortable peut basculer à tout moment. Comme je le disais au début : nous n’avons pas de futur, le temps de nous apercevoir que nous sommes éphémères et déjà nous avons passé.
L’illustration de couverture (merci à France Delhaye !) est en elle-même un résumé du livre, puisqu’elle nous montre un squelette dont les os sont déjà partiellement éparpillés sur un lit de sable. Beau raccourci pour dire que chaque grain de sable qui s’écoule du sablier nous rapproche de l’instant fatal. « Vulnerant omnes, ultima necat » (Toutes blessent, la dernière tue), disaient les anciens Romains en parlant des heures. Voilà une formule que Laurent Dumortier aurait pu faire sienne, assurément.
Bonne lecture, ne traînez plus pour vous procurer ce livre, car le temps presse, je vous assure !
http://feuilly.hautetfort.com/archive/2016/05/24/sables-de-laurent-dumortier-5805897.html
Meilleurs voeux !
et...
A demain !