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Marcelle Dumont nous propose deux extraits de son roman "Nuageux à couvert"

Publié le par christine brunet /aloys

Marcelle Dumont nous propose deux extraits de son roman "Nuageux à couvert"

EN PENTE DOUCE (NUAGEUX A COUVERT).

(page 113)

*

Jamais Christine – Cricri, pour Marcus – n'aurait imaginé que tout irait si vite. Ils vivaient ensemble depuis si longtemps qu'elle se trouvait maintenant comme amputée. Bien sûr elle savait que Marcus était gravement malade, mais comme il végétait depuis des mois chez eux, dans un lit médicalisé, elle avait pu croire que ça durerait éternellement. Et du coup, elle n'avait pas pris la peine de se poser de questions. Tous deux s'étaient installés dans une sorte de zone grise, de purgatoire, pas agréable à coup sûr, mais où, du moins, il y avait encore quelqu'un près d'elle, une présence ténue, somnolente, mais enfin une présence.

La dernière nuit avait été, comme souvent, presque une nuit blanche, coupée de brefs moments de sommeil dont elle émergeait le cœur battant. Alors, comme souvent aussi, pour combattre la fuite des minutes, elle avait parlé, parlé. De tout, de rien, de l'effort qu'il aurait dû faire pour manger un petit peu, de leur vie commune, de leur rencontre, de leur première nuit, de leurs querelles qui, quand tout allait bien, se dénouaient sur l'oreiller dans un orage de passion renouvelée.

******

Au bout de quelques jours, Martine, l'épouse du cousin, prise de remords, lui avait téléphoné, pour lui demander comment elle se sentait après un si grand chagrin.

- Oh, bien sûr, papa me manque, mais je me fais une raison. A son âge, cela devait finir ainsi. C'est Marcus qui m'inquiète. Il n'est pas rentré depuis plusieurs jours. Que mange-t-il, là où il est et pourquoi le retient-on ainsi ?

Martine en avait eu le souffle coupé. Elle avait alerté son mari et tous deux avaient débarqué chez Christine, sans crier gare. Ils l'avaient trouvée hagarde, échevelée, dans une maison en désordre et, comme ils la dévisageaient, elle avait tapoté ses cheveux, en pensant qu'elle devrait prendre rendez-vous chez le coiffeur. Elle les avait fait asseoir de mauvais gré, se demandant ce qu'ils faisaient là, alors qu'on passait parfois des années sans se voir.

Martine lui avait pris la main et lui avait parlé à mi-voix.

- Tu es très fatiguée, n'est-ce pas, Christine, mais il faut revenir à toi. Ce n'est pas ton papa que nous venons d'enterrer, tu dois le savoir. C'est Marcus, voyons !

- Marcus ? Ce n'est pas possible !

- Je t'assure que c'est Marcus qui est décédé.

- Et nous nous sommes occupés de tout. J'attends toujours que tu nous remercies, avait grogné le cousin avec reproche, mais Martine l'avait fait taire, car elle voyait bien que la pauvre n'était pas dans un état normal. Christine, quant à elle, voyait la fiction qu'elle s'était créée partir en lambeaux. Tout lui revenait tout à coup. Le lit médicalisé qui avait disparu ainsi que Marcus. Ce vide, cette absence, cette non vie, c'était trop pour un esprit fantasque, apte aux chimères consolantes.

- Mais alors, si Marcus est parti, qu'est-ce que je vais devenir ? Je n'y survivrai pas. Ce n'est pas vrai. Ce matin encore je lui ai parlé. Il a promis de revenir. Il ne laissera pas sa petite fille toute seule.

- C'est ton mari, pas ton père !

- Je suis son enfant quand même. C'est mon ami, mon père, mon mari, mon amant.

Etait-elle sincère ? Jouait-elle la comédie ? Avec elle, on ne savait jamais, se disait le cousin. Elle allait peut-être se lancer dans un de ces discours pseudo philosophiques qui lui donnaient l'impression d'être une intellectuelle de haut vol.

Allait-on subir à nouveau sa profession de foi, selon laquelle, avant de connaître Marcus, elle avait honte de son corps, car tout plaisir était tabou selon l'éducation qu'elle avait reçue. Lui, heureusement, l'avait révélée à elle-même. Et tout ça, assaisonné de ces "hein, sincèrement", avec lesquels elle sollicitait l'approbation de ses interlocuteurs.

Quand elle tenait ce genre de discours, au temps de sa jeunesse, elle était toute frémissante d'excitation, les yeux brillants et les lèvres humides. Elle se tenait jambes haut croisées, découvrant un bout de cuisse au-dessus des bas et parfois un morceau de son slip en dentelle noire. Ce genre de discours un peu ridicule pouvait passer alors, auprès des hommes du moins. Certains, dont le cousin, affriolés, s'étaient crus autorisés à risquer des travaux d'approche et tous avaient été repoussés avec fracas.

(pages 125 à 127).

Marcelle Dumont

Publié dans Textes

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Ces petits, un poème de Marie-Thérèse Carlier

Publié le par christine brunet /aloys

Ces petits, un poème de Marie-Thérèse Carlier

CES PETITS

Tous ces petits

A la vie mal affermie,

Trop tôt anéantis,

Pourtant sans dédits

Ni sans vils compromis

Qu'ont-ils fait, honnis

En leur courte vie?

Est-ce un oubli

Venu de l'infini

Qui les a trahis ?

Ou peut-être maudits ?

En quelle envie

Du mal se sont ils-mis ?

Hors de leurs nids,

Innocence bannie

Ils n'ont pas menti

Ils n'ont pas gémi

Juste des non-dits

Comme du vin la lie

Ils connaissent le mépris

Pourquoi sont ils-affadis

Au fond de leur lit

Ces petits génies

Qui n'auront jamais grandi

De quels puissants la déontologie

*

De la normalité les a bannis ?

Quel crime ont-ils commis

Pour être de la sorte punis ?

Aux jours où les enfants rient

Ceux-ci sont sans amis

A quelles règles sont-ils soumis

Réfugiés dans leurs replis?

Ils n'ont pourtant jamais rugi

Ni se sont enhardis

A pousser de rage leurs cris

Ce ne sont que des petits bandits

Aux joues pâlies,

Aux silences d'une violence inouïe,

Aux regards nus où se lit

Toute l'indifférence qu'ils reçoivent à l'envi

Ils sont à peine nés qu'ils entrent en agonie,

Ces petits à un destin fatal déjà soumis.

Pour eux, jamais on ne prie,

Ils ne connaîtront que l'oubli

D'une vie non accomplie

D'eux aucun ouvrage ne se publie

Ils disparaîtront sans amis,

Dans un de ces hôpitaux de la non-vie,

Derrière les portes de l'oubli

Où ils gisent dans leur imposé dédit,

Même les anges ne voient d'aussi petits,

Dans leur souffrance induits.

*

Pour ces anges, l'enfer vite s'oublie

Ils s'envolent vers d'autres êtres sans félonie,

Leurs tombes ne seront bénies,

Pas de place pour eux au Paradis

A moins qu'un être de lumière d’amour pétri

Leur offrent un coin d'amour hardi

Leurs âmes seront peut-être sauvées de tout ennemi

Un carré de fleurs par leurs cendres sera enrichi,

Sublimé par cette quintessence amie

Celle de l'aube du monde, quand le bonheur n'était interdit...

Bon vent, petits amis !

Marie-Thérèse Carlier

Publié dans Poésie

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Carine-Laure Desguin sous le feu des projecteurs !

Publié le par christine brunet /aloys

Carine-Laure Desguin sous le feu des projecteurs !

— Carine-Laure, un de tes textes sera lu lors de cette soirée du 07 octobre ? Explique-nous, on n’y comprend plus rien à toutes tes histoires d’expo, de ceci, de cela…

— Mais tout est si simple, Christine! C’est Bernadette Michaux, une amiartiste qui …Oui, une amiartiste, ne me regarde pas comme ça, Christine…Ah ben oui, je viens d’inventer le mot, c’est un ou une amie qui est artiste, tout comme moi.

— D’accord Carine-Laure. Et si tous tes amiartistes sont aussi fêlés que toi, c’est pas gagné.

— Je continue. Bernadette Michaux, une de mes amiartistes donc, est une sculptrice de grand talent. Avec Germaine Hurlet, Josiane Renson et Dina Valerio, elles exposent depuis le 20 août 2016. Une expo formidable, tu sais Christine.

— Le thème, où, comment, pourquoi, qui, que, quoi … ?

— C’est la Maison de la Poterie de Bouffioulx (rue Général Jacques, 4, à 6200 Châtelet www.Chatelet-anime.jimdo.com qui organise tout ça. Le thème ? Les artistes ont interprété à leur façon le phénomène de migrations, tous ces mouvements qu’ils soient d’ordre botanique, chimique…Mais l’actu a rattrapé nos artistes et nous pensons tous à ces migrants…

L’expo est visible du 20 août au 13 novembre 2016

— Et quel rapport avec toi, Carine-Laure ? Tu migres ?

— Ah ben moi j’avais écrit un texte, Les enfants du voyage. Ce texte mis en musique par Ernest Hembersin sera donc interprété par ce guitariste carolo lors de cette grande soirée du 07 octobre à 19 heures.

— Merci Carine-Laure ! On a tout compris ! Ouf !

— Concert donc d’Ernest Hembersin pour cette soirée « Migrations – Mon pays, ta culture » qui aura lieu le 07 octobre 2016. Le texte Les enfants du voyage sera interprété mais aussi d’autres textes qui ont pour thème Les migrants. Rendez-vous vers 19 heures car avant le concert d’Ernest Hembersin, nous aurons le plaisir d’écouter Bernard Pierre et Armine Avetisyane qui nous joueront une dizaine de morceaux de musique traditionnelle de pays différents. Bien sûr, présentation de l’expo et des intervenants par l’échevine du Tourisme. Une soirée de partages et d’échanges, une soirée comme je les aime. Suis heureuse lorsqu’un texte prend de l’envol, du mouvement, un texte qui migre…

— Carine-Laure, tu n’a rien oublié ?

— Non, je ne crois pas, Christine. Tout est dit, l’heure, les différents intervenants, les liens vers La Maison de la Poterie. Ah oui, un tout grand merci à Sabine Gille qui a orchestré tout ce petit monde et mis en place cette exposition. Et merci à Ernest Hembersin. Grâce à son talent, plusieurs de mes textes se retrouvent sur des CD…

— Bien bien, Carine-Laure, on peut dire que tu te bouges !

— N’est-ce pas, Christine Brunet ? Pour rappel, Christine Brunet est l’auteure de plusieurs romans policiers, infos ici : http://www.christine-brunet.com/ !

— Et pour ceux qui ne connaissent pas Carine-Laure, voici le lien vers son press book :http://carineldesguin.canalblog.com/pages/press-book/32061526.html

Et un lien vers son dernier article dans lequel cette aventurière des mots explique ses publications en revues :

http://carineldesguin.canalblog.com/archives/2016/09/06/index.html

Publié dans interview

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Les saisons, 4 poésies de Jean Destree

Publié le par christine brunet /aloys

Les saisons, 4 poésies de Jean Destree

LES SAISONS

Printemps

Printemps de fleurs

Printemps de joie

Printemps de mai

Printemps d'espoir

Printemps de Prague

La rose est noire

*

Le chêne a reverdi

Les moutons sont sortis

Les loups aussi

Printemps de joie

Printemps d'espoir

La rose est noire

****

Eté

Eté de feu

Eté des jeux

Eté, c'est rouge

Plus rien ne bouge

Et la lumière

Aveugle

*

Brûle les yeux

Eté de sable

Eté du diable

Le clairon sonne

Faux

Le soleil cogne

*

Là-haut

****

Automne

Tourbillonne

Tourbillonne

Feuille d'automne

Le vent se lève

La pluie achève

De mouiller l'herbe

*

Automne pâle

Automne sale

La maison triste

Se tait

Le coeur s'ennuie

Et sait

*

Que le temps presse

Je n'ai de cesse

Que de t'aimer

***

Hiver

Hiver glaçant

Hiver trop blanc

Hiver soufflant

De vent violent

Je me calfeutre

Dessous mon feutre

*

Hiver de froid

Hiver de feu

Hiver de guerre

Hiver de joie

Hiver de fête

Soleil blafard

Jean Destree

Publié dans Poésie

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Christine Brunet a lu "Angela" de Silvana Minchella

Publié le par christine brunet /aloys

Christine Brunet a lu "Angela" de Silvana Minchella

Comme "Les Louves", ce roman, construit en deux parties, se déroule du moins au départ, en Italie juste après la seconde guerre mondiale, à un moment où la paysannerie, marquée par les pertes de ses éléments masculins, cherche à renaître de ses cendres et à repeupler les campagnes.

Dans ce contexte naît ANGELA, fruit des incantations d'une "sorcière" sollicitée par une "Mamma" en mal de descendants.

Mais Angela n'est pas une petite fille comme les autres, loin de là... En quête d'une identité, perdue entre rêves et réalité, elle grandit en marge, déconnectée de son environnement, à la recherche permanente de réponses.

Des réponses, c'est la seconde partie qui tente d'en donner.

Le texte, d'abord ancré dans la réalité, dérape lentement mais inexorablement, proposant alors dans le second volet une approche plus métaphysique et plus spirituelle.

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans Fiche de lecture

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En octobre...

Publié le par christine brunet /aloys

En octobre...

​Pour Carine-Laure, ça bouge !

Carine-Laure Desguin est, depuis mai 2016, membre sociétaire de l’Association des Ecrivains Belges.

Lien vers le site de l’A.E.B. :

http://www.ecrivainsbelges.be/index.php?option=com_content&view=article&id=2973:desguin-carine-laure&catid=8:auteurs

Press book :

http://carineldesguin.canalblog.com/pages/press-book/32061526.html

— Alors, Carine-Laure, heureuse ?

— Membre sociétaire de l’Association des Ecrivains Belges, c’est pompeux je l’admets. C’est aussi une reconnaissance.

— Des projets ?

— Un roman qui se finalise, c’est pas mal n’est-ce pas ? Un roman noir.

— On n’en parle pas, je sais que tu ne dévoiles pas encore le titre.

— Le titre n’est que provisoire. Lorsque le point final sera mis, je reverrai le titre. Ou pas.

— Tu écris aussi pour plusieurs revues, Le Spantole, Aura, Lichen…

— Oui, pour Le Capital des Mots, Bleu d’encre et n’oublions pas Les Petits Papiers de Chloé. Pour le moment je suis un peu euphorique car le 07 octobre, il y aura une grande soirée à La Maison de la Poterie. Et Ernest Hembersin interprétera plusieurs de mes textes qu’il a mis en musique. Bienvenue à tous, infos ici :

http://carineldesguin.canalblog.com/archives/2016/09/06/34290172.html

— Cela nous ramène vers ta dernière publication, un recueil de textes destinés à être mis en musique ?

— Oui, Album number one, cinéma magique. Lorsque les textes prennent du mouvement, que ce soit dans l’art musical ou l’art théâtral, cela reste pour moi quelque chose d’abouti. Une certaine pérennité, dirons-nous.

— Autre chose pour le moment, Carine-Laure ?

— La préparation du Salon de Charleroi, Alchimie du Livre. Ce sera la cinquième édition. Si des éditeurs ou auteurs sont intéressés, il nous reste des places. Infos ici :

http://carineldesguin.canalblog.com/archives/2016/07/20/34102425.html

— Merci Carine-Laure et à bientôt !

**************************************************************************************************************************

En octobre...

Vendredi 23 novembre à Cook&Book 1200 Bruxelles, Thierry-Marie Delaunois a présenté mon roman à paraître chez CDL "Auprès de ma blonde" et d'en lire un bel extrait devant un public attentif.

Une soirée littéraire présidée par Murielle Lona

Publié dans ANNONCES

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Brune Sapin nous propose un poème

Publié le par christine brunet /aloys

Brune Sapin nous propose un poème

Et quand bien même ne resterait que la tempête
Quand bien même devant un autel aux cierges en candélabres
Quand bien même un nouveau renouveau
On peut toujours
Toujours plus fort
Le temps du printemps
Chaque jour passant
Comme se soufflent les pissenlits
Les fleurs chantent et les oiseaux ne sont pas craintifs
Que revienne plus paisiblement
La symphonie des doux instants
Célébrée par la pureté d'un sourire d'enfant.

BRUNE SAPIN

Publié dans Poésie

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Carine-Laure Desguin et "LE CAPITAL DES MOTS"

Publié le par christine brunet /aloys

Carine-Laure Desguin et "LE CAPITAL DES MOTS"
Carine-Laure Desguin et "LE CAPITAL DES MOTS"

— Bonjour Carine-Laure, Le capital des mots, tu m’expliques ?

— Bonjour Christine Brunet. Le capital des mots ? Un carrefour poétique, c’est pas ton truc, ça, la poésie. http://www.christine-brunet.com/ . Mais merci à toi te t’y pencher !

C’est un blog sur lequel tu retrouves les nouvelles voix poétiques, des voix contemporaines. Et il n’y a pas que des textes poétiques, ça ratisse bien plus large que ça, Le capital des mots !

— Et ils sont plusieurs alors pour gérer et diffuser tout ça ?

— Non Christine, un seul homme ! Eric Dubois ! Eric Dubois est poète (plusieurs livres édités), photographe, peintre. Il est aussi chroniqueur dans l’émission Le lire et le dire sur Fréquence Paris Plurielle (106.3 fm Paris) depuis 2010, etc, etc, etc…J’aurais bien aimé le rencontrer lors de mon week-end à Paris, pour le Marché de la Poésie. Mais cete rencontre sera pour l’an prochain.

— Très bien, Carine-Laure. Je lis ces textes, je constate une évolution dans ton écriture. Un changement. Tu mues, Carine-Laure ?

— Oh, de temps en temps, je me rémulvolutionne.

— Tu te quoi ? Tu te rémulvolutionnes ?

— Oui, c’est ça. Tu vois, tu comprends tout, Christine Brunet. Les mots, j’aime parfois les inventer. Ici, on pourrait penser à un mot-valise, même pas…

— Assez blablaté, voici le lien vers tes textes, des inédits. Tout le monde sait que pour les revues pour lesquelles tu donnes de ton jus, ce sont des textes inédits, pas des vieux trucs poussiéreux que tu ressors de tes tiroirs.

http://www.le-capital-des-mots.fr/2016/06/le-capital-des-mots-carine-laure-desguin.html

Et pour ceux qui ne connaissent pas encore Carine-Laure Desguin, voici son press book (qu’elle doit compléter…)

http://carineldesguin.canalblog.com/pages/press-book/32061526.html

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Le perroquet d'Auguste, un poème de Thierry-Marie Delaunois

Publié le par christine brunet /aloys

Le perroquet d'Auguste, un poème de Thierry-Marie Delaunois

Le perroquet d’Auguste

*

Il avait appelé son perroquet César,

Auguste, mon singulier voisin de palier

Et ce n’était point par le plus grand des hasards

Car les deux énergumènes étaient très liés.

*

“Ave, Ave!” proclamait parfois l’animal,

Un vrai petit chef, arrogant et fier de lui,

Auguste le jugeant souvent tel un rival

Mais devait-il à ce point se méfier de lui?

*

Quand, le dimanche, je leur rendais visite,

“Laver, laver!” semblait jeter le perroquet,

Un César moqueur, selon un certain rite,

Auguste saisissant alors un bâtonnet.

*

Menacé, l’oiseau, se baladant au salon,

Délivré chaque dimanche par son maître,

Ne tardait point à regagner son cabanon,

Auguste, en empereur, l’envoyant paître.

*

Mais pourquoi le chasser après l’avoir lâché?

César ne me causait jamais aucun souci!

Je voyais ensuite Auguste se fâcher

Car l’oiseau plongeait sur sa lessive, ravi.

*

“Laver, laver!” s’expliquait donc facilement!

“Je vais t’apprendre la vérité”, criait-il,

Courroucé, César se repliant vivement;

“La vérité! La vérité!” répétait-il…

*

Quelle vérité? Pourquoi un tel langage?

De quoi parlait donc le maître de cet oiseau?

Auguste m’apprit un beau jour, sans ambage,

Qu’il l’avait adopté, trouvé dans un tonneau!

Frissonnant, amaigri, il l’avait attrapé,

Puis enveloppé dans un tissu souple et chaud,

Ensuite emmené chez lui, emmitouflé,

L’appelant dans un premier temps Calimero.

*

Ce qu’il devait à Auguste, le perroquet,

Il n’en avait cure car une fois libéré,

Le jour de la lessive, le tissu douillet,

César ne pouvait que, heureux, le retrouver.

*

De Calimero à César, c’était couru!

“Ave, Ave!”, était-ce une reconnaissance?

Notre Auguste avait-il enfin tout vu?

Sans doute point car avec cette aisance…

*

Grandeur et Coco-tance...ou caquettance!

Thierry-Marie Delaunois

Publié dans Poésie

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Jean-Claude Texier nous propose un extrait de son dernier roman "Loozie Anna"

Publié le par christine brunet /aloys

Jean-Claude Texier nous propose un extrait de son dernier roman "Loozie Anna"

Loozie Anna, c’est l’histoire d’une seconde naissance dans la recherche de soi-même. Son corps prend une nouvelle vie lorsque sa grand-mère Audrey la sculpte dans l’argile.

Loozie Anna, c’est la recherche d’une identité. Au début du roman, elle part à la recherche de ses racines américaines. Dans la vie sociale, elle s’appelle Adélaïde. Audrey lui suggère qu’elle a une illustre descendance, qui remonte au fondateur la Massachusset Bay Colony Edward Winslow d’où sont nés les États-Unis.

Dans sa vie privée, elle a incarné dans une représentation théâtrale d’Adélaïde de France, la fille aînée de Louis XV, qui fut condamnée à l’exil par la Révolution. C’est ce mythe personnel, qui la lie à son père, qui sera exploité par son amant lors d’un Mardi Gras à la Nouvelle Orléans.

Dans sa vie professionnelle, c’est une brillante linguiste obsédée par les mots, une érudite à la recherche de tous les accents de la langue anglaise. Son aventure amoureuse lui permettra de donner un nouveau sens à sa vocation.

Mais c’est par le biais de l’art musical et de l’amour sincère que lui porte un musicien qu’elle découvrira sa personnalité et par l’intermédiaire duquel elle exaucera le vœu de son père : interpréter comme violoniste le concerto en Ré mineur de Tchaïkovki lors d’une fête du lycée.

UN EXTRAIT...

QUI ES-TU, ADELAÏDE ?

Qui es-tu Adélaïde ?

Es-tu comme tu te rêves à la Nouvelle-Orléans, « fille de colon avant la guerre civile, courant au pied des colonnes, à l’ombre des chênes, entre les orchidées et les gardénias, native d’une terre orgueilleuse, élégante, dont la resplendissante beauté a miraculeusement échappé aux griffes du machinisme dévorant. » ?

Ou la réincarnation de cette Adélaïde de France, fille aînée de Louis XV, musicienne et cavalière, en laquelle ton père voulait te déguiser pour le carnaval ?

Es-tu cette princesse royale véhémente, incarnée lors d’une célébration théâtrale, adjurant sa race insouciante de se réformer avant le séisme de la Révolution ?

Ou encore cette violoniste, animée de piété filiale, accomplissant le vœu de son père de la voir exécuter un jour le plus difficile concerto au monde ?

Serais-tu, comme l’évoque De Rieu, l’Adélaïde de Beethoven, issue de ce poème de Friedrich von Matthisson, celle dont le nom brillera dans les fleurs sur la tombe de son adorateur ?

Es-tu la douce princesse de ton séducteur, ou la hautaine aristocrate rejetant ses avances dans le langage précieux d’une fille de roi sur une scène imaginaire, avant de succomber au bonheur d’aimer ?

Ton nom n’indiquerait-il pas plutôt une descendance mystique, ta noblesse serait-elle d’origine chrétienne ?

Ou bien n’es-tu, comme Edna le devine, comme Alsom le prétend, comme un graffiti le proclame, qu’une adulte qui rêve en vain redevenir enfant ?

Nais-tu réellement dans l’argile sous les doigts d’Audrey, la grand-mère sculptrice, éveillant ta chair à la sensualité avant de t’inviter à l’offrir aux hommes ?

Es-tu cette poupée habillée de chiffons que tu dis sentir en toi dans la solitude et l’abandon, ou bien l’immigrée royale dans sa robe d’apparat, resplendissante sous les trainées multicolores du feu d’artifice d’un Lundi Gras à La Nouvelle-Orléans ?

Et en amour, qui es-tu ?

L’amoureuse de Sébastienne, celle d’Alsom ou de De Rieu ? Parmi toutes les fleurs qui t’environnent, les magnolias et les roses, est-ce l’iris de Louisiane offert par ton amant qui t’identifie le mieux ?

Et que cache ce poème de Yeats prédisant les futurs regrets d’une vieille femme d’avoir ignoré dans sa jeunesse le seul homme qui la comprit et l’aima vraiment ?

Et cet autre poème de Longfellow, que tu cries à Bar Harbour au vent de la mer, t’avertissant d’un bonnet de bouffon dont une belle demoiselle veut te coiffer, est-ce le destin qui se moque de toi ?

N’es-tu, comme le dit la noble visiteuse de ton rêve, qu’une usurpatrice d’identité prestigieuse, et faute de te connaître vraiment, faudra t-il nous résoudre au désenchantement de ton état-civil : Adélaïde Romeuf, irlandaise par sa mère, américaine par sa grand-mère, française par son père, professeur de lycée à Saint-Sauveur par vocation, hantée par les mots, leur sens et leur prononciation ?

N’es-tu simplement et pour toujours, que ces paroles d’une chanson nostalgique de Billie Holiday :

N’as-tu jamais regretté La Nouvelle Orléans

Après y avoir laissé ton cœur ?

Je regrette les vignes vierges couvertes de rosée,

Les grands pins où chantait l’oiseau moqueur.

Et celles que tu répètes lentement, les larmes aux yeux à la fin du rêve, comme une leçon apprise de ton aventure, entourée des souvenirs qui ont illuminé ta vie : Loozie Anna, Loozie Anna ?

Jean-Claude Texier

Publié dans Textes

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