Pélerins, un poème extrait du nouveau livre de Joël Godart "A la fin de ces longues années"
Pèlerins
A mes regrets cachés sous la pierre grise des matins
A vos folies vos désespoirs – vos mensonges
Aux jours qui passent – à la musique des âmes
Pour nos marches dans l'herbe des chemins
Pour la chaleur de ta main – l'éclat de ton regard
Pour les battements de ton cœur après l'effort
Aux mots qui s'abandonnent sur la page blanche
A l'ordre qui pointe sous le désordre de nos nuits
A mes soleils tombés bas à qui je donne liberté
A ce vers quoi nous tendons – pèlerins de l'indicible
Joël Godart
Christian Eychloma nous présente son roman remanié en un seul volume : "Que le diable nous emporte..."
Petite Bio !
À l’issue d’une carrière d’ingénieur dans l’industrie aéronautique, Christian Eychloma décide de se consacrer à l’écriture, et plus spécifiquement à la science-fiction dont il renouvelle le genre.
S’attachant à proposer à ses lecteurs des histoires originales porteuses de sens, il a à ce jour publié six ouvrages qui ont connu un vif succès auprès des connaisseurs comme des simples curieux .
- « Que le Diable nous emporte », un roman d’anticipation en deux tomes
- « Ainsi soit-il », un peu la suite du premier
- « Mon amour à Pompéi », récit d’un voyage temporel dans l’empire romain
- « Les larmes de Titus », son tout dernier roman, une suite du précédent…
- ajoutons enfin une réédition de « Que le Diable nous emporte » en un seul tome.
Contact :
Courriel : christian.eychloma@sfr.fr
Blog de l’auteur : http://futurs-incertains.over-blog.com/
Synopsis
Un « space opera » captivant doublé d’un conte philosophique.
Les deux tomes de « Que le Diable nous emporte… » enfin réunis en un seul volume ! Une incroyable épopée vécue par quelques milliers d’hommes et de femmes fuyant une Terre moribonde pour tenter de pérenniser leur espèce…
L’ultime diaspora !
Un extrait...
Un choc, accompagné d’un bruit sourd. Puis le silence, et l’indéfinissable impression si souvent éprouvée de ne plus être tout à fait avec son corps et de ne devoir qu’aux sangles de sécurité de ne pas quitter son siège avec la légèreté d’une plume. En plus de cette soudaine et désagréable sensation nauséeuse que l’on avait appris à surmonter et qui passait assez vite.
La navette venait de se détacher du vaisseau et d’être expulsée dans l’espace, selon une direction tangente à la structure circulaire en rotation de celui-ci et sous l’effet de la simple force centrifuge. Le moteur de poussée fut brièvement actionné et le vecteur accélération orienté de façon à donner le coup de frein nécessaire pour provoquer la longue « chute » parabolique vers la surface.
Les passagers, fermement sanglés sur des sièges alignés par rangées de quatre, ne disaient mot en contemplant, à travers le filtre de leur visière teintée, l’étroite tranche planétaire dévoilée par le soleil aveuglant de Nouvelle Espérance. La position de l’astre, pratiquement en face d’eux et encore assez bas sur l’horizon, mettait en relief l’épaisseur de la couche atmosphérique apparaissant sous la forme d’un arc de cercle bleuté surlignant la rotondité de la planète.
La surface s’aplanissait insensiblement au fur et à mesure de la descente tandis que sa partie éclairée allait progressivement en s’élargissant. Le Vasco de Gama ne fut bientôt plus qu’un gros point lumineux dans le noir de l’espace, tandis que le dessin des continents sur la vaste étendue bleu sombre des océans commençait à se deviner sous le blanc scintillant des couches nuageuses. Personne n’avait encore prononcé un mot, comme si les laryngophones avaient été coupés.
Une annonce fut diffusée au bout d’un long moment depuis le poste de pilotage pour prévenir que l’on allait bientôt atteindre les couches supérieures de l’atmosphère et qu’il fallait se préparer à encaisser progressivement l’accélération due au freinage que subirait la navette. Ceci eut pour effet de faire sortir les passagers de l’espèce de torpeur où ils se trouvaient plongés depuis le départ et certains commencèrent à échanger leurs impressions.
Paul se tourna vers Florence en lui désignant un des hublots.
« Tu vois, là-bas, cette bande continentale ? Je crois qu’au-delà se trouve le théâtre de nos futurs exploits… »
Au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient du sol et qu’ils se sentaient davantage écrasés dans leur siège par la résistance de l’air devenu beaucoup plus dense, ils pouvaient de mieux en mieux observer l’étrange géographie de la planète se présentant à leurs yeux de terriens avec un indéfinissable mélange de bizarrerie et de familiarité.
Sans pouvoir reconnaître quoi que ce fût, et pour cause, dans la physionomie des terres émergées, ils pouvaient toutefois contempler sans réelle surprise les longues chaînes de montagnes bleutées aux sommets enneigés et les bandes côtières très découpées et ourlées de vert sombre.
Ils étaient passés du vol spatial en vol atmosphérique. La navette s’était progressivement stabilisée à l’horizontale en faisant lentement « pousser » ses ailes de façon à se comporter comme un aéronef utilisant la portance de l’air pour se sustenter et des statoréacteurs pour une propulsion supersonique.
Ils franchirent la bordure côtière du continent que Paul avait désigné et entamèrent une descente rapide vers la plaine qu’ils regardaient défiler au-dessous, perdant assez vite de l’altitude en laissant derrière eux le scintillement des vagues de cet océan inconnu qui venait lécher le rivage de cette terre présumée vierge.
Le vrombissement devint assourdissant lorsque l’aéronef se positionna finalement en vol stationnaire au-dessus du site dont on avait communiqué aux pilotes les coordonnées géographiques précises. L’engin descendit lentement jusqu’au sol où il s’immobilisa avant que ne soient coupés les moteurs de sustentation.
Ils y étaient enfin …
Un long silence suivit pendant lequel les passagers, immobiles dans leur siège et comme osant à peine respirer, s’efforçaient de recueillir un maximum d’informations visuelles en scrutant avec intensité leur nouvel environnement. Comme si de ces premières impressions allait dépendre la suite de l’aventure.
Pour ce qu’ils pouvaient apercevoir depuis l’intérieur de la navette, ils étaient comme prévu au milieu de ce qui ressemblait à une vaste plaine, limitée d’un côté par les lointains contreforts de la chaîne montagneuse qu’ils avaient pu observer avant l’atterrissage et s’étendant à perte de vue de l’autre côté.
« Allez, les enfants, je propose d’ôter ces encombrantes armures et de se changer avant d’aller jeter un coup d’œil sur cet Éden ! » dit Paul en dégrafant sa ceinture de sécurité et en tournant la tête à gauche et à droite comme pour recueillir l’assentiment de tout le monde, proposition qui eut pour effet de faire sortir les gens de leur quasi-léthargie. Tous se libérèrent de leurs sangles et commencèrent à se lever pesamment, puis à déverrouiller le casque de leur scaphandre.
Paul expliqua à nouveau que la navette resterait hermétiquement close jusqu’à ce que tout le monde ait ôté cette lourde protection - portée par simple précaution - et se trouve dans la tenue requise pour cette première sortie. Chacun étant déjà revêtu de sa combinaison ultra légère, la pose du casque intégral en plexiglas ultra fin qui assurerait la filtration de l’air par sa base ne prit guère de temps. La cabine fut alors dépressurisée et les larges portes latérales coulissèrent pour autoriser l’accès des humains sur ce sol étranger.
Au pied de l’étroit escalier qui venait à peine d’être déployé et dont la première marche s’enfonçait à demi dans une sorte de mousse spongieuse, de hautes tiges annelées vertes et brunes, terminées par une touffe noire et épaisse, ondulaient en rangs serrés sous une légère brise. Ces verges flexibles constituaient apparemment les colonnes vertébrales de « roseaux » épais pourvus de longues feuilles jaunâtres s’élançant à partir de leur base, dentelées comme des lames de scie et apparemment aussi tranchantes.
La première chose qu’ils éprouvèrent fut une forte sensation de chaleur, ce qui ne les surprit guère. Puis ils se rendirent compte en levant les yeux que le paysage ne changeait pas beaucoup, où que portât leur regard. On pouvait tout au plus apercevoir de loin en loin, comme autant d’oasis sur cette « prairie » monotone, quelques larges bouquets d’un vert sombre, vraisemblablement constitués de ces espèces de « séquoias » avec lesquels on avait essayé de les familiariser via le décor de la piscine.
Nul bruit en dehors du léger cliquetis des lames raides et acérées s’entrechoquant plus violemment sous les rares sautes de vent. Quelques gros nuages blancs ourlés de jaune orangé dérivaient lentement dans un ciel d’un bleu très clair tirant un peu sur le vert. En raison du filtre respiratoire, toute sensation olfactive était pour le moment absente mais il n’était pas difficile d’imaginer l’odeur d’humus que devait exhaler ce terrain marécageux.
Paul se tourna spontanément vers Florence et Kate qui se trouvaient non loin de lui et prit d’autorité chacune d’elles par la main.
« Mesdames, par ici s’il vous plaît ! Vous allez être les premiers humains à poser le pied sur Nouvelle Espérance ! » déclara-t-il à travers son laryngophone avec un large sourire tout en les guidant fermement vers le bas des marches, Florence d’un côté et Kate de l’autre.
Les deux femmes, un peu gênées, se laissèrent entraîner par Paul qui prit grand soin de rester en retrait. Elles mirent en même temps le bout du pied sur le tapis végétal, levant la tête en riant pour s’offrir aux vidéocams qui immortalisaient la scène tout en retransmettant les images en direct au Vasco de Gama.
Le rêve, une poésie signée Marie-Noëlle Fargier
*
*
Si le rêve quittait mon aujourd'hui
Pourrais-je sentir la pluie ?
Pourtant elle éclate sur ma peau
Si le rêve quittait mon horizon
Pourrais-je entendre les sons ?
Pourtant ils pleurent sur mes maux
Si le rêve quittait mon passé
Pourrais-je surprendre mes souvenirs ?
Pourtant ils rient sur mon ingénuité
Si le rêve quittait mon avenir
Pourrais-je imaginer des mots?
Pourtant ils cognent sur mes paupières
Ouvertes à un ciel, des arbres, des mers, des êtres
Imaginaires
D'un bleu parfait, d'un vert lumineux, d'écumes blanches, de chair douce et de sang clair
Le rêve est là, je le libère et m'envole avec lui, sans bruit
Depuis si longtemps...
Il devient ma vie, les yeux clos
*
Et quelques fois...
L'eau se glace, le lointain se mure, la mémoire se grise
La réalité surgit, elle m'emprisonne et m'enferme près d'elle, sans émoi
Depuis si longtemps...
Alors, je suis chahutée, et si triste
d'un bleu délavé, d'un vert éteint, d'écumes noires, de chair meurtrie, de sang séché
*
J'appelle l'ondée fine, les notes symphoniques, les couleurs d'autrefois
Pour le retrouver, Lui, le rêve
Encore longtemps....
J'existe par Toi.
Brune Sapin nous propose un nouveau poème
*
Si tout va, la vie va, Tout ira, rira bien
Mais qui donc le premier Ne dira jamais rien
Qui puisse ébouriffer À temps le va-et-vient
Du temps, du trou, du train
Puisque tout s’accélère
En illuminations
Clair-obscur, demi-teintes
C’est fou ça sent la fin
Du moins de tous ceux-ci
Qui ne voient pas plus loin
Que la main à couper
Et dans le cœur l’écrin
De l’amour suspendu
Au fil du juste titre
Mais à qui les écrire
Ces trois petits points-là : …
Brune Sapin
Vincent Knock a lu "Le boiteux de Grattebourg de Rolande Michel
"Avec Le boiteux de Grattebourg, Rolande Michel nous livre un texte à mi chemin entre le fantastique et le roman de terroir où l’on se plait à suivre les pérégrinations malchanceuses de son héros, Anselme, dit le boiteux, un être profondément laid mais également profondément bon. Et on se laisse vite happer par le style travaillé qui transpire dans l’écriture de l’auteur, où l’on semble tomber dans un village inquiétant en proie aux manifestations mystérieuses de dame nature. Par l’atmosphère rurale et les réactions animales de certains autochtones, habités et féroces envers Anselme, on se croirait embarqués dans une nouvelle histoire de David Lynch où le lecteur est en insécurité permanente, à la merci des rumeurs et peurs d’un autre temps. On découvre une multitude de personnages étranges (le rebouteux, Maria, le curé…) aux prises avec des phénomènes surnaturelles qui s’amplifient à mesure de l’avancée de l’histoire.
Parce que c’est là que réside le tour de main de ce livre de 219 pages, d’avoir su créer un univers inquiétant (une campagne reculée) et intemporel (cela pourrait se dérouler au moyen âge, au début du siècle, voire de nos jours), dans lequel on est immédiatement happé jusqu’au dénouement final qui relève sa part de mystère.
Une belle lecture".
Vincent Knock
Denis Billamboz chronique "Angela" de Silvana Minchella
http://mesimpressionsdelecture.unblog.fr/2016/09/21/angela-silvana-minchella/
Dans la région centrale de l’Italie, pas très loin du fameux Monte Cassino qui vit les Alliés défaire les Allemands, Luisa, la plus belle fille du village est mariée, contre sa volonté, à un des rares hommes qui sortent indemnes du conflit mondial. De leur union, naît, après bien des tentatives infructueuses, un bébé, Angela, ce n’est pas un garçon mais c’est tout de même une héritière pour cette famille qui peine à assurer sa succession. Angela est choyée comme un trésor, elle représente l’avenir de la famille, le bâton de vieillesse de tous ceux qui l’accueillent.
Les temps sont difficiles dans cette région très pauvre, le père décide d’émigrer en Belgique où il ne s’adapte pas contrairement à Angela qui devient une vraie petite citadine qui a honte de son père demeuré un brave paysan italien perdu dans la grande ville. « Honte remords, mépris de moi-même et colère contre « les autres » dont le jugement, le regard, l’opinion, étaient plus puissants que mon élan vers mon père fatigué. » Lui écrit-elle dans une lettre qu’elle ne lui remettra jamais.
La petite fille devient le pilier de la famille entre une mère devenue citadine, prête à tous les expédients pour rester dans la grande ville et un père alcoolique qui voudrait retourner dans sa campagne natale. Elle apprend à se défendre seule et à trouver en elle les forces qui ont présidé à sa naissance et qui lui confère la fragilité d’un elfe qui la caractérise. Elle s’adonne à toutes les recherches possibles, sans ordre, ni méthode. « Elle goûta à tout ce qui se présentait : Boudhisme, guérison par les couleurs, par les sons, magnétisme, chakras, canalisations, hypnose, physique quantique, tarot, décodage des rêves, loi de l’attraction, le grand secret, l’alchimie, la reconnexion, voir les auras, les vies antérieurs, le transgénérationnel, la Gnose, etc… »
Silvana nous raconte son parcours, ou celui d’une fillette qui lui ressemblerait étrangement, le chemin parcouru par une petite émigrée italienne en butte à toutes les misères de l’exil, les difficultés familiales, l’intégration, le rejet, la stigmatisation… Mais ce parcours est aussi tout le chemin qu’elle a parcouru pour comprendre ses origines, sa raison de vivre, son être profond, sa place dans le monde. Une quête où se mêlent l’introspection et la recherche des origines.
Ce livre qui se divise en deux parties très distinctes n’est en fait une seule est même histoire, c’est la quête de cette gamine devenue une séduisante femme qui cherche à comprendre comment elle a pu naître avec de yeux liquides au milieu d’une tribu aux yeux de charbon et, devenue adulte, ressentir en elle des forces qui ne semblent pas résider chez les autres. Ce ne sont peut-être que les stigmates de l’arrachement et de la honte des parents qui entraînent cette femme sur les chemins de toutes les religions en passant par l’ésotérisme et l’occultisme et toutes les formes de pensées qui traînent dans notre société et qui l’incitent à se réfugier dans les rêves où elle pourrait trouver son prince charmant, son complément.
Denis Billamboz