Qui est Edouard Ballureau et pour quelles raisons lui ai-je demandé de répondre à quelques questions ? Vous allez voir, ses réponses et son approche du monde du livre nous intéresse TOUS ! Quelques idées reçues à mettre à la poubelle et des points sur les i à souligner...
Edouard, pourriez-vous vous présenter pour nos lecteurs, svp ?
Edouard Ballureau 48 ans actuellement représentant pour les éditions De Borée depuis 8 ans. J'ai été précédemment libraire à Sarcelles, à la librairie Le Temps de Lire, puis au sein de l'espace culturel E.Leclerc. J'ai appris le métier sur le tas, si je puis m'exprimer ainsi, auprès de Madame et Monsieur Champsavoir avec qui j'ai oeuvré durant une quinzaine d'années, puis lors du rachat de la librairie par le groupe E.Leclerc (j'ai poursuivi l'activité pendant 5ans).
Quel est le rôle d'un diffuseur dans la chaîne du livre ? Vous avez été libraire. Un métier passion. Aujourd'hui, vous promouvez les auteurs auprès des libraires justement, et des grandes surfaces également. Le métier de libraire a-t-il changé ? Si oui, pour quelles raisons ? Les grandes surfaces prennent-elles le pas sur les librairies de quartiers ?
Le métier de libraire, depuis mon départ, n'a pas changé en soi,mais il doit faire face à une concurrence accrue de la part des grandes surfaces et plus récemment de la vente sur le Net voire du téléchargement ce qui oblige le libraire indépendant à mettre ses moyens en oeuvre pour conserver et fidéliser une clientèle; cela passe par l'accueil, le conseil, le choix, les délais de commande et la rencontre avec les auteurs.
La distribution et la diffusion d'un livre est un avantage sans doute décisif, aujourd'hui, pour un auteur : cela dispense-t-il un auteur (de petite ou moyenne édition) de toute démarche vers ses lecteurs ?
L'auteur, quant à lui, ne doit pas se réjouir trop vite une fois édité par une maison d'éditions, et ce quelle que soit son importance.
Effectivement, même s'il sera visible sur les tables grâce au travail des commerciaux et de la distribution, le flot de parutions est surabondant. S'il veut tirer, en quelque sorte, son épingle du jeu (même d'une façon modeste), il devra s'investir en effectuant des séances de dédicaces pour aller à la rencontre du public. Il peut aussi utiliser le réseau internet pour faire sa propre promotion.Toutes les pistes intéressantes peuvent et doivent être mises en oeuvre.
Question plus compliquée, sans doute : vous baignez dans le monde du livre. Selon vous, que recherche un libraire en invitant un auteur en dédicaces ?
Comment doit (dans l'absolu) se comporter un auteur en dédicaces et ce qu'il ne doit pas faire ?
Le libraire a tout intérêt, à son tour, à organiser des rencontres avec les auteurs, ceci dans un souci de créer une dynamique pour fidéliser sa clientèle, faire partager ses coups de coeur et initier un échange entre ses clients et les auteurs, et également... augmenter ses ventes (point non négligeable).
L'auteur qui décide de participer à ces séances de dédicaces-rencontres, s'il en accepte le principe, se doit d'être enthousiaste, ne pas hésiter à se lever pour aller à la rencontre des clients pour faire une promotion sans forcing de son ouvrage. Il suffit parfois de peu pour accrocher un client.
Il peut y prendre beaucoup de plaisir et avoir la satisfaction, lorsque qu'il reviendra pour son prochain ouvrage, de retrouver des lecteurs qui lui seront fidèles par la suite.
J'imagine que, pour un écrivain, le premier plaisir est l'écriture. Puis c'est le plaisir de voir son manuscrit édité et enfin de pouvoir échanger avec ses lecteurs et les rencontrer de visu ?
Il doit vraiment prendre cet "exercice" comme un plaisir et non comme une corvée car les gens le ressentiront forcément à son attitude... L'auteur peut alors trouver le temps long ! L'exercice peut être intimidant au départ, mais j'ai accompagné assez souvent des auteurs débutants qui, maintenant, se sentent très à l'aise et ont trouvé des trucs pour accrocher le public.
Les métiers du livre souffrent (disparition de Virgin, FNac sur la scellette) : effets de la crise (l'avez-vous ressentie ? Encore maintenant ?) ou de l'apparition du livre numérique ?
On parle de crise depuis quelques temps déjà, mais en interrogeant régulièrement les divers intervenants de la chaîne du livre, les ventes du livre sont toujours stables.
Le support papier continue à se vendre malgré la concurrence de son cousin numérique. L'un n'empêche pas l'autre. Dans un domaine culturel proche, pour exemple celui du disque ne voit-on pas revenir en force le vinyl ? Les lecteurs fidèles aiment aussi "l'objet"... je pense au plaisir d'une belle bibliothèque remplie de toutes sortes de livres...difficile à réaliser avec du numérique !
Dernière question et pas la moindre... Lorsque vous présentez un livre aux libraires, qu'est-ce qui fait qu'il va accrocher? l'éditeur ? le prix ? la cover ? le thème ? la 4e de couverture ? le nom de l'auteur (sans doute vrai pour les auteurs très connus qui font vendre, mais pour les autres ?).
Le tout en même temps, je présume. Mais dans quel ordre de priorité ?
Pour terminer, les facteurs prépondérants pour la vente d'un livre sont dans l'ordre, et ceci n'engage que moi :
- La couverture et le sujet
- L'auteur
- L'éditeur... bien que ce dernier point intéresse plus le libraire, à mon avis, que le lecteur.
Voilà quelques mots qui ont l'avantage de remettre les choses à leur place ! Un grand merci à Edouard Ballureau pour cette participation à notre blog et ce partage de sa vision du livre et son devenir !
Christine Brunet
www.christine-brunet.com