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Lorsqu'un conte de Bob Boutique se rebiffe, ça donne... les dix petites négresses !

Publié le par christine brunet /aloys

 

Bob Boutique... Je me souviens le jour où, juste après la signature de mon premier contrat chez Chloé des lys, il m'a contactée pour son interview... Très intimidée, à l'époque, j'assistais, médusée voire apeurée ou suffoquée (tout dépend des moments) à ses interventions sur le forum, par exemple.

 Et puis, j'ai décidé de créer le blog passion créatrice et ma première idée a été de lui demander de répondre, à son tour, à quelques questions. Mais j'ai mis des semaines avant d'en avoir le courage... et le résultat a été un jeu rapide et mordant que j'ai eu bien du mal à maîtriser... parce que Bob est du genre "immaîtrisable" ! Vous lui posez une question, et il vous renvoie un interview quasi bouclé ! Et cette fois n'a pas fait exception !

Avec certains d'entre vous, (les auteurs concernés se reconnaîtront), j'ai du mal à obtenir les infos que je cherche... Pas simple de décortiquer son écriture, j'en suis consciente... Pour Bob, ça va de soi... Une facilité qu'on retrouve dans ses réponses...

Les années passent... Pas trop, quand même et voilà Bob avec un nouveau bouquin, différent des deux précédents, plus... enfin, faudra le lire pour comprendre !

 http://www.bandbsa.be/contes3/10negresses.jpg 

 

 

 

Bon, je commence, alors... Dis, Bob, c’est curieux...  On s’attendait à te voir publier un « Contes Bizarres III » et voilà que tu nous sors un roman « Les 10 petites négresses » ! 

C’est une erreur !  J’étais effectivement en train d’écrire un troisième recueil de contes bizarres et me lançait dans une cinquième nouvelle, lorsque celle-ci  s’est rebiffée…

 

Rebiffée ?

Tout à fait. Normalement mes contes font, grosso modo, une  trentaine de pages, après quoi j’en arrive tout naturellement au fameux  « et arriva ce qui devait arriver » suivi de la chute. Un processus bien huilé dont je ne suis absolument pas responsable, car tout cela se trame dans ma tête sans que j’aie le moindre mot à dire…  un matin vers sept heures je commence à écrire, sans trop savoir où je vais, je tape sur les touches, je tape, je tape , l’histoire se développe sans que j’en connaisse la fin, pas de plan, pas de notes, rien… et trente A4 plus loin, ben…  c’est fini.


Et pour Les petites négresses ce ne l’était pas ?

Exactement, j’arrivais plus à terminer ! Chaque fois que j’achevais un paragraphe, un autre se profilait… faut dire que c’est un peu particulier.(ça, je confirme !!!!)

Dans ce conte devenu un roman, je mets en place des personnages qui ressemblent quand même très fort à des amies que nous connaissons toi et moi et ça, ça m’ amusait, tu peux pas savoir… ( oh, mais je m'en doute !!!) Je crois que j’ai rigolé du début jusqu’ à la fin…

 

Et comme en plus tu les as dessinés, le doute n’est plus possible ! D'ailleurs l'une de tes négresses me ressemblerait que ça ne m'étonnerait pas... Je me trompe ?

Bah, tu connais l’ expression… toute ressemblance avec des personnages existants etc…

 

… Est difficile à prouver, c’est ce que tu as mis dans ta préface, hein !

Pour le cas où.  Je dois admettre à ma grande honte ( mais aussi à ma grande jubilation) que je ne les ai pas favorisées. Mais bon… je les adore et elles ont toutes beaucoup d’humour. Enfin, je l’espère.

 

Comment as-tu choisi tes têtes de turc, comme ça à pouf ?

Si je me moque de quelqu’un, c’est que j’ai de l’admiration ou même du sentiment pour lui. Il me viendrait jamais à l’idée de ridiculiser une personne qui m’est indifférente (perte de temps) ou que je déteste. Dans ce dernier cas, je vais  la trouver et lui mets un coup de boule. Et, croyez-moi, ce n’est pas une figure de style. Ici, je me suis limité à dix, mais j’aurais pu en ajouter encore l’une ou l’autre.

 

Pas peur des retours de bâton ?

Ben quand on ouvre une porte, faut s’attendre à ce qu’elle se referme… parfois même en coup de vent. Je sais là contre, comme dit à Bruxelles.

 

Toi qui as pas mal baroudé, tu connais l’endroit où l’histoire se passe ? On peut expliciter ?

Oui, je connais. Tout comme toi, je suis incapable de parler d’une région sans y avoir été… Poussin, Juju  et moi avons traîné nos godasses dans le coin. Tout est vrai et vérifié, garanti sur facture.

 

Pourquoi ce titre qui évoque évidemment Agatha Christie ? Tu venais de le relire ?

Non. Mais c’est un policier qui m’a marqué à l’époque. D’ailleurs, je l’explique dans le bouquin… Pour moi « Les 10 petits nègres » est une espèce de modèle du genre. Une histoire qui vous scotche et vous énerve tout autant, car on n’arrive pas à trouver la clé, sauf à la fin lorsque… enfin, je vous laisse lire, je ne vais pas déflorer le sujet, même s’il a été pas mal copié depuis.

En plus, on y trouve les trois grands classiques du théâtre appliqués à  la littérature policière : l’unité de lieu,- ici c’est une espèce de huis-clos -, de temps, - neuf jours-, et d’action : une mécanique qui fonctionne comme une horloge avec les douze coups de minuit.

 

Tu as donc dû faire un plan ?

A postériori. Le premier jet s’est fait en quinze jours… puis j’ai dû relire et relire, pour gommer toutes les invraisemblances et mettre les rouages au bon endroit.

 

Il y avait des couacs ?

Oui, surtout dans la répartition du temps et dans la désignation des personnages… chaque négresse a en effet son nom de carte d’identité et le surnom qu’elles se donnent entre elles. Là, il fallait pas que je m’emmêle les pinceaux. C’est pour ça que je les ai dessinées… afin que le lecteur les visualise et ne les confonde pas lorsqu’elles parlent entre elles ou bougent dans un même espace…

 

Une sorte de Cluedo en fin de compte ?

Tout à fait ! Qui a tué Miss Scarlet ou le professeur Plum ? Est-ce le colonel Moutarde ou le révérend Green ? On distribue les cartes et on tente de percer le mystère.

 

Sauf que dans les « 10 petites négresses »…

On n’en parle pas !!! Par pitié. L’ histoire est ce qu’elle est, mais la solution finale est, je crois, très particulière et je supplie ceux qui auront lu le bouquin de ne surtout rien révéler, je dirais même de ne pas faire de commentaire, car dans ces pages TOUT compte : le moindre mot, le plus petit détail…

 

Là, je confirme !!!! Dis, un truc me chiffonne... Chloe des Lys n’a pas fait d’ennuis pour accepter ce manuscrit ?  Les clés y sont quand même grosses comme des serrures de portail et  les négresses, qui se reconnaîtront, chargées à mort, non ?

Non, je crois que CDL a la chance d’avoir un comité de lecture d’une qualité et d’une intelligence hors du commun. Et je ne dis pas ça pour les flatter… d’ailleurs ils m’ont refusé le premier manuscrit !

 

Ah bon ?

Oui, pas pour le sujet qui je crois leur a plu, mais pour mes innombrables fautes d’orthographe ! Plus d’une par page et il y en a cent cinquante ! Je pourrais te montrer leur avis circonstancié : c’est oui, à la condition expresse que je leur propose un nouveau manuscrit corrigé ! Heureusement que j’ai trouvé une bonne poire bien blête, prête à tomber de l’arbre, pour revisiter mes textes et apporter les corrections… j’imagine d’ici les profonds soupirs qu’elle a du exhaler tout au long de son calvaire. Une sainte… c’est la même qui a fait cette splendide couverture qui donne le tournis. Vous la reconnaîtrez.

 

Passons. Donc pas de résumé de l’histoire ?

Surtout pas.

 

Et les autres contes déjà écrits avant que ce cinquième ne dérape ?

Ils seront repris dans un « Contes Bizarres III » que j’espère publier début 2014, si le comité de lecture l’accepte.

 

Toute dernière question, si tu veux bien... Tu as un style très particulier : à certains moments (pas si rares d'ailleurs), ton texte est poétique, très imagé. A d'autres, il est très parlé. Est-ce que cette ambivalence est un reflet de ta personnalité ( et est donc inné), ou est-ce que cette multiplicité de styles est là pour réveiller le lecteur, ou booster le texte ?

 

En tous les cas, il n'y a  rien de préparé ni de volontaire, je suppose donc que c'est inné. En fait,  je n'écris pas mais "raconte" des histoires et je le fais comme si nous étions toi et moi dans un resto ou à la maison à bavarder tranquillement. Je t'explique, je fais de grands gestes, je suppose que je dois tirer des mimiques pas possible, j'imite les voix de mes personnages et parfois même je crie ! C'est une sorte de one man show et je suppose qu'inconsciemment j'en ajoute un peu pour créer l'ambiance et maintenir le suspense.

Après y'a plus qu'à retranscrire...

Dans chaque village de France et de Navarre, tu trouveras un conteur capable de captiver son public de cette façon, sans l'avoir appris. C'est comme ça !

 

Peut-être, oui... Il est vrai que "Les dix petites négresses" tiennent autant du thriller, je dirais, que du conte. En tout cas, les personnages qui s'y cotoient sont plus vrais que nature ! 

Je n'en dirai pas plus, même sous la torture, juré Bob! Mais j'ai hâte que le livre sorte pour le tenir entre les mains et vous livrer une fiche de lecture pas piquée des hannetons !!!! Ma vengeance à moi...

 

Vous le savez tous, mais je vous rappelle que tout l'univers de Bob se retrouve dans ses deux précédents opus (Contes bizarres 1 et 2) et, bien évidemment, sur son site, www.bandbsa.be/contes.htm.

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

 

 

 

 

 

 

Publié dans interview

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Adam Gray nous propose un extrait d'Euphoriques et Désespérées

Publié le par christine brunet /aloys

 

euphoriques

 

Extraits choisis du prologue de …Euphoriques & Désespérées

 

« Qui crois-tu être ? Qui crois-tu être pour oser prétendre offrir au monde un recueil de… poésie ? Qui crois-tu être, hein ? Poe, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine ? Sois maudit, sinistre inconnu ! Et brûlez donc, toi et tes mots !… »

 

Je ne suis pas un poète, non. Mais suis-je seulement quelqu’un ?

Le recueil que vous tenez entre les mains n’est composé que de cela : des chansons écrites sur une période de vingt-deux années.

Je ne suis personne mais, pourtant, j’ai moi aussi mon histoire, comme vous la vôtre, et c’est l’un des chapitres de cette histoire, qui est aujourd’hui clos – gardez bien cela à l’esprit –, que je voudrais partager avec vous. Sera-t-il digne d’intérêt ? Ne le sera-t-il pas ? Il vous appartiendra d’en juger. Mais, pour comprendre le « pourquoi du comment », l’abc, et ainsi mieux appréhender la plupart des textes composant ce recueil, il est nécessaire que je vous ouvre mon cœur aussi sincèrement que je le puis, que je vous laisse pénétrer dans mon âme aussi profond que possible, sans fausse pudeur, sans concession aucune, même si l’introspection peut être des plus douloureuses, et que je vous entraîne sur les chemins tortueux d’une adolescence meurtrie.

 

 

Tous les dimanches, mémé Nana, qui se levait toujours aux aurores, organisait des repas gargantuesques pour toute la famille. Et, bien souvent, nos voisines étaient de la partie, elles aussi ! Je m’étonne encore qu’autant de monde ait pu tenir dans une si petite habitation, d’ailleurs…

À la fin de l’année 1994, elle se hâta de vendre l’appartement pour une bouchée de pain. Elle savait une chose que ma mère et moi ignorions encore : qu’elle n’en avait plus pour très longtemps à vivre (on l’avait déjà sauvée d’un cancer, en 1987). Par-dessus tout, elle redoutait que le frère de ma mère ne nous jetât à la rue, et s’était confiée à l’une de mes cousines quant à ses craintes.

Je ne puis dire si elle avait raison… Je ne puis dire si elle avait tort… Le doute subsistera toujours. Elle voulut nous protéger.

Nous quittâmes donc notre « chez nous » dans le silence et la résignation, dans l’incompréhension et la torpeur ; dans une colère muette, pour ma part. L’argent récolté grâce à la vente, partagé en parts égales, suffit à peine pour acheter ces espèces de meubles fragiles qu’on monte soi-même, afin de remplacer ceux que nous avions depuis des lustres et qui avaient, il est vrai, fait leur temps.

Quelques semaines plus tard, pris au piège d’un appartement que je haïssais et qui était, au sens propre, glacial, nous découvrîmes l’horrible vérité : avec des cotons, des mouchoirs, mémé Nana, des mois durant, avait dissimulé…

Comment appeler ÇA, Seigneur ?

Elle avait un trou, un véritable trou, à la place du sein. Une gangrène… Elle était tellement terrorisée de devoir retourner à l’hôpital qu’elle avait tu une souffrance que je ne peux deviner qu’épouvantable. Elle avait réussi, même, à tromper la vigilance de ma mère, qui, pourtant, la surveillait de très près depuis son premier cancer.

Sa dernière phrase fut la suivante : « Pardon pour la vie que je vous ai fait mener. »

En un mois, ce fut terminé.

Il est évident que la nuit, parfois, quand le sommeil ne vient pas et que nous avons tout le temps de repenser, retenir ses larmes est impossible, et l’on se demande :

« Pourquoi ? »

Avec des si, je serais peut-être toujours chez moi, heureux.

Qui sait ?

Oh ! Bien sûr, je ne souffre plus comme autrefois d’imaginer que quelqu’un d’autre puisse évoluer dans les pièces où j’ai ri, où j’ai joué, où j’ai pleuré, sans doute. Mais un relent de colère demeure…

Point de haine, non ; la haine est le credo des imbéciles.

Parfois, naïvement, je me surprends à rêver de reconquérir ma maison de poupées un jour même si, au final, il me semble que ça ne m’apporterait rien de positif, sinon la souffrance de ne plus rien reconnaître du tout. Et ceux que j’aime ne seraient plus là…

Pourquoi se torturer, alors ? Inutilement, qui plus est.

Ce que je sais, ce qui est sûr, c’est qu’une partie de mon âme est morte le jour où mon sanctuaire m’a été arraché.

Qu’importe la raison. Qu’importe à cause de qui.

 

 

J’eus la chance – ou la malchance ( ?) – d’être chaleureusement encouragé par des professeurs qui eurent mes textes en main, et qui les trouvèrent fan-tas-ti-ques. Quand Monsieur Delfino me dit que mes poèmes seraient formidables sur de la musique, il ne m’en fallut pas plus pour entrevoir, dans mon avenir, le bonheur.

J’ai essayé, oui. Timidement. J’ai d’ailleurs enregistré l’un de mes nombreux textes, Promis à l’Exil, en studio, en septembre 1999. Égocentrique, Pécheur et Que Dieu me pardonne auraient dû suivre, mais développer cela et évoquer les échecs ne m’intéresse pas.

Au fil des ans, j’ai écrit l’équivalent d’une quinzaine d’albums. Peut-être davantage si je devais compter tous les textes que j’ai jetés à la poubelle, parce que trop maladroits ou trop agressifs.

Mes chansons, intimes, bien souvent, reflètent d’anciennes blessures et des joies éphémères. Elles sont empreintes d’amour et de mélancolie, d’effronterie, également, de puérilité et de gravité, de provocation, accessoirement, d’espoirs déçus et d’espoirs tout court. Il me tenait à cœur que nous partagions cela, vous et moi. Une petite voix me dit que c’était ça, finalement, ma voie : l’écriture.

J’espère qu’elle s’ouvrira vers des lendemains plus beaux…

 

 

Nous sommes le jeudi 15 janvier de l’année 2009. Il est 19 heures 47 et je viens de mettre un point final (?) à mon recueil, …Euphoriques & Désespérées. Ça fait très bizarre de se dire que c’est terminé.

Vingt-deux années d’écriture. Un rêve fou avorté…

La page qui se tourne laissera-t-elle place à de nouvelles pages, un peu plus colorées ?

Je ressens une certaine angoisse, je l’avoue.

 

 

Adam Gray

adam-gray.skyrock.com

Publié dans Textes

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LE BLOGUE D’AURÉLIE COLHOMB, une nouvelle de Georges ROLAND

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes2/clercrecto.jpg

 

LE BLOGUE D’AURÉLIE COLHOMB

Bonjour, bienvenue sur le blogue d’Aurélie Colhomb, artiste peintre.

 

Dimanche, 13 octobre

 

Beaucoup de gens prétendent que mes peintures ne valent rien, et que ce que je fais n’a aucune valeur. J’en suis vraiment triste, parce que je suis sûre qu’ils mentent. Ils sont seulement jaloux de mon succès. Aubin m’a dit de ne pas m’en faire pour ces critiques : l’important, c’est de vendre ses toiles.

Le jour de mes dix-huit ans, j’ai remis à mon grand-père une série de dessins que j’avais faits pour lui à l’occasion de son anniversaire. Il y avait des motocyclettes rouges avec des roues vertes et jaunes, puis des chiens qui pissent contre des réverbères, mais là j’avais un peu dépassé avec les couleurs, et puis des paysages de derrière la maison de campagne de mes parents, avec des vaches dans le pré et des moutons bruns.

Mon grand-père a regardé les dessins, puis il s’est exclamé à l’adresse de son fils, c’est-à-dire mon père :

« Crénom, Eudes-Frédéric, cette petite a une patte. Il y a là-dedans de quoi se faire du blé. »

Mon père a étudié mes dessins avec l’application que la nation entière lui connaît, les a déposés bien droits sur le manteau de cheminée pour prendre du recul, a encore tendu le cou en arrière, puis a déclaré pensivement :

« C’est vrai que j’en parlerais à Aubin Richel, et avec une petite mise de fonds préalable, il y a matière. J’ai le sentiment qu’on se prépare un bel avenir avec Aurélie. »

Eudes-Frédéric Colhomb, mon père, donc, est une figure politique importante dans la région, et a déjà maintes fois été appelé au secours de la nation. De plus, vaillant capitaine d’industrie, il a su développer confortablement l’affaire créée par mon grand-père, Cyrille-Eudes Colhomb.

C’est ainsi que je me suis retrouvée dans le bureau de monsieur Aubin Richel, promoteur d’art et propriétaire d’une galerie de grande renommée.

 

Lundi, 14 octobre

 

Comme vous savez tout sur ma biographie, j’ai plutôt envie de vous parler de mes créations. Aubin (on s’appelle par nos prénoms, bien sûr) m’a dit que c’est dans la quantité qu’on trouve la qualité. Il vaut mieux rater dix dessins, pour n’en garder qu’un seul. Un jour, il m’a pris par l’épaule :

« Tu vois, petite, parmi dix navets, je me fais fort d’en trouver un à leur fourguer au prix maximum, crois-moi. »

Alors, comme une bonne élève, je me suis mise au travail. Un dessin par jour, un dessin retenu par mois. C’était, selon Aubin, une bonne moyenne ; mais le volume de nos poubelles augmentait sensiblement.

Il avait raison. Mes dessins se vendaient bien. Il faut dire que je soupçonnais un peu grand-père d’avoir arrosé copieusement à la ronde. Il arguait du fait qu’il ne faut pas négliger le budget communication, primordial pour toute entreprise.

Au bout de deux années, j’étais devenue la coqueluche des amateurs d’art, et plus particulièrement des investisseurs. Je passai donc naturellement du dessin à la peinture, puisque cela se vend plus cher. Le désagrément principal fut irrémédiablement l’augmentation du volume des sacs alignés tous les deux jours devant la maison. Les éboueurs commençaient à nous regarder de travers.

C’est là qu’Aubin a eu une idée de génie.

« On va te créer un personnage, faire de toi une icône de l’art pictural.

― J’aime bien les gothiques, lançai-je bravement. Mais je suppose que ça ne cadre pas…

― Au contraire ! s’exclama Aubin. C’est génial ! Un maquillage outrancier, un chapeau de sorcière, on va faire de toi un épouvantail d’Halloween. Gothique à souhait. Avec cette image-choc, nous allons monopoliser l’attention de tous les médias. Nous allons t’identifier à tous ces jeunes en rupture de bienséance, te donner un look. Ce n’est pas tout. Tu vas me faire une trentaine de dessins de toiles d’araignée, j’en retiendrai une pour ta prochaine affiche. Je ferai préparer quelques phrases-types que tu glisseras dans la conversation des vernissages. »

Je fréquentai depuis ce jour des échoppes de fringues de seconde main, passai au barbouillage de kohl et rimmel, pris l’habitude de marcher pieds nus et de boire des sodas énergétiques.

Inutile de préciser que grand-père n’a pas aimé ma nouvelle présentation.

 

Mardi, 15 octobre

 

Je sais, je vais plus vite que les dates de mon blogue, mais il faut tout de même que je vous explique. Et puis les dates se génèrent automatiquement et je ne sais pas comment les changer.

Ce matin, Aubin m’a annoncé que vu l’essor de mes ventes, j’étais devenue le poulain le plus vendu de son écurie, et que, par conséquent, il m’offrait la résidence au sein de son organisation. Un bureau pour moi seule, jouxtant un atelier de deux cents mètres carrés, où je pouvais travailler en toute quiétude. J’étais devenue sociétaire des galeries Aubin Richel, une sorte de reine incontestée, adulée, dont les admirateurs épient les moindres balbutiements.

Je courais les expositions, hantais les vernissages, jetais des autographes sur toutes sortes de supports, embrassais des petits enfants comme une souveraine en Joyeuse Entrée, on cherchait à me toucher le chapeau, à me prendre en photo, on s’arrachait mes toiles…

Comme l’avait prévu grand-père, les Colhomb se faisaient du blé. En douce, ils avaient fondé une société à but extrêmement lucratif, regroupant le père et le fils, ainsi qu’Aubin Richel, subitement incorporé dans la famille.

Et je peignais, je dessinais. Une toile par jour, trente par mois. Un dessin mensuel retenu, promu, vendu. Le reste, à la poubelle.

Je me lançai alors dans les traces, nouvelle technique picturale particulièrement intéressante. Mon père réussit à se procurer chez un des plus grands fabricants de peinture, quelques décalitres de fond blanc crème, que j’élus immédiatement. Le blanc crème allait devenir ma signature.

Le premier jour du mois, j’enduisais les fonds de trente toiles de ma peinture fétiche, puis laissais sécher. À partir du trois, je commençais les traces : projection de confiture de fraises au moyen d’un lèche-plats en caoutchouc, passage subtil de la joue couverte de poudre de riz, collage d’une dizaine de miettes d’un pain aux sept céréales, ajustage d’une carte de téléphone portable usagée, et d’autres encore.

Grâce aux bons offices d’Aubin et de son organisation, ce fut le délire. On ne parla plus que de moi dans la presse. les gens s’arrachaient mes œuvres et ma notoriété dépassa les frontières. C’était grandiose. Je me demandais à quel moment j’entrerais à l’Académie. Première femme peintre élue à l’unanimité, avec un discours de bienvenue prononcé par Roger Maschin, dans la plus pure tradition : « Bon appétit, madame l’académi-cienne. »

 

Mercredi, 16 octobre

 

Grâce aux traces, j’arrive à réaliser trois toiles par jour. Aubin est vraiment satisfait. Il a imaginé un marché parallèle, de figurines diverses à mon effigie, vente de chapeau de sorcière et ligne de fards et cosmétiques divers, reproductions de mes originaux, réunions et causeries auxquelles j’assiste ou que j’anime. Il appelle ça le « merchandising ». Grand-père est aux anges, et papa m’encourage en me promettant pour très bientôt une distinction bien méritée. Enfin Immortelle ? Son influence dans les diverses académies n’y sera pas étrangère. Je suis sûre en tous cas, que la pérennité de notre nom est assurée. À ce propos je ne comprends pas les artistes qui usent de pseudonymes pour célébrer leur dons.

 

Jeudi, 17 octobre

 

Un admirateur m’a demandé aujourd’hui laquelle de mes toiles je préférais. Je ne savais que lui répondre ; moi, je fais des traces, des blancs crèmes, des dessins, sans plus. S’il faut encore choisir parmi tout ça ! J’aime tout, voilà. Même ce qu’Aubin m’ordonne de jeter à la poubelle. Je serais bien incapable de préférer l’une ou l’autre. Qu’importe, d’ailleurs, puisqu’on les achète.

 

Vendredi, 18 octobre

 

Mauvaise journée. J’ai lu plusieurs articles dans des journaux médisants, où il est dit que ma peinture ne vaut rien. Que tout est creux. Que mon blanc crème, ce n’est rien de plus que ma vision du néant. Que mes traces ne valent pas celles de Rachel Houlenberg, qui expose chez Perron. Que je suis une baudruche remplie d’air vicié. J’en ai marre. Ce n’est pas juste. Cette pimbêche d’Houlenberg n’a aucun talent, je le sais bien. C’est Aubin qui me l’a dit. Pendant un mois, je ne signerai plus d’autographes et je n’irai plus aux vernissages. Je dirai que Rachel s’appuie sur les autres. Je dirai qu’elle se contente de copier-coller les idées d’artistes méconnus qui viennent lui présenter leurs œuvres.

Aubin m’a dit que ce n’est pas une bonne idée.

 

Lundi, 21 octobre

 

Passé une fin de semaine épouvantable. Papa fâché, grand-père qui fait la gueule, et Aubin qui ne cache pas sa déception. Houlenberg a raflé le prix de l’académie, et mes ventes descendent en flèche.

Pourtant j’ai vu ses toiles, à cette Rachel de malheur. Je ne leur trouve rien de mieux qu’aux miennes. Je me demande même si les critiques n’ont pas raison. Elle doit copier les œuvres de ses admirateurs. Ou alors elle se contente d’en découper des morceaux pour les coller sur ses propres toiles. Sans doute a-t-elle aussi un meilleur promoteur. Je m’interroge sur l’opportunité de prendre contact avec Perron, peut-être la société Aubin Richel est-elle au bout de ses possibilités. J’en parlerai sérieusement avec papa.

 

Mardi, 22 octobre

 

Grand gala d’ouverture de la nouvelle galerie Aubin Richel. J’en suis l’invitée d’honneur, et ce coup de pouce doit redémarrer ma carrière. J’arbore mes plus beaux atours : chapeau énigmatique, maquillage de scène, haillons scrupuleusement sélectionnés et, bien sûr, les pieds nus et la canette de PitBull. Je dispense des sourires, en attendant de distribuer des autographes. Grand-père n’a pas lésiné sur les moyens, et cette fois, Aubin a consenti a exposer la totalité de ma production du mois dernier. Soixante-trois toiles sont ainsi livrées au public.

« Qu’ils aiment ou qu’ils n’aiment pas, ils seront bien obligés de les voir, a pronostiqué mon père. Je défie la Houlenberg d’en produire autant.

― Je vous l’ai dit, confirma Aubin, c’est dans la quantité qu’on trouve la qualité. Regardez Victor Hugo, on y trouve toujours quelque chose de bien. »

Me comparer à Victor Hugo, c’était tout de même osé : moi, je n’ai pas de barbe.

 

Mercredi, 23 octobre

 

Je suis arrivée au bout de mes fonds blanc crème, et plus de peinture disponible chez le grossiste. Mon père a téléphoné à son ami pour faire hâter la production. Je vais manquer de matière première pendant quelques jours. Comme des vacances. J’en profite pour faire les magasins et tout le monde se retourne sur moi :

« Regardez, c’est Aurélie Colhomb, vous savez, celle qui peint. Il y a trois mois, j’ai acheté une de ses toiles parce qu’on en parle tellement, mais je n’ai pas encore eu le temps de déballer le colis. J’essayerai d’y penser la semaine prochaine.

― Vous avez vu comme elle est attifée ? C’est-il pas malheureux de voir la jeunesse se déguiser ainsi ?

― Jeunesse ? Mais elle a quarante-sept ans, madame. C’est pire.

― Vous avez raison. À la voir de près, on se rend compte des rides autour des yeux. Vous croyez qu’elle se maquille si fort pour cacher son âge ? »

Je suis rentrée en larmes. Et pas même une toile préparée pour y jeter mon désarroi. Pourquoi les gens sont-ils si méchants ? Est-ce que je leur en veux, moi, d’acheter les toiles de Rachel plutôt que les miennes ? Comment leur dire, leur montrer que je les aime, qu’ils sont mes amis, que je mourrai si eux ne m’aiment pas ? Je crois que comme Vincent, je vais me couper une oreille pour communiquer au monde ma grande tristesse.

 

Jeudi, 24 octobre

 

En attendant de la retrouver dans les encyclopédies, Aubin a intégré ma biographie dans Wikipedia. C’est une belle promotion, et je suis certaine que Papa a pris contact avec les Encyclopédistes afin de réparer une lacune incompatible avec leur universalité. Colhomb est un patronyme digne de figurer aux meilleurs dictionnaires et annuaires. Notoire, déjà, grâce à Christophe, un illustre ancêtre, sans doute, même s’il lui manque le « h » indispensable à notre gloire.

J’ai fait ce matin un autoportrait particulièrement réussi, où l’on reconnaît principalement mon grand chapeau et mon maquillage ; en fait, mes signes distinctifs, comme dit Aubin. Il y a du Toulouse-Lautrec en moi, c’est sûr. Cette passion intense que l’on retrouve derrière une esquisse, la manière divine dont je croque de trois traits de fusain une personnalité hors du commun.

Dès que possible, on en fera tirer des milliers d’exemplaires en icônes, afin de les distribuer au maximum. Aubin prétend que comme pour les grandes marques, on est obligés de faire une publicité incessante pour se maintenir en vue du public. De plus, il serait utile de créer l’évènement médiatique de façon très régulière. Il appelle ça un « buzz ». L’idéal étant un mariage pompeux suivi de près par un divorce retentissant, avec extensions d’adultère et de pension alimentaire faramineuse. Mais je n’ai pas envie de me marier, je n’aime pas les hommes.

« Qu’à cela ne tienne ! a répliqué Aubin, on te pacse avec ta copine, avec le même scénario, ça porte encore mieux qu’un mari volage. »

Personnellement, j’ai l’impression que tout ce battage médiatique ne sert à rien. Pourquoi les gens n’achèteraient-ils pas mes œuvres pour ce qu’elles sont ? Il suffirait de présenter les toiles dans les galeries et les académies, comme Vincent, enfin, je crois. Au bout de quelque temps, elles vaudraient des millions … Cela ferait plaisir à papa.

Rachel Houlenberg fait un malheur à Tokyo avec des croquis mal torchés et des croûtes, tout cela grâce à son prix de l’académie. Pourquoi n’en ferais-je pas autant ? Mon père n’a qu’à initier un prix somptueux dont je serais la grande bénéficiaire, et voilà. Pas plus compliqué. Une semaine de bombardement intense des médias : « Aurélie remporte le Lascar haut la main !!! » Des millions de petites icônes autoportrait s’étalant sur le monde comme les aigrettes de la semeuse du dictionnaire.

Aurélie Colhomb, adulée par les foules, poursuivie par sa gloire, idole incontestée de la peinture moderne ! Aurélie, Aurélie, Aurélie !

 

Aujourd’hui, mercredi (le logiciel n’a pas indiqué la date)

 

Chaos total. Je ne sais plus où j’en suis. Hier soir, dans l’ascenseur de l’immeuble, un garçon m’a embrassée. C’était tellement spontané que je ne me suis même pas révoltée. Dès la fermeture de la porte de la cabine, nous étions seuls, il s’est jeté sur moi, a posé ses lèvres sur les miennes, a forcé mes dents de sa langue. Je me suis sentie submergée par une onde inattendue. Elle irradiait dans la poitrine, inondait les poumons, le cœur, puis s’engouffrait dans mon ventre, me retournait les entrailles. Enfin, elle convergea sur mon sexe, mes ovaires. J’étais comme fertilisée.

Ce matin, je suis sûre d’être enceinte. Ce baiser a imprégné mon corps, et je n’ai plus envie de peindre ou de dessiner. Je vais me vouer entièrement à cet enfant qui va naître, à cette nouvelle vie à venir. Il sera le fruit d’Aurélie, sa plus belle œuvre. Il me faudra, évidemment, des mois de préparation, des années de construction et de parachèvement. Je suis prête à lui consacrer vingt ans de ma vie. Rien que lui et moi. Au diable les déguisements, les soirées mondaines, oubliées les vertus de l’art contemporain. Je veux entrer délibérément dans ma vie de mère. J’espère qu’Aubin ne m’en voudra pas. Mon père, lui, me découvrira bien une nouvelle voie d’enrichissement.

 

 

Fin du blogue d’Aurélie, nouvelle maman. 

 

Georges ROLAND

www.georges-roland.com

Publié dans Nouvelle

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Hymne à la vie... Le regard troublant de Frédérique Noël sur son combat

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

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Frédérique née  dans un très beau  pays est expatriée avec ses parents et son grand frère en France dans les premières années de sa vie. Elle découvre le racisme de la part de ses camarades de classe, alors qu’elle est française ! C’est une élève studieuse qui apprend facilement. Pour répondre au désir de son père, éleveur de chevaux, elle fait des études d’agriculture et travaille à la ferme avec lui.

A 20 ans, après une altercation avec son père et sur un « coup de tête », elle donne naissance à une belle petite fille. Elle quitte la maison familiale pour travailler et devenir indépendante. Sa mère garde et élève sa petite fille qui passera son enfance au milieu des chevaux.

Eprise d’une grande culpabilité, elle rentre dans une communauté religieuse. Son amour pour son père va se déplacer vers un autre père : celui qui est appelé Dieu. Après une dizaine d’années elle s’aperçoit de plus en plus qu’il y a un « gouffre - des incohérences » entre ce qui est dit, enseigné et  ce qui se vit au sein de cette communauté.  Un grand doute s’installe alors dans sa foi et dans sa vie. Elle quitte la communauté et récupère sa fille.

Elle reprend ses études, tout en travaillant comme secrétaire. Elle réussit sa licence d’anglais et enseigne dans un lycée qui appartient à la communauté qu’elle a quittée !  Elle rencontre son mari, six mois après elle se marie. Après quatre ans  elle donne le jour à un garçon. Leur amour grandit dans une vie calme, tranquille quand un jour l’annonce du diagnostic tombe « vous avez un cancer du sein ». La maladie remet tout en cause dans la tête de Frédérique : son corps qu’elle a toujours voulu ignorer, sa foi qui n’est plus dans un idéal,  son mental avec son caractère fort qui ne veut pas voir la réalité.  Tout ce qu’elle a volontairement  nié jusqu’à ce jour ressurgit comme une violente  et forte « vague » qui vous met à terre.

Elle construit  une reconversion professionnelle et obtient  un master en évaluation. Bien que soutenue par son mari, le couple traverse une forte tempête douloureuse pour toute la famille. Elle accepte de faire une thérapie avec son mari et là surgit une nouvelle vague : une « renaissance » qui lui permet de garder la tête hors de l’eau, de se battre, de profiter le plus possible des joies de la vie quotidienne et enfin d’établir enfin une « vraie relation » avec sa fille alors âgée de 35 ans.

Jusqu’à la fin de sa vie, elle est dans le doute, recherche « la Vérité »  celui auquel elle a donné 10 ans de sa vie, celui qu’elle a aimé, celui en qui elle a cru. Elle dit souvent que ce n’est pas facile de vivre sa maladie en n’ayant plus la foi, et pourtant….quelle exigence dans sa  recherche de la Vérité !

Malgré sa maladie, elle croit à la Vie, se bagarre pour son fils encore  jeune, pour vivre mieux qu’avant,  pour voyager entre deux chimio, pour  profiter de chaque instant comme un « hymne à la Vie » pour donner tout son amour à ses enfants, à son mari, pour organiser son départ.

Elle quitte cette vie en avril 2012,  (le même jour où 20 ans avant elle avait dit « oui » à son futur mari)  avec le sourire sur le visage lorsque son mari qui l’accompagne en cette fin de vie  lui rappelle  leur amour et ce tout qu’elle a donné à ses enfants.

Dans ce livre, elle raconte sa traversée du cancer, avec sa légèreté, son humour, ses  intransigeances, ses inconsciences, ses questions. Elle aime égratigner les médecins et les administrations en passant, mais elle aime aussi révéler les contradictions du malade, de la femme, de sa recherche, de ses tâtonnements, des ses aveuglements. C’est un hymne à la vie, avec ses ambigüités et ses incertitudes.

 


 

 

ARTICLE

 

DSC00909.jpgSur le cancer, il y a toute une littérature : témoignages, conseils, recettes, sans parler des livres médicaux, scientifiques, et j’en passe.

Ce petit livre là me parait très différent. 

Sur un ton léger, quotidien, qui fait que le lecteur a l’impression de converser avec le narrateur, ou plutôt la narratrice, celle-ci raconte à la première personne sa "traversée du cancer", avec humour souvent. 

Le lecteur voit défiler les maladresses, voire les "bavures" médicales, administratives, les maladresses aussi de l’entourage, qui change de regard et de comportement, tout cela sur fond de bouleversement d’une vie quotidienne et de ressenti intense. 

La personne s’affronte non seulement à ces changements radicaux dans sa vie, mais aussi à la souffrance physique et morale, et surtout à l’idée de la mort qui devient omniprésente.

Cependant, rien, dans ce livre, n’est morbide. 

Il s’achève dans une sorte de délire sur l’après, l’après la vie, en fait, plein d’humour et de fantaisie, et qui est en même temps un hymne à la vie.

D’ailleurs, la couverture du livre est un tableau dont le titre est "hymne à la vie", et c’est d’ailleurs ce qui m’a  attiré au départ vers ce livre : inutile d’imaginer, regardez la couverture, avec ce personnage, cet oiseau, cette vague en rouleau, dont on ne sait si elle va engloutir la femme, ou si elle la rafraichit. Regardez le visage de cette femme, dont on ne sait pas si elle est en train de se cramponner à la vie pour ne pas être engloutie, ou si elle se baigne languissamment dans cette eau remuante. Regardez l’oiseau dont on ne sait pas s’il est blanc ou noir, et enfin lisez ce titre : "Plus con tumeur !" en forme de jeu de mots macabre. 

Voilà, le ton est donné. 

J’ai aimé découvrir ce qu’il y a dans la tête de quelqu’un qui est obligé de penser à sa mort. J’ai aimé me dire, en lisant ce livre, qu’il n’y a pas que la vie quotidienne qui est bouleversé, qu’il y a tout l’univers de la personne qui chavire, et j’ai été rassuré de constater qu’on peut en parler dans une sorte de sourire de dérision, tout en montrant que la vie se récupère toujours dans l’intensité volontaire du vécu de tous les jours. 

C’est chez Chloé des Lys.

 

 

EXTRAIT

 

C’est fini les chimio, les rayons, tout ce qui était lourd, quoi. J’ose à peine y croire. Mes cheveux repoussent……Je ne vois plus les choses comme avant. Je me dis que la vie est un champ à explorer avant de mourir, qu’il faut arrêter de s’enfermer dans des contraintes idiotes qui nous font mourir idiots sans avoir vu le Kilimandjaro et les baleines à bosses, sans avoir gouté à  la liberté des enfants des hommes, que tous les matins sont le premier et le dernier matin du monde………..

Mon toubib habituel est en vacances. Sa remplaçante veut une consultation. C’est une jeune fille qui sort manifestement de ses études. Elle commence à me poser des tas de questions. Je m’y prête gentiment. Je lui explique tous les désagréments que j’ai en ce moment : douleurs d’estomac, crises de foie, cycle perturbé. - Oui dit-elle, tout se déglingue. – faites attention à se que vous dites, répliquais-je, vous n’avez pas idée de ce que c’est que de vivre cette maladie  et de se battre et de constater, effectivement, que rien ne va plus, avec l’angoisse que cela génère quand on a un garçon de huit ans. Après une phrase comme la vôtre, je n’ai plus qu’à me flinguer. Elle pâlit. Elle bredouille. Elle patauge : « je voulais dire que la chimio perturbe tout »…………….

Le psy m’a suggéré une explication pour le mystérieux soulagement ressenti après l’opération. D’après lui, j’avais des fantasmes incestueux vis-à-vis de mon père, j’ai pris la place de ma mère, et il en est découlé une nécessité de voir mourir mes parents pour pouvoir exister et prendre ma vraie place, d’où culpabilité, d’où désir d’autopunition, d’où soulagement quand enfin j’ai souffert l’ablation du sein : l’autopunition était faite, je pouvais vivre………….. 

Je m’éveillais. Il y avait autour de moi une lumière rose pâle, un peu orangée, nuancée. Très douce…….J’étais, moi, bien moi. J’avais ma mémoire, mon être, tout mon être, mais pas là où se situait la conscience de ma position allongée, sur un lit ? Peut être………….J’ai souvent fait des rêves bizarres. Celui là était rude, certes : mon fils, mon mari, ma fille, autour d’un lit…… «  Tu vois, ce n’était pas si terrible. Ce fameux « grand passage » dont vous avez si peur, tous. Ce n’est qu’un doux sommeil. Pas de quoi en faire tant d’histoires, non ? »……………Parfois je m’endors en pensant à l’instant de ma mort, et……j’aimerais qu’il y ait quelqu’un, qui ressemble à un homme, dans les 40 ans, beau, fort, et qui sait ce que c’est que la souffrance. Il s’approcherait de moi, et, sans un mot, il me prendrait dans ses bras pour me consoler de tout. Je n’aurais rien à lui expliquer, il saurait, il comprendrait. Alors, je pleurerais comme il y a longtemps que je ne l’ai fait, ou peut être comme je  ne l’ai jamais fait : soulagement et joie….Et je pourrais me reposer, enfin.

P.-S.

 

Publié dans présentations

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Aloys fait peau neuve...

Publié le par christine brunet /aloys

 

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Je suis ravie de vous retrouver après deux longs mois d'absence. Vous m'avez manqué, il faut bien le dire ! Mais il y a du nouveau... Quoi ?

 

Le blog aloys a été conçu par erreur, il y a deux ans, déjà, pour fédérer une communauté de blogs sur overblog. Très vite, il est devenu autonome et s'est installé comme un outil de promotion pour les auteurs publiés aux Editions Chloé des lys... et plus si affinités. Il invite de temps à autre des auteurs venant d'autres univers, s'ouvre également à la musique lorsque l'écrivain se transforme en chanteur. 

 

Notre blog fait peau neuve.

Il absorbe le blog passion créatrice - www.passion-creatrice.com -  (plus généraliste) et lui emprunte son logo. Il sera désormais régi par de nouvelles règles établies pour donner plus de visibilité aux auteurs qui choisiront d'y poster un extrait de roman, un poème, une nouvelle...

 

Quelles sont ces nouvelles règles ?

Tout auteur CDL (ou pas) souhaitant poster sur Aloys devra :

  • S'abonner au blog
  • Adhérer à la communauté des auteurs de Chloé des lys ou à la communauté Aloys si leur blog fait partie de la plateforme overblog.
  • Mettre le blog aloys en lien sur son propre blog ou sur son site (réciproque vraie).
  • Partager les articles le concernant (au moins) sur facebook si l'auteur a un profil, sur twitter ou tout autre réseau social en cliquant en bas de page sur les boutons installés à cette fin.

 

En retour, un lien sera mis sur aloys vers les blogs participants. Les visuels des livres des auteurs adhérents seront insérés dans un diaporama visible sur le blog. Les fiches auteur, les infos libraires seront automatiquement reportées sur le blog pour publicité. Tous les articles dans les journaux, etc. qu'on me fera parvenir feront l'objet d'un article, les dates de dédicaces seront annoncées une fois par mois dans une rubrique particulière. 

Les posts seront programmés dès réception et la date sera annoncée à leurs auteurs ainsi qu'en début de mois en même temps que les dates de dédicaces. Si les auteurs ne sont pas dans la liste annoncée, ils devront me rappeler leur post (parfois, je ne reçois pas les articles qu'on m'envoie).

Il s'agit de faire prendre conscience que la promo, c'est aussi une affaire de solidarité. 

Pour adhérer à ce blog, pour ceux qui n'aurait pas ou plus mon mail, vous pouvez passer par le formulaire contact. 

 

Christine Brunet

 

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      En septembre...

 


2- Hymne à la vie... Le regard troublant de Frédérique Noël sur son combat

3- LE BLOGUE D’AURÉLIE COLHOMB, une nouvelle de Georges ROLAND

4- Adam Gray nous propose un extrait d'Euphoriques et Désespérées

5- Lorsqu'un conte de Bob Boutique se rebiffe, ça donne... les dix petites négresses !

6- Christine Brunet a lu : Humeurs grises, nouvelles noires de Micheline Boland

7- Deuxième extrait du roman de François Ucedo, Le Grand Vaisseau qui va à Manissa

8- Mensonges, un texte de Micheline Boland

9- Clarène Meyers... Son interview !

10- Un extrait de L'Annonciade, de Didier Fond

11- Edmée de Xhavée a lu 'Lucioles' de Gauthier Hiernaux

12- Rolande Michel a lu CONTES BIZARRES de Bob BOUTIQUE

13- Mon amour à Pompéï, Christian Eychloma, l'avis du blog http://limaginaria.wordpress.com/

14- Bob Boutique a lu "Lovebirds" d'Edmée de Xhavée

15- Un texte de Carine-Laure Desguin dans ABSINTHEMAG

16- Louis Delville nous propose un texte...

17- Un juif nommé Samuel Braunberger de Maurice Stencel – lecture Edmée De Xhavée

18- Jean-Claude Slyper : Je crois que mes personnages sont ordinaires, banals, triviaux comme peut l’être le quotidien, ils sont aussi absurdes et grotesques, mais émouvants

19- Bob Boutique a lu "Par la fenêtre" d'Alain Delestienne

20- Le corbeau blanc, un poème de Philippe Wolfenberg

21- Marcel Baraffe... Son nouveau roman "Par toutes ces nuits sans lune"

22- Christine Brunet a lu : Jeanne, de Rolande Michel

23- Pour Justine Caizergues, l'écriture c'est : "laisser les mots venir à nous..."

24- Galinda, la forêt des ombres, de Laurent Femenias, avis de blog... http://autrecotedumiroir.net/

25- Régine Laprade est l'invitée d'Aloys

26- La Géhenne, un conte bizarre lu par Bob Boutique...

27- Un nouveau prix pour Carine-Laure Desguin... avec "The end"

28- Mais qui est l'auteur de cette nouvelle ?

29- Brigitte Piret, auteur de "Papillons" chez Chloé des lys nous présente une autre passion, la chanson !

30- Gauthier Hiernaux en invité sur aloys avec une fiche de lecture signée Alain Magerotte !

 

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Dates de dédicaces de nos auteurs pour le mois de septembre

A NOTER !!!! Anne Renault présenterai mon livre édité chez CDL, "Suicide dans l'après-midi", à l'Association Royale des Ecrivains Wallons le mercredi 4 septembre à 17H, Maison Camille Lemonnier, 150 chaussée de Wavre, 1050, Bruxelles. Elle sera interviewée par Michel Ducobu...

 

  • Le 08/09/2013 Chloé des lys participera à la fête du livre à Roussillon-en-Provence (84) avec Christine Brunet, Jean-Michel Bernos, Danièle Deyde, Beaudour Allala, Hayate Naïla
  • Les 20 et 21/09/2013 Christine Brunet dédicacera ses romans à Auchan, Osny (95)
  • Le 28/09/2013   - Christine Brunet dédicacera ses romans à Auchan Martigues, (13)
  •    - Claude Colson dédicacera ses romans au salon de Jouarre (77)
  • Le 29/09/2013   - Philippe Wolfenberg présentera son roman à l'Athénée Royal de Chênée, Belgique 
  •                             - Claude Colson dédicacera ses romans au salon de Merlieux (02) stand ALEA


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Bonnes vacances !!! Au 1er septembre !

Publié le par christine brunet /aloys

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Ann Merkelbag : "écrire, c'est raconter une histoire, pas son histoire."

Publié le par christine brunet /aloys

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Une couverture qui ne passe pas inaperçue... pas plus que le titre ! "Dis-lui que tu l'aimes", un nouveau roman aux éditions Chloé des lys, à paraître... Ann a accepté de m'en dire un peu plus... un interview qui va à l'essentiel...  

 Tu te présentes, s'il te plaît ? 

J'ai vécu dix ans à bruxelles, dix ans en allemagne, vingt ans à liège et maintenant à bordeaux ; 
une formation de prof qui m'a emmenée dans le public et le privé, de la rtbf comme assistante culturelle d'abord, puis comme éditrice d'un journal télévisé pour enfants  jusqu'aux girondins de bordeaux comme professeur de français pour des joueurs de football professionnels et pour préparer le baccalauréat avec des jeunes footballeurs du centre de formation du club.  je suis maintenant dans une école supérieure. vous le voyez, des univers et des lieux très variés. 

Pourquoi écris-tu ? Un déclencheur ? j'ai une famille joyeuse et tapageuse mais sans maison de famille ni lieu de retrouvailles : ni chez mes grands-parents, ni chez mes parents. il y a toujours l'un ou l'autre qui se trouvait loin. la lettre était pour nous une évidence. elle a été assurément un déclencheur dans le besoin d'écrire. aujourd'hui, c'est moi qui suis loin d'eux. et je leur écris plus que je ne leur téléphone.

Tu écris quoi ?... Je veux dire, quel genre de littérature ? j'ai écrit des chroniques , des billets culturels, je collabore à un livre de recettes j'ai écrit un court roman et un conte ; je suis plongée dans le second roman que j'écris avec ma plus jeune soeur. j'ai toujours un stylo et un carnet dans mon sac. j'ai même écrit sur un mur de la maison !
    les phrases sont plutôt courtes, incisives. je n'aime pas les majuscules que j'oublie parfois d' utiliser dans les documents plus protocolaires.

Ecrire... C'est quoi pour toi ? écrire, c'est pour moi poser des émotions, des fêlures. je me nourris de fragments de viec'est surtout une liberté absolue que je sais précieuse. 

As-tu d'autres passions ? je peins, je lis beaucoup, j'aime le théâtre ; j'aime surtout partager mes passions : mes jeunes élèves footballeurs pourraient témoigner : je les ai emmenés au grand palais à paris, au théâtre national de bordeaux ; ils ont pu converser avec daniel pennac, participé à un atelier d'écriture et être publié dans le journal "Le Monde" ... j'ai des idées à la pelle pour partager mes passions.

Pour toi, l'écriture va-t-elle de soi ? facile d'écrire parce que c'est un besoin ;  mais pas facile d'être lue parce que je doute toujours de la qualité du texte.  

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Allez... Tu nous parles de ton livre à paraître chez CDL... et d'abord, quel en est le sujet ? être éditée est un vrai bonheur ; j'aime les livres, le papier, les mots ; ouvrir le mien, c'est une sensation nouvelle, exaltante. 
Et c'est grâce à cette petite maison d'édition . Cela me paraît encore incroyable.

C'est l'histoire d'un duo entre une petite-fille et son grand-père ; zoé  raconte des bribes de sa vie et essaie d'offrir à ce vieil homme qu'elle aime tant des moments légers, des histoires rocambolesques.
elle est dans une vie trépidante alors que lui est dans une vie lente.

Depuis le début de cet interview, un détail me gêne... Pourquoi zapper les majuscules dans tes textes ?
je ne sais trop. elle rend un texte officiel. trop peut-être.

Tes héros... Comment naissent-ils?
ils naissent lentement ; les personnages du deuxième roman, cela faisait cinqann-lanzarote.jpeg ans que j'y pensais. et puis, à un moment, tout se met en place et l'écriture devient fluide, tout d'un coup.

Sont-ils issus de personnes de la vie réelle ? Issus, oui. Il y a sans doute une Zoé quelque part. Mais c'est un roman, les personnages sont fictifs. 

Mets-tu un peu/beaucoup de toi dans ses écrits, ou pas du tout ? écrire, c'est raconter une histoire, pas son histoire. 

Donc,  tes histoires qui ne s'inspirent pas de faits réels... Est-ce de l'imagination totale ? certes, c'est une partie de soi mais cela doit déborder. Beaucoup déborder.  C'est donc de l'imagination mêlée à la réalité : la mienne, mais aussi celle des autres. 

Tes récits gardent-ils, néanmoins, un peu de toi ? je m'y retrouve dans le style : bref, vif. je m'y retrouve en partie seulement dans le récit .  

Es-tu une auteur qui peaufine ses textes ou préfères-tu la spontanéité du premier jet ? j'écris un premier jet ; puis je triture, je malaxe. j'y reviens encore et encore. même aujourd'hui, quand le texte est imprimé, si je le pouvais, je troquerais encore un mot pour un autre, je raccourcirais une phrase.


Mais ce travail de relecture ne nuit-il pas, justement, à la spontanéité de tes récit ? 

si tu veux dire spontané comme vrai ou sincère, alors il n'est pas spontané ; l'histoire ne doit pas me ressembler ; si vous voulez dire libre, sans cadenas, alors il est spontané ; travailler un texte, c'est lui donner le plus possible de la puissance, de la force.

ann-Maroc0346_2.jpeg 

 

Revenons à tes personnages : te hantent-ils pendant l'écriture ? le point final posé, passes-tu facilement à autre chose ? 

 les personnages ne me hantent pas pendant l'écriture mais je les habite, tous pour qu'ils soient crédibles. 

le texte me procure un plaisir pendant l'écriture, jusqu'au point final. après, je lui souhaite une existence en-dehors de moi.

Même si, finalement, tu écris depuis toujours, comment voit-on ton travail d'écriture/auteur autour de toi ?
Mon travail d'écriture amuse certains, émeut d'autres. J'en parle peu en fait. La sortie de ce premier livre va surprendre certains.

Pourquoi avoir choisi, pour t'exprimer, plutôt la prose que la poésie ? 
La poésie demande une musicalité et un pouvoir d'évocation que je n'ai pas. j'aime la poésie mais je ne suis pas à l'aise avec ce genre littéraire en tant qu'auteur.



Un extrait en guise de conclusion ?

charles

 

elle est belle. je l’attends. elle va venir. il est onze heures trente. elle ne rate jamais un rendez-vous. elle est en retard. elle est toujours en retard. je m’en fous, j’ai le temps. je me suis levé tôt ce matin pour savourer chaque minute qui précède son entrée. j’ai mis le pullover qu’elle m’a offert la fois dernière. je suis fou d’elle. elle est mon soleil. son énergie me transperce et me nourrit pendant plusieurs jours. chaque fois qu’elle annonce son passage, je débouche une bouteille de pessac léognan ; un rite immuable et un plaisir qui me grise, un peu plus encore.

il est midi. aujourd’hui, j’ai choisi un petit restaurant italien près de la gare. un endroit animé, où on parle fort. elle va adorer. j’entends ses talons marteler le pavé vivement. elle est en retard. elle le sait. elle aussi s’en fout.

 

zoé

 

il va m’attendre. comme toujours. même si j’arrivais à l’heure convenue, je le trouverais là, assis dans son vieux canapé, prêt depuis une heure au moins. une habitude militaire : ponctuel, impeccable, disponible. j’ai laissé la radio allumée ; le linge traîne mouillé dans la machine ; la vaisselle déborde dans l’évier. quand je le vois, j’abandonne tout. je veux savourer ces quelques heures de complicité. je me dépêche. mes talons claquent sur le pavé. je veux être belle, pimpante pour lui.

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans interview

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L'ange gardien, Marie-Claire Georges, avis de blogs http://dodoniver.blogspot.fr/

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

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http://dodoniver.blogspot.fr/

 

L’ange gardien de Marie Claire George - Éditions Chloé des Lys

25 nouvelles composent ce recueil. 25 tranches de vie. 25 récits courts et percutants.

Autant le dire tout net, en général j’aime les recueils de nouvelles. En fait j’aime le format de la nouvelle, sans fioritures, directement à l’essentiel. Ici j’ai été servie ! Ces nouvelles sont autant de petites merveilles très efficaces.
L’écriture est de qualité : fluide et contemporaine. Les personnages, les situations sont touchantes, elles trouvent leur chemin jusqu’à l’imaginaire sans détour. Puis il en ressort une impression de tendresse et de sourire. Que ce soit par le voyage ou le plus infime événement de la vie quotidienne, Marie Claire George sait nous surprendre et nous faire partager les sentiments de ses personnages avec talent.
L’auteure nous rappelle également quelques grandes vérités importantes : il ne faut présager de rien ni de l’avenir d’un individu ni de sa personne. Un brin moralisateur me direz-vous ? Oui mais c’est si bien apporté que finalement on en reprendrait bien une couche de ces bons sentiments.

La première nouvelle est l’Ange Gardien. Il s’agit donc de la nouvelle qui donne son titre au recueil. C’est aussi celle dont une citation orne le quatrième de couverture :
«À votre âge, Arthur, vous pouvez prendre vos responsabilités. Je vous laisse quarante-huit heures pour découvrir une nouvelle vie à accompagner. Hâtez-vous, nous n’avons que faire d’anges oisifs. Le monde est aujourd’hui d’un danger ! Croyez-moi, il y a de l’ouvrage pour tout le monde au paradis !»
Citation et nouvelle à l’image du recueil : à la fois drôle, légère et profonde. Cette première nouvelle est peut-être même ma préférée du recueil. L’ange gardien Arthur et ses états d’âme m’ont amusée et touchée. On s’interroge aussi et on se prend à espérer qu’un ange gardien veille au-dessus de notre épaule et qu’il nous guide de son mieux.

En souvenir de Salvador la nouvelle suivante m’a moins touchée. Ayant pour thème l’amour, elle m’a laissé un sentiment de mélancolie qui m’a légèrement déplu.

Le sourire d’Emilie, la troisième nouvelle, se dispute ma préférence (avec l’Ange Gardien). Je l’ai trouvée étonnante et extrêmement sensible. Elle nous pose aussi des questions : nous intéressons-nous réellement aux autres ? à nos amis ? à nos voisins ? à ceux qui semblent seuls ?

Aniadoué, la fille de la Lune est une nouvelle un peu moins politiquement correcte puisqu’elle nous conte les derniers mots d’un homme pour sa maîtresse. Une nouvelle remplie d’amour et sentiments. Une belle histoire d’amour.

Pour l’amour d’un desperado mêle avec brio les thèmes majeurs de ce recueil : le voyage, l’amour, et les faux semblants. Je m’explique, comme pour quasiment toutes les nouvelles les personnages ne sont pas uniformes. Ils ont une apparence donnée et un monde intérieur extrêmement riche et souvent en contradiction avec leur apparence. Marie Claire George nous rappelle ici qu’il ne faut jamais juger les sur leur apparence mais sur ce qu’ils sont réellement au plus profond d’eux-même.

Une star est née, la nouvelle suivante, est justement dans ce thème. Puisque ce qui semble mauvais au père sera en fait l’atout de son fils pour réussir. 

Graffiti est probablement une des nouvelles les plus tristes du recueil. Elle m’a beaucoup émue. Et son message est tellement vrai : n’oubliez pas d’aimer les gens tant qu’ils sont là. 

L’or de Xoliswa est l’histoire d’une revanche sur la vie. Elle permet de se remonter le moral après Graffiti et c’est réussi. Encore une belle histoire qui sait nous toucher.

Richard, entre ombre et lumière, la nouvelle suivante, est un hymne à la musique Reggae qui nous rappelle qu’il faut bien peu de choses pour être heureux.

Comme s’il était trop tard est l’histoire d’une rencontre, d’un heureux hasard auxquels on devrait tous être toujours ouverts.

Matin félin est une tranche de vie anodine. Et comme la narratrice moi aussi je veux être un chat domestique dans une autre vie.

Il est tard et je m’en vais est une belle histoire d’amour entre un chien et son maître. Mais c’est aussi une petite critique un brin grinçante de notre manque de sensibilité crasse et notre égocentrisme commun. 

Une femme qui me regarde est l’histoire d’une quête. D’un homme qui abandonne femme et enfants à la recherche d’un idéal de beauté pour finalement se rendre compte que la beauté était chez lui mais que le monde n’arrête pas de tourner pour lui. C’est une nouvelle un peu douce-amère.

Mémoires est l’histoire d’un arbre témoin de la société des humains pendant des années. Cette nouvelle donne une petite connotation écologique à l’ensemble. Un bel hommage à la nature.

Poussière de roi nous conte les derniers mots de Louis Auguste Louis XVI juste avant sa pendaison. Elle nous montre l’homme derrière le souverain. Elle nous rend donc l’humain.

Loin de Puerto Eden nous montre le côté destructeur et l’intolérance de notre société qui a imposé ses vues sur le reste du monde. Par le regard d’une Indienne d’Amérique du Sud on appréhende la terrible disparition d’une culture.

Au jardin nous ramène au thème des apparences auxquelles il ne faut pas se fier par le biais d’un dialogue entre trois objets aux fonctions différentes. Un bon rappel que l’important n’est pas toujours là où on le pense.

Ronchon, chat d’exception, est une des nouvelles les plus drôles du recueil ainsi qu’un hommage aux chats qui aiment tant leur tranquillité et leur indépendance.

Anubis ou encore l’histoire d’un chat ou plutôt de l’amour d’une maîtresse pour son chat sous le regard désapprobateur de ses voisins. L’auteur réussit ici à nous montrer le point de vue de l’intolérant sans pour autant le condamner. Au final on le plaint et c’est tant mieux.

La piscine est une nouvelle sur nos attentes surtout celles qu’on a des autres. 

Retour à la religion avec Les fruits de la passion qui revisite le mythe d’Abel et de Caïn. On se prend à apprécier Caïn le fermier qui produit pour ses pairs. Et on se surprend à être un peu agacé par Abel, le rêveur qui profite du fruit du labeur de son frère. Puis on les plaint tous les deux pour la tragédie qui les touche. L’enfer est pavé de bonnes intentions oui mais...

Marathon la nouvelle suivante nous rappelle que le bonheur, l’émerveillement et la vie est souvent à côté du chemin. Un hymne à la vie dans toute sa différence et une critique simple et efficace de l’uniformisation.

Comme une petite flamme qui vibre est une nouvelle plus noire (enfin grise) sur l’uniformisation et ses dérives. Autant Marathon nous donne espoir autant Comme une petite flamme qui vibre nous l’enlève.

Le Soleil se lève à Manaus est une nouvelle déroutante: l’utopie d’une autre société plus juste à l’écart de notre société actuelle .

Enfin la dernière nouvelle est épistolaire. C’est la lettre d’une femme (l’auteure ?) à son ange gardien. Le récit d’une vie.

Finalement, je ne pensais pas vous présenter chaque nouvelle mais c’est chose faite. 

Pour résumer, ce recueil nous rappelle que la bonté, la tendresse, la tolérance, l’altruisme sont des qualités qui ne lèsent pas les gens mais les grandissent. Je tiens à remercier les Éditions Chloé des Lys et le forum d’Accros et Mordus pour m’avoir fait découvrir ce recueil qui se place dans mes coups de cœur de cette année 2012. Vraiment merci !

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Miel et tentation, une nouvelle de Micheline Boland

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes2/humeursgrisesrecto.jpg

 

MIEL ET TENTATION

 

Au cœur d'un joli village, se trouve une grande épicerie. L'étalage, décoré avec soin, présente les beaux produits de saison. Fruits et légumes sont côte à côte comme des cigares ou des chocolats disposés dans une boîte luxueuse. Le comptoir et les rayons sont en bois vernis. Dans les rayons de gros bocaux en verre avec des bonbons, des épices, des fruits secs, du riz, des pâtes de formes variées. Les odeurs de cannelle, de thym, de fromages et de charcuterie, le mélange de couleurs des différentes denrées, la voix chaleureuse des commerçants vantant leurs marchandises, tout vous ouvre l'appétit dès que vous franchissez le seuil de la boutique.

 

Marie et Jean, le couple d'épicier a deux enfants : une fille déjà adolescente, Lison, qui aide parfois à ranger les rayons et fait la comptabilité, et un garçon beaucoup plus jeune, Jeannot.

 

Jeannot est gourmand. Il se pourlèche les babines quand il passe par le magasin. Il envie les clients auxquels ses parents proposent si volontiers de goûter l'un ou l'autre nouveau produit et surtout les enfants auxquels sa mère ne manque jamais d'offrir un caramel ou une gomme.

 

Quand il rentre de l'école, avant de faire ses devoirs dans la salle à manger, Jeannot furète un bon bout de temps dans l'arrière-boutique. Les tentations sont nombreuses et il y résiste difficilement. Un jour, il chipe un abricot sec, un autre jour un boudoir, un autre jour encore de la réglisse.

 

Un après-midi, il ne résiste pas au miel ! Ah cette teinte dorée. Ah cette douceur longue en bouche qu'il connaît si bien. Non, il n'y trempe pas le doigt car il sait combien ses parents sont pointilleux en matière d'hygiène. Il s'arme plutôt d'une longue cuillère et la plonge dans un des pots. Souvent, le sentiment de commettre une faute rend maladroit… La cuillère se retrouve par terre !

 

Le temps d'aller chercher une serpillière, une armée de mouches entre par la porte de derrière et s'abat sur le sol. Non seulement les mouches se régalent mais elles ne se privent pas de pousser la curiosité jusqu'à se rendre dans le magasin.

 

En voyant cela, Marie en a l'intuition : Jeannot a sans doute fait une bêtise ! Pour aller dans la salle à manger, elle passe dans l'arrière-boutique et voit la tache sur le sol…

 

Jeannot a été grondé et privé de dessert. Pour lui, ce jour-là, le miel est devenu un aliment amer. Curieusement, il ne l'apprécia plus du tout durant des semaines et des semaines…

 

Micheline Boland

micheline-ecrit.blogspot.com

boland photo


Publié dans Nouvelle

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Fiche de Nathalie Wargnies pour Déluges et Embellies

Publié le par christine brunet /aloys

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Publié dans fiche auteur

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