Daniel Roualland est né à Nantes. Il y a enseigné la philosophie.
Il a ensuite exercé les métiers de psychosociologue puis de sociologue à la Poste, à Poitiers, Rennes, Strasbourg et Paris.
Résumé
Trois nouvelles : une fantastique, une politique et une énigmatique : angoisse, étonnement, surprise,
Une bâtisse du 18ème, un guéridon, un groupe d’amis et un jeu effrayant pour communiquer avec les morts…
B,D, étudiant modèle en philosophie et militant politique rêve d’une vie stable et d’un foyer chaleureux. Après divers échecs il échoue à Athènes. Le rêve presque atteint va-t-il se briser ?
Rencontre amoureuse dans un café entre une traductrice, un prof de philo et la serveuse,
Micheline Debraz s’est mise tard à l’écriture mais ce premier roman, elle le
portait en elle depuis des décennies. Sensible à la vie des femmes, elle lit très
tôt Doris Lessing et découvre le progrès social et politique du vingtième siècle
puis du vingt-et-unième à travers lectures et voyages.
Née en Belgique, Micheline Debraz préserve et cultive son jardin. Elle dit
laisser les mots s’emparer d’elle pour écrire.
Résumé
Les petits faits du quotidien et leurs rares tendresses ne peuvent faire oublier ni adoucir les
rudes épines de la vie. Lesquelles ? Celle qui attendent une jeune fille dans une société
articulant son existence même autour de règles rigides. Elle ne demande qu’un peu de bien-
être et de liberté mais c’est un véritable combat qui l’attend sous l’atmosphère feutrée de
l’apparente normalité. Que se passe-t-il réellement derrière les portes fermées ? Seuls
quelques murmures se faufilent parfois dans l’oreille d’un jeune garçon qui ne comprend que
bribe par bribe et qui, d’un coup, sera projeté dans l’âge adulte.
Fait divers ou tragédie, tout dépend du point de vue.
Extrait
« Au début, je n’osais pas abîmer la rose, j’ai d’abord essayé tout doucement de tirer sur un pétale. Il s’est détaché sans bruit comme un arrachement silencieux. J’avais peur de faire mal à la rose sans défense. Elle n’était déjà plus si belle avec un pétale en moins.
(…) lui, il arrachait tous les pétales d’un coup sec en tournant un peu le poignet. Puis il me montrait la rose décapitée, toute nue en ses brins d’étamines et il la jetait sur un bout de journal à côté des autres cadavres. »
Résumé : Genèses est un récit dont les alexandrins traversent les siècles, une véritable ode au mouvement perpétuel du Temps.
L’auteur y convoque le fracas des marées, le cycle des soleils et des lunes, il raconte de mystérieuses silhouettes s’évanouissant dans la nuit, le souffle des amants entrelacés, en quête d’une illusoire immortalité. Ces destins improbables ressuscitent un romantisme teinté de merveilleux dont l’écho résonne jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à la fin des temps…
Biographie
Matthieu Roger est né le 18 août 1986 à Angers.
Il est poète, chroniqueur littéraire, artiste performeur et directeur d’un bureau d’accompagnement d’artistes chorégraphiques basé à Tours.
Après Centuries en 2019, où il conte sa propre légende des siècles, Genèses est son second recueil de poésie publié aux Éditions Chloé des Lys.
Extrait Genèses – Matthieu ROGER
AMARESCENTE
M'enivrer de tes lèvres sans oublier tes yeux
Perdus dans l'horizon peuplé d'orbes sonores.
Contempler d'un regard l'étendue de nos ors
Enfouis dans les lointains contés par nos aïeux.
Qui es-tu muse ? Un songe ? Une aurore boréale ?
Une ancienne lune aux mystérieux contours ?
Je ne vois que lueurs zébrant nos nuits astrales.
Je gis ici, sans peur, quémandant ton retour.
M'enivrer de tes yeux pour oublier tes lèvres
Qui me rongent et m'absolvent au creux de rêves mièvres.
J'appelle ton prénom sans qu'aucun son résonne
Sur la voûte étoilée de nos amours aphones.
Elisabeth Desvignes aime les belles lettres et les mots en chanson. Elle explore la nature et l’anatomie du vivant, s’émerveillant des courbes, des plis et replis des existences qui s’écrivent patiemment.
Après avoir enseigné comme professeur de Lettres Classiques, elle a écrit des concepts, des scenarii et des histoires de marques et de produits.
Puis vient le temps d’un voyage initiatique loin là-bas en terre asiatique qui a tout bouleversé, elle emprunte de nouveaux vaisseaux, elle prend la plume et laisse jaillir une série d’instantanés poétiques.
Résumé
Ce recueil de poèmes propose un voyage pour capturer l’éphémère vivant et le découvrir un instant pour le célébrer dans ses réjouissances, ses saccades, sa crudité et ses tensions !
Cette poésie du quotidien revisite des thèmes universels avec singularité et mélodie : la quête identitaire, les liens relationnels, la vie, l’amour, la mort, le mensonge, les illusions, le corps, la fête…l’auteur les cisèle avec fantaisie dans une composition de tableaux personnels parfois impertinents, distillant ses étonnements sur cette drôle de société humaine.
Une promenade en 5 étapes :
- A fleur de mots
- Fenêtre sur le cours de la vie et des choses
- Réminiscences de l’Empire du Milieu
- In Extremis
- Rêveries à ciel ouvert
Une invitation à se ressaisir du présent et des instantanés de la vie car à coup sûr les nuages filent !
Extrait
Y-a t-il encore de nouveaux vers à sourdre
Tant sont joliment écrits et recomposés
Depuis des milliers d’années ; plus rien à perdre
Avant de te voir, te rencontrer, te connaître, je t’ai lu ma belle. Encre sensible à ta force et ta splendeur. De cette encre issue de tes abysses. Ceux de la Garonne. Miroir de ses rives clinquantes, majestueuses. Fleuve tantôt lisse et soumis, tantôt révolté et provoquant.
Je t’ai suivie au gré des pages « Ecoute ma Garonne ». Je l’ai entendue. Raz-de-marée noirs de chair torturée. La bouche édentée expulse la poussière d’or sur les pierres de la ville. L’homme aveuglé de ses lèvres pincées s’abreuve du métal inoxydable. Dépendance immortelle. Raz-de-marée rouges de chair suante. De ses mains usées fabrique les argentiers. Ouvriers mis en cale. Raz-de-marée dorés de chair soyeuse. De ses ongles manucurés soudoie Dionysos. Paquebots à quai. Oriflamme faste, couleur aurifère. Dépendance immortelle. Qu’ont-ils fait de toi ?
Et puis, tu m’as parlé d’elle. Ta compagne sauvage. Dordogne se nomme-t-elle. Librement elle circule avant de te rejoindre dans ta prison humaine. Emmurée, bétonnée. Elle te raconte ses rives de terre et d’arbres et de fleurs, ses poissons, son tapis de flore. Toi qui n’es plus qu’un vide de souillures. Elle se souvient de son berceau dans les monts Dore, sans malédiction. Elle serpente au caprice des reliefs, rencontre le lys, s’aventure à travers son homonyme. Refuge des indomptables. Comme elle, affranchis. Elle s’amuse de quelques embarcations indiennes. Mémoire. Gène de sagesse, de savoir. Elle rêve de ces corps nus qui glissent dans son onde. Volupté. Servitude des sens. Couronne champêtre sans blason ni étendard. Dépendance vitale. Ils t’ont épargnée.
Enfin, tu m’as parlé de lui, l’aîné des Titans et je vous ai suivies. Chargées d’eau douce et d’eau de mer. Orchestrées par la marée vous façonnez vases, bancs de sables et îles. Le colérique mascaret ne vous néglige pas. Enlacées au Bec d’Ambès vous vous jetez dans l’océan. Toujours unies et victorieuses. Raz-de-marée oubliés. La terre se dessine d’un archipel où il fait bon vivre, initié de vos vagues.
C'est avec ses "Contes bizarres" (Vol. 1 & 2) que Bob Boutique a fait une entrée remarquée dans le monde littéraire. Une façon originale de raconter des histoires plus tordues les unes que les autres en prenant le lecteur à témoin. Des contes qui commençaient tous par la célèbre formule "Il était une fois" avant d'annoncer la chute par un "Et arriva ce qui devait arriver"...
Abandonnant alors le genre "Nouvelle", Bob s'était lancé dans l'écriture de polars mettant en scène un duo de flics hollandais (style "l'ours et la poupée"). Un duo dont nous allions suivre les aventures dans trois "briques" ("2401", Chaos" et "Bluff") où le style inimitable de l'auteur allait encore faire mouche. Et puis voilà qu'aujourd'hui, Bob Boutique nous livre un 3ème volume de "Contes Bizarres" pour notre plus grand plaisir.
Première constatation; pas de doute, à chaque page, on retrouve cette façon incomparable de raconter, la "Bob Boutique touch" !
Trois histoires pour ce troisième opus.
La première, "M'man", nous entraîne dans un véritable délire schizophrénique. Un type consulte régulièrement un psy parce qu'il se sent dominé par sa mère. Une mère dominante, certes, mais morte depuis 3 ans ! Morte assassinée par ledit fils !... Est-ce faux, est-ce vrai ? L'auteur nous entraîne dans les dédales d'un esprit tortueux. Hitchcock sonne à la porte.
La seconde, "Amen", met en scène la surprenante découverte de trois sexes de jeunes garçons retrouvés dans des petits sachets enfouis dans le coffre d'une banque. Ledit coffre appartenait à un ecclésiastique de haut rang ! Bob Boutique nous entraînerait-il dans une sordide affaire de pédophilie liée à la Sainte Eglise ?... Allons, allons, quand on connaît l'esprit créatif de l'auteur s'est allé un peu vite en besogne...
La troisième, "Mille brasses", nous décrit les différentes phases de doute et de crainte par lesquelles passe Gus, un quinqua au physique des plus banals qui a épousé Béa, une femme beaucoup plus jeune et très jolie de surcroit. Des craintes qui vont s'amplifier lorsque celle-ci fera la connaissance d'un certain Eric, une sorte de sosie de Georges Clooney...
Et arriva ce qui devait arriver... En fait, pas vraiment. Avec cette phrase, Bob Boutique nous bluffe parce qu'à chaque fois, emporté par l'histoire, on croit deviner aisément la fin et... On est à côté de la plaque ! Défiant toute logique, l'auteur nous entraîne vers une chute qui nous laisse baba et on reste là comme deux ronds de flan en se disant : "Tiens, j'avais pas pensé à ça, merde alors, quelle fin !"
Pour mes huit ans, j’avais demandé à mes parents de m’acheter un vélo rouge, le même qu’avait reçu mon copain Fred parce qu’il avait eu un beau bulletin. Je voulais pouvoir me balader dans le village, seul, sur ma monture, fier comme Artaban.
Mon père m’avait promis qu’il exaucerait mon vœu, mais voilà, papa est parti tout à coup, comme ça, dans un éclair, comme un ballon qui éclate, rouge, le ballon. Un bête accident, une vie qui s’envole et un petit orphelin qui ne comprend pas bien la situation.
Le jour de mon huitième anniversaire, je m’en souviens, nous déposions, ma mère et moi, des fleurs au cimetière du village, rouges les fleurs, rouges comme le sang qui s’était répandu sur la chaussée. Et de mon cadeau, de ce vélo dont je rêvais depuis des mois, on n’en a même pas parlé. Ce jour-là, je n’ai même pas soufflé une seule bougie !
Pour mes neuf ans, j’avais demandé à maman si elle voulait bien m’acheter le vélo rouge que j’attendais depuis plus d’un an. Elle s’est mise à pleurer, comme tous les jours depuis la disparition de papa, a ouvert une nouvelle bouteille de whisky comme elle le faisait presque tous les jours depuis qu’elle était « seule au monde » comme elle disait ; elle a bu une longue gorgée de ce liquide brulant qui semblait lui faire tant de bien, m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit : « Mon pauvre petit, je n’ai pas le premier centime pour te le payer, ton vélo ! Et puis, si c’est pour répandre une flaque rouge sur la chaussée, et que je me retrouve encore plus seule, c’est pas la peine ! ».
Pour mes dix ans, j’avais demandé à mon beau-père s’il voulait m’acheter le vélo rouge promis par mon père. Il m’a foutu une torgnole et m’a dit : « Il avait qu’à l’acheter lui-même, ta bécane, ton vieux ! ». Je ne savais pas que papa était si vieux. Je n’ai jamais été doué pour deviner l’âge des gens. Par contre, lui, Albert, avec sa longue barbe blanche et l’absence de cheveux sur son crâne tâché, je le trouvais vraiment vieux ! Et tout d’un coup, j’ai souhaité qu’il meure vite. Je me retrouverais seul avec une mère alcoolique, je le savais, mais maman, elle, au moins, ne me frappait pas !
Mais, malheureusement, mes vœux ne se réalisent jamais et Albert n’est pas mort. Il a continué à me frapper et puis il s’est mis à battre maman aussi. J’aurais voulu la défendre, bien sûr, mais devant les muscles de notre tortionnaire, je tremblais, je n’y pouvais rien !
Puis, un jour que j’allais avoir treize ans et toujours pas de vélo, j’ai découvert une nouvelle flaque rouge. Ce n’était pas sur le chemin, cette fois, mais sur le sol de la cuisine. J’ai suivi des yeux le tout petit ruisseau écarlate qui se formait et j’ai vu la tête de ma mère, à même le carrelage froid, éclatée comme une noix. D’Albert, aucune trace, bien sûr, mais je savais très bien ce qu’il s’était passé là, dans la petite cuisine aux vitres sales.
Aujourd’hui, une gentille dame est venue me chercher chez la voisine. Elle m’a tout expliqué. Je vais vivre désormais dans une grande maison, propre, lumineuse, où grouillent des dizaines d’enfants comme moi, des orphelins à ce qu’elle dit. D’après elle, plus personne ne me touchera et je me ferai plein de copains.
Est-ce qu’il y a des vélos dans les centres d’hébergement pour enfants ? Si oui, est-ce qu’ils sont rouges ? J’aimerais bien avoir un vélo rouge, moi…
Voici un livre « tranquille », qui a tous les parfums, les réalités sociales et la décence d’une époque. J’ai aimé cette impression, non pas de lire une autobiographie, mais de percevoir du vécu ici et là. Bien sûr, on comprend que les lieux existent, ou ont existé, même le vénérable tilleul bien sûr. Les préoccupations sociales aussi, et les réactions à ces dernières. Et puis la manière dont un amour se met en place, c’est également issu du code d’alors, avec la pudeur et une audacieuse indécence qui s’alternent patiemment.
Jean-Michel est un « homme sans histoire », bien qu’il ait été blessé par un amour autrefois. Il a trouvé la tranquillité dans le retour sans surprises des jours, l’un après l’autre, agréables et rassurants. Il enseigne, a ses amis, ses routines, ses itinéraires préférés, dont le parc où se déploie l’imposant tilleul du parc.
Il connait le bruit du tram, le salut de l’encadreur sur la place, les mineurs du coin, il a sa bière préférée.
Mais si aucune de ces choses n’est destinée à disparaitre, sa vie sera bouleversée.
Un enfant, et Fabienne, la femme qui le recherche, car c’est le sien. Elle, elle a « une histoire », et Jean-Michel, sans y avoir pensé, sera celui qui lui en donnera une autre et l’aidera à retrouver cet enfant dont la trace ne cesse de resurgir pour disparaître à nouveau. Leur rencontre sera pour chacun un des cours de l’école de la vie : plongé dans les bousculades toxiques d’un monde qu’il ignorait, la compassion naturelle de Jean-Marie s’étend vers ceux qui vivent des drames, et s’il sera un loyal défenseur pour Fabienne il le deviendra bien vite pour les causes syndicalistes.
Quant à Fabienne, elle fleurit comme un printemps au contact de la gentillesse innée de Jean-Michel et de ses amis, une attitude entièrement neuve pour elle. Elle se fond dans sa nouvelle vie avec la fraicheur d’une écolière qui découvre qu’elle a du talent.