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Une pie dans le ciel de Saïgon, le nouveau roman de Gauthier Hiernaux : interview

Publié le par christine brunet /aloys

 

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On commence à te connaître... Tu as déjà pas mal publié... Tu en es où, exactement ?

« Une Pie dans le Ciel de Saigon » est mon huitième livre publié chez Chloé des Lys. J’ai également sorti en 2012 « Mallaurig » chez Cactus Inébranlable éditions. J’ai encore beaucoup de matière au fond de mon disque dur et encore davantage dans ma tête. 

Un nouveau bouquin paraît chez CDL. Dans la lignée des précédents ? D'autres héros ? Une parenthèse ?

J’ai écrit quatre mini-romans qui n’ont aucun lien entre eux sinon le format. « Tribu silencieuse » était une fable que je voulais humoristique et qui a bien marché. « Lucioles » était beaucoup plus sombre et traitait des choix, parfois douloureux, que doivent faire les personnes.

« Une Pie dans le Ciel de Saigon », c’est plutôt un hommage à la remise à zéro du compteur. Le bouquin n’est pas un truc mystique, c’est davantage une redécouverte de soi à travers les autres. 

 

Est-ce un roman ? Une longue nouvelle ? 

… ou un court roman ! J’ai commencé à écrire des ouvrages de cette taille particulière non pas manque d’inspiration ou par envie d’en sortir trois par an, mais pour une toute autre raison.

En musique, en BD et en peinture, je trouve qu’il est facile de se rendre compte après quelques notes/pages… si on aime ou si on n’aime pas ce que l’on entend ou voit.

En littérature, c’est plus compliqué. Pour apprécier un livre – ou plutôt savoir si on va l’apprécier – il faut avoir lu au moins un chapitre. L’attirance, si tant est que je puisse la nommer ainsi, est moins immédiate. Mes trois mini-récits font entre 70 et 90 pages. Il est donc possible d’en lire un en une heure et de se faire ainsi une idée sur mon style. Je trouvais cette idée intéressante.

Mes autres livres – les cinq premiers tomes de ma saga intitulée « Grandeur & Décadence de l’Empire de la Nouvelle Ere » sont de plus gros romans. Mes lecteurs fidèles les apprécient beaucoup, mais je sais que celles et ceux qui ne s’y sont pas encore plongés hésitent en raison du nombre de tomes (lesquels peuvent être lus tout à fait indépendamment les uns des autres) et de leur taille.

Pourquoi ce titre ?

« Une Pie dans le Ciel de Saigon » ? Ah ça… ce sera au lecteur de le découvrir. Je dirais que le titre est construit sur le même modèle que ceux de « Lucioles » ou « Tribu silencieuse »  : quelques mots qui prennent à contre-pied le ton du récit, mais un titre qui revêt tout son sens au fil de la lecture. En tous cas, jusqu’à présent, j’ai reçu de bons échos sur le titre donné et sur la couverture. C’est déjà ça. 

 

 Alors, l'histoire ?

Le héros d’ « Une Pie » n’a pas de nom, pas au début du récit en tous cas car il ignore qui il est et la perte de sa plaque d’identification ne facilite en rien sa situation.

L’homme se réveille dans une tente-hôpital, sans aucun souvenir de ce qui l’a amené là. Petit à petit, il va être amené à se redécouvrir. Et ce qu’il est réellement ne va sans doute pas lui plaire.

 

Des projets ? Chez CDL ? Chez Cactus ? Ailleurs ?

Absolument. « Les Enfants de Jafez », le sixième tome de ma saga Grandeur & Décadence de l’Empire de la Nouvelle Ere a été accepté par le Comité de lecture de Chloé des Lys. La couverture est déjà prête, mais j’attends l’année prochaine pour le corriger et l’envoyer. Cette année, j’ai quand même déjà publié deux bouquins (« Lucioles » – « Une Pie dans le Ciel de Saigon »).

J’ai également participé à un recueil de nouvelles (« Assortiment de crudités ») qui, à l’heure où je réponds à tes questions, Christine, n’est pas encore paru. Il devrait voir le jour cette année encore. Ma nouvelle s’intitule « L’odeur de métal sur les doigts » est traite de la fascination d’un homme pour une « Go-Go dancer ».

Sinon, je souhaiterais également envoyer mon dernier policier («La Fraternité des Atomes ») à divers comités de lecture. Le temps me manque pour le relire une dernière fois. Je pense que s’il est finalement publié, il plaira beaucoup, sans doute davantage encore que « Mallaurig » et « Tribu silencieuse ». 

 

J’ai également deux projets en chantier : un policier dans le milieu du paint-ball et un ambitieux roman médiéval se déroulant 10 ans après la Grande Peste du 14ème siècle.     

 

Gauthier Hiernaux

grandeuretdecadence.wordpress.com

Publié dans interview

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Georges Roland nous propose une nouvelle: "Juste avant l'impact"

Publié le par christine brunet /aloys

Juste avant l’impact

 

La baie est magnifique, le matin. Le soleil pointille l’eau de reflets nouveaux, comme pour une parade dans la Cinquième Avenue. C’est grisant, de se trouver si haut, face à l’océan Atlantique, on se sent maître du monde. À droite, la grande statue lutte de son quinquet contre l’immense lumière qui envahit la ville. Vers la gauche, la vue est obstruée par le profil de la deuxième tour.

Heitor s’est assis dans le grand canapé, face à la fenêtre panoramique où l’a conduit l’assistante du grand patron. Gail Pendreszki lui a proposé un café, puis l’a abandonné à son émerveillement.

Très vite, Heitor concentre son esprit sur la baie. Le visage de Belén est apparu dans le reflet de la vitre. Belén, affriolante Porteña argentine, rencontrée au mariage d’un ami commun ; Belén dont il partage la vie depuis dix ans, qui l’attend à São Paulo avec leurs deux enfants.

Chaque année, la compagnie dont il est le directeur pour l’Amérique du Sud, organise une réunion en mars et en septembre. C’est pour Heitor l’occasion de retrouver ses homologues européens et asiatiques, et de passer en célibataires trois jours dans la ville qui ne dort jamais.  Comme les autres sont originaires de l’hémisphère nord, ils s’amusent des bévues de Heitor à propos des congés. Chez lui, septembre marque le début de la bonne saison, la perspective des vacances en février sur son voilier au large de l’île São Sebastião, la pêche avec Raul, l’ainé de ses fils, tandis que Belén et le petit Manoel nagent dans les eaux claires de l’océan.

Gail vient d’entrer dans la salle, suivie par les deux confrères européens, le Français Jean L’Estaffe et l’exubérant Ukrainien Georges Parchenenko. Les inséparables noceurs. Ils accusent déjà les stigmates d’une nuit bien arrosée, qui leur vaudront une remarque sévère de Milton A. Abrams, CEO de la compagnie.

Effusions, café, attente. Les Européens n’ont que faire de la vue sur la baie, l’esprit encore embrumé de relents de bourbon et de rye. Les commentaires salaces à propos de la croupe de l’assistante semblent plus faciles à formuler que l’apologie d’une merveille de la nature. D’ailleurs, n’en est-elle pas une, cette créature de rêve ? Déesse fardée, manucurée, aux formes généreuses et aguichantes, quasi intouchable, Gail représente l’idéal masculin d’opulence et d’érotisme. Il faut dire qu’ici, on ne s’attend pas à trouver des fleurs sauvages et de vertes prairies. Ici règnent le béton, la finance et les affaires. La puissance et le sexe. Le cœur de l’univers bat dans les rues de cette ville, exclusivement. C’est depuis ces deux tours gigantesques qu’il irrigue le reste du monde.

Jean L’Estaffe raconte d’une voix chevrotante comment il a débarqué à JFK hier après-midi. Ses bagages perdus dans l’immensité des chaînes de récupération, puis le passage à la douane, la suspicion inébranlable des agents. Vous venez aux States pour affaires ? quelles affaires ? Quelqu’un vous attend ?

Ils sont vraiment paranos ! Ces gars voient des terroristes partout !

Georges Parchenenko renchérit avec la déclaration à remplir dans l’avion, avant même d’atterrir : non, je n’importe aucune denrée alimentaire, ni fruit, ni légume… À croire qu’ils ont peur qu’un pépin de pomme infecte leurs états ! Comme si quelqu’un pouvait les attaquer avec un quartier d’orange andalouse !

— Ils me demandent avant chaque vol d’indiquer si c’est moi qui ai fait ma valise, indique Heitor. Trente minutes d’entretien privé avec un inspecteur US. Comme si nous étions des malfrats ou des comploteurs.

La somptueuse Gail leur propose de renouveler les boissons, mais ils refusent : le café va couler à flots pendant toute la matinée. Elle leur annonce aussi l’arrivée de monsieur Milton A. Abrams, la réunion pourra commencer dès que le directeur coréen, décidément toujours en retard, montrera le bout de son nez.

Après son départ, Georges se penche à l’oreille de Heitor.

— Tu crois qu’elle couche avec le patron ?

— Évidemment, intervient le Français. Comment veux-tu, autrement, parvenir à un poste de cette importance ? Je suis persuadé que Milton Abrams couche avec toutes les têtes pensantes de Wall Street.

— Avec un nom pareil, il doit être juif, non ?

— Bah, à mon avis, quatre-vingt-dix pour cent des habitants de cette ville sont juifs.

— Tant que ça, tu crois ?

L’esprit d’Heitor virevolte encore par-dessus l’océan, vers le visage de Belén, le doux tangage du voilier au large de São Paulo, les cris des enfants qui jouent sur le pont. Elle porte un chemisier léger, noué sur ses seins, et une jupe fendue jusqu’à la hanche. Son regard est bien plus intense que les yeux de glace de Gail. Comme il aimerait baiser ces lèvres, la prendre dans ses bras. Belén ! Puis les commérages de ses collègues le ramènent à la réalité.

— Dis donc, c’est bientôt les vacances pour toi, persifle le Français. Ton yacht est prêt, les cannes briquées, les appâts sélectionnés ?

— Comme chaque année, répond-il distraitement. Et toi, où vas-tu ?

— Je reviens de Grèce, mon vieux. Un paradis ! Des courts de tennis fabuleux, un parcours de golf de toute beauté… J’y retourne l’an prochain.

L’arrivée de Lee Soo-chan, le directeur coréen, dispense Heitor de poursuivre cette conversation oiseuse. La belle Gail les conduit dans la salle de réunion, sur la façade nord. La vue n’y est pas si grandiose, mais ici, on va parler de retour sur investissement, de rentabilité et de budget, sans se préoccuper de la qualité du site. La session doit débuter à neuf heures précises, et Milton prévoit d’office une demi-heure de mise au point préalable avec ses quatre directeurs régionaux, durant laquelle il peut les invectiver à loisir, pour leur confirmer sa suprématie. Ensuite, on fera entrer les financiers. Un rituel immuable.

Heitor a un dernier regard pour cette baie magnifique, qu’il contemple du haut du quatre-vingt-quinzième étage de la tour nord.

Il est huit heures trente. La ville ronronne à quelques trois cents mètres plus bas. Heitor est heureux ; bien que tant éloigné de Belén, il voit encore son visage dans le reflet de la vitre, elle lui sourit tendrement

— Amorcito, te quiero tanto, vuelve pronto a la casa.

— Eu também o amo, Belén. Eu retorno logo. Oui mon amour, je reviens vite vers toi, je te le promets.

Leurs échanges se font tant en castillano qu’en brésilien.

En franchissant la porte de la salle de réunion, Heitor éprouve soudain une étrange sensation. Il le connaît pourtant bien, ce lieu, pour y être venu deux fois par an depuis si longtemps, pour y avoir passé des heures tantôt exaltantes, tantôt fébriles. Mais cette fois, il a une appréhension, comme si une force intérieure lui interdisait d’entrer.

Les autres ont pris place autour de la grande table, ouvrent leur ordinateur portable, recherchent le fichier qu’ils ont soigneusement préparé. Lui, doucement, se dirige vers la fenêtre. Un châssis bien plus étroit que celui de la grande salle d’attente. En se penchant, la partie gauche de la presqu’île, devant lui, ressemble à une mer houleuse et grise, sillonnée de petits coléoptères jaunes. Plus loin, la grande île, les quartiers résidentiels, l’aéroport. L’idée d’un avion le ramène vers São Paulo, vers Belén.

Le ballet incessant au-dessus de JFK retient un instant son attention. Derrière lui, le CEO de la compagnie fait une entrée remarquée, suivi de son assistante et de deux secrétaires. — Messieurs, je vous en prie, servez-vous de café, invite Gail avant de s’asseoir à la droite du patron.

Heitor ne parvient pas à quitter la fenêtre. L’impression étrange de tout à l’heure le reprend. Il sent que quelque chose de neuf va se passer. Va-t-on faire une grande annonce concernant la compagnie ? Des dégraissages ? Des fermetures d’agences ? Mais, confusément, il a le sentiment qu’il ne s’agit pas de la compagnie, que c’est là, dans le rectangle de la fenêtre, que cela se joue. Les lointains départs et atterrissages de jets retiennent son attention.

Comme lors de ses voyages au cœur de l’imaginaire, qui le mènent invariablement vers Belén, l’entourage s’estompe, il ne voit plus qu’un écran sur lequel se projette son rêve.

Des avions. Qui décollent, qui atterrissent. Le ciel de septembre est bleu encore d’été et de chaleur. De grands albatros scintillants survolent les abords de la ville. L’un d’entre eux semble s’orienter vers downtown. Heitor se rappelle son arrivée de la veille, où l’avion s’était présenté par l’est, à l’entrée de la baie, avait semblé foncer vers la presqu’île. Il avait ensuite obliqué vers la droite, vers une des pistes de l’aéroport, offrant ainsi aux voyageurs la plus belle perspective du monde : Manhattan.

L’avion s’est approché. Heitor se rend compte qu’il n’a pas décollé à JFK, puisqu’il est incliné vers l’avant, en phase d’atterrissage. Heitor se tourne vers la table, où Milton vient de lancer les débats. L’entame consiste à invectiver d’importance le directeur ukrainien, qui se fait tout petit. Puis, tout à coup :

— On ne vous dérange pas dans vos rêveries, monsieur Dos Santos ?

— Excusez-moi, monsieur, je regarde cet avion. Il vient droit sur la ville.

— On n’en a rien a fiche, de cet avion ! Votre place est là, parmi vos confrères. J’ai d’ailleurs deux mots à vous dire à propos des comptes brésiliens.

Heitor ne bouge plus. Il est fasciné par la carlingue d’argent, qui capte le soleil d’est, qui grossit, semble narguer la ville.

— Il vient vers les tours, il vient sur nous ! Ce n’est pas possible, pourquoi ne l’arrête-on pas ?

Il a crié. Les autres se retournent, regardent la fenêtre comme un écran, eux aussi. Le Boeing est si près qu’on l’entend hurler sa rage. Les manipulateurs du monde réunis dans la salle se lèvent tous, écarquillent les yeux, c’est un thriller qui passe à la fenêtre : un avion gigantesque leur tend ses ailes. Gail ne peut retenir un cri, et les deux secrétaires se tassent sous la table, suivies du Coréen. Jean et Georges n’ont plus conscience de la réalité. Ils restent bouche bée devant ce spectacle hallucinant. Devant la vitre, tout en fixant le cockpit de cette bombe lancée vers lui, Heitor a une dernière pensée pour Raul, Manoel, puis Belén.

Jo te quiero también, Belén. Eu retorno logo. Je reviens tout de suite.

 

Juste avant l’impact.

 

Georges Roland

www.georges-roland.com

 

 

Publié dans Nouvelle

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Journal de bord d'Hugues Draye

Publié le par christine brunet /aloys

Facteur, où vas-tu ?

 

 

journal de bord, samedi 9 novembre 2013
  

  
Le ciel bleu, les nuages blancs de l'autre côté de la fenêtre, c'était pas trop tôt.
 
Oui, l'impulsion de sortir du lit, de mordre dans la vie à pleins bras, ça me prend déjà vers huit heures du matin. Mais, après une dernière semaine au boulot, je suis encore ... plus que claqué. Faut que je récupère, bien entendu. Plutôt que de croire que je loupe une journée de soleil, eh bien, je décide de le laisser entrer dans mes yeux, dans mon cœur, ce soleil, pendant que ma gueule de bois refuse de quitter les draps (que j'ai changés la semaine dernière, enfin).
 
Mmmmm. Que dire ? Qu'ajouter ?
 
Il était temps. Plus que temps.
 
Non seulement les heures supplémentaires que je me tape, sur ma tournée de facteur, mais le reste aussi : les revers difficiles dans mon quotidien, un état d'essoufflement (quand la fatigue s'en va) qui va croissant, les épaules qui lâchent, le cou qui a son mot à dire ...
 
Y a deux jours, au boulot ...
 
On me fait la remarque suivante : "Comme tu seras en congé quinze jours, il faut que ta place soit propre pour celui qui va te remplacer, parce que les remplaçants, ils n'ont pas facile !"
 
J'écoute. J'en prends bonne note. Et je décide, effectivement, en toute conscience, de faire le nécessaire, le dernier vendredi, quand je serai rentré de tournée, afin que le "remplaçant" travaille dans les meilleures conditions du monde.
 
Ceci dit, au fil des secondes, des minutes, des heures qui passent, quand cette remarque (qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd) me revient, je me rends compte que je râle quand même un peu ... beaucoup. D'accord, d'accord, le remplaçant n'a pas facile. Mais je pourrais aussi dire que, lorsque je réintègre le boulot, après un certain nombre de jours de congés (ou d'absences justifiées), que je retrouve aussi un certain "bordel" à l'endroit où je trie tous les matins : parfois, je ne tombe plus sur mon caddy, les "refeelbacks" (de mon caddy) s'envolent, les feuilles prévues pour que je scanne les recommandés (et d'autres paquets) se sont envolées au diable vauvert, et je dois passer parfois un temps interminable pour trouver un chef, lui expliquer la situation, et je n'ai pas forcément de répondant, non plus.
 
Mais voilà, chacun fait son possible, et nous ne sommes jamais que des humains.
 
C'est pas tout.
 
Une autre remarque d'une des chefs, à mon égard : "L'autre jour, tu as remis 18 recommandés avec la mention A REPRESENTER, et ça ne va pas, on n'est pas tenus d'aller deux fois chez le même client", suivi de "Faut penser au remplaçant". J'étais quand même assez sonné. Je me suis surpris à répondre : "Je serais curieux de savoir chez quels clients j'ai mis la mention A REPRESENTER, car je ne suis pas du genre à faire n'importe quoi, c'est toujours quand je connais le client"
 
Mais mon argumentation ne passait pas, j'avais manifestement contourné le règlement de la nouvelle poste. Si un client n'est pas là, faut mettre "absent". S'il s'agit d'un commerce fermé le jour où le recommandé est présenté, eh bien, le client en question n'a qu'à signaler son problème à la poste, ce n'est pas le problème du facteur. OK, OK.
 
Ce qui me fait aussi extrêmement râler dans cet exemple-là, c'est que, quand j'y réfléchis, ça ne colle pas. Je suis plutôt du genre à passer chez tous les clients, du premier jusqu'au dernier. Eh oui ! Plutôt que de rentrer vers 14h30/15 heures (ce qui correspond, légalement, aux heures de fin de mon boulot), si je termine seulement (avec les cinq kilomètres que représente ma tournée) vers 16/16 heures 30 (parfois plus), c'est notamment parce que je prends la peine d'aller visiter (pour : recommandés, paquets "P", colis) tous mes clients (y compris ceux/celles que, bien souvent, je me passerais de voir). Que je prends sur moi, que j'accomplis, dans la mesure du possible, chacune de mes tâches assignées, pas à pas. Alors ?
 
Oui, bien sûr, il arrive que, dans certains cas ponctuels, je fasse représenter le recommandé le jour suivant. Mais ... m'en attribuer "18" pour le même jour, j'aimerais bien revoir ça.
 
Et même si je l'ai fait un jour, je râle quand même. Moi qui fais mon boulot au jour le jour en respectant mes directives, il faut qu'on me tombe dessus pour un instant ponctuel où j'aurais pratiqué un peu autrement.
 
Maintenant, je me ravise aussi ...
 
Au milieu de la semaine, dans les ailes du bureau, y a eu des explications, des révoltes, menées (à juste titre) par des délégués syndicaux. De fait, un jour, on n'a presque pas de boulot. Le lendemain, on a le double ou le triple. Y a une cohésion dans l'organisation qui doit être revue. Y a que maintenant, l'heure prévue (pour les facteurs) pour démarrer, le matin, n'est plus 6 heures 36 mais 7 heures. Y a que, au service de nuit, le nombre de trieurs est en dessous du nombre souhaité (donc : il reste encore des bacs à trier pour les facteurs). Y a que, devant toute cette série d'emmerdes quotidiennes, des délégués syndicaux sont venus dans le bureau, que ça a discuté ferme, et que, forcément, nos chefs (au quotidien) ont sûrement reçu des consignes.
 
Et dans cet enchevêtrement de situations, à partir du moment où, sur les lieux de ma tournée, l'un ou l'autre petit détail (hélas assez voyant) qui ne va pas se remarque chez moi, je deviens, en tout seigneur tout honneur, une cible appropriée. Mais je me console : je ne suis sûrement pas le seul chez qui ça arrive.
 
Et les quinze jours de congé (les derniers, cette année) qui me restent vont me permettre de voir plus clair.
Hugues Draye
https://www.facebook.com/hugues.draye

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L'une ou... l'autre rive, de Danièle Deydé : un extrait

Publié le par christine brunet /aloys

    l'une ou... l'autre rive

 

 

 

 

 

Allongée sur le lit, les yeux rivés au plafond de la chambre, Adèle s’absorbe dans la contemplation des ombres qui se meuvent là-haut. Elle se laisse bercer par ce lent mouvement produit par les palmes des hauts palmiers qui s’agitent sous le souffle du vent du soir, dans le parc situé sur l’arrière de l’hôtel. Elle s’abandonne un moment, elle se sent lasse, désemparée. Elle se demande si elle ne s’est pas trop précipitée lorsqu’elle a pris la décision de venir en Algérie. Mais, aussitôt, les mots de Choline lui reviennent et elle sait qu’elle ne pouvait faire autrement que de les entendre. Alors, elle se repasse le film des évènements de l’après-midi. Etre une femme dans ce pays ne facilite pas la vie, et une française en plus ! Cela rend les gens méfiants. Il va lui falloir joindre Samia pour lui demander de l’aide.

L’idée de revoir son amie la stimule, elle reprend confiance et se lève pour l’appeler. Longtemps, la sonnerie du téléphone retentit dans le silence de l’écouteur. Samia n’est pas chez elle. « Pourvu qu’elle ne soit pas partie en déplacement pour plusieurs jours » s’inquiète Adèle. Le lendemain, c’est pareil. Personne ne répond à ses appels et la jeune femme sent le découragement la gagner. Alors elle se souvient que Samia lui a parlé d’un grand quotidien pour lequel elle rédige régulièrement des articles et elle décide de se rendre sur place pour trouver une trace de son amie.

Au siège du journal, Adèle est bien accueillie. En effet Samia est connue, mais il n’est pas question de faire savoir à qui que ce soit où elle se trouve, ni où elle loge. « Vous comprenez, il y va de sa sécurité. Donnez-nous un numéro de téléphone où elle pourra vous joindre et nous lui ferons suivre. C’est tout ce que nous pouvons faire. » «  Je comprends » balbutie Adèle très déçue et contrariée car il va lui falloir encore attendre et le temps presse, pour Choline, mais aussi pour elle, pour Bertrand et pour Julien.

 

Le lendemain, Adèle traîne devant le plateau de son petit déjeuner. Elle se demande ce qu’elle va pouvoir faire de sa journée qui risque d’être bien longue lorsque le la sonnerie du téléphone la fait sursauter. C’est Samia ! Elle vient juste d’apprendre que son amie se trouvait à Alger et avait besoin d’elle. Adèle lui expose la situation et, aussitôt, son, interlocutrice décide : « J’annule tous mes rendez-vous de la journée et je serai à ton hôtel dans une heure. »

 

Danièle Deydé

L'une ou... l'autre rive

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Par la fenêtre, d'Alain Delestienne... fiche de lecture de Robert Fontaine

Publié le par christine brunet /aloys

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En 2011, Robert Fontaine a publié "La Chaumette" chez Chloé des Lys. Il est sur le point de publier son deuxième roman, "Après Stéphane ». Christine Brunet ou Bob Boutique vous ont présenté ou vous présenteront cet auteur beaucoup mieux que je ne pourrais le faire. Tout ceci pour vous dire qu'après avoir lu mon livre "Par la fenêtre", il a eu la gentillesse de m'adresser ces quelques mots que j'aimerais partager avec vous. 

« En vérité, j'attendais simplement de lire votre livre avant de vous remercier et voilà, c'est chose faite depuis une heure et je suis ravi de l'avoir fait. Ravi car ce que vous y racontez est beau et bien écrit.

Le bonheur d'Henri en compagnie de ses oiseaux, son plaisir au bord de la mer, ses filles, tout cela est tellement vrai et humain. Mais aussi ses moments de fatigue, de découragement compréhensifs que, pudiquement, vous survolez, à peine les effleurez-vous, pourtant ils existent. Tout être cherche parfois loin les petits bonheurs qu'il a à portée de main, ne fût-ce qu'en regardant par la fenêtre, comme Henri. Et qui n'a pas dans son entourage ou n'est pas lui-même un Henri déprimé, mal dans sa peau à cause de sa souffrance ?

Alain, ce n'est pas pour vous flatter, mais votre livre est beau et interpelle. Bravo. Mes félicitations aussi à votre fille pour l'originalité de la couverture. »

 

 

Robert Fontaine

Publié dans Fiche de lecture

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Friday 22, 12.30 PM, une nouvelle d'Alain Magerotte

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

  A. Magerotte Tous les crimes sont dans la nature

 

 

 

 

FRIDAY  22,  12.30  PM

 

 

 

 

Le Président Kennedy a entamé, en compagnie de son épouse, Jackie, une tournée nationale pour rendre visite aux fidèles du parti démocrate. Première étape : le Texas. Le voyage à travers notre Etat a débuté hier. Ce matin, le Président a commencé sa journée par un petit déjeuner à la Chambre de Commerce de Fort Worth. Il doit arriver à Dallas en fin de matinée. Les Kennedy seront accompagnés du vice-président Lyndon Baines Johnson, lui-même texan, et du gouverneur, John Connally.

 

La bouche entrouverte, Ward Steel arrête de chiquer. Un excédent de salive glisse sur ses lèvres, humidifiant son menton pâteux. Le gros homme arbore le masque ahuri du niais face à une contrariété. Jetant un œil torve sur le transistor, il entame un curieux monologue :

« J’avais perdu ça de vue. Ça ne me fera pas changer d’avis pour autant… Président ou pas, je m’en fous, j’irai jusqu’au bout… j’en ai assez, cette fois, elle s’en tirera pas comme ça !… Faut en finir une fois pour toutes !»

Il y a longtemps que son chewing-gum n’a plus de goût. Pourtant, si Ward s’entête à reprendre son mâchonnement, ce n’est pas dans l’espoir de retrouver la saveur initiale de la fraise, mais pour calmer ses nerfs, mis à rude épreuve.

«J’aurais pas dû me faire le complice de ses écarts… mais la laisser dans la rue, c’est là qu’est sa vraie place…» Fort de cette vérité, mais sentant l’excitation portée à son comble, il s’emploie à la combattre en mettant en pratique le conseil de ce noceur de Tim Noton, un vieux client du Coco Club, qui a un truc infaillible pour se détendre lorsqu’il s’énerve : le tutoiement personnel… il se raisonne à la deuxième personne…

«Relax, vieux, relax, sinon tu vas perdre tes moyens. Enfin, réfléchis… la visite du Président va te faciliter la tâche… les gens n’auront d’yeux que pour lui. Tu la connais, elle voudra pas manquer ça. T’auras plus qu’à la filer à son insu, avec ce monde… ensuite, dès qu’ tu pourras la coincer…»

 

Un déjeuner pour 2.600 personnes est prévu au Trade Mart, un centre commercial de la ville de Dallas toute proche. A cette occasion, le Président prévoit de faire un discours dans lequel, il sera vraisemblablement question de ses pourparlers de paix avec Nikita Khrouchtchev.

 

Le truc de Noton semble fonctionner. Apaisé, Ward frotte ses mains moites sur le singlet crasseux porté depuis plusieurs jours et ouvre le frigo pour prendre une bouteille de lait. Après avoir calé le chewing-gum sous sa langue, il s’envoie une rasade du liquide en faisant la grimace.

Il extrait ensuite du tiroir d’une commode, un Colt Cobra à canon court ainsi qu’une boîte de cartouches, enfouie sous une pile de linges. Ward garnit le barillet, coince le revolver dans la ceinture de son pantalon et gagne la salle de bains.

Agrippé au lavabo, il se passe de l’eau sur le visage, tentant d’effacer les séquelles d’une nuit passée à chercher le repos en pure perte.

Le gros homme devrait pourtant être aguerri; son job de portier de nuit, à mi-temps au Coco Club, le dancing à la mode de Dallas, ne le voit profiter de son plumard qu’une fois sur deux. Mais, cette insomnie-ci est la plus vache, la plus cruelle, parce que liée à l’absence de l’être aimé… cette insomnie-ci fait ressentir, avec force acuité, tout le poids de la solitude quand elle se fait dominante, écrasante, oppressante. Une solitude que Ward croyait avoir vaincue mais qui, tel un boomerang, revient le heurter en pleine nuque, encore plus forte, encore plus impitoyable.

Alors, chaque bruit ravive l’espoir insensé d’un retour de l’absente; les yeux sont scotchés au cadran lumineux du réveil où les heures s’égrènent si lentement qu’elles paraissent incapables d’atteindre le jour, attendu comme une délivrance. Et puis, il y a cette abominable sensation d’impuissance qui vous chamboule tout l’intérieur, vous épuise, au point de ne plus arriver à verser la moindre larme.

Le prénom de Dora revient sans cesse. Un prénom adoré, adulé, jeté en prière à un Dieu sourd ou délibérément absent. Un prénom, aujourd’hui, haï parce qu’il est la cause de son malheur.

Dora…Dora Vaughan est cette superbe créature que Ward a rencontrée, en septembre dernier à la pizzeria Domingo et qui lui rappelle furieusement Tina, la danseuse vedette du Coco Club, dont le gros homme s’était follement épris. Une époque douloureuse pour Ward Steel qui, accablé par la nature d’une carcasse de pachyderme, est bien le seul au monde à se croire pareil à ses contemporains. Si son aspect n’était que disgracieux, ses voisins s’y feraient vaille que vaille, mais le pauvre homme suscite, de par sa grossière morphologie, une vision des choses poussant le commun des mortels à lui attribuer une capacité encéphalique correspondant à celle du cloporte. Pas méchant, dit-on de lui, mais tellement bête…

Dora chassa donc Tina de ses pensées. Dora Vaughan à la croupe onduleuse, moulée dans d’étroites fringues, dissimulant à peine l’essentiel de son affolante anatomie, activait, en bougeant la tête sans arrêt, ses cheveux blonds, laissant au passage une douce senteur de parfum. De ses immenses yeux verts, la belle épiait, mine de rien, l’effet produit sur autrui par son aguichante personne. Et pour mieux observer, elle se levait, sous prétexte d’aller chercher des serviettes, pour se déplacer d’ondoiement en ondoiement, son plus joli sourire aux lèvres purpurines ouvertes sur d’exquises quenottes à l’émail immaculé. L’ensorcelante provocatrice laissait courir sur elle des dizaines de paires d’yeux exaltées, passionnées, surexcitées par cette présence exsudant une sensualité enivrante, sachant d’instinct la gamme des agaceries qui fascinent le mâle et se forgeant une philosophie à interprétation épicurienne, sans en connaître l’expression,  s’arrêtant au seuil de cet enseignement voulant que «le plaisir est le souverain maître».

Ainsi, le hasard, qui ne fait pas toujours les choses comme il le faudrait, s’amuse à placer sur le passage de Ward, Dora aussi resplendissante et belle que le gars est terne et laid. La sagesse populaire prévoit qu’il y a des chaussures pour tous les pieds mais les pieds de la jeune femme et ceux du gros homme ne sont pas faits pour marcher dans la même direction, d’autant qu’à son physique de mastodonte, Ward ajoute une quinzaine d’années de plus que la jeune femme. Si elle était toujours de ce monde, sa mère l’aurait mis en garde :

«Avec ton allure de gros paysan godiche, il est impossible que cette gamine s’intéresse à toi !» 

Jouant de la prunelle, Dora sourit au gros homme qui, avec une hardiesse insoupçonnée, presque inconsciente, répond au regard incendiaire de Dora. Un regard dans lequel le plus nigaud des hommes n’aurait pas manqué de déceler une malice effrontée. Ward, ferré, rougit si fort qu’il eut l’impression que son crâne allait exploser. Ce qui n’était pas pour déplaire à l’affriolante.

Sous l’effet hypnotique du sourire ravageur de la fille, il avança sa main vers l’objet de son désir. Dora, qui ne pensait pas que le gros homme ferait preuve d’une telle audace, recula avant de se raviser car la coquine entrevit, dans un éclair, tout l’intérêt que lui rapporterait l’attachement d’un naïf de la trempe de Ward. Et comme le gros homme, enchaîné par sa pulsion, s’entêtait à poursuivre sa chimère, elle le laissa s’y perdre, se délectant à l’avance du programme qu’elle avait planifié dans sa jolie petite tête : d’abord, s’inviter à prendre un verre chez lui, ensuite, une fois sur place, s’arranger pour y rester…

Tout se déroula comme prévu, tant le gros homme s’était entiché de la belle intrigante qui avait atteint son but.

Depuis, Dora Vaughan, usant de ses charmes, a pris un tel ascendant sur son logeur qu’en échange du toit, une assurance contre les dangers extérieurs, elle n’autorise de lui que des bribes de câlins. En d’autres temps, elle prétend disposer d’une totale liberté, laissant son taulier, perdu de passion, tirant la langue, freinant ses désirs dans un espoir sans cesse refoulé. Dora, quant à elle, continue à dispenser ses bontés avec une prodigalité touchante aux jeunes mâles qui en redemandent.

Cocu d’une certaine manière, Ward, éperdu d’amour, s’était, au début, résigné au rôle ingrat de figurant, en étant même arrivé à se réjouir des bonnes fortunes de sa dulcinée qui lui racontait tout dans les détails. Le benêt songeait que c’était le meilleur moyen de la garder. Et ce couple bizarre, guidé par l’intérêt de l’une, fixé par le sentiment extrême de l’autre, trouva son assise jusqu’au jour où Ward, estimant que la belle poussait le bouchon trop loin, accula Dora dans ses derniers retranchements à coups de reproches répétés. Celle-ci se cabra; aussi, résolue à n’en faire qu’à sa tête, ses absences devinrent de plus en plus fréquentes, de plus en plus longues.                                                                         

Ulcéré par le comportement de la jeune femme, humilié, la rage au cœur, Ward décide, à l’instant, de partir à sa recherche. Obsédé par l’esprit vengeur qui l’aveugle, il n’a plus qu’une idée en tête : faire un sort à l’infidèle.

«Cette petite garce va apprendre à ses dépens qu’on ne se moque pas impunément de Ward Steel…»

Le gros homme enfile une veste pour cacher l’arme.

«Je te retrouverai, quitte à passer la ville au peigne fin. Je te jure, tu te moqueras plus jamais de moi !» 

 

Air force one, le boeing 707 présidentiel, a atterri à l’aéroport de Love Field à 11h. 38. Il a plu durant une bonne partie de la matinée, mais c’est à présent une journée claire et ensoleillée, agréablement chaude pour cette fin de novembre. Le Président Kennedy a décidé de faire décapoter sa limousine pour traverser Dallas jusqu’au Trade Mart.

Le cortège est composé de plus de vingt véhicules, voitures et cars, flanqué d’une douzaine de policiers à moto. La voiture de tête compte à son bord le chef de la police de Dallas, Jesse Curry, et le shérif du Comté de Dallas, Bill Decker.

Les Kennedy sont à l’arrière d’une seconde voiture, une limousine décapotable à six places de couleur bleue. Devant eux, sont assis John Connally et son épouse, Nellie. Un agent des services secrets conduit. A ses côtés, se trouve le responsable de la section des services secrets de la Maison Blanche.

 

Ward éteint la radio, quitte son appartement, descend les escaliers en soufflant et déboule dans la rue. Sur le trottoir, une foule compacte et enthousiaste forme une haie s’étendant à perte de vue. Les gens se bousculent pour se trouver aux premières loges et apercevoir le fringant Président aux cheveux châtains et sa ravissante épouse. Les écoles sont fermées pour la circonstance, afin que les enfants puissent saluer le chef d’Etat. Des ribambelles de gosses s’égosillent en agitant des drapeaux aux couleurs du pays et à l’effigie de Kennedy.              

Cette effervescence n’émeut guère Ward, bousculé par une jeune femme blonde qui recule pour prendre un enfant dans ses bras. Baragouinant un «c’ n’est rien»  bougon, il poursuit son chemin. Un moment d’inattention plus tard, le gros homme entre en collision avec une jolie blondinette arrivant en sens inverse. La fille s’excuse et reste interloquée devant l’attitude de ce colosse bourru proférant des paroles inaudibles, qu’elle devine peu aimables.

Les employés de bureau, prenant leur pause repas, viennent grossir les rangs des sympathisants et des curieux. Les passages deviennent de plus en plus étroits. On bouscule, on pousse. Ward, toujours étranger à l’événement, suit le cortège qui descend Main Street, certain de suivre la bonne voie. Son intuition vient-elle de le récompenser ?… Là-bas, au bout de la rue, accompagnée de deux grands gaillards, une jeune femme, gagnée par la liesse générale, active, en bougeant la tête sans arrêt, ses cheveux blonds… Dora !

Le cœur du gros homme s’emballe en même temps que sa colère afflue. Il appelle mais le bruit couvre sa voix. La fille, que ses copains ont hissée à bout de bras pour qu’elle puisse voir au-dessus des têtes agglutinées, regarde dans sa direction. Ce n’est pas Dora !

L’inconnue désigne Ward à ses acolytes et, ensemble, ils prennent la poudre d’escampette en riant. Le gros homme fulmine.

«Y en a marre de me cogner partout sur Dora. Je finirai bien par tomber sur la vraie… des blondes, des blondes, des blondes ! Y a plus que ça, à en devenir fou… une invasion, une épidémie, un fléau ! Elles tiennent le monde à leurs bottes. Elles sont la cause de tous les malheurs, de toutes les calamités, de toutes les guerres ! Faut vraiment être dingo pour s’amouracher d’une blonde… Kennedy l’a bien compris, Jackie n’est pas blonde… Oui mais… c’est le Président !» 

Pour fuir cette malédiction, Ward se met à galoper, avec une souplesse digne de celle d’un rhinocéros, pour atteindre les espaces dégagés de la Place Dealey, située à l’Ouest du quartier financier de Dallas, là où les terrains commencent à descendre vers la rivière Trinity. Trois voies parallèles, séparées par des barrières en béton et des pelouses, passent sous un large pont ferroviaire pour rejoindre une autoroute.     

Ward ressent un violent point de côté et porte la main à son flanc droit. Il s’arrête, obligé de respirer par petits coups saccadés. Un passant s’enquiert de son état, il est repoussé sèchement. Le type prend ombrage mais, préfère écraser devant la carrure du gros homme.

Afin de recharger ses accus, Ward s’allonge sur la pelouse qui sépare Elm Street de Main Street. Le nez dans le ciel, il se laisse envelopper par la douceur du climat quand son attention est attirée par une fenêtre située au sixième étage d’un dépôt de livres scolaires. Malgré la réverbération du soleil contre les vitres de l’immeuble, le gros homme croit distinguer la forme caractéristique d’un canon de fusil qu’une ombre déplace à sa guise, cherchant à le positionner le mieux possible pour atteindre une cible. Se relevant avec difficulté, Ward porte la main en visière sur son front moite pour mieux voir ce qui se trame là-haut mais ne distingue rien de plus précis.

De nombreux spectateurs foulent les pelouses et se sont groupés sur les bas-côtés des voies, désireux d’escorter la voiture présidentielle le plus longtemps possible. Si sa situation n’était pas aussi pénible, Ward se laisserait gagner par la ferveur populaire afin de retrouver des sensations de joie dont il est sevré depuis que cette peste de Dora est entrée dans sa vie; une intrusion qui l’a disqualifié des banquets de ce monde. Pourquoi ne suspendrait-il pas un instant ses recherches pour profiter de la joie ambiante ?… Rien que pour se prouver que son existence n’est plus liée à une jeune femme dont les heures sont désormais comptées et que… l’après Dora a déjà commencé… 

Le cortège amorce la descente d’Elm Street, dépasse le Texas School Book Depository, et se dirige vers le pont de chemin de fer pour rejoindre l’autoroute de Stemmons, vers le Trade Mart.

Ward est posté en face d’un tertre s’érigeant au nord d’une colonnade, d’où l’on possède une vue magnifique sur un firmament bleuté à l’infini, se découpant entre les buildings de la Place Dealey. Le capot de la voiture présidentielle luit sous le soleil. Le chef d’Etat et son épouse adressent des signes et des sourires à une foule heureuse, riante, bigarrée. Tous les éléments sont en place pour faire de ce jour un moment inoubliable qui restera gravé dans les mémoires.

Conquis par l’enthousiasme, le gros homme se lâche et crie «vive le Président Kennedy» en battant des mains au-dessus de sa tête, riant de toutes ses dents cariées, à la vue d’un hurluberlu qui, malgré le temps superbe, s’amuse à ouvrir et à fermer un parapluie. Soudain, un éclatement retentit parmi les applaudissements et les bravos…

Des détonations suivent aussitôt, infirmant la croyance première dans l’explosion d’un pétard. Des coups de fusil ! On canarde le Président, pris pour cible comme un lapin ! La limousine s’immobilise quelques instants face à une clôture en piquets de bois délimitant un parking adjacent utilisé par les employés de la compagnie de chemin de fer. Ward aperçoit Kennedy, soutenu par Jackie, affaissé vers l’avant. Il est touché et porte les mains à sa gorge quand claque un coup de feu plus sonore, plus assourdissant. La balle pulvérise la boîte crânienne qui vole en éclats. Sous l’impact, la tête de Kennedy est violemment rejetée en arrière avant de s’affaler sur le côté gauche. De la matière cérébrale scintille dans le soleil. Le Président gît, inerte, sur les genoux de son épouse, baignant dans son sang généreusement répandu.

Ward, éclaboussé par la précieuse hémoglobine, se croyait insensible à la vue de la mort violente, et voici qu’à présent, envahi par le froid que produit l’horreur, il tremble à la vue de la cervelle, collée sur la chaussée, vidée de son logement par le trou béant, point d’impact du projectile explosif qui a fait éclater le crâne du Président.

Secoué par une nausée irrépressible, le gros homme se vide l’estomac en fulgurants vomissements, spasmodiques, inondant les proches alentours et empestant l’atmosphère.   

Jackie a grimpé sur l’arrière de la voiture. Son garde du corps, Clint Hill, un agent des services secrets qui se tenait sur le côté du véhicule suivant, s’est précipité et l’a repoussée dans son siège.

Le chauffeur a enfoncé la pédale d’accélérateur et le convoi s’est éloigné dans un rugissement avec Hill qui, encore accroché à l’arrière de la limousine, martèle le coffre de sa main libre, de rage et de frustration.

Ward Steel, spectateur privilégié de l’épouvantable, est tombé à genoux, atterré. Des hommes et des femmes crient «Mon Dieu ! Mon Dieu !» Le drame s’est joué en quelques secondes; pétrifiés, les badauds qui s’étaient massés pour saluer le Président, cher à leur cœur, poussent des cris d’effroi en courant dans toutes les directions comme un troupeau affolé. Des dizaines d’entre eux remontent le tertre en courant vers la barrière qui les sépare du dépôt, convaincus qu’au moins une partie des coups de feu provenait de là. Hébété, Ward se relève, cherchant sans savoir quoi, revoyant Kennedy gisant ensanglanté dans la décapotable et lui, choqué, blessé dans sa chair et dans son esprit bouleversé, il a envie de hurler à la mort comme un chien.

Chacun sent qu’un séisme vient de se produire. Tel un cyclone déchaîné, sans frein, la grappe humaine, tournoyante, menaçante, désespérée, emporte dans son tourbillon le gros homme qui geint, la face mouillée de larmes, pitoyable, impuissant.

Dans la foule, la stupeur fait bientôt place à la fureur, une fureur aveugle, qui s’en prend à tout, à n’importe quoi et Ward, ballotté tel un vulgaire colis, ne se contient plus, entraîné par les autres, cognant à son tour sur son entourage, sans distinction.

De toute façon, il n’a jamais été à même de faire la moindre différence entre ce qui convient et ce qui ne convient pas.

Le gros homme parvient finalement à s’extraire de cette empoignade homérique et quitte les lieux, déboussolé, croisant un groupe de policiers qui se forme pour prendre d’assaut le Texas School Book Depository.

Réintégrant son domicile ne sachant pas très bien comment, Ward se jette sur son lit, pleurant à chaudes larmes. La vision de l’encéphale explosé de Kennedy risque de le poursuivre longtemps encore. Ayant versé toutes les larmes de son corps, il boule sur le côté, à la recherche de la position propice à un sommeil réparateur pour oublier, pendant quelques heures, le cauchemar vécu. Le corps gênant du Colt Cobra, coincé dans la ceinture du pantalon, se rappelle à son attention. Pris par les événements, il avait oublié son existence. Le gros homme s’empare du revolver et le fait pivoter plusieurs fois, les yeux vides de toute expression. Une moue de dégoût fronce son visage. Sa bouche se tord affreusement. Il est repris de sanglots.

«Non, je pourrais pas… c’est trop dur, trop effrayant… ce sang… tout ce sang… c’est atroce… je pourrais jamais…»

Reniflant bruyamment, il se dirige d’un pas lourd vers le salon où traîne un journal sur une table basse. Ward emballe l’arme dans les pages du quotidien et se débarrasse du paquet en l’expédiant dans la poubelle de la cuisine. Il se lave ensuite les mains avec vigueur, voulant effacer toute trace de passage du revolver dans celles-ci.

 

 

Et c’est ainsi qu’en ce jour tristement célèbre du 22 novembre 1963, le ou les assassins du Président Kennedy sauvaient Dora Vaughan d’une mort certaine…

 

Alain Magerotte

Extrait de "Tous les crimes sont dans la nature" 

Publié dans Nouvelle

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Georges Roland en invité d'Aloys avec une fiche de lecture d'Alain Magerotte

Publié le par christine brunet /aloys

LES CONTES DE LUCI

                     par Georges Roland

 

Onze Nouvelles d’ «onze» Georges, de quoi appâter à la fois l’amateur de ce genre littéraire et le fan des écrits « Rolandesques » que je suis.

LES CONTES DE LUCI… ce sont onze satanées Nouvelles puisque LUCI n’est autre que LUCIFER.

Comme mise en appétit, un premier récit mené tambour battant à travers la faconde et l’humour insoupçonné du plus célèbre des démons. On apprend ainsi, de la bouche même de l’intéressé, que LUCI est un joyeux plaisantin adorant faire des blagues. Dès lors, il n’est guère étonnant de le voir faire… l’épître !

Cette épître de Luci aux terriens, truffée de jeux de mots, est savoureuse par l’ironie et le ton inédit qu’elle dégage. Voilà un premier set bien enlevé.

Coline est une « gentille petite fille » partagée entre une maman ne supportant pas le moindre gramme de poussière et un papa qui doit sûrement avoir des actions au Brico Center du coin. Dès lors, la vie n’est pas toujours rose à la maison. Mais aujourd’hui, c’est différent, papa et maman font la grasse matinée. Et Coline est tranquille… elle peut regarder la pluie tomber dans la gouttière…

Vacances en armesDurant les vacances, des gamins jouent à la guerre après la guerre… Les endroits dévastés sont des terrains de jeux idéaux. Chaque coin est à « conquérir ». Le Rolle, Louis et Pol ont l’instinct de revanche bien ancré en eux. Leurs ennemis ? Les frères Crombé, des vraies terreurs…

Alain et GabrielAmour brûlant, amour troublant, amour destructeur entre un homme de 42 ans (Alain) et un jeune homme de 17 ans (Gabriel). Les Verlaine et Rimbaud des temps modernes.

Aline Certains sont prêts à tuer père et mère pour hériter de beaucoup de sousous ! Et même, croyez-moi ou non, à tuer leur sœur !...

Le cauchemar de Valérie Le « Il arrive » de maman à papa met la petite Valérie dans tous ses états. Qui donc arrive ? Quel danger risque de rompre le bel équilibre existant entre Valérie et ses parents ?

La viciationVoilà le type même de Nouvelle dont je raffole; « l’affrontement » entre un personnage (mis à la première personne du singulier) et une petite bêbête (araignée) qui monte, qui monte. Tout l’art consiste à tenir le lecteur en haleine à partir d’une situation somme toute banale. Toutes les phases psychologiques par lesquelles passe le personnage donnent la force et le rythme à ce genre de récit. Bravo Georges, tu fais mouche (même s’il s’agit d’une araignée…)

La Marlière Une Nouvelle qui fait froid dans le dos. Par la canicule ambiante, elle est la bienvenue. De l’horreur pure et dure racontée de manière très cinématographique. Je peux vous dire qu’il s’en passe des choses dans les milieux de la « Haute ». Et c’est pas joli, joli…

De l’Alsace au TonkinRodolphe Speisse est français, d’origine alsacienne. Embrigadé, il se retrouve avec une mitraillette dans les mains dans une plaine brûlante d’Indochine. Il combat au nom de la France alors que son grand-père, Georg, avait été embrigadé dans les troupes du Kaiser. Durant la guerre 14-18, l’Alsace appartenait au Reich. Il en a trucidé des soldats français, grand-père Georg… et une absurdité de la guerre, une de plus !

Petit Charles provoque un trouble intense auprès du vicaire à qui il est confié pour suivre de cours de catéchisme. Lutte intense et profonde entre le bien et le mâle.

Cètètotan   Placée dans un home, une dame, d’un âge vénérable, ne se souvient plus… ou ne veut plus se souvenir… que de la Belle Époque, quand elle a connu son compagnon, Constant. Elle fait l’impasse sur tout le reste… même sur ses enfants et ses petits-enfants.

Et puis, cette nouvelle se termine sur une dédicace de l’auteur… à ma mère.            

 

Une plume de plus à mettre au chapeau (même s’il ne porte que des « mouches » ou casquettes pour les non (John) initiés) de Monsieur Georges !

Un livre paru aux Editions Bernardiennes qui peuvent s’enorgueillir de posséder en Georges Roland un auteur de très grande qualité.

 

 

Alain Magerotte 

http://www.bandbsa.be/contes/magerotte3recto.jpg

 

Publié dans l'invité d'Aloys

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Stéphanie Bénoliel est l'invitée d'Aloys... "Les mots surgissent souvent à l'improviste"

Publié le par christine brunet /aloys

img130.jpgStéphanie Bénoliel est le prototype de l'auteur passionné qui sait jouer avec son écriture. POète de nombreuses fois primée, elle se frotte à présent à l'univers du fantastique. Pourquoi ?

 

 Stéphanie, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Née en 1971, je vis entre Martigues où j'ai grandi et établi ma profession de présentatrice événementielle, et L’Ardèche où j'ai installé mon foyer.

La passion de l'écriture m'a capturée très jeune. Pendant longtemps je me suis consacrée à la poésie, puis je me suis essayée à la nouvelle... L'écriture d'Entre deux mondes ( mon premier roman ) a commencé il y a quelques années. Déjà bien avancé à l'époque ( environ 18 chapitres) il a été totalement perdu en même temps que mon ordinateur et que mon seul exemplaire papier... J'ai mis du temps avant de m'en remettre et de trouver le courage de le recommencer. Mais ma passion a survécu et la deuxième version a enfin vu le jour, d'abord en version numérique sur amazon.fr, puis en version brochée. La suite est en cours d'écriture ainsi qu'un autre roman et quelques nouvelles...

img107.jpgPourquoi avoir commencé avec la poésie ? Pour vous, est-une un genre plus simple ? ou qui vous correspond mieux, peut-être ?

 

A l'adolescence, la poésie s'est imposée à moi. Elle me permettait de gérer ma sensibilité exacerbée, avec des mots qui venaient tout seul, dans une écriture automatique et spontanée. Mes poèmes à peine rédigés, je les abandonnais à ma mère qui se chargeait de les faire concourir et qui m'a permis d'être primée de nombreuses fois. La majorité de mes écrits de l'époque ont été conçus d'une traite, le premier jet rarement ou très peu retouché. Les textes s'imposaient sous forme de ballades, avec toujours le bon nombre de pieds et les rimes, comme s'ils avaient mûris dans mon esprit avant d'en sortir. J'ai également écrit à l'époque quelques nouvelles et l'ébauche d'un scénario.

 

Définissez le mot "écriture" 

 

Pour moi, l'écriture est synonyme de création, d'évasion, de passion... C'est un moyen de partager une histoire, de distiller les émotions à travers l'univers de son choix.

 

couverture-actualisee.jpgQuel genre de poésie écrivez-vous ? classique, avant-gardiste ? 

 

Ma poésie reste classique et traite de thèmes d'actualité et de sentiments ; c'est entre 13 ans et 18 ans que j'ai composé le plus grand nombre de mes poèmes. L'amour, la délinquance, la menace nucléaire, la drogue, la trahison, la maternité, l'au delà et d'autres sujets m'ont inspirée.

Vous avez écrit également un roman fantastique... un changement de style, de genre, pourquoi ?

Si j'ai commencé à écrire essentiellement des poèmes, il m'arrivait de rédiger desbonne-couverture.jpgnouvelles et de commencer un scénario ou un roman. Mon goût pour le fantastique est arrivé avec la découverte d'auteurs ou de romans qui m'ont marquée. « La nuit des temps » de Barjavel pour commencer, puis James Redfield, Bernard Werber, Anne Rice, Karen Marie Monning...

Vous nous en parlez un peu ?

 

Entre deux mondes reste une fiction humaniste, qui invite à se questionner sur le potentiel de  l'humanité, et sur les choix qu'elle a fait. C'est aussi un livre d’aventure où les surprises et le suspense côtoient le fantastique et l'amour. J'aime faire flirter la fiction et le plausible, trouvant que cela ouvre la porte des possibles. On découvre une version de l'humanité dotée de capacités extraordinaires, un peuple qui s'est appliqué à améliorer certains talents à travers les siècles, alors que les autres hommes les oubliaient. Le choc des mondes, tome 2 de ma série mondes parallèles, réintroduit les sentiments, négligés par cette élite. L'écologie y a aussi sa place... La version brochée est prévue pour le premier trimestre 2014. Si tout va bien...

 

photo--14-.JPGParlez-nous de vos personnages : comment les créez-vous ? Ont-ils des modèles dans votre entourage ? Qui sont-ils ?


Cassandra, le personnage principal m'est apparu il y a des années, comme le lien entre les

 

deux mondes dont elle est issue, les humains et les Atlans. Je la voulais forte et fragile,

 

belle et solitaire, luttant contre ses doutes et appréhensions avec courage. Elle frôle la

 

perfection qu'elle n'atteindra jamais, victime de ses sentiments et de ses pulsions qui la

 

rendent faillible. Mes personnages sortent tout droit de mon imagination, sans références

 

aucunes avec des personnes réelles.

  • Définissez votre style. Comment et quand écrivez-vous ? Des rituels ? 

Mon style de prédilection reste le fantastique, bien que je reste ouverte à d'autres genresinvites-2244.jpg qui m'inspirent, lors de l'écriture de nouvelles ou de poésie.

 

Les mots surgissent souvent à l'improviste, lors de mes fréquents trajets en voiture, mon

 

dictaphone me suit partout et m'aide à sauver ces phrases de l'oubli. Je peux écrire à tout

 

moment de la journée, comme très tard le soir, je m'adapte au temps dont je dispose,

 

mais j'en manque souvent et ne parvient à exprimer totalement ma créativité débordante.

 

Dès que j'aurai terminé le volume 2 de la série mondes parallèles, je me consacrerai aux

 

deux autres romans, qui ne demandent qu'à s'extirper de mon imagination pour prendre

 

vie.

 


Comme je suis très curieuse et que m'avez mis l'eau à la bouche, pourriez-vous nous proposer le synopsis de votre saga ? 

Lorsque Cassandra, une jeune femme brillante à qui tout réussi découvre ses origines, la fuite reste la seule solution. Kaïla, sa défunte mère était issue d’une haute lignée d’un peuple secret qu’elle avait abandonné pour vivre avec son père, un homme comme les autres.

Cette civilisation inconnue des hommes, leurs ancêtres communs, a évolué d’une manière totalement différente de la nôtre.

Une sélection génétique drastique alliée au développement poussé des capacités humaines a créé un peuple brillant, exploitant depuis des centaines d’années d’autres richesses que celles du reste de l’humanité.

Depuis toujours, ce peuple d’Atlans a été dirigé par les plus puissants d’entre eux. Un don spécial reçu à la naissance en fait les seules personnes capables de régner sur  cette puissante société secrète et leur donne le titre royal accompagné d’un pouvoir absolu. Pour la première fois, Fadès leur roi actuel recherche un héritier doté des capacités nécessaires pour continuer à coexister avec le reste de l’humanité, sans céder à la tentation d’intercéder, voire de  dominer le monde des hommes.

Seul ce don unique qu’il n’a transmis qu’à Kaïla sa fille disparue, confère la sagesse indispensable pour lui succéder. Il est prêt à tout pour retrouver Cassandra et découvrir si elle a hérité des capacités de sa mère, lançant à sa poursuite Yole son plus fin limier qui fait de surprenantes découvertes.

Mais les instincts rattrapent les êtres les plus évolués de la terre, leur rappelant que la nature de l’homme reste vaste et complexe.

 

Je vais abuser... Vous nous découvririez les premières lignes de votre prologue?

Prologue

 

Le monde dans lequel vous allez être entraîné est le monde réel, tel que vous le connaissez, ou plutôt le méconnaissez...

 

Une part de vous, sans doute la plus ancestrale va reconnaître et comprendre tout ce qui va vous être narré.

Une autre, la plus pragmatique, va continuer à nier cette évidence dérangeante selon laquelle l'humanité telle que nous la connaissons ne serait pas l'élite de cette planète, sur laquelle l'homme règne depuis si longtemps en maître incontesté.

Vous allez penser que ce n'est pas possible ! Aucun individu ne peut détenir ce genre de pouvoir !

 

Aucune partie de la surface de cette planète n'a plus de secret pour l'homme !

 

Et pourtant... Tant de choses de nos jours demeurent inexplicables... Ou inexpliquées...

Et si les plus grandes richesses et le plus grand des pouvoirs ne se trouvaient pas là où on le croyait...

Et si l'humanité s'était fourvoyée, avide de richesses extérieures et aveugle de ses ressources intérieures les plus précieuses ?

L'évolution de l'homme depuis ses plus lointaines origines, ne démontre-t-elle pas une faculté d'adaptation hors du commun, à laquelle l'homme moderne a sacrifié sa part intuitive et instinctive ?

Notre cerveau pourrait être sous exploité, la partie non utilisée représentant des zones oubliées.

Les premiers hommes avaient certainement la capacité de trouver l'eau source de vie, comme tous les animaux, leurs sens étant bien plus affûtés que les nôtres.

Certaines de nos facultés ne s'éteignent-elles pas parce négligence ?

Les faits sont là ! Devant nos yeux qui ne veulent pas voir et notre technologie derrière laquelle nous nous cachons.

La vérité que Cassandra va découvrir deviendra bientôt la vôtre...

 

Bienvenue au royaume des Atlans !

 

Merci beaucoup d'avoir pris le temps de repondre à mes questions !

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans l'invité d'Aloys

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Janvier... Nouvelle année, nouvelle programmation ! Alors, quoi de neuf ?

Publié le par christine brunet /aloys

 

  • Critique de L'Elitiste, le roman de Jean-Claude Texier dans 'l'Agrégation' signée Jean-Michel Léost (Journal des agrégés)‏.

 

 

 

 

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Les auteurs qui ont participé à Aloys ce mois-ci ...

 

 

 

Stéphanie Bénoliel 

Georges Roland

Alain Magerotte

Robert Fontaine

Danièle Deydé

Hugues Draye

Gauthier Hiernaux

Didier Fond

Carine-Laure Desguin

Salvatore Gucciardo

Alain Delestienne

Jean Destree

Laurent Femenias

Jacques Salomé et Beaudour Allala

Jean-Louis Guillessen

Lionel Cieriura

Claude Colson

Philippe Wolfenberg

Christine Brunet

...

Publié dans ANNONCES

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Bonne année 2014 !

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

 

 

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Je vous souhaite à tous une excellente année 2014 riche en lecture et en surprises littéraires !

 

*

 

Merci à tous et à toutes pour la participation massive à notre concours poétique sur la vieillesse pour les petits papiers de Chloé !

 

Voici les résultats ! Les deux à égalité seront publiées.

 

Auteurs des poésies


 

N° 1 Micheline Boland : 1 voix

N°2 Louis Delville : 0 voix

N°3 Françoise Castera : 2 voix

N°4 Carine-Laure Desguin : 1 voix

N°5 Christine Brunet : 0 voix

N°6 Nemo : 0 voix

N°7 Adam Gray : 1 voix

N°8 Micheline Boland : 0 voix

N°9 Stéphanie Benoliel : 1 voix

N°10 Anne-Marie Jaret-Musso : 1 voix

N°11 Danièle Deydé : 1 voix

N°12 Marcelle Pâques : 2 voix

N°13 Victor Lebuis : 10 voix

N°14 Jacques Degeye : 0 voix

N°15 Christian Eychloma : 3 voix

N°16 Christel Marchal : 0 voix

N°17 Jean Destree : 0 voix

 

 

 

 

 

Poésies retenues pour la publication dans la revue : poésies... 

N° 13 VICTOR LEBUIS

Des souvenirs obscurs de l'école abbatiale

http://www.bandbsa.be/contes3/abbatialerecto.jpg

 

*****

N° 15 CHRISTIAN EYCHLOMA

Que le diable nous emporte

Mon amour à Pompéï

Ainsi soit-il (à paraître)

http://www.bandbsa.be/contes3/pompeirecto.jpg

 

*****

N° 3 FRANCOISE CASTERA

Souvenirs

Contrastes

http://www.bandbsa.be/contes3/contrastes.jpg

*****

N° 12 MARCELLE PÂQUES

Bientôt les jonquilles

Pourquoi pas (à paraître)

http://www.bandbsa.be/contes3/bientotjonquilles.jpg

 

BRAVO !!!!!!!

Publié dans concours

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