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Lettre à la mort, un texte de Louis Delville

Publié le par christine brunet /aloys

 

noelouis

 

LETTRE À LA MORT

 

Il faut passer tôt ou tard, il faut passer dans ma barque…

Air de Charon, extrait d'Alceste (J-B Lully).

 

Madame,

 

Récemment, vous avez été conviée par votre direction à rendre visite à Monsieur M. Depuis, cette date, malgré de fréquents rappels, il vous attend.

 

Pour vous permettre de ré-ouvrir son dossier, je vous livre quelques faits.

 

M. est né il y a bien longtemps et durant sa longue vie, il a toujours défendu le droit des personnes âgées. Il a épousé une brave femme qui lui a donné un fils unique. Depuis peu, il est l'heureux grand-père d'un petit Noah.

 

Pourtant, avouons-le, il n'est guère heureux… Sa vie toute simple de petit employé n'a guère comblé ses désirs. Lui qui voulait devenir artiste, il ne le sera jamais. Le public n'a jamais apprécié ses dons de chanteur. Il a essayé la magie, en vain. Quelques séances ratées de prestidigitation dans des arrière-salles de café enfumées et glauques lui ont vite ramené les pieds sur terre. Quant à la figuration qu'il avait faite pour un film, la séquence a été coupée au montage !

 

J'arrête là cette énumération fastidieuse à propos de la vie ratée de M.

 

Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année et reste à votre disposition.

 

Un ami d'enfance de M.

 

 

Monsieur,

 

Votre courrier est bien parvenu à notre service

 

Malgré toute notre bonne volonté, nous ne trouvons pas trace de M.

 

Pouvez-vous nous donner d'autres renseignements ?

 

Veuillez agréer, Monsieur, …

 

 

Signé, illisible

 

 

Madame,

 

La personne en question vient de fêter son 777e anniversaire et trop, c'est trop ! Hélas, je ne connais que son prénom. Il s'agit de Mathusalem.

 

À vous lire…

 

Un ami

 

Louis Delville

louis-quenpensez-vous.blogspot.com

Publié dans Nouvelle

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Le bonheur est dans le conte... un autre extrait à découvrir !

Publié le par christine brunet /aloys

 

bonheurconterecto

 

Extrait deuxième partie :

Rosette et son ombre

Il était une fois derrière chez moi une ferme où vivaient les deux meilleures amies du monde, Jeannette et Rosette.

La partie n’était pas gagnée d’avance car il faut vous dire que Rosette n’était pas facile à vivre. C’était une jeune fille rousse à fière allure qui n’aimait pas se faire marcher sur les pieds.

Je vais vous raconter les faits, tels qu’ils se sont déroulés, c’est une histoire ô combien insolite !

Rosette est arrivée par un beau matin printanier en compagnie de quelques membres de sa famille : ses deux sœurs jumelles, son cousin Dédé le meneur (comme on le surnommait) qui parlait fort tout le temps, entraînant derrière lui deux cousines à l’aspect imposant qui déployaient beaucoup d’efforts pour l’imiter. Ces trois derniers n’aimaient pas les visiteurs, même les gens de passage qu’ils repoussaient avec véhémence. Cependant, Dédé avait une bonne dose d’affection pour ses proches à qui il avait fait la promesse de les protéger toute sa vie car il possédait un fort esprit de famille.

Loulou s’était rapidement joint à eux venant de je ne sais où, beau garçon et assez coureur.

Ce beau gosse ne pensait qu’à courtiser Rosette et ses deux sœurs rousses qu’il jugeait tout à fait à son goût et dépensait une grande partie de son énergie à vouloir les séduire. En contrepartie, elles avaient instauré une règle qui consistait à manger les premières, lui laissant le soin de finir les plats. Cela les amusait beaucoup.

Des mois paisibles coulèrent ainsi et la vie en communauté entre jeunes gens se passait sans trop d’anicroches. Jusqu’au jour où, par

un matin d’été, sans prévenir quiconque Dédé et les deux cousines sautèrent dans un camion, on ne les revit jamais. Je me suis laissé dire qu’ils étaient las des remarques et mesquineries incessantes de Rosette.

Cependant la vie continua tranquillement jusqu’à ce fameux après-midi où…

 

 

 

Anne-Marie Jarret-Musso

Publié dans Textes

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Christine Brunet a lu "La valse des infidèles" De Beaudour Allala

Publié le par christine brunet /aloys

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J'ai lu La valse des infidèles, de Beaudour Allala, ed. Chloé des lys

 

 

 

Superbe couverture qui atttire l'oeil de loin, suggestive et très... voluptueuse. 

 

Au départ perplexe, je me demandais s'il fallait comprendre le titre au sens propre... ou au sens figuré, jusqu'à ce que j'écoute Beaudour expliquer son livre et ses personnages en interview à Roussillon pour Actu TV et pour France Bleu.

Et là... je me suis noyée ! Son approche me semblait correspondre si mal à la personnalité de l'auteur !

 

Pourquoi ? Le livre est pessimiste, tout le contraire de ce que je ressens lorsque je suis en sa présence. Voilà qui m'a vraiment déroutée, je dois dire. Les nouvelles sont brutales, noires par moments un peu comme si elle se lançait dans la danse avec ses angoisses. On ne peut que se laisser emporter par les sensations pour ne pas se noyer avec ses personnages. 

 

La valse des infidèles, un roman ? Il s'agit d'un roman-nouvelles, des histoires plutôt longues, à rebondissements. Rebondissements ou tourbillons ? Une valse d'événements, une valse de sentiments, une valse de pensées positives mais surtout négatives qui perdent les héros et submergent le lecteur qui n'a pas d'autre choix que de se laisser entraîner dans la tourmente au fils d'une belle écriture tout en fluidité, en finesse et en volupté.

 

Un lien entre toutes ces histoires ? Eh bien oui... un être narrateur qui semble tout savoir des secrets de chaque personnage, une voix anonyme qui dispose de l'extraordinaire pouvoir de décrypter les âmes et d'en extirper les pensées cachées, oblitérées de chaque participant à cette valse.

 

Valse poétique, valse des sens et de sens... Belle étude psychologique pour des personnages broyés par leurs choix, leurs désirs assouvis ou pas, leurs envies d'autre chose. Valse de cruautés, d'incompréhensions, d'impressions colorées de noir qui ne peuvent laisser le lecteur indifférent !

 

Un livre qui nous fait cotoyer, à chaque ligne, espoirs et désespoirs. 

 

J'ai adoré !

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

 

Couverture Nid page 1

Publié dans Fiche de lecture

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Kate Milie en invitée avec Noire Jonction

Publié le par christine brunet /aloys

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Dès la première page, l’intrigue est lancée. Un drôle de type ce Tony. Il mate une fille, griffonne des trucs sur son carnet. La fille, c’est Marie, la guide que nous connaissons bien puisqu’elle était au cœur de l’enquête de « L’assassin aime l’art déco » (180° Editions, 2012).

 

La ville de Bruxelles est en effervescence, c’est le soixantième anniversaire de la jonction Nord-Midi. Marie est contactée par un certain Bart, un gars plongé dans la réappropriation de la ville par l’art et l’écriture qui pour l’occasion forme une association, le Collectif Art/Jonction. Le rôle de Marie est d’organiser au mieux un programme digne d’une telle manifestation. Gunnar Berg, un célèbre auteur suédois est invité, il devrait écrire un roman noir. Autour de ce Collectif, des animateurs, des plasticiens, des photographes…

 

A savoir, cette jonction avait à l’époque éventré la ville, 1500 habitations furent détruites, ce qui fit 13000 mécontents.

 

Marie organise donc ces jours festifs. Avec Gunnar Berg, elle visite la capitale et retrace avec lui le Bruxelles d’avant la jonction. Des bars à textes sont mis sur pied, qui drainent pas mal d’écrivaillons de tout bord. Et puis surgissent les événements, des poupées pleines de sang sont découvertes à l’entrée d’un tunnel…Attentat artistique ? Les intervenants autour du Collectif Art/Jonction représentent quand même quelques personnes. Il y a Yvan et Myriam, Bella et Tatiana…Il y a aussi ce mystérieux Frère Guillaume, qui aurait fait vœu de silence. Mais pourquoi donc ? Et puis ce drôle de type, ce Tony qui remonte de temps en temps à la surface. Tout le monde suspecte tout le monde et voilà Tatiana qui est mise hors de cause. On vient de découvrir son cadavre…Ah oui, il y a aussi cette écrivaine, cette Kate Milie qui met son grain de sel et qui, c’est une intrigue de plus, connaît le Frère Guillaume.

 

Le décor est planté ! J’ai commencé ce livre dans le train de 7 heures 05 à la gare du Sud de Charleroi et je n’ai pas décroché ! Bon Dieu, qui tue ces poupées ? Qui a tué Tatiana ?  A 12h05, je bouscule un brave type dans le porche de l’église Saint-Nicolas et j’ai l’audace de sursauter, il ressemblait à ce Tony ! A 14 heures 30, du côté de la rue des Alexiens, je me sens trahie. Jamais je n’aurais songé à un tel dénouement !

 

Kate Milie réussit à merveille ce troisième opus. Pas évident pourtant, un tel imbroglio dans cette jonction…Avec un vocabulaire qui saute les barrières et qui vous entraîne dans un véritable polar, Kate Milie affirme ici son style et s’installe dans un créneau qui lui colle à merveille : une intrigue policière nouée à part entière avec l’architecture de la capitale et les beaux bâtiments de la Belle Epoque. Aujourd’hui, ce sont les gares du XIX ème que Kate Milie, en quelque sorte, reconstruit. Et demain ? Je suis certaine que tous les lecteurs attendent comme moi la prochaine enquête qui mettra encore en scène cette charmante guide, cette Marie. A moins que …Oh non ! Non !

 

Carine-Laure Desguin

http://carinelauredesguin.over-blog.com

 

enfantsjardinr 

Publié dans l'invité d'Aloys

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Une fiche de lecture signée Eric Allard pour Spirales Urbaines de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

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Liberté de la poésie

 

 

Métissée et généreuse, musicale et colorée (musicolore, écrirait-elle),  la poésie de Carine-Laure Desguin utilise toutes les ressources du langage et du savoir (même si c’est pour s’en moquer) pour parler des humains et des lieux où ils vivent, notamment dans les « tissus des villes » qui renferment un « patchwork de rues et de ruelles », comme Charleroi visité par Rimbaud, à qui elle dédie nommément un poème.  


Elle emprunte aux éléments du cosmos pour décrire les autres, à la course des étoiles pour dessiner leur géométrie intérieure.


Même au sol, sans abri, exilés, oubliés de l’histoire officielle du capitalisme, ses personnages regardent vers le ciel où sont les astres, la lumière. L’aventure est là-haut, se dit l’homme barbu... d’un de ses plus beaux poèmes (Enroulé tout autour). Elle est tournée vers le haut, ce qui élève hommes et femmes, et non ce qui les rabaisse, les maintient à terre, prisonniers de leur condition...


Même si sa poésie décolle, en feux d’artifice d’images nombreuses, elle ne quitte pas le terrain narratif et le champ musical. Comme si les rimes et le récit lui permettaient ses envolées littéraires.


Elle aime à court-circuiter son propos, ne pas s’embarrasser de vocables inutiles, en ponctuant ses poèmes de néologismes, souvent des substantifs transformés en forme verbales conjuguées ou participes présents car la matière est énergie, le nom riche d’action. Exemples à l’envi : kayakaient, carabossait, kiosquant, horlogea, clochetta, wagonner, oreillant...


Ce sont ses jeux à t’aime avec la langue.


Accessoirement elle parle d’elle, jamais directement : il faut deviner les biographèmes  derrière certaines métaphores. Elle « cherche le chemin » (Les vérités se déshabillent), l’or du temps, dirait Breton, (ou du tendre) dans le creuset des images qui agissent comme une baguette magique, ou de sourcier, pour atteindre la source de son être. Elle devient alors, selon la célèbre formule de Nietzsche, ce qu’elle est. Quête, au fond, de tout poète véritable.


Carine-Laure a retenu la phrase de Lautréamont sur la rencontre fortuite (sur une table de dissection) d'une machine à coudre et d'un parapluie. Elle, développe la rencontre de la nacelle et du cerf volant ou celle de la tige et de l’ascenseur, fable dans laquelle on comprend que le béton l’inspire autant que la flore, que les spirales urbaines sont le reflet deshélices végétales.


Plusieurs textes résistent, et c’est salutaire en manière de poésie, aux tentatives d’en percer le mystère. Parce que peut-être ils touchent à ce qui motive son écriture, son existence. Ainsi ceux mettant en scène ce tampon indocile, ce guerrier des aiguilles conduisant, à travers un parcours solaire, aux éclectiques libertés.


Le recueil est fait de six sections d’une dizaine de poèmes chacun : Les oiseaux des villes – Transit – Les éclectiques libertés – Sans jamais se le dire – Les équinoxes flamboyantes – Grand les fenêtres


C’est le livre d’une guerrière du quotidien qui a pris ses quartiers sur les hauteurs d’une ville d’où elle lance ses flèches verbales en direction des assiégeants, des ennemis de tous bords, et distribue aux assiégés ses ballons d’oxygène en forme de respiration poétique. De mots chlorophyllés.

 


Le sujet est libre et ces vers sont là

Ils appellent il résonnent et raisonnent encore

Appellent au secours pour que ces gens-là

Respirent la vie pour chasser la mort

 (Les oubliés, C.-L. Desguin)

 

Éric Allard

http://lesbellesphrases.skynetblogs.be/archive/2013/11/01/spirales-urbaines-de-carine-laure-desguin-7973933.html?c

Publié dans Fiche de lecture

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Les états d’âme de la lune et du soleil : Philippe WOLFENBERG

Publié le par christine brunet /aloys

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Suite au jeu de l'auteur mystère auquel Philippe Wolfenberg s'est plié avec plaisir, ma curiosité piquée au vif, je lui ai demandé de revenir sur Aloys pour nous parler plus en détail d'un livre curieux au titre qui ne l'est pas moins...



Les états d’âme de la lune et du soleil
  
Courte présentation
 
Philippe Wolfenberg, né à Liège il y a un peu plus de 49 ans, habite à Chaudfontaine : « l’avantage des espaces verts à quelques minutes de la métropole », se plaît-il à dire !
Ce sagittaire célibataire cohabite avec des félins, seule race à supporter, sans doute, son impossible caractère!
L’auteur, qui se dit blasé et cynique, n’en est pas moins passionné par l’écriture et la lecture, bien entendu. L’image aussi l’exalte à travers la photographie, ainsi que la musique mais pas uniquement celle des mots, l’informatique, l’ésotérisme, les minéraux et la nature dont il se sent forcément très proche... Loup y es-tu ?
 
Un livre chez CDL : un titre un peu bizarre, on dirait une nouvelle du 18e avec Rousseau ou Diderot.
Pourquoi ce titre ?
 
La lune représente la Femme (le Yin), le soleil représente l’Homme (le Yang)... Deux astres appelés à ne pas se rencontrer... Pourtant, dans mon roman, l’incroyable se produit...
Leurs différences qui, loin de les éloigner les attirent, sont à la base de ces “fameux” états d’âme qui finiront par les guider vers la passion...
 
Cette longue phrase, voulue évidemment... est-ce qu'elle colle au texte ?
 
Non seulement elle colle au texte mais, plus encore, elle en est le parfait – et fidèle – résumé...
 
 Tu m'expliques le visuel de ta cover ?
 
Le chapitre deux commence par la description d’un château... Celui de la couverture... La “tanière” du narrateur... Un lieu où, entouré de “ses créatures” (puisqu’il est écrivain), il se protège
des désillusions nées d’une vie qu’il trouve bien terne (paradoxal alors qu’il semble avoir tout)... Cet édifice a réellement existé et se trouvait, comme je le fais dire au “héros”, presque à la place
de la maison familiale... C’était une très belle demeure...
 
Est-ce un roman, des nouvelles ? Quel genre ? Suspense, philosophique, autobiographique
 
C’est un roman (assez court)... Je parlerais de chroniques amoureuses... Qui racontent les tenants et aboutissants d’une rencontre obligée de la dernière chance... Il n’y a pas de suspense (reproche que l’on m’a parfois fait) mais
c’est un hymne à la passion amoureuse (qui, à mon avis, est la seule chose qui donne sa valeur à la vie puisqu’elle consiste en une quête de l’âme jumelle, cette partie de nous-même dont on a été amputé)...
En alchimie, c’est l’intégration des parties contraires qui mène à l’harmonie parfaite sous forme de “pierre philosophale”... Tout au long du récit, j’instille un peu de philosophie de vie, quelques questions existentielles...
Le chapitre un est entièrement autobiographique... Le reste mêle fiction et souvenirs...
 
Dans l'extrait que tu nous as proposé pour l'auteur mystère en décembre, l'un de tes personnages s'appelle Phil. Toi ?
 
Je ne conçois aucun de mes textes sans m’y impliquer... Une manière de vivre d’autres vies, d’exister autrement...
 
Tu me parles un peu du sujet du bouquin ?
 
Une “météorite” rencontrée au hasard d’Internet en a brillamment parlé :
 

Phil (écrivain à succès) et Caterina (écrivain en devenir) se rencontrent lors d’une soirée mondaine où la magnificence des décors semble être une invitation à un luxe de sensations à venir.


Mais ils ne savent pas encore la folle passion que fera naître leur premier baiser.


Le temps, la permanence, la lassitude, la banalité… Telles sont les hantises de ces deux « aventuriers ».

Depuis qu’ils se sont avoué qu’ils s’aiment, ils tremblent – au sein même de leur passion et du désir éperdu de l’autre – de se réveiller et de voir leur bonheur d’être ensemble à jamais disparu.


Des héros des temps modernes (où tout vient et disparaît trop vite) marqués du sceau de la fragilité des êtres et des choses. Des héros poursuivis par un anathème : celui du destin, ce traître qui broie sur son passage les espoirs les plus fous. Des héros conscients que l’inconstance humaine déploie ses ailes sur toute chose mais résolus à combattre cette cruelle évidence.


Un roman doux-amer, clair-obscur, hésitant entre l’ombre (la lune ?) et la lumière (le soleil ?). Un roman où les mots peignent le portrait d’une passion née de la solitude, du manque et de l’impuissance à pouvoir contrôler tous les éléments de la vie. Qu’advient-il de Phil et Caterina, à la fin de l’histoire ? Phil, le narrateur, ne se sent pas obligé de tout dévoiler au lecteur… Comme s’il regrettait de s’être trop confié…
Ou alors, il laisse à ce dernier le soin d’imaginer tout ce qu’il ne dit pas.
 
Tu décrirais ton style comment ? Très dialogué ? Très vivant ? PLus un récit ?
 
Très descriptif avec des dialogues qui hésitent entre l’introspection, l’humour et la connivence  (enviable) entre deux êtres qui ne pouvaient pas ne pas se rencontrer...
C’est aussi le récit d’un naufragé qui imagine son sauvetage avant de le vivre et d’y prendre un plaisir incomparable (même s’il doit se pincer souvent pour être sûr qu’il ne rêve plus)...
 
Un projet en cours ?
 

 

Plusieurs mais qui risquent de ne pas voir le jour par un mélange paradoxal d’entêtement et de découragement... Il paraît, en effet, que les écrivains baissent vite les bras...  
Il ne nous reste plus qu'à découvrir ton livre !!

Christine Brunet
www.christine-brunet.com

Publié dans présentations

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Georges Roland en invité d'Aloys avec une fiche de lecture d'Alain Magerotte

Publié le par christine brunet /aloys

LOUIS BLANC-BIQUET
Par Georges Roland

 

Georges Roland m’énerve ! Ce type est à l’aise dans tout : le traminot-polar zwansé, le roman grave, le roman humoristique, la chronique rurale, le roman historique, le roman rural, la chronique historique, la chronique romancée, le roman chroniqué. Y paraît que Môssieu excelle même dans la poésie, dixit Barbara Flamand, une épée dans le genre !

Tiens, je n’ai pas encore lu de Nouvelles de lui, mais, mais, mais… c’est prévu… car Môssieu Georges a aussi, tout récemment, «commis» un recueil de Nouvelles ! 

Bon, soit. J’ai lu «Louis Blanc-Biquet» et j’ai A-D-O-R-É ! Louis Blanc-Biquet, wie is dat ? C’est le grand-père du «génie littéraire». Louis de witten bikker est appelé comme ça à cause de la blancheur de sa chevelure et de la vie trépidante qu’il a menée dans les milieux bourgeois de la ville. Louis Blanc-Biquet ou la trajectoire d’un fils de bourgeois devenu paysan (fin du XIXème siècle).

Cela dit, chapeau ! Il faut une fameuse dose de courage pour quitter l’insouciance de la vie universitaire et retourner au village pour apprendre le dur métier de fermier. Je connais quelqu’un qui m’est très très proche, donc très très cher, qui a beaucoup guindaillé mais qui, après, a opté pour la profession nettement moins rude de fonctionnaire.

Louis rencontre son petit-fils (onze Georges) et raconte la trajectoire de chacun de ses gosses (11 au total !). Mais, attention ! Louis est un conteur né, difficile donc de dissocier la réalité de la fiction. Qualifions dès lors ce récit de réalité romancée.

Cette belle grande famille vit dans le village de Neerijse (Brabant flamand). Et, dans la première moitié du XXème siècle, il n’y a pas la télé, Internet ou les GSM. Un des plaisirs consiste à se rassembler à la veillée, après une dure journée de labeur, pour écouter le pater familias raconter des histoires ou des légendes comme celle du Lodder, ce grand chien noir qui hante notamment la côte du Rood Hoof.

A cette époque, les traditions sont rigoureusement respectées comme celle, par exemple, consistant à sacrifier un enfant à Dieu et un autre au pays. Louis n’y déroge point; l’une de ses filles entre au couvent et un de ses fils s’engage à l’armée. Ce dernier, le pauvre, va même se retrouver caserné au bout du monde… à Neufchâteau !

Et puis, une autre de ces demoiselles, Marie-Joséphine (Merée), monte à Bruxelles pour trouver un emploi de bonne chez un notaire. Quelle expédition, zeg ! La ville avec ses bruits, ses voitures, ses maisons collées les unes aux autres, sans jardin, sans vache, sans poule, sans cochon… Et quand, de temps à autre, elle revient au bercail faire un petit coucou, Madame «joue les fières» et s’habille comme une princesse !... c’est ce que pense sa sœur Justine, un chameau !

Merée sera bientôt rejointe à Bruxelles par son frère Miel (Emile, le futur père d’onze Georges).

Un livre divertissant à souhait avec ses passages cocasses (le vélo de Gust, l’incendie de Bram, la soupe trop chaude ou encore la mésaventure du curé sur la planche des toilettes) mais également un témoignage poignant sur la première guerre mondiale (la rencontre de Louis avec les Uhlans, l’invasion de Neerijse en 1914, la vie sous l’occupation… et puis ces soldats flamands obligés d’obéir aux ordres émis en français par leurs Supérieurs…).

De la première à la dernière page, ce fut un savoureux moment de lecture. Ce «Louis Blanc-Biquet», je le recommande prestement.

Merci Georges de m’énerver autant !


 

Alain Magerotte. 

http://www.bandbsa.be/contes3/bizarreries.jpg

Publié dans l'invité d'Aloys

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Rolande Michel a lu "Les enfants du Grand Jardin" de Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

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J'ai rencontré Les Enfants du Grand Jardin de Carine-Laure Desguin.

 
 
Sous la plume de Carine-Laure, des images étonnantes naissent, les mots coulent, se font traits de couleurs et éclaboussures qui contribuent à créer peu à peu un tableau surréaliste.

 
Au lecteur averti d'oublier qui il est, ce qu'il sait, de faire le vide et de plonger, tous sens en éveil, dans le Grand Jardin qu'est la Terre !

 
Les enfants qui y évoluent, Carine-Laure les a baptisés " têtes à trous". Comparaison bizarre ? Le jureriez-vous???
A votre place, je m'abstiendrais de faire semblable commentaire et je suivrais Verone.


Comme les autres "têtes à trous": Dallas, Paris, Washington, Capri...., il porte un nom de ville.
Tous ces garçons et ces filles sont de quelque part, mais cela importe-t-il vraiment ?


Nés un peu par hasard dans un univers parfois glauque, sur fond d'alcool et de drogue, ils rencontrent Nicole et Marianne, deux femmes au cœur plein de tendresse. Elles les aident à grandir, colmatent peu à peu les "trous", remplissent les cerveaux de mots, de chiffres, de tout ce savoir indispensable pour limiter les risques, le jour de leur envol.


Elles leur inculquent aussi sur des valeurs qui permettront à tous ces enfants venus de partout et de nulle part d'évoluer positivement dans un monde semé d'embûches.


Grâce à elles, ils apprennent à regarder, questionner, se poser des questions, remercier les étoiles.
Elles leur enseignent aussi une langue universelle, pleine d'espoir, une langue "qui n'est pas de bois".
Elles insistent sur des valeurs essentielles : le savoir et le travail garants de leur liberté, mais avant tout, l'obéissance, le respect, l'amour universel, clés du véritable bonheur, celui de vivre ensemble.


Le style de Carine-laure est nerveux, enthousiaste, imagé. Les comparaisons, si elles déroutent parfois en début de lecture, n'en sont pas moins très justes si le lecteur se donne la peine de réfléchir un peu.
Je vais en donner quelques exemples. Au lieu de l'hôtel de ville, Verone parle de "la grande maison de papiers", un enfant est "né d'un homme de la ville et d'une femme du même sachet que lui". 
Il nous parle de "têtes allumées", de "rivières qui noient", de "sables jaunes qui caressent les pieds", de "lunes"....


C'est un style poétique d'où surgissent et scintillent des milliers de petites étoiles qui chantent l'espoir.  

 

Rolande Michel

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Seconde chance, une nouvelle de Philippe Wolfenberg

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes3/etatsame.jpg

 

 

Seconde chance

 

 

Octobre est un mois de transition. Du moins, je le ressens comme tel. Et plus encore cette année, où des jours humides et frais succèdent à un été magnifique.

Après la pluie, les nuages se sont désolidarisés et des taches azurées parsèment le gris du ciel. L’horizon, quant à lui, sous l’effet du soleil couchant, s’est paré de vieux rose pour, à travers la vitre, devenir le centre de mon attention.

L’obscurité s’invite peu à peu et, avec elle, l’éclairage public qui se reflète sur la voirie détrempée formant les perles d’ambre d’un immense collier.

Je savoure chaque gorgée d’un vieux rhum brun aux reflets rougeâtres et aux arômes de vanille, de clou de girofle et de cannelle tout en me remémorant des souvenirs heureux mais lointains.

La taverne ressemble à s’y méprendre à un pub qui se serait trompé de pays. On peut goûter, ici comme là-bas, à la même atmosphère surannée qui donne l’impression d’avoir voyagé dans le temps. La pierre, la brique, le bois et le laiton confèrent à cet endroit un sentiment de quiétude qui, mystérieux paradoxe, sied parfaitement à la mélancolie qui me tient lieu de compagne.

Perdu depuis un moment dans le dédale pourtant familier de ma mémoire, j’en trouve la sortie – sans doute averti par un soupçon de préscience – et remarque, à la table voisine, la présence d’une jeune femme. Elle ne doit pas avoir plus de trente-cinq ans. Elle est absorbée par la lecture d’un livre de poche : « Les fleurs du mal » et ne s’en détourne que pour plonger ses lèvres – adorablement pulpeuses – dans une tasse de thé embaumant les agrumes. Elle lève la tête vers moi. Son teint métissé, ses yeux marron clair et ses boucles de cheveux ébène qui tombent sur ses épaules font de son visage un régal pour le regard. Le chandail qu’elle porte avec élégance ne m’empêche pourtant pas de deviner des courbes qui doivent faire le bonheur de celui qui partage, du moins je le suppose, sa vie. Elle me sourit, découvrant des dents parfaites à la blancheur opaline.

Le plus naturellement du monde, elle me demande si elle peut venir s’installer en face de moi. Et, pendant plus de deux heures, nous nous confions l’un à l’autre. Elle me raconte son enfance, quand elle était rebelle et qu’elle rêvait de liberté et d’anarchie, ses études littéraires, ses nombreuses aventures sentimentales, sa solitude et ses illusions qui s’amenuisent un peu plus chaque jour. Je lui dis que je suis comme elle… Que le temps ne m’a pas rendu raisonnable mais qu’il a lentement tué l’enfant que j’aurais voulu rester. Elle se rit de notre différence d’âge quand je lui apprends que je serai bientôt quinquagénaire.

Nous sommes les derniers clients. Avec tact, le serveur nous informe que la fermeture approche. A regret, nous nous levons et sortons ensemble. Elle dépose un baiser sur ma joue et me remercie pour les instants exquis que nous venons de partager. Avant de disparaître au coin de la rue, elle se retourne et me fait un signe de la main. Je regagne ma voiture. A la seconde où je réalise que je ne connais ni son nom ni son numéro de téléphone, j’entends, à la radio, les paroles d’une chanson de Madness : « I never knew your name nor your telephone number… »

 

l

 

Le lendemain, je me hâte vers la brasserie avec l’espoir d’y retrouver ma belle inconnue. Hélas ! comme je le pressentais, elle n’est pas là. Au bout d’une assez longue attente, déçu, je décide de rentrer. Non loin de l’endroit où j’ai garé mon cabriolet, un attroupement puis, dominant les bruits du trafic, une sirène stridente : une ambulance passe devant moi à toute allure.

 

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Les mois ont passé. Presque un an, déjà ! Il fait agréablement doux, en cette fin août. Je traverse le vieux pont qui enjambe le fleuve, dans une ville qui n’est pas la mienne mais

où j’ai vécu, jadis, des heures merveilleuses. Je suis distrait et nostalgique, comme à mon habitude. Je bouscule une passante, bredouille un mot d’excuse avant de réaliser que c’est elle. Tout aussi surprise que moi, elle prend ma main et m’entraîne vers la terrasse d’un café. Là, elle m’explique l’incroyable désinvolture dont fait preuve, parfois, le destin. Le jour suivant notre rencontre, elle a voulu, elle aussi, me revoir. Une minute de distraction, un conducteur pressé… Elle est restée immobilisée pendant plusieurs semaines. Dès qu’elle a pu se déplacer, elle est revenue… Pour s’apercevoir que l’établissement était définitivement fermé pour cause d’expropriation.

Quand nous avons fini les rafraîchissements que nous avions commandés, elle m’emmène parcourir les remparts d’une citadelle qui domine la cité.

Elle se blottit dans mes bras, m’observe en silence tandis que l’index de sa main droite trace le contour de ma bouche puis, d’une voix douce et sensuelle, me dit : « Je m’appelle Martha… Et toi ? »

 

 

Philippe Wolfenberg

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Publié dans Nouvelle

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Beaudour Allala nous parle de Vertiges et de Bruines, de Laurent Dumortier

Publié le par christine brunet /aloys

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« Vertiges » laissent transparaître dans les mots qui cherchent leur équilibre dans son propre déséquilibre « il est des chemins de traverses qu’il vaut mieux oublier » dans les carrefours improbables... Des routes obliques qui donnent une vision inédite du monde que l'auteur nous fait partager... « des forteresses de regrets qui s’échouent au bas d’un falaise ... » Tout paraît fort au demeurant de l’extérieur et l’âme elle s’effrite de ce matériau évanescent qui reflète une âme incontestable de poète né.

 

 

 

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Pour Bruines, j’y vois le poète contrarié de tenter la structure avec des multitudes de fleurs aux couleurs et aux parfums disparates... Bruines se voudraient devenir averses pour « dire » davantage en effet, comme le souligne, l'avant-propos au départ du livre... on voudrait que l'auteur se mouille davantage mais le poète incontestable renferme indéniablement un romancier qui a peur de sortir du travestissement de la poésie pour se mettre à nu...

 

Beaudour Allala

www.beaudour.com

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Publié dans Fiche de lecture

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