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Un portrait de Séverine Baaziz dans la revue "Lettres capitales"

Publié le par christine brunet /aloys

https://lettrescapitales.com/portrait-en-lettres-capitales-severine-baaziz/

https://lettrescapitales.com/portrait-en-lettres-capitales-severine-baaziz/

Qui êtes-vous, où êtes-vous née, où habitez-vous ?

Je m’appelle Séverine Baaziz, j’ai 43 ans, je suis née à Amnéville et je vis à Briey, en Lorraine.

 Vivez-vous du métier d’écrivaine ou, sinon, quel métier exercez-vous ?

Comme beaucoup d’auteurs, dans la vraie vie, j’exerce une autre profession. Depuis 22 ans, je suis développeur informatique dans une société luxembourgeoise. En d’autres termes, je participe à l’évolution d’un logiciel de comptabilité et de finance. Un métier fait de chiffres, d’algorithmes et de millions de lignes d’instructions. Qui sait si cela n’a pas nourri mon envie d’écrire autre chose, d’écrire pour de bon.

Comment est née votre passion pour la littérature et surtout pour l’écriture ?

J’ai toujours aimé les livres. Ceux que je feuilletais sans savoir encore lire et ceux qui, plus tard, attendaient sagement que je m’intéresse à eux en bibliothèques et en librairies.

Pour ce qui est de l’écriture, après quelques griffonnages de poésies et deux ou trois histoires rapidement avortées, c’est à l’âge de trente-cinq ans que je m’y essaie sérieusement. Mon fils a alors six ans et il me pose une foule de questions existentielles sur le paradis, la vie après la mort et sa crainte de perdre ceux qu’il aime. D’une certaine façon, c’est lui qui m’a offert le sujet de mon premier roman. Une bonne raison d’aller cette fois-ci jusqu’au bout.

Quel est l’auteur/le livre qui vous ont marqué le plus dans la vie ?

Du plus loin que je me souvienne, le premier livre à m’avoir marquée, ce sont les Contes de Grimm, une belle édition de 1984 que j’ai toujours. Je devais avoir sept ans. Je ne comprenais pas tout, mais les histoires me fascinaient, m’attiraient, comme un mystère à percer. Bien des années plus tard, j’ai découvert avec bonheur que les contes n’étaient pas réservés aux enfants, avec L’alchimiste de Paulo Coelho ou encore Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran de Eric-Emmanuel Schmitt. Je reste une friande du genre. Et puis, il y a ces livres lus plus tardivement qui ont été de véritables révélations : La Vie devant soi de Romain Gary, pour sa fausse simplicité d’une puissance folle ; La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel, pour sa délicatesse et sa profondeur ; ou plus récemment les romans de Gilles Marchand, pour leur façon si singulière d’aborder des sujets difficiles en mêlant légèreté, poésie et touches surréalistes.

Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez-vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?

Je n’ai pour le moment publié que des romans, mais la nouvelle est une forme qui me plaît beaucoup aussi. 

Et s’il fallait parler du style de romans que j’écris, je dirais qu’ils flirtent avec le réalisme magique, jouant avec les ficelles de l’imaginaire et de l’absurde pour dire et peindre le monde qui les entoure. 

Comment écrivez-vous – d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?

Je n’ai pas de règles strictes. Il m’arrive d’écrire d’un trait, mais aussi de faire des sauts dans la narration en insérant trois étoiles afin d’y revenir plus tard. J’essaie d’être à l’écoute de l’inspiration du moment.

Trois de mes romans sont à la première personne et un seul autre, à la troisième. Le choix se fait naturellement, mais en y réfléchissant un peu, quand il y a un personnage central, c’est vrai que ma préférence va à la première personne. Une façon de me glisser plus facilement dans la peau du narrateur.

 D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’il prenne vie comme œuvre de fiction ?

Pour tout dire, je me sens souvent comme une étrange bestiole à antennes. Tout stimule mon envie d’écrire. Mon quotidien, l’actualité, un bon film, un bon livre, une chouette chanson, une expo, une rencontre. Mais quand je suis dans l’écriture du premier jet d’un roman, j’essaie de les mettre un peu en berne, ces antennes, pour qu’elles ne me distraient pas trop du propos à servir pour le moment.

Quant à la durée, plus ou moins une année. Sauf pour le roman en cours d’écriture qui a décidé de compter plus de pages que les précédents.

Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?

Quand je commence un manuscrit, je lui choisis un titre, mais presque systématiquement ce n’est pas celui que je garde au final. Je crois bien que j’ai besoin de terminer le roman avant de lui choisir un porte-voix.

 Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?

Au risque de paraître un peu hallucinée (alors que, parole de scout, je ne prends aucun stupéfiant), je dirais que mes personnages existent et qu’ils me rendent visite. Un peu comme si j’avais des tas de parents éloignés qui, sur invitation, venaient se raconter, partager avec moi leurs souvenirs, leurs confidences et que je me contentais de tout consigner sur papier. Je les observe, je les écoute, et je leur souris avec une infinie gratitude, parce que ce qu’ils font, je ne saurais pas le faire. Et puis, l’histoire se termine et je les perds de vue, sans les oublier pour autant, comme ça se passe parfois dans les véritables familles. 

Parlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets. 

Mon dernier roman s’intitule La petite fille aux yeux d’or. C’est un ouvrage qui s’approche du conte. L’histoire d’une enfant de huit ans qui se découvre un don : une vue exceptionnelle qui décèle le minuscule, le lointain et l’invisible. J’avais envie de parler d’enchantement, de la beauté de la nature, d’amour filial et de la puissance des souvenirs heureux.

Sinon, comme mentionné plus haut, j’ai un cinquième manuscrit en cours d’écriture, dont la première version touche à sa fin. En fil rouge, la différence et le droit aux nouvelles chances.

Publié dans Article presse

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Aubes lunesques... Notre rendez-vous poétique signé Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Chevelures rousses

d’une lune en folie

les astres déchus



 

Senteurs de fruits frais

des enfants en vacances

sur de hautes branches



 

Des tas de sable

coquillages sans soucis

appels des sirènes







 

Contre la falaise

l’écume des océans

empreinte des jours



 

Semences d’été

entre les ornières please

déployez les vies



 

Odes légères

distillent dans les vallées

des humeurs suaves

 

Publié dans Poésie

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Carine-Laure Desguin dans l'émission LES MOTS NIAQUES

Publié le par christine brunet /aloys

Carine-Laure Desguin dans l'émission LES MOTS NIAQUES
Carine-Laure Desguin dans l'émission LES MOTS NIAQUES
Carine-Laure Desguin dans l'émission LES MOTS NIAQUES

Voici quelques jours, j'étais l'invitée de l'émission LES MOTS NIAQUES (https://www.facebook.com/youfmbe ) dont voici le podcast:

 

http://youfm.be/?fbclid=IwAR2SwkoCFkhoCmj9HIX2ejsMxT3ImLJhiClg6lpqiajEzc4tzQfhoX7wslE
 

 

Merci à Sylvie Mordang pour sa lecture d’un extrait de ma nouvelle surréaliste ET LES VIEUX DANS TOUT ÇA, parue dans le recueil collectif NOUVELLES D'UN NOUVEAU MONDE (Jacques Flament Editions) http://carineldesguin.canalblog.com/archives/2021/07/28/39075475.html et bien sûr pour sa lecture des extraits de MISHA, LE POISSON ROUGE ET L'HARMONICA, opuscule paru récemment dans la collection Adospuscules aux Éditions Éric Lamiroy

http://carineldesguin.canalblog.com/archives/2021/11/09/39212719.html 

 

Une équipe formidable que celle de cette émission, merci à Sylvie, Carine, Violette et Xavier ! 

 

Et un énorme merci aux enfants de troisième et quatrième année de l'école des Sorbiers, à Cuesmes (Mons)! Ils s'appellent KAWTHAR, ANIS, CHAIMAE, EWEN, HAJAR, MOUSTAPHA, TIMEO, ELYA, ANGELINA, ORIANA, ELEONA, LOUKA, LOUIS, et RIYAD! Ce sont eux les auteurs des dessins sur les photos. A l'écoute de l'histoire de Misha, Sylvie a demandé à ces artistes de dessiner ce qu'ils ressentaient et comprenaient. Et voilà! C'est pas beau tout ça ? Je vous dis pas mon émotion quand Sylvie m'a offert ces magnifiques dessins pleins de couleurs, de lettres et de chiffres, de poissons rouges et d'harmonicas... 

 

Publié dans articles

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Un extrait de Meurtres Surnaturels, volume I : Les Métamorphoses de Julian Kolovos par Joe Valeska

Publié le par christine brunet /aloys

Sofia / Dimítrios

 

Un extrait de Meurtres Surnaturels, volume I :

Les Métamorphoses de Julian Kolovos

 

Par Joe Valeska



 

Après une intense querelle avec Sofia, Dimítrios, une bouteille d’absinthe à moitié vide dans une main, ses cahiers dans l’autre, avait décidé de redescendre au rez-de-chaussée, histoire d’écrire quelques pages. Avec de la chance, un chapitre tout entier ou peu s’en faut. Hélas pour lui, il allait en être autrement…

Dimítrios, tu as réellement l’intention de passer la nuit tout entière devant tes maudits cahiers ? Je ne sais pas si tu es au courant, mais les hommes évolués utilisent des ordinateurs, aujourd’hui, le railla-t-elle, mesquine au possible.

– Sofia, s’il te plaît, tais-toi… L’inspiration vient, je la sens.

– Tu la sens ? marmonna-t-elle. C’est très bien… L’un de nous deux sent quelque chose, au moins !

Dans sa jolie nuisette longue en satin rouge cardinal, Sofia fit de son mieux pour se montrer entreprenante, ondulant lascivement sur un flamenco imaginaire qui ne jouait que dans sa tête, mais Dimítrios la houspilla. Elle se contint pour ne pas lui envoyer le premier objet à portée de main au visage et, après avoir tourné en rond comme une lionne famélique autour de sa proie, elle se mit à chantonner, plus incisive que jamais : « Ma chandelle est mor-te, je n’ai plus de feu… » Elle réussit à provoquer la colère de son mari qui lui demanda ce que pouvaient signifier ces insinuations puériles.

– Oh ! Mais rien… Rien du tout, rassure-toi… Allez, écris ! Tu es un écrivain admirable, la planète entière le sait, le brocarda-t-elle sans pitié.

– Je n’ai que faire de tes sarcasmes ! À raté, ratée et demi, rétorqua Dimítrios.

– Parce que je suis une ratée, moi ? Mais tu te prends pour qui, dis ? Oscar Wilde ? H. G. Wells ? Tolkien ? Espèce d’alcoolique, se fâcha-t-elle. Tu le sais, ce que tu es ? Tu le sais ? Un boit-sans-soif ! Voilà tout ce que tu es.

– Mocheté… répliqua-t-il, écœuré. Tu es aussi laide qu’Ornella, à l’intérieur, ma tendre épouse.

– Mal fichu… répondit-elle. À présent, quand je te regarde, je ne vois plus que mes années perdues, Dimítrios… Mon Dieu ! Quand je pense à tous les hommes à qui j’ai dit non… pour toi ! Même David Bowie, si tu veux tout savoir ! Et Prince !

– Il suffit, Sofia chérie… Va te donner en spectacle ailleurs, si ça t’amuse. Je n’ai guère le désir de me disputer…

– Et moi je voulais faire l’amour, Dimítrios ! Si tu continues à me délaisser de la sorte, je vais te faire cocu avec le premier venu, je te préviens ! Moussa, le chauffeur livreur de DHL, je lui plais…

– Eh bien, tu as ma bénédiction ! D’ailleurs, il me vient une idée. Pourquoi tu ne reprendrais pas aussi contact avec ton copain Prince ?

– Non, mais tu te moques de moi, là, Dimítrios ? Méfie-toi… Je plais encore aux hommes. Je peux avoir qui je veux.

– Mais oui… Mais oui… Tu es Kate Moss, c’est sûr. Maintenant, ma douce, sois gentille et fous-moi la paix ! J’ai un roman à écrire et je dois me concentrer.

– C’est ça, concentre-toi… Concentre-toi bien ! Tu te concentres tellement que tu en deviens con tout court, mon pauvre Dimítrios ! Sur ce, bonne nuit ! Mais sache une chose : je ne suis pas prête à te pardonner cet affront !

Sofia quitta la pièce, terriblement déçue et meurtrie… Dans une seconde de lucidité, Dimítrios se leva pour la rattraper, mais, au final, il préféra renoncer pour, à la place, se servir un verre d’absinthe. Il le but cul sec, puis il en but un autre, et un autre, et encore un autre, avant d’abandonner, à son tour, le grand salon. Il n’écrirait strictement rien, cette nuit.

 

Publié dans extraits

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Philippe Desterbecq nous propose un texte sur le thème de l'avenir...

Publié le par christine brunet /aloys

Avenir

« Pense à ton avenir », « pense à ton avenir », c’est ce que me répétait sans cesse ma mère. « Tu dois bien travailler à l’école pour avoir un bon diplôme, un bon métier, un bon salaire et un avenir radieux ! »

Elle y a pensé, elle, à son avenir quand elle fumait cigarette sur cigarette, quand elle avalait la fumée toxique avec délectation, quand les résidus de combustion lui brulaient la langue, le larynx ou les poumons ? 

Elle, elle avait un bon diplôme, un bon métier, un bon salaire qui lui permettait notamment de me gâter, de faire des folies sans devoir compter. Oui, elle avait tout ça, mais elle n’avait pas d’avenir ! 

Ça, bien sûr, nous le savions ni elle ni moi. Nous profitions du peu de temps disponible qu’elle avait pour nous amuser tous les deux, nous balader dans les bois, au bord de la mer, aller au cinéma ou au théâtre. Quand enfin ses congés tant attendus arrivaient, nous partions, tous les deux, dans des contrées lointaines et nous profitions, de nous, à fond, sans mon père qui n’était jamais du voyage. Ses vacances à lui, c’était se retrouver seul à la maison, profiter du silence, de notre absence et faire absolument tout ce qu’il voulait. 

Moi, je ne voulais pas que mon avenir ressemble à leur vie : des postes à responsabilité, des salaires mirobolants, mais des horaires impossibles ! 

Mes parents me manquaient quand la nounou me gardait le soir ou pendant les congés scolaires ! J’avais besoin d’eux, de leur présence, pas de leur fric ! 

Et maman qui fumait comme un pompier ! Combien de fois lui ai-je dit qu’elle risquait d’attraper un cancer ? Mais elle me répondait que ça la déstressait, qu’elle avait besoin de sentir cette douce chaleur l’envahir, la nicotine pénétrer son sang pour se sentir bien, calme, apaisée, et pouvoir s’occuper de moi ! 

Et puis est arrivé ce qui devait arriver ! Est-ce moi qui ai attiré le malheur vers elle en y pensant si souvent. Maman se mit à tousser, de plus en plus, le matin, en se levant. Puis, presque tout le temps. Il fallait qu’elle trouve un créneau pour aller voir un médecin, mais elle était « tellement occupée, ces temps-ci, tu ne te rends pas compte, mon petit » que quand elle s’est décidée à consulter, c’était trop tard. Le cancer, celui que je redoutais plus qu’elle s’était installé dans son corps de maman. 

Et soudain, il n’y a plus eu de place que pour lui. J’étais relégué au deuxième plan, la chimio prit la première place dans sa vie. Le boulot ne comptait plus. Plus rien ne comptait à part ce fichu cancer qu’il fallait vaincre. 

Mais c’est lui qui a vaincu et c’est moi qui suis resté tout seul, seul devant cette tombe que je fleuris encore toutes les semaines et ce depuis 20 ans ! 

20 ans ! Ça fait 20 ans que ma chère maman s’en est allée dans les étoiles ! Un triste anniversaire ! Et maintenant, je répète à mon fils, comme un mantra : « Pense à ton avenir, fiston, pense à ton avenir… ».  

 

Philippe Desterbecq

 

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Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY

Publié le par christine brunet /aloys

Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY
Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY
Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY
Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY

Publié dans Textes, extraits

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Un article dans le blog "Les blelles phrases" pour Chloé DERASSE et son recueil "Un point c'est vivre"

Publié le par christine brunet /aloys

UN POINT C’EST VIVRE de Chloé DERASSE (Chloé des Lys) / Une lecture de Louis MATHOUX

 

Un point c'est vivre

Tournaisienne de naissance et Bruxelloise d’adoption, Chloé Derasse n’est déjà plus tout à fait une nouvelle venue dans le microcosme littéraire belge. En 2019, cette jeune auteure avait en effet publié un premier roman intitulé Douceur violette aux Editions Chloé des Lys (ça ne s’invente pas !), avant de récidiver un an plus tard avec une nouvelle parue dans la collection « Opuscules » des Editions Lamiroy. En 2021, elle nous revient avec un étonnant et séduisant recueil de poèmes en vers libres (de nouveau chez Chloé des Lys) dont le titre constitue à lui seul tout un programme : Un point c’est Vivre. Le quatrième de couverture nous apprend qu’il s’agit avant tout d’un « petit dictionnaire des émotions » (ou en tout cas des actes et des ressentis) qui tissent la trame de nos existences individuelles : avancer, avoir faim, construire, jouer, pleurer, rire, etc.

L’originalité n’est pas la moindre des qualités de cet ouvrage qui tranche résolument avec la production poétique habituelle. Originalité dans l’idée même qui préside à la conception du livre, originalité encore dans le choix des thématiques abordées, originalité enfin quand l’auteure, en guise de préface / conclusion, n’hésite pas à s’adresser directement au lecteur en lui laissant la « liberté (…) de compléter à l’infini » les pages qu’il vient de lire. Celui-ci peut dès lors se les approprier de manière plus personnelle tout en leur adjoignant éventuellement sa contribution propre.

L’un des autres atouts d’Un point c’est Vivre réside dans le style adopté par Chloé Derasse. Celle-ci ne s’embarrasse nullement de constructions alambiquées ni d’apprêts littéraires par trop ampoulés. Au contraire, le ton de ses textes est direct, vif, spontané, aux antipodes de toute poésie hermétique ou à prétention « savante », et cela participe indubitablement au charme de ce recueil pas comme les autres. Nulle trace d’un quelconque intellectualisme non plus : l’écriture, agréable à lire et bien rythmée, s’ancre résolument dans le vécu concret de l’auteure qui est aussi celui de l’être humain en général.

Tournai : deux recueils pour décliner les émotions (Tournai)
Chloé Derasse

On notera qu’affleure parfois ça et là une certaine candeur un brin juvénile, mais loin de causer un quelconque préjudice à l’ouvrage, celle-ci ne fait que rehausser encore l’impression de fraîcheur et d’authenticité qui en émane. Par ailleurs, de petites touches d’humour présentes au fil des pages se marient harmonieusement au ton général du livre : « Pouvoir avaler un éléphant, une girafe ou un ours. Avoir l’estomac qui gargouille (…) », ou encore « Pleurer à chaudes larmes plus grosses que celles d’un crocodile ayant avalé le capitaine Crochet »… D’autres passages se font quant à eux l’écho d’une malicieuse féminité : « Sourire faussement au policier qui nous arrête sur le bord de la route après une soirée trop arrosée. Une touche de mascara, un coup de rouge à lèvres, un clin d’œil complice, un sourire forcé. Un peu de bagou et une amende évitée. »

Au total, c’est une véritable leçon de philosophie pratique, à la fois éclairante et roborative, qui nous est donnée avec Un point c’est Vivre. Mais l’ouvrage constitue aussi un hymne à la Vie, dans tout ce que celle-ci peut comporter d’extatique ou au contraire de douloureux. Chloé Derasse possède en effet cette qualité rare qui consiste à paraître gaie même lorsqu’elle évoque les épisodes tragiques qui jalonnent inévitablement nos destinées personnelles. D’autre part, sous des qualités littéraires évidentes, transparaît en filigrane l’émouvant courage d’une jeune femme envers qui le destin ne semble pas s’être toujours montré des plus cléments.

On s’en voudrait de ne pas mentionner ici les belles illustrations d’Amarande Rivière, volontairement épurées mais puissamment suggestives, qui entrent en parfaite symbiose avec les textes figurant en vis-à-vis. A lui seul, le dessin de couverture vaut le détour par son aspect à la fois très signifiant… et absolument charmant ! Bref, lire Un point c’est Vivre, c’est comme boire un grand verre de jus d’orange par un après-midi de canicule : cela vous donne une formidable sensation de fraîcheur particulièrement bienvenue en ces temps d’actualité morose !

Louis MATHOUX

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Un article dans la presse pour l'ouvrage de Jean-Pierre Colasse

Publié le par christine brunet /aloys

Un article dans la presse pour l'ouvrage de Jean-Pierre Colasse

Publié dans Article presse

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Résultats concours " Catastrophes, mes désirs deviennent réalité"

Publié le par christine brunet /aloys

Auteurs participants :

Textes 1 : Séverine Baaziz

Texte 2 : Micheline Boland

Texte 3 : Philippe Desterbecq

Texte 4 : Brigitte Hanappe

Texte 5 : Carine-Laure Desguin

Texte 6 : Gabriel Rasson

Texte 7 : Christian Eychloma

 

=> Texte 1 : 2
Texte 3 : 3
Texte 5 : 2

 

Et le gagnant est... Philippe Desterbecq avec 3 votes ! Bravo !

 

Publié dans concours

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Concours : Catastrophe ! "Mes désirs deviennent/sont devenus réalité" Texte 7. C'est le dernier ! Votes sur ce post jusqu'à 18h

Publié le par christine brunet /aloys

Les plaisantins 

(toutes les prophéties sont autoréalisatrices)

 

Tout avait commencé par une franche rigolade. 

Arthur - c’est le nom de mon copain - était encore à l’époque un sacré déconneur, tout en s’intéressant très sérieusement à des sujets compliqués qui, perso, me passaient nettement par-dessus la tête, comme la puissance du mental, l’autosuggestion, enfin, ce genre de truc…

Je ne me souviens plus des détails de la discussion qui nous avait  amenés à notre première expérience sociale. Rien de bien sérieux, histoire de déconner, je l’ai dit…

Arthur, affichant une pauvre opinion de l’espèce humaine, prétendait par exemple qu’il suffirait de faire courir le bruit d’une pénurie quelconque pour la provoquer. Une prophétie autoréalisatrice, en quelque sorte ! Chiche…

Après avoir hésité pour le papier cul, nous nous décidâmes pour les préservatifs. Arthur avait des copains et des copines dans toutes les boîtes branchées et il ne lui fut pas difficile de commencer à faire naître la rumeur d’une prochaine rupture d’approvisionnement. 

À notre plus grand plaisir, le résultat dépassa vite nos espérances. Au bout de deux semaines, toutes les pharmacies avaient épuisé leur stock et les files d’attente s’allongeaient devant les distributeurs automatiques. Et quand le PDG de Durex lui-même dut monter au créneau pour affirmer sur un plateau télé qu’il n’y avait jamais eu le moindre problème au  niveau de la production, nous fûmes aux anges ! Pliés de rire !

Bon, après un tel succès, nous n’allions quand même pas nous arrêter là ! 

« Ça te dirait de passer à la vitesse supérieure ? » me proposa Arthur avec un clin d’œil appuyé.

« Bon, je veux bien… Par exemple ?

- Nous allons faire courir le bruit d’une nouvelle épidémie… Qu’en dis-tu ? »

Je haussais les épaules. « Quoi ? Là, tu déconnes pour de bon…

- Pas si sûr. Ce qui devient vrai est ce dont nous finissons par nous persuader. Jamais lu d’article sur ces sorciers aborigènes australiens qui, juste en pointant un os sur la poitrine de la future victime,  pouvaient tuer sans coup férir n’importe quel membre de la tribu ?

- Mais comment voudrais-tu… 

- Renseigne-toi… Personne ne nourrissait évidemment le moindre doute sur la puissance du sorcier, ceci étant bien entendu fondamental. Bref, il s’agissait bel et bien d’une condamnation à mort, le gus en question y croyant tellement qu’il cessait aussitôt de s’alimenter et succombait  au bout de quelques semaines !

- Merde alors… 

- Bon, là, il s’agirait juste de créer un peu d’inquiétude pour voir à quelle vitesse prend la mayonnaise, hein !

- Si tu crois…

- Je connais quelques journalistes travaillant pour des canards à sensation. Je leur en touche un mot ? Ils marcheront dans la combine si je leur demande juste d’évoquer, sans trop insister, une nouvelle maladie virale avec de vagues symptômes, comme de la fièvre, des éruptions cutanées, des choses comme ça…  Nous attendons quelques semaines pour voir ce qui se passe et nous publions ensuite un démenti, alléguant une erreur d’interprétation…  Qu’en dis-tu ? »

 J’hésite. Je trouve que ça va quand même un peu loin. 

Il me tape sur l’épaule. « Tu ne vas pas te dégonfler, si ? Allez, je m’en occupe et te tiens au courant ! » 

Je me suis marré quand j’ai lu le très court article en troisième page. Sacré Arthur ! 

J’aurais fini par oublier cette drôle de farce quand, stupéfait, j’appris deux semaines plus tard, en regardant le journal télévisé, que les hôpitaux signalaient une nette augmentation du nombre des malades se disant affectés par la nouvelle maladie. Dingue…

Incrédule, ennuyé, perplexe, j’appelai aussitôt Arthur au téléphone. Hilare, il me répondit aussitôt qu’il était au courant, ajoutant qu’il avait décidé de corser le jeu en demandant à ses copains journaleux d’insister sur les éruptions cutanées permettant de reconnaître à coup sûr la « maladie ». Je n’osai pas lui dire franchement qu’il fallait aussi savoir s’arrêter… 

Les médias mainstream, ne voulant pas être en reste, s’emparèrent de l’affaire en dramatisant encore un peu la situation, et les habituels « médecins de plateau » se mirent à tenir le haut du pavé médiatique. Et des malades, de plus en plus nombreux, outre une forte fièvre, commencèrent à observer sur tout leur corps ces drôles de petites taches bleues…

Arthur exultait. « Mais enfin, comment une telle chose peut-elle être possible ? » lui demandai-je, au comble de la sidération. « Comment concevoir une chose pareille puisque c’est nous, nous, qui avons inventé tout ça ? »

Il éclata de rire. «  Jamais entendu parler des stigmates ? » me répondit-il. « Oui, ces plaies aux mains et aux pieds dûment constatées chez certains mystiques…  Alors, les taches, pourquoi pas, au fond ? »

Pourquoi pas, en effet ? En tout cas, en dépit des explications d’Arthur visiblement en train de jouir de sa réussite, je jugeai qu’il était devenu temps d’arrêter tout ça.  Grand temps. Vraiment. La plaisanterie tournait mal…

Il finit par l’admettre et contacta à cette fin ses journalistes véreux. Sauf que tout ça s’était emballé entre-temps et que, malgré de multiples démentis, l’épidémie semblait bel et bien là.  

Au bout de quelques semaines de cette situation, désespéré, rongé par un douloureux sentiment de culpabilité, je me rendis à son domicile. Après de multiples coups de sonnette, il finit par venir m’ouvrir. En pantoufles et pyjama, traînant les pieds. 

Le visage constellé de petites taches bleues…

 

Publié dans concours

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