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Concours : Catastrophe ! "Mes désirs deviennent/sont devenus réalité" Texte 6

Publié le par christine brunet /aloys

Demain, je me marie.

J’ai attendu ce moment.

Pourquoi m’a-t-il choisie ?

Je me suis toujours trouvée trop mince.

Banale, plate, pâle.

Maman, elle dit que j’ai un joli visage.

Lui aussi, il me dit ça.

Je le trouve si beau, inaccessible.

Il a dit qu’il me voulait.

Ça m’a fait plaisir.

Papa, il dit que je ne devrais pas.

Qu’il lui semble louche.

Qu’on ne sait rien de son passé.

Mais Papa sera là demain.

Papa est si gentil.

Je crois qu’il a peur pour moi.

Lui aussi, il sera là, sûr !

Il est grand, mince, fort.

J’aime bien m’appuyer sur son bras dur.

Il me regarde avec ses yeux noirs.

J’ai un peu peur quand il me regarde.

Mais j’ai des frissons et j’aime bien.

Il m’a montré son beau costume.

Son nœud papillon, d’un beau rouge.

Derrière ses ceintures, j’ai vu quelque chose.

Un révolver noir, comme dans les films.

Je n’ai pas osé lui en parler.

Aux parents, je n’ai rien dit.

J’ai aussi vu une lettre.

Dessus, il était dessiné une tête de mort.

Comme on voit sur les médicaments.

Le téléphone sonne et je dis allô.

J’entends un souffle et on raccroche.

Sûrement une erreur.

Demain, je me marie. 

Je me réjouis.

Je l’aime.

 

Publié dans concours

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Concours : Catastrophe ! "Mes désirs deviennent/sont devenus réalité" Texte 5

Publié le par christine brunet /aloys

Emportée par la foule

 

…. et cette foule ( ils sont combien là devant moi ? une centaine au bas mot ? au bas mot je dis ça par plaisanterie car les mots sont plus hauts que bas) hallucinante et non moins hallucinée oh non c’est infernal à présent ce sont des vagues de gens qui m’assailliront dans quelques secondes chacun d’entre eux brandissant quoi ? dans chacune de leur main attendez que je lise le titre des livres oh non je ne peux pas lire les mains s’agitent dans tous les sens ils approchent ils approchent affamés qu’ils sont ces lecteurs venus des quatre coins de la planète par avions bateaux trains vélos électriques trottinettes cuistax drones cerfs-volants balais de sorcières cafetières électriques (pourquoi pas hein ?) et j’en passe (car c’est plutôt incroyable et vous penseriez que je fabule et ça c’est pas mon genre)

attention ils se rapprochent de plus en plus ils hurlent ils scandent mon nom en insistant sur chaque syllabe ce n’est plus une vague c’est un tsunami de de de de lecteurs oui mais je n’en demandais pas autant et surtout pas tous comme ça en même temps faut dire que j’avais ingurgité un drôle de liquide déniché derrière un grimoire enfoui dans la bibliothèque poussiéreuse du château du Val et sur la fiole il était inscrit en majuscules porter à ébullition et une fois le liquide refroidi avalez-le en une seule fois et c’est ce que j’ai fait mais la deuxième partie du texte écrite en minuscules je l’ai lue après avoir ingurgité cette saloperie et là j’ai halluciné en lisant vos rêves deviendront réalité c’était pas mal j’ai pensé après trente secondes de réflexion et puis zou me voilà propulsée dans la plus grande librairie du royaume dont je tairai le nom (celui de la librairie et celui du royaume)

oh non ça flashe dans tous les sens et ça filme aussi c’est un moment historique je comprends et quelle pub pour cette librairie okay mais c’est une mort en direct à laquelle ils assisteront eh bien zut la télé nationale se pointe aussi juste là à la droite de la cam d’Actutv et moi entre les étagères des mangas oh la la les mangas valsent dans tous les sens et tant mieux ils se liront à l’endroit ah ah ah les lecteurs se chevauchent se télescopent j’espère qu’il n’y aura pas de mort tout ça pour une dédicace je ne contrôle rien de rien d’ailleurs je ne justifie pas ce texte je voudrais me rendormir et rêver de nouveau mais je suis là et je crève de peur oh pourquoi j’ai bu ce truc-là pourquoi j’ai bu ce ce ce ce truccccc oh la laaaaa j’étttttttoufffffffeeeeeeeeeeee … 

 

Publié dans concours

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Concours : Catastrophe ! "Mes désirs deviennent/sont devenus réalité" Texte 4

Publié le par christine brunet /aloys

Esthétique patience !

Acheter du pain frais est une priorité quotidienne que Roxane affectionne : cela lui permet de sortir de chez elle et lui donne l’occasion de faire une activité physique.

Mais depuis quelques jours, sa promenade solitaire s’éternise car ses pas la conduisent irrémédiablement devant une boutique de vêtements stylés.

Son regard se pose sur une magnifique robe ajustée qui parade dans la vitrine : une tenue raffinée avec la taille ceinturée d’une dentelle transparente. L’étoffe  semble scintiller, le décolleté dévoile le dessus des épaules et la coupe cintrée donne au mannequin une allure sexy. La longueur est parfaite pour une femme de son âge en s’arrêtant juste au-dessus du genou. 

Elle vient de fêter ses 65 ans et son statut de retraitée lui donne à présent le temps de s’octroyer des petits plaisirs.

Le prix indiqué sur l’étiquette est élevé : 289 € mais «  Le temps de vivre » est un magasin de luxe qui propose des habits de marque alliant l’originalité à la qualité.

Roxane soupire de dépit car elle meurt d’envie d’acquérir cette tenue attrayante.  

Le mariage de son fils unique programmé dans 2 mois est l’occasion idéale pour s’offrir le nec du chic.

Roxane sait comment mettre son corps en valeur, comment assortir des accessoires accrocheurs qui feront passer son âge au second plan : cette robe correspond à ses attentes et à ses goûts… élégante et subtilement sensuelle.

Mais les projets de Raphaël pour la cérémonie de noces chamboulent tous ses espoirs. Son fils et sa fiancée sont des artistes aux goûts peu communs et ils ont décidé de sceller leur union sous le thème des années 1970 : cheveux retenus par un bandana, chemises fleuries, jupes longues à volants, breloques…

Bref, le style Babacool… Peace and love!

Aux protestations de sa mère, la réponse de Raphaël fut sans appel.

   ─ Mais maman, cela n’a rien de ridicule ! C’est plutôt une idée géniale : un mariage qui plongera les invités dans un passé exceptionnel ! Et au moins, aucune dépense excessive : il suffit d’un petit tour aux fripes pour faire ses achats et d’activer un peu son imagination. Crois-moi, les gens vont ADORER…

Apercevoir son reflet dans la vitre la fait grimacer et ses doigts sont inconsciemment attirés par son visage. L’index suit les sillons près du nez, il effleure les pattes d’oie autour des yeux, tâtonne les striures aux commissures des lèvres. Roxane se console en observant sa taille fine et son ventre presque plat. Retrouver la jeunesse d’antan lui importe peu mais elle rêve de vieillir sans arborer ces rides qui se multiplient au fur et à mesure des années. 

Depuis longtemps, elle sait manier les artifices du maquillage et s’imposer un look qui dévie le regard des autres sur son corps plutôt que sur son visage. 

Un dernier coup d’œil attristé vers la robe suggère dans son esprit la silhouette dégingandée qu’elle affichera lors de la cérémonie : jupon fluide et chemisier informe. Elle n’ose imaginer le grotesque de sa situation : une dame de son âge déguisée en hippie !

Sa décision est prise : les rêves sont permis et le sien est tout à fait réalisable.

L’argent qu’elle ne dépensera pas pour les vêtements, les chaussures, les bijoux servira à une cause plus esthétique.

Les jours suivants, Roxane surfe sur internet à la recherche de conseils thérapeutiques et de noms d’excellents praticiens. Le lifting lui semble une opération trop contraignante, des injections de toxine botulique lui paraissent  plus appropriées.

Un mois plus tard, Roxane se contemple avec satisfaction dans la glace : les pattes d’oies se sont estompées, les pommettes plus saillantes ont effacé les sillons près du nez. Plusieurs personnes se sont étonnées d’ailleurs de sa mine resplendissante.

Chaque soir, elle se démaquille avec soin avant de scruter sa peau avec délectation et pourtant, elle s’attarde à des détails comme si elle cherchait la perfection.

   ─ Dommage que quelques ridules stagnent encore sur le dessus des lèvres !

Le médecin consulté lui propose aussitôt d’intervenir à nouveau en injectant des doses minimes de Botox mais il précise :

    ─ Cette zone plus sensible peut provoquer des petits désagréments qui disparaîtront au bout d’une quinzaine de jours.

Roxane n’hésite pas longtemps.

Pourquoi se refuser la possibilité d’être encore plus jolie ? 

Les semaines passent vite et Roxane soupire en se massant les lèvres. On est à la veille du mariage. Sa peau est lissée mais les inconvénients temporaires sont toujours présents.

Le docteur a bien tenté de la rassurer :  

    ─ C’est votre première expérience dans ce domaine et vos muscles orbiculaires réagissent avec un peu plus d’intensité au produit. Un peu de patience !

Bien que son rêve soit devenu réalité, Roxane est catastrophée car la patience ne va pas résoudre son problème immédiat.

Demain, son visage sera rayonnant, dépourvu des lourdes marques du temps. Mais, elle devra rester muette ou du moins parler le moins possible : ses lèvres semblent paralysées lors de certains mouvements. Certains sons sont difficiles à prononcer et les mots qu’elle exprime ressemblent souvent à des chuintements. Elle est incapable d’aspirer un liquide sans baver. 

Son beau discours rédigé en l’honneur des mariés restera dans un tiroir et elle devra se cacher discrètement la bouche pour déguster le champagne et grignoter les plats.

 

Publié dans concours

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Concours : Catastrophe ! "Mes désirs deviennent/sont devenus réalité" Texte 3

Publié le par christine brunet /aloys

J’ai eu une mère très superstitieuse : jamais elle n’aurait croisé deux couteaux sur la table (je m’amusais d’ailleurs souvent, juste pour l’ennuyer, à croiser les lames qu’elle repoussait sans rien dire) ; elle ne manquait jamais de tracer une croix sous le pain qu’elle s’apprêtait à trancher ; elle cherchait parfois des trèfles à quatre feuilles qui étaient censés porter bonheur à toute la famille ; elle évitait de passer sous les échelles dressées le long des trottoirs de la ville et évitait de rencontrer les chats noirs. J’en passe et des meilleurs. 

Petit, j’avais lu l’histoire d’une vache prénommée Dondon qui, comme moi, ne croyait pas à ces histoires de bonnes femmes. Un jour, elle était passée sous une échelle et avait reçu un pot de peinture sur la tête. A partir de ce jour, elle ne voulait plus manger que des trèfles à quatre feuilles, et, évidemment, à cause de la rareté de ces petites plantes, elle a commencé à dépérir.
Vous voulez connaitre la fin de l’histoire ? Non, elle n’est pas triste. Les enfants du fermier ont peint des trèfles à quatre feuilles sur des lunettes qu’ils ont placées sur le nez de la vache. Le restant de sa vie, elle crut donc manger ces feuilles censées porter bonheur. 

Notre vache, très terre à terre auparavant, était devenue superstitieuse, tout comme moi, je le devins un jour. 

Voilà comment : 

J’étais devenu un adolescent banal, quelconque, très proche des préoccupations de la vie courante. J’étais parti en classe de ville avec les élèves de ma classe et notre professeur qu’on surnommait « monsieur Ronchon » avait décidé de visiter une église ou une cathédrale, je ne sais pas trop. Nous n’avions aucune envie de découvrir les œuvres religieuses d’un passé révolu, mais comme il tombait des cordes, nous sommes tous rentrés, d’un même élan, dans le bâtiment séculaire. 

J’avais entendu dire, par ma mère, que lorsqu’on rentre dans une église pour la première fois, on peut faire un vœu qui se réalisera sans aucun doute. Sornettes évidemment, mais je me suis pris au jeu. J’ai pensé très fort à un vœu… Quoi ? Vous voulez que je vous le livre ? Bon, ben, de toute façon, y a prescription, alors… J’ai tout bonnement fait le vœu de me faire embrasser par Cindy, la jolie rousse qui attirait le regard de tous les boutonneux que nous étions alors. Le soir, dans le parc du couvent où nous logions, la belle m’a coincé dans un coin et m’a roulé un de ces patins dont je rougis encore aujourd’hui. Coïncidence, me direz-vous. Evidemment ! J’ai appris que la sage et timide Cindy était ce que ma mère appelait une « Marie, couche-toi là » ! 

Deux années ont passé avant qu’un événement me remette sur le chemin des croyances et superstitions. 

Ce jour-là, mon meilleur ami mangeait à la maison. Ma mère, comme à son habitude, avait mis les petits plats dans les grands pour que tout soit parfait. Tout à coup, j’ai renversé la salière, geste anodin dont j’ai à peine eu conscience. Ma mère s’est levée précipitamment pour réparer les dégâts et m’a dit : « Vite, Augustin, prends quelques grains et jette-les par-dessus ton épaule gauche. » Je l’ai regardée bêtement et elle m’a dit : « Renverser une salière amène à se disputer avec son meilleur ami ».
J’ai regardé Yves, mon copain de toujours. Nous avons souri en levant les yeux au ciel. Jamais nous n’avions eu le moindre mot. Notre entente était parfaite…jusqu’au jour où j’ai appris, quelques semaines plus tard, qu’il sortait avec ma petite amie ! Je préfère ne pas vous raconter ce qui lui est arrivé.  Et tout ça à cause d’une foutue salière ! 

Un an ou deux plus tard, nous étions, ma nouvelle copine et moi en visite dans la merveilleuse ville de Rome. Observant la magnifique fontaine de Trévi, Sophie me dit : « Jette une pièce dans l’eau ». Un geste complètement idiot, une croyance qui nous vient de la mythologie gréco-romaine, mais j’obtempérai pour plaire à la jolie fille qui était entrée dans ma vie. « N’oublie pas de faire un vœu », ajouta-t-elle, dans un grand sourire.
Je pensai à mon père, couché dans un lit d’hôpital depuis plusieurs mois, prêt à faire le grand voyage, celui dont on ne revient jamais. Je vous laisse deviner le vœu qui m’est passé par la tête à ce moment-là et, vous me croirez ou non, quelques instants plus tard, mon téléphone a sonné. C’était ma mère qui m’annonçait que mon père avait ouvert les yeux quelques secondes plus tôt, qu’il venait de sortir de son coma. 

J’ai alors commencé à me poser des questions. Serait-ce possible que les vœux puissent se réaliser ? J’avais vraiment du mal à y croire. Le hasard avait dû jouer dans les différentes situations que j’avais vécues. 

Et finalement, j’ai dû accepter que des choses nous dépassent, ne s’expliquent pas, mais existent. Tout comme l’air que nous respirons sans en avoir conscience, des phénomènes étranges peuvent avoir lieu sans qu’on puisse leur donner une quelconque explication. 

C’était la nuit de la Saint-Jean. Nous étions, mes collègues et moi, réunis, avec notre chef de service que j’exécrais, réunis autour d’un feu qui crépitait dans la nuit, pour ce qu’on appelle aujourd’hui un « team building », cette méthode qui nous est arrivée des Etats-Unis et qui a pour but de renforcer les liens entre les membres d’une même équipe.
Mon chef n’avait jamais pu me saquer et ce n’est pas quelques heures passées autour d’un feu de joie qui allait changer quelque chose à notre problème. D’un ton narquois, le connard en question me dit : « Allez, Gus (je détestais ce diminutif), saute au-dessus du feu et si tu réussis tu pourras faire un vœu. Je n’ai fait ni une ni deux, je me suis élancé et, tel en kangourou en furie, j’ai fait un saut magistral, j’ai plané au-dessus des flammes et je me suis retrouvé, sur les deux pieds, de l’autre côté des braises.
Je ne vous dirai pas quel vœu j’ai osé faire – j’en ai encore honte aujourd’hui – mais, le lendemain, mon chef passait l’arme à gauche. Catastrophe ! Mon vœu s’était réalisé laissant une femme seule pour élever trois marmots en bas âge ! 

Depuis, je fais bien attention, à la pleine lune, lorsque des étoiles filantes se dirigent vers notre planète, lorsque je souffle les bougies de mon anniversaire, lorsque je pénètre dans une église pour la première fois, de ne penser à rien et de ne surtout pas exprimer de souhaits. 

Des gens assez pragmatiques m’ont aujourd’hui parlé de la loi de l’attraction, mais « dans le doute, abstiens-toi », me disait ma mère et je ne touche plus à ces choses-là. Je pourrais m’y brûler ! Je croise maintenant les doigts pour que mon texte vous plaise et qu’il se retrouve un jour dans « Les petits papiers de Chloé »…

 

 

Publié dans concours

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Concours : Catastrophe ! "Mes désirs deviennent/sont devenus réalité" Texte 2

Publié le par christine brunet /aloys

JEUNE PLUME

 

Depuis ses quinze ans, Dorothée rêvait de remporter un concours littéraire. Ce qui lui importait ce n'était pas de gagner la belle somme d'argent ou l'œuvre d'art promise au vainqueur. Non, ce qui lui importait plutôt était de voir son talent reconnu et d'être un modèle pour d'autres. Elle ne se voyait pas bien sûr devenir une sorte de Madame de La Fayette ou de Georges Sand, mais elle aspirait à s'imposer à un concours de portée nationale. 

 

Chaque année, les parents de Dorothée achetaient les livres qui avaient remportés les plus grands prix comme le Goncourt ou le Renaudot. Chaque année, ils suivaient aussi les grands tournois de tennis sur leur petit écran. C'est sans doute pour cela qu'elle en était venue à suivre des cours de tennis et accordait beaucoup d'importance à la littérature. Rapidement, elle avait remarqué qu'elle n'était guère douée pour le tennis et s'était contentée de jouer simplement pour le plaisir sans viser de participer au moindre tournoi. Quant à ses aspirations littéraires, c'était tout autre chose !  

 

Dorothée participait aussi bien aux concours de poésie, de dissertations que de nouvelles ou de contes. Elle consacrait de nombreuses heures à peaufiner ses écrits. Elle lisait beaucoup pour s'imprégner du style d'auteurs réputés, mais aussi pour analyser les stratégies employées par des gagnants de concours. Elle notait les conseils donnés ici et là lors d'interviews accordées par des écrivains.

 

Elle s'imaginait recevoir un jour ou l'autre un prix important. Ce qui alimentait son espoir c'est d'avoir reçu à douze ans le prix "jeunes plumes" d'un journal local. Faire rêver ses lecteurs et être une auteure mise en valeur dans la presse faisaient partie de ses objectifs.  

 

Adieu le six sur dix attribué l'autre jour par un jeune professeur de français intérimaire tout juste bon à savoir comment s'y prendre pour qu'on ne le chahute pas durant son cours, pensait-elle. Adieu les remarques telles que "beaucoup de stéréotypes", "trop d'adverbes", "images trop plates", venues d'autres profs, se disait-elle aussi. Quel bonheur cela devait constituer d'être peut-être reçue dans des classes pour présenter ses écrits et d'y parler de ses sources d'inspiration !  

 

Dorothée avait lu dans la presse que certains auteurs buvaient et se droguaient. Alors, un soir où ses parents s'étaient absentés elle eut recours à un petit fond de cognac pour attiser son inspiration. Grisée, elle écrivit d'une seule traite une longue nouvelle fantastique pleine de rebondissements. La qualité d'écriture n'y était peut-être pas, mais tout à l'euphorie de cette expérience elle s'était sentie pousser des ailes. Elle corrigea sa nouvelle des jours durant avant de se décider à l'envoyer. Elle participa ainsi au premier concours de récits courts organisé par le plus important éditeur du pays. 

 

Dorothée remporta le grand prix dans la catégorie des moins de vingt ans. Elle fit la une d'un journal et on lui promit qu'elle ferait celle du périodique communal. Elle fut interviewée par un présentateur vedette de la télévision et par des journalistes. Sa nouvelle était publiée dans un recueil où figuraient aussi celle du gagnant de la catégorie des plus de vingt ans  et celle de l'auteur vedette de la maison d'édition. On lui promettait un bel avenir. Une étoile était née. On parla d'elle lors des journaux télévisés du  week-end. On parla d'elle sur diverses stations de radio. Il faut dire que le vendredi soir pour la remise des prix, Dorothée n'avait pas lésiné sur la mise en scène : tout de rouge vêtue, maquillée par une esthéticienne de renom, elle avait consacré des heures à peaufiner des remerciements originaux écrits en vers. Il faut ajouter que Dorothée fit étalage de son bonheur sur divers réseaux sociaux.  

 

Le lundi, de retour au lycée, elle fut injuriée et tournée en ridicule par des élèves probablement jaloux de son succès. En fin d'après-midi, des ados se mirent à la siffler quand ils la virent marcher dans la rue pour gagner l'arrêt du bus. Des garçons et des filles s'en moquèrent sur les réseaux sociaux et lui attribuèrent des surnoms bizarres. Les commentaires désagréables affluaient. La bienveillance des deux amies qui la soutenaient et de ses parents ne faisait pas le poids face à cet acharnement. 

 

On lui faisait payer le prix de sa réussite littéraire. Désormais, la récompense reçue lui importait peu. Dorothée aspirait à changer d'école et de quartier. Elle pensait par moment au suicide. 

 

La direction de son établissement scolaire intervint rapidement, mais Dorothée était brisée et il lui resta longtemps au fond du cœur des vagues de tristesse.  

 

 

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Concours : "catastrophe, mes désirs deviennent réalité" Texte 1

Publié le par christine brunet /aloys

Madame

 

Madame, je crois que je vous aime,

Les jours de ciel gris,

Dans votre imperméable pleurant sur mes chaussures

Au beau milieu de notre ascenseur.

Les jours de ciel bleu,

Dans vos robes légères s'amusant au souffle du vent 

A attiser mes univers éteints.

Les jours de gaieté,

Quand votre rire remue mon cœur d'enfant.

Les jours de tristesse,

Quand vos yeux cernés me fendent l’âme.

 

Madame, je crois que je vous aime,

Les lundis, mardis, mercredis, jeudis, 

Vendredis, samedis et dimanches.

Les jours où je vous croise

Et ceux où vous manquez cruellement.

 

Madame, je crois que je vous aime,

Mais sans un mot de vous,

Je n'oserai vous le dire.

 

Monsieur, je vous en prie, cessez de croire que vous m'aimez, 

Cessez de poser sur moi vos regards et vos sourires.

Monsieur, je vous en prie, cessez de douter et prenez-moi par la main,

Par la taille et dans vos bras,

Et poser enfin vos lèvres sur les miennes.

 

Publié dans concours

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Aubes lunesques... Notre rendez-vous poétique signé Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Les navires encrés 

taches bleues près des ports

les marins dorment



 

Les heures assises

sur les bancs des aiguilles

l’attente des riens



 

D’où vient l’éclair fou

l’horizon sur les montagnes

refoule les blancs







 

Au cœur des forêts

les lutins et les elfes

vrais rêves des forts



 

Humeurs de printemps

les belles sauterelles

par-dessus les haies



 

Amours de moineaux

sur une longue branche

rayon de soleil

 

Publié dans Poésie

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Un extrait de Meurtres Surnaturels, volume I : Les Métamorphoses de Julian Kolovos Par Joe Valeska

Publié le par christine brunet /aloys

 


 

Sa douleur à l’épaule l’éprouva de nouveau, toujours sans prévenir, mais un peu plus violente, cette fois… Il grimaça.

– Ça ne va pas recommencer… 

Une furieuse envie de sucre le poussa à redescendre dans le grand salon où, peut-être, avec de la chance, des chocolats et des pâtes de fruits traîneraient encore sur la table. Il avait surtout besoin de s’éloigner de sa chambre, tout au moins un instant, le temps de retrouver son calme.

La présence d’Ornella dans la pièce, toute seule, à genoux devant la cheminée et semblant fixer son contrecœur – Excalibur dans la pierre –, le surprit quelque peu. Son boa en plumes traînait par terre comme une vieille serpillière. Il s’approcha d’elle à pas de loup… mais s’arrêta net quand sa belle-mère éclata en sanglots.

– Ornella ? Est-ce que tout va bien ? lui demanda-t-il.

– Julian ! cria-t-elle. J’ai failli… mourir de peur ! Ça ne se fait pas, voyons, d’arriver dans le dos des gens de cette manière !

– Excuse-moi…

– Il est tard. Tu n’arrives pas à dormir ?

– J’ai fait un affreux cauchemar… Je recevais la visite du fantôme des Noëls passés.

– C’est fascinant, répondit-elle, hagarde.

– Et ça ? Qu’est-ce que c’est ? voulut-il savoir après avoir remarqué le papier froissé dans ses mains. C’est à cause de cette lettre que tu pleurais ? Et ne viens pas me dire que tu ne pleurais pas. Ton rimmel coule.

– Tiens, lis, je t’en prie, dit-elle en tendant le papier à Julian. Mais je dois te prévenir : tu ne vas pas apprécier ce qui y est écrit… Surtout après ce réveillon de Noël lamentable.

– Ne remue pas le couteau dans la plaie, s’il te plaît, Ornella.

Inquiet, intrigué, les sourcils ébauchant une fronce, Julian s’assit en tailleur, croisa les pans de son kimono sur ses cuisses musclées de façon convenable, prit la feuille que sa belle-mère lui tendait et commença la lecture. Ses narines se gonflaient. Ses yeux s’écarquillaient au fur et à mesure qu’ils vagabondaient sur le satané document.

Dans son esprit, le doute n’était plus possible.

Du tout.

– Mais… c’est le testament de mon père ! se récria-t-il. Comment peut-il oser ? Où l’as-tu trouvé ? Et puis, je m’en contrefiche… Ce n’est pas vraiment une surprise. Qu’il aille au diable !

– Comme tu dis, opina Ornella. Comme tu dis, Julian.

– Je n’en crois pas mes yeux ! C’est bien là la preuve qu’il ne m’a jamais aimé. Mais je l’ai toujours su, je crois…

– Aucune attention… Ni reconnaissance… gémit Ornella. Ni pour toi ni pour moi. Rien ! Tout pour ta sainte-nitouche de sœur. Il lui lègue toute sa fortune. L’intégralité. J’ai ramassé ton père à la petite cuillère, moi, quand son maudit théâtre a disparu dans les flammes ! Est-ce qu’il l’aurait déjà oublié ? Comment peut-il me faire ça à moi ?

Et elle se remit à sangloter, avant que son visage ne se changeât en un masque de pure haine qui pétrifia Julian quelque peu.

– Je pourrais le tuer pour ça… susurra-t-elle enfin. Je pourrais les tuer tous les deux. Après tout, ce ne serait que justice.

– Justice ? C’est ta colère et ta déception qui s’expriment là, ma chère.

– Tu crois ça ? Tu te trompes lourdement, Julian. Je veux qu’ils meurent… Oui, qu’ils meurent ! Toi et moi, nous allons assassiner ces deux misérables…

– Les quoi ? Les assassiner ? Tu m’inquiètes, tu sais… Arrête un peu tes conneries, Ornella !

– Vraiment, mon a… ?

Finalement, elle ne prononça pas le mot amour, car elle savait que Julian aurait explosé en entendant ce mot sortir de sa bouche. Il l’avait déjà avertie. À plusieurs reprises.

Son regard seul suffit.

Comme s’il espérait réussir à lire dans ses pensées macabres après la découverte des dernières volontés du vieux, Julian considéra un très long moment la femme de son père, laquelle était devenue son amante d’un soir après qu’il ait tourné dans Wonderful Men.

Cela avait été une chose parfaitement absurde, certes, mais c’était arrivé malgré tout, et ce, malgré quelque quinze ans de différence d’âge.

Alors que toute la famille Kolovos avait été conviée, seule Ornella s’était rendue à la soirée organisée par la société de production pour remercier honorablement les acteurs, toute l’équipe technique et les scénaristes, suite au succès retentissant du film au box-office. Et si Julian avait trouvé le moyen de ranger cette incartade dans le coin le plus reculé de son cerveau, Ornella, elle, en avait-elle fait autant ? La réponse était non. Un grand, un simple NON. Elle était amoureuse de son beau-fils. Elle l’avait toujours été.

– Ornella… Si, d’aventure, je te suivais sur cette voie, que nous arriverait-il, d’après toi ? Réponds, s’il te plaît.

– Nous pourrions vivre tous les deux, se décida-t-elle. Toi et moi. Rien que toi et moi.

– Ça, c’est ce que tu voudrais… dit-il, cinglant. Je faisais allusion à la prison, moi… La prison, Ornella ! Ressaisis-toi, que diable ! Aurais-tu perdu la raison ? Bordel ! Que de haine dans ses yeux…  

– Mais je t’aime, Julian ! avoua-t-elle. Je t’ai toujours aimé… Et maintenant que nous savons le mépris que ton père a pour nous deux, je suis prête à tout pour te récupérer ! À tout, mon amour ! Est-ce que tu m’entends ?

– Me récupérer, dis-tu ? Pour un simple écart de conduite sur une banquette arrière ? Tais-toi, Ornella… Je ne veux plus rien entendre ! Ce qui s’est passé entre nous n’était qu’une regrettable erreur, O.K. ? J’ai profité de toi comme tu as profité de moi, et cette histoire honteuse s’est arrêtée au moment même où nous avons pris notre pied. C’était tout ce que tu veux – de la faiblesse, de la frustration –, mais ce n’était pas de l’amour. Ce n’est pas ça, l’amour, Ornella.

– Honteuse ? Tu refoules tes sentiments parce qu’ils te font peur, Julian ! Mais tu ne me trompes pas… Je ferai ce qu’il faut, avec ou sans toi. Pour nous ! Et tu me remercieras.

– Pour nous ? What the fuck ! pensa-t-il, horrifié et plus que jamais sur ses gardes. Je fais quoi, moi, maintenant ? Je fais quoi !?! Si je préviens mon père, ça va tourner au drame… Nous allons tous nous déchirer et l’on m’accusera, moi, d’avoir détruit la famille. Bordel de merde ! Putain… de bordel… de merde !

Julian resta un moment dans l’incapacité de desserrer les mâchoires, espérant que cette soirée se révélerait être un cauchemar saugrenu et rien de plus. Inutile de se pincer, cependant… Il ne rêvait pas. Il le savait.

Il réfléchit longtemps, pressé par une Ornella fébrile.

– Parle-moi, amour… Dis quelque chose. Allez, dis quelque chose !

Mais l’acteur, stoïque, réfléchissait, ouvrant parfois de grands yeux, fronçant parfois les sourcils. Il rumina très longtemps, oui. Et puis, il se ranima brusquement…

– C’est toi qui as raison, dit-il enfin, les yeux au bord des larmes. J’ai assez souffert de son amour sans bornes pour cette abrutie d’Ivana… Ça suffit, la coupe est pleine.

– Julian ? hésita Ornella. Qu’essaies-tu de me dire ? Sois très clair dans le choix de tes mots.

– Je dis qu’il nous faut nous débarrasser d’eux, car il n’y a qu’ainsi que nous serons pleinement vengés. Qu’ils crèvent ! Tous les deux.

– Et comment te faire confiance ? se méfia-t-elle d’abord. Combien tout ce qu’on dit est loin de ce qu’on pense, Julian !

– Et là, tu me fais confiance ? s’enquit-il, l’attrapant dans ses bras et la pressant contre lui pour l’embrasser avec fougue.

Elle resta sans voix, puis se mit à pleurer, se laissa aller à un gémissement empreint d’une vive satisfaction. Il la serra contre son torse puissant encore plus fort, jurant ses grands dieux qu’il était avec elle, à la vie, à la mort, et qu’il en avait plus qu’assez de faire semblant, à cause de cette maudite bienséance. Ivana avait toujours reçu tout l’amour, mais ils auraient la vengeance… Ce n’était en rien une question d’héritage ou d’argent, mais une question d’amours-propres blessés uniquement.

Bouleversée à l’extrême, elle le crut.

– Je suis fatigué, lui dit-il en se libérant.

– Est-ce que tu veux…

– N’en dis pas plus, Ornella… Nous devons la jouer plus fine.

– Tu as raison, mais j’ai tellement envie d’être dans tes bras, Julian ! 

– Moi aussi, mais patience… Et tu dois me promettre une chose.

– Dis-moi…

– Tu ne fais rien d’irréfléchi cette nuit, Ornella.

– Julian… Je ne peux plus ! Je ne veux plus !

– Ornella, pour l’amour de Dieu ! Tu veux briser ma carrière ?

– Mais non, enfin… Tu n’as pas le droit de dire une chose pareille.

– Il faut que nous continuions à faire comme si de rien n’était…

– C’est facile à dire, objecta-t-elle.

– …jusqu’à ce que nous trouvions le plan sans faille, poursuivit-il.

Tout en la couvrant de baisers et de caresses presque indécentes, Julian lui susurra qu’il n’avait pas vraiment envie de faire les gros titres. Pas ces gros titres-là… Qu’ils devraient, en attendant, faire comme si le testament de Francesco n’existait pas.

– Est-ce que je peux te faire confiance, Ornella ? lui demanda-t-il.

– Très bien, abdiqua-t-elle après avoir geint. Comme tu voudras.

– Ne t’inquiète surtout pas, tu n’auras pas à supporter mon père bien longtemps encore, promit-il. Va te coucher, maintenant… Nous avons besoin de prendre un peu de repos pour affronter la journée qui vient.

Sans un regard en arrière, Julian quitta la pièce sous le regard de sa belle-mère transie d’amour. Rapidement, à son tour, elle se leva, résignée à regagner, au prix d’un effort surhumain, la chambre conjugale. Jusqu’à ce jour, elle n’avait pas réfléchi à cela, mais, maintenant qu’elle se sentait trahie et humiliée, Francesco lui semblait rien moins qu’un horrible vieillard miteux. Elle n’avait que quarante-huit ans, après tout, et lui la soixantaine… le fumier !

 

Publié dans extraits

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Edmée de Xhavée chronique le nouveau recueil de nouvelles signé Bob Boutique "Contes bizarres III"

Publié le par christine brunet /aloys

Bob Boutique, le retour

 

Il nous revient, et de loin, mais il l’avait dit : I’ll be back.

 

Et back, il l’est. 

 

Avec trois contes bizarres. Des contes bizarres, il en avait déjà sorti deux recueils, et on avait pris plaisir à savoir que tôt ou tard, dans chacun d’entre eux, la petite phrase magique s’étalait devant nos yeux impatients :

 

Et arriva ce qui devait arriver.

 

Et on n’était jamais déçu, jamais on ne soupirait « ah bon, et c’est tout ? ». Car c’était l’inattendu qui vous tombait dessus, même si ça devait arriver, on ne l’avait pas vu venir…

 

Nous y revoici donc, trois contes étranges. 

 

M’man… Un monsieur qui serait insignifiant s’il n’était déjà une image très inhabituelle en soi : petit, indécis, vêtu d’un vieil imperméable sans doute pas des plus frais, tout le langage corporel qui bégaye. Face à lui, une psychiatre analyste imposante aux mains boudinées qui taillent des crayons. 

 

Entre eux… le problème, maman. La maman du premier. Une maman omniprésente, et cependant… décédée depuis belle lurette. Enfin, c’est ce qu’il dit, lui. La maman, elle… ne l’entend pas de cette oreille. D’ailleurs, elle se lève d’un bloc et file dignement vers la chambre à coucher ; elle le transperce d’un regard inexpressif et crache enfin, après un pfffff… méprisant ; elle est déchaînée et lève ses petits poings misérables vers le plafond en hurlant et postillonnant à travers ses longues dents jaunes….

 

Bref, M’man a un rôle de premier plan. 

 

Il se sent si seul, pourtant. Alors qu’elle est là, tout le temps et partout, bien que morte. L’enterrement, il y était. 

 

Certes, arrive finalement ce qui devait arriver, et il vous faudra le lire pour, peut-être, comprendre l’étrange et spectaculaire relation mère-fils qui vous a entraînés dans cette bizarrerie….

 

Amen … Monseigneur s’en est allé, un peu trop tôt au goût des pieuses personnes présidant à l’ouverture de son coffre. On le fore, le dit coffre, car la bonne Sœur Dominique avait bien trouvé le numéro, mais pas la clé. 

 

Trois bocaux de concombres, voilà ce qu’il contenait, le coffre du Monseigneur. Des concombres qui, horreur, sont bien autre chose une fois observés avec le respect que l’on doit aux trésors de défunts. 

 

Monseigneur était très drôle, affirme un jeune séminariste ému. Une bouille de bon vivant avec un béret basque, des cheveux gris coupés courts et un œil qui pétille derrière de grosses lunettes d’écaille. 

 

L’enquête s’impose. Le Monseigneur était royalement payé pour ses Monseigneureries, et dépensait tout. Bizarre comme un conte, non ? Il n’avait plus de famille, ne jouait pas, n’avait ni passions ou fantaisie autre qu’un restaurant de qualité ici et là. 

 

L’analyse de son ordinateur révèle un album avec trois photos d’adolescents dans un camp scout. Qu’on se rassure : des photos très normales :  ils cuisinent, montent une tente… Le camp scout semble se trouver dans nos régions, par contre les trois garçons sont de type latino-américain. Ce qui mène les recherches vers une association, Enfance inter-mondes, qui intéressait feu Monseigneur facétieux.

 

Les choses s’éclaircissent alors quelque peu, mais à vous de lire pour les découvrir. 

 

On se trouve d’ailleurs face à face avec un personnage peu amène. Grand, lourd, des paluches de fermier, des cheveu d’un blond presque blanc et des yeux étranges, quasi transparents. On dirait un albinos. Il porte une salopette verte et des bottes en caoutchouc de la même couleur. Une fourche dans les mains, il ferait plus vrai que nature. Et il a une sœur jumelle, comme si un comme ça ne suffisait pas. 

 

L’inspecteur téméraire et fatigué chargé de résoudre cet embrouillamini entreprend une promenade qui n’a rien de champêtre, et le mène à une vieille chapelle abandonnée, où arrive ce qui doit arriver…

 

Mille brasses… Alors ici, on est en plein roman d’amour. Mais comme il arrive ce qui doit y arriver, ça ne finit pas bien, tout en finissant bien malgré tout. Elle est belle, jeune, pétulante. Parfaite. Il se trouve petit, vieillot, chauve, pas intéressant, insignifiant comme un vieux porte-clés trouvé dans une boîte de savon.

 

Ça, c’est lui qui se voit comme ça, hein. Elle a pourtant le même regard qu’au moment de l’éblouissement de l’amour, est empressée comme une mère poule, l’aime et n’a pas changé. Ce qui a changé, ce sont les voisins, ceux qui n’ont pas de sel et viennent casser les pieds. Enfin c’est l’ami du voisin – le beau, bellâtre, horriblement sûr de lui et satisfait de sa denture et de ses pectoraux ridicules, et qui sent bon, en prime. Un abominable nouveau venu dans leur vie. Avec une femme qui ne va pas avec lui. Il sait tout, cet olibrius. 

 

Ce qui doit arriver en premier arrive effectivement. Le soupçon, la remise en question en partant du principe qu’on ne fait pas le poids (vrai que notre héros est un petit format, un petit homme de poche dont l’épouse est éprise, tandis que l’autre est scandaleusement conforme à tous les canons de séduction en vogue). Le soupçon grandit, s’accroche à tout ce qui peut le nourrir, et grandit sous forme d’une impérieuse évidence.

 

Arrive ce qui doit arriver, qui, comme les vagues de la mer du nord où tombe le rideau, apporte un flot d’émotions…

 

Sacré Bob Boutique, va !

 

Edmée de Xhavée

 

Publié dans avis de lecteurs

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Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY

Publié le par christine brunet /aloys

Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY
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Joël Godart nous propose un extrait de son ouvrage : FAIRY

Publié dans extraits, Poésie

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