Edmée de Xhavée interviewe Claudia et Julia Jonas pour actutv !
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Très très bonnes fêtes de fin d'année !
A l'année prochaine !
Philippe Dester est l'invité de notre blog pour une chronique de son dernier roman "Sous le champ de nuages blancs" signée Séverine Baaziz
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L'artiste peintre Concetta Masciullo est interviewée par Carine-Laure Desguin
https://youtu.be/dHyxjfpkfO0
Christine Brunet chronique "Douceur violette" de Chloé Derasse pour la 5e émission d'Actutv
https://youtu.be/dP1DgOQquzo
Daniel Moline est interviewé par Edmée De Xhavée pour la 5e émission d'Actutv
https://youtu.be/88ax4beDos4
Carine-Laure Desguin vient d'obtenir le prix de la musicalité
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Mon texte ŒIL NU DEVANT ACRONYME COURONNE qui vient d’obtenir le PRIX de la MUSICALITE est lu par la poétesse Marie De Baës et se situe ici vers 17mn 43 : https://youtu.be/Gqpz8X-f9n0
Et voici quelques précisions au sujet de ce concours international…
Merci à Marie Den Baës pour toute l’organisation autour de ce concours, Poé’vies. Au final, mon texte ŒIL NU DEVANT ACRONYME COURONNE a reçu le Prix de la MUSICALITE. Aux côtés de six autres lauréats, Malik Brahmi pour le Prix de l’Engagement avec son texte Reflet déformé, Marie Favier pour le Prix de l’Humour avec son texte Le tzigane et la jeune fille, Jef Deblonde pour le Prix de l’Inédit avec sont texte Reflet, Emmanuel Souton pour le Prix de l’Ingénu, André Leleux pour le Prix de l’Imaginaire, Olympe de Backer pour le prix Coup de cœur avec son texte Une île avant l’orage.
La soirée du samedi 5 décembre 2020, c’était plus d’une heure de bonheur. Deux musiciens, Florent Richard et Roland Romanelli ont interprété plusieurs de leurs œuvres dans le spectacle LE GRAND BLOND et lors de ce spectacle nous avons entendu les textes lauréats. Roland Romanelli a collaboré avec les grands noms de la chanson française, de très grands noms.
Pour les lauréats, de nombreux cadeaux et en janvier, ceux-ci recevront un recueil dans lequel se liront les principaux textes. Merci à François-Xavier Delmeire, un plasticien que j’estime depuis longtemps pour la couverture de ce recueil.
Je n’ai rien oublié ?
Ah oui, c’était un concours international quand même. Cent soixante-deux participants qui viennent des quatre coins francophones de la planète. Et dans le jury citons Fabian Le Caste, Félix Radu, Jacques Hiver, Anthony Leclercq, Laurent Hardouin.
Comme je ne peux tout dire, voici les liens, l’émission vaut la peine d’être regardée en entier, croyez-moi. Encore chapeau à l’organisatrice car au départ tout le monde devait assister à cette soirée et puis cette Covid-19 s’est invitée…
Voici le lien vers le site : https://www.concourspoevies.com/
Et voici le lien vers la soirée du samedi 5 décembre : https://youtu.be/Gqpz8X-f9n0
A part tout cela, voici des liens vers mes dernières publications :
— LA LUNE ECLABOUSSEE, MEURTRES A MAUBEUGE :
— LE TRANSFERT :
— PUTAIN DE PAYS NOIR :
Salvatore Gucciardo figure sur la page Facebook de Willy Lefèvre "Toujours masqués et lisons"
https://www.facebook.com/groups/825552764943894/permalink/838046077027896/
Willy Lefèvre : Toujours masqués et lisons
Artiste peintre, poète... Ombres et Lumières de Salvatore Gucciardo
C'est en se penchant sur l'œuvre d'Arthur Rimbaud et d'Amedeo Modigliani que Salvatore Gucciardo découvre ses dons de poète et de plasticien. À 17 ans, il a la révélation de sa passion poético-picturale. Son amour pour la poésie et la peinture l'incitera au fil des ans à créer une vision personnelle de l'homme et de l'univers qui l'aidera à se distinguer dans le panorama artistique et poétique.
En deux mots son recueil de poèmes en prose évoque les turbulences de l'existence, en quête de lumière mais aux prises avec les abysses de l'âme. Ils sont illustrés de dessins de l'auteur.
L'Orizzonte
Ombres et Lumières est comme un flux de vagues qui nous emporte dans les abysses océanes de l'âme humaine. Dans la turbulence des flots, l'être dévoile sa nudité intérieure, sa fragilité intemporelle, ses souhaits les plus enfouis. La lourdeur des nuages dévoile tous les contours et toutes les nuances de la grisaille, de la blancheur. Le combat qui se joue entre les ténèbres et la lumière est permanent.
L'ascension de l'aura de l'être vers la luminescence s'accomplira aux côtés des méandres de la vie. Les archives de la mémoire divulguent les entrailles du labyrinthe, l'écume des sentiments, le bruissement des émois. L'espoir prend la forme d'une quête vitale, d'un cheminement spirituel vers la richesse de l'aube.
L'âme c'est la voix du monde, le miroir qui reflète l'enchevêtrement de nos racines intérieures en relation avec celles de l'univers. La turbulence aspire à l'apaisement, à l'émergence du rayonnement lumineux. L'œil humain, depuis son origine, a toujours dirigé son regard vers l'infinitude du ciel, l'éclat du soleil.
Site de l'auteur : http://www.salvatoregucciardo.be/
EDmée de Xhavée nous propose un texte : 29 décembre 1890
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29 décembre 1890 – Edmée De Xhavée
Ils sont plus de cent. Cent cinquante peut-être, cent cinquante villageois terrorisés, dissimulés dans le bois. Des vieillards, des femmes et des enfants. La neige tombe et fond sur leurs yeux, leurs lèvres, les sillons de leurs visages, dans un silence de pure frayeur.
Pour ne pas laisser de traces, ils marchent en file dans le petit ru, crevant la fine couche de glace, leurs pieds insensibles après que le froid les ait vidés de leur sang. Il gèle à – 30. Peut-être plus encore, on parle de – 40.
Et puis le bruit se rapproche, les assourdit de son message de fatalité. Celui des soldats, des chevaux dont les sabots foulent le sol avec une douceur trompeuse. On crie sur eux, on les bouscule, on les force à revenir en arrière, à coups de cravaches, de taloches sur la tête, de cris dans cette langue qu’ils ne comprennent pas. Les vieillards ont le visage gris et éteint. Ils savent.
On les regroupe pour mieux les encercler. Ils sont si faibles. Une femme et sa vieille mère s’échangent un regard, adieu, adieu, adieu … La plus jeune serre son manteau contre elle, frissonnante. Adieu, adieu, adieu … Les soldats sont nerveux, cette soumission les inquiète. Il le savent bien va, que cette racaille est bien plus dangereuse qu’elle ne paraît.
Le doigt sur la gâchette, ils chevauchent nerveusement autour du groupe secoué de frissons. La vapeur s’élève du flanc des chevaux, agités par le gel et l’inquiétude des hommes. Un coup de feu éclate, on ne sait d’où, et les soldats se mettent à tirer à l’affolée sur les villageois dont certains cherchent à courir.
Les deux femmes en font partie, mais la mère s’écroule aussitôt. Sa fille trébuche et s’effondre à son tour, son manteau serré contre elle, sans un cri. Un peu de sang sort de son cou en fumant. Un vieillard se redresse avec la force de son dédain et lève une main noueuse et bleue. Sa poitrine explose et se déchire, et il retombe, déjà loin de sa souffrance.
Un à un, ils s’affalent presque tous pendant que la neige continue de voleter avec sa morne élégance. Un peu de sang, quelques gargouillements, un pleur quelque part. La fouille des cadavres pendant qu’en hâte on creuse une fosse commune. Quand elle est prête, les corps sont déjà gelés, raidis dans une mort qui les a surpris au lever du lit, peu habillés, au lever d’un matin qui aurait dû être un matin comme les autres.
Hébétés, soudain orphelins de toutes leurs traditions et culture, les rares survivants sont emmenés dans une chapelle où pend encore une banderole de Noël. Paix aux hommes de bonne volonté.
Heureusement ! Il était temps qu’on nous débarrasse de cette vermine, diront les dames au cœur injuste dans les salons là-bas, au loin, commentant cette nouvelle. Certaines ont reçu de leur valeureux époux quelques-uns des maigres trésors volés sur les dépouilles, si pittoresques n’est-ce pas ? Aujourd’hui, on ne mentionne plus leur origine, on s’affirme incapable de dire comment ils sont arrivés dans la famille…
Trois jours plus tard, une fois les soldats partis, d’autres villageois s’avancent, essayant de retrouver les leurs dans la fosse non fermée. Il neige encore, le froid mord leurs âmes, l’horreur cisaille leurs cœurs. Et puis, l’incroyable. Un pleur de bébé s’élève de la fosse. Serré dans le manteau de la jeune femme, une petite fille de quatre mois a survécu, protégée par tous les corps qui lui ont fait une barrière contre le froid.
La nouvelle du miracle fait son chemin. Un général dont la femme est farouchement active pour les droits des femmes – elle est d’ailleurs l’éditrice d’un magazine bi-mensuel féministe – sent son cœur arriviste se dilater de joie. Adopter cette fille de l’ennemi, lui offrir la rédemption dans sa famille, l’éduquer comme une des leurs … voilà qui fera parler de lui dans les salons des dames au cœur injuste, et il faut bien le dire, leur influence n’est pas à négliger. Voilà aussi qui sera un beau symbole de leur désir d’aider les vaincus à s’assimiler.
— Quel mari exceptionnellement humain vous avez, Clara ! Et dites-moi, cette petite, comment s’y fait-elle – encore un verre de Xerès ? – comment s’y fait-elle, disais-je, à cette vie de patachon ?
Elle s’y fait bien mal en fait, et bien des années plus tard, Clara admettra avoir fait plus de mal que de bien avec cette adoption forcée.
Ce massacre a bien eu lieu. C’était le 29 Décembre 1890, à Wounded Knee. Que l’on qualifia alors de « bataille ». Et le bébé a été nommé Zintkala Nuni, « oiseau perdu » en lakota.
Toute sa vie elle a couru après son identité. Elevée comme une blanche - mais le fringant général s'en désintéressa bien vite! - , elle n’avait aucun contact avec des gens qui lui ressemblaient, et aucune ressemblance avec ceux avec qui elle avait des contacts. Jamais elle ne s’est séparée du petit bracelet qu’elle avait au poignet lorsqu’on l’avait trouvée, ainsi que des minuscules mocassins et du bonnet de peau brodé d’un drapeau américain. Indocile, folle de la douleur de non-identité, sa courte vie n’a été qu’un cri strident. S’étant enfuie à 16 ans de chez le général Colby, elle s’exhiba un peu dans des shows de Buffalo Bill, puis retourna dans la réserve. Mais là, ses manières blanches mettaient mal à l’aise : elle répondait, regardait les hommes dans les yeux, riait fort, parlait pendant les repas… Une tristesse infinie l’enveloppa. Un an plus tard, elle était enceinte, et accoucha d’un enfant mort-né. Son désespoir fut alors si profond qu’elle s’est jetée dans la fosse commune de Wounded Knee où gisait sa mère, les bras déployés. Et pourtant, qui pouvait l’entendre, cet oiseau perdu ?
Elle se mit à errer ça et là, eut trois maris – dont un lui donna une maladie vénérienne -, joua dans des westerns muets, dans le Buffalo Bill Wild West Show, et retourna maintes fois dans les réserves, sans succès. Elle ne s’y sentait pas plus chez elle que dans le monde des Colbys ou des cirques.
Pauvre Zintkala Nuni, quel long cri d’agonie que sa vie.
Dans la misère la plus sordide, perdant la vue et la peau vérolée à cause de la maladie vénérienne que son second mari lui avait donnée en plus de volées de coups, c’est le jour de la Saint Valentin en 1920 qu’elle est enfin morte.
Mais son identité devait, finalement, l’envelopper et lui rendre sa dignité. En 1991 son pauvre petit cercueil fut récupéré par des membres de la nation Lakota qui lui firent un nouvel enterrement, auquel beaucoup d’Indiens assistèrent, parfois venus de loin à pied, à cheval, en camion ou en voiture. On la plaça enfin dans la fosse commune de Wounded Knee, avec ses parents et les siens. Et quelque part pas bien loin, le cœur de Crazy Horse.
Bien des Indiens vous jureront entendre des pleurs d’enfants s’élever de la fosse.
Entre 1969 et 1974, 40 % des adoptions aux USA étaient des adoptions de petits Indiens par des familles blanches. Certains étaient kidnappés, arrachés à leurs parents, d’autres étaient pris à la naissance et on disait à la mère que l’enfant était mort-né. 35% des enfants indiens passèrent alors ainsi au monde des blancs, pour une politique de « forced assimilation ». Ces enfants auxquels par la certitude d’être différents, de ressentir les choses autrement. Sans pouvoir comprendre.
Cette politique a enfin été abandonnée devant l’échec inhumain qu’elle a représenté.
Edmée de Xhavée
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