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Un acrostiche d'Olivia Billington... Labyrinthe des mirages...

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.bandbsa.be/contes2/billingtonolivia.jpg

 

 

 

 

Labyrinthe des mirages

Chez moi, c'est ici et là
Hasard du choix
Arc-en-ciel d'émotions
Sublime frisson
Stupéfiantes cueillettes
Evanescentes paillettes
Utopie, qu'importe
Rêve qui m'emporte

Devant les rayonnages
Envolée de nouveaux paysages

Page qu'on dévore
A la recherche d'un autre univers
Yeux perdus au loin
Sur la feuille où l'encre a séché
Ailleurs comme un trésor
Gourmandise comme un dessert
Espérer un beau chemin
S'y perdre et s'y retrouver



Olivia BILLINGTON

 

desirdhistoires.canalblog.com

Publié dans Poésie

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Il... Une nouvelle de Philippe Desterbecq

Publié le par christine brunet /aloys

Phil D

 

 

Il...


Un jour, il faudra que je vous explique comment j'écris. En deux mots, je vous dirais qu'un personnage s'impose à moi, il me secoue et me dit : "Ecris mon histoire".


Voilà plusieurs jours, qu'il frappe à ma porte. J'essaie de l'ignorer mais il revient toujours. Je lui dis qu'il va encore me raconter une histoire triste, qui finit mal, que les gens veulent du rêve, des histoires qui finissent bien et je le repousse.


Finalement, je l'ai écouté et j'ai retranscrit ici ce qu'il m'a dit.  J'ai hésité avant de vous faire part de son histoire. J'ai lu vos commentaires précédents. Vous êtes formidables mais vous le saviez déjà. Vos commentaires ont beaucoup d'importance pour moi, je vous lis avec attention. Vous m'avez incité à écrire et j'ai écrit. Si vous avez envie de rêver, passez votre chemin, revenez un autre jour, je ne vous en voudrai pas.


Mon personnage ne m'a pas donné son nom. Je l'ai donc appelé "il". Ca me semblait couler de source après l'histoire que je vous ai racontée au sujet d'"elle".


Il regarde par la fenêtre. La neige tombe à gros flocons. C'est devenu son occupation favorite de regarder par la fenêtre. Depuis que ses pas ne le portent plus jusqu'au bout du jardin. Depuis que ses jambes le font souffrir. Depuis qu'il attend dans son fauteuil que les heures passent, que le temps s'écoule, que la vie s'arrête...


Pourtant, il en était fier de son potager. Il avait les plus beaux légumes de tout le quartier. Ses voisins l'enviaient mais il refusait de livrer ses secrets de jardinage. C'est son grand-père qui lui a donné le goût du jardinage. C'était quelqu'un son grand-père!


Maintenant, c'est tout juste s'il arrive à se relever pour arroser le pot de thym qu'il a placé sur le rebord de la fenêtre. Il aime l'odeur du thym, elle lui rappelle ses vacances en Provence avec Adeline.


Dix ans qu'elle est partie Adeline, dix ans qu'elle l'a laissé seul ! Il lui en veut encore aujourd'hui! Qu'est-ce qu'ils ont pu se disputer tous les deux. Il n'a pas très bon caractère, il le sait mais Adeline, elle, elle avait DU caractère et il ne s'agissait pas qu'il lui marche sur les pieds.


Lors des grosses disputes, il se réfugiait dans le jardin. Il y passait des heures pourchassant le moindre brin d'herbe indésirable. C'est pour ça qu'il avait un si beau potager.


L'hiver, c'était plus difficile. Il était bien obligé de rester à l'intérieur et d'essuyer les reproches incessants d'Adeline. Il n'aime pas l'hiver sauf la neige. Il regarde tourbillonner les flocons dans le ciel sombre. Il regarde sa pelouse se couvrir d'un manteau blanc . Seul le chat du voisin se permet de salir le tapis immaculé. Son potager s'est transformé en pelouse, un jardinier vient la tondre une fois par semaine, en été. Ca lui fait une visite. En hiver, il ne voit personne...à part le médecin, de temps en temps.


Il n'a pas eu d'enfants. Adeline en voulait, lui pas. Il le regrette bien maintenant. Il aurait peut-être été moins seul...quoique...les enfants ne viennent pas toujours voir leurs parents. Ils ont leur vie, leur travail, leurs occupations,... Ca a été leur sujet de dispute le plus important à Adeline et à lui. Mais il a tenu bon! Adeline a fini par y renoncer. Il croit qu'elle lui en a toujours voulu...


Alors, pour passer le temps, il regarde par la fenêtre. Les saisons passent, il s'ennuie. Il voudrait bien rejoindre Adeline. Leurs disputes lui manquent. En fait, ce ne sont pas les disputes qui lui manquent mais la présence de celle qu'il a épousée à 18 ans, malgré les réticences de son père. C'est qu'elle était belle Adeline à cette époque. Après, les choses ont changé...elle a pris du poids, lui aussi d'ailleurs.


Il se retourne vers la photo jaunie dans le cadre sur la cheminée.


C'est vrai qu'elle était belle Adeline!


"J'arrive, murmure-t-il, j'arrive Adeline, sois patiente, je ne vais plus tarder...".

 

 

Philippe Desterbecq


Publié dans Nouvelle

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A LA UNE... TLP... et beaucoup plus si affinités

Publié le par christine brunet /aloys

 Vous avez été nombreux à me demander la poésie de Laurent Dumortier, lauréat du Prix des Ecrivains Publics de Wallonie Picarde – 2010... Et bien la voilà !!! Bravo à Laurent ! 
 
 http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:o0YOuIz-NJ0UnM:http://www.bandbsa.be/contes/chloe/laurent.jpgDans mon pays  Dans mon pays, les ailleurs ne sont jamais prononcés : ils vivent dans  un mémoire frappée d’amnésie.  Dans mon pays, les illusions sont le reflet de la réalité et les rêves des parcelles de conscience. 
 Dans mon pays, on espère des lendemains éternels sous des cieux oubliés. 
 Les miroirs n’existent pas dans mon pays, les échos non plus.  Je viens d’un pays qui n’existe plus… 
 
 Laurent Dumortier 
 gsl.skynetblogs.be 
 
 
 A voir également ICI : http://www.bandbsa.be/contes.htm
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desguinLe salon du livre Tournai La Page 2010  vient à peine de refermer ses portes. Malgré une météo fort peu engageante, de nombreux visiteurs intéressés - des amoureux des mots et des beaux livres-, sont venus saluer les auteurs, écouter des lectures textes et des prestations de slam,  participer à des ateliers d'écriture...

Ce sont principalement des maisons d'édition belge qui exposaient mais on notera la présence de quelques maisons d'édition française, des bouquinistes ..

 

Sur le stand de Chloé des lys, les auteurs étaient fidèles à ce rendez-vous littéraire incontournable. Durant les deux jours, ces allumés des lettres se sont succédés et chacun à sa manière a vécu son petit succès :

- Florian Houdart : Black out

- Damien Gousset :   Tout est dans la conviction

- Marie-Claire george :  L'ange gardien 

- Didier Fond : Grand-père va mourir  

- Nathalie Marcon : Le château imaginaire, Maud et le pouvoir des fées

-  Hugues Draye : FActeur, où vas-tu ? , Chemin faisant…

-  Martine Dillies-Snaet : Les beffrois, Taches d'encre…

- Bob Boutique : contes bizarres …

- Josette Lambreth : Cinq pages et ses livres précedents …

-  Micheline Boland : Le magasin de contes et ses six premiers livres …

- Christian Van Moeur : La seconde chance de Corentin, La Belle Oubliance - -   - Nathalie Druant : Si je ne t'écris pas et  ses nombreux autres livres

- Benoît Frenay : Symbiose

- Laurent Dumortier : Changements et ses autres recueils…

- Michel Meurisse :

- Jean Harmel :  Les oiseaux d’Argelès

- Alain Bustin : Albert ou la quête d’un marathonien

Un merci tout particulier aux auteurs venus en visiteurs : Thierry Ries, Céline Geerts, Gaston N’danyuzwe, Cathy Bonte, Christophe Leurquin, Louis Delville…

Deux membres actifs deCorelap, l'imprimerie en qui Chloé des lys met toute sa confiance pour la réalisation de ses livres, sont également passés nous voir et tous les auteurs ont pris connaissance du professionnalisme de cette société....

Ces deux journées mises à profit pour créer des contacts et échanger des idées se terminèrent sur un double succès puisque le prix des écrivains publics de Wallonie picarde couronna un texte de Laurent Dumortier, l'actif administrateur de Chloé des lys et le prix de la nouvelle historique fut remporté par un autre auteur de Chloé des lys ....

 Carine-Laure Desguin

carinelauredesguin.over-blog.com

 


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A voir sur ACTU: la vidéo du stand de Chloe des Lys à la foire du livre de Tournai la Page. http://photos-f.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash2/hs488.ash2/76116_490918372358_676387358_7076751_8223875_s.jpgbobclinBeaucoup de pluie dehors sur la Grand-Place, mais autant d'ambiance à l' intérieur... voir ici: http://www.bandbsa.be/contes.htm

 

http://www.youtube.com/watch?v=kOlzhobrdxI

 

 

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H.draye annonce...
 
- vendredi 26 novembre, dès 20 h, à Haine-saint-Pierre, près de la Louvière ... à l'ancienne gare ... Miche Stennier, Jean-Marie Dollé et Hugues Draye donn'ront un spectacle autour des chansons de Georges Chelon ... Philippe Mai fera partie de la fête
 
- les vendredis 10 et 17 décembre, dès 20h, au Cercle Diogène, rue Eudore Pimez, 36, 1040 Etterbeek (Bxl), avec AUde Van Diest
=> huguesdrayes.over-blog.com

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A voir sur ACTU:


=> Monique Thomassettie a déjà publié 43 ouvrages ! "Mon beau cygne perle". Bruxelloise, peintre- écrivaine, elle avait tout pour réussir: " je suis née dans une maison en face d'une gare l'une et l'autre souventhttp://photos-g.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc4/hs984.snc4/75718_492325937358_676387358_7091529_4694726_s.jpg représentées par Paul Delvaux ; d'autre part, Liliane Wouters fut mon institutrice en 1° et 2° primaires...". Tous ses livres n'ont pas été publié chez Chloe des Lys bien sûr. Mais ce conte philosophique et poétique, oui. Voir: Voir: ICI http://www.bandbsa.be/contes.htm


 

http://photos-e.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash2/hs483.ash2/75608_492781402358_676387358_7096663_4436991_s.jpg=> A voir sur ACTU: Laurence Amaury dans l' aCTU-tv du 14 nov sur la chaîne YouTube de CD.L Pour rappel, Laurence Amaury vient d'être honorée pour l'ensemble de son oeuvre par l' Association Royale des Ecrivains de Wallonie. Un évènement qui s'est déroulé en octobre dans un restaurant bruxellois et auquel assistait ACTU-tv ( attention, il y a deux parties ) ICI    http://www.bandbsa.be/contes.htm

 

=> A voir sur ACTU: "Contes Bizarres" de Bob Boutique. Une lecture de Pierre Guelff sur "Fréquence Terre" de Radio France. Le "Contes Bizarres II" doit sortir incessament, mais un commentaire sur le premier livre restehttp://photos-d.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash2/hs588.ash2/150999_492276287358_676387358_7091049_554577_s.jpg d'actualité, tant les deux ouvrages sont semblables dans leur concept, des histoires bizarres ! Une lecture signée Pierre Guelff qu'on ne présente plus... voir: http://www.bandbsa.be/contes.htm

 


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Visuel Auteur - PDNA
Samedi 4 decembre 2010 à la Maison de la Bretagne

8 rue de l'Arrivée, Paris 15ème
de 11 à 12 h 30 , et de 14 à 18 h

                                                                                                                                                                                                                                  

organisé par :  
La
 Fédération des Sociétés Bretonnes de la Région Parisienne, Ti Ar Vretoned et l'Entente Culturelle Bretonne.

Vous pourrez y rencontrer...Liza Bartolo Bardin, Jean-PierreBoulic, Jean Bulot, Marie-José Christien, Claude Crozon, RogerCoupannec, J. David , Catherine Denninger, Claire Fourier,Colette Geslin, Jean Guillou représenté par Jean ClaudeThomas Christian Hersan, Martine Hidoux-Roussel, Jean-Claude Jezequel, Yves Josso , Emmanuel  Jussiaux, Alain Kernevez, Yves Lainé, Daniel Le Bras, Marie Le Gall, Jean-Pierre Le Goff, Mireille Le Liboux, Josy Malet-Praud EvelynePernel , Isabelle Pivert, Serge Plenier, Michel Priziac, BriacQueille, Vincent Raude, David Raynal, Claude Y. Roussel,Philippe Rubert, Yann Venner, Sophie Vuillemin, Zannie Voisin.

Vous pourrez assister à : 
 
- Une conférence sur
 Paul-Antoine Fleuriot de Langle, commandant de la frégate Astrolabehttp://www.agencebretagnepresse.com/photos/16680/1.jpg lors de l'expédition de Lapérouse, par J. C. Thomas,
- La projection de "Gwerz an Dislounk Tan", complainte en breton sur l'éruption de la Montagne Pelée en 1902. Ce
 montage vidéo, réalisé par Jean-Pierre et Claudine Durand,  restitue un spectacle musical illustré créé au CLC du Guilvinec le 15 janvier 2010. 
- Une conférence sur "l'image de Paris dans les
 chansons en breton sur feuilles volantes" par Thierry Rouaud.
- Une conférence en breton sur le Pays de Galles par Christine Le Menn (Ti ar Brezhoneg) 

Visiter les stands de :
- "Evid Skoliou  Diwan", association de soutien aux écoles Diwan et en particulier celle de Paris

 

 

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http://photos-h.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc4/hs988.snc4/76120_146177928764046_100001155185743_227561_1862155_s.jpgA la radio libre de mouscron, RQC, non pas le 13 mais le 14 entre 11 heures et 11 heures 30'. J'y parle de quoi ??? De mon roman "APRES TOUT..." et de mon éditeur Chloé des Lys pendant que des ciollègues1282193-1681385 "font" Tournai la Page

 

Rappel


Jacques De Paoli présentera son roman « APRES TOUT…» A LA BIBLIOTHÈQUE RENE HENOUMONT RUE LARGE VOIE 110 HERSTAL LE 26 NOVEMBRE A 15 HEURES. La chanteuse/diseuse Madame Muriel Vigneron y lira des extraits comme elle le fit avec talent à la bibliothèque d’Auvelais (Sambreville) dans le cadre de La Fureur de Lire.

 

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gauthier hiernaux2

Bonjour à toutes et à tous,

 

Le 14 novembre, j’ai participé, avec de nombreux autres auteurs de Chloé des Lys, à ‘Tournai La Page’. Une vidéo, tournée par Bob Boutique, également publié chez Chloé des Lys, est disponible via mon blog.

 

Pour celles et ceux que cela intéresserait, je serai présent 28 novembre à la 8ème Foire du Livre Belge à Uccle (Centre culturel, rue Rouge 47 à 1180 Uccle à partir de 14h00. Notez que cette Foire est essentiellement axée sur les auteurs belges, une exclusivité en Belgique...

 

Enfin, last but not least, mon 4ème ouvrage intitulé « Tribu silencieuse » a été accepté par le comité de lecture. Les contrats ont d’ores et déjà été signés et ont été envoyés à l’éditeur. Ce nouveau livre paraîtra de toute évidence l’année prochaine et n’aura aucun lien avec l’univers de Grandeur & Décedence que je déploie actuellement.

 

Plus d’infos sur mon blog (www.grandeuretdecadence.wordpress.com).

 

 

 

Publié dans ANNONCES

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Céline GIERTS : j'ai lu Contes Bizarres de Bob Boutique

Publié le par aloys.over-blog.com


http://www.bandbsa.be/contes2/giertstete.jpg
DE retour du monde de Bob !


Le monde de Bob est effectivement bizarre et un peu noir...


Serait il un descendant de la famille Adams avec cette main esseulée sur son épaule? 


Bob n'aime pas les happy end mais quelque fois il s'y laisse aller quand même à l'aide d'une petite fée lutin et du lecteur (mon conte préféré), il sauve un suicidaire ou accepte d'un viking qu'il devienne un sauveur (et encore pour combien de temps? a -t-on vraiment découvert toutes les facettes de la personnalité de ce géanthttp://www.bandbsa.be/contes/cover.gif ou un autre piège nous attend il encore au tournant?)


Bob a l'art de nous plonger dans un quotidien riche de détails pour nous emmener dans les aventures les plus inattendues. Méfiez-vous des humains!


Il préfère que les tueurs soient des femmes. Son monde est peuplé de psychopathes: noyade, fusillade, explosion, piège sous cave.. la fin justifie tjs les moyens! 


Et lorsque les femmes deviennent victimes c'est d'avoir cru à tort l'homme mauvais, la porte se referme sur leur erreur!


Bob nous aurons notre revanche à coup de plume un jour de carnaval, le masque tombera !

 

Céline Gierts

Publié dans Fiche de lecture

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Carine-Desguin: "Sans jamais se le dire" IV et V

Publié le par aloys.over-blog.com

desguin

SAns jamais se le dire  ( IV)

 

Dépêchons-nous d'écrire ces deux vies
Ces instants de soleil ou de vent ou de pluie
Dépêchons-nous d'écrire tous ces mots
Avant qu'ils ne s'oublient
Et finissent en sanglots

Collons - les sur les murs
Sur les portes n'importe où
Je le sais les blessures
Sonnent en coup de grisou

Collons vite ces moments de nous deux
Ces souffles courts ces instants indécis
Quand vous disiez je veux
De vous Dix minutes de sursis

Oui je voudrais monsieur les peindre sur les murs
Tous vos regards de feux je ne le savais pas
Que c'était vous le soldat sous l'armure
Celui qui maîtrisait mon corps sans le moindre faux pas ...

 

SAns jamais se le dire (  V )

Je me souviens très bien c'était un jeudi soir
A la tv le film ne me plaisait pas trop
Je lisais je rêvais toute seule dans le noir
Je me disais princesse je vous voyais héros

Le GSM sonna c'était un sms
De vous et me voilà surprise
Vous citiez mon prénom je compris la détresse
Et vous sonnai de suite que ce silence se brise

Vous étiez tracassé pour les jours à venir
Je comprenais fort bien ce que vous me disiez
J'écoutais votre voix ce ton grave ces soupirs
Ces petits mots d'émoi que vous me réclamiez

Ce que je n'oublie pas et n'oublierai jamais
Ce sont les derniers mots que nous nous sommes dits
Puis l'un et l'autre chacun comme deux étourdis
Ne voulions être le premier à vouloir raccrocher

Le silence s'installa entre nos longs désirs
De se parler encore sans jamais trop se dire ...


 

Sans jamais se le dire (VI)


Dites  entendez- vous  quand je vous  parle

Quand je cherche les mots qui vous feront sourire

Ceux-là mêmes comme on caresse un châle

Que vous soufflerez quand je serai partie

 

Je les attends savez-vous ces quelques instants

Ces journées nous les offrent les étoiles généreuses

Couronnes électriques au - dessus des amants

Se moquant des poussières des ténébres glorieuses

 

Avant de vous voir je rêvasse j'imagine

Ombres dans la brume mes pensées sont d'azur

Les vôtres  que sont-elles rouges sang opalines

Capitaine regardez - moi  respirez ces murmures

 

Je les attends savez-vous ces moments volés 

A qui à quoi ne sommes-nous pas éternels 

Et si nous étions libres les aurait-on mêlés

Ces départs censurés prisonniers et charnels ? 

 

   


Carine-Laure Desguin
http://carinelauredesguin.over-blog.com
  
  

  

Publié dans Poésie

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Le jeu d'ALOYS : Journal d'un cachalot II...LA SUITE !

Publié le par aloys.over-blog.com

gauthier-hiernaux2.jpg

 

 

 

( ...) Jonas Helmd vint le rejoindre.

- Tu voudrais me dire quelque chose ?

 

Les doigts de Dikhe effleurèrent longuement les reliefs de la toile.

- Pas pour l’instant. Continue ton histoire, s’il te plaît, Jonas.

 

L’autre respira un grand coup avant d’obtempérer.

- Ce que je voulais dire, c’était que les œuvres de Bernaerdt étaient similaires à celles de Wagner, si ce n’est que les siennes dégageaient quelque chose de plus… violent si tu veux mon sentiment, une certaine agressivité sous-jacente… J’ai eu, pour ma part, l’impression qu’on arrachait mes émotions au lieu de les stimuler. C’est un processus assez inhabituel en peinture.

 

Il attendit la réponse de son compagnon, lequel resta silencieux.

- J’étais face à des variantes de l’art d’un autre, des variantes bien meilleures que les originales mais l’œil de l’expert ne pouvait faire autrement que d’y voir une même pensée. Le public n’y a vu que du feu et je suis prêt à parier que mes confrères et les professeurs de l’académie eux-mêmes s’y sont laissés prendre.

- Seuls les trois compères de Mark Wagner ont soulevé le coin du voile.

- Non, Tom, pas du tout. Enfin, je veux dire qu’ils l’ont peut-être découvert –sans doute même – mais ils se sont tus. Que pouvaient-ils dire ? Le ‘cachalot’ a piqué les toiles de notre ami Wagner dont personne n’a de nouvelles et s’en est inspiré pour produire des œuvres plus puissantes, peut-être les plus époustouflantes de ces dernières années ? Soyons sérieux.

 

Il happa deux coupes de champagne qu’un serveur présentait et en une tendit à Tom Dikhe.

- Bois, ça te fera du bien.

 

Il vida sa coupe en deux gorgées sous le regard bienveillant de Jonas qui, à son tour, en avala une lampée. L’alcool fit revenir les couleurs sur les joues de Tom qui osa enfin poser une question :

- Penses-tu que la disparition de Wagner et la subite maîtrise de ce tâcheron a été le sujet de la conversation entre le ‘cachalot’ et le trio lors du vernissage ? 

 

L’homme se contenta d’acquiescer. Une réponse verbale aurait été inutile. De toute manière, ils n’auraient jamais la réponse : Borms et Müller étaient décédés. Quant à Ulrich Ärmstad, il suffisait de le voir, bavant dans la chaise roulante, pour comprendre qu’il n’avait plus le moindre pied dans cette réalité.

- Nous ne saurons donc jamais, soupira Jonas Helmd en vidant le reste de sa boisson pétillante.

 

Ils restèrent muets quelques instants, observant le ballet des admirateurs aux pieds de la déesse froide.

- Ulrich ne se souvient même plus de son prénom, railla une voix de vieille fumeuse dans leur dos, provoquant un hoquet de surprise des deux hommes.

 

La personne qui intervenait avait entendu leur conversation. Revenu de sa surprise, Jonas cligna des yeux comme si sa mémoire tentait de faire le point pour reconnaître ces traits fanés.

 

La vieille dame – plus âgée que les deux critiques d’art en tous cas – avait été belle autrefois et tenait de garder les vestiges de son succès en s’habillant très élégamment. Du reste, ses cheveux encore longs, étaient teints pour la rajeunir mais les nombreuses rides de son visage et l’état de ses mains la trahissaient cruellement.

 

Elle leur sourit.

- Je suis Ana Ostermann. L’ex-épouse d’August Müller.

 

Jonas Helmd lui tendit la main en s’excusant de ne pas l’avoir reconnue plus tôt mais elle le fit taire d’un geste de la main.

 

Elle était coquette mais elle ne semblait pas avoir de temps à perdre.

- Ulrich a un Alzheimer très avancé. Je suis sûre qu’il ne sait même pas pourquoi il est là… C’est son fils qui l’a amené ici. Il a dû penser que Brenaerdt était un vieil ami et que cela raviverait ses souvenirs !

 

Elle ricana de manière sinistre et tendit son verre au serveur qui passait par là. Il le lui remplit de champagne qu’elle avala d’un trait avant de le tendre à nouveau. Elle n’aurait pas procédé autrement si elle n’avait pas décidé de se saouler. D’ailleurs, en y regardant de plus près, Tom se rendit compte qu’elle avait déjà du mal à se tenir sur ses hauts talons.

 

Elle alluma une cigarette et souffla un rond de fumée.

- J’étais aux côtés de mon mari quand le ‘cachalot’ nous a parlés. Ca a été une surprise, je vous prie de le croire ! Hans-Erik Brenaerdt, puisque c’est ainsi qu’on l’appelle aujourd’hui, n’était pas un homme prolixe, August m’avait prévenue. Il était certain de ne l’avoir jamais entendu ouvrir ses grosses lèvres. Quand j’ai vu leur tête lorsque le ‘cachalot’ a parlé, j’ai compris que c’était vraiment un choc pour eux.  

 

Elle tira sur sa cigarette si fort qu’elle en loucha un instant.

- Pouvez-vous nous dire quel a été le sujet de cette conversation, Frau Ostermann ? questionna Jonas d’un ton quelque peu hésitant.

 

L’ex-femme d’August Müller aspira la fumée et la recracha avec un long soupir.

- Tout ça est si loin à présent...

 

Le critique coula un regard plein de sous-entendus vers elle et Frau Ostermann finit par céder.

- Et puis non, je ne pourrais jamais oublier ça… Mais je…

 

Sa tête pivota dans tous les sens. Sans doute cherchait-elle à déterminer les risques d’être entendue par les personnes présentes au vernissage. Elle dut estimer que le danger était quasi nul car elle se pencha vers les deux hommes et leur souffla :

- Je ne suis pas folle, quoi qu’on en dise. Si Ulrich Ärmstad avait encore toute sa tête, il aurait pu confirmer mes propos...

- Est-ce que le ‘cachalot’ a fait du mal à votre ami Mark Wagner ? demanda Jonas d’un ton fébrile.

 

Il avait envie de secouer la vieille dame pour qu’elle leur livre enfin la vérité et cesse de tourner autour du pot mais il savait parfaitement qu’il obtiendrait l’effet contraire s’il s’abandonnait à ses pulsions. D’un autre côté, il comprenait les réticences de Frau Ostermann. Comme elle leur avait signalé, il n’y aurait personne pour confirmer ses dires. Mais il semblait à Jonas que cette dame avait besoin de se confier. Elle gardait ce secret depuis tant d’années et l’homme était prêt à parier qu’il était à l’origine de sa séparation avec August Müller.

 

Elle chercha à prendre appui contre un mur à défaut de trouver une chaise mais son état rendait ses gestes gauches et si Tom Dikhe n’avait été là pour la rattraper, elle aurait fini en bas des escaliers, dans la jarre garnie de fleurs. Elle le remercia puis leur proposa de prendre un peu l’air.

 

La vue du ‘cachalot’ la rendait mal à l’aise.

 

Dehors, il faisait un temps superbe et ils se promenèrent longuement dans le parc qui jouxtait la salle.

 

C’est lors de leur troisième tour qu’Ana Ostermann leur livra ce qu’elle avait sur la conscience depuis trente-cinq ans.

 

***

 

Il avait disparu quatre mois avant l’exposition d’Hans-Erik Brenaerdt.

 

Son ex-femme pensait que, suite à son échec, Wilhem De Jaeger était rentré en dépression et avait quitté le pays.

 

Ses amis (ou du moins le peu de gens qui prétendaient le connaître) étaient certains qu’il avait trouvé une maîtresse et qu’il coulait des jours heureux en sa compagnie alors qu’une minorité d’entre eux craignait qu’il n’ait pas supporté l’échec et qu’il ait mis fin à ses jours.

Seule la police qu’il avait été interroger n’avait pas d’avis sur la question. De Jaeger était un adulte responsable de ses actes et, sans demande explicite d’un membre de sa famille, aucune recherche ne serait effectuée pour le trouver.

 

On n’avait mis la main sur aucune lettre expliquant son départ et aucun de ses proches (ou l’ayant été) ne le décrivait comme quelqu’un de suicidaire. Il n’y avait donc pas matière à enquête.

 

Mais Tom Dikhe et Jonas Helmd, savaient, grâce à Ana Ostermann, ce qui s’était passé, bien qu’ils aient préféré l’ignorer.         

 

C’est Tom qui avait le courage de sonner.

 

Son compagnon avait eu le corps paralysé au moment même où il avait vu le nom de l’artiste sur la plaque. C’était comme s’il avait soudain pris conscience de la raison de leur présence ici alors que c’était lui qui avait organisé la rencontre.

 

C’était lui qui avait tendu le piège au ‘cachalot’ mais, à présent que la confrontation allait avoir lieu, il était terrorisé.

 

Il savait ce que l’homme avait fait à Mark Wagner, puis à Wilhem De Jaeger.

- Je… je crois que je ne peux pas, avait-il déclaré.

 

Son compagnon s’était tourné vers lui, le sourcil interrogateur.  

- Alors j’irai seul, avait-il décidé puis il avait sonné.

 

Cela faisait une heure que Tom Dikhe était monté dans l’appartement et que Jonas exhortait ses muscles atrophiés à sortir de leur léthargie. Brenaerdt lui avait ouvert la porte. Peut-être les avait-il repérés au vernissage et les attendait-il.

 

Ils avaient réussi à faire sortir de loup de sa tanière mais il redoutait d’en connaître le prix. Il savait qu’il devait appeler la police, que le ‘cachalot’ ne pouvait pas faire disparaître le corps de son ami si vite et si facilement.

 

Il réussit à bouger une jambe. Puis une autre.

 

Quand son esprit réussit à sortir de son état cotonneux et qu’il commença à se demander où était le poste de police le plus proche, la porte de l’immeuble habité par Hans-Erik Brenaerdt s’ouvrit lentement et il ne put réprimer un cri.

 

Mais au lieu de se retrouver face au ‘cachalot’, c’était la tête de Tom Dikhe que le critique d’art avait face à lui.

 

Il lui fallut un temps insensé avant de retrouver sa salive et ce qui jaillit de sa bouche fut d’abord une sorte de borborygme.

- Qu’est-ce que… qu’est-ce que tu as fichu là-haut ! Ca fait presque deux heures que je t’attends !

 

Tom rectifia le port de sa cravate, acte passablement inutile puisque son état général aurait eu besoin d’un coup de peigne. Ses mains tremblaient légèrement mais, dans un premier temps, Jonas ne le remarqua pas.

- J’ai… discuté avec Brenaerdt, dit-il très sobrement.

- Discuté avec le ‘cachalot’ ??? s’étrangla l’autre qui n’aurait pas réagi avec plus d’étonnement si on lui avait signalé une vie extraterrestre dans le siphon de sa baignoire.

- Enfin, se reprit Tom Dikhe, c’est moi qui ait parlé et Brenaerdt m’a prêté une oreille attentive…

- Comment a-t-il réagi à nos accusations ?

 

Dikhe le gratifia d’un regard plein de sous-entendus.

- J’aurais aimé que tu sois présent, Jonas. J’ai vécu dans cet appartement la pire honte de ma vie ! Franchement, j’aurais dû rester en bas avec toi.

- Mais que…

- Ana Ostermann est folle à lier ! Nous avons marché dans son jeu comme deux gamins !

 

Alors que Helmd ouvrait la bouche pour protester, son compagnon tendit sa main pour l’arrêter.

- Je sais ce que tu vas dire, Jonas mais, conseillé par Hans-Erik Brenaerdt, j’ai téléphoné au Docteur Wiseman qui suit l’ex Frau Müller depuis des années. Il n’a pas pu rentrer dans les détails mais Ana Ostermann est pensionnaire d’un hôpital psychiatrique depuis dix ans. Comprends-tu que j’ai accusé Brenaerdt de je ne sais quelles horreurs sur base d’allégations d’une malade mentale ?!?

 

Son corps paru se dégonfler et son visage prendre dix ans.

- S’il porte plainte, je peux dire adieu à ma carrière, Jonas. Voilà où ton imagination débridée m’a mené !

 

Il s’avança de quelques pas et contourna son ami. Comme Helmd ne réagissait pas, il ne s’arrêta guère.

 

L’homme resta un moment interdit. Il ne savait pas à quoi il s’était attendu mais certainement pas à se faire remonter les bretelles par ce brave Tom Dikhe qui était une crème d’homme.

 

Il le regarda s’éloigner, les épaules voûtées, jusqu’à ce qu’il ait disparu dans une rue perpendiculaire.

 

Jonas jura intérieurement.

 

Il avait pris le ‘cachalot’ pour une sorte d’ogre qui se nourrissait de la chair et du talent des jeunes auteurs en devenir. Ses soupçons avaient été confirmés par une folle mais Tom n’avait-il pas lui aussi reconnu dans la dernière production de l’artiste la patte d’un certain Wilhem De Jaegere aujourd’hui porté disparu ?

 

Il avait été victime des circonstances mais se félicitait de ne pas avoir vécu la cuisante honte de celui qui était monté. Il essaierait de se faire pardonner. Après tout, cela n’était pas si grave.

 

Tom était un vieux briscard et Brenaerdt n’était pas du genre à appeler la police pour des queues de cerises. Il essaya d’en rire. Mais il n’y arriva pas.

 

 

***

 

 

Il regarda l’homme s’éloigner, le pas plein de fureur.

 

Il attendit que l’autre le rejoigne car il savait qu’ils étaient venus à deux. Il avait hâte qu’il s’en aille, il avait besoin de calme pour réfléchir.

 

Il attendait un homme, une sorte de marginal dont le talent s’exprimait sur les murs de la ville. Il l’avait invité prendre un repas chez lui, ce soir.

 

Et, en prévision du repas, Hans-Erik Brenaerdt se pourlécha les babines.

 

 

Alors, alors... Qui est l'auteur, en fin de compte ?


 

GAUTHIER HIERNAUX

grandeuretdecadence.wordpress.com

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Le jeu d'ALOYS : Journal d'un cachalot

Publié le par aloys.over-blog.com

point d'interrogationJournal d’un cachalot

 

 

Il s’appelait Hans-Erik Brenaerdt mais depuis bien longtemps on ne l’appelait plus que le ‘cachalot’.

 

Il y avait plusieurs raisons à cette appellation mais, de manière générale, on ne retenait que la première, la plus évidente en somme. 

 

Sa bouche aux lèvres qui couraient loin sur ses joues comme si elles s’étiraient sans cesse, son ventre si proéminent qu’il lui ouvrait un passage dans les foules et sa taille très respectable (un presque double-mètre) avaient concouru à sa réputation.

 

Le ‘cachalot’ était son surnom depuis l’école primaire, quand il avait commencé à prendre beaucoup de poids, jusqu’à aujourd’hui où sa balance accusait un peu plus de cent quarante kilogrammes.

 

Son père était énorme, sa mère ne l’était pas moins.

 

Il était certain que s’il avait eu un frère ou une sœur, ils auraient eu le même gabarit. Mais ses géniteurs en étaient restés là, échaudés sans doute par le mal qu’il avait dû rencontrer à l’accouplement.

 

Ils étaient morts aujourd’hui et ‘le cachalot’ nageait seul parmi les requins.

 

Mais pour l’heure, l’affiche qui claquait au vent le rendait fier. Et pour cause : sur toute sa surface s’étalait son nom en lettres capitales.

 

Son véritable patronyme, s’entend.

 

Hans-Erik Brenaerdt.

 

C’était sa toute première exposition, son heure de gloire mais, pour l’instant, il jouissait d’un tout autre spectacle. 

 

Il attendait dehors, sous la pluie battante, sans la protection d’un parapluie, mais cela ne le gênait guère (de toute manière, l’eau gênait-elle les cachalots ?).

 

Il les voyait arriver un par un, ceux qui l’avaient raillé pendant des années, plus curieux qu’intéressés par ce qu’ils allaient découvrir, il en aurait mis sa nageoire à couper.

 

Sans doute espéraient-ils rire de lui encore une fois.

 

Il leur promettait une belle surprise. 

 

Il vit Ärmstad qui l’avait tant ridiculisé un jour qu’il avait failli fondre en larmes.

 

Il aperçut Borms qui lui avait trouvé son surnom du ‘cachalot’ à l’école primaire et Müller qui avait fait courir sa maudite réputation.

 

Quant au si talentueux et irréprochable Wagner, il savait parfaitement qu’il ne viendrait pas.

 

Ärmstad, Borms, Müller et sa femme essayaient de rentrer dans le bâtiment en tentant de gâter au minimum leurs petits costumes chics.

 

Il les haïssait tous, raison pour laquelle il les avait tous invités au vernissage de son exposition. Il était certain qu’ils n’auraient pas parié un kopek sur la qualité de ce qu’ils allaient voir. Ils étaient venus pour le montrer du doigt, rien de plus.

 

‘Le cachalot’ n’était qu’un sujet de moquerie, il le savait bien.

 

Il attendit qu’ils aient tous pénétré dans la grande salle illuminée avant de s’engager sous le déluge.

 

Les voitures s’arrêtèrent pour le laisser passer et il n’y eut aucun coup d’avertisseur quand bien même il traversa hors des passages cloutés.

 

Il atteignit le trottoir d’en face et entreprit de gagner la double-porte de la galerie.

 

Hubert Schouppe, le galiériste, qui l’attendait de pied ferme le vit arriver et son sourire s’élargit.

- Herr Brenaerdt! brama-t-il en levant la main en sa direction. Je désespérais de vous voir. Tous vos invités sont déjà là !

 

Schouppe jeta un coup d’œil à l’accoutrement de son poulain et remarqua que ses vêtements amples étaient non seulement sales de mauvais goût mais lui collaient au corps comme une deuxième peau. Il réprima une moue de dégoût ; ce jeune homme était peut-être un porc mais c’était un authentique génie ! Il ne comprenait pas comment on pouvait associer si mal les couleurs quand on les assemblait si parfaitement en peinture.

 

‘Le cachalot’ (Hubert Schouppe n’aurait jamais osé le nommer ainsi mais il savait parfaitement comment on  surnommait son poulain) s’effaça pour laisser l’homme gigantesque pénétrer dans la galerie.

 

Tous les regards convergèrent naturellement vers le personnage.

 

Le directeur de la galerie aurait éprouvé un certain émoi à être la cible de tant de paires d’yeux mais ‘le cachalot’ se contenta de rester immobile.

 

Mais si l’homme avait l’air atone, il n’en restait pas moins vigilant. Ses yeux traquaient Adolf Borms, August Müller et Ulrich Ärmstad dans la foule. Il voulait savoir s’ils avaient vu ses peintures avant de faire le moindre pas dans la salle.

 

Il repéra Müller avec sa femme à côté du buffet froid. Immédiatement après, ses yeux se posèrent sur Ärmstad et Borms, côte à côte près du porte-manteaux. Ils avaient l’expression dont ‘le cachalot’ avait rêvé : ahuri et perdu. Intérieurement, très intérieurement même, il sourit.

 

Sa main s’anima alors. Elle s’enfonça dans la poche intérieure de sa chemise ample et en sortit un mouchoir qui avait déjà été maintes fois utilisé. Il s’en servit pour éponger un front constellé de gouttes car, s’il faisait chaud dans la salle silencieuse, le moindre effort faisait suer ‘le cachalot’.   

 

Une femme s’avança vers lui, lentement. Elle était belle mais elle était intimidée ce qui rendait son pas incertain. Elle hésita un instant quand elle ne fut plus qu’à un mètre de la pointe du ventre du ‘cachalot’ et lui tendit la main.

 

‘Le cachalot’ avait déjà vu cette femme. N’était-ce pas elle qui servait de mécène aux infâmes barbouillages de Müller ?

 

Elle s’humidifia les lèvres dans une coupe de champagne avant de parler :  

- Vos toiles sont tout simplement magnifiques, Herr Brenaerdt. Je ne suis… je n’ai jamais… je n’ai pas de mots pour décrire ce que je vois, enfin, pas encore…

- Quelle vivacité ! Une réelle audace dans les formes et les couleurs ! s’exclama un vieux monsieur à sa droite.

 

‘Le cachalot’ tourna sa tête vers lui et le gratifia d’un haussement de sourcils. Ces deux mouvements prirent une éternité.

 

Il s’agissait de Herr Günst, l’un des professeurs de peinture qu’il avait eu à l’académie. Il n’avait aucun grief particulier à son égard, mis à part le fait que le monde réel était sans importance pour Herr Günst. L’enseignement était, malheureusement pour lui et ses étudiants, une profession exclusivement alimentaire dont il s’acquittait vaille que vaille car il ne pouvait pas vivre de sa peinture.

 

L’après-guerre avait été cruelle avec les enfants de l’Allemagne défaite. Les arts, plus que tout autre secteur, en avait terriblement souffert.

 

Günst avait été contraint de dispenser son savoir-faire à des tâcherons sans talent qui ne feraient, qu’au mieux, recopier toute leur vie des œuvres des maîtres, au pire, tenter d’en inventer ou de révolutionner l’art.  

 

Il avait dû décider à un moment donné de se réfugier dans son univers et personne, pas même ses pairs, ne savait vraiment à quel moment il s’était déconnecté du monde.

 

Mais aujourd’hui, lors du vernissage de Hans-Erik Brenaerdt, peintre d’à peine vingt-deux ans, il avait l’impression d’avoir tout de même réussi à transmettre une part de son génie.

 

Le sourire du ‘cachalot’ étira sa face large et tout le monde – en tous cas, les personnes qui se tenaient à proximité – s’attendit à une réponse de sa part. Mais l’artiste se contenta de le dévisager avec son étrange rictus.

 

Peu lui importait les flagorneries. Tout ce qui lui était précieux, c’était de recevoir les plus plates excuses de ses trois ennemis.

 

Son visage massif se détacha avec la vitesse d’un glacier de celui, blême, de son ancien professeur.

 

Le public, interloqué par la réaction de celui qu’ils étaient venus congratuler, s’écarta comme la Mer Rouge devant Moïse quand l’artiste s’avança en direction du trio craintivement regroupé autour du couple Müller.

 

Son ventre toucha presque la femme de Müller qui sursauta autant de surprise que de dégoût.

 

Il inclina la tête en direction d’Ulrich Ärmstad qui, en réponse, recula. Il fit de même avec Borms et Müller tout en ignorant superbement Frau Müller. Les femmes n’avaient jamais intéressé le ‘cachalot’, surtout des péronnelles comme cette danseuse de cabaret aux mœurs dissolues.

 

Lorsqu’il fut certain qu’il avait toute leur attention, il ouvrit enfin la bouche.

 

Par la suite, lorsqu’ils se furent remis de leurs émotions, Ärmstad affirma à ses compères qu’il avait eu l’impression qu’on avait ouvert devant lui la porte d’une crypte abandonnée depuis des siècles.

 

Nul ne sut ce que le ‘cachalot’ leur dit car il murmura davantage qu’il ne parla. Le public eut beau tendre l’oreille, il ne saisit que quelques mots de la faible réplique d’Adolf Borms lorsque le ‘cachalot’ prit congé d’eux et quitta, sous le regard médusé de ceux qui étaient venus admirer ses toiles, les lieux de l’exposition.

 

Dans les semaines qui suivirent, la popularité de Hans-Erik Brenaerdt, autrefois surnommé ‘le cachalot’ grandit de manière exponentielle, malgré le fait qu’il se montrait peu et accordait encore moins d’interviews aux journalistes qui souhaitaient le rencontrer. Son exposition attirait les foules et, en moins de six semaines, toutes ses toiles étaient vendues.

 

L’année suivante, il reçut une proposition pour intégrer l’école d’art dont il était issu. Il la refusa, officiellement parce qu’il ne se sentait pas prêt malgré les éloges dont on l’abreuvait quotidiennement, officieusement parce qu’il savait qu’il n’avait rien à dire.

 

Cette année là, Adolf Borms, dépressif depuis des années, se défenestra de son appartement situé non loin du Staatsoper Unter den Linden et le couple Müller divorça avec pertes et fracas.

 

Quant à Ulrich Ärmstad, il quitta l’Allemagne et fit carrière en Autriche dans une usine de son père.

 

De lui-même, il ne remit plus jamais les pieds à Berlin.

 

***

 

Cinq années de labeur à travailler sans cesse les mêmes sujets et à déchirer plus qu’à produire.

 

Cinq années où le découragement avait été devant sa porte, le doigt sur la sonnette.

 

Cinq années enfin où il avait perdu plus que sa femme, lassée par son absence de la vie réelle.

 

Mais aujourd’hui, Wilhem De Jaeger savourait son triomphe. Modeste, certes, mais un triomphe tout de même.

 

Tous les amis, ceux qu’il pensait avoir perdus, étaient venus à l’exposition. Il avait même repéré quelques professeurs qui avaient, dans le temps, vertement critiqué son sens des couleurs et des proportions.

 

Il avait jubilé en apercevant le critique qui avait couvert le vernissage de son copain Ernst le mois dernier et qui l’avait encensé. Peut-être allait-il avoir droit à un bel article dans le journal local et, qui sait, dans un média plus prestigieux ?

 

En serrant quelques mains, il tenta d’accrocher le regard de l’homme mais celui-ci était trop occupé à prendre des notes et Wilhem n’avait qu’à espérer qu’elles soient élogieuses. Que n’aurait-il donné pour jeter un coup d’œil sur le carnet ?

 

Le critique, un homme d’une petite soixantaine d’années au visage débonnaire, leva un œil dans sa direction et lui sourit. Wilhem y vit un signe de bon augure.

 

Il tenta d’écourter poliment la conversation qui s’enlisait mais son interlocuteur, un homme entre deux âges, paraissait avoir tout le temps du monde. Au contraire, ils se trouvaient des liens de parenté avec des individus que Wilhem n’avait même jamais rencontrés.

 

L’artiste fut obligé de mettre lui même fin à ce qui avait glissé vers un monologue et se hâta de rejoindre l’individu. Il avait oublié le nom du critique mais comptait sur la courtoisie de l’homme pour le lui rappeler.

 

Il tenta de repousser au loin ses atermoiements et se composa un visage avenant. A son grand soulagement, l’autre lui rendit son sourire.

- Herr De Jaeger, je suis Tom Dikhe.

- Bonjour Herr Dikhe. J’espère que vous appréciez ce que vous avez devant les yeux…

 

Le critique baissa la tête, une minuscule seconde, mais cette attitude plongea l’artiste dans un océan de doutes.

- J’imagine que vous savez qui je suis et ce que je fais ici…

 

Wilhem opina avec frénésie tout en sachant qu’il était en train de se rendre ridicule. Pourtant, tout allait si bien quelques minutes auparavant… Il se surprit à penser qu’il aurait dû rester avec l’emmerdeur pour s’épargner ce qui allait suivre.

 

Son corps tout entier se crispa. Son travail acharné allait être détruit, balayé comme une maison construite de ses mains par un ouragan. Il sentait les larmes lui piquer les yeux et ses ongles lui entailler les paumes tant il serrait les poings. Pourtant, la curée ne venait pas.

 

Un instant, il osa croire qu’il allait être épargné, que tout ceci n’était qu’une méprise. Le critique allait le louer comme les autres visiteurs et il aurait droit à un article élogieux.

 

Mais, à sa grande surprise, l’homme restait coi. Il avait pâli, Wilhem en aurait mis sa main à couper.

 

Tom Dikhe avait les yeux rivés par-delà l’épaule du jeune homme, tant et si bien que l’artiste se sentit le courage de tourner lui-même la tête.

 

Au début, il ne vit rien d’autre que la foule qui paraissait plus intéressée par les petits fours et le champagne que par les œuvres exposées. Puis ses yeux firent le point et il découvrit, surgissant de la mer des têtes comme un iceberg massif l’objet de la surprise de Dikhe. C’était une caricature d’être dont la physionomie entière inspirait, si pas la pitié, le dégoût le plus profond.

 

Une sorte de bonhomme de neige réalisé par un enfant géant et dont le soleil n’arrivait pas à bout tant il était imposant.

 

L’individu portait des vêtements élégants, quoique passés de mode et tenait à chaque main une canne de métal qui devait à coup sûr l’empêcher de verser.

 

L’individu était un vieillard mais Wilhem savait qu’une personne présentant une surcharge pondérale avait tendance à « faire plus jeune » qu’une personne du même âge qui n’avait que la peau sur les os.

 

Les invités du vernissage n’observaient à la dérobée et seuls les quelques enfants présents pouvaient lui faire l’affront de le jauger. Mais l’homme ne semblait en avoir cure. Il promenait son regard sur les tableaux sans qu’aucun muscle de son visage ne trahisse la moindre émotion.

- Vous connaissez ce particulier ? chuchota l’artiste en revenant au critique qui, lui-même, était revenu de sa surprise et écrivait sur son carnet comme si sa vie en dépendait.

- Bien entendu. C’est Hans-Erik Brenaerdt, un peintre prodige de l’après-guerre…

 

Il suspendit un instant sa rédaction, les sourcils arqués.

- Vous connaissez Hans-Erik Brenaerdt, bien entendu ?

 

Après quelques secondes où il ne sut à quel saint se vouer, Wilhem écarta les bras en signe de désespoir. Le critique haussa les épaules et poursuivit son travail.

- Bah, après tout, tout cela a eu lieu bien avant votre naissance. Et puis… Hans-Erik Brenaerdt a eu son heure de gloire avant de tomber dans l’oubli. À vrai dire, je le croyais mort…

 

Wilhem tourna à nouveau la tête et dévisagea cet oiseau. Ca, un peintre ? Ce tas de saindoux qui n’avait plus dû voir son sexe depuis des décennies ? Comment arrivait-il à atteindre le chevalet avec un embonpoint pareil ?

- Je sais ce que vous pensez, marmotta Tom Dikhe dans son dos. Vous vous demandez comme ce type a pu être un peintre reconnu, c’est bien cela ?

- Pas tout à fait mais passons. Qu’a-t-il produit ? De quel courant était-il ? A-t-il vendu ses toiles ?

- Hola hola hola ! ricana Dikhe qui s’arrêta car deux personnes venaient saluer et congratuler De Jaeger.  

  

Lorsqu’ils furent partis, le critique fit mine de s’éloigner mais l’autre le rattrapa, désireux de connaître la raison de son émoi.

- Vous posez beaucoup de questions mais je ne saurais répondre à toutes, Heer De Jaeger. Sachez seulement qu’Hans-Erik Brenaerdt à produit une vingtaine de toiles entre le moment où il est sorti des Beaux-arts et ses vingt-trois ans. Je n’ai pas eu l’honneur de les voir, car, à l’époque, j’étais encore à l’école mais j’ai lu qu’elles avaient suscité un vif engouement. Je pense me souvenir qu’elles ont été vendues dans leur intégralité avant la fin de l’exposition, du jamais vu pour un jeune auteur sans expérience et sans appui, surtout dans le contexte quelque peu défavorable de cette époque. 

 

Wilhem se promit de se renseigner. Tom Dikhe lui avait mis l’eau à la bouche et il brûlait d’envie de parler au maître. Il s’apprêtait à s’esquiver quand il sentit qu’on le retenait par la manche.

- Après cette exposition, Brenaerdt a disparu de la circulation malgré les commandes qui pleuvaient et les postes prestigieux qu’on lui proposait. Personne n’a plus vu la moindre œuvre du bonhomme. C’était comme si la source s’était tarie au moment où on y trouvait du pétrole !

- Peut-être a-t-il été malade… ou alors, il a redouté que ce succès soudain lui monte à la tête !

 

Un sourire narquois naquit sur les lèvres du critique. Il connaissait bien les artistes. Bien peu se retiraient du monde parce qu’ils craignaient d’y perdre quelque chose. Au lieu de cela, il répondit :

- C’est une éventualité…

- Je vais aller lui demander.

- Je ne saurais trop vous le déconseiller, Herr De Jaeger.

- Et pourquoi donc ?

- Brenaerdt est un homme… extrêmement taciturne qui ne vous parlera que s’il en a envie. C’est en tous cas ce que l’on m’en a dit et je crains que les années n’aient adouci son caractère. D’ailleurs… d’ailleurs, je crains qu’il soit parti…

 

Le jeune homme fit volte-face et constata que le critique lui livrait bien la vérité. Hans-Erik Brenardt s’était évaporé dans la nature.

 

Ce jour là, non seulement Wilhem de Jaeger ne vendit aucun tableau mais un incendie se déclara dans la salle et gâta l’une des œuvres qu’il considérait comme majeure.

 

Trois jours plus tard, dans le journal local, Tom Dikhe parlait de son exposition. Il mentionna ce qu’il avait vu, sans aucune ardeur et consacra la plus grande partie de sa colonne à parler de l’apparition d’Hans-Erik Brenaerdt.

 

 

***

 

Wilhem De Jaeger n’avait pas eu de mal à trouver l’adresse de Brenaerdt car, en quarante ans, il n’avait pas changé de domicile. 

 

C’était un immeuble massif et dénué de grâce, à l’image de celui qui l’habitait.

Il avait longuement hésité avant d’oser le déranger mais il était trop obnubilé par l’homme pour réussir à oublier le mystère qui l’entourait.

 

Il avait d’abord passé quelques longues journées à la bibliothèque à rechercher et compiler les articles sur l’homme. Ceux-ci étaient plus élogieux les uns que les autres et il ne put s’empêcher de ressentir une certaine jalousie.

 

Si les textes étaient bien présents, les portraits de l’artiste lui-même n’étaient guère nombreux, comme si l’homme avait passé son temps à fuir l’objectif. En outre, les représentations des œuvres étaient de très mauvaise qualité et en noir en blanc, ce qui gâtait tout l’effet.

 

En somme, malgré une somme assez conséquente de papiers concernant Hans-Erik Brenaerdt et sa production, il n’en n’avait guère appris davantage sur le sujet.

 

A l’Académie des Beaux-arts, les professeurs qui avaient pu côtoyer Brenaerdt étaient tous décédés et le seul qu’il avait rencontré (un enseignant qui avait été son condisciple) lui avait dépeint un être dénué de talent qui ne pouvait correspondre à ce que les journalistes d’après-guerre dépeignaient. D’après lui, Brenaerdt était tout juste bon à copier les œuvres des grands maîtres et il était incapable de créer par lui-même.

 

Il s’était passé quelque chose entre le moment où Hans-Erik était sorti par la petite porte de l’Académie des Beaux-arts et le moment où il avait commencé à travailler à son compte.

 

Un déclic. Une inspiration quasi divine.

 

Même l’ancien condisciple du ‘cachalot’ ne pouvait le nier.

 

Malheureusement, toutes les toiles avaient été vendues et il lui serait difficile de les retrouver si elles étaient chez des particuliers.

 

Il espérait que l’artiste en aurait gardé au moins une chez lui. Il voulait comprendre le génie de l’homme et, si possible, de reproduire pour son propre compte.

 

C’est en posant la pulpe de son index sur la sonnette que Wilhem prit seulement conscience de sa démarche et du peu de succès qu’il risquait de rencontrer.

 

Si Brenaerdt n’avait pas pris la peine de répondre à ceux qui le louaient des décennies plus tôt, quelles chances avait ce tout petit Wilhem ? Aucune, en vérité.

 

Pourtant, il sonna.

 

***

 

Depuis la dernière fois qu’il l’avait vu, Tom Dikhe trouvait que le ‘cachalot’ avait encore pris de l’ampleur.

 

Son ventre, déjà fort important, retombait mollement vers ses genoux et Dikhe se demandait comment ceux-ci pouvaient supporter une telle masse sans plier.

 

Il avait déjà vu des obèses mais, en règle générale, ils ne quittaient pas leur lit ou se déplaçaient en chaise roulante.

 

Hans-Erik Brenaerdt paraissait quant à lui ne rencontrer aucun problème de ce type. S’il ne se mouvait guère avec aisance, le critique d’art l’avait vu de ses propres yeux traverser le hall au milieu de la foule et gravir les quatre marches qui menaient à la salle principale.

Tom Dikhe heurta quelqu’un du coude et s’excusa distraitement, sans parvenir à quitter l’artiste du regard.

- Tu as le coude toujours aussi pointu, ricana l’individu dont il reconnut la voix.

  

Il se tourna, un sourire sur les lèvres.

- Jonas Helmd ! Si je m’attendais !!!   

 

Helmd était un critique d’un journal concurrent avec qui il s’entendait plutôt bien, ce qui était plutôt rare dans son milieu. Il avait été très malade cette dernière année et s’était fait très discret. C’était une joie et un soulagement de le voir enfin.

 

Jonas était fort amaigri et ses cheveux avaient grisonné. Mais il avait le sourire et cela réchauffa le cœur de son confrère.

- Je ne pouvais pas rater cela, répondit Helmd en accompagnant sa réplique d’un clin d’œil complice. C’est un peu comme si un astronome ratait le passage de la comète de Halley sous prétexte qu’il a un gros rhume.

 

Stressé jusqu’à cet instant, Tom se surprit à éclater de rire avant de se rappeler pourquoi il était là.

 

Ils braquèrent tous deux leur regard vers le peintre qui prenait place dans un fauteuil à l’autre bout de la salle où les visiteurs, experts ou non, vinrent lui rendre hommage.

 

Il les acceptait, immuable, comme un roi face à ses vassaux.

- Le ‘cachalot’ est resté fidèle à lui-même… commenta Helmd.

 

Dikhe ne répondit pas mais acquiesça.

 

L’homme correspondait parfaitement à l’image qu’on lui en avait faite. Il n’avait pas eu l’occasion d’être présent au vernissage de Brenaerdt mais Jonas Helmd, de sept ans son aîné, l’avait vécu. C’était d’ailleurs sa première couverture. C’était lui qui lui avait raconté l’engouement des gens pour les toiles d’Hans-Erik Brenaerdt.

- Je n’en reviens pas. C’est… ses toiles sont… totalement indescriptibles…

 

Tom Dikhe les avait examinées avant l’arrivée de l’artiste et il comprenait enfin quel effet elles pouvaient produire sur les gens. Néophytes, amateurs éclairés ou professionnels de l’art, les toiles avaient le don de parler à tout le monde.

 

Dikhe n’avait jamais réellement senti cela auparavant et cette sensation l’avait surexcité. Ses sentiments avaient été quelque peu anesthésiés quand Hans-Erik Brenaerdt avait fait son entrée.

 

Il y avait toutes sortes d’artistes mais celui-là était unique.

 

Il ne lui inspirait aucune sympathie et il pensait que nul ne pouvait en ressentir face à un tel être. Pourtant, le public se pressait devant lui comme s’il était pu être le messie. Tom Dikhe pensait que cet homme-là n’avait que du mépris pour ses contemporains. Pour le critique, on devait faire la part des choses, distinguer l’œuvre de son créateur au risque d’aller au devant de cruelles déceptions.

- Cela ne sert à rien d’aller quémander une entrevue, fit Helmd à ses côtés. Il n’a guère l’air plus disposé à discourir sur ses œuvres qu’il y a quarante ans.

- Tu exagères…

- Comment j’exagère ?

- Il y a trente-cinq ans, pas quarante.

 

Jonas sourit, Tom également. En ce moment, ils prenaient l’humour où il venait. Ils observaient un des nababs de la ville en train de faire des courbettes devant Hans-Erik Brenaerdt comme s’il s’agissait d’un égal.

- Ne serait-ce pas Ulrich Ärmstad que j’aperçois là-bas ?

 

Tom braqua son regard dans la direction indiquée par le menton de son voisin de gauche. Ce nom évoquait une vague réminiscence en lui, sans plus, mais son ami vient la combler.

- Ärmstad fait partie des seules personnes à qui Brenaerdt ait parlé. Je suppose que cela le rend un peu « spécial » et surtout unique…

- Pourquoi un tel traitement de faveur ?   

 

Helm haussa les épaules.

- Va savoir… Du reste, personne n’a jamais réussi à savoir ce qui s’était dit le soir du vernissage.

 

Les pièces commençaient à s’emboîter à nouveau dans l’esprit de Dikhe. Il se rappelait avec plus de netteté leur conversation qui avait eu lieu plusieurs années auparavant sur le sujet.

- Ärmstad, Borms et… Müller. Des condisciples des Beaux-arts. Aucun n’a vraiment fait carrière après ce vernissage, n’est-ce pas ?

- Non. L’un s’est suicidé, l’autre a hérité puis a perdu sa fortune et le dernier est parti en Autriche se faire un nom. Ils n’ont jamais exercé ce pour quoi ils ont sué sang et eau pendant quatre ans. Enfin, façon de parler, évidemment… Il n’y a que le dernier, Mark Wagner, dont le sort est un peu… étrange.

- Je ne me rappelle pas que nous en ayons discuté.

 

Helmd haussa les épaules pour la seconde fois.

- Il est possible que je l’ai omis car il n’a pas participé au vernissage du ‘cachalot’. D’après ce que j’en sais, il avait disparu une année auparavant…    

- De manière « étrange », dis-tu ?

 

L’autre opina du bonnet.

- Wagner était un jeune homme extrêmement talentueux, peut-être le plus doué de sa promotion. Il aurait été promis à un grand avenir, même desservi par sa paresse. Mais nous ne le saurons jamais car il a quitté Berlin peu après la proclamation des résultats et, comme je le disais, douze mois avant le vernissage de Hans-Erik Brenaerdt. C’est ce qu’en a conclu la police en tous cas car l’unique armoire de son appartement a été retrouvée vidée de son contenu.

- Il est peut-être parti pour l’étranger. Rien de bien mystérieux à cette disparition, Jonas.

 

Ils échangèrent un long regard et celui de Helmd laissait planer des centaines de points d’interrogation. Au bout d’une longue minute, l’homme revint au sujet principal de sa venue en ces lieux.

- Mark Wagner menait une vie de bâton de chaise et voyait plus souvent le patron de la taverne que sa logeuse mais, comme je l’ai dit, il était doué. J’ai eu l’occasion d’admirer une demi-douzaine de ses tableaux qui avait exécutés à la fin de son cursus. Des toiles de toute beauté, mon ami. Des œuvres magnifiques, de celles qu’on a acclamées lors du vernissage d’Hans-Erik Brenaerdt …

- Tu veux dire que le ‘cachalot’ aurait fait disparaître Wagner pour s’emparer de sa production ?!?

 

L’autre laissa fuser un petit rire.

- Non, Brenaerdt n’était pas idiot. Tout le monde se serait rendu compte de la supercherie…          

 

Tom Dikhe s’avança vers une œuvre de l’artiste, une toile de trois mètres sur deux qui attirait fort le regard en raison de ses jeux de contrastes et sa perspective quelque peu singulière. Il ne l’avait pas aimée car il la trouvait choquante, au contraire du public qui l’avait plus que plébiscitée.

 

Au début, il n’avait pas compris pourquoi il était il était mal à l’aise mais, à la lumière de ce qu’il venait d’entendre, son imagination lui présentait des scénarios qui le glaçaient.

 

 

 

 

Alors.... Quel est l'auteur de ce début de nouvelle ? Qui ?

Que s'est-il passé ? Comment voyez-vous la suite ? 

 

D'ailleurs, la suite et fin c'est... demain !!!!

Publié dans Textes

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A LA UNE...

Publié le par christine brunet /aloys

http://profile.ak.fbcdn.net/hprofile-ak-snc4/hs458.snc4/50099_1247511617_40093_q.jpg"Tu reconnaîtras la vérité de ton chemin à ce qu'il te rend heureux"  Aristote.
L'écriture pour moi, c'est cela, un chemin à parcourir vers moi, une rencontre avec les autres, et toujours un épanouissement!


Et...bonne nouvelle!!! 
Je serai bientôt publiée chez Chloé des Lys !

 

Un avant goût... 


La saveur de l'orange
  
L'ambiguïté des sentiments
Trouble la saveur de l'orange
Goûter la pulpe, c'est étrange...
Mais c'est le choix de son amant
  

Marcelle Pâques

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Visuel Auteur - PDNAC'est avec grand plaisir que je serai présente au

FESTIVAL du LIVRE en BRETAGNE

20 et 21 Novembre 2010 

Présidé par Irène Frain

Je vous donne rendez-vous au Centre Culturel Athanor de Guérande le samedi 20

novembre 2010, toute la journée

 

Josy Malet-Praud y sera en compagnie de Sophie Vuillemin...


 

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bobclin L' émission d' ACTU-tv d'hier, dimanche 14 novembre 2010, "Nos amis et les amis de nos amis" en Podcast
Un programme éclectique...
- Reportage sur la dédicace des auteurs bruxellois de Chloe des Lys à l' Espace Art Gallery d' Ixelles le 23 octobre dernier.
  60 écrivains invités et nos amis artistes: Miche Stennier, Hugues Draye, Fabienne Coppens, Muriel Vignoeron...
- Laurence Amaury (CDL) reçoit le prix de l' Association Royale des Ecrivains de Wallonie pour l'ensemble de son oeuvre.
- Huguette Van Dyck nous parle du café chantant bruxellois "La samaritaine" et nous présente son spectacle de décembre avec
   Philippe Tasquin et son quintette
Plus les Branquignols, le Commandant Danofsky etc...
 
 

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http://www.bandbsa.be/contes2/youtube.jpgMicheline Boland passe dans l'Actu TV... A voir ou à revoir...

 

 

 

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bobclinA voir sur ACTU: Les auteurs de Chloe des Lys de A à Z 
aujourd'hui: Cathy Bonte. Belge, elle a déjà deux très beaux livres à son actif, des thrillers sentimentaux qui ont marqué, "Le calmehttp://photos-d.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc4/hs116.snc4/36186_489464647358_676387358_7055133_4624815_s.jpg après la tempête" et "Le passé recomposé". On attend avec impatience son troisième ouvrage... voir le 'who is who' ici: http://www.bandbsa.be/contes.htm

Publié dans ANNONCES

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François Delhaye : Lucifériennes

Publié le par aloys.over-blog.com

 

 

 

 

Lucifériennes

 

Je pense au Diable et aux Je pense aux diableries

Je pense à Lucifer qui nous emporte tôt

Je pense à Bélial à la forge à l’étau

Je pense au Diable et aux enfants de sa patrie

 

Puissant Satan domaine aux cinq étoilements

Ton nom se répercute au prisme de ta haine

Je sais compassion aux victimes des chaînes

Et toi en premier Toi premièrement

 

Je sais ton amertume en l’enfant Jésus-Christ

Je sais que tu pensas lorsqu’il poussa un cri

Ma haine pour son père est immortelle Et vaine

 

En cela même Ô que je puisse dégager

Des hommes dédaigneux du paraclet figé

En croix La sourde volonté vespérienne

 

Quand l’Humain régurgite un violent mépris

 

 

François Delhaye

Publié dans Poésie

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Béatrice Bertieaux se présente avec ce poème...

Publié le par aloys.over-blog.com

Au p'tit bonheur1Béatrice Bertieaux n'est pas un nouvel auteur chez Chloé des lys puisqu'elle a publié, en 2009, son recueil Au p'tit bonheur. Elle nous revient avec un second ouvrage, intitulé "Et toutes les autres choses manquent" en cours de publication.

 

Elle a choisi ne se présenter avec un extrait de son dernier livre mais nous reviendra prochainement avec des poésies extraites de son premier recueil.

 

"... N’importe où.

Dans ce lieu souple,

elle caresse une absence pour s’endormir aimante jusqu’au recommencement.

A l’aube,

nouveau-née,

aimée-aimante,

cet entremêlement ombrageux projette sur les murs blancs,

nus,

le tortillement de deux invisibles enlacés.

Nénuphars captifs de pages jaunies,

éclatant d’amour,

indifférents à tout.

Le cœur humide traîne,

s’attarde,

sursaute sur la respiration de cette tendre solitude.

Fascinée aimante de l’être,

l’être—non ce qu’il en fait ni ce dont il parle—

se tourne,

se retourne dans les mercredis,

les lundis,

les jeudis.

A tout moment.

Seule sans être seule,

exilée dans le silence fou d’un corps,

la soif infinie au-delà des mots.

Elle écrit.

Qu’est-ce qu’elle écrit ?

La nudité ardente." ...

 

 

bertieaux1.jpgBéatrice Bertieaux

http://beillaboheme.blogspot.com/

Publié dans Poésie

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